Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Antoine Arnoux a écrit:Circa 2003, « Concordance des temps » avait porté sur le Misopogon de Julien l'Apostat. M. Jeanneney et son invité, dont le nom m'échappe (s'agissait-il de Joël Cornette ?), s'étaient beaucoup amusés (notamment en jouant incessamment sur les mots « barbe » et « poil »). Ne gardant de cette émission (ni barbante ni rasoir) qu'un souvenir obscurément lumineux, je me permets de solliciter l'aide des membres de ce forum-ci. L'un de vous se rappelle-t-il cette émission ? la date à laquelle elle fut diffusée ? le nom de l'invité ?
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Damnation, le dépot légal INA-BNF n'indique rien qui traite de Julien à l'adresse de Concordance des temps. Dans de tels cas il n'y a que deux hypothèses recevables :
- l'émission a été déposée avec une fiche vierge (il y a quelques cas semblables, et même beaucoup pour Tire-ta-langue)
- c'était dans une autre émission (Jeanneney est parfois venu babiller aux Lundis de l'histoire)

Cornette quant à lui, n'apparait dans Concordance que pour 3 émissions sur la Bretagne et une sur le régicide. Cette dernière en 2002 est la seule à être proche de 2003.

De là, deux questions :
a) Etes vous certain que ça se passait un samedi ?
b) Est-ce-que par hasard l'invité pourrait être Jerphagnion ?
(car Jerphagnion a évoqué Julien l'Apostat en 2008 au micro de Jacques Munier dans la 2e moitié de "A plus d'un titre", or l'humour que vous signalez pourrait bien être le fait de Munier - Ce jour là, dans la première moitié de l'émission un benêt enrhumé recevait Pascale Clark peut-être aviez vous tellement souffert d'écouter ces deux cervelles d'oiseaux que votre mémoire en fut chamboulée pour la journée et le souvenir du Misopogon rangé dans la mauvaise boîte ?)

Autre piste de recherche qui ne donne rien : la réédition du Misopogon en 2003 aux Belles lettres. Ne semble pas avoir retenu l'attention sur FC. Et le maître d'oeuvre de cette réédition (Christian Lacombrade) n'apparait dans aucune fiche.

En désespoir de cause et désireux d'effacer cette humiliation de collectionneur, j'ai réveillé une cassette très probablement endormie depuis 10 ans : le Concordance daté du 3 avril 2004, où en complément d'une sémiologie générale du poil pris sous ses aspects symboliques, spirituels, et tout de même esthétiques, Jeanneney et Laurent Theis échangeaient force facéties, dont j'extrais celle-ci :

A la 20e minute, en réponse à ce qu'on devine être une question-piège sur Luc Ferry, Theis répond, avec une voix qui en fait un quasi-sosie radiophonique de Michel Zink :
<< Sur Luc Ferry et la philosophie, il est difficile maintenant de s'exprimer tout-à-fait. Mais on pourrait prendre d'autres personnages emblématiques du savoir. Prenez Darwin par exemple : on ne peut pas... on peut mal penser qu'une partie de son savoir et même une partie de l'évolutionnisme n'ait pas été situé dans une barbe dont on sait qu'elle n'avait pas cessé de croître tout au long de ses recherches et de ses découvertes. >>  

Or des facéties il y en a bien d'autres dans l'échange. En voici une autre, quelques instants plus loin :
- Theis : De même que quand le jeune Charles VI est arrivé au pouvoir il a éliminé les marmousets : les petits vieux chenus, barbus ou pas barbus mais c'est comme une barbe à l'intérieur du crâne, c'est une barbe qu'il faut également considérer
- Jeanneney : C'est-à-dire ? (il masque difficilement son rire)
- Theis : Vous voyez bien ce que je veux dire par là... Enfin c'est au profit d'une jeunesse qui, elle était encore relativement imberbe. Et nous savons ...
- Jeanneney (il le coupe)  : J'essaie de comprendre
- Theis (même jeu) : Je vous expliquerai hors-antenne... (puis reprend sur un ton sérieux) Et nous savons que Charles VI à la différence de son père ne portait pas la barbe.
(ils continuent comme ça un moment)

Ensuite de quoi le dialogue redevient sérieux mais plus tard ils recommenceront. C'est vivifiant, et difficile à écouter sans céder à la rigolade à certains moments car leur numéro, avec les rires, est doué d'un pouvoir assez contagieux ma foi.

A part ça, le décodage sémiologique de la barbe est tout à fait intéressant, dans la lignée des analyses barthésiennes car ce dernier dans ses Mythologies avait décrypté la barbe de L'Abbé Pierre. Ainsi de la distinction entre la barbe sauvage et même hirsute, et la barbe cultivée celle-la je crois même qu'il l'a dite jardinée. On attend la référence à l'art topiaire. Jeanneney ira-t-il jusque là ?

Je n'en suis qu'à la 28e minute de cette pogonologie. Je stoppe régulièrement la lecture pour rembobiner une minute ou deux en arrière histoire de savourer de nouveau un moment hilarant. S'il y a des forumeurs intéressés, je numériserai cette cassette pour mettre l'émission au format mp3, disponible au chargement (enregistrement personnel, donc domestique, donc légal).

Les deux duettistes ne cessant de changer d'époque, je reste attentif car bien que ce soit visiblement l'émission que vous connaissez et non celle que vous cherchez Antoine, bien qu'elle date de 2004 soit beaucoup plus que 3 ou 4 ans, je me dis que Julien et le misopogon pourraient sortir de la bobine (comme sont déjà sortis il y a quelques minutes César et Hadrien).

Un numéro de qualité, laquelle est garantie dans cette émission, pour La torture dans la Rome antique. Pour les amateurs d'histoire, une aubaine. Pour qui trouve le monde actuel "effffffffffffffroyable", des éléments de comparaison.

L'invité, Yann Rivière, connaît son sujet sur le bout des doigts, quel plaisir d'entendre un tel savant ! Mais brrrrrrrrr, qui sait si un latiniste de nos contributeurs n'aura pas débusqué une erreur de date ou de fait...  

NB. Comme toujours, la page de l'émission est riche de références et d'informations.

Je ne suis pas d'accord avec le ton élogieux généralement réservé à cette antique émission de Culture. Sans aller jusqu'aux insultes si courantes sur ce site, pourquoi ne pas dire qu'après tant d'années la formule-le titre même !-devrait être revu? Jeanneney, Google .... à quand un FC du 21ème siècle?

Comme je l'ai écrit plus haut dans ce fil, je pense moi aussi que la forme de Concordance est plutôt usée, tout comme celle de Question d'éthique d'ailleurs. Ces deux émissions sont de moins en moins en accord avec leur contrat d'origine. Je préfèrerais voir Jeanneney passer aux Lundis de l'histoire pour y déployer sa verve. Le mieux serait même de lui donner le poste qu'y tenait jadis Pierre Sipriot, et de rendre à l'émission la forme qu'elle avait alors. Avec pourquoi pas Levillain Perrot et Chartier parmi les intervenants récurrents s'ils refusent on pourra toujours les recaser en pom-pom-historiens chez Téoufik Hakem entre 6h et 6h30. Et si elle ne veut pas faire la 4eme, Monique Canto-Sperber lâchant Questions d'éthique, pourrait prendre la place d'Adèle Van Reeth et propulser cette dernière dans le carré (paritaire en sexe donc correct en diable) des emplumés.

Pour autant, à mon goût il y a encore de très bons numéros dans Concordance. Serez vous aussi critique pour ceux-ci ?
- Emission du 21 décembre avec Michel Pastoureau : Les animaux de Noël
- 4 janvier, avec Antoine Prost : Des réformes dans l'éducation nationale
- 1er mars, avec Daniel Roche : Avant Internet, l'Encyclopédie
- 5 avril avec Pierre Assouline. Sujet : Marcel Dassault
- 26 avril avec Bertrand Lemoine : La tour Eiffel, intemporelle
- 3 mai avec Pierre Gonneau : La crimée est-elle Russe ?  

Car pour en revenir à la vocation de cette radio, qui nous préoccupe ici au même titre que la qualité de son programme, il me semble que quand bien même Jeanneney se fout un peu du monde au bout de 15 ans de Concordance et se cache de moins en moins pour militer, il le fait d'une façon qui pousse l'auditeur à réfléchir et à user de curiosité. Mais peut-être est-ce là de l'intelligence appliqué au militantisme : séduire, plutôt qu'asséner ?

C'est Laurent Theis qui était ce matin l'invité de Concordance des temps. Sujet : La comtesse de Ségur, dont la pérennité en librairie est promue par Jeanneney au rang d'énigme contemporaine.  

Laurent Theis est donc revenu à Concordance des Temps pour un 6eme passage, se succédant à lui-même :
- 1er janvier 2000 : Les peurs de l'an Mil
- 3 avril 2004 : Histoire du poil, la barbe comme symbole religieux
- 21 juin 2008 : Guizot, ministre de Louis-Philippe
- 20 mars 2010 : Le canular littéraire
- 13 juillet 2013 : Le plagiat

En revanche ou plutôt par contre, les quelques pros du site de FC eux ne sont pas encore revenus de leurs vacances : le podcast n'est pas livré, de même que celui de Répliques, d'ailleurs. Il faut donc aller chercher Sophie Rostopchine à la page de Concordance quand bien même cette dernière n'est pas encore tout-à-fait rétablie. Plus exactement, au sommaire général des émissions de FC la page porte encore son sticker du programme d'été, mais c'est bien elle qui vous met Laurent Theis à portée de click. Pour Répliques au moins ce boulot épuisant de modifier la vignette d'entrée a été fait. On espère qu'un tel effort n'a entraîné aucune incapacité de travail temporaire car il est bien connu que des prestataires d'un tel niveau se remplacent difficilement.

Il semble mon cher Nessie que vous oubliez une émission sur la Pologne avec le même Theis diffusée en mai 2014.
Par contre impossible de retrouver dans mes tablettes la première émission que vous citez .

stein a écrit:Il semble mon cher Nessie que vous oubliez une émission sur la Pologne avec le même Theis diffusée en mai 2014.
Par contre impossible de retrouver dans mes tablettes la première émission que vous citez .

Par ma barbe, vous avez raison ! Jamais je n'aurais cru qu'on pouvait passer deux fois à si peu d'écart dans Concordance.

Pour ce qui est de la première, elle n'est pas dans mes cassettes, hélas. La référence on peut la trouver dans le moteur de recherche du fonds INA-BNF, où sont déposées et référencées toutes les productions de France Culture depuis le 1er Janvier 1994, au titre du dépôt légal. Voici l'adresse : http://inatheque.ina.fr/Ina/ws/dlr/dlweb/general/SearchForm

Après pour consulter je veux dire pour écouter une émission ça sera une autre paire de manches, bien sûr. Et puis il y a des pans entiers qui sont manquants sans qu'on sache si le programme est absent ou si ce sont seulement les fiches qui ont vides (c'est le cas, très bizarrement les fiches de plusieurs mois ou années de Tire ta langue au début des années 2000).

Un dernier conseil avant de s'enliser dans la recherche : hélas la syntaxe des requêtes n'est pas tout à fait conforme aux standards. Je n'ai jamais réussi à obtenir un résultat en saisissant plus d'un mot par zone de saisie. En cas de recherche sur dates, la syntaxe est << JJ.MM.AAAA>> . Et de façon générale, la réponse la plus fréquente est "système temporairement indisponible". Mais il ne faut pas se décourager : il y a là une mine de renseignements sur les 20 dernières années du programme.

Je conseille la recherche suivante :
Chaîne de diffusion / est / : France Culture
Titres  / contient / : Concordance
Générique  / contient / : Theis

dans un autre fil du forum, Philaunet a écrit:Qui peut bien vous tenir une heure en haleine sur France Culture en 2015 ? Je cherche dans la liste des producteurs et je ne vois pas. Quant aux intervenants, rares sont ceux qui auront l'éloquence, la culture et la passion de transmettre d'Henri Guillemin dans sa conférence de 1952.

Par contre, pour endormir l'auditeur Pap Ndiaye met dans le 1 000. On redoute le procès en concurrence déloyale  que pourrait lui intenter plus d'un laboratoire pharmaceutique commercialisant quelque somnifère célèbre.

Je dis ça sans méchanceté : le propos de cet invité régulier de la chaîne est toujours très bien construit et semble impeccablement étayé. L'élocution dépassionnée devrait être une qualité, surtout sur son sujet habituel et là peut-être est le piège dans lequel tombe Ndiaye. Alors qu'il est toujours bien venu de passionner le propos quand on traite de sujet de connaissance, au contraire sur le créneau facile de l'histoire du racisme aux USA, il serait mal venu d'en rajouter puisque les événements parlent d'eux-mêmes. Un ton véhément serait vite aussi ridicule que le style engagé d'un Sylvain Bourmeau attisant la lutte des classes. Est-ce pour cela (ou bien est-ce sa naturelle façon d'être) qu'en adoptant le ton d'un élève aussi sage que sûr de lui et de son bon devoir de premier, tout en évitant un écueil dangereux pour sa barcasse, Pap n'diaye immobilise l'auditeur dans une sargasse soporifique.