Théâtre et université - Le Distrait (15/12/1966) - pas de lien, diffusion le 10 juillet 2021
de Jean-François Regnard
réalisation Eléonore Cramer
enregistré au Theâtre de la Commune d'Aubervilliers
mise en scène de Gabriel Garran, assistant Pierre Vielhescaze
musique de scène Stéphane Vilar
avec Michèle André (Isabelle)
Paul Bonifas (Valère)
Jean-Laurent Cochet (Carlin)
Julia Dancourt (Lisette)
Jean-Marie Fertey (le chevalier)
Hélène Manesse (Clarice)
Mary Marquet (Mme Grognac)
Régis Santon (un laquais)
Bernard Verley (Léandre)
Tribune libre animée par Philippe Dechartre, avec Marcel Giraudet, Georges Lerminier, Pierre Vielhescaze, Claudine Bensaïd, professeur de lettres au Lycée Paul Valéry et deux de ses élèves.
L’aspect le plus frappant de cette émission est son souci de contextualiser la pièce, et d’en proposer une lecture critique, quitte, comme Claudine Bensaïd et ses élèves, à la démolir complètement.
La pièce est bien interprétée, le public réagit aux effets comiques de manière spontanée, et l'auditeur suit, malgré la nette impression d’entendre du sous-Molière.
Les choix de mise en scène, pas très audibles, forcément, seront explicités lors de la tribune qui suivra la représentation.
Ce n’est pas toujours le cas dans cette série, mais ici la tribune, qui dure vingtaine de minutes, condense - le montage est parfait – toute une série de réflexions qui n’ont rien perdu de leur actualité.
Il est vrai que selon ce que l’on attend d’une telle pièce il est possible de la trouver sans aucun intérêt, les effets comiques, l’intrigue, tout a déjà été fait chez Molière, et en mieux.
A l’heure où Marivaux était redécouvert, plusieurs metteurs en scène ont tenté de déterrer d’autres auteurs méconnus du théâtre français, comme Regnard.
L’assistant du metteur en scène vient s'expliquer et met en avant :
- l’aspect sociologique de la pièce, miroir de la société de la fin du XVIIème siècle.
- la mise au goût du jour de certains personnages, le chevalier étant coiffé comme un Beatles (nous sommes en 66).
Ces deux choix sont discutables, car finalement ils offrent l’opportunité de masquer les insuffisances de la pièce.
Le débat met rapidement à plat plusieurs sujets : celui de la postérité d’une œuvre, des nouvelles mises en scène de pièces anciennes, de ce que l’on peut apprécier encore dans des pièces qui ne parlent plus vraiment de notre société. Pourquoi jouer des pièces qui imitent Molière sans jamais l'égaler ?
« Le distrait » a quand même eu droit à une autre version, enregistrée en studio celle-ci, en 1990, réalisée par Georges Gravier, avec Françoise Seigner dans le rôle de Mme Grognac, et avec Catherine Salviat (Lisette), Loïc Brabant (Léandre) et Yves Gasc, Catherine Sauval, François Barbin, Anne Kessler, Thierry Hancisse, David Bursztein, Bruno Pesenti.
Faits divers, par Pierre Véry et Maurice Renault -
Vive la mariée ! (01/12/1953 Chaîne Parisienne)
de Nino Frank
interprétation Louis Arbessier (Le marquis de Saint Guy), Odette Barrois (la Princesse), Nelly Benedetti (la Comtesse Nikia), Maurice Biraud (le chef de gare), Florence Brière (le duchesse d'Ombre), Pierre Dac (le Roi Victor), Pierre Delbon (le Prince Amédée), Gabrielle Fontan (Mama, la vieille nounou), Louis de Funès (le Diable), Albert Gercourt (Quenelle, garde du palais),
Jean-Pierre Lituac (le Chevalier Bombard) et Pierre Olivier (le Comte de Castillon)
réalisation Pierre Billard
Fantaisie pleine d’humour noir autour de cadavres qui tombent comme des mouches lors d’un mariage princier.
Pierre Véry tient, et il y tient énormément, à ce que nous sachions que tout cela s’est vraiment déroulé. Nino Frank a pourtant tenu à ajouter une explication irrationnelle à ce fait divers en faisant intervenir un diable de seconde zone. Louis de Funès, pas encore dans son rôle d’aboyeur hystérique, est ici plus posé. Et quelle diction… du grand art.
Cette fiction est aussi l’occasion de retrouver Pierre Dac dans le rôle du roi volage qui veut expédier le mariage de son fils pour pouvoir partir au plus vite à la chasse.
La patte de Pierre Billard, nous la retrouvons dans l’utilisation – nouvelle pour l’époque – d’acteurs venus du doublage ou du cabaret, et non d’acteurs de théâtre comme c’était l’habitude jusqu’alors, et de la musique – un air, un seul, qui ponctue toute la pièce.
Après la fiction, la lecture de l’article de presse par Jean Toscane montre que Nino Frank a volontairement mis de côté quelques morts.
Maurice Renault se délecte de quelques faits divers cocasses envoyés par les auditeurs – le premier : un homme a accepté le pari de manger une souris vivante pour gagner une voiture – avant de laisser la place au duo Beaumont/Régent.
Les livres : Germaine Beaumont a craqué sur une enquête menée par des enfants, « Maman déteste la police » de Craig Rice, et elle a tellement craqué que le livre suivant, « La planche qui craque » de Henry Holt, lui fait faire un jeu de mots qu’ici nous ne nous permettrions pas de reproduire.
Le film à ne pas voir de la semaine :
Roger Régent n’a pas de planche pour craquer, alors il est furax. Mal lui en a pris d’aller voir le navet de la semaine « La chute de la maison Usher » d’Ivan Barnett.
Il regrette la version de Jean Epstein, remplie de « provocations agressives » certes, mais vous connaissez Roger, un compliment est toujours nuancé par une petite pique bien plantée.
Quant à la version d’Ivan Barnett, un ado de 15 ans aurait fait mieux, à l’aise, nous dit-il afin que nous ayons une idée plus précise de la catastrophe cinématographique à laquelle nous avons échappé.
A signaler, durant tout l’été, diffusion de la série en huit parties «
Pages entomologiques de Jean-Henri Fabre ».
Avec pour commencer :
La Mante (16/08/1978) – pas de lien, diffusion le 11 juillet 2021
par Michel Anthonioz
avec Pierre Teocchi (conservateur du Musée de l'Harmas à Sérignan), Jean Tortel
lecture : Emmanuelle Weisz
La mante de Jean-Henri Fabre, par Jacques Dufilho
réalisation Janine Antoine