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Le programme de nuit, îlot de culture (II)    Page 38 sur 53

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Curly 


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Les peuples sibériens - Michel Serrault - Les larmes de Ah Kim de Jack London - Mer 03 Nov 2021, 11:58

La matinée des autres - Les peuples sibériens (13-12-1983) 
par Marie-Hélène Fraissé
avec Anne-Victoire Charrin (assistant à l'INALCO), Roberte Hamayon (directeur d'études à l'Ecole pratique des Hautes Etudes ), Laurence Delaby (ingénieur au CNRS), Boris Chichlo (chargé de cours à l'INALCO) et Marie-Lise Befa (linguiste)
lectures Frédérique Cantrel, Jacques Frantz, Jacqueline Taous et Maurice Travail
réalisation Christine Berlamont
Une Matinée dans la lignée de celles de la fin des années 70/début années 80. Un panorama des différents peuples, leur mode de vie, précédé d’un point de géographie. En ouverture, brève évocation du bagne.
L’émission a vieilli dans l’utilisation de musiques synthétiques typiques de ces années, ce qui finalement est peu de chose quand on sait le désintérêt des programmes de jour actuels pour ce qui n’est pas franco-français, sauf lorsque l’actu la plus brûlante le justifie. Et une fois de plus, il convient de rappeler, que comme l’émission est soigneusement montée, elle permet un confort d’écoute non négligeable. Les propos entrent immédiatement dans le vif du sujet. Adieux bavardages creux, bégaiements, cirages de pompes, rappel du CV des intervenants pendant 5mn, avec le passage obligé sur la bibliographie détaillée qui sonne comme une page de pub.

                                                                                            

Nuits magnétiques - Michel Serrault, un oiseau sombre et bariolé (20-12-1985) 
par Olivier Kaeppelin
réalisation Marie-France Thivot
L’émission ne dure qu’une heure. Les premières vingt minutes de cette nuit magnétique étaient consacrées à un autre sujet, inconnu à ce jour. Elles sont déclarées manquantes à l’INA.
Olivier Kaepplin est avec le peintre Jean-Claude Latil, grand amateur de l’acteur, dans une salle de cinéma. Ils commentent en temps réel la prestation de Michel Serrault dans un film qui n’est pas nommé. Ils attendent le moment où l’acteur va faire dérailler le film, lui faire prendre une dimension inattendue. Ils guettent ce moment, qui sera ici furtif. Plus tard, O. Kaepplin passera un coup de fil à un autre ami, le peintre Georges Touzenis, après la diffusion tévé d’un film avec M. Serrault pour faire quelques commentaires sur son jeu.
Pendant l’entretien avec l'acteur aussi, l’auditeur guette ces moments où la discussion va balayer les conventions, les banalités. Il y en a quelques-uns, mais peu. Par exemple lorsqu’il explique comment il choisit un film dans lequel il va jouer, ou alors le très bref moment où il perd le fil de son propos. Peut-être fait-il exprès parce qu’il sent qu’il s’enferre dans quelques platitudes…
Concernant sa notion d’interprétation, rien de neuf ici. Sa préoccupation majeure au moment de l'entretien est sa future interprétation du personnage d'Harpagon.
Une particularité de l’émission : aucun film n’est nommé, ni réalisateur. M. Serrault mentionne brièvement Christian de Chalonge, et un ami de O. Kaepplin « Les fantômes du chapelier », c’est tout.
Pour information, le film que vont voir en salle O. Kaepplin et J-C Latil est « On ne meurt que deux fois » de Jacques Deray.

                                                                                                

Nouvelles des États-Unis - Les larmes de Ah Kim de Jack London (29-05-1986)  Dernière diffusion : 27-02-2017, pas de lien, pas de page, mais disponible à l’écoute, ce qui rend la recherche difficile... A retrouver au choix dans l’aspirateur du Forum ou sur YouTube.
traduction de Louis & François Postif
présentation Marie-Claire Pasquier
lecture Cécile Hamsy, Claude Dereppe et Jean-Bernard Guillard
réalisation Jacques Taroni
Belle mise en onde de cette lecture. De grandes plages de musiques et de sons d’ambiance viennent aérer la lecture à trois voix, un peu comme lorsque Stéphane Pizella dans ses « Nuits du bout du monde » laisse l’auditeur s’imprégner de l’ambiance de son récit en laissant une musique évocatrice prendre le relais pendant quelques minutes.
L’histoire se passe à Hawaï et parle de relations entre une mère possessive et violente, et son fils, un riche commerçant.

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Les momies - Une pesée de mots - Dim 07 Nov 2021, 12:34

Nuits magnétiques - Les momies (06/07/1979) 
par Jacqueline Kelen
avec Jean-Pierre Campana (médecin légiste), Christiane Desroches Noblecourt  (conservateur en chef du département des antiquités égyptiennes au  musée du Louvre), Vladimir Jankélévitch (philosophe), Ange-Pierre Leca  (médecin, écrivain, spécialiste des momies) et Simone Bizebard (ethnographe)
lectures Virginie Billetdoux, Maurice Travail, André Almuro, Jacqueline Taouss et Anne Lefol - réalisation Michel Abgrall
Pour des raisons obscures, la Matinée des autres du 19 juin 1979 fut fondue dans une nuit magnétique le mois suivant. Le sommaire étant le même, il y a de fortes chances (100% d'après mes calculs) pour que l’émission soit identique. Alain Veinstein, avant de glisser un dernier petit mot, a laissé se dérouler le générique qui désannonce bien une Matinée des autres.
Trois parties, dont les deux premières sont les plus réussies. La momification en Égypte, avec même les techniques détaillées pour enlever les organes, avec mode d’emploi pour enlever le cerveau en passant chaque petit bout par le nez, puis au Pérou. Les modes de conservation des corps, la signification de ces pratiques…
La dernière partie, plus brève, est consacrée à l’Europe, et se termine par une colère de Vladimir Jankélévitch qui rumine sa hargne contre le momification de Lénine, rite religieux dans un système de pensée matérialiste. Il le vit comme un affront personnel.  Nous terminons donc cette Matinée/Nuit dans le calme d'un discours apaisé.

Atelier de Création Radiophonique - Une pesée de mots (31/01/1982) 
par Jean-Loup Rivière
avec Denis Roche, Pierre Leyris, Henri Meschonnic, Elmar Tophoven et Léon Robel
réalisation Monique Burguière
Cette émission est consacrée au travail de traduction littéraire : trouver le mot juste , des équivalents, respecter le rythme de la phrase, les jeux sur les sonorités.
Une fois que Denis Roche, habitué des ACR de cette époque, mais qui intervient ici fort peu, a posé l’axiome que tout chef d’œuvre quelle que soit la traduction garde son statut de chef d’œuvre, nous allons entendre qu’en fait, comme nous nous en doutons, ce n’est pas exactement vrai.
Il reviendra plus tard nous parler de la traduction des Cantos d’Ezra Pound.
Nous pouvons entendre au début différentes « interprétations » (traductions ?) de l’Art de la fugue de Bach, partition sans aucune indication d’instrumentation. Toutes sont donc possibles. Tout au long de l’Atelier revient comme une ponctuation une pièce orchestrale dont l’identité nous est dévoilée lors de sa diffusion intégrale dans le dernier tiers de l’émission. Son titre est-il un commentaire sur le travail du traducteur ?
Nous pouvons entendre par le menu les différentes langues des auteurs traduits, ne serait-ce que pour en apprécier, avant le sens – qui est donné de toute façon par le traducteur – la sonorité et le rythme.
Pierre Leyris nous parle de différents poètes anglais. La partie la plus développée, la plus intéressante, est celle sur Gerard Manley Hopkins et Shakespeare. Il raconte ensuite brièvement sa découverte, la vie et l’œuvre d’autres poètes anglais méconnus.
Avec Henri Meschonnic, nous passons à l’hébreu et à la traduction du Livre de Job. Il compare ses choix de traduction avec les autres versions en français connues du texte (Bible de Jérusalem, La Pléiade).
De l’allemand ensuite. Elmar Tophoven et sa traduction de Mal vu mal dit de Samuel Beckett en allemand. Où l’on voit aussi que la connaissance de l’œuvre entière de l’auteur peut être fort utile.
Dans la dernière partie, Léon Robel décortique sa traduction d’un passage d’un texte de Andreï Voznessenski. Par des effets de montages et d’échos fort bienvenus, et non dénués d’humour, la réalisation accentue les jeux sur les sonorités.

                                                                                            

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Etiemble - Pierre Schaeffer - Dehors et pas d'histoires - Lucrèce - Finnegans Wake - Mer 17 Nov 2021, 14:59

Le bon plaisir - René Etiemble (14/12/1985) 
par  Michel Fleischmann
avec René Etiemble (écrivain, universitaire),  Jean-Pierre Vernant (historien, anthropologue), Taha Hussein (écrivain,  critique littéraire), Louis Arenilla (critique littéraire), Yvon Belaval (philosophe), Jacques Dars (sinologue), Roland Desné (historien), Sobhi Habchi (poète, Docteur d'État ès lettres et sciences humaines, chercheur au CNRS) et Andrée Hyvernaud (écrivain, poète)
lectures Frédérique Cantrel, Sylvain Clément et André Lambert
réalisation Roland Auguet 

Le bon plaisir - Pierre Schaeffer (11/10/1986) 
par Françoise Malettra
avec Pierre Schaeffer, François Bayle (compositeur), Michel Chion (compositeur), Jean Cluzel (parlementaire), Lise Déramond (réalisatrice), Jean-Loup Roubert (architecte), Paul Flamand (éditeur)
Et les voix des comédiens Anny Romand, Daniel Mesguich, Claude Piéplu, Julien Guiomard, Louis Salou, Josette Étiévent, Madeleine Barbulée, Jean Toscane et Jean Topart
réalisation Michel Gache

Beaucoup de « Bons plaisirs » programmés ces temps-ci dans les Nuits. L’émission jouit d’un certain prestige. En fait, le plaisir que l'auditeur peut y prendre dépend de la personnalité de l’invité et du producteur.
Le deux bons plaisirs ci-dessus sont d’une durée de 3h30 environ. A la fin des années 90, avant sa suppression, l’émission sera passé à 2h.
Autant Etiemble est préoccupé par son engagement politique, autant Schaeffer va déclarer à plusieurs reprises que la politique ne l’intéresse pas. Mais Schaeffer est un sacré personnage. Ses passages à la radio sont toujours remarqués, il maîtrise parfaitement le langage radio. Cabotin sur les bords, il assure, en tant qu’intervenant quasi-unique (les autres sont des faire-valoir) le spectacle durant 3h35.

Françoise Malettra est parfaite. Elle ne manque pas de titiller Pierre Schaeffer, de le plonger dans quelques contradictions dont il semble de toute façon se moquer.
La partie la plus longue est celle où il raconte son éducation religieuse, ses premières prises de son pour la radio, avec une visite à l’Opéra Garnier, sa carrière d’ingénieur des PTT,  sa vie à Vichy au début des années 40 (il a des paroles bienveillantes pour le Pétain de 1940/41), et les conditions dans lesquelles a été créé le Studio d’essai.
Non seulement il va refuser de parler de politique, mais il va aussi se refuser à parler musique. Françoise Malettra va néanmoins sans trop forcer réussir à le faire s’exprimer sur ces deux sujets, qui sont difficilement contournables.
Pour la musique, Pierre Schaeffer est radical : la musique d’après 45 l'horripile,  le sérialisme le saoule, et il avoue s’être coltiné dans la souffrance les concerts du Domaine Musical.  Il porte aux nues la musique baroque. Un entretien haut en couleur.
Lors du passage en compagnie de François Bayle, ce dernier respecte la contrainte de ne pas parler musique en évoquant les insultes qu’il a essuyées de la part de Schaeffer lorsqu’il effectuait du travail de secrétariat au GRM au début des années 60. Tel est pris qui croyait prendre.
Pour en revenir à la politique, le bon plaisir se termine par une visite au sénateur Jean Cluzel qui revient sur l’éclatement de l’ORTF et sur les efforts qui ont été nécessaires pour créer l’INA, dont Schaeffer a été écarté très vite.

Etiemble, lui, va passer un temps important à expliquer ses choix politiques. Proche des communistes dans les années 30, il va être attiré dans un premier temps par Mao, avant de s’y opposer au moment où la génération suivante va patauger dans le maoïsme.
Les centres d’intérêt, les savoirs d’Etiemble sont tellement étendus que, malgré la durée du « Bon plaisir », nous avons l’impression de survoler l’ensemble.
Il faut attendre la fin de l’émission pour apprécier un éloge vibrant de la poésie de Mao.
Les différents intervenants peuvent s’exprimer plus longuement et plus librement (Etiemble est absent, semble-t-il, durant ces entretiens), mais tombent, et c’est le principal défaut, sans doute inévitable au vu du principe de l’émission, dans des panégyriques un rien sirupeux.
 
Dehors et pas d'histoires (02/12/1998) 
de Christophe Nicolas
interprétation Béatrice Agenin (Michelle), Jackie Berger (Thomas), Thierry Hancisse (Loïc), Eric Elmosnino (Raphaël), Amélie Gonin (Nadia), Marianne Epin (Edwige), Isabelle Carré (Meryl), Sylvain Cortay (Jacques) et Paul Crauchet
réalisation Anne Lemaître
Une fiction relativement courte (environ 50mn) qui raconte l'arrivée à Paris d’un enfant qui va être livré à lui-même. Censé rejoindre son père, ce dernier va pointer aux abonnés absents à la gare. Les acteurs sont bons, malgré un accent marseillais mal contrefait – un détail -. L’auteur évite le pathos, et semble se référer à l’univers de Truffaut (celui des 400 coups) ou de Pialat (L’enfance nue).
     
Les samedis de France Culture - En un temps incertain, en des lieux incertains, Lucrèce (28/03/1981) 
par Michèle Cohen
avec Etienne Balibar (philosophe), Marcel Benabou (historien), Olivier Bloch (philosophe), Augusto Fraschetti (professeur d'histoire romaine à l'université de Rome-La Sapienza),  Michel Paty (physicien, historien, philosophe des sciences, écrivain,  poète, professeur), Francis Ponge (écrivain, poète), Clément Rosset  (philosophe), Eduardo Sanguinetti (poète, écrivain), Michel Serres  (philosophe, historien des sciences) et Jacques Sojcher (écrivain)
lectures de "De Natura Rerum" de Lucrèce par Philippe Clévenot, Dominique Grandmont, Vladimir Yordanoff et Jean-Marie Patte
réalisation Janine Antoine
Richement mise en onde, cette émission pourrait tout aussi bien être un Atelier de Création Radiophonique.
Les interventions sont de qualité inégale : on se passerait bien par exemple de l’évocation hilare d’un Lucrèce écrivant son poème pendant une fête orgiaque.
Mais l'ensemble demeure de haute tenue. L’émission réussit en un quart d’heure, le premier bien sûr, à donner une idée précise de la philosophie de Lucrèce, de son « De natura rerum », dont on peut écouter la lecture d’extraits tout aussi bien en français qu’en latin.
     
Atelier de Création Radiophonique - Fin (n) again ou autour de "Finnegans Wake" de James Joyce (05/06/1983) 
par Kaye Mortley
avec Philippe Lavergne (premier traducteur de "Finnegans Wake"), Philippe Sollers (écrivain), Hélène Cixous (écrivain, dramaturge), Daniel Sibony (philosophe, psychanalyste), André Topia (professeur de littérature anglaise), Timothy Hennessy (artiste), Jean-Michel Rabaté  (professeur de littérature anglaise, spécialiste de Joyce, traducteur,  écrivain), Jacques Aubert (éditeur de Joyce, professeur émérite des  Universités) et Jacques Darras (poète, essayiste, traducteur)
avec la voix de James Joyce
extraits de la lecture intégrale de "Finnegans Wake" par Patrick Hely à la galerie Annick Lemoine - réalisation Marie-Ange Garrandeau
En 1982 paraissait traduction de Finnegans Wake en français, d’où cet ACR, conçu dans la foulée, présentation limpide d’une œuvre réputée comme difficile.
Il apparaît à l’auditeur dès le début, même si c’est explicité plus tard, que la lecture du texte, tel que psalmodié par Patrick Hely, lui donne un aspect religieux, et qu’il semble s’écouler sans fin comme l’eau d’un fleuve.
Les explications des différents intervenants sont éclairantes, et recoupent parfois celles, tout aussi passionnantes, de Michel Butor dans « Un homme, une ville » consacré à Joyce.
Un homme, une ville - Sur les traces de James Joyce à Dublin (01/12 & 08/12/1978) par Thierry Garcin, réalisation Danielle Fontana-Rosa.

Philaunet 

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''Mémoires du siècle - Louis Leprince-Ringuet (physicien)'' (1901-2000) - Mer 17 Nov 2021, 21:05

Une Mémoires du siècle - Louis Leprince-Ringuet (1ère diffusion : 24/11/1985)  Le 17/11/2021  Par Daniel Lecomte des Floris - Avec Louis Leprince-Ringuet (physicien).

Un numéro qui semble avoir été rogné. Pour entrer dans les Nuits ? La série des Mémoires du siècle durait rarement moins d'une heure par numéro. Ici :
Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 38 Scre1918

En 1985, temps qui n'est pas encore très éloigné, on savait encore laisser la parole à son vis-à-vis et non l'interrompre toutes les 30 secondes pour réveiller l'attention d'un auditeur prétendument las ou pour se mettre en valeur comme intervieweur. Daniel Lecomte des Floris est très discret ou c'est plutôt le montage qui l'a rendu à sa vocation : écouter comme un auditeur "derrière son poste" en orientant l'invité de loin en loin.

[Extrait] Apprendre la physique - Apprendre ce qu'il fallait croire, ce qu'il ne fallait pas croire - Travailler manuellement -La fabrication des compteurs Geiger - "Nous ne sommes pas des intellectuels" - Discuter indéfiniment de quelque chose - La physique théorique : de la philosophie  - Louis de Broglie : historien, intellectuel génial et pur théoricien- Les expérimentateurs - Ambiance vers 1930 : "On commençait à s'exciter sur les noyaux d'atome" [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-17.11.2021-ITEMA_22841593-2021C3372E0279-21.mp3" debut="23:48 fin="27:40"]

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L'Europe des navigateurs, des conquistadors et des marchands - Michel Leiris - Marthe Robert - Georges Perec - Dim 28 Nov 2021, 11:41

Analyse spectrale de l'Occident - L'Europe des navigateurs, des conquistadors et des marchands (25/04/1959 France III Nationale) 
par Pierre Sipriot
1/4  La terre une découverte européenne
avec Denis de Rougemont (directeur du centre européen de la culture,  auteur de l'ouvrage "L'aventure occidentale de l'homme")
lectures  d'extraits du journal de bord de Christophe Colomb par Jean Topart 
2/4 Le legs des conquistadors et des marchands
avec Jean Descola et René Sédillot (rédacteur en chef de La vie française)
lecture du sermont d'Antonio de Montesimos à Hispanola par Paul-Emile Deiber 
3/4  L'Europe marchande du XVIème siècle
avec René Guerdan (auteur de "Grandeurs et richesses de Venise"), Michel Mollat et Pierre Jeannin
lectures d'extraits du journal de bord de Christophe Colomb par Jean Topart 
4/4 L'aventure du marchand
avec Jacques Le Goff, Ernest Labrousse, et Pierre Jeannin
lectures  d'un extrait des "Essais" consacré à la colonisation du Nouveau monde de  Montaigne et d'un extrait de "L'essai sur les moeurs" de Voltaire par Paul Emile Deiber

Quatre heures et des poussières de tables rondes, de conversations, et de lectures. En fait, les lectures sont peu nombreuses, et ce sont les conversations qui dominent.
La qualité des discussions est variable, et l’élocution des intervenants passablement datée. Pour certains d’entre eux, elle apparaît aujourd’hui (sans doute déjà alors…) comme une caricature d’elle-même. Résultat, l’auditeur s’attache plus à la voix qu’au contenu.
On admirera certains historiens qui se croient en plein cours magistral à la fac, et qui reformulent deux-trois fois la même idée de manière légèrement différente pour que nous la prenions bien en note dans notre calepin.
L’ensemble, même s’il ne manque pas d’intérêts (par ex. au début, les historiens se demandent pourquoi d’autres pays, d’autres civilisations, qui étaient réputés pour leur navigation, ne sont pas partis en Amérique), est austère. En réduisant la durée et en donnant un peu plus de rythme à l’émission, l’émission saura les années suivantes se rendre plus écoutable.

En 1959, l’Analyse spectrale prenait tout le samedi après-midi ainsi que la soirée. Les Nuits n’en ont pas diffusé l’intégralité (près de 7 heures). Il manque surtout la partie dramatique et la partie musicale.
La musique : La messe en ut de Beethoven. Le lien avec le thème de la journée reste à dénicher, sans doute est-il donné dans l’émission.
La dramatique : « Cortès ou le retour du Dieu » de Nadine Lefèbure.

Recherche de la France, Anthologie vivante
- Michel Leiris, aspect autobiographique de son oeuvre(05/12/1962 France III Nationale) 
par Jean Paget - Avec Jean Paget et Michel Leiris
lectures  Loley Bellon, Roger Blin, Roger Coggio, Robert Liensol,  Alain Cuny des œuvres de Michel Leiris : "L’âge d’homme", "Présages",  "Frère et sœur", "Biffure" et "Nuit sans nuit".
réalisation Georges Gravier
Michel Leiris présente brièvement quelques textes qu’il a choisis, écartant toute son œuvre d’ethnologue qui, d’après lui, est réservée aux spécialistes.
Admirable de par la qualité des lectures. Deux gros morceaux de vingt minutes environ ouvrent et ferment l’émission : extraits de « L’âge d’homme » par Roger Blin et de « Nuits sans nuits » par Alain Cuny.

Le bon plaisir - Marthe Robert (07/06/1986) 
par  Marie-Berthe Servier - Avec Marthe Robert (critique littéraire,  traductrice), Gustav Bolin (peintre), Jacques Germain (artiste-peintre),  Michel Bouquet (comédien), Dolf Oehler (professeur de littérature) et Ulrike Oehler-Sebastian
avec les voix de Arthur Adamov,  Antonin Artaud, Louis Jouvet, Charles Dullin, Fernand Ledoux, André  Breton, Roger Blin, Jean Topart,  Michel de M'Uzan, Jean-Louis Barrault, Raymond Rouleau, Madeleine  Renaud, François Chaumette, Ginette Franck, Gaston Bachelard, Jean  Tardieu, Jean Amrouche et Jean Negroni
réalisation Thierry Pons

Une fois passées les premières minutes ou les flatteries se succèdent pour bien montrer que Marthe Robert, eh bien c’est pas n’importe qui, on peut enfin entendre la voix de l’intéressée.
Ce bon plaisir est particulièrement fragmenté. Beaucoup d’intervenants, beaucoup de bouts d’archives.

Plusieurs parties se distinguent : la vie intellectuelle de l’après-guerre, les réunions entre amis dans les bars, la relation avec Antonin Artaud, son association avec Arthur Adamov, sa conception de la critique littéraire, ses choix de traductions…
Elle aussi, comme Etiemble, déplore l’évolution de notre langue, mais de manière très différente. Nous adhérons plus à son avis qu’à celui d’Etiemble, qui se lamentait sur les mots nouveaux empruntés à l’anglais, discours de l’intellectuel vieillissant dans les années 80.
Marthe Robert, elle, trouve ridicule les mots nouveaux, pas les mêmes !, ceux forgés par certains chercheurs pour briller en société. Elle cite Roland Barthes en exemple.
Son regard sur la littérature de la fin du XXème siècle est dur, mais juste, les auto-fictions sont déjà dans le collimateur.
Elle définit aussi la « modernité », mot servi à toutes les sauces et dont le sens a été dévoyé. Pour elle la modernité, c’est aller contre son époque, et non avec. La « modernité », ce n’est pas être « à la mode ».
Signalons aussi la partie consacrée à la radio. Michel Bouquet intervient dans les premières minutes pour parler avec émotion de la série de Marthe Robert sur Freud (grand moment disponible dans les Nuits). Il en sera question de manière plus détaillée bien plus tard.
Dans les années 50, la radio pour le duo Robert/Adamov, ainsi que pour d’autres écrivains, était un gagne-pain avant tout. Le travail était au départ alimentaire.
Mais mine de rien, dans la foulée, elle donne sa définition de la radio, et raconte comment Jean Tardieu, qui dirigeait le Club d’essai, leur laissait une totale liberté, donnant le feu vert à des émissions sur des sujets les plus divers, totalement déconnectés de l’actualité de l’époque.
Michel Bouquet insiste et va même plus loin en affirmant que les deux décennies qui ont suivi la Libération ont été l’âge d’or de la radio culturelle.
Marthe Robert revient longuement sur la série qu’elle a écrite sur Freud, dont le texte, chose exceptionnelle, a été publié par la suite.
Pour elle, la radio, c’est d’abord et essentiellement la voix, et elle n’aime pas les bruitages, les sons qui peuvent s’y ajouter.
Aussi, remarquable, un numéro d’une dizaine de mn d’Alain Cuny dans Artaud… et l’aveu de Marthe Robert qu’Artaud était conscient que sous cette apparente profondeur, cette provocation de bon ton, il y avait un petit côté canular que l’on a tendance a oublier.

Quelle transition ! Et pourtant, quel hasard !
Atelier de Création Radiophonique - Tentative de description de choses  vues au carrefour Mabillon le 19 mai 1978 (25/02/1979)
par Georges Perec
interprétation Claude Piéplu
réalisation Marie-Dominique Arrighi
L’idée de se poser au carrefour Mabillon pendant quelques heures et de décrire vite fait ce qui s’y passe cadre bien avec l’œuvre de son auteur, son goût pour les énumérations, les listes. L’auditeur devine à quelques débuts de fous rires par ci par là que nous sommes à cheval entre œuvre personnelle et canular.
Très vite est audible le martellement publicitaire, Galeries Lafayette « les cocotiers sont arrivés » et concert de Véronique Sanson, ainsi que l’aspect répétitif de notre vie quotidienne, sans que cela soit pour autant sinistre.
L’aspect répétitif n’empêche pas d’apprécier, le temps passant, ce moment de 1978 vu d’un endroit (non précisé) du carrefour Mabillon. La circulation des voitures et des camions est au premier plan, et quelques passants passent, ou tombent. Le tout au rythme du passage du feu vert ou rouge ou rouge ou vert. Les clignotants clignotent : « allumés éteints allumés éteints allumés... » ose Perec dans un grand moment d’inspiration.
Le vocabulaire utilisé est limité, parce qu’une voiture ou un camion, ça passe vite. Pas le temps d’en parler et voilà le suivant qui déboule.
Claude Piéplu empiète sur la bande-son régulièrement pour tenir des comptes précis de ce qui fut durant ce temps précis. Les chiffres sont-ils bons ? Leur précision tient lieu d’effet de réel, n’allons pas plus loin dans la réflexion.
Des micro évènements émaillent cette aventure, et – ô magie du direct enregistré – il y a même interaction entre Georges Perec et des passants qui s’arrêtent, soit parce qu’il a été reconnu (une passante le prend en photo) soit pour être insulté, cette dernière péripétie clôturant cette description sommaire et peu mouvementée, d’autant moins que l’auteur n’a pas choisi une heure d’affluence pour son travail d’improvisation dans le réel (milieu de matinée et début d’après-midi).

L’émission revient en 2021 dans sa version intégrale, après avoir été charcutée durant les deux dernières décennies pour rentrer dans des cases d’une heure.

Curly 

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Sorciers et philosophes - Louis Jouvet - Humphrey Bogart - Paul Ricœur - Tchekhov - Mer 08 Déc 2021, 18:15

L'autre scène ou les vivants et les dieux ; Sorciers et philosophes, une image de Florence au XVe siècle (19/07/1982)
par Claude Mettra et Claude Gaignebet
avec Catherine Aich et Arnaud Bedouët pour les lectures
réalisation Albert Morin
Les deux producteurs sont passionnés par leur sujet.
L’émission est entièrement construite autour d’un seul entretien, avec Paola Zambelli, professeure à l’Université de Florence. Une émission qui varie avec soin musiques, lectures, explications de Claude Mettra et entretien. La surcharge de symboliques et de théories où tout est relié avec tout peut fatiguer à la longue.


Mardis du cinéma
Louis Jouvet (23/06/1992) 
par Josette Colin - avec Jean Dréville, Jean-Marc Loubier, Josée Cathala, Geneviève Sellier
réalisation Josette Colin
Humphrey Bogart ou le dévoilement de l'intégrité (20/11/1990) 
par Michel Cazenave
avec Dominique Rabourdin
réalisation Josette Colin 

Dans les deux émissions, plusieurs intervenants sortis des archives. Arletty pour Jouvet, Lauren Bacall, John Huston, Howard Hawks pour Bogart.
Bogart : Michel Cazenave et Dominique Rabourdin sont seuls au micro. Beaucoup d’extraits de films, le plus souvent en V.O. Les bandes sons de films en grande quantité à la radio, ça peut faire vite remplissage, même s'il reste la voix de l'acteur.
L’émission retrace le parcours du personnage de Bogart à l'écran : second rôle abonné aux petites frappes, qui en devenant une star devient aventurier,  gangster, ou détective privé, s'humanisant au début des années 50. Il finit par avoir un aspect presque christique dans ses derniers rôles.
Le personnage de Bogart suit aussi l’évolution des codes hollywoodiens, et son humanisation correspond aussi au vieillissement de l’acteur. Tout cela n’est pas exploité par Cazenave et Rabourdin.

Dans le cas de Jouvet, c’est différent. Le cinéma pour lui passe après le théâtre. Le cinéma a exploité Jouvet dans un type de personnages pas toujours très variés, manquant quelque peu d’épaisseur.
Pourtant, aujourd’hui, à part quelques témoignages sonores de ses représentations théâtrales, il reste les films.
L’émission sur Jouvet est globalement plus consistante que celle sur Bogart. Plus d’intervenants, avec des points de vue différents, notamment concernant la raison pour laquelle Jouvet a adopté sa diction si particulière. Arletty parle de bégaiement originel, et l’un des biographes d’un bégaiement volontaire, créé pour incarner un personnage dans une pièce.
Pour Louis Jouvet acteur de théâtre, renvoyons à une autre émission, Quarante ans ou la vie d’un joueur - Hommage à Louis Jouvet.

Le bon plaisir - Paul Ricœur (09/03/1985) 
par  Emmanuel Hirsch
réalisation Arlette Dave
Longue conversation du philosophe, qui préfère se présenter plutôt comme « professeur de philosophie », avec d’abord Emmanuel Hirsch, qui s’efface un maximum (les questions et relances ont-elles été coupées au montage ?), puis avec ses invités, le pasteur André Dumas, deux responsables de la revue Esprit (Olivier Mongin et Jean-Marc Ferry), et, en dernière heure, l’énergique Cornélius Castoriadis, et Emmanuel Lévinas.
Dans une partie un peu longue, Paul Ricœur revient à la faculté de Nanterre où il fut agressé violemment par un groupe d’étudiants en 1970.
On retiendra surtout la première heure, qui se termine par une promenade dans le jardin des « Murs blancs », la propriété de Chatenay-Malabry où Ricœur vécut de 1945 à sa mort en 2005.

Trois œuvres de Tchekhov

L'envie de dormir (24/02/1978)
adaptation Jeanne Rollin-Weiss
traduction Lily Denis
interprétation Roger Bret, Linette Lemercier, Berthe Chernel, Gilles Guillot, Jo Charrier et Jean Péméja
réalisation Jeanne-Rollin Weiss
La nouvelle bénéficie d’une réalisation très originale. Le narrateur chuchote le texte, et les bruitages, ainsi que les sons émis par le bébé (Linette Lemercier, habituée aux rôles de bébés et d’enfants) sont mis sur le même plan que le texte, passant parfois par dessus la voix du narrateur.
Or, l’auditeur réussit à tout entendre. L’agacement qui peut naître à l’écoute des babillages de Linette Lemercier est voulu. Ce qui rend la chute de l’histoire encore plus terrible.

Les trois sœurs (26/03/1972)
adaptation Arthur Adamov
par la Société des Comédiens Français
interprétation Bernard Dhéran, Michel Etcheverry, René Arrieu, Michel Aumont, Nicolas Silberg, Marcel Tristani, Jean-Noël Sissia, François Beaulieu, Claire Vernet, Jean-Luc Boutté, Claude Winter, Bérengère Dautun, Catherine Salviat et Aline Bertrand
réalisation Jacques Reynier
Une belle réalisation, qui à l’inverse de la précédente met juste le texte en valeur. L’interprétation est au diapason de la réalisation. Le théâtre radiophonique à son meilleur.

Choisissez votre rôle - Jacques Duby : Le tragique malgré lui (14/05/1954 Paris IV) 
par Roger Iglesis
Après une brève présentation, Jacques Duby interprète cette courte pièce tragi-comique, quasi-monologue, où l’on peut entendre la voix juvénile d’un certain Bertrand Jérôme, trente ans avant les Papous dans la tête.
La pièce est courte, mais l’interprétation de Jacques Duby vaut largement le coup d’oreille. Acteur à la voix douce et fragile, il montre ici qu’il a aussi du coffre lorsque c’est nécessaire.

Curly 

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Night & Day, avec des pâtes, une histoire du Pince-oreille, le professeur Jean Bernard, Raymond Queneau, et Claude Mourthé - Mer 15 Déc 2021, 15:45

Pour les fêtes de fin d’année, France Culture a mis les petits plats dans les grands et vous a concocté une série d’émissions entièrement consacrée au monde merveilleux de l’enfance. 

Cette phrase, je l’offre de bon cœur à Téléramu. Vous la retrouverez sans doute dans un prochain articulet promotionnel.

Programmation spéciale fêtes de fin d'année - programmes de jour - Une semaine en enfance.
En fait, outre les redif’, France Cu a eu la bonne idée de nous refaire un concert-fiction à base de Petit Nicolas, ce qui est super original. De la création de haute volée. Du grand art, celui de transvaser les plats dans d’autres identiques.
Les enfants, ils ont à leur disposition plusieurs livres audio, et quand j’écris plusieurs, le mot est faible, il y en a plein, et je suis sûr que les enfants attendaient cette nouvelle version où des enfants vont jouer le rôle des enfants. Génial.
Cette idée de faire jouer les personnages enfants par des acteurs enfants qui sont le plus proche possible de leurs personnages enfants provoque un effet de réel saisissant. Car le réel, y’a qu’ça d’vrai. Au diable les débauches d’effets baroques, soyons dans le réel.

Le monde merveilleux de l’enfance, vous allez le retrouver dans des fictions qui seront des redif’ d’épisodes de la série « Enfantines » datant de la fin des années 2000.

Il faut être sacrément gonflé pour intituler cette programmation spéciale « Une semaine en enfance ». Le monde de l’enfance, ça va être comme d’hab’, c’est-à-dire des débats sociétaux, de la psychanalyse, des redif’ bien sûr, de la géopolitique, de la politique, de l’économie, de l’écologie, de la promo pour des livres que les invités viennent vendre, et même, oui, et même une émission sur le groupe ABBA, dont le rapport avec l’enfance reste à discuter, et celui avec la connerie un peu moins.

Certaines des redif’, notamment LSD sur les bébés, sont encore dispos à l’écoute puisque la précédente infusion à l’antenne date d’août 2020.

Vous remarquerez une fois de plus le caractère totalement normal de cette semaine exceptionnelle.
Les enfants ? Mais ils vont se régaler surtout à l’écoute de débats interminables avec toujours les mêmes invités, l’une des palmes revenant à Caroline Eliacheff qui revient pour nous bourrer les oreilles avec son opus sur la Comtesse de Ségur, ce qu’elle fit déjà pas plus tard que l’été dernier sur la même antenne déchaînée.

A force de bourrer les oreilles & le mou, probable que de nombreux auditeurs se contentent de ça, en croyant que c’est le nec plus ultra de la radio culturelle. Un peu comme dans la bonne vieille URSS où les habitants pouvaient, faute de mieux, se contenter de films et de spectacles au rabais validés par le Comité Central, sans trop pouvoir comparer avec ce qui se faisait ailleurs en même temps.

Les Nuits permettent justement de comparer, et la comparaison est douloureuse.

La Nuit spéciale du 12 décembre fut promue dans les matins du samedi, et même dans Téléramou. Le thème en était la cuisine. Au programme, une archive de 2018 produite par celle-là même qui fit la promo-nuit dans les Matins du samedi.
Aussi, amplement commenté par Téléramoa, un débat de 1955, Cuisine d'hommes et cuisine de femmes, bourré de clichés sexistes garantis d’époque. Est-ce là la conception qu’ont Télérami et France Cucu des archives ?

Heureusement, il y eut mieux,
une Matinée des autres sur les pâtes

La civilisation des pâtes (24/05/1988) 
par Pascale Lismonde - Avec Françoise Sabban (Chef de travaux à l'EPHESS), Jean-Louis Flandrin (Professeur à l'EPHESS), Stefano Cuccuini (Chef de cuisine italienne), Jean-Pierre Franceschini (spécialiste de produits alimentaires italiens) et Rodolfo Gabellieri
réalisation Claude Giovanetti 

Une émission originale pour les enfants était aussi présente :

Les Histoires du Pince-oreille - Les trois sœurs casseroles (22/09/2001) 
de Marie Nimier
interprétation Christophe Brault, Maurice Chevit, Laurence Bourdil, Laurent Lévy, Julie Koltai, Frédéric Antoine, Bernard Bouillon, Jacques Ciron, Kata Varga, Frédéric Wojcik, Danièle Rezzi, Jean-Christophe Dollé et Myren Astrée
bruitages Caroline Ledoux
réalisation Christine Bernard-Sugy 
Le décès de leur maître oblige nos trois casseroles à changer de crèmerie. C’est un conte tout ce qu’il y a de classique, avec cependant une ribambelle de bruitages très inventifs, et bien sûr une interprétation enlevée.


Le débat sur la différence entre la cuisine des femmes et des hommes, le fait qu’il fut le centre de l’article de Téléramiaou, montre que pour eux, mais aussi pour le France Cu diurne, la radio n’est que sociologie, et qu’elle est juste l’image d’une époque, de l'actu du moment, du buzz de la semaine, c’est tout.
Les symphonies d’émissions sociopopos qui tartinent la programmation paraîtront-elles aussi ridicules dans 70 ans ? Pour certaines, pas la peine d’attendre 70 ans, comme ce magnifique
L’homme préhistorique était-il macho ?
C’est juste la question posée dans une émission du 1er décembre dernier, où apparaît dans toute sa splendeur l’obsession du genre qui innerve tellement la grille que tout devient prétexte pour « questionner le genre », même si le sujet ne s’y prête que moyennement.

Pour avoir une idée d’une radio culturelle, au lieu d’écouter les débats socio-vasouillards de 1955, on peut écouter :

la nouvelle diffusion de cette belle variation sur un thème shakespearien :
Le Roi Lear dans la troisième (03/05/1986)
par Claude Mourthé
interprétation Paul Crauchet, Malka Ribowska, Evelyne Buyle, Stephan Meldegg, Catherine Laborde, Georges Lycan, Jean-Claude Islert, Jacques Serres, Céline Caussimon, Michèle Amiel, Pierre Maitre, Jean-Marie Bon, Pierre Mirat, Louis Amiel, Jacques Charby, André Thorent, Jacques Dufilho, Michèle Parent, Marcel Cuvelier et Amidou
bruitage Louis Amiel
réalisation Claude Mourthé

"Exercices de style" de Raymond Queneau (02/05/1965)
lus par Raymond Queneau, Eugène Ionesco, François Le Lionnais, Armand Salacrou et Jacques Prévert
réalisation Henri Soubeyran

Et
Le bon plaisir - Jean Bernard (16/02/1985) 
par Françoise Malettra
avec Jean Bernard (professeur de médecine, spécialiste d'hématologie  et de cancérologie), Jacques Ruffié (hématologue, généticien et  anthropologue), Olivier Debré (artiste peintre), et les enfants de l'École alsacienne
lectures Laurent Terzieff, Catherine Hubeau et Gérard Chaillou
réalisation Marie-Hélène Lacoste 
L’émission dure 3h30 : l’enfance avec les souvenirs du Luxembourg, Adrienne Monnier et sa librairie…
La partie sur la leucémie chez l’enfant, avec la lecture des différents cas répertoriés à partir des années 40 et les progrès de la recherche, expliqués par Jean Bernard, fait partie des meilleurs moments, au même titre que celles avec Jacques Ruffié et avec Olivier Debré, pour la comparaison art/médecine.
Toute l’émission est ponctuée par des questions d’enfants, auxquelles répond bien sûr Jean Bernard.
Comme quoi, l’enfant n’est pas qu’un objet sociologique à psychanalyser au plus vite, c’est aussi un être humain, donc pensant, à qui peut-être il faudrait laisser la parole, ce qui n’est jamais proposé dans la sinistre « Semaine en enfance ».

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Italo Calvino - Bertrand Jérôme - Nelly Kaplan - Lun 20 Déc 2021, 11:33

Entretien avec Italo Calvino
Parties 1 et 2 (06 et 07/12/1976) 
Parties 3 à 5 (08, 09 et 10/12/1976) 
par Jean Thibaudeau
Deux heures d’entretien, axées principalement sur les années 40, l’engagement politique, la Résistance, l’engagement à l’extrême gauche, et les premiers récits.
La voix de Jean Thibaudeau est rare, Italo Calvino est prolixe, et l’entretien a souvent tendance à patiner. La barrière de la langue a sans doute sa part de responsabilité. L’écrivain s’exprime parfaitement bien en français, mais ne pas s’exprimer dans sa langue maternelle implique une certaine neutralité de ton. Malgré toute sa bonne volonté, il reste donc sur sa réserve.
Sur le plan littéraire, l’entretien s’étend sur les premiers textes, le basculement de son style dans le picaresque, et l’écriture du « Sentier des nids d’araignée ».
Toute la fin sur l’engagement politique de l’écrivain est beaucoup trop long, mais peut-être était-ce la volonté de Jean Thibaudeau, qui a agrémenté l’entretien de chants révolutionnaires italiens.

Allegro (11/05/1980) 
par Bertrand Jérôme
réalisation Claude Chebel
Cette émission formait la seconde partie d’un triptyque diffusé le week-end sur France Culture. Le samedi soir, il y avait le plat de résistance avec « Mi-fugue, mi-raisin » appelé aussi « La fugue du samedi soir » (1975-1984), et le dimanche, il y avait « Allegro » à midi, et « Ma non troppo » à 18h30.
Cet « Allegro » fait figure de mise en bouche pour de futures émissions.
Deux lectures en ouverture et en clôture : Pierre Triboulet lit une de ses courtes nouvelles, « La vieille maman » – qui rappelle l’argument des « Fleurs bleues » de Raymond Queneau, où deux personnages prennent vie, chacun dans le rêve de l’autre, et Georges Perec lit quelques « Je me souviens ».
Entre les deux, un concours de pastiche dont les tenants et aboutissants ne nous sont pas donnés, puisque prenant racine dans la Fugue de la veille et se continuant dans le Ma non troppo à suivre la même journée.
Le gros morceau est une longue bande-annonce d’une prochaine séance du dictionnaire, un des jeux qui perdurera lorsque l’émission muera en « Papous dans la tête ».
Plusieurs experts sont réunis pour proposer la définition de « Rambouillet ». Les jeux de mots se suivent dans l'hilarité générale. On peut même entendre un futur académicien que l’on associe peu à cet univers, et qui ne détonne pas dans l’ensemble.
Les experts : Émile Noël, Michel Lebrun, Pierre Gripari, Jean-Marie Gonzales, Michel Laclos, et Alain Finkielkraut.
Attention attention, l’émission démarre sur les chapeaux de roue avec une vraie fausse (?) lettre d’auditeur exaspéré lue par le maître de cérémonie.
En conclusion, une chanson franglaise de Renaud.

Bonnes nouvelles, grands comédiens - Judith Magre lit deux nouvelles de Nelly Kaplan (12/09/1972) 
par Patrice Galbeau
lectures Judith Magre
La particularité de ce numéro est qu’il bénéficie d’un commentaire musical à peu près constant, et que ce commentaire, dans la mesure où il ne souligne pas mais complète la lecture, est fort bienvenu. Les textes sont fantaisistes – encore que… - et la musique, elle, est au contraire profondément dramatique.
Judith Magre ne cache pas son plaisir, son amusement à lire ces textes extraits du recueil « Le réservoir des sens » publié sous le pseudonyme de Belen.
Deux nouvelles : « Prenez garde à la panthère » et « Le plaisir solidaire ». Amours torrides dans le jardin des Tuileries, et dans un cimetière.
La seconde nouvelle est la plus admirable. Elle raconte une histoire de nécrophilie, sans que cela soit glauque une seule seconde – un exploit – et de plus racontée du point de vue de la morte.
Nelly Kaplan sera une des participantes régulières des « Papous dans la tête », de 1992 à 2015.

Pour d'autres Bonnes nouvelles, grands comédiens, cf  billets du 7 avril, 8 avril,  2 août, et 9 octobre.

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Bram Stoker - Mark Twain - Robert Aldrich - Sam 25 Déc 2021, 12:27

Bram Stoker (17 et 18/07/1988)
d'Alain Pozzuoli
réalisation Claude Mourthé
Fiction retraçant la vie de l’auteur. Des lectures d’extraits de l’œuvre s'y insèrent naturellement.
Les deux parties (40mn + 50mn) diffusées sur deux jours le sont ici d’une seule traite.
La fiction ne s’arrête pas à la mort de Bram Stoker, puisque sa création la plus populaire lui a survécu, au travers des avatars très divers, du Nosferatu de Murnau à la Nuit des morts vivants de Romero, en passant par le Thriller de Michaël Jackson, diffusé en entier avec le générique de fin.

Interprétation on ne peut plus excellente :
Patrice Galbeau, le narrateur
Jean-Luc Bideau, Bram Stoker
André Oumansky, Henry Irving
Hélène Arié, Florence Stoker
Hélène Duc, Mrs Wilde
Hubert de Lapparent, le docteur Wilde
Yves Pénaud, l’homme de la Compagnie des Bifteck
Clément Harari, Arminius Vambéry
Georges Lucas, le proviseur
Olivier Brightman, le camarade de Bram Stoker
Henri Labussière, Mansell
David Gabison, le guide de Nuremberg
& Daniel Léger, Jean-Paul Cisife

Mark Twain
Douze interviews express - Mark Twain (22/04/1956 Paris Inter) 
par Christiane Reygnault
avec Michel Bouquet
réalisation Pierre Barbier
Interview artificielle où Twain/Bouquet raconte quelques anecdotes sur sa vie au micro de C. Reygnault. Poussif.

L'humour du monde - Conrad (17/08/1968) 
adaptation Michel Arnaud
interprétation Rosy Varte, Jacques Monod, Lyne Chardonnet, Caroline Clerc et Maurice Chevit
réalisation Claude Dupont
De la série « L’humour du monde », enregistrée en public à Bayonne, on peut déjà apprécier Le crocodile de Dostoïevski & L’allumeur de réverbères de Dickens.
Les interprètes s’amusent, et l’on peut apprécier les imitations caricaturales des accents allemands.
Jean Wiener assure la partie musicale avec quelques improvisations au piano.
L’histoire : Un père fait passer sa fille pour un garçon pour la faire accéder au trône.
La situation se complique à tel point que l’auteur décide finalement de laisser tout tomber.

Le roman de l'esquimaude & Madame Mac Williams et le tonnerre (22/04/1960 Paris Inter) 
présentation Pierre Dumayet
interprétation Renaud Mary, Dominique Page, Bernard Lavalette, Georges Aminel, Michel Barcet, Philippe Brigaud, Jean Mauvais, Tristan Sévère et Henri Virlojeux
réalisation Pierre-Christian Renard
Deux nouvelles : la seconde est une lecture agrémentée de quelques bruitages – le tonnerre du titre. La première bénéficie d’une mise en onde plus luxuriante. L’adaptation ne manque pas d’idées, avec mise en abyme, jeu avec les traductions esquimau/français, qui parasitent avec bonheur l’histoire de Mark Twain.

Histoires sans dessins par Jeanne Rolin-Weiss
Notes sur Paris (27/12/1965) 
avec Claude Nicot
Les français seraient adeptes des dates, les chargeant de symboles au maximum. Deux discours à décrypter, un politicien et un sermon. Comme cela va très vite, un décodage est offert à la fin du discours.

Ont déjà été évoquées dans les Nuits les deux émissions suivantes, reprises dans la Nuit Mark Twain :
Les aventures de Huckleberry Finn (Les histoires du Pince-Oreille, 1999)
& L'infortuné fiancé d'Aurélie (Histoires sans dessins, 27/09/1965)


Mardis du cinéma - El Perdido (20/10/1987) 
par Michel Cazenave
avec Jacques Siclier et Pierre Solié
réalisation Claude Giovannetti
L’on aimerait jeter un voile pudique sur cette émission, mais comme elle fut diffusée dans les Nuits, et en plus présentée sans aucun recul par la préposée aux présentations, une mise à jour est nécessaire.
Cette émission a mal vieilli. Et encore, pas sûr que déjà en 1987 elle ne sentait pas un peu le moisi.
Sur Robert Aldrich, cf deux billets, ceux du 10-02 & 12-02-2019.
Trois intervenants. Michel Cazenave, qui surinterprète le film, déjà chargé en symboles, Pierre Solié, qui voit de la tragédie grecque et trouve ça exceptionnel, alors que les ressorts de la tragédie sont usés sans modération dans de nombreux films hollywoodiens, toutes époques confondues, psychanalyse à fond ce qui relève lourdement de la psychanalyse dans le film, et enfin Jacques Siclier, qui méconnaît l’œuvre d’Aldrich, puisqu’il est resté bloqué dans les années 50/début 60, se référant aux critiques d’époque et considérant, erreur énorme, que tous les films qui ont suivi le soi-disant personnel El Perdido ont été la déchéance de Robert Aldrich.
Le titre français du film est copieusement analysé, et le titre original, The Last Sunset , totalement ignoré. Pendant une heure, Pierre Solié raconte le film entre de longs extraits de la V.F. De la paraphrase la plupart du temps. Sans intérêt, passablement ennuyeux.
Jacques Siclier défend le film bec et ongle, comme étant le dernier bon Aldrich, alors que c’est de tous ses westerns l’un des plus faibles. Contrairement à ce qu’il affirme, certaines séquences sont bâclées, celle de la tornade est digne d’une série Z.
L’inceste dans l’émission n’est pas abordé de front, alors que vraisemblablement, et c’est l’un des points saillants du film, le personnage de Kirk Douglas couche avec sa fille, ce qui explique qu’il ne lui avoue pas la vérité à la fin, juste avant son duel avec Rock Hudson.
Jacques Siclier méprise ce que va faire Aldrich après ce film, ne citant qu’un titre Les douze salopards, dont on sent tout le mal qu'il peut en penser. Or, c’est juste après The Last Sunset qu’Aldrich va entrer dans sa grande période, avec des hauts et des bas, certes, mais beaucoup de hauts. Il passe sous silence, à dessein, What Ever Happened to Baby Jane ? qui ouvre cette période :  mauvais goût, violence, outrance, sadisme… Robert Aldrich avait trouvé sa voie, au grand dam de Jacques Siclier.
Inutile de trop en faire sur cette émission laborieuse, l’œuvre d’Aldrich de 1962 à 1981 a été depuis révisée fortement à la hausse, et El Perdido/The Last Sunset fait bien pâle figure. Aldrich y servit comme il le put son producteur Kirk Douglas.

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Georges Feydeau - Mer 29 Déc 2021, 12:48

Georges Feydeau
Un auteur gâté par les Nuits, puisqu’en 2016-17, il avait été à l’honneur durant pas moins de trois nuits, les 25/12/16, 26/12 & 01/01/17.

Cinq ans plus tard, deux nouvelles nuits (26/12/21 & 02/01/22), et quelques doublons.
Les doublons :
La main passe (13/02/1955 Chaîne Nationale) 
présentation André Ransan
interprétation Bernard Lajarrige, André Luguet, Jean Sylvere, Robert Arnoux, Jean Landret, Elina Labourdette, Micheline Luccioni, Jacques Muller, Ulrich Guttinguer, Robert Seller, René Camoin, Germaine Lançay, Micheline Presle et Jean Brochard
mise en scène de théâtre Jean Meyer

La puce à l’oreille (06/04/1953) 
mise scène de théâtre Georges Vitaly
présentation Georges Vitaly
interprétation Camille Fournier, Pascal Mazzotti, Arlette Gilbert, Paul Crauchet, Monique Delaroche, Marthe Mercadier, Pierre Mondy,  Jacques-Henri Duval, Louis de Funès, Jean Le Poulain, Hubert Lucien et  Albert Rémy
avec Bernard Blier et Marcel Achard
réalisation Max Joly
Pour l’ensemble des pièces – toutes celles mentionnées dans ce billet - , enregistrements studios ou captations publiques, l’interprétation est impeccable.
Les deux pièces ci-dessus sont enregistrées en public.
La seconde, hélas, est un montage d’une heure et des poussières de quelques scènes. Conséquence, la progression dramatique se retrouve en pointillé. En plus, quel dommage car les acteurs sont survoltés.
Les courts entretiens avec Blier et Achard, eux, sont anecdotiques.

Un dernier doublon :
Un extrait de la série de Philippe Soupault « Le théâtre où l’on s’amuse ».
L’émission du 5 novembre 1953 présentait deux pièces, dont une qui n’est pas de Feydeau et qui a  été coupée.
Hortense a dit j'm'en fous 
avec Pierre Destailles (le dentiste), Paule Emanuele (Mademoiselle Follbraguet), Sophie Desmarets (Hortense), Fernande Albany (la cuisinière), Maurice Biraud (Monsieur Jean), Jean-Marc Thibault (Adrien le valet de chambre), Roger Pierre (Monsieur Vildamour), Jacqueline Maillan (Madame Dingue) et Jacques Hilling (Monsieur Leboucq).
L’émission complète, diffusée pour la dernière fois le 18 décembre 2015, est encore disponible à l’écoute.
La pièce de Feydeau est précédée de
« Le peintre exigeant » de Tristan Bernard,
avec Jacques Morel, Nicole Vervil, Frédéric O’Brady, Denise Benoit, Solange Certain, Michèle Gilbert, Jacques Dynam, Jacques Legras, José Artur, Roger Pierre.

En 1955, la radiodiffusion française avait consacré à Feydeau un large cycle dont certaines parties se retrouvent dans les Nuits, alors que d’autres furent sur le site de l’INA avant le toilettage d’automne qui fit disparaître beaucoup d’audios.

Les pièces de Feydeau sont comme des branches d’un même tronc, elles proposent des variations infimes autour de mêmes personnages, de mêmes procédés, de mêmes intrigues.
Ces mécaniques que l'on dit communément bien huilées, dont les personnages sont les boulons, où chaque réplique ou presque doit être source de rire, peuvent être lassantes à la longue. L’auteur n’est pas toujours inspiré, les gags et les bons mots, Feydeau n’en loupe aucun, et au diable si certains sont usés, ou tombent à plat, dans le tas il y en a qui feront mouche.

Maintenant les pièces nouvelles dans les Nuits, toutes enregistrées en studio. Les bons moments sont souvent ceux où l’absurde s'incruste dans le mécanisme de l’intrigue.
Dans « Le système Ribadier », l’utilisation de l’hypnotisme va donner lieu aux meilleures scènes.
Yvonne Gaudeau est à l’aise dans le rôle de grande bourgeoise coincée dont elle était coutumière.
La version 1955 était aussi excellente, le couple Ribadier était formé par le duo improbable Madeleine Renaud / Robert Dhéry.

Société des Comédiens Français - Le système Ribadier (04/08/1974)
interprétation Jacques Eyser, Jean-Paul Roussillon, Alain Feydeau, Raymond Acquaviva, Philippe Rondest, Yvonne Gaudeau et Virginie Pradal
réalisation Jacques Reynier
Il n’est pas signalé dans le générique que la pièce a été coécrite avec Maurice Hennequin.

Dans la pièce en un acte suivante, tout est ultra convenu malgré la qualité de l’interprétation. Dès le début, on devine l’issue de la pièce. Certes, c’est sans doute voulu, l’on est censé attendre avec impatience la découverte des pots aux roses, qui arrive sans surprise ni éclat particulier.
Un grand moment quand même, celui où les deux cocotes qui veulent se faire passer chacune auprès de l’autre (c’est clair ?) pour des femmes du grand monde, rivalisent en subjonctifs imparfaits plus ou moins mal fichus, en néologismes et en mots tordus pour faire le meilleur effet.
Théâtre à la carte - C'est une femme du monde (13/08/1967) 
interprétation Yvonne Clech, Rosine Favey, Arlette Thomas, Michel Galabru, Henri Virlojeux et Claude Piéplu
réalisation Georges Peyrou

« La dame de chez Maxim » ne déroge pas aux conventions. Une nuit arrosée, un trou de mémoire, et le docteur Petypon se retrouve avec la môme Crevette dans son lit.
L’intérêt de la pièce, au-delà de la mécanique de l’intrigue, ce sera le personnage de la môme, qui brillera surtout dans l’acte II. Son parler populaire va contaminer les autres personnages.
Micheline Boudet fait merveille, car elle doit montrer des capacités à alterner différents niveaux de langue.
La Comédie Française interprète les chefs-d’œuvre du théâtre comique : La dame de chez Maxim (06/11/1958 France II Régionale) 
interprétation Maurice Escande (Le général Petypon), Jean Piat (Mongicourt), Jean Marchat (Petypon), Georges Vitray, Maurice Porterat, Louis Eymond, Georges Baconnet, Marco Behar, François Vibert, Jean-Louis Jemma, Jean-Claude Arnaud, Jean-Laurent Cochet, Micheline Boudet (la môme Crevette), Denise Gence (Madame Petypon), Suzanne Nivette, Françoise Engel, Eliane Bertrand, Marthe Alycia, Françoise Kanel, Philippine Pascal
présentation par Jean de Beer
réalisation Jacques Reynier

Pour finir, une pièce en un acte :
Le jeu des échanges - Gibier de potence (17/10/1959 Chaîne Parisienne) 
une émission de Marguerite et Jean Alley
interprétation Jacqueline Maillan, Christian Lude, Claude Nicot, Pierre Delbon, Lisette Lemaire et René-Jacques Chauffard
réalisation Claude Roland-Manuel
En une vingtaine de minutes, Feydeau fait se percuter, et se mélanger, une double intrigue, le classique adultère, et une histoire policière.
Très habile, et très fluide, l’entremêlement des deux, et l’accumulation des quiproquos en un temps record. Une petite pièce, dans tous les sens du terme, mais interprétation parfaite.

Curly 

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Aux sources de la parole - Afghanistan - La Terre - Les mystères de Paris - Georges Feydeau - La caporal épinglé de Jacques Perret - Lun 10 Jan 2022, 18:55

Surpris par la nuit - Aux sources de la parole (04 et 05/12/2007)
1 : Le chant des  oiseaux, l'origine  & 2 : Le langage tambouriné, un lien entre le son et le sens
par Nicolas Fontaine
avec Michel Boccara (ethnologue), Pierre Palengat (enregistreur de sons animaliers), Fernand Derroussen (audio-naturaliste), André Bouché (enregistreur de sons animaliers) et Guilhem Lessafre (ornithologue)
réalisation Pierre  Willer

Très inégal. Certains intervenants, notamment Michel Boccara, ont tendance à se mettre en scène, à s’écouter parler, à tout ramener à leur propre personne. Les créations sonores faites à partir des chants d’oiseaux ne sont pas éblouissantes, il y a beaucoup d’ethnocentrisme, voire parfois, comme précisé plus haut, d’égocentrisme. Certaines considérations personnelles sont non seulement discutables, mais en plus d’un intérêt moyen.
Est-ce que le chant des oiseaux est un langage ou non ? Un cri, est-ce que cela peut être considéré comme du langage ? Un langage peut être aussi de la musique ? Nous répondrons oui à toutes ces questions, alors que certains tergiversent longuement là où il n’y a rien à ajouter.
Pour les oiseaux, nous préférerons de loin la nuit magnétique avec Jean-Claude Roché, « Un oiseau au micro » (26/02/1998).
Pour le langage tambouriné, mêmes défauts, et l’on aurait préféré entendre plus longuement France Cloarec-Heiss sur les banda linda, au lieu des généralités surjouées de Michel Boccara.
Quelques bons passages quand même, comme la fabrication du bendré, des démonstrations percussives…
 
Il existe une troisième partie, fraichement diffusée en ce jour et non écoutée encore, Le silence : au fondement de la parole (06/12/2007)
     
Nuits magnétiques - Afghanistan, mort d'une culture (21/02/1980) 
par Claude Hudelot
avec Roland Michaud, Marie-José Lamotte, André Velter, Sabrina Michaud et Mike Barry
réalisation Bruno Sourcis

Ethnocentrisme encore, mais encore plus prononcé.
Chacun regrette la disparition de l’Afghanistan moyenâgeuse. Certains passages font sourire, comme lorsque l’un de nos guides admet que c’est une société dirigée par les hommes, mais bon la femme est importante quand même, et puis ça reste bon enfant…
La réalisation est moins travaillée que pour l’émission précédente, mais il y a quand même, parmi quelques gros morceaux d’impressions personnelles peu passionnantes, une description générale de la société afghane d’avant 1978/79.

La matinée des autres - La Terre dit : je suis la plus vieille (19/06/1984) 
par Maryse Condé
avec Jean Dethier (architecte), Emile Ologoudou (sociologue béninois), Alphonse Tay (ethnologue togolais), Louis-Vincent Thomas, Zaïni Moulaye (chercheur malien), Youssouf Gueye (chercheur sénégalais), Bernard Desjeux (photographe français) et Boubakar Doumbia (chercheur sénégalais)
réalisation Mireille Krauss

Les liens entre les humains et la Terre dans différents pays africains : la construction du village, le lien avec la fertilité évidemment, l’agriculture, la maladie (la variole est une vengeance de la Terre), le désert du Sahara, l’architecture en terre…
Doit-on rappeler que l’absence de direct, l’effacement de la productrice devant ses interlocuteurs, la magie du montage, qui dans ce type d’émission est particulièrement efficace, le choix du sujet, envoient les moulinés actuels direct au tapis ? Est-ce bien nécessaire ? Le rappel étant dans la question, laissons tomber.

Festival de Vaison la Romaine  - Les mystères de Paris
 (06/09/1970)
d’après Eugène Sue, adaptation Albert Vidalie
interprétation Germaine Montero, Catherine Hubeau, Inès Nazaris, Jean-François Calvé, André Weber, Jean Péméja, Arlette Vafides, Liliane Gaudet, Jacques Degor, Jacques Alric, Pierre Nègre, Gérard Dournel, Claude Richard, Gaétan Jor, Jacques Maire, Roger Desmare, François Gamard, Louis Amiel et René Moreau (trompette)

La mise en scène du spectacle, dont c’est la captation publique, est de Jean-Jacques Vierne, qui a aussi assuré la réalisation radiophonique. Malgré un travail de montage qui rend le spectacle un tant soit peu radiophonique, malgré l’ajout d’un narrateur faisant le lien entre l’auditeur et la scène, l’aspect scénique prend le dessus. Le jeu des acteurs, la puissance de leur voix, passe mal à la radio.


                                                                                                 Georges Feydeau - suite

D'abord deux pièces parmi les premières de l’auteur, Les célèbres, court monologue inspiré par la bêtise humaine, source intarissable de rire. Le comique repose sur la répétition de certaines formules, sur un raisonnement absurde mais lourd car sans dérapage incontrôlé.
Ce pourrait être sans problème du stand-up laborieux, comme il y en a beaucoup aujourd’hui. Comme quoi, Feydeau pouvait être avant-gardiste.

Tailleur pour dames est la première grande pièce de Feydeau. L’acte le plus réussi est le second, celui où le docteur Moulineaux (Robert Dhéran) devient malgré lui le tailleur pour dames du titre. Le dernier acte voit s’emmêler de manière plus ou moins prévisible les différents quiproquos mis en place dans les précédents actes, et l’accumulation systématique fatigue parfois plus qu’elle ne fait rire.
Cette version est précédée d’une bonne présentation synthétique de l’auteur par Béatrix Dussane.

Deux pièces parmi les dernières écrites par Feydeau. Ce sont des pièces en un acte, où les quiproquos sont passés à la trappe pour laisser place à de simples situations inspirées de la vie quotidienne, comme l’arrivée prochaine d’un nouveau né dans un ménage, bourgeois évidemment (Léonie est en avance) ou, encore plus prosaïque, un couple devant faire face à la constipation de leur fils (On purge bébé).
Dans les deux pièces, pas mal de sous-entendus scatologiques. Feydeau exploite à fond les vertus du pot de chambre.
Certaines scènes pourraient être isolées pour former des sketchs autonomes réussis : les tests de résistance au choc des pots de chambre, le couple qui cherche les îles Hébrides dans le dictionnaire, l’arrivée de la sage-femme qui prend ses aises dans le foyer…

Précisons que toutes les pièces de Feydeau sus-mentionnées bénéficient d’une interprétation impeccable.
Société des Comédiens Français - Léonie est en avance ou Le mal joli & On purge bébé (04/05/1975) 
interprétation Jacques Eyser, Alain Feydeau, Gérard Caillaud, Denise Gence, Yvonne Gaudeau, Paule Noëlle, Virginie Pradal, Alain Pralon, Jean-Paul Moulinot, Philippe Etesse, Françoise Seigner, Alberte Aveline, Fanny Delbrice et Emmanuelle Milloux
réalisation Jacques Reynier 

     
La foire aux monologues, une émission d'André Veinstein et André Hussenot
Les célèbres (10/08/1956 Chaîne Parisienne) 
interprétation Jacques Dufilho
L'émission contenait aussi un autre monologue « Le roi » d’Alphonse Ragot, avec Roger Carel, non diffusé dans les Nuits.

Théâtre populaire Juin 44 - Tailleur pour dames (20/12/1962 France II Régionale) 
interprétation Béatrice Bretty, Bernard Dhéran, Mony Dalmès, Lily Siou, Fanny Marette, Olga Nilza, Andrée Gire, Maud Gipsy, Henri Vilbert, Robert Murzeau, Armand Vallé-Valdy et Harry Max
réalisation Roger Dathys




Le caporal épinglé de Jacques Perret (1958, Chaîne Parisienne) 
adaptation Jean Forest et Jacques Perret
interprétation François Périer (le caporal)
musique Maurice Jarre
réalisation Albert Riéra 

Parties 1 à 3 (13 au 15/10)
Parties 4 à 6 (16 au 18/10)
Parties 7 à 9 (20 au  au 22/10)
Parties 10 à 12 (23 au 25/10)
Parties 13 à 15 (27 au 29/10)

Un feuilleton de 45 X 10mn environ.
Cette adaptation du récit autobiographique de Jacques Perret est un régal.
Le seul élément, une broutille, qui a mal vieilli, est le générique dit par Jean Toscane – il lâche l’affaire au dixième épisode.
Un autre micro évènement, qui ne dérange en rien l’ordre des choses, est le mal de gorge qui atteint François Périer dès le second épisode, et dont on peut suivre l’évolution.
Le ton du récit est admirablement rendu. La légèreté du récit, l’humour constant, tranche avec la situation on ne peut plus périlleuse de notre protagoniste, qui s’évade de son stalag comme si c’était un jeu de cache-cache entre bandes de gosses.
Le besoin physiologique qu’éprouve le caporal à s’évader, où qu’il se trouve enfermé, est le ressort principal de l’histoire.
François Périer, enroué ou pas, mais aussi les autres acteurs, même si leur prestation est parfois brève, sont tous excellents.
Les autre acteurs : Jean Ozenne, Henri Virlogeux, André Valmy, Jacques Torrens, Gaëtan Jor, Jean Verner (Hans Werner), Jacques Forestier, Jean Martin, Jean Mauvais, Paul Barré, Henri Djanick, Fred Fischer, Marcel Lestan, Pierre Leproux, Maurice Biraud, Christian Delanau, Joseph Verman, R.J. Chauffard, Jacqueline Harpet…
Rappelons que la réalisation est signée Albert Riéra, qui commença à la radio dans les années 30  après un passage au cinéma en tant que proche collaborateur de Jean Vigo.

Mais est-ce nécessaire de rappeler que quatre ans plus tard le caporal reviendra au cinéma sous la direction de Jean Renoir et sous les traits, non pas de François Périer, mais de Jean-Pierre Cassel ?

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