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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard    Page 8 sur 9

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Curly 


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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 18 Aoû 2024, 09:46

Mystère, mystère

La mort du pêcheur (31-03-1970)
de Jean Chatenet
avec Berthe Bovy (Tante Maguy de Vilette), Arlette Thomas (Solange), Annick Korrigan (Monique), Christian Riehl (Ivan)
La copie conservée par l'INA est celle de la reprise dans "L'anthologie du mystère", France Inter, 1996, la musique du générique est la seconde (utilisée de septembre 54 à juillet 57) composée par André Popp pour "Faits divers". Pierre Billard assure la courte présentation. Il y présente Jean Chatenet, auteur passé à la télévision, et explique le sens du titre, ce qui ne parait pas très utile à l'auditeur qui va découvrir la pièce (donc le sens du titre) sauf peut-être pour un rappel orthographique (pécheur / pêcheur).
La bonne tante Maguy, qui porte plutôt les 83 printemps de Berthe Bovy (1987-1977) que les 65 de son personnage, annonce fièrement qu'elle est prête à tirer 30 ans de plus sur ce bas monde. Elle attend le retour de son neveu, le gentil Ivan, accompagné de sa future, Monique, tout aussi gentille. Trop de bonté, ce n'est pas possible, nous sommes dans "Mystère, mystère". Heureusement, Arlette Thomas, la dame de compagnie, est là. La présence de cette actrice met tout de suite la puce à l'oreille. Elle annonce séèchement qu'elle quitte Madame pour de meilleurs cieux, et que sa présence dans la maison est incompatible avec celle de ce pas si gentil Ivan. Le meurtre du titre a été commis avant le début de la pièce. Le bon tonton a eu un bête accident, provoqué, selon les dires de Solange / Arlette par ce neveu qui cache gentiment son jeu. Il revient chez sa tata pour toucher le pactole, puisqu'elle est le second et dernier rempart qui le sépare de l'héritage à tata.
Jean Chatenet exploite habilement la situation de cette vieille femme entourée de jeunes gens qui semblent ne pas agir avec beaucoup de sincérité. Mais peut-on savoir qui ment le plus ? La dame de compagnie, ou le neveu ? Quant à la future de ce dernier, bien que fort gentille, elle reste cantonnée dans un rôle très secondaire.
Ce moment où l'on ne sait lequel des deux manipule la tata, qui panique à l'idée d'être assassinée par son gentil Ivan, ce moment d'incertitude est le plus saillant de la pièce. Autre moment très incertain, mais cette incertitude reste de courte durée, la chute de Berthe dont on ne sait – magie de l'absence d'image – s'il s'agit d'un évanouissement ou d'un meurtre.

                                                                                ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Oper2748
                                                Berthe Bovy dans "L'affaire Maurizius" (1954) de Julien Duvivier, en compagnie de Charles Vanel.

Les mains propres (16-05-1972)
de Jeannine Raylambert
avec Rosy Varte (Mme Drumont), Henri Poirier (le commissaire), Pierre Leproux (Edgar Jacquin), Sylvain Joubert (Olivier Drumont), Arlette Thomas (Elsa Drumont)

Le générique annonçe les "Maîtres du mystère" car c'est une nouvelle diffusion de la pièce sur France Inter, le 18 août 1998, à l'initiative du producteur Patrick Liegibel.
Jeannine Raylambert sait, comme bien des auteurs, que les mythes grecs contiennent suffisamment de bons ingrédients prêts à être réutilisés, adaptés, transformés. La tragédie peut aisément devenir un récit criminel, et des plus atroces.  
Donc, après "Britannicus" devenu "Tout sucre tout fiel" (19-11-1968), voici "Les mains propres" d'après la tragédie d'"Electre", sans doute la version Sophocle, mais rien n'est moins sûr, tant les transformations effectuées sont importantes.
Rosy Varte baigne dans son élément lorsqu'il faut interpréter la veuve faussement éplorée mais bien vite joyeuse. Elle semble se parodier, la situation étant suffisamment scabreuse pour s'y prêter. De même la sécheresse, le cynisme, et l'ironie des deux enfants qui accueillent fraichement l'amant Edgar Jacquin apporte un peu d'humour noir, les interprètes y étant pour beaucoup.
Le jeu des acteurs qui incarnent les deux enfants,  Elsa et Olivier, âgés respectivement de 18 pour Elsa et 21 ans, est proche de celui des tragédiens, surtout dans les scènes où ils sont seuls. Arlette Thomas et Sylvain Joubert sont invités à surjouer leur nervosité, leur agitation émotionnelle, en vitupérant de manière passionnée. Cela oriente la pièce vers la tragédie, ce type de jeu étant inusité d'ordinaire dans l'émission.
L'intrigue d'Electre a été quand même "élaguée". Le frère n'y fait pas grand chose, il laisse la vedette à sa sœur.
Le père est mort en pleine mer, alors qu'il faisait un petit tour sur son voilier, non pas en Grèce, mais en Bretagne. Les deux amants coupables, sont au départ les cibles des enfants, mais Jeannine Raylambert fait preuve de pudibonderie en n'allant pas au bout de la tragédie annoncée. Les deux enfants veulent tuer leur mère et son amant, mais se rabattent bien vite sur l'amant seul. L'enjeu étant de savoir lequel des deux, d'Elsa ou d'Olivier, va passer à l'acte et venger leur père. Un enjeu franchement moins intéressant que celui de l'histoire d'Electre, dans laquelle on ne lésine pas sur les horreurs dans le dénouement, puisque matricide il y a.


                                                                                    ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen11
Le commissaire Henri Poirier, cette fois-ci dans "Solo" (1969) de Jean-Pierre Mocky (de dos sur la photo),  qui l'a utilisé comme second rôle dans nombre de ses films.

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 21 Aoû 2024, 09:16

Mystère, mystère

Meurtre après inventaire (05-01-1971)
de Jeannine Raylambert
avec André Valmy (Ivan Catelain), Jacques Morel (le commissaire), Édith Loria (Mariette Catelain), Jean-Marie Fertey (Marc Simonet), Pierre Constant (Gilbert Flamand) Jean-Jacques Steen

La copie conservée par l'INA est celle d'une nouvelle diffusion dans "L'anthologie du mystère" de Pierre Billard, sur France Inter en 1990.
Comme la pièce repose sur le tempétueux, colérique et tonitruant André Valmy, et qu'en plus, Jeannine Raylambert a choisi de le marier à la frêle et timide Édith Loria, le comique n'est jamais loin de la tragédie. Le personnage de Ivan Catelain est improbable : maquettiste (pourquoi pas) pratiquant la photographie en amateur (c'est son alibi), donnant des brassées d'argent à un ami avec qui il s'entend moyennement et qui ne le rembourse jamais, s'énervant facilement, et, le meilleur pour la fin, ayant acheté un pistolet, qui, pas de chance, a servi à tuer son emprunteur.
Le prénom d'Ivan provient d'un ascendant d'origine russe, qui lui a aussi peut-être légué un cliché associé à ce bon peuple : la colère facile.
Nous sommes chez Jeannine Raylambert, donc le début se fête au champagne, qui aurait pu être suivi du cognac, mais ce dernier n'a pas pu arriver dans le gosier de nos héros, il faisait partie du butin des cambrioleurs qui ont décidément volé un peu n'importe quoi.
En guise de préambule, Ivan procède à une démarche auprès de la police pour se procurer légalement un arme, afin de se protéger.
Ellipse, et passage chez l'ami qui lui doit des sous mais qui ne donnera rien. Tout depuis le début indique que Ivan Valmy est coupable, archi-coupable, donc, si l'on suit la logique, rigoureusement innocent. Le cousin surprend des menaces proférées par Ivan, qui le ramène ensuite chez lui. Pauvre Ivan, cambriolé dans les grandes largeurs.
Autre catastrophe : l'ami qui lui devait plein de sous est retrouvé mort, tué par le fameux pistolet.
Chaque acteur interprète son rôle habituel, enfin presque : Valmy, le débonnaire commissaire Jacques Morel, la frêle Édith Loria, le peu scrupuleux Pierre Constant, et le cousin de confiance Jean-Marie Fertey.
L'un des acteurs fait in extremis faux bond, déjoue nos attentes, Jeannine Raylambert souhaitant un fois de plus montrer que le coupable doit être l'une des personnes a priori les moins suspectes. Le coupable se trahit bêtement en donnant une information qu'il n'était pas censé connaître, air connu, mais pratique pour arriver vite et bien au dénouement.
La pièce, pas franchement comique, mais non dénuée d'humour, penche plus du côté de la légèreté que de la tragédie, le jeu des acteurs ne trompe pas.
Jeannine Raylambert semble se moquer gentiment des conventions du genre, les petites révélations tombant pour faire avancer à point nommé l'intrigue, sans s'embarrasser trop de vraisemblance. La scène où le coupable est confondu et cuisiné par le commissaire est volontairement bâclée, les aveux viennent bien vite, car chacun sait qu'un interrogatoire trop long serait bien vite ennuyeux, du moment où nous avons l'explication complète du cambriolage, et du meurtre.
Durant celui-ci, la balle tirée n'est entendue de personne, en raison de la soirée tévé qui occupe tous les esprits. En 1971, la radio n'est plus l'attraction principale des foyers, et cela explique aussi les évolutions esthétiques des fictions radiophoniques. "Mystère, mystère", plus intimiste que les "Faits divers" et "Maîtres du mystère" d'antan, colle mieux aux nouvelles habitudes d'écoute des auditeurs.

                                                                                                                   Morel / Valmy

Jacques Morel fut artiste de music-hall au début des années 40.

Son numéro de chanteur-imitateur dans "Seul dans la nuit", un film de Christian Stangel (1945). J. Morel a alors 23 ans.

                                Morel, alias Raymond Melor, chanteur

''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Morel_10

                                                                                                                                            Morel sur le point d'être cuisiné par l'inspecteur Bernard Blier.

                                                                                                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Morel_11

                                                                Morel-Michel Simon

            ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Morel_12

                                                                                                               Morel-Fernandel (La scène s'achève par une brève imitation de Bernard Blier.)
                                                                            
                                                                                                                ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Morel_13

André Valmy a fait, un peu comme Morel, de brèves apparitions au cinéma. Dans "Si tous les gars du monde" de Christian-Jaque (1955), il interprète un rôle plus important, sans avoir toutefois la vedette, puisque c'est ce que l'on appelle un film-choral. Il y est marié à Bernadette Lange (photo à suivre dans un prochain billet).

                                                            Capitaine Valmy

        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Valmy_10



                                                                                                                       & Capitaine Valmy sur le point de mettre une beigne à l'un de ses moussaillons

                                                                                                                         ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Valmy_11

Un grand merci à M. pour le savant repérage de Morel dans "Seul dans la nuit".

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Ven 23 Aoû 2024, 08:52

Les mystères de l'été

Le fils (17-08-1971)
de Alain Franck
avec André Valmy (André Chaput), Maurice Sarfati

La copie conservée par l'INA est celle d'une nouvelle diffusion dans "L'anthologie du mystère" de Pierre Billard, sur France Inter en 1994 (les dates exactes de diffusion de cette anthologie ne sont jamais précisées par l'INA)
A partir de 1963, "Les maîtres du mystère" deviennent entre fin juin/ début juillet et octobre (début de la grille de rentrée) "Les mystères de l'été". Ce sont essentiellement des rediffusions.
La transformation des "Maîtres" en "Heure du mystère" et "Mystère, mystère" ne change rien au programme estival. Cependant, à partir de 68, Pierre Billard a l'occasion d'enregistrer de nouvelles pièces plus régulièrement, et les rediffusions prennent alors une bien moindre place. Elles sont enregistrées dans les stations locales de France Inter, et, pour des raisons de logistiques, imposent une contrainte : peu d'acteurs.
Pour "Le fils", Pierre Billard utilise pour la première et dernière fois dans cette émission Maurice Sarfati, voix radiophonique aisément identifiable (il est le Tintin des adaptations de Nicole Strauss et Jacques Langeais, France II Régionale, 1959-63). Comme son compère André Valmy, il est aussi un acteur qui a beaucoup travaillé dans le doublage. Le Tintin radiophonique peut être plus inquiétant, surtout lorsqu'il devient la voix française de Robert De Niro dans "Taxi Driver" de Martin Scorsese.
Maurice Sarfati, malgré sa présence en tant qu'acteur dans les fictions radiophoniques des années 60/70, n'a pas fait partie de l'équipe Beaumont / Billard. Outre ce "Fils", il a joué dans seulement deux "Heure du mystère" en 1969, alors qu'au contraire, André Valmy est un grand habitué.
Les personnages de la pièce collent parfaitement aux voix des acteurs. André Chaput / Valmy est un patron qui gère ses affaires sans aucune pitié pour ses adversaires, et Jacques Lutange / Sarfati un fils longtemps disparu qui fait miraculeusement surface auprès de son père trente ans après sa naissance fin 1940. Les affaires du père ne sont jamais nommées, on ne sait pas exactement dans quel domaine il travaille exactement et nous ne le saurons jamais. Alors que le fils, lui, affirme faire commerce de bois exotiques à Marseille.
Alain Franck suit rigoureusement le schéma suivant : une seule scène de près d'une heure, deux personnages qui jouent au chat et à la souris et cherchent à prendre le pouvoir sur l'autre. Tous les mensonges sont permis, ils sont tous deux maîtres en la matière, mais l'un plus que l'autre.
Un modèle du genre : "Sleuth" d'Anthony Shaffer (1970), adapté en 1972 au cinéma par Joseph Mankiewicz.
Les confidences que les deux personnages se font sont truffées de mensonges noyés dans quelques vérités qui, elles seules, surnageront à la fin. André Valmy, au début sur sa réserve, sort rapidement ses griffes de tueur sans pitié, ne négligeant aucun coup tordu pour supprimer sa proie. De même le fiston, sous son séduisant aspect juvénile, essaie d'attendrir son paternel afin de le faire tomber dans les mailles de ses filets. Chacun fait mine de tomber dans un piège, pour mieux se relever et en tendre un nouveau. La scène cruciale est celle du suicide d'un rival en affaires, dont le fils Sarfati connaît étrangement tous les détails. Il semblerait que cette mort, le père Valmy en soit responsable. Mais vu le nombre de retournements de situation, rien n'est moins sûr.

                                       Maurice Sarfati, entouré d'Anthony Quinn & Maurice Ronet dans "Les centurions" de Mark Robson (1966)

                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Oper2782

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 25 Aoû 2024, 09:41

Mystère, mystère

Névrose (21-03-1972)
de Charles Maître
avec Bernadette Lange (Simone Delfosse), Jean Topart (Philippe Delfosse), Bérangère Dautun (Brigitte Farrel), André Valmy (Arsène Delfosse), Jean Péméja (l'aubergiste)

La copie conservée par l'INA est celle d'une nouvelle diffusion dans "L'anthologie du mystère" de Pierre Billard, sur France Inter en 1994.
L'affrontement entre les deux voix massives, puissantes, que sont celles de Valmy et Topart n'aura pas lieu. Pourtant, Charles Maître avait tout mis en place pour un final grandiose, qu'il esquive totalement de deux manières : le somnifère, puis l'ellipse.
La mise en place est habile, le personnage de Brigitte Farrel est d'entrée de jeu présenté comme victime d'un complot. En un coup de fil et une combine avec un aubergiste, le piège est tendu, et Brigitte se présente dès sa première apparition comme une victime. Les voix féminines sont soigneusement choisies, Bérangère Dautun incarnant une femme "bien en chair" et heureuse de vivre, et Bernadette Lange, inversement, une femme éteinte, réservée, subissant les humeurs de son mari. Après cette mise en place, longue mais riche en ce qu'elle contient suffisamment d'éléments pour un terrible drame, la chute déconcerte, non pas en ce qu'elle est plus abrupte qu'à l'accoutumée (un bout de flash info à la radio et tout est bouclé), mais en ce qu'elle coupe les acteurs dans leur élan. Jean Topart tombe progressivement dans la folie. L'acteur réussit à marquer l'évolution de son mal, mais la scène de bravoure attendue avec son parfait opposé, le tonton Arsène, puissant, protecteur, hédoniste, et sain d'esprit, n'aura pas lieu. Toute la fin voit plusieurs personnages tomber sous le coup de somnifère, avant l'arrivée de la boucherie.
La confrontation des deux couples de personnages, les sinistres Lange / Topart, et les bons vivants Dautun / Valmy provoque quelques scènes dissonantes, mais Maître semble s'être arrêté en cours de route. Le personnage d'Arsène est au début trouble puisqu'il nous fut introduit par la description du neveu, description très subjective. Avec ce mariage arrangé avec une jeune femme de 26 ans qui lui est amenée en pâture par son neveu, persuadé, à raison, que c'est la femme qu'il faut à cet homme âgé de 60 ans, Charles Maître provoque un certain malaise, évacué progressivement, lorsque le caractère du tonton et de la jeune femme est plus précisément cerné. Ce malaise se déverse en contrepartie sur le neveu, dont la névrose du titre devient évidente.
Pierre Billard a pris l'habitude dans ses réalisations de marquer les changements de scènes par un simple et court moment musical (ici une intro de type variété des années 70), le même, répété durant toute la pièce. Cette pièce étant divisée en de multiples scènes, la répétition vire à l'obsession, jusqu'à plonger les auditeurs, eux aussi, en pleine névrose.

                                                              Bérangère Dautun, entourée de Pierre Perret et Henri Virlogeux, dans "Les patates" (Claude Autant-Lara, 1969)

                                                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Patats10


Levez la main droite (30-10-1973)
de Jeannine Raylambert
avec Pierre Delbon (Gilles Bellière), Bernadette Lange (Madeleine Le Hardouin), Henri Crémieux (monsieur Bonamy), Lisette Lemaire (madame Tanguy), et Henri Poirier, Charles Charras, , Jean-Marie Fertey, Pierre Marteville, Marcel Lestan

La copie conservée par l'INA est celle d'une nouvelle diffusion dans "L'anthologie du mystère" de Pierre Billard, sur France Inter en 1990.
Une pièce de procès, avec un titre des plus banals, mais qui résume bien le problème soulevé par le témoin Delbon / Bellière.
Jeannine Raylambert a su condenser efficacement plusieurs jours d'audience en peu de temps, et même intercalé entre les deux scènes de procès deux autres scènes durant lesquelles notre témoin reçoit deux visites qui le soumettent à deux tentations, l'amour et l'argent. Les deux personnages qui apparaissent hors-procès sont de ce fait les plus développés, avec bien sûr Bellière. On comprend que leurs fortes pressions sont susceptibles de modifier plus ou moins le témoignage. D'ailleurs, chose amusante, le récit du jeune homme dans la première scène, qui est censé être un témoignage de la défense, pourrait aussi bien être un témoignage à charge.
Parmi les quelques bonnes idées qui surnagent, celle de commencer la pièce à la fin du procès, de laisser les avocats au second plan (Jean-Marie Fertey, toujours prompt à la défense) pour laisser la parole à un témoin, alors que nous ne savons rien de l'affaire.
Ce témoin bafouille, n'est pas sûr de ce qu'il a vu et entendu, et le choix de Pierre Delbon soulève tout de suite le doute. Son récit est tellement improbable (il était devant la scène du crime, mais il n'a presque rien à en dire, il lisait...) que seul son serment de dire toute la vérité, et le fait de ne pas être présenté comme un témoin de premier plan, lui permet de s'en sortir sans trop de casse.
Suit un second témoin, l'impayable Lisette Lemaire, qui vient mettre  le jeune Bellière le nez dans ses contradictions, mais là non plus, cela devient pittoresque et ne prête pas à conséquence, l'accusé étant déjà grillé bien avant ces deux récits.
Par son soucis de centrer son histoire sur le témoignage du seul Bellière, Jeannine Raylambert laisse dans l'obscurité l'histoire de la haine entre les deux beaux-frères, les deux sœurs et épouses ayant été victime peu de temps auparavant d'un soit-disant accident de la route. Le décor du crime ne manque pas d'évoquer un paysage hautement bucolique, avec ce grand étang, ces terrains mitoyens où il fait bon camper, lire, et surtout pêcher. Une vraie invitation au farniente. D'ailleurs, le témoin Bellière, jeune homme de déjà trente ans, se plait vraiment dans ce beau paysage.
Sans lien logique (?) : il confesse être étudiant en sociologie.

                                                                 Bernadette Lange dans "Si tous les gars du monde" (Christian-Jaque, 1956)

                                                              ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen12

                                                                                                        Complément Jacques Morel

                                                            Morel-Fernandel dans "Seul dans la nuit", un film de Christian Stangel (1945)
                                                                            
                                                           ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Morel_13

                                                    Morel (de Castel-Vernac) & Fernandel dans "Topaze" de Marcel Pagnol (1951)

''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen13 ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen14

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 28 Aoû 2024, 07:25

Mystère, mystère

Eve et les pommes (07-04-1970)
de Charles Maître
chef opérateur du son René Cambien
collaboration technique Guy Testa [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Marcel Bozzuffi (commissaire Louvin), André Valmy (commissaire Renard), Jean Topart, Jean Mauvais, Jacques Sapin, Marie-Josée Mainty, Marie-Jeanne Gardien

Une enquête à la Maigret, avec non pas un mais deux commissaires, Louvin assurant le travail de terrain assuré d'ordinaire par un inspecteur. Mais peut-être Maître n'a pas voulu désobliger Marcel Bozzuffi en le rétrogradant. Le commissaire Renard est un personnage qui n'en est pas à sa première apparition dans les pièces de Charles Maître. Il était interprété précédemment par Jean-Marie Fertey, c'est dire la cohérence du personnage (cf "Soupçons gratuits", 29-11-1966).
Ici, Valmy joue à Maigret, et d'ailleurs l'enquête en lieu clos oblige à une étude, sommaire certes, de tous les habitants d'un immeuble de cinq étages. Parmi les cinq occupants, deux sont heureusement indisponibles, pour les bienfaits du déroulement d'une histoire limitée dans le temps. De fait, Charles Maître n'avait pas besoin d'eux, il avait à sa disposition un nombre suffisant de suspects, les "pommes" d'Eve. L’interprétation du couple de grands bourgeois, à qui il a été demandé de prendre un accent pincé, sent tellement peu le naturel qu'il tombe à plat, la pièce n'ayant pas la prétention au comique. Jean Topart, par contre, est toujours à l'aise, ici dans un rôle qu'il maîtrise parfaitement, celui du célibataire rongé par un lourd secret, le secret étant plus important que sa révélation.
Le début de la pièce montre le quotidien du commissariat exceptionnel, où deux commissaires enquêtent sur la même affaire, l'un des deux étant l'auxiliaire du super-commissaire Valmy.
Tout commence par une morte, celle de la pipelette dénommée Évelyne, mais que l'auteur préfère appeler Eve pour les besoins du jeu de mots du titre. Tout indique qu'elle s'est suicidée. Le mot  retrouvée sur place est court mais éloquent : "J'en ai marre".
Or, à travers d'abord la visite du commissaire Bozzuffi dans l'immeuble, puis les convocations dans le bureau de Valmy, il apparaît que le frère de la défunte, ainsi que tous les occupants de l'immeuble interrogés sont de sérieux suspects. La jeune pipelette de 28 ans est un personnage modèle des récits criminels, elle est celle dont tout le monde souhaitait la mort.
Le dénouement utilise, maladroitement, la ficelle habituelle : un suspect arrêté, un peu vite il est vrai, et un second suspect qui vient de son plein gré pour s'accuser du crime. Le respect des conventions, que Charles Maître aurait pu négliger, à la manière d'un Fred Kassak par exemple, ou d'un Louis C. Thomas, oblige à ce dénouement fracassant, et le véritable coupable aurait très bien pu laisser les choses suivre leur cour sans être autrement inquiété. Ses aveux, et le court drame qui s'ensuit, est la preuve qu'il savait très bien que les cinquante minutes réglementaires arrivaient à terme et qu'il fallait donner un coup de pouce aux enquêteurs afin que Pierre Billard puisse envoyer le générique dans les temps.

                                                                               "Compartiment tueurs" de Costa-Gavras (1965)

                                                                    ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen15

                                                                                                            Inspecteur Valmy au travail

                ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen16
                                                            
                                                                                                            André Valmy, Yves Montand, Jacques Dynam

Un amour de belle-mère (21-04-1970)
de Louis C. Thomas
chef opérateur du son René Releau [?]
collaboration technique Raymond Garcia
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Christian Alers (Jacques), Maria Tamar (Éliane), André Valmy (Georges), Jean-Pierre Lituac (le commissaire), Andrée Tainsy (la belle-mère), Gaëtan Jor

Est-ce voulu ou non ? Nous ne le saurons jamais, tant les figures imposées de l'émission obligent à labourer un terrain précis, et bien délimité. Quelques semaines auparavant, le 3 mars, "Qui rira le dernier" utilisait le même point de départ : un anonyme propose de supprimer, moyennant finance, un proche très encombrant.
Malgré cet élément commun, les deux pièces sont très différentes, les développements choisis par les auteurs n'ont rien à voir entre eux.
Louis. C. Thomas utilise les recettes du théâtre de boulevard pour les  fondre dans le récit criminel : le mari, la femme, l'amant.
Ce trio est interprété par de grands habitués, Maria Tamar, Christian Alers, l'amant, et bien sûr André Valmy. En plus de sa femme qui le trompe avec son meilleur ami, un avocat, il rencontre des problèmes d'ordre financiers, et sa belle-mère le déteste. Il reçoit durant plusieurs semaines des lettres anonymes l'invitant à supprimer sa belle-mère, donc par la même occasion ses soucis financiers.
André Valmy joue l'honnêteté absolue, alors qu'il est le coupable idéal. Le couple d'amants qui ouvre la pièce a peur, parce que justement le mari décide de jouer franc-jeu, et que cette lettre anonyme pourrait révéler leur amour adultérin.
L'auteur déjoue les attentes des personnages, et des auditeurs, en choisissant les complications : tout va se passer comme prévu dans les lettres, malgré les précautions prises, et le mari va vite être soupçonné. Les preuves s'accumulent, et sa femme se retourne violemment contre lui. Comme Louis C. Thomas n'a pas choisi la facilité, le dénouement paraît un peu alambiqué. Afin de suivre la règle du jeu habituelle, le coupable n'est pas la personne que l'on soupçonnait le plus, puisque a priori il n'avait aucun mobile. Mais le complot est un peu tordu sur les bords. Bien malin qui pourrait le deviner avant qu'il ne soit révélé dans les dernières secondes.
Force est de constater qu'André Valmy est une attraction à lui tout seul. Il allie puissance et subtilité, et dans son rôle de mari trompé, réussit à, sans donner l'air d'y toucher, utiliser les perches tendues par l'auteur pour basculer dans l'humour, notamment dans la scène où les différentes lettres anonymes sont successivement révélées.

                                                                                                « L’horloger de Saint Paul », Bertrand Tavernier (1974)                        

                    ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen17
                                                                                          
                                                                                       Andrée Tainsy

                                                                                                                             ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen18

                                                                                                                                                                                    Philippe Noiret, Andrée Tainsy

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 01 Sep 2024, 08:48

Mystère, mystère

Qui vient de loin (05-05-1970)
de Jeannine Raylambert
prise de son Basile de Nabrotsky [?]
collaboration technique Yvette Hubeau [?]
bruitages Joé Noël

avec Bernadette Lange (Gisèle), Pierre Delbon (Daniel), Arlette Thomas (Annette), Claude Richard (Toni)
Trois personnages mais uniquement des scènes à deux. Il convient à l'auditeur de reconstituer la moitié manquante du proverbe.. "Mystère, mystère", n'en est pas à son premier demi, mais à son troisième, les deux autres étant "Qui veut la fin" (09-12-1969) et "Qui rira le dernier" (03-03-1970).
Jeannine Raylambert construit sa machine en deux temps. Au moment où une affaire semble s'engager, une seconde la fait bifurquer. Rien d'exceptionnel dans les deux : un adultère, et un crime. Toni revient à Paris après trois années d'absence. Il s'était évaporé sans laisser d'adresse. À son retour, il reprend contact avec son ami Daniel. Daniel étant Pierre Delbon, il faut d'entrée de jeu se méfier, il y a anguille sous embrouille. La marque de fabrique de Jeannine : le retour est fortement arrosé, au marc cette fois-ci, car il faut plaisirs varier.
Dans la seconde scène, Bernadette Lange / Delbon, l'anguille est bien vite dénichée. Mais alors que cette histoire d'adultère menait à une impasse, un des personnages sort les gros moyens pour déboucher la situation.
Le meurtre est parfait, tout est propre, clair, net, lorsque sonne à la porte Annette, qui va tout démolir sans le savoir.
La grande scène Arlette Thomas / Pierre Delbon est certainement le gros morceau de la pièce. Les deux acteurs sont spécialisés dans les coups tordus. Arlette Thomas joue à la perfection la bonté, la gentillesse, la pureté, tout en laissant planer le doute sur sa sincérité.
Ici, elle fracasse point par point le plan élaboré par Pierre Delbon, avec une telle candeur que c'en est comique. Le récit bassement criminel rencontre la romance la plus parfaite. Sans ces interprètes, il aurait été facilement possible de tomber dans le pathos le plus gluant.

                                                            Arlette Thomas dans « J’irai comme un cheval fou » de Fernando Arrabal (1973)

                          ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen20        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen22

Feu à volonté (19-05-1970)
de Henri Kubnick
prise de son Jean-Claude Lagarde
collaboration technique Évelyne Grégui [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Yvonne Clech (Cécilia), André Valmy (Antoine), Évelyn Selena (Lucienne)

Henri Kubnick (1912-1991), parolier, producteur radio, inventeur de ce satané foutu "Jeu des 1000 francs", mais aussi écrivain (romans historiques, humoristiques...) signera pour "Mystère, mystère" quatre pièces (1970-71). Il reviendra, toujours ponctuellement, dans les "1001 jours" de Billard, en 1983-84 sur France Inter.
L'inventeur de ce jeu radiophonique éternel devait être nécessairement sadique sur les bords. Ce qu'il montre plus ouvertement avec cette pièce, où Kubnick est invité à y aller de bon cœur en raison du principe même de l'émission.
De fait il maîtrise parfaitement le maniement de l'humour noir.
Aucun coup de feu dans cette histoire, le feu du titre désignant un défunt. Une fois ce jeu de mots effectué, compréhensible dès les premières scènes, il convient de combiner trois personnages, le tempétueux André Valmy restant, pour une fois, au second plan. Afin d'exploiter toute la cruauté de la situation, Kubnick est prêt à tout. Les effets d'abord, la morale à la poubelle. Aucun des trois personnages n'a d'intention honnête et pure, et ils s'affrontent sans intervention policière. Une seule loi, celle de la jungle.
En passant, pour les besoins du récit, un discours de féministes on ne peut plus radicales s'exprime par les voix de Séléna et Clech. Un mari est une bonne chose, surtout lorsque cette chose est morte. Ensuite, à nous la liberté, la belle vie, surtout si le mort laisse une somme substantielle à sa veuve.
Ainsi, sous des dehors au début lénifiants (tout le monde s'aime, c'est  terriblement émouvant), ce trio va chercher à s'entretuer, sans que l'on sache avant la toute dernière scène qui voulait vraiment supprimer qui. Sans pitié pour eux, Kubnick laisse sa fin ouverte. Ouverte à d'autres meurtres cela va de soi.
Lucienne va consoler son amie fraîchement devenue veuve. Son mari  cherche à éviter cette scène pénible. Les pleurs d'une veuve, ce n'est pas possible. Alors que ce pauvre Edgar était son meilleur ami.
Or, première surprise, la veuve n'est pas si triste, et Lucienne laisse longuement couler ses larmes. Très vite, l'auditeur devine où Cécilia et Lucienne veulent en venir : à la suppression d'Antoine Valmy, qui fait preuve à certain moment de cruauté envers sa femme, conduisant celle-ci à passer à la vitesse supérieure.
Finalement, la situation de veuve est excellente à tout point de vue, démonstration à l'appui.
La suite, à base d'arsenic (les hallucinogènes sont toutefois à un moment envisagés) ne se déroule pas du tout comme prévu, le mari empoisonné se portant de plus en plus comme un charme.
Le dénouement complique les choses, et Kubnick offre même deux chutes à son histoire, la seconde ouvrant sur des perspectives tout aussi morbides.

                                          Yvonne Clech dans "Quand passent les faisans" d’Édouard Molinaro, dialogues Michel Audiard

                                                                                                                avec Paul Meurisse et Bernard Blier

                                                ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Yvonne10

                                                                                                                                 Le contrechamp

                                                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen19

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 11 Sep 2024, 13:53

Mystère, mystère

Un pistolet pour deux (02-06-1970)
de Charles Maître
chef opérateur du son Lucien Moncel [?]
collaboration technique Claude Salem [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Jean-Claude Michel, Bernadette Lange, Pierre Trabaud, Paule Emmanuelle, Jean Mauvais, Jean-Pierre Lituac, Jacques Sapin

La construction de la pièce est quelque peu biscornue, élément qui suscite d'entrée l'intérêt : impossible de savoir durant un long moment vers où s'oriente l'histoire.
Tout le début se passe dans le milieu carcéral. Le personnage principal, Jean-Claude Michel, est d'abord supplanté par un autre détenu, un prisonnier déplacé soudainement comme co-détenu. Charles Maître reprend le principe de l'indicateur, détenu chargé de gagner la confiance du présumé coupable pour avoir un aveu complet du méfait, en l’occurrence un simple matricide.
L'entretien pourrait durer, d'autant plus que le sujet est coriace. Après allées et venues dans le bureau du juge, la pièce change complètement de lieu, et d'ambiance : un couple, qui vient manifestement de passer du bon temps, sans problème particulier. Ils sont mariés depuis quelques années, tout baigne, madame se tape à peu près toutes les corvées, monsieur fait le pacha avachi dans son lit. La petite remarque de madame sur cette inégalité flagrante provoque un rire amusé de monsieur, qui en laisse un peu pour sa moitié. La scène est longue, et elle n'est connectée que tardivement avec la partie précédente de l'histoire. Si les deux personnages ont été longuement présentés, sans doute est-ce qu'il va falloir s'en méfier, qu'il vont apporter un nouvel élément propre à éclaircir le mystère mystère. Jacques / Jean-Claude Michel est sorti de prison, le voilà dans ce foyer. L'affaire du meurtre de sa mère est mise de côté, l'invité surprise souhaitant surtout fuir en évitant sa femme, qui est censée passer chez ces amis d'un moment à l'autre.
Tout cela pour aboutir dans une dernière partie à ce qui intéressait le plus Charles Maître, à savoir une histoire d'amour tragique. La clé de l'énigme est donnée au détour de la conversation, sans être particulièrement mise en avant, car les deux personnages savaient ce qui s'était passé en réalité. Le coupable réserve toutefois à son partenaire une ultime révélation.
Finalement, c'est histoire de couple qui se déchire pour des raisons plus ou moins claires, la fin justifiant un peu tous les moyens.
Le couple Trabaud / Emmanuelle sert de contrepoint au couple tragique. La longue scène entre Jean-Claude Michel et Bernadette Lange forme le meilleur de la pièce : rythme lent, émaillé de silences et de répliques à la limite du chuchotement. Un prélude à un drame qui restera "hors-micros".

Jean Mauvais, habitué aux seconds rôles, même pour « Mystère, mystère », en tenancier de bistrot dans « La maison des bois » de Maurice Pialat (1971). Sur la première photo, avec Fernand Gravey.

''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen31 ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen32

La visite imprévue (16-06-1970)
de Louis C. Thomas
prise de son Basile de Nabrotsky [?]
collaboration technique Jean-Louis Boissonnade [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Henri Poirier, Jean-Marie Fertey, Edith Loria, Evelyn Selena, André Var

Louis C. Thomas joue à l'imbroglio financier. Dans une agence de gestion d'immeubles, un des associés décède. Cela entraîne problème d'héritage, partage de parts et surtout risque découverte d'un trou dans la caisse. Pour une fois, Jean-Marie Fertey et Evelyn Séléna sont  comploteurs, qui délirent jusqu'à envisager un crime pour effacer l'ardoise. Les deux sont sans scrupule, surtout madame, qui s'est en plus endettée en ouvrant une parfumerie avec l'argent de la caisse.
L'arrivée d'un meurtre pour se débarrasser d'une dette apparaît excessive, mais dramatiquement efficace. Le schéma utilisé, une fois l'aspect financier mis de côté, est celui du crime parfait maquillé en suicide qui foire suite à un grain de sable, qui est ici un énorme grain, puisqu'il s'agit de la visite imprévue du titre.
Édith Loria, en épouse de l'associé restant, n'est pas totalement innocente non plus. Le choix de l'actrice est déjà un indicateur.
L'auteur s'attache dès le début à décrire la vie quotidienne de l'agence, son agitation, en utilisant un minimum de moyen (un immeuble à gérer, des problèmes de toiture), et insère dans ce tableau un élément anodin qui sera par la suite exploité par Fertey le filou : l'associé Chavigny (Henri Poirier) ne trouve plus ses lunettes.
Louis C. Thomas, sachant que le schéma est connu, peut se permettre quelques variations. Notamment lors de l'enquête policière. Le crime est parfait, aucun détail n'a été oublié pour que cela passe pour un suicide. En plus, Chavigny était particulièrement agité, suite au décès de son associé. Or, dès le début, le commissaire n'envisage pas autre chose que le crime. L'enquête est vite bouclée, alors que tant de précautions avaient été prises. Notre visite imprévue en est en grande partie la cause.
Aussi, petit suspense qui manque de faire s'étouffer Fertey le coquin durant quelques secondes : après avoir pris soin d'éloigner la femme de sa future victime à Strasbourg afin de procéder à son coup de feu pépère tranquille, voilà-t-y pas que la future victime souhaite l'accompagner.
Ces récits criminels, comme les contes, utilisent toujours les mêmes trucs, les mêmes schémas, il ne reste à l'auteur qu'à les utiliser avec suffisamment d'habileté pour surprendre encore les auditeurs.

Henri Poirier et son harem dans « Les compagnons de la Marguerite » de Jean-Pierre Mocky (1966). Sur la seconde photo, à droite de Poirier, Paola Pitagora & Claude Rich.

''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen29

                                                                                                                                           ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen30

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 11 Sep 2024, 19:12

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t940p70-les-maitres-du-mystere-et-autres-series-de-germaine-beaumont-pierre-billard#39838) a écrit:Mystère, mystère


La visite imprévue (16-06-1970)
de Louis C. Thomas
prise de son Basile de Nabrotsky [?]
collaboration technique Jean-Louis Boissonnade [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Henri Poirier, Jean-Marie Fertey, Edith Loria, Evelyn Selena, André Var

Louis C. Thomas joue à l'imbroglio financier. Dans une agence de gestion d'immeubles, un des associés décède. Cela entraîne problème d'héritage, partage de parts et surtout risque découverte d'un trou dans la caisse. Pour une fois, Jean-Marie Fertey et Evelyn Séléna sont  comploteurs, qui délirent jusqu'à envisager un crime pour effacer l'ardoise. Les deux sont sans scrupule, surtout madame, qui s'est en plus endettée en ouvrant une parfumerie avec l'argent de la caisse.

Dans ce numéro, une petite coquetterie d'écriture qui n'aura peut-être pas échappé à tous les auditeurs : lorsque Jean-Marie Fertey se défend bec et ongles contre les accusations du commissaire André Var, ce dernier martèle "La clé..." face à toutes ses objections. Un enchaînement de répliques plutôt inhabituel, dans un esprit classique, qui fait dresser l'oreille. Et quelques répliques plus tard, Fertey indique, comme alibi, être allé voir Le Malade Imaginaire au théâtre ce soir-là ("le poumon, le poumon, vous dis-je"). L'écriture des Mystères est un exercice tellement rodé que tout ce qui est inhabituel éveille immédiatement l'attention, on se dit qu'il y a une raison et il y en a souvent une, tant l'écriture taille dans tout ce qui ne sert pas directement l'intrigue.

Philaunet 

Philaunet
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Molière - Mer 11 Sep 2024, 21:57

Yann Sancatorze(https://regardfc.1fr1.net/t940p70-les-maitres-du-mystere-et-autres-series-de-germaine-beaumont-pierre-billard#39840) a écrit:Dans ce numéro, une petite coquetterie d'écriture qui n'aura peut-être pas échappé à tous les auditeurs : lorsque Jean-Marie Fertey se défend bec et ongles contre les accusations du commissaire André Var, ce dernier martèle "La clé..." face à toutes ses objections. Un enchaînement de répliques plutôt inhabituel, dans un esprit classique, qui fait dresser l'oreille. Et quelques répliques plus tard, Fertey indique, comme alibi, être allé voir Le Malade Imaginaire au théâtre ce soir-là ("le poumon, le poumon, vous dis-je"). L'écriture des Mystères est un exercice tellement rodé que tout ce qui est inhabituel éveille immédiatement l'attention, on se dit qu'il y a une raison et il y en a souvent une, tant l'écriture taille dans tout ce qui ne sert pas directement l'intrigue.
Autre petite trace de Molière ? À 23'56 : "Ah le tartuffe !" (M. Ermant /J.-M. Fertey parlant de Chavigny après les "révélations" de sa fiancée).

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 15 Sep 2024, 09:03

Mystère, mystère

La Parque blême (29-09-1970)
de Jean Chatenet
prise de son Robert Pirel
collaboration technique Yvette Hubeault [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
assistant Pierre Bodin
avec Maria Tamar, Évelyne Dandry, Pierre Fromont

Jean Chatenet a tenté un petit tour de force : une seule scène, trois personnages, pour un huit clos qui utilise le stratagème de la citation littéraire pour étendre son champ à six personnages, les trois absents étant d'une importance capitale.
La première citation est celle du titre, qui provient d'une fable de La Fontaine, explicitée dans la pièce, "Le vieillard et les trois jeunes hommes" :
"[...] La main des Parques blêmes
De vos jours et des miens se joue également."
Nous retrouvons l'une des Parques dans le titre de la pièce de Chatenet, qui est aussi le titre du roman dont des morceaux choisis sont lus à voix haute par Francine (Évelyne Dandry).
Une bande d'amis bien bourgeois, trois couples, séjourne dans un chalet de haute montagne : un chirurgien dentiste, un avocat... et une romancière à succès qui profite du séjour pour terminer son dernier ouvrage, "La Parque blême". La romancière se prénommant Ariane ( encore une référence mythologique) le risque à courir est qu'elle ne manipule un fil, ici la corde qui sert à l'ascension montagnarde.
La scène est idéalement radiophonique, puisque pour l'essentiel, il s'agit d'une lecture à haute voix d'extraits du manuscrit commentés par les protagonistes. Chatenet démontre, une fois n'est pas coutume, que la matière romanesque n'est qu'une transposition de la réalité. La découverte du manuscrit du dernier roman laisse apparaître toute l'histoire des trois couples, surtout les crasses et autres coups bas qui étaient ignorés d'eux. Chacun apprend suffisamment pour que le moral faiblisse bien vite et qu'apparaisse l'angoisse face à un avenir proche qui s'annonce bien ténébreux. Car le roman n'incite pas seulement les trois amis à relire leur passé sous un nouveau jour. Il va plus loin, il lit l'avenir bien plus clairement qu'un oracle.
Il est dommage que le roman "La Parque blême" soit du mauvais roman-feuilleton, ce qui est problématique lorsque l'on sait qu'il transpose une situation déjà fortement mélodramatique.
Autour de Maria Tamar, une habituée, deux acteurs qui font leur unique apparition vocale dans "Mystère, mystère", Évelyne Dandry, qui se taille la part du lion en tant que lectrice du manuscrit, et Pierre Fromont, pas toujours bien assuré au début, mais qui prend bien son envol lorsque le fil d'Ariane de la tension dramatique commence à se dévider.
Dans le roman, il est fait mention d'un film qui mériterait de voir le jour : "Bang bang", "un film de guerre chanté et dansé". "Hair", comédie musicale anti-militariste alors en plein boum a peut-être inspiré à Chatenet ce double-bang.


La réparation (06-10-1970)
de Jeannine Raylambert
prise de son Sam Niesvisky [?]
collaboration technique Nicole Lamar [?]
assistante Christiane Agosi [?]
bruiteur non indiqué dans le générique
avec Édith Loria (Françoise Léonardi), Pierre Constant (Vincent Neuville), Jean-Marie Fertey (Jean-Louis Pasquier), Jacques Morel (le commissaire)

"Mystère, mystère" en est à sa seconde réparation. Louis Rognoni en avait effectué une première ("La réparation", 13-02-1968), comme quoi les intrigues criminelles ont une source d'inspiration fortement délimitée.
Jeannine Raylambert réserve à ses interprètes une partition mettant en valeur quatre habitués dans des rôles auxquels ils sont tout aussi habitués. Fertey a le beau rôle, celui du gentleman, même si dans le cas présent un accident (c'est Fertey, c'est donc un accident, pas un crime) vient ternir quelque peu sa réputation.
Les trois personnages prétendent ne pas se connaître, ce qui est en partie vrai, mais ils travaillent dans la même entreprise, les deux hommes n'ayant pas du tout le même rang social, secrétariat pour Constant, ingénieur pour le gentleman.
L'époque veut que les produits chimiques soient très à la mode, on ne compte plus les entreprises de produits chimiques dans "Mystère, mystère". Pratique aussi pour les auteurs souhaitant procéder à un empoisonnement.
Donc les trois travaillent pour la SFPCA, une entreprise de produits chimiques.
Suite à l'accident fâcheux qui a provoqué la mort de Marie Neuville, le frère, Vincent, s'en prend ouvertement à Jean-Louis Fertey-Pasquier, responsable de la voiture qui a percuté la jeune fille.
Il est violent, instable, impulsif. Pierre Constant excelle dans ce rôle. Il a été surpris dans la maison de l'ingénieur avec un pistolet, prêt à tirer, attendant le retour du propriétaire. Il nie tout en bloc malgré l'évidence de la situation, trouvant toujours une explication tirée par les cheveux. Une jeune femme l'a dénoncé, empêchant le meurtre, c'est Édith Loria, qui maîtrise la duplicité comme toujours, jusqu'à ce qu'un bête grain de sable vienne tout foutre en l'air. Le choix de ces deux acteurs est parfait, car ces voix ne sont pas franches, et plongent les auditeurs immédiatement dans la méfiance.
Pour lier le tout, le commissaire, Jacques Morel, comme un coq en pâtes dans ce rôle qu'il endosse pour la ixième fois. Il est ici légèrement, voire franchement, goguenard, avance avec autant de méfiance que les auditeurs. Sa voix calme, détachée des passions basses des hommes à l'esprit tordu qu'il côtoie chaque jour, est celle du policier qui s'attend à tout, que plus rien ne surprend.
Jeannine Raylambert ménage quand même un coup de théâtre dans sa dernière partie, assorti d'un homicide, volontaire celui-là.
La pièce se présente comme un seul et long acte, se déroulant dans le bureau du commissaire, en temps réel. Trois interrogatoires avec les trois acteurs du drame, suivi de deux confrontations, d'abord Constant / Loria, puis les mêmes avec Fertey. Une courte scène conclusive, donc avec petite pause musicale, pour boucler le tout dans un éclair de violence.
Jeannine Raylambert a mêlé avec soin à sa tragédie des éléments humoristiques (les remarques du commissaire par exemple), aidée en cela par des interprètes qui collent à la perfection à leur personnage.

                                                                                                                Jacques Morel

au cinéma dans "Elena et les hommes" de Jean Renoir (1956), en compagnie de Mel Ferrer

                                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Jean_r10

et au théâtre dans "Les bons bourgeois" de René de Obaldia (1981), en couple avec Rosy Varte. Derrière, Fanny Ardant.

                                                                                            ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Screen34

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Ven 20 Sep 2024, 08:28

Mystère, mystère

Une longue nuit (20-10-1970)
de Jean Marcillac
prise de son Robert Pirel
collaboration technique Yvette Hubeault [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
assistante Christiane "Abosite" [= Agosi ?]
avec Pierre Delbon (Patrick Beauval), Françoise Vatel (Nathalie), Henri Crémieux (Mr Bourdier, l'usurier), Jacqueline Rivière (Véra), Evelyn Selena (l'infirmière)

Il faut attendre la fin de la pièce pour cette longue nuit, périphrase sympathique, agrémentée d'un euphémisme, pour désigner ce moment d'éternité qui nous attend tous.
Jean Marcillac utilise des recettes mélodramatiques un peu faciles, ce dont ses personnages sont suffisamment conscients pour en faire la remarque. Suite à une salve de répliques banales, Delbon répond du tac au tac que tous ces lieux communs pourraient bien constituer des titres de chansons.
Patrick Beauval est un tailleur installé sur les Champs-Zé, tout marche, financièrement parlant. Pourtant, il croule sous les dettes. L'auteur a exploité à fond le potentiel de Pierre Delbon, qui incarne ici non pas un petit salopiaud, mais une immense ordure dont chaque acte est profondément dégoûtant de malhonnêteté, de duplicité. Un monstre. Face à lui, deux femmes, deux sœurs. Après avoir essoré l'aînée, Véra, il s'attaque à la cadette, Nathalie, une jeune femme de 18 ans à peine, à la dot bien fournie, et âgée de seulement vingt ans de moins que lui. Sa situation professionnelle et son pouvoir de séduction font qu'il peut toutes les tomber et les tromper.
Marcillac ne fait pas les choses à moitié, et l'usurier qui saigne Delbon est dans la grand tradition des usuriers pourris jusqu'à la moelle : il profite à mort de la situation pour encaisser un maximum de bénéfices. Deux curiosités. D'abord la raison de ces dettes est un peu obscure, car le tailleur is rich on ze Champs-Zé. L'explication, l'addiction au jeu, est donnée subrepticement, sans que ce soit très appuyé ni développé, au milieu de la pièce, comme s'il fallait le moins possible donner d'excuse à cette pourriture de tailleur. Enfin, le meilleur pour la fin, avec une combinaison fatale : coup de pistolet et empoisonnement. On retrouve là l'absence de mesure de Jean Marcillac, qui ne manque jamais une occasion pour mettre les bouchées doubles.
L'opposition marquée entre la jeune femme, Nathalie, d'une candeur confondante, et cette ordure de tailleur, confine au sadisme.

Jacqueline Rivière, avec Michel Serrault  - « Des pissenlits par la racine » de Georges Lautner, 1964

                                    ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 George10


La machination (03-11-1970)
de Henri Kubnick
chef opérateur du son Robert Lavoignat [?]
collaboration technique Jean Bernier
bruitages Joé Noël
avec André Reybaz (Maurice Perrière), Bérangère Dautun (Germaine Perrière), Henri Poirier, Gaëtan Jor, Charles Charras

André Reybaz, acteur et metteur en scène de théâtre important de l'après-guerre, travaillait aussi de la voix pour la radio. Il a participé régulièrement à des fictions, des pièces, des lectures, presque jusqu'à sa mort en 1989.
Il a joué dans quelques "Faits divers" (4, en 55-56), et "Maîtres du mystère" (5, en 1958-59). On en peut pas dire qu'il soit un régulier des Billard/Beaumont productions.
Après un "Mystères de l'été" en 70, il revient en novembre pour cette machination. Il fera encore un petit tour chez Billard en 73 pour le "Serpent ceinture" de Jeannine Raylambert.
Une voix inhabituelle incarne donc un personnage tout aussi inhabituel : l'homme honnête, incapable de mentir, tellement bon qu'il s'accuse d'un meurtre qu'il n'a peut-être pas commis. Idée diabolique d'Henri Kubnick : tout l'accuse mais il ne se souvient de rien. Ayant passé une soirée arrosée, un banquet d'anciens élèves, il rentre chez lui complètement schlass. Dans le doute, comme les apparences sont contre lui, il ne se permet pas de les combattre.
Sa femme lui demande de laisser tomber, de se débarrasser en douce du corps, ce qui au passage la rend suspecte, plutôt que d'aller bêtement à la police pour se retrouvé enfermé, et accusé d'un crime.
Kubnick montre une fois de plus sa grande maîtrise du récit criminel. Son scénario vaut bien des scénarios de séries noires américaines des années 40/50. Chaque scène, et il y en a pas mal, apporte un nouvel élément à l'intrigue, ce qui la fait avancer d'un pas alerte. On ne peut pas dire que l'enquête patine, ni qu'elle soit non plus excessivement simple. Le corps retrouvé est farci d'indices qui mènent à droite à gauche, de nouveaux protagonistes apparaissent, la soirée est reconstituée dans le détail, et même, par pure générosité, une fausse piste est offerte à l'auditeur.
Un rythme pareil aboutit à un dénouement au bout de seulement quarante cinq minutes. Comme il reste encore de la place, une dernière scène vient le démolir complètement, le raser de fond en comble, dans la grande tradition des grandes révélations finales qui retournent l'histoire que nous venons d'écouter comme une crêpe.
Kubnick profite de la voix d'André Reybaz pour inventer un personnage étrange, sorte de Candide au pays du récit criminel, qui, envahi d'indices qui l'accusent, préfère se jeter dans les filets de la police alors que sa femme vient juste de lui conseiller le contraire. Et plus l'enquête avance, plus il se persuade de sa culpabilité.

                                                                            André Reybaz - « Mourir d’aimer », André Cayatte, 1970

                                                                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 8 Andrzo10

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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard     Page 8 sur 9

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