À dormir debout (02-01-1968)
de Jeannine Raylambert
avec André Valmy, Jean Bolo, Pierre Delbon, Jane Marken, Jean-Jacques Steen, Evelyn Séléna
Cette histoire, comme les deux suivantes, brode sur le thème de l’adultère. Une préoccupation essentielle dans « Mystère, mystère ». L’homme a une, voire plusieurs maîtresses, et la femme, souvent un amant, voire plus si affinités, et c’est la lutte, à mort si possible sans cela il n’y a plus de « mystère, mystère ».
Il est possible de surprendre à partir d’un canevas peu original, et c'est tout le sel des meilleurs numéros de cette émission.
Jeannine Raylambert (1921-2007), comme les auteurs qui vont suivre, fait partie de l’équipe qui travaille avec régularité pour Pierre Billard. Elle entre dans l’équipe des « Maîtres du mystère » en 1959. Elle y adapte des romans policiers, mais place aussi quelques pièces originales.
Pierre Billard fera à nouveau appel à J. Raylambert en 1983 lorsqu’il reviendra sur France Inter avec une émission régulière (de 1983 à 1988, Jean Garretto, qui débuta comme assistant de production pour « Faits divers », est directeur des programmes de la chaîne). Elle écrira occasionnellement pour « Les mille et un jours » (novembre 1983-juin 85, puis seconde série septembre 87-juin 88), et « Les nouveaux maîtres du mystère » (septembre 85-juin 87).
Dans « À dormir debout », elle surprend l’auditeur de bout en bout, en choisissant de faire déraper la fameuse situation adultérine dans l’absurde le plus total, l’humour noir le plus délicieux, sans jamais, et ce jusqu’à la dernière seconde, le moindre temps mort, la moindre faiblesse d’écriture. Car la difficulté lorsque l’on dérape à ce point est de tomber à un moment en panne d’inspiration. Il n’est pas évident de sans cesse faire rebondir son histoire, surtout lorsque l’on part sur de tels chapeaux de roue.
« Le père : Ah c’est toi François ? Bin rentre mon p’tit, entre…
Le fils : Bonsoir papa.
Le père : Bin j’t’attendais pas c’soir.
Le fils : J’m’en doute, oui. Maman n’est pas là ?
Le père : Non, non, elle est chez une voisine.
Le fils : Tant mieux.
Le père : Assieds-toi… Tu t’assieds pas ?
Le fils : Non, non, j’préfère reste d’bout.
Le père. Ah.
Le fils : Oui j’me sens un peu nerveux.
Le père : Au fait, ta femme ne t’a pas accompagné ?
Le fils : Mmm.. c’est-à-dire euh….
Le père : Rien d’fâcheux ?
Le fils : Eh beh… euh...ça dépend…
Le père : Regarde-moi, toi…Bin attends attends...eh… j’adore deviner.
Le fils : Euh ?
Le père : Il s’agit d’un évènement important ?
Le fils : Bin après tout, oui…
Le père : Diable.
Le fils : Voilà papa… Tout à l’heure, enfin après l’dîner...je me suis défait de ma femme.
Le père : Défait ? Comment ça ?
Le fils : Eh bien j’ai fait partir Catherine. Oh en douceur rassure-toi. Oui j’ai fait partir Catherine… pour un monde meilleur…
Le père : Ah, bon ! Ah bin parlons franc, tu l’as supprimée…
Le fils : Voilà ! C’est l’mot !
Le père : Alors là mon garçon bravo, tu r’montes dans mon estime... »
La suite voit outre le retour de la morte, l’arrivée de la mère, d’un commissaire, et celle d’un médecin qui est aussi l’amant de Madame.
Jeannine Raylambert exploite méticuleusement ce qu’il fallait exploiter avec dignité à partir de cette épineuse situation : construction de l’intrigue, dialogues inventifs, sens du rythme, interprétation fabuleuse, tout est parfait bien qu’à dormir debout.
Cadavre à domicile (10-01-1967)
de Alain Bernier & Roger Maridat
avec André Valmy, Jean-Marie Fertey, Maria Tamar, Pierre Delbon, Lisette Lemaire, Laurence Weber
Alain Bernier et Roger Maridat ont, avant d’arriver dans les « Maîtres du mystère » (en 1964) écrit quelques récits pour l’émission d’Europe 1 « Les auditeurs mènent l’enquête » (1963). Ils seront aussi, comme Jeannine Raylambert, présents chez Billard dans ses émissions des années 80 sur Inter.
Le titre de la pièce est un peu passe-partout. Il y a bien un cadavre à domicile, comme dans bien d’autres histoires de la série.
L’histoire, une fois n’est pas coutume, met en scène un milieu bourgeois, ici un photographe dont l’exposition rencontre un certain succès. Il est entouré comme il faut par une femme qu’il aime, mais hélas mariée, et un meilleur ami. Les auteurs ne s’encombrent que du minimum, c’est ce qui rend plus efficaces les effets dramatiques. À partir de ces trois personnages, les auteurs se retrouvent avec plusieurs combinaisons possibles, la plus tordue étant toujours la meilleure, car le point de départ a été utilisé déjà des milliers de fois, au moins.
Se rajoutent : un mari violent, celui de la femme aimée, et une dame mystérieuse, que notre photographe rencontre dans la galerie d’exposition, et qui porte le même nom que celle qu’il aime, qui habite au même endroit, et qui a un mari qui en tout point correspond à la description de celui du mari violent sus-mentionné.
Le cadavre va suivre dans la foulée…
Une histoire classique, mais les auteurs ont su maintenir l’intérêt des auditeurs jusqu'au bout. Narration épurée, réduite à ce qui est juste nécessaire. Un jeu du chat et de la souris pour lequel nous ne saurons qu'à la fin qui était le chat, et qui était la souris.
Croqué sur le vif (30-01-1968)
de Charles Maître
avec Christian Alers, Jacques Sapin, Martine Sarcey, Bernadette Lange, Andrée Tainsy
Madame sort de prison. Elle avait tué l’amante de son mari. Elle sort, et elle a encore quelques comptes à régler : va-t-elle tuer son mari pour changer un peu ? Ou alors tuer sa nouvelle maîtresse, de qui il est éperdument amoureux ? Monsieur souhaite, parce que ça n’avait pas été fait, demander le divorce à Madame pour pouvoir convoler librement avec sa promise.
Charles Maître est un grand habitué des « Maîtres du mystère » et de « Mystère, mystère », comme les acteurs, qui eux semblent d’une pièce à l’autre s’échanger les rôles, ou reprendre le même.
Cette pièce ne fait sans doute pas partie des plus grandes réussites de Maître Charles. Les acteurs, eux, assurent comme d’habitude le service minimum, c’est-à-dire qu’ils demeurent excellents.
Le mari, in fine, se retrouve le jouet de ces dames, et le mystère, le vrai, réside dans l’attrait qu’il peut avoir auprès de la gent féminine, sachant qu’il est falot, plat, et pas seulement plat, mais mou. La révélation finale, car il y en a une, est retardée un maximum, parce qu’il faut ménager le suspense, et parce qu’il semble aussi que le Maître soit un peu en manque d’inspiration pour renouveler sa panoplie de rebondissements. Alors, profitant de la situation très tendue entre le mari, la femme, et la maîtresse, il tire un peu à la ligne…
Grand-mère et les gangsters (21-03-1967)
de Charles Maître
avec Hélène Dieudonné (la grand-mère), Pierre Trabaud (son petit-fils), Claude Richard (Fred), Mona Dol (Nora), Jean Mauvais (Albert), Henri Poirier, Evelyn Séléna, Gaëtan Jor, Claude Bertrand
Exceptionnel : le centre de l’histoire n’est pas un adultère.
Maître Charles fait s'affronter deux camps de forces inégales : d'un côté une bande de gangsters sans pitié, et de l'autre une bonne vieille grand-mère. Bien sûr, tout le plaisir de l’histoire vient de ce que, cela va de soi, la grand-mère déstabilise progressivement la bande très organisée. Tout doit aboutir à un combat terrible entre notre mémé et Paulo la mitraille, qui ne porte pas ce surnom par hasard.
Le petit-fils, engagé dans l’organisation de la bande surtout par amour pour la femme du boss, se voit proposer de participer à un trafic de drogue. Il refuse et tente même de sortir de cette sale tambouille. Impossible. Il se confie alors à sa mère-grand...
Hélène Dieudonné est connue pour ses rôles de vieilles dames dans les années 60/70, au théâtre, au cinéma, et à la télévision. Elle eut une carrière importante au cinéma comme au théâtre dans les années 10 et 20, avant de se retirer pendant trente ans, puis de reprendre du service à l'approche de la soixantaine. Sur toutes les biographies disponibles de l'actrice, le silence est fait sur les pièces et les films dans lesquels elle a joué au début du siècle. Quels films ? Quelles pièces ? Mystère, mystère...