Pages entomologiques de Jean-Henri Fabre La Mante (16/08/1978) – pas de lien, diffusion le 11 juillet 2021 par Michel Anthonioz avec Pierre Teocchi (conservateur du Musée de l'Harmas à Sérignan), Jean Tortel Lecture du Répertoire analytique par Emmanuelle Weisz, La mante de Jean-Henri Fabre, par Jacques Dufilho réalisation Janine Antoine et Michel Créis
Réalisation qui rappelle celle des meilleurs Ateliers de Création Radiophonique. La présence au générique de Janine Antoine et Michel Créis n’y est pas pour rien. La première émission raconte l’enfance de l’ethnologue. Et Jacques Dufilho nous raconte les mœurs meurtrières de la mante religieuse. Dans les sept autres émissions nous aurons : la cigale, les épeires (deux parties), le minotaure typhée, le scorpion languedocien, les carabes, et le grand paon.
Curly
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Le légataire universel (10-09-1947 Chaîne Nationale) de Jean François Regnard - mise en scène Pierre Dux - avec Jean Weber (Eraste), Pierre Dux (Crispin), Jean Meyer (Géronte), Michel Vadet (1er laquais), Georges Chamarat (Mr Scrupule), Béatrice Bretty (Lisette), Jean-François Calvé (2ème laquais), Marcel Lemarchand (monsieur Gaspard), Jane Faber (Mme Argante) et Gisèle Casadesus (Isabelle) Retransmission en différé de la Salle Richelieu. Les remarques concernant « Le distrait » peuvent s’appliquer aussi au « Légataire universel ». Le théâtre de Regnard est encore et toujours du sous-Molière, et personne ne s’y trompe, même Paul Haurigot, qui dans sa présentation nous prévient des insuffisances de la pièce. Nous avons ici une bonne idée de ce que pouvait être une retransmission théâtrale dans les années 40. Paul Haurigot commente ce qui se passe sur scène afin de nous faciliter la compréhension de la mise en scène - il reste toutefois discret autant qu'il le peut -, quitte à faire passer à la trappe certaines répliques qui passent alors dans un fond sonore à peu près inaudible, et le son est déficient lorsque les acteurs dans leurs déplacements s’éloignent un peu trop du micro. Mais pourtant, malgré cela, la pièce se laisse écouter. Pierre Dux reprend, pour ce qui constitue son grand retour à la Comédie Française, une de ses mises en scène des années 30. Son entrée dans le premier acte est l’objet d’applaudissements nourris, qui obligent l’acteur à sortir brièvement de son rôle pour saluer discrètement. La pièce le met particulièrement en valeur, puisqu’il va de déguisements en déguisements pour pouvoir capter l’héritage d’un vieux barbon.
Faits divers par Pierre Véry & Maurice Renault – réalisation Pierre Billard Hallali ! (05-02-1957 Chaîne Parisienne) - pas de lien, diffusion le 17-07-2021 de René Guillot interprétation Marcel André (le commissaire), Jacqueline Rivière (Suzanne), Pierre Trabaud (Pablo), Henri Virlojeux (Grelot), Maurice Chevit et Jacques Amyran Comme le titre l’indique, nous partons à la chasse. La dramatique est construite en un long flashback où l’accusé raconte au commissaire toute l’affaire qui l’a amené dans son bureau. Une histoire policière de série à base d’usurpation d’identité, et où l’escroc se trouve être rapidement transformé en pigeon. Une fois de retour chez le commissaire, un dénouement violent vient terminer cette histoire de gros sous. L’interprétation est comme souvent sans faille, et au diable si Pierre Trabaud joue l’espagnol avec un fort accent parisien – ses quelques tentatives de parler espagnol sont calamiteuses, mais il est difficile de parler de tentatives tant il ne semble pas s’en préoccuper.
Les chroniques Beaumont/Régent. Germaine Beaumont ne tarit pas d’éloge sur Noël Calef et son « Ascenseur sur l’échafaud », qui sera rapidement adapté au cinéma. Le précédent roman policier de Calef, « Échec au porteur », mentionné dans la chronique, sera aussi adapté l’année suivante, et doublement même, car en plus d’un film de Gilles Grangier – adaptation coécrite avec Pierre Véry – il y aura une version radiophonique dans les « Maîtres du mystère ».
Roger Régent revient sur un film qu’il a moyennement aimé (« ce pourrait être pire »), « La vie passionnée de Vincent Van Gogh » de Vincente Minnelli. Faut-il adapter la vie d'une personne dont les évènements sont trop connus des spectateurs ? Voilà la problématique pas très passionnante que Roro soulève, sans qu'heureusement il ait le temps de développer plus avant, puisque c'est sa conclusion. Il croit aussi très pertinent de préciser que la vie de Van Gogh n’est qu’une succession de faits divers, parce que c'est le nom de l'émission. Malin. Rodg' compare le film de John Huston sur Lautrec avec celui-ci, en précisant que le Minnelli est moins faux, moins artificiel. Ce qui est cocasse quand on connaît le goût de Minnelli pour l’artifice, et quand on a vu le film. Comme Roger n’a pas trop d’avis, il sort illico les mots passe-partout : la réalisation est honnête, le film est estimable. Il égrène ensuite les principaux épisodes, les compare avec la réalité, sans se rendre vraiment compte qu’elle a été aseptisée dans le film. Par contre, le fait que les péripéties du film ne soient pas conforme à la réalité est une déception de taille. Rodger, il venait pour voir la vraie vie de Van Gogh, et là il y a plein de trucs qui collent pas. Résultat, le film est « désincarné », mais Kirque Douglasse « tout à fait remarquable ».
Dans les Nuits, remarquable aussi, Pages entomologiques de Jean-Henri Fabre 2- La cigale (17-08-1978) - pas de lien, diffusion le 18-07-2021 par Michel Anthonioz - Avec Jacques Carayan et Pierre Teocchi (conservateur du Musée de l'Harmas à Sérignan) lecture Jacques Dufilho réalisation Janine Antoine & Michel Créis
Pas à pas (03-12-1978) – et pas de lien, diffusion le 17-07-2021 Signalé brièvement dans un court billet sur Andrew Orr, mais le lien avec cet ACR a été définitivement rompu. Réalisation de Marie-Dominique Arrighi avec pour les lectures Edith Scob, Yves Arcanel, Jean Leuvrais, Bulle Ogier. Textes extraits des œuvres de Julio Cortázar, Robert Louis Stevenson, Yves Bonnefoy, Kenneth White, Rimbaud (Lettre à sa sœur), Restif de La Bretonne, et du « Guide du pèlerin de Saint Jacques de Compostelle ». Avec la participation de Jacques Lacarrière, Kenneth White, Pierre Lieutaghi, Jacques Lecoq, Jacques Lesage de la Haye, Olivier Kaepplin. Mettre un pied devant l’autre : de la petite enfance à l’hôpital, en passant par le yoga, la course, la randonnée, la promenade, les pisteurs, la prison, l’armée… Passage aussi dans un « Laboratoire du mouvement » et chez un orthopédiste.
Théâtre et université - La seconde surprise de l'amour (29/05/1957 Chaîne Nationale) de Pierre de Marivaux réalisation Éléonore Cramer pièce présentée par Paul Peronnet Une interprétation de haute tenue, par la troupe pour laquelle elle fut écrite plus de deux cents ans auparavant. Hélène Perdrière assure la mise en scène, et tient le rôle principal, celui de la Marquise. Elle est entourée de Jacques Charon (Hortensius), André Falcon (le Comte), Georges Descrières (le Chevalier), Yvonne Gaudeau (Lisette) et Michel Galabru (Lubin, valet du chevalier). Alors que la Marquise pleure encore la mort de son mari, la voilà au prise à nouveau avec l’amour, celui du Comte et celui du Chevalier. Sa servante, Lisette, est elle aussi séduite par le ridicule Hortensius et le pataud Lubin. La « surprise » est double : l’histoire est celle de personnages qui tombent pour la seconde fois amoureux, et la pièce est une seconde mouture de la « Surprise de l’amour », qui elle fut écrite pour les Comédiens Italiens. Le débat qui suit la pièce (débat non diffusé dans les Nuits) ne manque pas d’intérêt, montrant qu’en 1957 le théâtre de Marivaux était encore loin de faire l’unanimité. Autant dire tout de suite que la pièce est anéantie par Léon Chancerel, Marcel Giraudet, un professeur de première supérieur au Lycée Condorcet et deux de ses élèves. Philippe Dechartre, qui anime le débat, tente quand même une défense de la pièce, mais il est bien seul. Les deux élèves ne se sentent absolument pas concernés par les intrigues amoureuses de la pièce, qu’ils considèrent loin de leurs préoccupations, et pas du tout réalistes. Léon Chancerel démolit la seconde surprise au profit de la première, celle écrite pour les Italiens, qu’il trouve plus vivante. Le plus gênant, outre le fait qu’il n’est pas tenu compte de la profondeur réelle de la pièce, est la séparation faite par les intervenants entre le fond – qui ne parlerait pas au spectateur d’aujourd’hui - et la forme – admirable. Une critique donc très discutable. Pour justifier le retour au devant de la scène de Marivaux, nos spécialistes mettent en avant la qualité d’un texte pensé véritablement pour le théâtre (sans commentaire) particulièrement apprécié des acteurs, et des spectateurs. En revanche, tout ce qui a trait au sentiment amoureux – qui lui n’est semble-t-il pas propre au XVIIIème – ne passionne pas nos débatteurs. Même la version que nous avons entendue ne soulève pas grand enthousiasme : ce n’est pas ainsi que l’on doit jouer Marivaux… Comment doit-on le jouer ? Nous aurions aimé avoir des précisions. Pourtant, l’écoute de la pièce procure un plaisir certain, par la qualité de l’interprétation qui met en valeur avec légèreté ce qui a été tant négligé dans le débat : les circonvolutions du sentiment amoureux.
Curly
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Faits Divers par Pierre Véry & Maurice Renault La folie en tête (09/02/1954 Chaîne Parisienne) de Yves Jamiaque réalisation Pierre Billard assistant Jean Garretto interprétation Serge Reggiani (Joseph Andriani), Jean-Pierre Lituac (Docteur Paginès), Pierre Delbon (interne Armand Carrier), Gaétan Jor (Docteur Granier), Hélène Garaud, Nelly Delmas, Suzy Dornac, Becky Rosanes, Florence Brière, Yves Duchateau, Pierre Marteville, Yves Peneau, Marcel Lestan, Pierre Amel, Jean Bolo, Jean-Louis Trintignant et Henri Belli Le type de fait divers qui a inspiré l’histoire est devenu un élément parmi d’autres dans l'intrigue, il n'en est pas le centre. Le fait : nous sommes pendant l’Occupation à Paris, un coup de feu, et la découverte du corps d’un soldat allemand. La fiction offre à Serge Reggiani un rôle dans lequel il excelle, celui d’un homme possédé progressivement par la folie. Il incarne un artiste peintre engagé dans la Résistance, et qui va se réfugier chez un ami afin d’échapper à la Gestapo. Il a effectivement tué un soldat allemand avant de se rendre chez lui, mais sa tête est mise à prix pour bien d’autres faits d’armes. Cet ami dirige un hôpital psychiatrique, et il va décider de le faire passer pour un de ses patients afin de mieux le cacher. Or, patatatra, le docteur disparaît, et de faux patient Joseph Andriani va en devenir un vrai. La Libération arrive, et le voilà toujours enfermé… La personne qui va pouvoir pouvoir identifier et sauver notre héros n’est autre que celle qui l’a dénoncé à la Gestapo, ce qui ne manque pas de piquant. Beaucoup d’acteurs au générique, mais la plupart n’ont qu’une ou deux répliques au compteur, comme Jean-Louis Trintignant à ses tous débuts, qui aura plus tard des rôles plus importants dans l’émission. Pierre Billard néglige ses transitions musicales répétitives habituelles. Il épouse le rythme plus vif imposé par le scénario, qui fait se rencontrer les bouleversements historiques produits entre 1943 et 45 et la vie monotone, répétitive, de l’interné. Le Beaumont/Régent’s Club Quel contraste toujours entre l’enthousiasme de Germaine Beaumont et le jeu de massacre de Roger Régent ! La partie Beaumont : Comme souvent, elle fait mine de rien son petit repérage pour de futures émissions. Certains noms que l’on va rencontrer dans sa chronique vont se retrouver bientôt à la commande de « Faits divers » ou de « Maîtres du mystère ». Le traducteur du roman « Martel en tête » de James Reach, Maurice-Bernard Endrèbe, sera un de ces noms. Le second roman qui a les faveurs de Germaine B. est certes émaillé de cadavres, mais il n’en est pas moins fort amusant. « Les araignées d’or » de Rex Stout vaut surtout pour ses deux enquêteurs, Nero Wolfe et Archie Goodwyn. Les enquêtes de Nero Wolfe, fort populaires chez les anglo-saxons, ont été adaptées à la télévision, et à la radio en 1943/44 pour la NBC, puis en 1945/46 pour la ABC, en 1950/51 à nouveau pour la NBC avec Sidney Greenstreet dans le rôle titre. Au Canada, une série de la CBC en 1982. Le site The Wolfe Pack propose des liens vers un épisode sur YouTube* (série NBC, 1946), et des liens vers des pages du site archive.org où l'on peut télécharger 35 épisodes, ceux avec Sidney Greenstreet.
* La chaîne TESLA CINEMA & RADIO a, elle, 39 épisodes de Nero Wolfe dans sa liste de lecture et beaucoup de séries policières et d'aventures issues des archives des radios américaines et anglaises. A noter la présence de l'adaptation par Orson Welles des Misérables pour la Mutual Network ( 7 X 30 mn, juillet/septembre 1937).
La partie Roger : Roger aimerait beaucoup faire l’éloge du dernier Jean Delannoy, « Obsession », adapté de William Irish, mais hélas, il eût aimé que le réalisateur ne le réalisât pas. Delannoy n’est pas fait pour l’action, et en plus Raf Vallone l’insupporte au plus au point. C’est la première fois que nous voyons Michèle Morgan en couleur, « et ça lui va très bien ». Toujours coquin, Roger. Par contre, il expédie en deux coups de cuillère à café « Toubib or not toubib » (« Doctor in the House ») de Ralph Thomas parce qu’il l’a adoré, il s’est plié en deux pendant une heure trente, même si le jeu de mots du titre français ne l’a pas emballé. Il eût été dommage que Roro faillisse à sa réputation de peine-à-jouir. A un éloge plein d’enthousiasme il préfère le silence radio.
Et toujours l’excellente série, dont les deux premières parties furent signalées plus haut : Pages entomologiques de Jean-Henri Fabre3- Les épeires 1/2 (18/08/1978) par Michel Anthonioz avec Jacques Carayan et Pierre Teocchi (conservateur du Musée de l'Harmas à Sérignan) réalisation Janine Antoine & Michel Créis lecture de Jacques Dufilho Toujours pas de lien, diffusion le 25 juillet 2021. Une première partie retrace la vie de l’entomologiste, la seconde est consacrée à la lecture de pages choisies.
Curly
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Le jeu de l'amour et du hasard (13/06/1957 Chaîne Nationale) - pas de lien, diffusion le 31 juillet 2021 - de Pierre de Marivaux - mise en scène Maurice Escande La version Maurice Escande a tenu des années à l’affiche de la Comédie Française (1953 à 1972). Elle fut enregistrée sur disque Pathé, et retransmise plusieurs fois à la radio dans les années 50/60, avec au fil du temps quelques modifications dans la distribution. Dans la version de 1957, le rôle de Pasquin (Bourguignon) est tenu par Jean Piat et non par Jacques Charon. Cette version n’est pas la meilleure, mais l’interprétation n’est pas en cause. Le son est de qualité très inégale, et l’absence de commentaire nuit parfois à la bonne compréhension de certains jeux de scène. Les réactions du public sont incompréhensibles lorsqu’ils portent sur un comique de geste. La version captée elle aussi en public et diffusée le 04-03-1953 par le Programme National bénéficiait d’une meilleure prise de son. La distribution de cette version 1957 : Jean Piat (Pasquin), Pierre Gallon (Mario), Georges Vitray (Orgon), Paul Guers (Dorante), Arsène Drancourt (un domestique), Gisèle Casadesus (Lisette), Hélène Perdrière (Sylvia).
Bonnes nouvelles, grands comédiens - "Ercole" de Daniel Boulanger (02/08/1971) - pas de lien, diffusion le 31 juillet 2021 - par Patrice Galbeau - lecture Michel Piccoli - réalisation Alain Barroux Du grand art. Michel Piccoli accentue sans forcer l’aspect étrange de l’histoire, qui n’est pas sans rappeler justement l’univers de Marco Ferreri. Un personnage sans grand relief, un policier nommé ironiquement Ercole, voit sa vie basculer lors de sa rencontre avec un Berger Belge Groenendael sur les lieux d’un accident de voiture.
Et toujours Pages entomologiques de Jean-Henri Fabre -4-: Les épeires -2- (21/08/1978) – pas de lien, diffusion le 1er août 2021 - par Michel Anthonioz - avec Jacques Carayan et Pierre Teocchi (conservateur du Musée de l'Harmas à Sérignan) réalisation Janine Antoine et Michel Créis lecture Jacques Dufilho Nous avions laissé notre amie épeire alors qu’elle avait fini de tisser sa toile. Jean-Henri Fabre avait fait la cruelle expérience de la déchirer sauvagement afin de voir si elle raccommodait aussi bien qu’elle tissait. Maintenant, reste à accueillir la proie, car l’heure du repas approche.
Curly
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Faits Divers par Pierre Véry & Maurice Renault – réalisation Pierre Billard Sincères condoléances (07/05/1957 Chaîne Parisienne) de Charles Maître interprétation Madeleine Ozeray, (Hélène), Marie-Jeanne Gardien, Régine Chantal, Jeanne Dorival, Yves Duchateau, Pierre-Alain Jolivet, Gaétan Jor, Jacqueline Rivière (la Comtesse Geneviève du Chesnay), André Var (le Comte Edouard du Chesnay) et Jane Marken (madame Aubert) Charles Maître, qui deviendra un des piliers les plus sûrs des « Maîtres du mystère », puis de « Mystère, mystère », a été inspiré par un fait divers qui aurait pu donner lieu à une scène burlesque de type Mack Sennett, une bagarre acharnée entre plusieurs femmes. « Elles se prirent par les cheveux », mais ce n’est pas tout, il y aurait eu selon les témoignages édifiants une tête bien frappée sur le sol, des tentatives de crevaison d’œil à coups d’aiguille à tricoter et de projection sur le sol d’une occupante de bicyclette. « Drôle de mœurs », telle est la formule à double sens qu’utilise Maurice Renault pour déplorer l’existence de telles scènes indignes du genre humain, avant de prévenir que la dramatique qui va suivre sera exempte de telles scènes. Or, s’il est vrai que Charles Maître va mettre en scène deux femmes qui vont user de ruse, et non de force, pour récupérer l’héritage d’un vieux comte sur le point de passer de vie à trépas, il y aura quand même aussi une vraie bagarre entre femmes, qui aura une importance capitale dans le dénouement de notre histoire. L’écriture de la dramatique est vraiment efficace, et le retournement de situation final des plus inattendus, ce qui n’est pas toujours le cas dans la série.
Les chroniques Beaumont/Régent : Germaine Beaumont a lu « T’as des visons ! » de Harry Whittington, dont elle déplore seulement la faiblesse du titre français. L’histoire d’un ancien malfrat qui tente de se refaire une virginité mais qui est poursuivi par ses anciens démons ne brille quand même pas par son originalité, mais Germaine est sous le charme, faisons lui confiance. Second livre, « L’assassin connaît la musique » de Jacques Griss, paru aux éditions Jacquier à Lyon. Il est important de signaler l’éditeur, car notre chroniqueuse a des griefs à leur faire : couverture « déplorable » et typographie « qui par moment fait penser à une frappe de machine à écrire très usagée ». L’histoire a ravi Germaine, mais elle ne souhaite pas nous la résumer cette fois-ci, car trop compliquée. L’auteur croule sous les lauriers. Mais Germaine ne nous dit pas, ou ne sait pas (ce qui serait étonnant), que sous le nom de Jacques Griss se cache Louis Thomas Cervoni, dit aussi Louis Charles Thomas, dit encore Louis C. Thomas, qui sera l’auteur d’un nombre incalculable de « Maîtres du mystère ».
Roger Régent a mis les bouts, il a décidé cette semaine de draguer de la meuf sur la Riviera en nous faisant croire qu’il couvre le festival de Cannes. Mais il est là sans être là, sa chronique étant lue par Maurice Renault. Deux films : le premier, « Celui qui doit mourir » de Jules Dassin, faisait l’ouverture du festival de Cannes. « Une œuvre ambitieuse et de haute élévation de pensée », mais dont on devine assez vite à demi-mot qu’il s’agit d’une véritable purge. Dans la distribution à caractère internationale de cette co-production internationale, Roger détache, outre Mélina Mercouri, uniquement les acteurs de la France de chez nous. Le second, « La blonde et moi » (The Girl Can’t Help It), « une satire du monde moderne » et blablabla et blablabla… Les intentions de l’auteur (Frank Tashlin, même pas nommé dans la chronique), Roger nous les donne, mais franchement, nous sentons que là n'est pas l'essentiel. Vous voyez où il veut en venir ? Non ? « Il y a une nouvelle bombe de Hollywood, Melle Jayne Mansfield, qui est… je ne vous dis qu’ça ! Melle Marilyn Monroe n’a plus qu’à bien se tenir. » Par contre, Roger, lui, ne peut plus se tenir. D’après l’enquête de notre cellule d’investigation, Jayne Mansfield se trouvait à Cannes en 1957, uniquement pour draguer Roger Régent. Veinarde.
Curly
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Arlequin serviteur de deux maîtres (25/08/1963 France III Nationale) de Carlo Goldoni - réalisation Jacques Reynier - pas de lien, diffusion le 7 août - adaptation Xavier de Courville avec Jean-Paul Roussillon (Arlequin), Jacques Eyser (Docteur Lombardi), Henri Rollan (Pantalone), Thérèse Marnay (Béatrice), Catherine Samie (Smeraldine), Michèle André (Clarisse), Jean-Louis Jemma (Florindo Aretusi), François Vibert (Brighella), Gérard Lartigau (Silvio), Alain Feydeau (le garçon d’hôtel), Louis Eymond & Marco Béhar (les porteurs), Simon Eine (le récitant) Illustrations musicales de Roger Bourdin (flûte), accompagné d’un mandoliniste inconnu. (Roger Bourdin, flûtiste virtuose, est connu pour son impro impromptue sur la chanson de Dutronc/Lanzmann « Il est cinq heures Paris s’éveille ») Cette intrigue vénitienne est une mécanique de pointe dans la tradition de la commedia dell’Arte. Elle est résumée dans le titre, et les quiproquos se suivent crescendo. Arlequin accumule dès le début les gaffes, étant incapable d’assumer les deux fonctions simultanément. Goldoni exploite toutes les possibilités qu’offent la situation. Toutefois, l’interprétation pâti d’un enregistrement studio, il manque l’étincelle de folie nécessaire qu’aurait pu apporter aux acteurs la présence d’un public. Lors de sa diffusion en 1963, la pièce était suivie de « On ne saurait penser à tout » de Musset. Faits Divers par Pierre Véry & Maurice Renault, réalisation de Pierre Billard - pas de lien, diffusion le 7 août - La fine équipe (25/06/1957 Chaîne Parisienne) de Jean Cosmos interprétation Marcel Bozzuffi (inspecteur Locquirec), Henri Crémieux (Edouard Perciny) et Jean Chevrin, André Wasley La contrainte, bien légère, imposée à l’auteur consiste à s’inspirer des statistiques du Ministère de l’Intérieur qui montrent qu’en 1956 sur les 363 assassinats et 1835 meurtres commis, l’enquête a abouti « 196 fois dans le premier cas, et 1256 fois dans le second ». La fine équipe désigne l’ensemble des assassins dont le crime demeure impuni. De Jean Cosmos, il fut déjà question dans un précédent épisode, à propos d’un autre numéro de « Faits divers », « Le plus beau métier du monde ». Deux personnages seulement (le deux autres font presque de la figuration dans les dernières minutes), qui s’affrontent, jouent au chat et à la souris. Deux stéréotypes : l’inspecteur besogneux et malin, et de l’autre un coupable sûr de son coup, qui se prend pour un surhomme, la preuve, il est passionné par Wagner. Un riche industriel convoque chez lui un inspecteur pour lui avouer le crime de son associé. Il est fier d’avoir commis un crime parfait, et il se pavane en racontant les moindres détails de son méfait, sachant que rien ne peut être prouvé. Il défie l’inspecteur de le faire. Henri Crémieux est à l’honneur, et le plaisir de l’écoute tient en grande partie à la qualité de son jeu.
Le numéro Beaumont/Régent : Germaine Beaumont vante les mérites de « Pauvres petites crevettes » de Geneviève Manceron. L’intrigue est ingénieuse, et les personnages ne manquent pas de relief. Mais Germaine ne s’étalera pas sur le relief, et se contentera comme d’habitude d’un résumé de l’intrigue. A l’arrivée, il reste le plus important, c’est-à-dire tout ce que le chroniqueur suivant abhorre : « agressions, assassinats et suicides », qui se succèdent pour le plus grand plaisir de Germaine.
Roger Régent pense qu’il est nécessaire de causer un peu du succès du moment « La première balle tue » de Russell Rouse, avec Glenn Ford et Jeanne Crain, ne serait-ce que pour dire qu’il est absolument nécessaire de ne pas en causer. L’illustre critique au goût très sûr a fait un sondage approfondi à la sortie de toutes les salles de cinéma, et il estime que « le public en est reparti bien déçu » malgré les promesses du titre. ¨ Le titre n’est pas mensonger pourtant, parce que si la première balle tue, les autres sont du coup inutiles. Peut-on attendre beaucoup d’action d’un film qui ne nous promet qu’une seule balle ? Rodger préfère consacrer sa chronique au premier film de Marcel Camus, « Mort en fraude », qu'il a beaucoup apprécié malgré les imperfections. Lesquelles ? Inutile de les préciser. Les qualités du metteur en scène ? « Il sait voir, il sait peindre et exprimer un paysage, une atmosphère et des personnages ». Mazette quelle précision ! Encore dans le mille ! Rodger a sorti sa boule de cristal et il pressent un grand avenir pour Marcel Camus, « il deviendra sûrement quelqu’un ». L’avenir, ce sera Orfeo Negro, une Palme d’or à Cannes, un succès de mode, donc très passager, et un retour à l’anonymat avec une série de films très oubliables et donc tombés dans l’oubli. Comme quoi, Roger Régent, comme tout le monde, peut se tromper. L’erreur est humaine, et Roger est excessivement humain.
Pour finir, il convient encore de signaler la suite de Pages entomologiques de Jean-Henri Fabre - pas de lien, diffusion le 8 août par Michel Anthonioz - Avec Jacques Carayan et Pierre Teocchi (conservateur du Musée de l'Harmas à Sérignan) lecture Jacques Dufilho - réalisation Janine Antoine & Michel Créis 5 - Le minotaure typhée (22/08/1978) Visite commentée de la maison de l’entomologiste, suite des pérégrinations biographiques, et lecture de pages choisies.
Curly
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Suite tardive d'un précédent billet daté du 17 mai 2019. « Notre-Dame de Paris » (Programme Parisien, 15-04 au 29-06-1957) adaptation Jacqueline Lenoir - bruitage Joé Noël - musique originale Jean-Wilfrid Garrett (orchestre dirigé par Serge Baudo) - interprétation Anne Caprile (Esméralda), Michel Bouquet (Claude Frollo), Jean-Marie Amato (Quasimodo), Pierre Trabaud (Jean Frollo), Jean-Marc Tennberg (Pierre Gringoire), Françoise Fechter (l’Egyptienne), Berthe Bovy (la Sachette), Madeleine Ozeray (Fleur de Lys), Francine Dartois (Diane), Monique Morisi (Christelle), Françoise Fleury (Amelotte), Jean-Louis Maury & Jean Péméja (voix du veilleur en fin d’épisode), Germaine Ledoyen (Dame Aloïse), Jean Danet (Phoebus)... - réalisation Jean-Wilfrid Garrett
Le feuilleton a été rediffusé plusieurs fois depuis. C’est le type de feuilleton, courant à l’époque, d’environ dix minutes, diffusé tous les soirs de la semaine à l’heure du repas. Celui-ci - le veilleur nous le clame à chaque fin d’épisode - le fut à 19h25 ou 19h15 selon les soirs. France Culture, pour éviter les répétitions, a cru bon de faire sauter les génériques, ce qui rend l’écoute de plusieurs épisodes à la file plus aisée. La version complète est disponible sur le site de l'INA. L’adaptation se recentre sur l’intrigue et les personnages, toute la partie descriptive étant peu adaptable. Il reste un roman-feuilleton, avec tous les poncifs habituels : hasards extraordinaires, poursuites, enlèvements… L’on sent que la réalisation est faite un peu dans l’urgence, le bruiteur Joé Noël est parfois débordé, et l’aspect brouillon de la mise en onde, si elle ne manque pas d’amuser parfois, donne l’impression d’un Moyen-Âge de carton-pâte pour film de série B, voire Z suivant les moments. Par exemple, la voix fort reconnaissable de Guy Pierauld est utilisée pour des rôles différents (un coup il est policier, une autre fois un homme du peuple). Quant au bruiteur, il n’est apparemment pas équipé pour faire le bruit des chevaux. Il se retrouve à taper les mains sur ses jambes, en tout cas c’est ce que nous imaginons comme le plus probable. Mais il est plus audacieux lorsqu’il imite la chèvre d’Esmeralda dont il case les bêlements toujours aux moments les plus inattendus, créant des contrepoints comiques dans des scènes dramatiques. Lors des retours en arrière, nous entendons un Quasimodo vagir comme un nouveau-né alors qu’il est censé avoir quatre ans, et il n’a pas été jugé bon de changer d’actrice pour incarner la Sachette adolescente. Berthe Bovy peut difficilement être crédible... C’est le cas aussi de Madeleine Ozeray, qui n’a pas une voix toute fraîche de jeune première, et qui a été choisie pour jouer Fleur de Lys. Les rôles féminins sont, pour les principaux, mal distribués, ou alors tombent dans les stéréotypes, les clichés, comme Anne Caprile à qui l’on demande de jouer niaisement et de ne pas lésiner sur les lamentations. La scène d’adieu entre Esmeralda et la Sachette est larmoyante à souhait, elle déchire bien les tympans des auditeurs. Les rôles masculins sont mieux pourvus. Jean-Marie Amato, la voix de Furax, est un Quasimodo exemplaire, quant à Michel Bouquet, il est magistral. Résultat, l’ensemble est on ne peut plus hétéroclite.
L’adaptation de Jacqueline Lenoir est centrée sur la libido tourmentée de Claude Frollo, qui est, il est vrai, le moteur de l’intrigue. Pour un feuilleton « familial », voilà qui ne manque pas de piquant. Une curiosité, la musique, simple mais efficace de Jean-Wilfrid Garrett. Une des ponctuations musicales de la série (impossible de faire plus simple : deux accords) sera réutilisée dans un autre feuilleton, « Bons baisers de partout » en 1966. Elle aura alors une tout autre saveur. Est-il nécessaire de préciser que la série de Pierre Dac et Louis Rognoni est réalisée par Jean-Wilfrid Garrett ?
Curly
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Un homme, une ville - Sur les traces de Flora Tristan à Londres, par Jean Montalbetti - avec Dominique Desanti lectures Maud Rayer Pas de lien, diffusion le 10 & 11 août 2021 1 : La paria chez les émigrés de Saint-Gilles et les fous de Bedlam (17/08/1978) avec Phoebe Hair et Patricia Aldridge 2 : La militante féministe, du mouvement chartiste à l’Union ouvrière (18/08/1978) avec Oonagh Mac Donald, Ann Ashby et Anna Devin
L’émission « Un homme, une ville » fut créée pour les programmes d’été 1978. Elle intégra à la rentrée la grille des programmes de France Culture jusqu’en 1981. Plusieurs numéros ont été diffusés par les Nuits (recensements et commentaires plus haut dans le même fil). L’émission se présente sous forme d’un reportage, où Jean Montalbetti, en compagnie d’un guide éclairé, se rend sur les lieux où ont vécu les personnalités étudiées. Flora Tristan fait partie de ces « illustres précurseurs trop méconnus », qui finalement ont donné lieu à une quantité non négligeable d’émissions au fil du temps. « Méconnue » peut-être en 1978, beaucoup moins aujourd’hui.
La biographie de Flora Tristan est romanesque à souhait. Dominique Desanti, ainsi que les autres intervenantes, sont tout sauf neutres : on nage en plein mouvement féministe. Dans ces deux émissions, la confrontation entre les idées et la réalité des faits est parfois cruelle. Que Flora Tristan ait réagi aux inégalités sociales & hommes/femmes est une chose, mais ses observations de la société londonienne des années 1830 sont superficielles, et les remarques de Dominique Desanti durant le reportage à Londres sont exactement dans la même lignée. Par exemple, alors qu’elle passe dans les quartiers ouvriers et qu’elle émet quelques considérations sur la vie miséreuse des ouvriers au XIXème siècle, elle sort d’un coup, en voyant des gens jouer au ballon (au foot peut-on supposer) que les ouvriers de 1978 ont une vie plus douce, la preuve ils ont encore la force de jouer au ballon après le travail. De la sociologie au p’tit bonheur la chance, un peu au pif, hasardeuse : comment à partir d’un fait si anodin, sans rien connaître d’autre des personnes observées, peut-on donner une conclusion aussi définitive et surtout aussi simpliste ? Dominique Desanti nous explique aussi que l’observation de Flora Tristan des classes laborieuses fut distante : « le bruit et l’odeur...oui surtout l'odeur » compatit-elle !
Première partie : une visite sur un champ de courses, avec des observations sur ce lieu qui voit défiler, mais pas de la même manière, différentes couches sociales, la visite de l’hôpital psychiatrique de Bedlam (une coupe étrange au montage, qui rend obscur un bref passage), et tout en restant à Londres, une parenthèse péruvienne. A noter que l'anglais n'est pas traduit en simultané, ce qui permet à la personne qui s'exprime d'exister vraiment.
Dans la seconde partie, la rencontre avec une parlementaire travailliste (Oonagh Mc Donald) aboutit à une visite d’un refuge pour femmes battues. Nos deux guides s’entretiennent avec les responsables, sans penser une seule seconde s’entretenir aussi avec l’une de ces femmes. Dans la même lignée, oubliant de tenir compte de la vie de ces femmes et de ces enfants, Dominique Desanti constate, en voyant que tous les enfants vivent ensemble en communauté, que voilà enfin la digne réalisation de l’utopie fouriériste. Un refuge pour femmes battues, une utopie... Dernier moment, la discussion avec une historienne irlandaise, elle aussi féministe, une dénommée Anna Devin, qui, avec beaucoup d’humilité, trouve que les observations de Flora Tristan manquent de précision, qu'elle est allée vite en besogne, et qu’elle s’est un peu arrangée pour que les observations cadrent avec ses théories. D’aucuns pourront dire que c’est la définition même du militantisme : faire rentrer, quitte à la raboter aux entournures, la réalité dans ses théories bien carrées. Anna Devin remarque que Flora Tristan, en voyant jouer des enfants seuls dans la rue, a tout de suite conclu qu’ils étaient abandonnés, et que cela est faux, puisque les aînés s’occupaient des plus jeunes (idéal fouriériste aussi, tiens !). Dominique Desanti tente de justifier ces observations en sortant Dickens de sa manche, oubliant que c’est un romancier, et qu’à ce titre il peut se permettre tout arrangement avec la réalité.
Curly
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Les rustres (13/10/1974) de Carlo Goldoni par la Société des Comédiens Français - adaptation Claude Des Presles - interprétation Jean-Claude Arnaud, Alain Pralon, Louis Arbessier, Yves Pignot, Georges Audoubert, Bruno Devoldère, Alberte Aveline, Tania Torrens, Virginie Pradal et Aline Bertrand réalisation Jacques Reynier La pièce est complétée par la lecture d’extraits de la correspondance de Goldoni par Marcel Tristani. Comparé à « Arlequin serviteur de deux maître » dont il fut question précédemment, les interprètes sont survoltés. Les personnages masculins, les rustres du titre, sont sacrément chargés, mais Goldoni n’exploite que sommairement ce ridicule. La charge contre cette société dirigée par des hommes – Goldoni contre le patriarcat ! - ne fonctionne pas tout à fait dans la mesure où toute la fin de la pièce, une longue scène où chaque partie expose ses arguments, est empreinte d’un moralisme totalement inutile. Le ridicule des rustres se suffit à lui-même. L’explication des femmes, en ce qu’elle donne platement une leçon de morale, vide la pièce du comique qu’elle aurait pu contenir. L’intrigue tient en peu de choses, il s’agit pour l’auteur de ridiculiser le comportement des hommes. Et c’est, malgré les lourdes répétitions, l’aspect le plus réussi de la pièce. Une scène annonce, timidement, le sketch des « Four Yorkshiremen ». Ex : «- On ne trouve plus de jeunes gens comme de notre temps, ce que voulait le père, rien de plus, rien de moins, c’était le bon temps, j’avais deux sœurs : mariées, je ne les ai pas revues dix fois, c’était le bon temps - Moi je ne parlais quasiment jamais à ma mère, c’était quelque chose… etc etc... » Goldoni seulement reste raisonnable, pas de délire en vue. Les personnages nostalgiques qui se plaignent des mœurs actuelles est de toute façon un poncif. Goldoni, qui écrivait beaucoup, était conscient de ses limites, et il lui arrivait d’écrire sur commande des pièces qui ne lui donnaient pas totale satisfaction. La lecture de la correspondance en complément de programme est là pour l’attester.
Faits Divers par Pierre Véry & Maurice Renault, réalisation Pierre Billard – pas de lien, diffusion le 14 août Le spectre à cheval (01/01/1957 Chaîne Parisienne) - pas de lien, diffusion le 14 août 2021 de Pham Van Ky bruitages Gabriel de Rivage prise de son Jean Delanduc avec Rosy Varte (Mrs Sadler), Henri Guisol (le détective Harley), Nelly Delmas (Miss Tamil Rhaman), Jacques Amyran (l’inspecteur Adams), Marie-Jeanne Gardien, Henri Virlojeux, Yves Duchateau. Rare dans « Faits divers », une histoire où le surnaturel est admis comme normal. Le point de départ n’est pas à proprement parler le résultat d’un sweepstake mais un songe qu’ont fait trois personnes. Ce songe donne le numéro gagnant de la course, et annonce la mort de l’un d’entre eux la nuit suivante dans des circonstances précises que chacun des trois va tenter d’éviter. L’histoire se passe à Singapour, pour donner un verni d’exotisme, mais de pacotille, vu les accents approximatifs que prennent certains acteurs. Petit tour de force de l’auteur, tout se passe dans une seule pièce, la chambre de Mrs Sadler. L’enquête est menée en partie par téléphone, et bienheureusement la fenêtre de la pièce donne sur des personnages louches qui vont vite atterrir là où il faut : chez Mrs Sadler. Sinon, le suspense est on ne peut plus classique, mais efficace, c'est un truc qui marche à tous les coups : trois personnes, une seule doit mourir avant la fin de la nuit. En plus, l’auteur sait maintenir l’attention des auditeurs avec des dialogues qui titillent l’imagination : « Le détective Harley : J’ai fait mon éducation sexuelle dans un dictionnaire. Mme Sadler : J’espère qu’il était illustré. »
Les rubriques. En plus du club Beaumont/Régent, le concours « attention aux machines ». Les auditeurs doivent trouver les moyens les plus logiques pour éviter les accidents qui sont soumis à leur perspicacité. Le but est de « développer l’esprit de sécurité ». Pas de nouvel accident dans ce numéro, car Maurice Renault en ce jour de l’an 1957 veut souhaiter le meilleur à tous sans jouer au triste sire avec des catastrophes. La question du jour, formulée comme une injonction, sera donc « indiquez dix conseils d’ordre général de nature à prévenir les accidents de travail. » La question-injonctive complémentaire sera « trouvez un slogan se rapportant à la sécurité dans le travail. » Les auditeurs doivent se bouger pour répondre avant la fin de la semaine suivante sur une seule feuille de papier « commercial courant utilisée d’un seul côté ». En revanche, les résultats du concours précédent foutent en l’air l’ambiance festive de ce jour de liesse générale. Le concours précédent : accident mortel lors d’un transport en camionnette de matériel et de personnel. Comment aurait-il fallu s’y prendre pour éviter un tel carnage ? Les recommandations nous sont données par les auditeurs futés qui ont épluché tous les arrêtés parus à ce sujet.
La chronique de Germaine Beaumont : Deux romans ont ravi Germaine, ce qui, comme signalé dans un précédent billet, s ‘équilibre parfaitement avec les films descendus par Roger Régent juste après. « Pendez le notaire » de Jean Bommart a un excellent titre, puisqu’un notaire y est effectivement pendu. Le seul hic, c’est que ce notaire était déjà mort lorsqu’il fut pendu. Germaine nous offre la lecture de la quatrième de couv’, tout en nous avouant que ce notaire, elle l’aurait bien rependu malgré son décès trop tôt survenu, tant il méritait sa double peine, dont une sans douleur hélas. Second roman « L’assassin a les mains nettes « d’Alain Serdac. Un vieil homme tyrannise sa famille, mais hélas encore, on le retrouve noyé dans un canal. Qui a bien pu tuer celui que quasiment tout le monde voulait tuer ?
La chronique de Roger Régent : Roger est tombé sur deux films oubliables et oubliés. Mais qu’est-ce qui le pousse aussi sans cesse vers les derniers Jean Delannoy ou Henry Koster ? « Notre-Dame de Paris » d’abord. Roger a aimé les couleurs et les décors. Il aime aussi Jean Delannoy, Jean Aurenche et Jacques Prévert, bien qu’ils aient fait un fort mauvais film quoiqu’expérimental. Expérimental ? Ces deux heures de film sont des images mises bout à bout – textuel - et nous pourrions changer l’ordre de ces images sans que cela change le film d’un iota. Ce serait à essayer, il n’est pas certain que Roger ait raison. Le film pourrait peut-être y gagner. Comme dans la version radiophonique signalée plus haut, le film est centré sur les tourments libidinaux de Claude Frollo.
Hollywood « nous envoie » un film d’Henry Koster. Ce sera le second film de la semaine à Roger. Il est allé voir « Au sixième jour » en pensant d’abord que ce serait un film de guerre. Mal lui en a pris, ce n’est qu’un soap-opera sur grand écran. « De bonne confection courante », c’est un film qui « se voit sans ennui, et que l’on aurait pu aussi bien ne pas voir. » Roger a trouvé les bons films, et les bons arguments, pour nous donner une envie irrésistible de ne pas en voir.
Et aussi Pages entomologiques de Jean-Henri Fabre - 6 - Le scorpion languedocien (23/08/1978) - pas de lien, diffusion le 15 août par Michel Anthonioz - avec Jacques Carayan et Pierre Teocchi (conservateur du Musée de l'Harmas à Sérignan) - réalisation Janine Antoine & Michel Créis lecture de Jacques Dufilho Dans ce sixième chapitre, Jean-Henri Fabre découvre les mœurs du scorpion languedocien, dont les nuits d’amour donnent à réfléchir. La femelle, loin d’être rassasiée après l’acte, est prise d’une telle fringale qu’elle a un besoin irrépressible de manger ce qui se trouve à portée de pattes.
Curly
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Contre-champ - Joé Noël, bruiteur (24/12/1970) - pas de lien, diffusion le 19 août par Dominique Varenne Un entretien avec le bruiteur Joé Noël, rejoint à la fin par son fils, bruiteur lui aussi, Jean-Jacques Noël. Entretien bien décevant. Le fameux bruiteur, que nous entendons régulièrement dans les programmes des Nuits (cf la série Tintin de Nicole Strauss & Jacques Langeais ou Notre-Dame de Paris de Jacqueline Lenoir, voir billets disséminés dans ce fil) est livré à lui-même. L’intervieweuse ne le prend pas au sérieux, ne sait pas trop quoi lui demander. Joé (qu'elle prononce Djoé) assure un minimum avec sa bonne humeur, fait une petite démonstration, commence à raconter ses expériences dans son garage, durant lesquelles il met au point de nouveaux bruits, mais Dominique Varenne ne cherche pas à aller plus loin. Long développement sur la famille tout ça tout ça, manquent juste les considérations sur la météo... La carrière de l’homme, qu’il évoque trop rapidement, ainsi que son art, passent trop vite à la moulinette. Il parle de music-hall, pour lequel il a travaillé durant plusieurs décennies, jusqu’en 1965, et d’un numéro qu’il y fit. Nous aimerions savoir en quoi il consistait exactement. Il a, semble-t-il, travaillé pour le cinéma au temps du muet, il en parle dans la quatrième partie de Cinéromans de Philippe Esnault (diffusé dans les Nuits sans qu’un lien demeure actuellement disponible) mais pas ici. Il a commencé à la radio en 1936, faisant aussi des imitations. Pas trop de détails ni d’anecdotes hélas. Comme l’entretien patine, il martèle qu’il est heureux, qu’il s’amuse. En compagnie de son fils, il évoque l’avenir du métier. Et en cela, les deux bruiteurs ont du nez. L’avenir pour eux, c’est le cinéma. Si la fiction radiophonique s’est réduite considérablement au fil des années, le cinéma, lui, utilise toujours des bruiteurs, pas seulement dans les dessins animés ou les films à gros effets spéciaux, loin de là. A partir de sa démonstration d’un incendie fait avec une boîte à cigare, Joé Noël réussit à démontrer le pouvoir de suggestion des bruitages. Nous entendons au début un bruit de froissement de papier - puisque le bruiteur nous a donné dès le départ son truc -, mais progressivement nous imaginons cet incendie. Un vrai bruit d’incendie aurait été moins évocateur. Dans les films, y compris ceux qui se veulent « réalistes », les bruiteurs interviennent, mais cette intervention reste imperceptible, car souvent le vrai bruit, celui capté par le micro de l’ingénieur du son, a un moindre pouvoir de suggestion que celui fait artificiellement par le bruiteur. Mais ça, la productrice de l’émission n’y pense pas, parce que pour elle le bruiteur est juste un gugus rigolo. En générique, une chanson de Gilbert Bécaud, « Silly Symphonie », où l’on peut entendre Joé Noël dans ses œuvres.
Mardis du cinéma - Henri-Georges Clouzot en clair-obscur (07/05/1985) - diffusion le 19 août 2021 par Philippe Esnault - avec Jean Clouzot dit "Jérôme Géronimi" (romancier, scénariste, dialoguiste, acteur), Philippe Pilard (réalisateur, critique), Michel Pezin (assistant réalisateur) et Max Douy (décorateur) - avec Henri-Georges Clouzot enregistrée en août 1970 à Avignon - réalisation Claude Giovanetti Philippe Esnault, dont il fut question déjà à plusieurs reprises ici-même, a dès les années 50 accumulé des enregistrements d’entretiens dans le but de constituer une mémoire du cinéma français. Les entretiens, qui servent de point de départ à ses émissions, sont coupés, montés, combinés entre eux. Ici il remonte des extraits d’un entretien d’une heure déjà diffusé en 1970 dans le cadre de l’émission « Avignon 1970 – Cinéma sur la place » diffusé le 28 août de la même année. L’émission est plus le portrait du réalisateur qu’une analyse de son œuvre. Son frère, qui co-écrivit l’ensemble de ses films, son assistant-réalisateur durant les années 60, y compris sur L’enfer, repris par Claude Chabrol au début des années 90, ainsi que Max Douy, sont les proches collaborateurs qui apportent des témoignages précieux sur les méthodes de travail musclées de Clouzot. Philippe Esnault mène son entretien avec rigueur, allant jusqu’à suggérer au réalisateur lesquels de ses films sont les plus réussis !