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Accueil / France Culture

Répliques, Alain Finkielkraut    Page 25 sur 67

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antonia 


241
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 08 Déc 2012, 11:26

Terki : créatif Michel Serres? où est la créativité? stimulant si vous voulez, mais pas créatif.
Finkielkraut stérile? vieille baudruche si vous voulez, mais surtout pas stérile . Il suffit de voir le nombre de pages dédiées à son émission dans ce forum pour s'en convaincre. Les avez-vous lues?
Je fuis quand j'entends ces gens d'un optimisme béat sur cette "révolution numérique"tout autant que les gens décrivant les pires noirceurs.
Serres convoque Platon, Rabelais, Montaigne: or, tous sont des gens qui doutaient, à l'inverse de lui.
Quant à l'enseignement élémentaire, Finkielkraut, à mon avis est totalement dans le vrai, mais il serait plus efficace s'il analysait précisément toutes les aberrations, point par point, de cet enseignement promû par ces pontes de l'Education nationale et que,heureusement, un certain nombre d'instituteurs n'appliquent pas, se mettant du côté des élèves et non de leur narcissisme à alimenter.

Gomez 

Gomez

242
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 08 Déc 2012, 11:35

Terki, le point Godwin désigne l'utilisation du nazisme comme argument d'autorité. même s'il peut aussi être utilisé dans l'autre sens (pour échapper à la discussion), en l'occurrence, il me parait justifié.
De même que "sophisme", appliqué au raisonnement de Michel Serres.

- Dire que "la culture et le savoir étaient respectés au XXème siècle" puis "il y au le nazisme au XXème siècle" pour déduire le second du premier, c'est un sophisme qui méconnait toutes les recherches sérieuses sur la question.
- Dire : "Les thésards font des citations" puis "le copié/ collé est une forme de citation" pour conclure: "une thèse = un devoir copié /collé, donc rien de nouveau sous le soleil", c'est un sophisme qui ignore le travail de comparaison, réfutation, intégration des citations dans le premier cas (qui permet un réel apprentissage + une pensée autonome) et l'absence de ce travail dans le second (qui ne permet aucun apprentissage: les élèves ne savent pas réexpliquer ce qu'ils ont copié/collé)
- Dire: "Virgile est sur internet" et en conclure que "tout le monde peut connaître Virgile" puisque "tout le monde est sur internet", c'est oublier que pour avoir l'idée d'aller lire des vers de Virigile, il faut bien avoir appris son existence, le plus souvent dans un cours que Serres jugerait sans doute "poussiéreux".
- Prendre l'exemple de Rabelais pour suggérer la table rase et la remise en cause de la culture passée, alors que Rabelais a construit son œuvre tout contre cette culture (et plutôt que remise en cause, il faudrait parler de remise en jeu, ce qui pour le coup est passionnant", c'est le niveau sms de l'histoire littéraire.
- Répondre à l'inquiétude: "les élèves échangent des sms en cours et cela nuit à leur attention" par "à Djibouti j'aurais bien aimé avoir des sms pour discuter avec mon amoureuse", c'est au mieux une manière de botter en touche, au pire un signe de sénilité (oubli de la question, confusion des époques, des registres et des contextes).
- Inférer de l'existence de Wikipedia le fait que les étudiants s'en serviront "probablement" pour prendre connaissance des grandes lignes du cours du lendemain, c'est mal les connaître; étendre cette disposition à tous les élèves du secondaires, en imaginant qu'un élève de quatrième, apprenant qu'il a un cours de français sur Voltaire à venir, s'empressera d'aller s'informer avant d'entrer en classe (quand bien même il le voudrait, il se noierait dans les infos), c'est vraiment du grand n'importe quoi. Celui qui me parait complètement déconnecté, dans le cas précis, c'est bien Michel Serre.

etc. etc. rien à sauver, désolé Terki.

Moi qui suis souvent très critiques vis à vis de Finkielkraut, je l'ai trouvé très patient et mesuré ce matin, parfois à la limite de la complaisance, ou de la lassitude face à ce qui me semble être un véritable naufrage moral et intellectuel. Mais il faut dire que les efforts destinés à démontrer l'inanité des propositions de Michel Serres sont, comme toujours dans ce genre de situation, sans commune mesure avec la légèreté qui les fait prononcer. C'est ce qu'avaient déjà montré Sokal et Bricmont il y a bientôt vingt ans (je crois que Serres était déjà parmi leurs "impostures intellectuelles).

Nessie 

Nessie

243
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 08 Déc 2012, 12:00

Well, il y a quelques instants Terki je vous avais répondu ici-même de façon aussi incendiaire que j'ai pu, avant de m'atteler à l'inventaire des erreurs de raisonnement de Serres dans l'émission de ce matin. Puis cet inventaire je vois que 3 autres forumeurs s'en sont chargés entre temps. Puisque mon second coup de fusil est inutile, j'efface aussi le premier, ce post incendiaire que je vous avais fait. Mais laissez moi vous dire que vous devriez vous calmer et relire notre échange : contrairement à vous, je n'y parle que de l'émission et non du forumeur qui ne pense pas comme moi. Contrairement à vous, je ne produis pas de délire d'interprétation ou de jugement sur vous, par exemple j'évoque le Godwin point à l'encontre de Michel Serres donc ne prenez pas ça pour vous. Contrairement à vous je donne des exemples du contenu de l'émission, et je ne me contente pas d'orner deux formules d'éloge ou de dégommage sans illustration ni exemple à l'appui. Enfin contrairement à vous je reçois et j'accepte la contradiction et même j'y participe, chose que vous ne semblez pas tolérer. Mais voila ici c'est un forum, où la règle est la discussion, donc la contradiction. Si vous ne voulez pas lire d'avis contraires aux votres, je vous renvoie votre conseil : créez votre blog.



Dernière édition par Nessie le Sam 08 Déc 2012, 12:13, édité 1 fois

asthenie 


244
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réplique à dernier refuge - Sam 08 Déc 2012, 12:10

Le contenu des propos exposés pendant cette émission, que j'aimerais qualifier de dialogue de sourds, appellerai à des développements à multiples entrées tellement l'affrontement des deux protagonistes a fait dériver de la thématique principale.
Il me semble que le vrai problème n'a pas été traité, ni même effleuré : comment parvenir à motiver des jeunes élèves du primaire et surtout du premier cycle des collèges où, à mon sens tout se joue, à la lecture d'ouvrages qui - n'en déplaise à M. SERRES qui lui-même a reçu cette formation souvent formatée certes mais oh! combien nécessaire ; la réponse me semble se trouver dans "l'outil verbe" : car pour conduire des jeunes gens à se cultiver par la lecture quand bien même ils ne disposent pas de cet outil fondamental à toute progression intellectuelle je ne vois plus, comme ultime recours, que le support de l'oralité de l'enseignant. Car le média fondateur, me semble-t-il, est bien celui de la parole : encore faut-il que celle du locuteur soit crédible et que le dialogue engagé ne ressemble pas à celui écouté ce matin, passes d'armes stériles de vanité et d'étalages de connaissances, curieusement livresques, donc de personnalités ayant appris à lire.
c.q.f.d. ainsi qu'aurait dit B. SPINOZA

terki 

terki

245
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 08 Déc 2012, 13:02

désolé Gomez, j'ai adoré cette revigorante émission.

"Les thésards font des citations" puis "le copié/ collé est une forme de citation" pour conclure: "une thèse = un devoir copié /collé, donc rien de nouveau sous le soleil", c'est un sophisme qui ignore le travail de comparaison, réfutation, intégration des citations dans le premier cas (qui permet un réel apprentissage + une pensée autonome) et l'absence de ce travail dans le second (qui ne permet aucun apprentissage: les élèves ne savent pas réexpliquer ce qu'ils ont copié/collé)"

en quoi prendre des livres plutôt que des sources sur internet vous mettrait à l'abris de "l'absence de ce travail... (qui ne permet aucun apprentissage"

ce que pointait Michel Serres c'est toutes ces thèses qui ne sont que des citations , des copiés collé puisés dans les livres revient au même que de le faire par internet. il ne dit pas que le" citationel" internet c'est mieux le" citationel" que les livres.. il dit c'est pareil.. les mauvaises thèse faites à partir de livre ça existe aussi.

- Dire: "Virgile est sur internet" et en conclure que "tout le monde peut connaître Virgile" puisque "tout le monde est sur internet", c'est oublier que pour avoir l'idée d'aller lire des vers de Virigile, il faut bien avoir appris son existence

bien sur que pour lire Virgil il faut le connaitre , mais en quoi le fait que l’œuvre de Virgile soit accessible à tous sur internet viendrait "retirer" quelque chose à la connaissance de Virgil. Serres ne dit pas qu'il faut remplacer les cours sur Virgil par des articles sur wikipedia.. c'est quelque-chose de cumulatif , c'est un plus..

j'ai beaucoup appréciée le passage ou il fait la comparaison entre le surf sur la toile et le travail que fait Don Quichote et sa folie imaginative ou il surfe sur le réelle..

Inférer de l'existence de Wikipedia le fait que les étudiants s'en serviront "probablement" pour prendre connaissance des grandes lignes du cours du lendemain, c'est mal les connaître

en quoi la non existence des cours de Michel Serres sur wikipedia empêcherait les mauvais élèves de ne pas potasser leur sujet.. qu'y'a t'il de différent à demander à un bon élève de lui résumer le cours de la vieille.. en quoi wikipedia, internet serait un moins.. ..ça existe.. voulez vous interdire la masse d'information qui existe sur la toile.. Serres ne dit pas qu'il n'ya pas besoin de professeur pour filtrer et remettre en perspective cette information..elle existe .. comme existe ce forum sur internet..

quant au point godwin , je connais très bien cette notion. Nessie la évoqué pour en quelque sorte cadenasser le propos de Serres.

ce qu'a dit Serres c'est que en réponse à Finkelkraut qui pointait le rôle centrale de l'utilisation de la jeunesse dans les massacres du à la révolution culturelle chinoise qui consistait à "éradiquer les vielles idées, les vielles idées , les vielles habitudes"..

ce en quoi Serres à répliqué par l' exemple d'un pays qui était la plus cultivé au début du 20 em siècle .. cette Allemagne des philosophes, de la médecine, de la musique, des sciences .

" cette vielle culture allemande.. de quoi a t'elle protégé l'Europe "
on ne peut pas faire l’éloge de l'ancien monde sur le nouveau monde de façon générale...

" Mais il faut dire que les efforts destinés à démontrer l'inanité des propositions de Michel Serres sont, comme toujours dans ce genre de situation, sans commune mesure avec la légèreté qui les fait prononcer. "

l'inanité des propositions de Michel Serres.. selon vous...moi je les trouves fort intéressantes et stimulantes..

C'est ce qu'avaient déjà montré Sokal et Bricmont il y a bientôt vingt ans (je crois que Serres était déjà parmi leurs "impostures intellectuelles).

en quoi précisément cher Gomez , Serres entrerait dans la catégorie " "impostures intellectuelles" j'aimerais que vous m' éclairiez sur le sujet

vous pouvez vous servir de wikipedia pour me répondre... Wink

Nessie 

Nessie

246
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 08 Déc 2012, 13:59

La déploration de Finkie contre les dégâts du numérique à l'école porte sur des faits qui existaient avant le numérique, mais avec lui atteignent un niveau de gravité létal, dit-il. Dans les réponses de Serres, on peut distinguer le recours systématique à deux schèmes : a) "c'est nouveau et avec ça notre monde est mieux qu'avant" (l'immédiateté, le multiculturalisme, la wikipédia). Et inversement en b) "ça existait déjà avant". Le second schème de réponse me choque, en ce qu'il évacue systématiquement un aspect essentiel du phénomène : son intensité, son omniprésence dirait Finkie. Je pense que l'invité déconne, mais d'un autre côté, je me demande dans quelle mesure l'animateur dramatise son tableau.

1) La dispersion de l'attention : elle a toujours existé, ça c'est une évidence. Ceux qui en doutent n'ont qu'à lire Prévert. Mais elle serait multipliée par la possession d'assistants personnels : les mômes au lieu de se laisser distraire de temps à autres ou de révasser comme l'écolier de Prévert, sont reliés en permanence à un réseau électronique pour échanger des babillages avec les copains. Evidemment ils ne foutent rien ou ceux qui ne foutaient déjà rien en feront encore moins.
- La réponse idiote de Serre : c'est très bien, c'est vivant, c'est créatif.
- Ma remarque : pendant ce temps-là, on n'apprend rien.
- Ma question : mais dites, c'est vraiment la réalité, cette aggravation colossale de la dispersion de l'attention, ou bien c'est un fantasme alarmiste de Finkie et de Mara Goyet ?

2) Le recopiage a toujours existé, c'est évident, tiens. Et aussi le plagiat dans la littérature, non ? Je suis étonné que Serres ne lui ait pas envoyé dans les dents cette fadaise. Si on peut se laisser aller à la facilité de quelque recopiage pour produire un exposé oral (je l'ai fait et je l'ai vu faire), c'est moins commode quand il s'agit de produire une réflexion, par exemple la dissertation. Maintenant, quand le copié-collé devient la solution la plus facile et la plus rapide pour produire un devoir, alors le risque est de voir tout simplement évacuer tout travail personnel. Quand le copié-collé brut ou en assemblage est fait de façon aveugle, sans compréhension, et si l'enseignant n'est pas vigilant, alors le procédé peut masquer l'absence de travail sur le fond. J'ai assisté à des exposés où il était évident que l'étudiant ne comprenait pas ce qu'il avait compilé.
- La réponse de Serres : vous-même vous faites du copié-collé quand vous faites une citation. C'est inepte comme remarque, donc je n'y reviens pas.
- Ma remarque : on ne peut pas exiger de l'écolier ou de l'étudiant qu'il produise exclusivement des idées personnelles générées ex nihilo. Et synthétiser des idées pas très personnelles, mais c'est déjà un très bon exercice. Encore faut-il que ce travail là soit fait. La culture elle-même il bien faut la collecter pour la construire en soi. Et c'est ce que nous faisons/faisions en écoutant France Culture. Alors oui le web peut être la source très vaste où l'écolier va chercher de la matière. Mais outre qu'il lui faut se diriger dans un labyrinthe (le problème n'est pas tant de filtrer le web que d'apprendre à s'y guider), s'il n'est pas encouragé à transformer cette matière, il n'y aura pas de travail.
- Ma question : les enseignants ont-ils la volonté, l'énergie et la capacité, de détecter dans quels cas l'exposé que sert le lycéen est un travail individuel ou au contraire une compilation de copié-collé faite sans compréhension de fond.

Et puis le vrai problème est-il dans les outils et les méthodes, ou bien n'est-il pas aussi à chercher du côté des motivations ? Finkielkraut dit, avec Mara Goyet : l'ambiance dans la salle de classe n'est pas au travail. On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif. On ne nourrira pas de savoir, ni de méthodes, ni d'habiletés acquises, un écolier dont la curiosité est inexistante parce qu'elle n'est pas stimulée ou parce qu'elle est saturée par les écrans.

A part ça, la question n'est pas tant celle d'une nécessité de filtrer le contenu du web, mais de savoir comment s'y retrouver. Or ce discernement, peut-il se construire en dehors du Net ? En tous cas, il pourrait se construire à l'école. Avec un moniteur et des bécanes. mais surement pas des terminaux libres. En tous cas sans discipline des écoliers, et sans curiosité de leur part, il se passera ce qui se passe depuis toujours : les 5 élèves motivés qui sont au premier rang ils apprendront très vite. Les autres resteront des branleurs. Alors il faut des TD en groupe réduit, c'est ça ? Eh bien ça va faire plaisir aux corporatistes de l'Educ-Nat'.

A en croire son titre, l'émission devait porter sur l'école, mais elle a porté sur les abus du numérique dans une classe d'âge. Si c'est ça, alors Finkie a merdé. Et son invité était le plus mal choisi pour traiter du sujet.
Pourtant si on écoute le chapeau de ce Répliques, c'était pas une émission sur l'école mais une rencontre avec Michel Serres, pour parler de son dernier essai. Un Michel Serres aussi vaniteux et auto-centré qu'à l'accoutumée. Et là Finkie a merdé encore, avec son obsession de traiter pour la Nième fois de l'école en y injectant son alarmisme, ses inquiétudes, et en faire une 3257eme sortie sur le mode Anciens Vs Modernes.



Dernière édition par Nessie le Sam 26 Jan 2013, 10:22, édité 1 fois

Gomez 

Gomez

247
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 08 Déc 2012, 16:29

Terki

Bien d'accord avec vous pour considérer internet comme un "plus". Connaître Virgile et aller rechercher des textes sur internet sur le sujet, c'est très bien. Finkielkraut l'admet d'ailleurs, quand il dresse le portrait de l'usager idéal, celui qui sait déjà, et qui va savoir encore davantage grâce à internet, car il sait se repérer. Paradoxalement, ce sont plutôt les générations d'avant les "natives" qui sont peut être les utilisateurs les plus fins d'internet, dans cette optique.

Mais Serres ne dit pas vraiment cela (même s'il le concède dans l'émission de manière assez floue). J'ai lu récemment un entretien dans lequel il déclarait tout bonnement que l'homme n'aurait plus besoin de mémoire, c'est-à-dire de connaissances personnelles, intégrées, assimilées, puisque tout était disponible sur le net, externalisé. Un "soulagement" pour notre cerveau, selon lui (comme si avant internet, la culture consistait à connaître des choses par cœur, soit dit en passant).

Sur le copié / collé, la comparaison me parait toujours relever du sophisme, malgré vos tentatives d'éclaircissement. Pour moi, il y a un saut qualitatif du devoir copié / collé à la citation dans une thèse, même mauvaise. Tout n'est pas comme avant. Et s'il existe de mauvaises thèses, il y en a beaucoup de bonnes, alors que tout devoir copié/collé est mauvais par essence, puisque aucun effort minimal d'intégration, ni même de recherche (simple mot clé à taper) n'est fait.

Sur l'usage de wikipedia. Je ne veux pas interdire aux étudiants d'y aller, simplement je ne crois pas du tout qu'ils l'utilisent en amont du cours. En aval certainement, mais on peut alors s'interroger sur l'efficacité respective du travail en BU (lent, imparfait, mais qui force à réellement intégrer le savoir) et la consultation de fiches wikipedia pour la formation intellectuelle.

Quandt aux [iImpostures intellectuelles[/i], croyez-moi ou non, mais je l'ai lu, c'était il y a longtemps (d'où ma question sur Serres). Il va de soi que je ne vais pas vous ressortir toute l'argumentation de Sokal et Bricmont sur l'usage des métaphores (en particulier scientifiques) dans les discours philosophiques, j'en suis incapable. Mais je vais aller le relire, et je vous le conseille cordialement.

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

248
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 08 Déc 2012, 17:29

Au cours de l'émission, Michel Serres a bien appuyé sur le fait que "l'un d'entre eux" (ie. pas lui) ne fréquentait l'internet, donc la conversation serait déséquilibrée, mais s'il fréquente les nouvelles technologies, alors il ne les comprend absolument pas, et les analogies qu'il faut avec l'écrit, l'imprimerie, la Sorbonne du XVIe etc. sont du grand n'importe quoi. Le sait-il? Mauvaise foi, ou bien? Ce qu'il ne voit pas, c'est que ces morceaux de nouvelles technologies mis entre les mains des plus jeunes sont avant tout orientés vers le divertissement, la gratification instantanée. Ce sont des décharges de sucre. MS a rappelé cette vieille scie de l'étymologie du mot "éducation", et on entend cette argument à chaque fois qu'il s'agit de faire l'éloge du cancre romantique qui s'égare salutairement loin de la parole du maître. A cela, on pourrait répondre que le divertissement, qui le fait changer de voie, le rend incapable de revenir et d'écouter. S'il y a complémentarité, elle est mise en danger par l'effet de concurrence pour la concentration. A aucun moment, ce mot de divertissement n'a été prononcé, et il aurait été salutaire de confronter ce mot à l'énormité des arguments de MS (ie. de la crotte de taureau, comme disent les Anglais). Il nous a expliqué, mine de rien, qu'il n'y a pas besoin d'apprendre pour comprendre en illustrant avec son image de "tête externalisée". Je le soupçonne de parler ainsi parce qu'il a trouvé un créneau, celui du "vieillard sympathique qui renie pour rester dans le vent." Il sait très bien que l'apprentissage est difficile, qu'il nécessite de reprendre sans arrêt ce que l'on fait, qu'on apprend pas comme l'on consomme (c'est la logique du tout-accessible sans médiation), qu'il faut de la sagesse et du silence. Il est impossible qu'il soit sincère lorsqu'il avance de tels arguments. Il pousse l'exercice jusqu'à chantonner "mais moi, j'aaiiiiime les enfants". Je n'avais jamais vraiment écouté ce monsieur sur FC (étant sociétaire du club des amis de la doctrine de la station...), mais je suis stupéfait qu'un tel "nom" puisse débiter autant de c*****.

Nessie 

Nessie

249
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Heinz Wismann & Georges-Arthur Goldschmidt - Dim 16 Déc 2012, 13:46

Je me suis un peu ennuyé en écoutant l'émission d'hier matin avec Heinz Wismann et Georges-Arthur Goldschmidt, pourtant je pense qu'on peut la conseiller à l'auditeur gourmand de culture, car elle est fidèle à l'intitulé de notre fil : Répliques comme refuge radiophonique. Sous prétexte d'un regard comparé sur deux langues -que d'ailleurs on trouvera, de façon un peu épisodique- on y ressasse deux formes allégées de "Mémoires du siècle" tissées le plus souvent en chant-contrechant à deux voix plutôt qu'en véritable conversation. Mais les deux invités ne font pas que causer langue et histoire : en sus ils évoquent Bollack et Celan, et encore Chamisso Hölderlin, Von Hoffmanstall et Racine ; voila qu'on réhabilite Heidegger ; et il y aura même un parallèle élégant entre La Bruyère et Freud. Littérature, donc, et voila parmi d'autres une raison pour conseiller l'écoute. Ce que je fais par ce post, aussi parce qu'à la page correspondante sur le site de France Culture l'auditeur cherchera en vain le chapeau de l'émission ; on n'y trouve que le titre et le nom des invités. C'est l'info minimale, à peine plus que l'info zéro. Et heureusement, la commande qui mène à l'écoute en ligne.

Donc pas d'engueulade au programme pour cette fois. Tout au plus à la 48ème Finkie ne peut s'empêcher de vitupérer la dégradation du niveau de civilité en même temps que le recul de la langue. Fidèle à ses obsessions il choisit de taper sur le rap, et il le fait avec une fourberie aussi rare que bien venue puisqu'il y dénonce un cas de LTI. Ce faisant il recycle un argument massue du gauchisme contemporain : ce Klemperer que Munier, Noodle-man et Eric Hazan recrutent au service de leur pulsion-Godwin pour fustiger le jargon du capitalisme, Finkie l'emploie pour stigmatiser le rap. C'est savoureux et bien trouvé mais c'est quand même salement hors-sujet donc il est heureux que ça ne dure que le temps d'une incise.

Dernière minute : Finkielkraut annonce le prochain numéro, où il n'y aura pas non plus d'engueulade car les deux invités sont de bon sens : Véronique Campion-Vincent et Philippe Raynaud, pour un sujet "Paranoia et politique". Ces deux là savent déconstruire les mythes du populisme : l'un est clairement positionné comme adversaire de la gauche simplifiée. Et l'autre s'est assuré une solide position scientifique dans l'étude des rumeurs, qui l'a menée à une implacable remise en question des mythes complotistes. Ils ne risquent donc pas de s'engueuler. Par contre on peut prévoir que ce numéro déplaira aux soldats du soupçon à la sauce altermondialiste, qui constituent une bonne partie des détracteurs de Répliques.

Philaunet 

Philaunet
Admin

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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Jeu 27 Déc 2012, 21:49

Nessie a écrit: (...) l'émission d'hier matin avec Heinz Wismann et Georges-Arthur Goldschmidt, (...) on y ressasse deux formes allégées de "Mémoires du siècle" tissées le plus souvent en chant-contrechant à deux voix plutôt qu'en véritable conversation.
Très bien analysé.

La "faute" à qui ? Sinon à Finkielkraut qui prend le ton de l'interrogateur inquisiteur durant les 6 premières minutes où il somme Wismann de parler de son rapport à l'Allemagne nazie.

Wismann est un penseur et un linguiste ("philologue et philosophe " pour reprendre la présentation du site), il préférerait parler d'un sujet que de lui-même ou de ses opinions. Ça Finkielkraut n'aime pas trop. En revanche, le maintes fois invité Goldschmidt adore ça ("Heine est un cousin à moi", "Figurez-vous que je suis le beau-frère d'une dernière assistante d'Edmund Husserl", etc). Goldschmidt est né en 1928, on peut comprendre qu'il radote et accepter qu'il ne puisse guérir à son âge de son narcissisme.

Dans ces conditions (interroger sur la biographie et l'histoire plutôt que sur le rapport aux langues, sur lequel Finkielkraut n'a aucune lumière d'après ce qu'on entend ici), on ne pouvait s'attendre à rien d'autre qu'à des extraits parallèles de deux "Mémoire du siècle" (belle émission du temps passé).

Et pourtant durant les 25 première minutes (j'ai laissé la suite en suspens pour calmer l'irritation), on y entend des choses stimulantes, notamment la très belle minute quinze secondes à 18'00 du début. Wismann y réfléchit sur un emploi de la syntaxe comme moyen de "sauver des "mots-massues", philosophiquement, mais aussi sur un plan beaucoup plus existentiel" (citation provenant d'un développement ultérieur).

S'est ensuivi un échange intéressant sur la littérature allemande où l'on apprend que Goldschmidt trouve formidable (ah ?) l'Anton Reiser de Karl Philipp Moritz et que "Allemands classiques [l']'ont rempli d'horreur, cette sérénité sans humour, c'était terrifiant" (soit dit en passant, tout est terrifiant de nos jours, de la hausse du prix de l'essence à l'usage frénétique d'un smartphone, "terrifiant" un mot qui exonère de toute explication, car on n'a pas assez de vocabulaire ou d'idées pour expliquer une détestation).

Wismann aurait pu s'échauffer la bile, vu qu'il vénère la littérature allemande classique du 19e, mais il n'a pas voulu relever, en gentleman qu'il est (on l'avait noté ici ou là, notamment chez Veinstein, un trait qu'on relève assez souvent dans les milieux intellectuels allemands, où l'on préfère laisser passer que de rentrer dans le lard de quelqu'un qui vous agresse indirectement, c'est là, d'ailleurs, où Wismann montre cet humanisme allemand -en partie hérité des Lumières françaises- que Goldschmidt, bien plus imprégné d'esprit français contemporain, n'a pas ou plus).

Un aspect aurait mérité d'être approfondi, mais Finkielkraut n'a pas saisi l'occasion d'arrêter la logorrhée de Goldschmidt pour lui demander de préciser sa pensée, c'est lorsque ce dernier dit que la langue allemande a été "sauvée par Kafka et Robert Walser" (en passant, le premier a dit qu'il aurait aimé écrire comme le second, à ne pas confondre avec l'insipide mais très populaire Martin Walser). En quoi le Tchèque et le Suisse ont ils sauvé la langue allemande ? On craint ici le "name-dropping", alors que la langue de ces deux maîtres de la littérature de langue allemande aurait mérité un minimum de présentation pour étayer l'assertion initiale.

Cela n'a pas été fait, car le pilote de l'émission (le mot "pilote" est parfait au lieu de journaliste, producteur, animateur, etc, merci de l'avoir employé dans un post récent) n'a pas su rebondir sur ce point. Par manque d'attention ou par peur d'entrer dans un sujet où il ne pourrait se mettre en valeur ou par manque de temps, je ne sais.

Voilà pourquoi on a eu davantage deux tranches d'histoire individuelle "light" qu'une réelle réflexion sur la langue. Qui, si elle avait eu lieu par le sale temps qui court sur France (Pauvre/Poivre) Culture, nous aurait fait crier au miracle...

Philaunet 

Philaunet
Admin

251
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Ven 28 Déc 2012, 23:07

C'était quand même une bien belle émission que cet "Entre deux langues" et la seconde partie de 25 minutes tout à fait stimulante qui appelle à une rectification de ce que l'on pouvait déduire de la première partie.

D'abord Finkielkraut a l'honnêteté de dire à un moment qu'il ne veut pas s'engager sur un terrain du fait de son ignorance. Il est rare qu'un producteur avoue celle-ci. Et puis quand Alain Finkiekraut annonce "Je vais me faire l'avocat de la défense face aux deux parties civiles" sur le sujet de Heidegger, l'inquiétude initiale disparaît quand une belle réflexion à trois s'instaure sur la langue de Heidegger (Wismann comble Finkielkraut d'aise quand il dit "Heidegger ne pense pas faux, il écrit faux, c'est une prose laide" et d'y trouver des résonances avec le manifeste de Rosenberg. Goldschmidt, lui, applaudit et approuve Wismann tout au long de sa magistrale réflexion)

Goldschmidt qui a eu visiblement besoin de sentir un climat de réflexion pour nuancer son propos ne radote plus, il propose une manière d'envisager le français et la culture française qui suscite la réflexion, à défaut d'approbation immédiate (La Bruyère inventant la psychanalyse avant Freud). On soupçonne d'ailleurs un tantinet Wismann d'un peu de complaisance vis-à-vis du public français qui l'écoute, car il en rajoute sur ce que Goldschmidt appelle "la gentillesse du français" en parlant du français comme "langue de civilisation" (bien évidemment au rebours de l'allemand qui par sa précision ne laisserait pas de place à la complicité des esprits en conversation, comme le français sait le faire avec des mots polysémiques, type "ardeur" chez Racine). Je ne suis pas sûr que des spécialistes de stylistique comparée suivraient ces assertions, mais cela reste stimulant (quand on connaît les deux langues).

Nessie a écrit: Donc pas d'engueulade au programme pour cette fois. Tout au plus à la 48ème Finkie ne peut s'empêcher de vitupérer la dégradation du niveau de civilité en même temps que le recul de la langue. Fidèle à ses obsessions il choisit de taper sur le rap, et il le fait avec une fourberie aussi rare que bien venue puisqu'il y dénonce un cas de LTI. Ce faisant il recycle un argument massue du gauchisme contemporain : ce Klemperer que Munier, Noodle-man et Eric Hazan recrutent au service de leur pulsion-Godwin pour fustiger le jargon du capitalisme, Finkie l'emploie pour stigmatiser le rap. C'est savoureux et bien trouvé mais c'est quand même salement hors-sujet donc il est heureux que ça ne dure que le temps d'une incise.
Pas entièrement d'accord avec vous, Finkielkraut dit :

"Quand je vous écoute l'un et l'autre parler de cette élégance, de cette politesse, de cette grâce française, je me demande si elle n'est pas quand même un peu menacée (...) il y a une forme de français qui est tout à fait opposée au français que vous décrivez et qui d'ailleurs, comment dire, est parfois célébrée sur cette antenne, c'est le rap, ça rappelle la LTI dont Klemperer disait "tout en elle est harangue, sommation, galvanisation", donc cette syntaxe française, je prie Dieu qu'elle soit préservée (...)"

Pas hors sujet donc, car il s'agit de savoir de quel emploi de la langue les deux invités parlent quand ils la portent au pinacle. Là où Finkielkraut se trompe, c'est quand il mentionne de façon moutonnière la LTI, qu'il pense que le rap tue la syntaxe française et que ce genre musical est illégitimement célébré sur France Culture.

Ce qui tue la syntaxe française, ce n'est pas le rap, c'est par exemple Marie Richeux, Sophie Nauleau, Éric Chaverou (cf fil Petits textes post 53) et d'autres, qui écrivent des descriptifs bourrés de fautes et à la logique corrompue sur le site de France Culture, des types d'écrits qui imprègnent la manière d'user de la langue chez les prétendues élites.

Nessie a écrit: je pense qu'on peut (...) conseiller [l'émission d'hier matin avec Heinz Wismann et Georges-Arthur Goldschmidt] à l'auditeur gourmand de culture, car elle est fidèle à l'intitulé de notre fil : Répliques comme refuge radiophonique.
Complètement.

PS. Il a été deux fois fait mention de François Dufay qui a mené l'entretien avec Goldschmidt. On sent tout le monde consterné, et je le suis tout autant qu'eux, par cette disparition brutale due à un chauffard il y a trois ans. François Dufay, splendide styliste, a écrit de très beaux textes d'introduction pour un livre publié chez Lattès en 2009 : "Maximes et autres pensées remarquables des moralistes français"

On notera aussi, pour ceux que les questions de traduction intéressent, que Georges-Arthur Goldschmidt a donné une belle traduction du Lenz de Georg Büchner aux éditions La vagabonde en 2003 (version bilingue)

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