Une idée de la mi-novembre : reprendre le collier de Mauvais genre, avec en cette 20e saison une bonne surprise : la disparition du générique malsain qui donnait envie de fuir ou bien de prendre l'écoute avec systématiquement quelques minutes de retard.
Autant commencer par la première, celle du 3 septembre, où l'on apprend sans autre forme de procès que Mauvais genre quitte le format de 120 minutes upgradé en septembre 2011 et retrouve sa durée initiale de 60'. De cette réduction de moitié, le producteur ne précise pas les raisons. On n'ose imaginer une quelconque lassitude, mais peut-être une décision unilatérale de la direction, ou bien il fallait dégager à François Angelier de son temps et de son inspiration pour sa
chronique de 6h25, ) moins encore que ce créneau matinal ait été donné en compensation ? On n'en sait rien. Mais au moins il y a quelque chose qui ne change pas, c'est l'amateurisme de la maison : 2 mois et demi et 11 numéros après ce petit événement, la page de l'émission sur le site de France Culture continue imperturbablement à annoncer une durée de 120 minutes.
En tous cas d'entrée de jeu François Angelier prend soin de signaler que rien ne change, soucieux peut-être de ne pas laisser l'inquiétude s'installer chez ceux de ses fidèles qui ne se sont pas encore relevés de la sortie fracassante de Jean-Baptiste Thoret en
novembre 2014. On apprend donc que les collaborateurs habituels seront toujours là, que les rubriques sont conservées : l'encyclopédie pratique des mauvais genres et la chronique finale de Christophe Bier. Mais comme il ne cite pas Sixtine Audebert qui était une sorte de Marie Richeux du samedi-midi-minuit, on peut espérer être libéré de cette voix sucrée qui détonnait tellement dans cette antre de l'humour noir, du noir tout court certes tempéré par un art du second degré. Espoir déçu : si sa rubrique régulière n'est pas reconduite, on retrouvera tout de même Audebert intégrée à l'équipe des collaborateurs réguliers : Philippe Rouyer, Antoine Guillot, et les autres.
Tout de même, trois sujets annoncés pour ce numéro de rentrée ? On se dit qu'en réduisant la voilure, il faudra aussi revoir les ambitions à la baisse : ayant passé une demi-heure sur Charles Manson, retirons les deux chroniques et faisons les comptes : il reste à peine plus de dix minutes pour les deux autres sujets. C'est dommage car l'un des deux aurait mérité le meilleur fauteuil, celui de la place principale : le cahier rose de l'Abbé Boullan. C'est là un sujet tout à fait digne de la galerie de 'gens singuliers' qui sont parmi les sujets préférés de François Angelier. En l'occurrence, l'abbé Boulan a été exhumé sinon de l'enfer de la bibliothèque Vaticane, du moins de ses recoins, pour être traité sous forme romancée par Philippe Vasset. Vasset, invité régulier de France Culture, n'est pas présent ce soir, puisque le livre est présenté par Philippe Rouyer. Vasset lui-même n'est pas un personnage singulier : il écrit plutôt mal et sans rigueur, mais il ne manque pas d'idées et pas non plus d'énergie. Géographe défroqué avant d'avoir obtenu les sacrements (comprendre : un diplôme) il avait conservé de ce cursus avorté un intérêt pour les zones mystérieuses qui apparaissent en blanc sur les cartes urbaines. De là un "Livre blanc" publié sans beaucoup d'imagination par Fayard, mais que lui-même était venu présenter au cours d'une discussion réjouissante au micro de François Chaslin, c'était dans 'Métropolitains' le 24 octobre 2007. Une fois liquidé le sujet sous sa forme spatiale, Vasset a conservé un intérêt pour les marges en général. Avec pour résultat cette exploration de la théologie délirante et criminelle de l'Abbé Boulan : un personnage qui inspira à Huysmans une figure dans Là-bas, et dont on peut craindre qu'il nous arrive quelque peu déformé par le prisme d'une fiction rétrospective, même si le commentaire de Philippe Rouyer nous rassure sur l'intérêt documentaire de l'ouvrage. Reste qu'on aurait peut-être appris davantage et du non moins savoureux avec une émission complète sur le sujet, plutôt qu'avec ce roman qui nous est ici vivement recommandé par un conseil de lecture un peu bref.
Enfin avant la chronique de Bier consacrée à José Bénazéraf (de ce côté-là au moins, il n'y a pas de changement), le dernier sujet lui aussi ultra-bref : annonce de la 22e édition de l'Etrange festival. Là encore, c'est une manifestation sur laquelle il y a peu Angelier pouvait s'attarder pendant une bonne demi-heure . La réduction du format laisse donc 'mauvais genres' quelque peu à l'étroit.