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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard    Page 3 sur 9

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Curly 


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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 29 Juil 2023, 15:02

Mystère, mystère


À dormir debout (02-01-1968)
de Jeannine Raylambert
avec André Valmy, Jean Bolo, Pierre Delbon, Jane Marken, Jean-Jacques Steen, Evelyn Séléna

Cette histoire, comme les deux suivantes, brode sur le thème de l’adultère. Une préoccupation essentielle dans « Mystère, mystère ». L’homme a une, voire plusieurs maîtresses, et la femme, souvent un amant, voire plus si affinités, et c’est la lutte, à mort si possible sans cela il n’y a plus de « mystère, mystère ».
Il est possible de surprendre à partir d’un canevas peu original, et c'est tout le sel des meilleurs numéros de cette émission.
Jeannine Raylambert (1921-2007), comme les auteurs qui vont suivre, fait partie de l’équipe qui travaille avec régularité pour Pierre Billard. Elle entre dans l’équipe des « Maîtres du mystère » en 1959. Elle y adapte des romans policiers, mais place aussi quelques pièces originales.
Pierre Billard fera à nouveau appel à J. Raylambert en 1983 lorsqu’il reviendra sur France Inter avec une émission régulière (de 1983 à 1988, Jean Garretto, qui débuta comme assistant de production pour « Faits divers », est directeur des programmes de la chaîne). Elle écrira occasionnellement pour « Les mille et un jours » (novembre 1983-juin 85, puis seconde série septembre 87-juin 88), et « Les nouveaux maîtres du mystère » (septembre 85-juin 87).
Dans « À dormir debout », elle surprend l’auditeur de bout en bout, en choisissant de faire déraper la fameuse situation adultérine dans l’absurde le plus total, l’humour noir le plus délicieux, sans jamais, et ce jusqu’à la dernière seconde, le moindre temps mort, la moindre faiblesse d’écriture. Car la difficulté lorsque l’on dérape à ce point est de tomber à un moment en panne d’inspiration. Il n’est pas évident de sans cesse faire rebondir son histoire, surtout lorsque l’on part sur de tels chapeaux de roue.
« Le père : Ah  c’est toi François ? Bin rentre mon p’tit, entre…
Le fils : Bonsoir papa.
Le père : Bin j’t’attendais pas c’soir.
Le fils : J’m’en doute, oui. Maman n’est pas là ?
Le père : Non, non, elle est chez une voisine.
Le fils : Tant mieux.
Le père : Assieds-toi… Tu t’assieds pas ?
Le fils : Non, non, j’préfère reste d’bout.
Le père. Ah.
Le fils : Oui j’me sens un peu nerveux.
Le père : Au fait, ta femme ne t’a pas accompagné ?
Le fils : Mmm.. c’est-à-dire euh….
Le père : Rien d’fâcheux ?
Le fils : Eh beh… euh...ça dépend…
Le père : Regarde-moi, toi…Bin attends attends...eh… j’adore deviner.
Le fils : Euh ?
Le père : Il s’agit d’un évènement important ?
Le fils : Bin après tout, oui…
Le père : Diable.
Le fils : Voilà papa… Tout à l’heure, enfin après l’dîner...je me suis défait de ma femme.
Le père : Défait ? Comment ça ?
Le fils : Eh bien j’ai fait partir Catherine. Oh en douceur rassure-toi. Oui j’ai fait partir Catherine… pour un monde meilleur…
Le père : Ah, bon ! Ah bin parlons franc, tu l’as supprimée…
Le fils : Voilà ! C’est l’mot !
Le père : Alors là mon garçon bravo, tu r’montes dans mon estime... »
La suite voit outre le retour de la morte, l’arrivée de la mère, d’un commissaire, et celle d’un médecin qui est aussi l’amant de Madame.
Jeannine Raylambert exploite méticuleusement ce qu’il fallait exploiter avec dignité à partir de cette épineuse situation : construction de l’intrigue, dialogues inventifs, sens du rythme, interprétation fabuleuse, tout est parfait bien qu’à dormir debout.

Cadavre à domicile (10-01-1967)
de Alain Bernier & Roger Maridat
avec André Valmy, Jean-Marie Fertey, Maria Tamar, Pierre Delbon, Lisette Lemaire, Laurence Weber

Alain Bernier et Roger Maridat ont, avant d’arriver dans les « Maîtres du mystère » (en 1964) écrit quelques récits pour l’émission d’Europe 1 « Les auditeurs mènent l’enquête » (1963). Ils seront aussi, comme Jeannine Raylambert, présents chez Billard dans ses émissions des années 80 sur Inter.
Le titre de la pièce est un peu passe-partout. Il y a bien un cadavre à domicile, comme dans bien d’autres histoires de la série.
L’histoire, une fois n’est pas coutume, met en scène un milieu bourgeois, ici un photographe dont l’exposition rencontre un certain succès. Il est entouré comme il faut par une femme qu’il aime, mais hélas mariée, et un meilleur ami. Les auteurs ne s’encombrent que du minimum, c’est ce qui rend plus efficaces les effets dramatiques. À partir de ces trois personnages, les auteurs se retrouvent avec plusieurs combinaisons possibles, la plus tordue étant toujours la meilleure, car le point de départ a été utilisé déjà des milliers de fois, au moins.
Se rajoutent : un mari violent, celui de la femme aimée, et une dame mystérieuse, que notre photographe rencontre dans la galerie d’exposition, et qui porte le même nom que celle qu’il aime, qui habite au même endroit, et qui a un mari qui en tout point correspond à la description de celui du mari violent sus-mentionné.
Le cadavre va suivre dans la foulée…
Une histoire classique, mais les auteurs ont su maintenir l’intérêt des auditeurs jusqu'au bout. Narration épurée, réduite à ce qui est juste nécessaire. Un jeu du chat et de la souris pour lequel nous ne saurons qu'à la fin qui était le chat, et qui était la souris.

Croqué sur le vif (30-01-1968)
de Charles Maître
avec Christian Alers, Jacques Sapin, Martine Sarcey, Bernadette Lange, Andrée Tainsy

Madame sort de prison. Elle avait tué l’amante de son mari. Elle sort, et elle a encore quelques comptes à régler : va-t-elle tuer son mari pour changer un peu ? Ou alors tuer sa nouvelle maîtresse, de qui il est éperdument amoureux ? Monsieur souhaite, parce que ça n’avait pas été fait, demander le divorce à Madame pour pouvoir convoler librement avec sa promise.
Charles Maître est un grand habitué des « Maîtres du mystère » et de « Mystère, mystère », comme les acteurs, qui eux semblent d’une pièce à l’autre s’échanger les rôles, ou reprendre le même.
Cette pièce ne fait sans doute pas partie des plus grandes réussites de Maître Charles. Les acteurs, eux, assurent comme d’habitude le service minimum, c’est-à-dire qu’ils demeurent excellents.
Le mari, in fine, se retrouve le jouet de ces dames, et le mystère, le vrai, réside dans l’attrait qu’il peut avoir auprès de la gent féminine, sachant qu’il est falot, plat, et pas seulement plat, mais mou. La révélation finale, car il y en a une, est retardée un maximum, parce qu’il faut ménager le suspense, et parce qu’il semble aussi que le Maître soit un peu en manque d’inspiration pour renouveler sa panoplie de rebondissements. Alors, profitant de la situation très tendue entre le mari, la femme, et la maîtresse,  il tire un peu à la ligne…

Grand-mère et les gangsters (21-03-1967)
de Charles Maître
avec Hélène Dieudonné (la grand-mère), Pierre Trabaud (son petit-fils), Claude Richard (Fred), Mona Dol (Nora), Jean Mauvais (Albert), Henri Poirier, Evelyn Séléna, Gaëtan Jor, Claude Bertrand
Exceptionnel : le centre de l’histoire n’est pas un adultère.
Maître Charles fait s'affronter deux camps de forces inégales : d'un côté une bande de gangsters sans pitié, et de l'autre une bonne vieille grand-mère. Bien sûr, tout le plaisir de l’histoire vient de ce que, cela va de soi, la grand-mère déstabilise progressivement la bande très organisée. Tout doit aboutir à un combat terrible entre notre mémé et Paulo la mitraille, qui ne porte pas ce surnom par hasard.
Le petit-fils, engagé dans l’organisation de la bande surtout par amour pour la femme du boss, se voit proposer de participer à un trafic de drogue. Il refuse et tente même de sortir de cette sale tambouille. Impossible. Il se confie alors à sa mère-grand...
Hélène Dieudonné est connue pour ses rôles de vieilles dames dans les années 60/70, au théâtre, au cinéma, et à la télévision. Elle eut une carrière importante au cinéma comme au théâtre dans les années 10 et 20, avant de se retirer pendant trente ans, puis de reprendre du service à l'approche de la soixantaine. Sur toutes les biographies disponibles de l'actrice, le silence est fait sur les pièces et les films dans lesquels elle a joué au début du siècle. Quels films ? Quelles pièces ? Mystère, mystère...

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 08 Aoû 2023, 12:30

Faits divers
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean Godet (Nocturne) / Jean Delanduc (Contredanse)
opérateur Charles Marié


Nocturne pour un pauvre diable (09-04-1957) [le lien mène vers une version de l'émission ne contenant que la fiction]
de Jean Chatenet
avec Roger Hanin (Nathaniel), Jean-Marie Amato (Benjamin Webster), Rosy Varte (Nadia), Jean Mauvais, Roger Crouzet, Guy Piérauld, Henri Virlojeux et Yves Duchateau

Jean Chatenet présente sa troisième pièce pour « Faits divers ». Les deux autres, « Beaucoup de bruit pour rien » et « Les passagers du Fidelio », dont il ne reste aucune trace dans les archives, sont résumées en introduction par Maurice Renault. Rappel utile pour donner envie de découvrir ce nocturne.
Le fait divers qui a inspiré la fiction a posé problème. Maurice Renault ne nous dit pas lequel, mais on le devine à sa lecture :
« Londres, 18 octobre. Des flaques de sang sur le plancher de la salle commune d’une ferme et dans un camion. Une paire de lunettes et une meule de foin dans laquelle deux hommes se sont battus, tels sont les éléments dont dispose Scotland Yard pour résoudre le mystère d’un crime sans cadavre. (…) »
Le patron de la ferme avait disparu, et des traces de sang, abondantes, permettaient de comprendre que la meule de foin avait « été le lieu d’un combat féroce ».
Trop de sang, trop de violence sans doute dans la première version de la pièce de Chatenet, c’est une hypothèse en tout cas sérieuse qui pourrait expliquer que l’auteur a remis son ouvrage sur le métier pour en offrir une version plus convenable. La fin en a été changée, pour l’améliorer nous explique Maurice Renault, mais lorsque nous la découvrons, nous pouvons supposer qu’il y eut une autre raison : enlever les traces de sang. Donc, exit la meule, exit le camion. Il ne va rester que la ferme et un règlement de compte entre deux truands. Rien d’extraordinaire. Le dénouement n’exploite aucunement les éléments les plus saillants du fait divers, ceux qui pouvaient le plus exciter l’imagination d’un auteur.
La pièce se déroule dans un lieu unique, dans le salon du propriétaire de la ferme (Jean-Marie Amato), gangster repenti, qui reçoit la visite de son ancien boss qu’il a plaqué (Roger Hanin) et qui vient le relancer pour un nouveau coup. Leur affrontement, fort conventionnel, déçoit beaucoup par rapport au fait divers annoncé plus avant. Le boss tend un piège au fermier, qui le découvre, entraînant à un combat vite expédié qui clôt brutalement la pièce.
Les deux acteurs principaux ont du coffre, mais Amato, coutumier de ce genre de rôle, introduit plus de subtilité dans son jeu que Roger le Gorille, qui avance avec ses grosses patasses dans l’histoire, alors qu’il pourrait être plus inquiétant, plus diabolique.

Germaine & Roger
Germaine présente un roman « au titre imbécile » : « Faut pas se mouiller »,  nouvelle enquête du détective Lew Archer créé par Ross Macdonald (pseudo de l’auteur Kenneth Millar).
Germaine nous livre un large résumé de l’intrigue qui pourrait faire une excellente quatrième de couverture. Second ouvrage, une nouvelle enquête de Sœur Angèle de Henri Catalan, « Sœur Angèle et l’étrangère ». Passer de Lew à Angèle,  « c’est un peu comme si on passait d’une bataille rangée à une partie de colin-maillard ».
Roger est sympa, il sait que les auditeurs auront suffisamment de quoi faire avec les deux romans conseillés par Germaine. Il a donc l’idée de rétablir l’équilibre et de nous déconseiller formellement deux navets qu’il a eu le chance de voir afin que nous, veinards, n’ayons jamais à le faire : « Jusqu’au dernier » de Pierre Billon, « à pleurer de banalité et de bêtise », et « Bonjour toubib » de Louis Cuny, « une comédie bien honnête, bien sympathique, à la réalisation assez faible ». Roger compare les deux films (car il peut tout faire, c’est un as), et leur trouve un point commun évident : « ni l’un ni l’autre ne nous attache ».

Contredanse pour maître-chanteur (16-05-1957)
de Léo Malet et Ralph Messac
avec Jean-Marie Amato (Boncompagnie), Guy Piérauld (Totor), Jacqueline Rivière (Blanche), Maurice Biraud (le commissaire Taillefer), Yvonne Clech (Brigitte), Teddy Bilis, François Chevais, Henri Virlojeux, Gaëtan Jor, Marcel Roma

Léo Malet, qui sera aussi à l’honneur dans la chronique de Germaine Beaumont, a brodé, en collaboration avec Ralph Messac (connu comme spécialiste, et éditeur, d’Alphonse Allais), à partir du fait suivant : « Mademoiselle Arlette F, doctoresse en médecine, avait garé sa voiture dans une rue voisine du boulevard Haussmann. Elle dut renoncer à partir car son véhicule était coincé par deux voitures qui le serraient de trop près. Elle se consola pourtant en apercevant un avis de contravention sur le pare-brise de la voiture arrêtée devant elle. Elle y joignit sa carte de visite avec ces mots : ''Il y a une justice, vous avez coincé ma voiture mais vous paierez une contravention''. Le lendemain, mademoiselle F. trouvait dans son courrier la carte du propriétaire de la voiture, monsieur Richard S. qui lui écrivait : ''À mon tour de rire, la contravention a été établie à votre nom. En garant ma voiture j’ai compris en voyant un petit papier sur le pare-brise de la vôtre que le stationnement n’était pas autorisé à cet endroit. Pour ne pas risquer une contravention, j’ai trouvé plus simple de prendre le bulletin fixé sur votre voiture et de le placer sur la mienne. Je vous le renvoie.'' »
Les auteurs ont eu l’idée d’utiliser ce fait non pas comme point de départ, mais comme point de chute.
La fiction met en scène trois pieds nickelés (c’est leur surnom !) qui décident de profiter de l’absence d’un maître-chanteur de son domicile pour le cambrioler et récupérer des dossiers compromettants, si possible les leurs. Le maître-chanteur va se pointer au moment inopportun, tenter même de violer (mais comment l’équipe de « Faits divers a pu laisser passer ça ?) la partie féminine du trio (« Toi va dans ma chambre... ») avant que tout ne dérape, et qu’un meurtre soit commis.
L’inspiration vient vraiment aux auteurs à partir de l’arrivée du commissaire. L’enquête, comme l’histoire, est menée avec nonchalance, et va tourner autour de la chute d’une pendulette.
De l’humour grinçant (le maître -chanteur dénonçait pendant l’Occupation, avant de tourner sa veste et dénoncer à nouveau après la Libération), et des dialogues vifs et plein d’astuces :
« Le commissaire (au trio, durant un interrogatoire) : D’ailleurs, vous êtes toujours ensemble...
Totor (membre du trio) : Oui, toujours ensemble, comme les Pieds nickelés quoi.
Le commissaire : Oui bin ce n’est pas une référence.
Blanche (autre membre) : Vous, vous allez toujours par paire !
Le commissaire : Comme les menottes…
Totor : Oui bin c’est pas une référence non plus. »
Dans cette fiction, nous retrouvons ensemble deux piliers, pas seulement de « Faits divers », mais aussi de « Signé Furax », diffusé la même année, mais sur Europe 1 : Biraud et Amato, ce dernier ayant pour cette histoire repris à l’identique la voix d’Asti Spumante.

Germaine /Roger :
Germaine revient donc sur l’œuvre de Malet, et plus exactement sa dernière parution, « Les eaux troubles de Javel » dans la série « Les nouveaux mystères de Paris ».
Second livre, expédié en deux temps trois mouvements et qui fait pâle figure à côté de Malet, "Les esclaves du silence" de Armand Ziwes et Erik J. Certon.
Roger lui a décidé de nous surprendre. Il va parler théâtre, ce qui n’est pas une première, mais surtout, oui, surtout, marquez bien cette chronique d’une croix blanche : il va dire du bien d’un spectacle, sans mettre aucun bémol sur rien du tout.
La pièce « Sacrés fantômes » est d’Eduardo de Filippo. Elle fut d'ailleurs retransmise à la radio le 19 mai, soit trois jours après ce « Faits divers ». De Filippo est effectivement un artiste important. Que dire si ce n’est que Roger a tapé dans le mille. La croix blanche.
Second spectacle, on enlève la croix et on la range dans le coffre-fort, « La magicienne en pantoufle » pour lequel Roger retrouve tous ses ustensiles de torture préférés. Le seul point vraiment positif : « Gaby Sylvia joue avec gentillesse les apprenties sorcières ».
Ce qui signifie que la magie a opéré : Roger est encore tombé sous le charme.

Curly 

Curly

23
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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 10 Aoû 2023, 12:06

Le jeu du mystère et de l’aventure
par Jean-Luc & Maurice Renault
présentation : Jean-Luc, Maurice Renault & Maurice-Bernard Endrèbe

Quelqu’un (17-07-1953) [émission complète au milieu de cette page des Nuits de France Culture]
de François Billetdoux
assistante de réalisation Éliane Mingot [?]
avec Jean-Marie Amato (Joseph Giovanni), Maurice Biraud (le gardien de l'asile), Pierre Olivier (le psychiatre), Jacqueline Maillan (Margarita), Louis de Funès (Charles Fortuné), Jean Bolo (l'inspecteur), Gaëtan Jor (le commissaire), Jean-Pierre Lituac (un anglais), Jean Topart (Bonnot), Geneviève Morel (Marie-Louise)

Maurice Renault retrace la carrière déjà longue du jeune auteur de « Quelqu’un ». François Billetdoux ne sera pas un régulier des séries Billard / Beaumont.
L’histoire brode de manière originale sur le thème du mari (ici futur mari) trompé. Le point de départ ressemble à celui d’une nouvelle fantastique de Maupassant (même début que « Qui sait ? »). Un homme vient se réfugier dans un hôpital psychiatrique, et insiste pour être admis afin d’être protégé du monde extérieur. Le psychiatre le laisse se confier à un magnétophone et repart se coucher. L’intrigue va avancer en démultipliant les scènes de confidences (ou de fausses confidences) dans un récit emboîté : celle de Giovanni au psychiatre, à la police, et celle de Bonnot et de Margarita à Giovanni. Comme chez Maupassant, le récit s’oriente vers le fantastique, mais il en sort à la fin puisque Billetdoux va trancher entre l’explication surnaturelle et réaliste.
Contrairement à ce que pourrait laisser croire la distribution, si fantaisie et humour il y a, ce n’est pas à proprement parler une pièce comique.
Louis de Funès interprète avec brio, mais brièvement, un chat, grand amour de Margarita (J. Maillan), la cantatrice qui rend fou d’amour toute la gent masculine.
Jean-Marie Amato a déjà une voix de stentor. Il peut jouer sans problème, alors qu’il n’est âgé que de vingt-sept ans, des personnages cumulant le double. Il est un pilier de ces « Jeu du mystère » comme il le sera des « Faits divers » et des « Maîtres du mystère ». Il mettra fin à ses jours en 1961, à l’âge de trente-cinq ans.

Le duo Beaumont / Régent est une fois de plus victime de la trop longue durée de la pièce. Il reste juste ce qu’il faut pour que Jean Luc, Maurice Renault et Maurice-Bernard Endrèbe donnent les résultats du « concours permanent » de l’émission. Les auditeurs étaient appelés à donner un nouveau titre à la fiction qu’ils avaient écoutée précédemment. Les jeux de mots étaient accueillis à bras ouverts. Or, cette semaine-là, le titre était déjà basé sur un jeu de mots (« Discorde vocale »). Mais cela n’a découragé personne.
« Discorde vocale » fait partie des numéros non archivés. Cette fiction était signée Jacques Faizant.


Faits divers
Le chien des Baskerville (05-07-1955) [les Nuits reprennent la bande archivée par l’INA. Celle-ci est victime à sa septième minute d’un accident : bande arrêtée brutalement puis reprise avec un retour en arrière d’environ trente secondes.]
d’après Arthur Conan Doyle, adaptation Narcejac-Sans Boileau
prise de son Noël Barbé
opérateur Charles Marié
assistant Jean Garretto
avec Henri Guisol (Sherlock Holmes), Jean Bolo (le docteur Watson), Jean Topart Jean (Sir Henry), André Var (Lord Baskerville), Louis Arbessier (Stappelton), Lucien Plessis (Mortimer), Floriane Prévost (Berryl), Albert Gercourt (Barrymore)

Un numéro de « Faits divers » particulier, puisque Conan Doyle n’est pas salarié de « Faits divers », et qu’il n’a pas été sommé d’inventer une histoire à partir d’un fait divers envoyé par des auditeurs.
L’équipe de l’émission, pour les commémorations des vingt-cinq ans de la mort du créateur de Sherlock, a sollicité Adrian Conan Doyle, fils de son père, mais à défaut de le faire venir au micro, a obtenu une lettre (bien pompeuse au demeurant) rendant un hommage ému à la France. Cette lettre approuve sans réserve l’adaptation du « Chien des Baskerville ». Nous avons un doute : le fils a-t-il lu l’adaptation, a-t-il seulement écouté le résultat final avant diffusion ? Peu importe, cela donne de l’importance à cette énième adaptation de cette célèbre enquête de Sherlock.
L’adaptation condense l’histoire en moins de cinquante minutes, et elle le fait habilement : il y a l’essentiel, et l’ambiance y est, même si, certainement pris par le temps, Pierre Billard a fait appel à des disques de bruitages (ce disque d’aboiements, reconnaissable entre tous, combien de fois a-t-il été utilisé à la radio dans les années 50 ?), et que la première entrée du neveu (J. Topart) est bien trop rapide. Il a à peine le temps de cogner à la porte que le voilà dans la pièce en train de raconter sa vie sans avoir pris la peine de respecter les règles élémentaires de courtoisie.
En 1959, Maurice Renault produisit une autre adaptation, signée Jean Marcillac, et en trois parties de 35mn environ chacune (02, 09 & 16-11), dans le cadre de la série « Les aventures de Sherlock Holmes » pour France II Régionale.

Germaine et Roger, pour leur chronique, rendent hommage eux aussi à Sherlock Holmes.
Germaine nous livre une mini-étude comparative entre Maigret et Sherlock. De tels personnages, si populaires, ne deviennent-ils pas en quelque sorte réels ?
Roger lui, ne nous livre aucune réflexion, mais un catalogue des adaptations sherlockiennes, théâtrales et cinématographiques. Un catalogue déjà impressionnant, et qui n’a cessé de continuer à s’enrichir depuis 1955.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Lun 21 Aoû 2023, 10:21

Mystère, mystère
Les demoiselles de Douarnenez (05-12-1972)
d’Alain Bernier et Roger Maridat
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Bernadette Lange (Lucie), Evelyn Séléna (Claudine), Pierre Constant, Pierre Marteville, Jean-Marie Fertey, Pierre Delbon

Le titre fait écho, la ressemblance n’est certainement pas fortuite, aux  « Demoiselles de Concarneau » de Simenon.  
Deux sœurs, comme les demoiselles de Simenon, un héritage d’une tante qui jusqu’à présent s’occupait d’elle, et deux amants.
L’une, Claudine, beaucoup plus jeune que sa sœur, souhaite enchaîner les passades sans conséquences, alors que l’autre, Lucie, désespère de trouver un mari.
Un homme, Bruno, touche la cadette au cœur. Celle-ci va le demander en mariage. Mais patatras, Bruno est retrouvé mort.
Les auteurs le laissent de côté et passent à un second amoureux, sur lequel l’aînée va faire mener une enquête, histoire de ne pas laisser sa sœur se marier avec n’importe qui.
Les résultats de cette enquête sont calamiteux, et nous attendons le moment où  Claudine les communiquera à sa sœur.

Les choix de réalisations de Pierre Billard imposent une certaine écriture aux auteurs : peu de scènes en extérieur (à peu près tout se passe dans l’appartement des sœurs) ce qui rend le silence du studio d’enregistrement plausible (nous avons vu, cf Le chien des Baskerville, que les extérieurs obligent à des bruitages plus élaborés, ce qui n’est pas dans les habitudes de ce réalisateur), silence où quelques bruits simples suffisent (porte qui s’ouvre, bruit de pas…).
Avec ces « demoiselles », la maîtrise de cette esthétique, avec de plus cet enchaînement de longues scènes dialoguées où les acteurs se doivent d’être excellents (aucune scène d’action ici, pas de coups de feu, ni même de bagarres), et la grande habileté d’écriture des auteurs, qui maîtrisent parfaitement la construction de leur histoire, et ont un parfait sens du timing.
L’affrontement entre les deux sœurs – quelle interprétation – structure tout : l’intrigue avance à coups de tromperies, et nous ne devons savoir qu'à la toute fin laquelle a vraiment réussi son coup, et quel coup d’ailleurs, dans quel but ?
Les autres personnages, masculins – les amants, le notaire, le détective privé -, malgré leur importance, sont peu présents, ils restent à l’arrière-plan.

Alain Bernier et Roger Maridat écrivirent aussi sous le pseudonyme d’Eric Verteuil une série de polars aux éditions du Fleuve Noir. (cf aussi billet sur Cadavre à domicile)

Publication des demoiselles en cassette en 1996, puis en CD en 2004.
        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 3 Oper1921     ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 3 Oper1920

La chanson qui tue (24-10-1967)
de Jean Marcillac
avec Jean Bolo, Jacques Hilling, Jean-Charles Thibault, Louis Arbessier, Pierre Marteville, Pierre Delbon, Marcel Lestan, Gaëtan Jor, Evelyn Séléna, Marie-Claire Achard, Jeanne Hardeyn, Lisette Lemaire, Joëlle Janin

Jean Marcillac, compagnon de Pierre Billard de la première heure (il est déjà un des auteurs du « Jeu du mystère et de l’aventure » au début des années 50) aime beaucoup les coups tordus, les intrigues fantaisistes.
Le titre laisse penser à une malédiction mystérieuse, à quelque intrigue d’inspiration fantastique. Or, non, même si d’une certaine manière il y a malédiction, mais c’est celle qui attend tout jeune chanteur embarqué par un producteur sans scrupule dans une carrière flamboyante mais très éphémère.
La satire du show-biz est attendue. La première scène nous l’offre : le business de la chanson, c’est vraiment offrir n’importe quoi dans les oreilles pourvu que ça rapporte tout de suite. La satire manque cruellement d’originalité, ce n’est pas là-dessus que Jean Marcillac a misé.
Le producteur véreux, alcoolique et violent (Jacques Hilling), qui jette sa maîtresse dans les bras de n’importe qui pourvu que ça rapporte, la maîtresse en question, prête à coucher avec  quiconque aidera à sa propre carrière, le jeune chanteur sorti d’une usine et à qui on fait brièvement apercevoir une carrière glorieuse avant d’être jeté aux oubliettes (le producteur a jeté sa maîtresse dans ses bras, mais il ne fallait pas en abuser), apparaissent comme des personnages caricaturaux pour intrigue simplette.
Or, l’idée, la seule sans doute vraiment originale, celle qui a guidé son auteur, est cette pirouette finale qui repose sur un autre personnage, la petite amie que le chanteur avait délaissée pour partir vers la gloire, une jeune femme pure, honnête, et toujours amoureuse, dont l’ultime geste va tout renverser.
Jean Marcillac, sans pitié, ne connaissant pas la demi-mesure, va s’acharner sur son héros. Il le fait crouler sous les malheurs, allant jusqu’à lui faire faire deux tentatives de suicide, la dernière étant doublée d’un meurtre.
La pirouette finale rappelle celle du film « Au nom du peuple italien » de Dino Risi (1971), où un honnête procureur (Ugo Tognazzi) tombait in fine sur une preuve innocentant d’un crime un industriel par ailleurs ignoble (Vittorio Gassman). Après un temps de réflexion mêlé de visions cauchemardesques, le procureur finissait par la jeter dans une poubelle.
Jean Marcillac fait plus simple, et inverse l’effet. La lettre qui aurait innocenté le criminel aux yeux de la justice, une fois jetée, mènera la police directement au coupable.

Curly 

Curly

25
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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 22 Aoû 2023, 14:29

Mystère, mystère


La mort dans l’ombre (07-03-1967)
de Jean Marcillac
avec René Farabet, Jean-Pierre Lituac, Bernadette Lange, Jean Bolo, Andrée Tainsy, Gaëtan Jor, Marie-Jeanne Gardien, Pierre Marteville

Ce sont encore les mêmes ingrédients qui servent de point de départ : grande bourgeoisie, mariage d’argent, femme amoureuse et trompée…
Tout cela n’est qu’un point de départ, l’intrigue va rajouter de nouveaux ingrédients. C’est alors qu’intervient le personnage de la sœur aînée, qui sous prétexte d’aider sa sœur en difficulté, ne fait rien moins que l’enfoncer encore plus.
Nous revenons en fait à une situation du même type que celle des « Demoiselles de Douarnenez », mais avec des variantes et une ambiance différente.
La vérité sur le meurtre commis au début est donnée dès le début, mais elle va être remise en question. L’enquête menée sur la disparition du mari, que nous savons assassiné, va prouver qu’il est encore en vie. Les preuves vont s’accumuler, l’assassin, suivant l’enquête, étant de plus en plus désemparé.
Incohérences : le couturier qui ne se souvient plus de la date de l’achat d’une chemise, va vérifier dans son carnet, avant de se souvenir des moindres détails, et surtout du fait que l’achat date de l’avant-veille.
Et une autre : le curé qui vient confesser la sœur et qui entend toute la vérité sur la disparition du mari (mais nous allons vite nous demander s’il s’agit bien de la vérité) promet de revenir le lendemain et disparaît définitivement de l’histoire, alors qu’il devait continuer le travail commencé avec sa pécheresse. Il a servi, l’auteur le jette sans jamais plus se préoccuper de lui.

La réparation (13-02-1968)
de Louis Rognoni
avec Dominique Paturel, Martine Sarcey, Henri Poirier
Seulement quatre scènes, et trois personnages. La première dure près d’une demi-heure, et met en place avec beaucoup de lenteur des relations tordues entre un avocat de province et un homme rongé par le remord qui vient s’accuser d’un crime commis par accident. Les révélations viennent au compte-gouttes. C’est sans doute la meilleure scène de la pièce, qui ensuite prend une tournure plus conventionnelle, même si la révélation finale vient amener sa petite surprise.
Dans les trois autres scènes, c’est l’avocat qui va prendre les choses en main, allant au de-là de ce que lui demandait son client. Au lieu d’exploiter l’idée mille fois utilisée du complot à base de mari /femme / amant, l’auteur a l’idée d’insérer un élément improbable : le hasard.
L’intrigue n’est donc pas des plus originales, mais nous avons vu que les auteurs, à partir de situations usées essaient constamment de trouver une combinaison nouvelle pour surprendre.
Ces « Mystère, mystère », par rapport aux lointains « Faits divers », montrent l’évolution de la société française durant cette période. En plein dans les Trente Glorieuses, nous sommes passés de personnages souvent issus de la classe populaire (les faits divers imposés aux auteurs n’y étaient pas pour rien non plus) de bons bourgeois, cadres, d’industriels… qui ont tous chez eux sous la main un pistolet, voire, comme ici, un 22 Long Rifle.
Notre personnage principal est ici un ingénieur qui explique à certains moments la dureté du monde  de l’entreprise, avec ces jeunes ingénieurs aux dents longues qui ne pensent qu’à piquer la place des anciens.
Le troisième personnage, la sœur de la victime, est une actrice qui peine à naviguer entre deux cachets, ayant choisi un train de vie au-dessus de ses moyens.
Louis Rognoni, habitué de  « Mystère, mystère », était à la même époque co-auteur avec Pierre Dac du feuilleton « Bons baisers de partout », auquel il tentait de garder une structure narrative à peu près potable, contrebalançant la loufoquerie de son partenaire.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 24 Aoû 2023, 11:41

Mystère, mystère

Le métier dans le sang (07-05-1974)
de Fred Kassak
avec Micheline Boudet (Marie-Josée), Dominique Paturel (Pierre)
bruitages Jean-Jacques Noël

Marie-José va chez son ami Pierre. Elle sonne, elle rentre, le verre de whisky... Toutes les scènes de la pièce commencent ainsi. L’auteur met en place une mécanique, où l’humour noir pointe très vite le bout du nez et installe l’auditeur dans un fauteuil confortable, où il prend plaisir à avoir un temps d’avance sur ce qu’il va se passer. Les interprètes l’aident en cela, qui appuient légèrement, juste ce qu’il faut, pour suggérer la suite à l’auditeur, qu’il comprenne bien le sous-entendu. L’intrigue est juste une énième resucée du trio infernal mari / femme / amant. Et pourtant, Fred Kassak réussit à en faire quelque chose de neuf. Il fait croire que l’auditeur a un temps d’avance, avant, à la toute fin, de montrer qu’il s’était fait berner de bout en bout. Il est rigoureusement impossible de deviner le dénouement, parce qu’il n’est pas réaliste, il ne tient pas la route, mais on y croit, et finalement, c’est sans doute un tel dénouement que l’on attendait, car sans surprise, sans coup de théâtre, nous aurions été déçus, trop bien installés dans nos petits souliers. Cette avance que nous avions sur l’intrigue devait fatalement être un coup de bluff.
Or, tout est en place dès le début de la première scène. Les deux éléments qui la commencent sont les mêmes qui viennent clore la pièce, créant une parfaite symétrie. La construction de l’histoire est donc d’une rigueur parfaite, mais elle fait fi de la psychologie des personnages. Dans cette première scène, Marie-Josée maudit d’abord les gendarmes pour une histoire de stationnement, avant d’avouer à Pierre, qui vient de lui déclarer son amour, qu’elle aime Gérard, un homme hélas marié, et qui plus est, mille fois hélas, marié à une peste. Tout est fait pour que l’on oublie le premier des deux éléments, alors qu’il est le plus important des deux.
L’action qui se passe entre chaque scène est facilement imaginable, même si ce que nous imaginons n’est pas toujours totalement conforme à la réalité, ce qui rend d’autant plus amusante la conversation qui va suivre.
Au bout d’une demi-heure, la mécanique semble s’être épuisée. Or, elle est relancée, et la relance est tout aussi brillante.
L’humour se niche jusque dans les détails : le mari, Gérard, à qui il arrive un certain nombre d’accidents, travaille au CNPA (Comité National de la Prévention des Accidents), et la femme, Anne, tient une boutique d’antiquité, « Le Bibelot Bizarre ». Il n’y a que deux acteurs, et ils sont exceptionnels. Dominique Paturel a une voix douce et chaleureuse, qui inspire confiance tout en suggérant juste comme il faut ce que l’auditeur doit comprendre, et Micheline Boudet joue la grand bourgeoise tour à tour désespérée et pleine d’espoir, capable, en un seul souffle de passer des larmes aux rires.
Quant au sens du titre, il faut savoir attendre, puisque ce sont les tout derniers mots prononcés dans la pièce.

Les mystères de l’été
Le métier dans le sang (12-08-1969)
avec Maria Tamar (Marie-Josée), Jean-Claude Michel (Pierre)
bruitages Jean-Jacques Noël
prise de son Madeleine Sola
assistante Suzanne David

Premier enregistrement de la pièce, avec deux autres acteurs. Il manque à l’interprétation toutes les subtilités de la seconde version. Jean-Claude Michel est monolithique, il lance son texte sans tenir-compte des chausse-trappes que contiennent ses répliques, et Maria Tamar joue juste la tragédienne. Dans la scène où son personnage passe des larmes au rire (cette scène est incohérente, mais pleine de charme) elle marque une longue pause avant d’éclater de rire.
Pour l’édition cassette, puis CD, c’est bien sûr la seconde version qui fut choisie.

Fred Kassak, un des pseudonymes de Pierre Humblot (1928-2018), a participé aux émissions de Pierre Billard dès 1958.
Il a créé un personnage récurent, l’inspecteur Sommet, qui est nommé à la toute fin du « Métier dans le sang ».
Par ailleurs, il transforma un des textes qu’il écrivit pour « Les mystères de l’été », « Vocalises » (1965), en roman, « Bonne vie et meurtres » (1969), qui fut adapté en 1970 au cinéma par Michel Audiard (« Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause ! »).

Fred Kassak eut sa « Nuit rêvée » sur France Culture (06-07-2014), qui contient un entretien avec Philippe Garbit d’un peu plus d’une heure découpé en trois parties.



Dernière édition par Curly le Lun 28 Aoû 2023, 11:38, édité 1 fois

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 27 Aoû 2023, 12:38

Mystère, mystère


Le commissaire fait parler la poudre (27-10-1968)
d’Alain Franck
avec Rosy Varte, Jacques Morel, Jean-Marie Fertey, André Var, Jean-Pierre Lituac, Jacqueline Rivière, Jean Bolo, Pierre Montcorbier
Il ne faut pas attendre longtemps pour que le trio mari / femme / amant pointe le bout de son nez. Une source d’inspiration inépuisable.
Un patron d’entreprise est retrouvé mort à son domicile. Ce monde lisse, sans problème, où tout semble aller pour le mieux, va se fissurer dès que la police va commencer sa petite enquête. Encore un jeu de massacre dans le milieu de la haute bourgeoisie, souvent mis à l’épreuve dans « Mystère, mystère ». Les deux couples amis qui se trompent (adultère et comptes trafiqués), les vacances aux sports d’hiver, les courses aux Chamzé, l’appartement de luxe dans le centre de Paris, la villa sur la Côte d'Azur, tout y est.
Les procédés de l’auteur sont donc tout ce qu’il y a de classique. Une machine bien huilée. La bonne idée est de montrer une double-enquête pour encore mieux perdre l’auditeur. D’un côté le commissaire, de l’autre son second, qui ne partage pas les vues de son supérieur. Plusieurs passages intègrent cette enquête dans la vie quotidienne du commissariat. La poudre en question est double aussi, puisque dans l’histoire, des traces de poudre pour maquillage sont trouvées sur le lieu du crime.
Dernier tour classique, et qui fonctionne aussi, celui de l’aveu involontaire du coupable, qui a laissé échapper dans son élan un élément important qu’il n’était pas censé connaître.
Toutefois, il est curieux que l’alibi de nouvelle veuve soit vérifié si tardivement...
Les acteurs, toujours les mêmes, cantonnés à des types de personnages, qu’ils peuvent, ou non, s’échanger d’une pièce à l’autre, renforcent l’unité de la série « Mystère, mystère ».

Faits divers - complément à Nocturne pour un pauvre diable (09-04-1957)

                            ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 3 Captur69
                            Répétition de la pièce, avec de gauche à droite : Jean-Marie Amato, Rosy Varte, Roger Hanin et Pierre Billard
                            Photo extraite de l'ouvrage « Radio mystère » de Jacques Baudou, INA-encrage - 1997


Mystère, mystère

Le corps du délit (30-05-1967)
de Charles Maître
avec Rosy Varte, Robert Murzeau, Henri Crémieux, Bernadette Lange, Evelyn Séléna

Le corps du titre n’arrivant qu’à la fin, nous avons le temps de profiter de l’essentiel : la qualité des voix des acteurs, qui plantent directement un décor, une ambiance.
La musique qui sert de transition entre les scènes étant ici non pas redondante, mais engageant l’auditeur dans une autre ambiance, que celle installée par les acteurs, une ambiance plus angoissante. Cette histoire met en valeur Henri Crémieux, en tonton gâteau inspirant la confiance, faisant tout pour sauver de la misère sa nièce et son futur mari.
Pas la peine, comme d’habitude, de narrateur, la situation familiale est rappelée dans un dialogue simple, efficace, et comme toujours artificiel puisqu’il s’adresse aux auditeurs et non à l’interlocuteur qui évidemment n’a rien à apprendre.
Au début, Charles Maître introduit le personnage à fort potentiel dramatique de la tante acariâtre (Bernadette Lange), au comportement ignoble, qui rabaisse constamment sa sœur qui vit sous son toit, et qui tyrannise sa nièce à qui elle a arrangé un mariage avec le fils d’un notable du coin. Pourquoi tant de haine ? Nous ne le saurons jamais, ce qui rend le personnage encore plus insupportable. Cette tante, c’est le personnage que tout les autres rêvent en secret de tuer afin de revenir à une vie normale. Eh bien, nous n’en profitons pas trop longtemps, car elle disparaît bien vite. Et c’est dans une ambiance guillerette que l’oncle envisage la suite des évènements, c’est-à-dire l’arrivage de l’héritage (pour une fois, pas d’adultère) et le mariage de sa nièce avec l’élu de son cœur.
Charles Maître compte surtout sur l’évolution de la voix d’Henri Crémieux, qui va s’affaiblir progressivement au fil de la pièce. La toux dont il va être atteint, simple détail insignifiant, va passer au premier plan.
Pour une fois aussi, le dénouement n’est pas une surprise sortie au dernier moment d’un chapeau magique. Tout est centré sur l’oncle, son état de santé, et son jeu avec la police, qui se doute de quelque chose, tout comme l’auditeur d’ailleurs, et sa manière de gagner du temps. Il y a donc peu de rebondissements. La question qui reste à éclaircir n’étant pas vraiment l’identité du coupable mais plutôt la méthode employée.

Le rendez-vous de Santa Clara (01-03-1966)
de Jean Marcillac
avec Jean Negroni, Anna Gaylor, Claude Pasquier, Jean Bolo, Gaëtan Jor, Pierre Leproux, Lisette Lemaire, Pierre Marteville

Jean Marcillac prend comme point de départ  l’éternel problème de la femme trompée par son amant, mais cette fois-ci en Italie, pour changer un peu, et assaisonne ce problème, qui devient vite secondaire, de jeux d’argent et d’escroquerie. M. Marcillac ne s’embarrasse pas de problèmes annexes comme la cohérence du récit. Deux femmes, une plus âgée, romancière à succès traduite en quatorze langues et une autre, par conséquent est plus jeune, qui ne réussit qu’à caser des récits à l’eau de rose dans des magazines, se prennent d’amitié l’une pour l’autre. La jeunette ne sait pas que le gigolo qu’elle aime d’amour tendre, un acteur qui peine à percer dans le métier, est l’ex de la grande romancière.
La suite n’est que complot, le complot habituel à ce type de récit. Le rendez-vous de Santa Clara est un rendez-vous avec la mort, et entraîne un lourd chantage. La romancière va s’attacher à elle la jeunette, et l’utiliser pour tricher sans retenue dans tous les casinos. Son intérêt pour la science est signalé au début, et ce n’est pas pour rien. Par contre nous ne comprenons pas pourquoi elle souhaite amasser autant d’argent, elle qui doit déjà en gagner beaucoup grâce à la vente de ses romans. Elle se réjouit de gagner des sous, mais comme elle roule déjà sur l’or, quel intérêt ?
Qui plus est, il n'est jamais question d'addiction aux jeux.
Jean Marcillac soigne plus l’effet dramatique que la cohérence de son récit.
A la fin, une nouvelle mort, et la réapparition de celui de Santa Clara, dont le changement d’attitude, lui aussi, est plus qu’étrange, inexpliqué même, sauf par le besoin de conclure l’histoire par un coup d’éclat qui tombe quand même à plat, car en même temps conventionnel et artificiel (Ô ! Deus ex machina ! La jeune femme est sauvée !). Quant à l'acteur, son changement d'attitude est digne d’une girouette. Ou alors il a été atteint par la grâce du Deus ex machina.



Dernière édition par Curly le Mer 06 Sep 2023, 13:25, édité 1 fois

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 29 Aoû 2023, 09:42

Faits divers
bruitages Gabriel de Rivage
assistant Jean Garretto


L’œil de verre (21-09-1954)
de René Guillot
avec Jacques Dynam (Robert), Jacques Hilling (Marcel), Rosy Varte (Clara), Paul Faivre, Gaëtan Jor, Guy Decomble, Florence Brière, Liliane Sorval, Jean Bolo, André Vasley

Retour sur cette histoire de four déclenché pour faire une blague ayant entraîné la mort.
Il a été demandé à l’auteur d’y aller mollo dans l’horreur. Il y aura donc un brûlé, mais un brûlé non-vif.
Miracle de la modernité, le boulanger du village vient d’installer un four électrique. Bien sûr, connaître le fait divers avant d’écouter la fiction peut donner des sueurs froides aux âmes sensibles, et ceci malgré l’avertissement donné dans l’introduction.
Reste que René Guillot ne s'est pas trop décarcassé pour modeler ses personnages. Nous retrouvons le trio habituel : le gangster repenti qui devient boulanger, embarquant avec lui une complice, qui devient sa femme mais qui fut l’amante du boss. Elle a eu un enfant de lui, élevé par le boulanger, et décédé peu de temps avant le retour inopiné du boss et père, venu se réfugier chez ses anciens partenaires car poursuivi par la police.
Tout va tourner bien sûr autour du fameux four : qui y est rentré ? Nous ne le saurons vraiment qu’à la toute fin, l’auteur ayant réservé sa seule idée originale (la réaction de Clara face au mort) pour les dernières secondes.

Les rubriques
Le fait divers présenté par Maurice Renault pourrait être une aventure d’Arsène Lupin. Un cambrioleur effectue son petit manège dans un appartement où dorment les propriétaires. La femme, l’ayant finalement surpris, a été immédiatement sous le charme. « Dommage qu’elle soit trop lourde » aurait dit le malfaiteur avant de s’éclipser.
Autre histoire, trouvée dans un journal de 1827 : le gardien de la ménagerie de Stuttgart pour tromper la faim a attaqué un lion. Lorsqu’il fut arrêté il en avait mangé la moitié.
Et enfin, mais ce n’est pas un fait divers, l’arrivée extraordinaire, au château de Langeais, de ce que l’on nomme aujourd’hui un audio-guide, « une installation sonore et lumineuse constituée par un véritable cerveau magique qui conduit automatiquement les visiteurs à travers les différentes pièces ».
Pierre Véry a une communication importante à faire : il va s’atteler à l’écriture d’une fiction inspirée par « deux annonces parues simultanément l’une sous l’autre dans France-Soir » :
Annonce 1 :
« Reviens veux -tu
J-P »
Annonce 2 :
« Jean-Paul reviens immédiatement tout est oublié »
Ce sera « Le pont de la Tournelle » (30-11-1954). Deux mois d'attente, car, pour une raison inconnue, les émissions du 2, 9, 16 et 23 novembre seront des rediffusions (respectivement de : « Le plus beau métier du monde », La folie en tête », « Il est plus tard que tu ne crois » et « Colin-maillard »).

Germaine a lu deux livres qui reposent sur une intrigue criminelle sans policier ou détective, ce qui semble, apparemment, nouveau et de plus en plus fréquent. Les deux romans sont de Michael Gilbert :  « Le mort dans le tunnel » et « La crainte d’un faux pas ». Après le résumé habituel, Germaine conclut : « ces deux romans sont très longs, et je les ai trouvés très courts ».
Dans la série « Roger a vu »... 
Nous admirerons l’honnêteté de Pierre Véry qui nous signale que Roger est absent (Festival de Venise oblige). Heureusement qu’il nous le signale, car comme nous allons entendre la chronique habituelle, il ne nous l’aurait pas dit que nous n’y aurions vu que du feu.
Roger est furieux, il en a marre, il pousse un grand coup de gueule. Ras-le-bol de ces films à suspense où nous connaissons dès le début l’identité du coupable. Tout ça pour explorer la psychologie du criminel, alors que Roger, lui, et il demande aux auditeurs de le soutenir, il est en manque de whodunit. Rappelons que Roger ne craint pas de confesser régulièrement qu’il n’aime pas trop les films à suspense.
L’homme est complexe, et la contradiction est dans sa nature.

Une preuve d'amour (19-10-1954)
de Boileau-Narcejac
avec André Var (le mari, Gaston), Nicole Verville (Micheline, femme de Gaston), Philippe Mareuil (Dominique, l’amant de Madame), Solange Certain (la bonne), Andrée Tainsy (la concierge), Jean Chevrin (le speaker)

Le duo Boileau-Narcejac est venu participer une nouvelle fois à l’émission pour se détendre suite à la parution de leur dernier livre, bien noir, « Celle qui n’était plus » (adapté illico par H-G Clouzot sous le titre « Les diaboliques »).
De lapins malades ayant entraîné la mort des consommateurs qui les avaient volés, nous passons à des pigeons empoisonnés et d’un drame à une pièce de boulevard très classique, brève, efficace, mais respectant en tout point les règles du genre. L’ensemble est plaisant mais sans surprise.  
Encore une fois le trio gagnant : le mari, la femme, l’amant, et  accessoirement la bonne parce que nous sommes dans un bon petit ménage bourgeois comme les aime ce type de théâtre.
Un lieu unique, le salon du couple, et un va-et-vient des trois personnages. La femme trompe son mari à répétition, avec son accord et toute sa bienveillance. Le dernier amant, il souhaite que sa femme le garde, car les autres étaient un peu casse-cou sur les bords.
Tout ce manège repose sur le fort appétit sexuel de la femme, que n’arrive pas à contenter le mari, que l’on peut supposer impuissant.
Voilà comment le sexe peut s’incruster sans problème, grâce au genre boulevardier, coutumier des histoires de coucheries, dans un programme grand public diffusé à une heure de grande écoute sur une radio nationale dans les années 50. Tout est insinué de telle manière que les éventuels enfants à l’écoute n’y comprennent rien alors que c’est parfaitement clair pour les adultes (et les adolescents un peu attentifs).

Les faits divers de la semaine :
Une escroquerie, le coup de la vente de la tour Eiffel, mais cette fois-ci avec un tramway.
Les auditeurs doivent trouver un titre spirituel au fait divers suivant, choisi car « vraiment d’un humour assez macabre » : un homme déterre le cadavre de son beau-frère pour l’envoyer en pièces détachées à sa sœur, donc à la femme du défunt, qui faute d’argent ne pouvait faire transférer la dépouille auprès d’elle. Les os, une fois séchés, étaient envoyés par colis postaux.

Le fait divers qui a servi à Yvan Noë pour une prochaine émission (« Crime imparfait », 07-12-54) fait aussi dans le macabre, mais il est difficile d’y trouver une accroche humoristique. Il s’agit du cadavre d’une femme retrouvée sur une plage, avec mort par immersion. Mais des traces de coups ont été aussi découvertes.

Yves Jamiaque vient au micro pour expliquer brièvement la transformation d’un fait divers en fiction. Il revient sur une de ses pièces, diffusée récemment, « Madame Roc ne reçoit plus ». Au fur et à mesure de l’écriture, il avait laissé tomber certains éléments du fait divers. Qu’à cela ne tienne, il se propose de revenir à la charge et d’écrire une seconde pièce à partir du même fait divers. Ce sera « Les monte-en-l’air », diffusée de 25-01-1955, inspirée donc aussi de cette histoire de locataire qui avait démonté sa maison pour la déplacer 200km plus loin.

Le livres lus par / Les spectacles vus par :
D’abord Germaine, dont l’absence ne nous est pas expliquée comme le fut celle de son acolyte les semaines précédentes. La chronique fut bien écrite, et elle est lue par une autre voix, plus jeune. Les deux livres :
« La vérité qui tue » d’Helen Mc Cloy
La vérité est assassinée une seconde fois avec cette autre vérité qui tue : « La vérité des gens sans intérêt ne me paraît guère plus intéressante que leur mensonge », même si finalement le livre est « assez agréable et contient de nombreux rebondissements». Il faut par contre s’accrocher pour suivre l’intrigue déroulée à deux cents à l’heure.
« La mort est servie » de Nicholas Blake (pseudonyme de Cecil Day-Lewis, père de l'acteur Daniel Day-Lewis. Il a écrit notamment « The Beast Must Die » (1938) adapté par Claude Chabrol en 1969.)
L’intrigue est tellement touffue que là par contre, Germaine laisse tomber les détails. Une mort mystérieuse, plein de suspects, et un coupable « qui n’est pas celui qu’on pense ». Ce roman, qui semble reprendre les recettes d’Agatha Christie, est victime d’un assassinat. La coupable, Germaine, avoue que « l’habileté de l’auteur est laborieuse ».

Et puis voilà Roger, qui nous dit avoir vu des films qui collent pile avec l’émission « Faits divers ». Ce qui signifie l’inverse, comme d'habitude. Le premier film est une bio romancée de Glenn Miller et le second un film de guerre, « Ouragan sur le Caine », qui doit « être en quelque sorte comme le contraire d’un fait divers ». Vous êtes perdus ? Normal. La chronique à Roger est plus touffue qu’un roman de Nicholas Blake.
De cet ouragan, « un Cuirassé Potemkine au petit pied », nous est vanté le réalisateur, Edward Dmytryk, et ce « merveilleux acteur qu’est José Ferrer ». La présence d’Humphrey Bogart est passée sous silence.
Pour parler de Glenn Miller, Roger va se faire musicologue. Il nous explique l’importance du musicien dans l’histoire du jazz, qu’il prononce « jaze ». Elle n’est pas fameuse, mais Roger ne s’arrête pas à ce détail.
Par contre, il s’arrête sur une ressortie de la semaine sur laquelle il ne tarit pas d’éloges, « Les temps modernes » de Chaplin. Encore un film qui a « tout à fait sa place dans l’émission ‘’Faits divers’’ ».

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 03 Sep 2023, 10:31

Faits divers

Mektoub (26-10-1954)
de Pierre Léaud
avec Jacqueline Pierreux (Raymonde), Jean-Marie Amato (Jef), Rosy Varte (Flora), Guy Decomble (Mario), Jean Valton, Jean-Charles Thibaud, Jean Chevrin, Yves Duchateau,  André Wasley, Florence Brière, Liliane Sorval, Jean Mauvais, Jean Bolo, Bernard Musson, Doudou Babet, Jean Pandou, René Pascal
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Noël Barbé
opérateur Charles Marié
assistant Jean Garretto
Petite précision : Pierre Léaud et Jacqueline Pierreux sont les parents de Jean-Pierre Léaud.

Dans « Mektoub », l’histoire d’un trafic de cigarettes passe en second plan. Notre point de départ a été noyé par une histoire de gangster, qui, s’étant enfui à Tanger pour échapper à la juridiction française, tombe amoureux d’une jeune femme qui prétend chanter dans sa boîte. La jeune femme a-t-elle été envoyée comme appât pour faire revenir le trafiquant sous le coup de la loi française ? Il semble que oui, mais cela se complique : la femme est-elle tombée amoureuse aussi ? L’ancienne maîtresse du notre criminel en fuite ne va-t-elle pas être jalouse ?
L’ambiance électrique de cette fiction est en grande partie liée à l’interprétation de Rosy Varte et Jean-Marie Amato, duo d’habitués de « Faits divers » il est vrai, mais tout de même, l’habitude aidant, ils maîtrisent à la perfection les types de rôles qu’on leur donne plus ou moins systématiquement : la femme fatale à fort caractère pour Varte, le gros dur au cœur tendre pour Amato.
L’histoire se passe donc entre Tanger et Paris, avec une poursuite-express Paris-Marseille. De telles scènes d’action, autant de mouvements, seront inimaginables dans « Mystère, mystère ».

Le jeu des titres : un message dans une bouteille découverte sur une plage italienne. Le premier titre proposé est « Une bouteille de Rome ». Parmi les autres « Un message de l’eau-delà », « A l’eau à l’eau », « Une bouteille de derrière les hublots ». Pour l’équipe, le meilleur titre était « Un message qui a de la bouteille ».
La manière de faire participer les auditeurs à l’émission (envois d’articles, histoires à titrer) est bon enfant, jamais hautaine ni méprisante. Les auditeurs sont le moteur de l’émission puisque ce sont leurs envois qui sont à la base des fictions.
Pour le fait à titrer de la semaine, voir « Il est plus tard que tu ne crois » du 16-11-1954).
Dans la seconde partie de l’émission, les auteurs expliquent le choix de leur fait divers, et, avant de passer à l’écriture, indiquent les éléments qui ont accroché leur imagination.
Francis Didelot viendra lire le titre de l’article qu’il a choisi : « Un lyonnais découvre dans un coffre à charbon à double-fond le squelette d’un enfant et une mâchoire de femme ». Un crime remontant à trente ans, donc ce que nous appelons aujourd’hui un « cold case ». Francis Didelot ne sait pas ce qu’il va en faire, mais il a déjà le titre, « Affaire classée » (pas d’archivage de cette émission), soit l’équivalent in french du cold case. Il est signalé que « l’inventeur » du concept est Maurice Renault, qui illico s’explique. Inventeur est excessif. Disons qu'il a effectivement publié en France la série « Le service des affaires classées » de Roy Vickers, «The Department of Dead Ends » en V.O.
Maurice Renault était très actif dans le monde de l’édition. C’est en grande partie pour cette raison qu’il fut choisi pour participer en 1952 au « Jeu de l’aventure et du mystère ». Dans l’ouvrage de Jacques Baudou plusieurs fois cité, il est indiqué qu’il ne faisait pas grand-chose dans l’émission (il servait à attirer des auteurs à la radio, via ses multiples contacts), si ce n’est présenter occasionnellement « Faits divers ». Or, l’écoute de la série montre qu’il co-présente toutes les émissions avec Pierre Véry, et qu’il tient à montrer qu’il s’investit dans leur préparation.

Le livre lu et le film lu par Germaine / Roger
Décidément, en 54-55, le duo Boileau-Narcejac était très actif. Leur nouveau titre, « D’entre les morts », qui vient quelques mois après « Celle qui n’était plus », a été aussi adapté peu de temps après sa sortie (en 59). On reconnaîtra dans le très (trop) long résumé donné par Germaine Beaumont, « Vertigo » dit aussi « Sueurs froides » d’Alfred Hitchcock.
Autre livre lu par, un petit « Masque », « un ahurissant roman », « Le chat qui rit » par Stanley Toye qui resoulève le problème du meurtre commis dans une chambre close. D’où vient la fléchette enfoncée dans l’œil de la victime ?

Les spectacles à Roger
Roger s’emballe démesurément (attention, très rare) au sujet d’un film « pas mal du tout, et même assez bien », ou plutôt son acteur principal, Danny Kaye « la seule révélation chez les comiques américains depuis la guerre ».  

Crime imparfait (07-12-1954)
d’Yvan Noë
avec Guy Decomble (l’inspecteur Dervaux), Martine Sarcey (Susie), Charlotte Clasis (madame Lecas), Jacques Hilling (Bonnefoy), Jacqueline Rivière (Martine), Lisette Lemaire, Jean Chevrin, Yves Duchateau, Albert Gercourt, Pierre Marteville, André wasley, Jacques Rouve
bruitages Gabriel de Rivage

Une histoire de dédoublement de personnalité mystérieuse,  c’est ce qu’a tiré l’auteur de l’article relatant la découverte d’un cadavre contusionné sur une plage.
Habitué aux rôles d’enquêteurs, Guy Decomble alias l’inspecteur Dervaux, va démêler ce sac de nœuds.
Ce mort trouvé sur la plage correspond semble-t-il à celui d’un cambrioleur recherché par la police. Or, les récits successifs de sa femme et de sa fille, puis, complètement inattendu, de sa maîtresse, ne cadrent pas entre eux, et c’est la partie qui capte le plus notre attention. L’explication finale, elle, n’est par la force des choses pas très surprenante, puisqu’elle rassure en donnant une explication simple pour l’auditeur, mais pas pour le coupable pour qui ça a dû être bien compliqué.

Le retour du jeu des titres : un coffre en forme de cœur, retrouvé dans le sol, et qui contenait bien un cœur humain en parfait état. Comment était-ce possible ? Nous n’avons pas la réponse à cette question, parce que tous les auditeurs se sont donnés à fond pour sortir le meilleur jeu de mots possible : « Elle avait un cœur de pierre, on le retrouve au pied d’un muraille », « Le cœur de la belle au terreau », « Le cœur sous le pic », « Rendez-vous à cinq cœurs »… Le meilleur pour l’équipe était « Le cœur a son secret, le mur a son mystère ».
La raison de leur choix restera aussi enrobée de mystère.
Le prochain fait à titrer est une vraie perle :
« Alors qu’elle villégiaturait, une vieille demoiselle américaine fort riche vint à mourir. Ses parents firent le nécessaire pour que le corps soit rapatrié aux États-Unis. Quand le cercueil arriva, il contenait le corps d’un général britannique mort en même temps au même endroit. Le neveu de la vieille américaine câbla immédiatement aux parents du général pour les prévenir de la méprise, leur demander leur avis et ce qu’il convenait de faire. Quelques temps après, lui parvint la réponse suivante : ‘’Inhumez tranquillement général, votre tante enterrée hier avec les honneurs militaires’’. »
Un bon tremplin pour jeux de mots.

Germaine & Roger
Germaine présente le roman qui a obtenu le prix du Quai des Orfèvres, « Sans effusion de sang »  d’Alain Serdac et Jean Maurinay. C’est « un bon petit roman », mais nous comprenons bien vite que premièrement, il ne mérite pas son prix, et que deuxièmement leurs auteurs ne sont pas près de faire partie de l’équipe de « Faits divers ».
Conclusion : « ce n’est pas une effusion, mais une infusion ».
Plus apprécié, « Le dernier rendez-vous » de Hartley Howard, un policier de série américaine « mené tambour battant », avec son « emploi inattendu du bas de laine transformé en mouchoir à sous et qui constitue une arme des plus efficaces pour ratatiner son prochain ». Germaine ne « recommande pas à l’épargne française cette manière d’économiser ».

Le film : « Votre dévoué Black » écrit par Jerry (=Jérôme) Epstein et Jacques Vilfrid et mis en scène par Jean Laviron, et avec Eddie Constantine. Ça castagne donc dur.
Roger a aimé, malgré les gros défauts habituels (grosses ficelles, et puis plein de trucs mal fichus que Roger ne craint jamais de signaler) mais il prophétise que la formule du film d’action à la Constantine va s’épuiser bien vite : « c’est une passion assez puérile, nous serons vite saoulés avec cet alcool noir, et cela risque de nous rendre malade ». Mais en attendant, Roger en reprendrait bien une gorgée.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 05 Sep 2023, 09:04

Faits divers

Le gendarme du bout du monde (21-12-1954)
de Jean Bommart
avec Jacques Morel (Carassou, le gendarme du bout du monde), Gaëtan Jor (Bostelli, un autre gendarme), Pierre Montcorbier (le commandant Leloup),  Ki Du Yen [?] (le natif du bout du monde), Jean Chevrin, Yves Duchateau, André Vasley, Doudou Babet, Van Thou (?), Pierre Marteville, Jean Bolo,
bruitages Gabriel de Rivage

Cette pièce fut en 1956 transformée en roman par son auteur.

                                                                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 3 Oper1930
                                                    
De la location par l’Empire Britannique d’une île de l’océan Indien, Jean Bommart a gardé l’île et l’Empire colonial, mais Français, délaissé la location, et l’océan Indien au profit du Pacifique.
L’auteur part du postulat suivant : les petites îles dépérissent faute de sang neuf, et les mariages consanguins en se multipliant, entraînent une hausse de la mortalité infantile.
Trois parties dans la fiction : la relève de l’ancien gendarme (ceux-ci, sorte de gouverneurs de l’île, sont changés tous les trois ans), l’arrivée du nouveau avec un crochet rapide par Paris, et sa relève six ans plus tard (et non trois). Les actions principales sont victimes d’ellipses bien compréhensibles, puisque notre gendarme va à lui tout seul semer sa petite graine un peu partout dans l’île.
L’histoire s’embourbe tout de suite. Jean Bommart accumule les dialogues explicatifs interminables. Les deux plus importants sont ceux de la première partie, dans lequel l’ancien gendarme explique au nouveau les règles de vie sur l’île, et de la troisième partie, qui vient en écho au premier pour expliquer tous les bienfaits apportés par l’ex-nouvel arrivant.
En conclusion, le commandant du navire ajoute une couche de morale en donnant comme exemplaire l’attitude du gendarme. Non seulement il fait des gosses à toute la population féminine, mais en plus il est un père attentionné.
Cela se veut fantaisiste, mais cela reste constamment laborieux. Aussi, l’idée de départ a passablement vieilli.
Fiction verbeuse, donc chroniques rabotées.
Le résultat du jeu des titres : un seul titre gagnant, comme ça c’est liquidé. Le faits divers était celui concernant un malencontreux échange de cercueil, celui d’une vieille dame ayant été confondu avec celui d’un général. Le titre proposé est effectivement parfait, il n’y a rien à ajouter : « Feux croisés ».
Le prochain à titrer : un jeune infirmier irlandais a convoqué deux journalistes pour battre battre un « record original », celui de « parler sans s’arrêter pendant cent vingt-sept heures. Il a pris pour thème : les choses bizarres de la vie. »

La chronique extra-courte de Germaine Beaumont. Pour Noël, elle « dépose dans les petits souliers de ses fidèles auditeurs » un ouvrage qu’ils devront toutefois acheter avant de se l’offrir, le nouveau volume des « Nouveaux mystères de Paris » de Léo Malet. Ce dernier faisant paraître un volume tous les deux mois, les auditeurs pourront ressortir les petits souliers dès février 55.
La mini-chronique de Roger Régent. Le film choisi, « Une balle suffit », titre plein de bon sens à condition de savoir tirer,   est massacré avec tact. La méthode Roger :
Étape 1 = « un film plein de tact », « il y a de bonnes idées »
Étape 2 =  une d’entre elles est « admirable »
Étape 3 = elle n’est pas bien exploitée, et si elle l’avait été elle aurait changé le cours de l’histoire du cinéma
Étape 4 = le récit de la scène. Dans une prison, la scène de l’exécution d’un condamné à mort est concrétisée visuellement par le clignotement des ampoules électriques. Admirable.
Étape 5 = « Malheureusement, à part ces cinq secondes très belles, il n’y a pas grand-chose à retenir du film ».

Le fait divers qui donnera lieu à la prochaine émission : un garçon pris dans un ballon captif, se retrouvant, les amarres rompues, seul en plein ciel, et à la dérive. Cette histoire, « Le voyage enchanté » (28-12-1954) signée Jean Marcillac, n’a pas été conservée dans les archives.

La marmite (11-01-1955)
de René Lefèvre
avec Paul Faivre (Arsène Boutemi, le passant accidenté), Geneviève Morel (la malheureuse victime), Jean Valton (les avocats), Jacques Provins (le président du tribunal), Yves Duchateau, Becky Rosanès, Florence Brière, Guy Decomble, Jean Chevrin, Hubert Deschamps, Jean Bolo, André Vasley, Bernard Dumène, Pierre Marteville, et René Lefèvre (le narrateur)


René Lefèvre, surtout connu en tant qu’acteur, a eu l’idée de partir d’un fait des plus insignifiants, qui pourrait arriver à chacun de nous souligne Pierre Véry dans son introduction, pour le transformer en farce, énorme bien entendu.

                                                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 3 Oper1931
                                                      René Lefèvre dans « Le crime de Monsieur Lange » de Jean Renoir (1936)

Un passant se prend une marmite sur la tête. Blessure bénigne, et normalement fin de l’histoire.
Deux idées bien exploitées par cette fiction. D’abord celle d’ajouter un narrateur – interprété par l’auteur – qui se veut d’une parfaite neutralité dans cette affaire. Or, cette neutralité vire à la (fausse) naïveté, puisqu’elle est remise en question par les scènes dialoguées. Tout indique que le plombier-zingueur, victime de l’attentat à la marmite, profite de la situation, mais le narrateur, lui, reste circonspect. Il nous balade dans son histoire parfois comme un reporter qui plante le décors de la scène que nous allons suivre avant de s’éclipser.
Seconde idée, jouer abondamment avec les niveaux de langue et les accents, et là tout repose sur la qualité de l’interprétation. Les interprètes en effet assurent. L’argot  est utilisé avec un naturel confondant. Les naturels sont toujours confondants.
La même histoire, celle de la marmite qui choit, est racontée de nombreuses fois, avec des variantes, notamment celle où la marmite devient une lessiveuse.
Outre Paul Faivre qui surjoue à la perfection la pauvre victime (ou le pochtron, suivant le point de vue), relevons le numéro de Jean Valton qui joue les avocats des deux parties avec virtuosité. Une virtuosité confondante de naturel. Les deux accents qu’il prend successivement rendent la scène du procès criante de vérité. La vérité a toujours tendance à crier.

                ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 3 Oper1932''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 3 Oper1933
                                Le chansonnier Jean Valton dans ses œuvres, un Super 45 tours datant probablement des années 60

Le jeu des titres : est-ce que l’histoire de l’infirmier qui parle durant cent vingt-sept heures sans jamais s’arrêter a inspiré les auditeurs ? Nous ne le saurons pas, puisque Maurice Renault a décidé, faute de temps, de n’en donner que cinq, envoyés par la même personne et qui a donc en théorie quintuplement gagné. Pour ces cinq titres, Maurice Renault  trouve que le roman policier qu’elle va recevoir est « doublement mérité ». Cinq propositions gagnantes, un seul prix, doublement mérité… La gagnante a comme qui dirait été un peu roulée dans la farine.
Le faits divers à titrer : un veau dans une camionnette bloquée au col du Lautaret, et nourri au lait concentré sucré. « Le ruminant ne semble pas avoir souffert de son séjour ».

Le faits divers, qui inspirera une prochaine fiction signée Jacques Floran et André Maheux est une histoire d’ouvreuse poignardée dans un cinéma. Nous ne saurons pas ce qu’elle est devenue, puisque la fiction, « Pochette surprise » (01-02-1955), n’a pas été conservée.

Germaine & Roger
Germaine a lu « Ni vu ni connu » de Howard Browne. Une famille modèle américaine,  la femme disparaît. Que d’hypothèses… l’auteur n’en lâche aucune. Le point de départ de l’histoire ressemble à celui de « Gone Girl » de Gillian Flynn, adapté au cinéma par David Fincher en 2011.
Germaine a lu aussi « Crime au concert Mayol » de Jacques Chabannes : « La profession de dame déshabillée n’est pas de tout repos, du moins dans la fiction policière. »
« Même sans assassinat ce serait amusant, mais il y a assassinat, c’est dire que nous sommes gâtés. »
Roger déplore qu’en janvier, « ce mois maudit », il n’y ait pas grand-chose à se mettre sous les yeux, puisque les distributeurs ont mis le paquet pour les fêtes, et que les foyers ont vidé leurs économies à l’occasion. Alors que reste-t-il ? Rien ? Fin de la chronique à Roger ?
Non, Roger a trouvé un film qui a bravé la tempête, franchi des montagnes, et traversé les déserts à dos de chameau pour arriver sur nos écrans. L’œuvre en question, « Le dernier pont » d’Helmut Kautner, avec Maria Schell. « Helmut Kautner fut avec Veit Harlan le seul metteur en scène allemand de l’époque nazie ayant du talent ». Il est dorénavant l’auteur d’un film antifasciste. Certes il y a des longueurs, mais Roger nous le dit, il est catégorique : « Il faut voir ce film ».

La fiction de la semaine suivante, présentée en fin d’émission, n’a pas été conservée.  « Alerte au typhus » de Jean Dalevèze (18-01-1955) prenait comme point de départ le vol de six mille pilules de chlorure de mercure.

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 09 Sep 2023, 09:54

Faits divers


Les monte-en-l'air (25-01-1955) [le lien mène vers la seule version disponible, sans les chroniques]
d’Yves Jamiaque
avec Guy Decomble (Grand Nesse), Maurice Biraud (Ti Jules), Geneviève Morel, Solange Certain, Yves Duchateau, Bernard Musson, Jean Mauvais, Jean Marconi, Lydia Zarena, Gaëtan Jor, Jacques Dumène, Jean-Pierre Lituac, Madame Benoit
prise de son Jean Godet

Comme expliqué dans l’émission du 19 octobre 54 (« Une preuve d’amour »), l’histoire du locataire qui déplace sa maison de 200km  avait déjà donné naissance à  « Madame Roc ne reçoit plus » (12-10-54). Yves Jamiaque, son auteur, s’était proposé d’en écrire une seconde, toujours à partir du même fait. Dans la première histoire, il n’avait gardé que l’adresse inexistante. Le reste, un professeur en médecine d’âge mûr qui tombe amoureux d’une de ses étudiantes était décevante, alors que le personnage de la voyante, Mme Roc, laissait augurer de mieux.
Dans la seconde, celle qui nous intéresse, il n’a gardé que le déplacement de la maison par la voie des airs. Après la voyance, le merveilleux pur, le miracle non-homologué par le Vatican.
Parfois, le fait divers ne mérite pas d’être modifié, mais étoffé par une couche fictionnelle. L’idée de ces « monte-en-l’air » n’est toutefois pas mauvaise.
Le terme de « monte-en-l’air » désigne au départ les cambrioleurs, mais hélas, suite à une méprise, il va désigner aussi la maison. La scène de cambriolage au début traîne volontairement en longueur. Les deux monte-en-l’air n’arrivent pas à forcer la serrure. Désespéré, l’un d’eux fait appel à Saint Parpagna, le patron bien connu des faucheurs, qui voyant la ferveur de ces fidèles ne traîne pas à s’exécuter. Il fait voler la maison dans les airs et accomplir le tour du monde, avant de se poser place de la Concorde où la foule les prend pour des extraterrestres. Cette partie voit s’enchaîner de courtes scènes : habitants apercevant la maison, extraits des journaux radio du monde entier où surnage la ville de Garenne-Bezons (lieu de villégiature habituelle de la maison volée et volante), la parole des experts, et bien sur les voisins (deux scénettes simples, mais réussies, l’une après le vol de la maison, l’autre après son retour).
L’ensemble ressemble à un sketch qui s’étire en longueur, mais le dénouement n’est pas loupé. Il fait retomber tout le monde sur ses pattes, et les cambrioleurs en prison, dans l’impossibilité d’en sortir car ayant, sous l’influence des scientifiques, perdu la foi en Saint Parpagna.

Les chroniques
Le jeu des titres. Les auditeurs ont cette fois-ci eu l’idée d’utiliser généreusement des titres déjà existants (émissions de radio de l’époque, chansons, titres de romans, de pièces… et même le titre d’un numéro de « Faits divers » !). L’histoire à titrer est des plus horribles : une femme gifle son mari car celui-ci a eu la mauvaise idée de changer de chaîne sur son poste radio. En retour, la voilà éventrée à coups d’épluche-légumes. Les titres proposés sont très nombreux, un auditeur a même envoyé un « amusant » dessin que Maurice Renault hélas ne nous décrit pas.
Le gagnant a utilisé un titre prêt à l’emploi : « La guerre des boutons ».
Le fait divers à titrer est exceptionnel. Une petite annonce  : « On demande un perceur de coffre-fort connaissant bien son affaire ». Cette annonce émane, contrairement aux apparences, d’une banque, dont « la combinaison du coffre principal s’est déréglée ». Même les fabricants du coffre « n’y comprennent rien ».

Germaine a lu « Une charmante soirée » de Gills Jackson, titre qui l’a ravie. Heureusement qu’en conclusion, comme nous le pressentions, elle réussit à caser ce bon mot : cette charmante soirée sera celle du lecteur, pas celle des protagonistes du roman. « Double éclair » de Mary Durham a moins emballé notre spécialiste, double éclair qui associe une fois n’est pas coutume la mort (crime à coup de poignard) et l’amour (comme qui dirait un coup de foudre).
Roger revient sur le dernier film d’Alexander Mackendrick, « The Maggy ». « Le film est délicieux ». Non, cette fois-ci, il n’y a même pas de bémol, rien, Roger plonge dans les délices sans aucune retenue. Lui qui d’habitude omet de signaler le nom des acteurs, voire des réalisateurs, nous donne les noms et le c.v des acteurs principaux, sachant que nous n’en connaissons aucun, puisque tous sont des comédiens amateurs : un instituteur en retraite, un garçon de course du studio, une fermière, un agent de police.
Pour ne pas terminer dans l’euphorie, Roger n’a « pas de très bons renseignements à nous donner » au sujet du « Fantôme dans la rue Morgue » de Roy Del Ruth, inspiré de « Double crime dans... ». Alors là, rien, tout est mauvais, même les bons acteurs.

Les perroquets vivent cent ans (15-02-1955)
de Roger Régent
avec Louis Seigner (le commissaire Vigne), Jean Négroni (Gérard Laforgue), Caroline Clerc (Monique Combe), Joé Noël (Carolus, le perroquet), Pierre Delbon (Lucien Dorfeuille), Becky Rosanès, Florence Brière, Yves Duchateau, André Var, Jean-Louis Maury
prise de son Jean de Landuc
opérateur Charles Marié


« Cette histoire fort bien machinée fut écrite pour rendre un hommage appuyé, très appuyé (trop appuyé ?) à nos amis les perroquets, qui bien souvent s’obstinent à parler lorsqu’on ne leur demande rien, et qui sont capables de compliquer, à dessein n’en doutons pas, des affaires policières qui sans eux seraient vite bouclées pour laisser plus rapidement la place à la d’ordinaire trop courte chronique de Roger Régent. De cette histoire criminelle à suspense, encore, oui, encore du suspense, où la victime, l’innocente victime, innocente comme toujours, a été tuée à coups de pistolet, entraînant une perte de sang considérable qui va sûrement exciter l’intérêt des auditeurs avides de sensations fortes. Vivement que l’on revienne à des histoires plus saines, pleines de fraîcheur et présentant des personnages exemplaires pour notre jeunesse en manque de repères. En attendant, ce perroquet n’aurait pas vécu cent ans s’il avait été tué, lui, et non la jeune femme, par deux balles, avant d’atteindre cet âge qui est respectable pour l’humain, mais pas pour ce perroquet. Que dire de cette fiction à part ces considérations qu’il fallait impérativement rappeler ? Elle met en scène un commissaire bourru mais finalement plein d’humanité (eh oui, un de plus, comme c’est original), une morte par balles (eh oui, encore…), et une enquête qui donne naissance à une belle histoire d’amour entre la voisine de la victime et un jeune inspecteur (eh oui, encore une romance...). Un suspect, il y en aura (eh oui, encore...), et la fin de l’histoire, tristement pathétique, nous arrachera, grâce à une grosse ficelle, grosse mais qui marche toujours, une larme émue. Les auditeurs admireront l’interprétation inoubliable de l’exceptionnel Joé Noël, qui domine de son perchoir l’ensemble de la distribution. » Roger Régent

Sur ces belles paroles, le jeu des titres, avec une transition que Maurice Renault a longuement mûrie, puisque de perroquets il nous fait passer au rossignol, sachant que le rossignol ne désigne pas un oiseau mais ce qui aurait pu ouvrir ce foutu coffre-fort que ni la banque, ni le fabricant n’arrivent à ouvrir. (cf « Les monte-en-l’air », 25-01-1955). Les jeux de mots inspirés par ce triste évènement ont déferlé dans la boîte aux lettres de l’émission.
Beaucoup méritent de gagner, mais il faut n’en garder qu’un : « Fric-frac sans fric ».
Le prochain à titrer : lors d’un cambriolage, un veilleur de nuit pourtant ligoté a réussi à appeler la police, mais avec son nez.
Le fait divers, qui n’en est pas vraiment un, à transformer en chair à fiction : « on recherche les héritiers d’un Français prénommé Eugène—Xavier-Charles-Émile-Louis décédé en Amérique du Sud, né en 1870. Il était vraisemblablement originaire d’Île-de-France. » « Le rosier des eaux » de Lucie Derain (01-03-1955), la fiction en question, n’a pas été conservée dans les archives.
Germaine Beaumont a lu…
« Bien mal acquis » de Kathleen Moore Knight. Ce n’est pas « un roman noir », dans le sens où il n’y a « ni tortures ni mitraillettes »  ni police, ni détective se battant dans des « mares de sang ». Mais que l’on se rassure, le lecteur aura ses repères habituels, donc une brochette de cadavres. Et puis finalement Germaine nous signale qu’il y aura quand même un détective.
Le second livre, un polar allemand « Beson noir » (?) de Johanna Moosdorf, est descendu en flèche.
« Il commence dans la brousse africaine où d’ignobles fonctionnaires coloniaux français croupissent dans le vice et l’ivrognerie. Le moins corrompu, Marcel Lebrun, a épousé une Allemande qui s’est suicidée. Il voudrait savoir pourquoi et remonter dans le passé de cette dame qu’il a connue dans la douceur idyllique d’un camp de prisonnier français en Allemagne, tenu par un couple de geôliers-gâteaux qui choyait ses prisonniers. Là, le camp délicieux est devenu un restaurant de luxe dont Marcel Lebrun tue le directeur à tout hasard. Après quoi, soulagé, il revient à l’ignominie de la colonisation française où une faible  lueur est enfin projetée sur le suicide de la dame.
En fait, tout  au long de ce suspense, nous n’avons été suspendu qu’au seul désir de refermer ce livre tendancieux. »
Roger a vu…
la nouvelle mise en scène de « Voulez-vous jouer avec moâ » de Marcel Achard, qu’il compare avantageusement à celle qu’il a vue pendant la guerre, avec notamment Arletty et Pierre Brasseur. La pièce, dans cette nouvelle version qui a ravi Roger, est montée comme un spectacle de cirque par la troupe des Branquignols de Robert Dhéry, avec Colette Brosset, Christian Duvaleix, et Jacques Duby.
Le film de la semaine est « Interdit de séjour » de Maurice de Canonge. Le film « pose un problème intéressant, et on ne peut pas dire qu’il soit traité », bien que « techniquement bien fait », « c’est un bon équarrissage, bien joué aussi ». Roger, en voyant Claude Laydu embrasser une jeune femme, a pensé que le curé de campagne était défroqué.

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