Le jeudi 17 septembre 2015, post 282 de ce fil,
Dans son billet matinal, D. Schneidermann (d'Arrêt sur images) revient sur sa récente invitation à la matinale de F.C., où l'on apprend qu'un invité peut décider en partie de la tête de ses débatteurs :
Ai-je eu raison d'aller débattre à la Matinale de France Culture, l'autre semaine, avec Agnès Verdier-Molinié ? Nos amis d'Acrimed s'interrogent (gentiment). Ai-je eu raison d'accepter, en compagnie de l'économiste Julia Cagé, une invitation à débattre du cas Bolloré avec la directrice du think tank de droite libérale IFRAP ?
Pour répondre, il faut entrer dans les coulisses de la préparation de cette émission. L'équipe de Guillaume Erner, animateur des Matinales, a eu quelque mal à constituer son plateau. Son premier choix, pour apporter la contradiction au duo Cagé-ma pomme, se portait sur...Elisabeth Lévy. Avec le motif suivant (si je l'ai bien compris) : " elle va dire que si Bolloré était de gauche, ses agissements susciteraient moins de réprobation". J'ai répondu que dans ce cas, ce serait sans moi. Non pas en raison de ce présupposé de l'équipe de France Culture, même si je l'estime absurde : se scandaliser de voir un actionnaire censurer des journalistes et des humoristes n'a rien à voir avec le fait qu'il soit de gauche ou de droite. A supposer (cas hautement improbable) qu'un oligarque de gauche, ou de la gauche de la gauche, prenne le contrôle de TF1, et censure Jean-Pierre Pernaut, je veux croire que la mobilisation pour la liberté d'expression serait la même. Comment ? Vous riez ? Vous peinez à imaginer l'hypothèse ? Moi aussi. Mais supposons. En vérité, si j'ai refusé de débattre avec Elisabeth Lévy, c'est en raison d'une inaptitude physique : l'incapacité dans laquelle je me sens de la contredire autrement qu'en hurlant plus fort qu'elle. La nature ne m'ayant doté que de cordes vocales standard, je dois faire avec.
Je me suis alors permis de suggérer à France Culture d'inviter plutôt des barons ou des sous-barons de l'empire Bolloré -à défaut de Bolloré lui-même. A la vérité, j'étais sceptique sur leurs chances de succès. Dans les jours précédents, on avait tenté nous-même, en vain. Pour l'instant, le Bolloristan supérieur se terre. Un jour, à n'en pas douter, il sortira de ses terriers. Mais ce jour n'est pas venu. Bref, ayant fait en vain le tour des terrés, France Culture propose finalement Verdier-Molinié, en avocate du droit universel de l'actionnaire à faire ce qu'il veut dans ses propriétés, changer les moquettes, les présentateurs, et les marionnettes. Après tout, pourquoi pas ? Elle refusera certainement d'évoquer l'indéfendable cas Bolloré, me disais-je. Ce qui fut le cas, et le plus frappant dans l'émission, est de la voir refuser avec insistance de me répondre sur la censure de l'enquête sur le Crédit Mutuel. (...)
Dans le Charlie Hebdo de la semaine (n°1209), P. Lançon revient également sur le Répliques intitulé "Raconter la France", dont il était l'invité avec F. Aubenas (p.11). Numéro d'un vide abyssal dont Rowan et Philaunet (posts 463,464) ont discuté dans le fil approprié. Qu'apprend-on dans ce papier ? Que Répliques est "une vieille amie", que P. Lançon "n'a pas besoin d'être en accord avec son animateur (sic) pour l'apprécier", que le débat "fut courtois, détendu et, quoi qu'on pense des uns [P. Laçon et F. Aubenas] et de l'autre [A. Finkielkraut], d'un désaccord chaleureux", qu'A. Finkielkraut est "un homme gentil, sincère, et emporté".
F.C. en parfaite harmonie avec ses invités.
Nessie a écrit:
(...) Hier c'était Danièle Lochak qui souffrait, aujourd'hui c'est Agnès Verdier-Molinié qui est submergée par les deux journalistes militants absolument pas gênés d'interrompre, de prendre d'autorité la parole à deux contre une qui se trouve bloquée en pleine phrase alors qu'elle n'a pas encore exposé son argument tandis qu'eux-mêmes ont eu le temps de délayer les leurs, d'arguments. C'est comme à la télé des années 60 une partie de catch à 3 (2 contre une) où l'on voit un arbitre jouant l'ahuri, qui se montre aveugle aux coups bas donnés sous son nez mais qui se réveille pour rétablir l'arbitrage en faveur de ceux qui cassent le débat : il répète à plusieurs reprises "On va laisser parler Julia Cagé". Julia Cagé qui a décidé de ne pas laisser parler Agnès Verdier-Molinié et donc l'interrompt systématiquement. Signalons que c'est bien la même Julia Cagé qui a portes ouvertes à FC : à la Suite dans les Idées, au Grain à moudre, à la Grande table. Après 20 minutes de ce bordel ponctué de quelques vacheries et ricanements de Daniel Schneidermann, Erner qui a systématiquement donné la priorité aux mêmes finit par lancer sur un ton rigolard et plus Demorandesque que jamais "on va conclure" et il lance le rap choisi par Benjamin Hue pour clôturer ce numéro d'intoxication.
(...)
Dans son billet matinal, D. Schneidermann (d'Arrêt sur images) revient sur sa récente invitation à la matinale de F.C., où l'on apprend qu'un invité peut décider en partie de la tête de ses débatteurs :
Ai-je eu raison d'aller débattre à la Matinale de France Culture, l'autre semaine, avec Agnès Verdier-Molinié ? Nos amis d'Acrimed s'interrogent (gentiment). Ai-je eu raison d'accepter, en compagnie de l'économiste Julia Cagé, une invitation à débattre du cas Bolloré avec la directrice du think tank de droite libérale IFRAP ?
Pour répondre, il faut entrer dans les coulisses de la préparation de cette émission. L'équipe de Guillaume Erner, animateur des Matinales, a eu quelque mal à constituer son plateau. Son premier choix, pour apporter la contradiction au duo Cagé-ma pomme, se portait sur...Elisabeth Lévy. Avec le motif suivant (si je l'ai bien compris) : " elle va dire que si Bolloré était de gauche, ses agissements susciteraient moins de réprobation". J'ai répondu que dans ce cas, ce serait sans moi. Non pas en raison de ce présupposé de l'équipe de France Culture, même si je l'estime absurde : se scandaliser de voir un actionnaire censurer des journalistes et des humoristes n'a rien à voir avec le fait qu'il soit de gauche ou de droite. A supposer (cas hautement improbable) qu'un oligarque de gauche, ou de la gauche de la gauche, prenne le contrôle de TF1, et censure Jean-Pierre Pernaut, je veux croire que la mobilisation pour la liberté d'expression serait la même. Comment ? Vous riez ? Vous peinez à imaginer l'hypothèse ? Moi aussi. Mais supposons. En vérité, si j'ai refusé de débattre avec Elisabeth Lévy, c'est en raison d'une inaptitude physique : l'incapacité dans laquelle je me sens de la contredire autrement qu'en hurlant plus fort qu'elle. La nature ne m'ayant doté que de cordes vocales standard, je dois faire avec.
Je me suis alors permis de suggérer à France Culture d'inviter plutôt des barons ou des sous-barons de l'empire Bolloré -à défaut de Bolloré lui-même. A la vérité, j'étais sceptique sur leurs chances de succès. Dans les jours précédents, on avait tenté nous-même, en vain. Pour l'instant, le Bolloristan supérieur se terre. Un jour, à n'en pas douter, il sortira de ses terriers. Mais ce jour n'est pas venu. Bref, ayant fait en vain le tour des terrés, France Culture propose finalement Verdier-Molinié, en avocate du droit universel de l'actionnaire à faire ce qu'il veut dans ses propriétés, changer les moquettes, les présentateurs, et les marionnettes. Après tout, pourquoi pas ? Elle refusera certainement d'évoquer l'indéfendable cas Bolloré, me disais-je. Ce qui fut le cas, et le plus frappant dans l'émission, est de la voir refuser avec insistance de me répondre sur la censure de l'enquête sur le Crédit Mutuel. (...)
Dans le Charlie Hebdo de la semaine (n°1209), P. Lançon revient également sur le Répliques intitulé "Raconter la France", dont il était l'invité avec F. Aubenas (p.11). Numéro d'un vide abyssal dont Rowan et Philaunet (posts 463,464) ont discuté dans le fil approprié. Qu'apprend-on dans ce papier ? Que Répliques est "une vieille amie", que P. Lançon "n'a pas besoin d'être en accord avec son animateur (sic) pour l'apprécier", que le débat "fut courtois, détendu et, quoi qu'on pense des uns [P. Laçon et F. Aubenas] et de l'autre [A. Finkielkraut], d'un désaccord chaleureux", qu'A. Finkielkraut est "un homme gentil, sincère, et emporté".
F.C. en parfaite harmonie avec ses invités.