Passons rapidement sur le fait que la vocation initiale de ce magazine a été détournée depuis la rentrée 2013 : il ne s'agit plus tellement de géographie, mais d'enjeux globaux. De fait, depuis la dernière rentrée plusieurs numéros ne prennent que très secondairement la tangente géographique. Par ailleurs depuis ce changement l'émission a perdu son vernis de neutralité, elle est maintenant clairement engagée sur la ligne Terra Nova. Il n'y aurait pas là grand mal (après tout elle ne fait que rejoindre un troupeau) si dans le même temps, le style de présentation de Sylvain Kahn n'était devenu tout à fait erratique, et surtout par sa forme orale comme Philaunet nous l'a montré impitoyablement par l'exemple, du message 311 jusqu'au message 314, pastilles d'écoute à l'appui. Enfin pour moi c'est plié : Planète Terre est devenu inécoutable depuis ce triste septembre 2013.
Néanmoins chaque mercredi j'essaie tout de même de tâter le terrain. Toujours à la recherche du bon invité sur un sujet qui pourrait me captiver. Récemment malgré la désastreuse prestation de Kahn j'avais grandement apprécié la présence de Jacques Véron venu parler démographie.
Cette semaine, le sujet est encore une fois très peu géographique : Les Mafias. Et l'émission est bonne, grâce aux invités certainement : car si les interventions de Kahn sont encore d'une niaiserie ahurissante, le paradoxe qu'elles partagent avec le style d'animation de Laure Adler est le suivant : quand les invités sont bons, l'émission est tout de même réussie non pas malgré le producteur et malgré ses interventions, mais au contraire grâce à ces handicaps qu'il inflige aux invités : ces derniers ayant rapidement compris à qui ils s'adressent, prennent soin de ne pas se laisser disperser par les continuelles interruptions et ressentent le besoin de préciser tous leurs propos. Ce sont très probablement des pédagogues confirmés, ou des conférenciers en milieu culturellement défavorisé (étudiants du premier cycle de l'Université, cinéphiles obsédés par le grain de l'image, zoophiles montagnards privés d'iode, bergers toungouzes parlant notre langue avec un léger accent guttural et l'écoutant de même, ou bien tout simplement public de militants immatures politisés à l'excès).
Aussi ai-je cru bon de signaler ici ce numéro de Planète terre entendu le mercredi 26 novembre 2014, et de placer le lien en proposition d'écoute (en haut à gauche de votre écran d'accueil).