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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard    Page 4 sur 9

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Curly 


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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 09 Sep 2023, 09:54

Faits divers


Les monte-en-l'air (25-01-1955) [le lien mène vers la seule version disponible, sans les chroniques]
d’Yves Jamiaque
avec Guy Decomble (Grand Nesse), Maurice Biraud (Ti Jules), Geneviève Morel, Solange Certain, Yves Duchateau, Bernard Musson, Jean Mauvais, Jean Marconi, Lydia Zarena, Gaëtan Jor, Jacques Dumène, Jean-Pierre Lituac, Madame Benoit
prise de son Jean Godet

Comme expliqué dans l’émission du 19 octobre 54 (« Une preuve d’amour »), l’histoire du locataire qui déplace sa maison de 200km  avait déjà donné naissance à  « Madame Roc ne reçoit plus » (12-10-54). Yves Jamiaque, son auteur, s’était proposé d’en écrire une seconde, toujours à partir du même fait. Dans la première histoire, il n’avait gardé que l’adresse inexistante. Le reste, un professeur en médecine d’âge mûr qui tombe amoureux d’une de ses étudiantes était décevante, alors que le personnage de la voyante, Mme Roc, laissait augurer de mieux.
Dans la seconde, celle qui nous intéresse, il n’a gardé que le déplacement de la maison par la voie des airs. Après la voyance, le merveilleux pur, le miracle non-homologué par le Vatican.
Parfois, le fait divers ne mérite pas d’être modifié, mais étoffé par une couche fictionnelle. L’idée de ces « monte-en-l’air » n’est toutefois pas mauvaise.
Le terme de « monte-en-l’air » désigne au départ les cambrioleurs, mais hélas, suite à une méprise, il va désigner aussi la maison. La scène de cambriolage au début traîne volontairement en longueur. Les deux monte-en-l’air n’arrivent pas à forcer la serrure. Désespéré, l’un d’eux fait appel à Saint Parpagna, le patron bien connu des faucheurs, qui voyant la ferveur de ces fidèles ne traîne pas à s’exécuter. Il fait voler la maison dans les airs et accomplir le tour du monde, avant de se poser place de la Concorde où la foule les prend pour des extraterrestres. Cette partie voit s’enchaîner de courtes scènes : habitants apercevant la maison, extraits des journaux radio du monde entier où surnage la ville de Garenne-Bezons (lieu de villégiature habituelle de la maison volée et volante), la parole des experts, et bien sur les voisins (deux scénettes simples, mais réussies, l’une après le vol de la maison, l’autre après son retour).
L’ensemble ressemble à un sketch qui s’étire en longueur, mais le dénouement n’est pas loupé. Il fait retomber tout le monde sur ses pattes, et les cambrioleurs en prison, dans l’impossibilité d’en sortir car ayant, sous l’influence des scientifiques, perdu la foi en Saint Parpagna.

Les chroniques
Le jeu des titres. Les auditeurs ont cette fois-ci eu l’idée d’utiliser généreusement des titres déjà existants (émissions de radio de l’époque, chansons, titres de romans, de pièces… et même le titre d’un numéro de « Faits divers » !). L’histoire à titrer est des plus horribles : une femme gifle son mari car celui-ci a eu la mauvaise idée de changer de chaîne sur son poste radio. En retour, la voilà éventrée à coups d’épluche-légumes. Les titres proposés sont très nombreux, un auditeur a même envoyé un « amusant » dessin que Maurice Renault hélas ne nous décrit pas.
Le gagnant a utilisé un titre prêt à l’emploi : « La guerre des boutons ».
Le fait divers à titrer est exceptionnel. Une petite annonce  : « On demande un perceur de coffre-fort connaissant bien son affaire ». Cette annonce émane, contrairement aux apparences, d’une banque, dont « la combinaison du coffre principal s’est déréglée ». Même les fabricants du coffre « n’y comprennent rien ».

Germaine a lu « Une charmante soirée » de Gills Jackson, titre qui l’a ravie. Heureusement qu’en conclusion, comme nous le pressentions, elle réussit à caser ce bon mot : cette charmante soirée sera celle du lecteur, pas celle des protagonistes du roman. « Double éclair » de Mary Durham a moins emballé notre spécialiste, double éclair qui associe une fois n’est pas coutume la mort (crime à coup de poignard) et l’amour (comme qui dirait un coup de foudre).
Roger revient sur le dernier film d’Alexander Mackendrick, « The Maggy ». « Le film est délicieux ». Non, cette fois-ci, il n’y a même pas de bémol, rien, Roger plonge dans les délices sans aucune retenue. Lui qui d’habitude omet de signaler le nom des acteurs, voire des réalisateurs, nous donne les noms et le c.v des acteurs principaux, sachant que nous n’en connaissons aucun, puisque tous sont des comédiens amateurs : un instituteur en retraite, un garçon de course du studio, une fermière, un agent de police.
Pour ne pas terminer dans l’euphorie, Roger n’a « pas de très bons renseignements à nous donner » au sujet du « Fantôme dans la rue Morgue » de Roy Del Ruth, inspiré de « Double crime dans... ». Alors là, rien, tout est mauvais, même les bons acteurs.

Les perroquets vivent cent ans (15-02-1955)
de Roger Régent
avec Louis Seigner (le commissaire Vigne), Jean Négroni (Gérard Laforgue), Caroline Clerc (Monique Combe), Joé Noël (Carolus, le perroquet), Pierre Delbon (Lucien Dorfeuille), Becky Rosanès, Florence Brière, Yves Duchateau, André Var, Jean-Louis Maury
prise de son Jean de Landuc
opérateur Charles Marié


« Cette histoire fort bien machinée fut écrite pour rendre un hommage appuyé, très appuyé (trop appuyé ?) à nos amis les perroquets, qui bien souvent s’obstinent à parler lorsqu’on ne leur demande rien, et qui sont capables de compliquer, à dessein n’en doutons pas, des affaires policières qui sans eux seraient vite bouclées pour laisser plus rapidement la place à la d’ordinaire trop courte chronique de Roger Régent. De cette histoire criminelle à suspense, encore, oui, encore du suspense, où la victime, l’innocente victime, innocente comme toujours, a été tuée à coups de pistolet, entraînant une perte de sang considérable qui va sûrement exciter l’intérêt des auditeurs avides de sensations fortes. Vivement que l’on revienne à des histoires plus saines, pleines de fraîcheur et présentant des personnages exemplaires pour notre jeunesse en manque de repères. En attendant, ce perroquet n’aurait pas vécu cent ans s’il avait été tué, lui, et non la jeune femme, par deux balles, avant d’atteindre cet âge qui est respectable pour l’humain, mais pas pour ce perroquet. Que dire de cette fiction à part ces considérations qu’il fallait impérativement rappeler ? Elle met en scène un commissaire bourru mais finalement plein d’humanité (eh oui, un de plus, comme c’est original), une morte par balles (eh oui, encore…), et une enquête qui donne naissance à une belle histoire d’amour entre la voisine de la victime et un jeune inspecteur (eh oui, encore une romance...). Un suspect, il y en aura (eh oui, encore...), et la fin de l’histoire, tristement pathétique, nous arrachera, grâce à une grosse ficelle, grosse mais qui marche toujours, une larme émue. Les auditeurs admireront l’interprétation inoubliable de l’exceptionnel Joé Noël, qui domine de son perchoir l’ensemble de la distribution. » Roger Régent

Sur ces belles paroles, le jeu des titres, avec une transition que Maurice Renault a longuement mûrie, puisque de perroquets il nous fait passer au rossignol, sachant que le rossignol ne désigne pas un oiseau mais ce qui aurait pu ouvrir ce foutu coffre-fort que ni la banque, ni le fabricant n’arrivent à ouvrir. (cf « Les monte-en-l’air », 25-01-1955). Les jeux de mots inspirés par ce triste évènement ont déferlé dans la boîte aux lettres de l’émission.
Beaucoup méritent de gagner, mais il faut n’en garder qu’un : « Fric-frac sans fric ».
Le prochain à titrer : lors d’un cambriolage, un veilleur de nuit pourtant ligoté a réussi à appeler la police, mais avec son nez.
Le fait divers, qui n’en est pas vraiment un, à transformer en chair à fiction : « on recherche les héritiers d’un Français prénommé Eugène—Xavier-Charles-Émile-Louis décédé en Amérique du Sud, né en 1870. Il était vraisemblablement originaire d’Île-de-France. » « Le rosier des eaux » de Lucie Derain (01-03-1955), la fiction en question, n’a pas été conservée dans les archives.
Germaine Beaumont a lu…
« Bien mal acquis » de Kathleen Moore Knight. Ce n’est pas « un roman noir », dans le sens où il n’y a « ni tortures ni mitraillettes »  ni police, ni détective se battant dans des « mares de sang ». Mais que l’on se rassure, le lecteur aura ses repères habituels, donc une brochette de cadavres. Et puis finalement Germaine nous signale qu’il y aura quand même un détective.
Le second livre, un polar allemand « Beson noir » (?) de Johanna Moosdorf, est descendu en flèche.
« Il commence dans la brousse africaine où d’ignobles fonctionnaires coloniaux français croupissent dans le vice et l’ivrognerie. Le moins corrompu, Marcel Lebrun, a épousé une Allemande qui s’est suicidée. Il voudrait savoir pourquoi et remonter dans le passé de cette dame qu’il a connue dans la douceur idyllique d’un camp de prisonnier français en Allemagne, tenu par un couple de geôliers-gâteaux qui choyait ses prisonniers. Là, le camp délicieux est devenu un restaurant de luxe dont Marcel Lebrun tue le directeur à tout hasard. Après quoi, soulagé, il revient à l’ignominie de la colonisation française où une faible  lueur est enfin projetée sur le suicide de la dame.
En fait, tout  au long de ce suspense, nous n’avons été suspendu qu’au seul désir de refermer ce livre tendancieux. »
Roger a vu…
la nouvelle mise en scène de « Voulez-vous jouer avec moâ » de Marcel Achard, qu’il compare avantageusement à celle qu’il a vue pendant la guerre, avec notamment Arletty et Pierre Brasseur. La pièce, dans cette nouvelle version qui a ravi Roger, est montée comme un spectacle de cirque par la troupe des Branquignols de Robert Dhéry, avec Colette Brosset, Christian Duvaleix, et Jacques Duby.
Le film de la semaine est « Interdit de séjour » de Maurice de Canonge. Le film « pose un problème intéressant, et on ne peut pas dire qu’il soit traité », bien que « techniquement bien fait », « c’est un bon équarrissage, bien joué aussi ». Roger, en voyant Claude Laydu embrasser une jeune femme, a pensé que le curé de campagne était défroqué.

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 10 Mar 2024, 10:04

Mystère, mystère

Le gosse aux yeux fous (21-11-1967)
de Charles Maître
avec Bernadette Lange, Jacques Morel, Jean-Charles Thibaut, Pierre Trabaud, Gaëlle Romande, Lisette Lemaire, Maurice Chevit, Jean-Marie Fertey, André Var, Gaëtan Jor, Robert Maufras

Une histoire d’adultère dans le milieu de la grande bourgeoisie, avec tentative de meurtre. Un canevas sur lequel « Mystère, mystère » travaille avec constance. Comment à chaque fois trouver une variante  originale, qui surprenne l’auditeur ? Les combinaisons sont infinies.
Les dialogues, et la construction de l'histoire, ne tentent pas de s'échapper des conventions du genre. Mais tous les acteurs, sans exception, maîtrisent avec perfection cette galerie de personnages bien typés.
Raoul Steiner dirige une entreprise qui fonctionne bien, il est implacable en affaires, et marié à un femme de 15 ans plus jeune que lui. Son frère Georges dépense sans compter, et décide d’un voyage avec sa femme, Jacqueline. Tout le début alterne des scènes dans les bureaux avec le nid douillet où Solange, trompe Raoul avec Jacques Rosier, un petit jeune de 21 ans (très important, le voilà majeur), le gosse du titre.
Solange va pousser Jacques à tuer son mari. Tentative loupée, mais qui va ouvrir une enquête vite menée. Tout cela va se terminer en tragédie.
Deux trouvailles, une qui permet de mener l’enquête à bon terme rapidement, puisque « les yeux fous » du tueur orientent le commissaire vers un crime passionnel, et une autre, le fameux dénouement, qu’aucun auditeur n’est censé deviner avant son arrivée tant attendue. Ici, l’auteur s’est amusé à brouiller l’identité de certains personnages. L’un d'eux n’est pas celui que l’on croit.

Le passé antérieur (12-03-1968)
de Alain Bernier et Roger Maridat
avec Arlette Thomas, Maria Tamar, Jean Topart, André Valmy, Jacques Sapin, Lisette Lemaire

Bien entendu le titre est un jeu de mots. Toujours la même combinaison mari / femme / amant, même si c’est uniquement dans le dénouement qu’elle apparaît sous son vrai jour. Pour ce qui précède la révélation, l’auteur a fait dans le tordu, pour surprendre au mieux l’auditeur.
Deux amies, Sophie et Laurence, se promènent : milieu bourgeois encore une fois, perspective d’un anniversaire de mariage heureux pour Laurence, cette première scène très conventionnelle est interrompue au bout de quelques secondes par un inconnu, Jean Topart de passage dans un rôle secondaire, qui reconnaît Laurence comme étant une ancienne connaissance très proche. Or, Laurence ne se souvient de rien.
Et l’histoire continue ainsi, exploitant absolument toutes les possibilités offertes par cette situation étrange : Laurence a-t'elle vraiment perdu la mémoire ? Est-elle manipulée ? Sa perte est-elle une séquelle d’un accident qu’elle aurait eu il y a environ dix ans ?
Le passé antérieur (c’est le jeu de mots du titre) à cet accident devient sujet à de folles spéculations. Mais à l’arrivée, il y a un meurtre, et deux belles idées, dont une très radiophonique : nous assistons au meurtre, nous entendons tout, nous sommes sur les lieux, bien placés, mais, forcément, nous ne voyons rien. Trois personnages, un coup de feu, et si l’identité de la victime est vite donnée, celle du coupable reste un mystère. Deux coupables possibles, et pourquoi pas un troisième, puisque nous ne voyons rien ?
Autre idée, l’interrogatoire de Sophie, l’amie de Laurence, dont les explications tombent en ruine au fur et à mesure car manifestement, elle ment sur tous les points, et mal. L’auteur nous mène bien en bateau.
Parmi la galerie de personnages, encore un bon gros « directeur technique », terne au possible, et même pire, que trois femmes s’arrachent éperdument. Il est certainement là, le vrai « mystère, mystère ».

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 17 Mar 2024, 10:33

Mystère, mystère

Le pavé dans la mare (12-05-1967)
de Jeannine Raylambert
avec André Valmy, Nicole Vervil, André Var

Une fiction plus courte (40mn) mais visiblement bâclée. Peut-être que J. Raylambert, en accord, ou sur la demande de Pierre Billard, a procédé à des coupes franches pour limiter les dégâts. Ce n’est qu’une supposition...
Michel, un adolescent, fils d’un directeur commercial quelconque, décide un ami de reprendre un canular de Mark Twain : envoyer douze messages anonymes à, encore eux, de bons notables, y compris leur famille, sur lesquels sera écrit « Filez, tout est découvert ».
Le Michel a son idée derrière la tête, faire filer le beau-frère de son ami orphelin. Le Michel est jaloux et voudrait séduire la sœur de son ami dont il est amoureux.
Bien sûr, le beau-frère n’en aura rien à faire, n’ayant rien à se reprocher, alors que chez Michel, ça va se terminer comme dans un tragédie antique, mais une tragédie bâclée : le crime est très rapidement découvert, parce que le coupable parle beaucoup trop. Quant à la mère, hystérique, elle avoue immédiatement le crime à son fils, et continue à crier au lieu de l’empêcher de s’enfuir.
Par contre, le passage où le père, rongé par la culpabilité, passe en revue tous les détails de la mort de son beau-frère, est interminable, surtout lorsqu’on comprend tout de suite ce qui s’est réellement passé.
Difficile d’imaginer que Jeannine Raylambert ait pu écrire un texte si lourd et si peu inventif, alors que le point de départ pouvait donner lieu à des dérapages plus incontrôlés.

Le verre de l’amitié (07-02-1967)
de Charles Maître
avec Anne Doat, Bernadette Lange, Geneviève Morel, Jean Rochefort, Christian Alers

Encore et toujours le même milieu, mais une intrigue tarabiscotée à souhait. Quatre personnages, quatre manipulateurs. Nous ne saurons, c’est la loi du genre, que dans les dernières secondes qui a vraiment réussi son coup.
Le point de départ. Une capitaine d’entreprise qui tourne, et trois personnages qui ont de bonnes raisons de se débarrasser d’elle : sa jeune sœur sous tutelle, qui aimerait bien récupérer sa part, son mari, qui, séduite par la jeune sœur, aimerait bien prendre la poudre d’escampette, et le comptable, qui a pioché généreusement dans la caisse et qui vient d’être démasqué, ce qui est invraisemblable après autant d’années, mais peu importe, l’intrigue est un jeu de construction, et si l’on ne s’amuse plus, il n’y a plus de plaisir.
L’intrigue dérape heureusement bien vite, dans un long dialogue de plus d’un quart d’heure entre la jeune sœur et le comptable (Jean Rochefort rend cette scène jouissive) qu’elle tente d’embarquer dans son complot. Celui-ci se montre tout de suite déroutant, nullement désarçonné par le chantage (il a piqué dans la caisse, il doit se sauver), souriant, un peu moqueur, et finit même par embrasser la jeune femme, qui ne s’y attendait pas, mais qui voudrait bien continuer la séance.
Sans cette longue scène, la pièce manquerait de sel, car la suite rebat toutes les cartes de manière plus classique, mais se termine quand même dans le réalisme le plus rigoureux, puisque l’industrielle en chef avait depuis le début placé des micros partout dans sa maison. La mort de la fin, car il faut bien qu’il y en ait une, arrivera dans une tonalité plus caustique que tragique.

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 23 Mar 2024, 08:46

Mystère, mystère

Maître Jasseron, notaire (19-12-1967)
de Alain Franck
avec Rosy Varte, Jacques Morel, Lucien Nat

Il n’y a pas que les chefs d’entreprises florissantes (nous sommes en pleine « Trente Glorieuses) avec leur femme ou, plus rare, leur mari (cf « Le verre de l’amitié ») au foyer, ou autres directeurs commerciaux, financiers, techniques, etc.… il y a aussi les notaires.
En voici un, petit notaire de province, dont le fils est découvert mort dans un appartement parisien. Pas d’adultère ni d’histoire d’héritage.
Trois personnages : le notaire, sa femme, et un commissaire. La relative originalité de cette pièce réside dans la manière qu’a l’auteur de faire évoluer l’enquête, le commissaire partant sur des pistes glissantes, emmenant l’auditeur avec lui bien sûr. Le couple a des choses à cacher à la police, sans ça ce serait trop facile, et le commissaire va rapidement soupçonner, chose extraordinaire, le père, puis carrément la mère éplorée. La résolution de l’intrigue, sans grande surprise, n’est cette fois pas le plus important.
Par contre, et là c’est une première, le commissaire sera, de manière indirecte, à l’origine de la mort d’un des personnages.

Menace pour menace (10-10-1967)
de Charles Maître
avec Jean Négroni, Jean Bolo, Maria Tamar, André Var, Bernadette Lange, Pierre Marteville

Nouvelle variation sur le trio mari / femme / amant. L’histoire commence à la fin de l’enquête, donc nous savons dès le début son aboutissement. Toutefois, un évènement important est passé sous silence afin de faire son petit effet à la fin du flash-back.
La femme annonce à son mari qu’elle va le quitter pour un cinéaste. La tactique du mari pour la retenir est grossière : il accepte qu’elle parte, mais veut rencontrer l’élu, qu’il menace de tuer s’il ne rend pas sa femme heureuse. Cette femme (bourgeoise) est réduite à un paquet qu’on se refile d’homme à homme, elle n’a de valeur marchande qu’en fonction de sa capacité à rendre la gent masculine jalouse.
Pour contrebalancer ce personnage, celui d’une avocate qui va défendre le cinéaste. La mort arrive vite, et elle est accidentelle. Rendant visite à son amant, elle bascule bêtement du balcon.
Le mari saute sur l’occasion pour rendre cette mort criminelle, et jeter en prison son rival. Les motivations et les raisonnements du mari sont tordus. Comme l’amant, il s’apitoie fort peu sur la disparition de sa femme, et pense surtout à piéger son rival.
Cela donne à l’arrivée une fiction quelque peu bâclée, qui tient, comme toujours, grâce à l’intensité de l’interprétation.

Pâté d’alouette (27-06-1967)
de Jeannine Raylambert
avec Yvonne Clech, Christian Alers, Jacques Morel, Renaud Mary, Jean Mauvais

Jeannine Raylambert est au meilleur de sa forme. C’est sans doute l’un des auteurs les plus originaux de la série. Elle reprend, parce que c’est la base, le trio habituel, pour le démantibuler, créer des situations totalement improbables, avec des personnages qui ne le sont pas moins. Elle laisse aux acteurs le soin de nous y faire croire. L’absurde devient réel, notamment parce qu’elle sait s’arrêter avant que cela ne dégénère, et que la logique demeure implacable, même dans les retournements de situations les plus inattendus, parce que théoriquement impossibles.
La pièce se déroule dans un seul lieu, le salon d’un appartement que l’on devine bourgeois, et il n’y a aucune ellipse, donc aucune pause.
Madame (Y. Clech) et son amant (C. Alers) sont réunis en fin de soirée, se réjouissant d’avoir réussi à tuer le mari (J. Morel) en l’empoisonnant avec l’extraordinaire pâté d’alouette, empoisonné, de Madame. Et pour se réjouir, ils boivent. Ce n’est que le début, car la pièce est fortement alcoolisée, jusqu’à sa dernière minute.
La soirée sera interrompue par trois visites, toutes complètement inattendues : un gentleman cambrioleur pour qui le vol sera l’objet d’une transaction par chèque, son complice un peu surpris, mais acceptant quand même de trinquer, car le bar est fourni, et le mari, qui était censé être mort. Quelle explication va donner sa femme au sujet de la présence de cet homme dans l’appartement à une heure indue ? La plus tordue sera celle qui sera acceptée, et tout se terminera dans un beau happy end, autour d’un pâté d’alouette et, cela va de soi, d’un verre d’alcool (le champagne et le cognac coulent à flot).
Les dialogues sont à la hauteur de la situation, et les acteurs sont sans doute les premiers à s’en réjouir.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 28 Mar 2024, 19:23

Mystère, mystère

Michel Castres a disparu (13-06-1967)
de Alain Franck
générique détaillé introuvable

Ce n’est que dans les toutes dernières minutes que l’originalité de la pièce apparaît au grand jour. Tactique classique, la révélation invite l’auditeur à refaire toute l’histoire depuis le début, car tout s’est retourné comme une crêpe, à partir d’un infime détail : un simple et court voyage à Saint-Malo.
Deux scènes seulement, d’environ une demi-heure chacune. L’auteur peut développer, surtout dans la seconde, un jeu chat / souris entre deux personnages, l’un, le policier, n’attendant aucun rebondissement dans cette affaire. L’enquête amorcée dans la première scène est tombée dans une ellipse, et la scène suivante, qui est donc la dernière, en est l’aboutissement.
L’histoire est fort simple, elle tient dans le titre, et elle autorise les idées les plus inattendues. Ici, ça fonctionne.
Première scène : la femme de Michel Castres vient voir la police pour signaler la disparition. L’homme exerce le métier d’expert comptable. Nous restons dans le secteur tertiaire, dans la lignée des directeurs techniques, commerciaux, financiers... que l’on retrouve bien souvent dans « Mystère, mystère ». La femme, elle, demeure un bien matériel qui doit être bien entretenu par le mari. La femme ne travaille pas, il faut l’occuper le plus possible afin d’éviter qu’elle passe dans les bras d’un amant.
L’auteur ajoute une bonne petite idée pour enrichir l’atmosphère. La déposition de Madame se déroule sous une chaleur écrasante. Pratique, un des policiers s’absentant pour aller boire une bière, les confidences se font plus larmoyantes.
La seconde scène se déroule à Carcassonne, où l’on boit du pastis en apéro, car Carcassonne, c’est le sud, et entre l’est et l’ouest, l’auteur ne fait aucune différence. Au fur et à mesure, nous nous rendons compte que l’enquête n’était pas complètement terminée. La révélation finale est réussie, alors que durant les trois quarts de la scène, le policier essaie seulement de ramener Castres auprès de sa femme. Cette configuration (histoire simple, deux /trois personnages) oblige à une qualité d’interprétation exceptionnelle. Pierre Billard a créé une petite troupe aguerrie, et la maîtrise des acteurs laisse pantois. La régularité de leur présence dans ces émissions transforme ce qui leur semblait peut-être à l'époque comme une routine (ce sont toujours les mêmes types de personnages et d’intrigues) en numéros d’acteurs parfaitement huilés.

Dans l’ouvrage de Jacques Baudou, « Radio mystère », déjà cité plusieurs fois, Alain Franck raconte ses débuts à la radio. Vendeur en électro-ménager jusqu’au début des années 60, en 1961, il bifurque et écrit un roman accepté au « Fleuve Noir », mais non publié. L’éditeur attendait avant publication d’autres manuscrits du même auteur.
Après un bref passage dans l’émission « Les auditeurs mènent l’enquête » sur Europe 1, Alain Franck contacte Pierre Billard, lui propose ses textes. Réponse de Billard : « L’écriture, c’est un métier, ça s’apprend ».
Alain Franck : « Je lui ai demandé comment et il a accepté de me diriger. Et c’est véritablement lui qui m’a appris à écrire (…) »
Plus loin,
« Question : … quelles étaient les caractéristiques des « Maîtres du mystère » ?
A.F. : La rigueur de Pierre Billard. J’ai fait quarante émissions, mais il m’en a refusé quelques unes quand même… Dans une de mes pièces, il y avait trois coups de téléphone. Pierre Billard la lit, me dit : ‘’Bon ça va, mais est-ce que vous avez besoin d’autant de trucages ?’’. Et il avait raison. »
(entretien avec Jacques Baudou, juin 1996)

Partie civile (21-07-1967)
de Louis Rognoni
avec Maria Tamar, Jean-Marie Fertey

Une seule scène de près de cinquante minutes, sans pause, et deux personnages, une jeune femme et un avocat. Plus périlleux encore, durant tout l’entretien, la femme ne va pas vouloir se confier, soit elle va refuser de répondre, soit elle va rester dans le vague. Et encore plus périlleux, reprise de l’éternel schéma mari / femme / amant, et crime avec héritage à la clé.
L’idée de l’entretien durant lequel une personne vient pour se confier à un avocat devient intéressante à partir du moment où justement la personne ne joue pas le jeu de la confidence. L’entretien patine pendant une demi-heure. L’intérêt de l’auditeur est maintenu, car dans les propos de la jeune femme, qui est venue se constituer partie civile, l’on sent tout de suite qu’il y a de grosses embrouilles à l’arrivée. Pourtant, l’histoire prend son temps pour se développer, et elle ne sera finalement, dans les dernières minutes, qu’esquissée.
Après avoir tenté de mener en bateau l’avocat, et l’auditeur, avec des généralités autour d’un crime passionnel, L’avocat, mené en bateau, ainsi que l’auditeur, depuis le début, va reprendre la main dans la seconde partie de l’entretien, et l’auteur nous gratifie d’un truc qui marche toujours, le détail que la femme n’aurait jamais dû connaître, mais que celle-ci lâche pensant bien faire. Elle le lâche rapidement, mais, pensant faire durer le plaisir, et la durée de l’émission, l’avocat attend la fin pour le renvoyer à la figure de sa potentielle cliente.
Sans être un des meilleurs « Mystère, mystère », ce numéro montre que les auteurs, dorénavant (ce n’était pas le cas dans « Les maîtres du mystère »), tentent de maintenir l’attention de l’auditeur avec un contenu très ténu. Une sorte de minimalisme radiophonique.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 30 Mar 2024, 08:11

Mystère, mystère

Ce sacré Léo (23-07-1974)
de Fred Kassak
avec Évelyn Selena et Jean-Claude Michel

Une pièce qui fut éditée (Le Masque / INA) en cassette en 1996, puis en CD en 2005. Des éditions en léger décalage avec les usages de leur époque. Éditer des cassettes en 1996 était déjà anachronique, et en 2005, le mp3 était sur le point de prendre le relais. Ce format serait bientôt utilisé pour diffuser ces émissions : cd mp3 en 2008, pouvant contenir plusieurs épisodes, puis téléchargements, payants d’abord (début en 2012 avec la vente en ligne d’une série de 42 épisodes) puis gratuits (YouTube).
Signalons qu’il existe même, depuis septembre 2023, une web radio (Mystère Mystère Radio).

« Ce sacré Léo » fut adapté pour la tévé. Diffusion sur TF1 le 23 mars 1989 dans la série « Drôle d’histoire ». Une co-production franco-roumaine.
La version tévé est réduite à 25mn (contre 55mn pour la version radio). Il n’est pas certain que ce soit inoubliable, surtout que pour un huis-clos à deux personnages de cette qualité, il aurait fallu un réalisateur de la trempe d’Alain Resnais pour y mettre correctement les formes.
Fred Kassak, comme Jeannine Raylambert, fait partie des auteurs de « Mystère, mystère » qui ont tenu à torturer le plus possible les matériaux de base de la série, qui sont, au choix, ou tout en même temps pour les plus gourmands  : trio mari / femme / amant, héritage, crime passionnel.

Le traditionnel inspecteur, ou commissaire, et son enquête avec ses multiples interrogatoires, est une facilité qu’utilisent souvent les auteurs, même si cette facilité autorise des variations originales. En tout cas, une enquête bien menée a l’avantage de maintenir en éveil l’attention des auditeurs.
Dans « Ce sacré Léo », pas de policier, pas d'enquête. La pièce est constituée d’une seule scène d’une cinquantaine de minutes, sans aucune coupe. Daniel vient rendre visite à son meilleur ami, le sacré Léo, qu’il avait perdu de vue depuis un moment. Barbara, sa femme, lui ouvre la porte. S’ensuit un dialogue tout d’abord badin, qui va devenir plus grave, et puis après, cela se complique de plus en plus. Nous apprendrons que la scène se déroule dans un moulin. Situer la scène dans un moulin est déjà étrange, mais il y a une raison…
Léo a eu un accident de voiture, et il se trouve immobilisé, aphasique, dans la pièce à côté.
Fred Kassak s’amuse à faire évoluer violemment le caractère de ses personnages en cours de route : Barbara est une femme fidèle, une garce, amoureuse de Daniel, trompée par son mari, à moins que ce ne soit elle qui le trompe.
Les deux acteurs changent donc leur interprétation en cours de route, suivant la révélation du moment.  
Léo s’exprime, mais par l’entremise des deux autres. On rappelle ses paroles, il écrit, il est là sans être là, jusqu’à ce que, à la fin, Daniel ouvre enfin la porte de communication pour aller jeter un œil sur ce sacré, ou diabolique, Léo.
Comme dans toute pièce policière, il faut une révélation finale fracassante. F. Kassak en fait le centre de sa pièce, car, comme on l’aura compris un peu plus haut, la pièce s’en amuse. La révélation est démolie, suivie d’une seconde, puis d’une troisième… On ne sait plus quelle est la véritable fin. Le rythme s’accélère progressivement, et dans les dernières minutes les coups de théâtre se succèdent à un rythme infernal.
Fred Kassak superpose les révélations, qui semblent toutes conclure l’histoire avant d’être anéanties par la suivante.
Faire se succéder toutes les fins possibles, la dernière étant la plus tordue, donc la meilleure, est un pied de nez aux récits criminels traditionnels. Le sérieux de l’interprétation et l’austérité de la réalisation sont indispensables pour faire passer toutes ces fausses fins, et les rendre crédibles. L’ensemble est grinçant, voire franchement amusant, alors même que le suspense est à son comble.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 06 Avr 2024, 09:17

Mystère, mystère

Pour un souvenir d’enfance (24-01-1967)
de Alain Franck
avec Henri Poirier, Jean Clarieux, Claude Rich, Louis Arbessier, Andrée Tainsy, Arlette Thomas, Marie-Jeanne Gardien

Une histoire glauque à souhait. Dans un village du nord, une femme est retrouvée morte dans un bois. L’enquête est vite conclue. Le coupable est un simple voleur, car franchement, qui pourrait commettre un tel acte à un tel endroit ? Pas doués, ces enquêteurs, parce que dépouiller une jeune femme en la défigurant à coups de pierre, ça ne tient pas la route. Donc, un inspecteur vient fourrer son nez dans les affaires du village. De simples visites suffisent à remuer les sales affaires de ses habitants, et plus précisément celles de la victime.
Très vite, tous les personnages auxquels l’inspecteur vient rendre visite sont suspects. Entre la mère antipathique, l’ancien amant, une femme jalouse, le cœur de l’inspecteur balance.
La réalisation réussit à rendre l’ambiance poisseuse du village avec des moyens simples : deux commerçants, un petit bistrot, un braconnier fouineur, et un instituteur.
Claude Rich, surprenant (il est rare qu’on lui propose un tel rôle), interprète un ancien amant au caractère irascible, et qui, suite à un obscur accident (qui sera mis en cours de route sous la lumière, pas d’inquiétude) se retrouve partiellement paralysé. Mécanicien de formation, le voilà obligé de tenir la boutique de souvenirs. L’acteur, presque méconnaissable au début, est vraiment excellent.

Qui a tué Barbara ? (18-04-1967)
de Claude Dufresne
avec Jacques Morel, Jean-Marie Fertey, Henri Poirier, Jacques Provins, Jean-Charles Thibaut, Pierre Marteville, Jacques Degors,  Ginette Franck, Lisette Lemaire et Jacqueline Rivière

&
Sommeil sans fin (05-12-1967)
de Alain Bernier (cette fois sans son complice habituel Roger Maridat, présent néanmoins dans la distribution)
avec Pierre Constant, Jacques Sapin, Jean-Pierre Lituac, Yvonne Clech, Maria Tamar, Régine Chantal, Geneviève Morel, et donc Roger Maridat

Deux « whodunit », genre apprécié par les auteurs de « Mystère, mystère ». Le truc, s’il est bien fait, fonctionne toujours. L’inconvénient reste l’aspect mécanique de la construction du récit, mais l’attention de l’auditeur a l'avantage d'être maintenue jusqu’à la fin.
Un meurtre d’une personne que tout le monde voudrait voir morte, quatre/cinq personnages qui ont donc tous une bonne raison d’être coupable, cela donne toujours un sac à embrouilles démêlées dans les dernières minutes par un enquêteur qui semblait jusqu’à présent patauger.
« Qui a tué Barbara ? » se déroule dans le milieu du cinéma hollywoodien : un contrat à signer, un réalisateur à la dérive, une star insupportable, une rivale… La star assassinée, les interrogatoires commencent.
Dans « Sommeil sans fin », au contraire, l’enquête policière reste en arrière plan. Le milieu exploré est encore très bourgeois. Le pouvoir et l’argent sont pour les auteurs de « Mystère, mystère » deux réservoirs riches en potentialités criminelles. L’intrigue est autrement plus originale que la précédente. Là aussi, la morte n’attriste personne, ce qui rend l’enquête compliquée. Impossible pour l’auditeur de démasquer le coupable. Une industrielle (cela ressemble à une entreprise de produits chimiques, le nec plus ultra dans les années 60) se marie avec l’un de ses employés qui va prendre sérieusement du galon. Veuf, ayant déjà une fille, adolescente et sérieusement brimée par sa belle-maman dans sa vie sentimentale naissante. L’odieuse femme est persuadée que son mari veut se débarrasser d’elle, mais c’est elle qui meurt empoisonnée, en ayant bu le verre de somnifère qu’elle avait elle-même préparé pour son mari.
La bonne, le mari, la meilleure amie de la victime, le petit ami de la belle-fille, et même la fille, tout le monde était très bien placé pour accomplir cet horrible forfait.
Comme les bons « whodunit », c’est une histoire alambiquée (elle apparaît simple seulement quand la résolution de l’énigme arrive) autour d’un verre contenant du somnifère, ou du poison, ou des deux, échangé ou pas au moment d’un petit incident lors d’une soirée mondaine.

Toute la vérité (04-04-1967)
de Alain Franck
avec Sylvie (la mère), Bernadette Lange (Thérèse), Jean Négroni (Robert), Lucien Nat (le médecin)

Une vieille dame très malade est gardée par sa fille aînée. L’ambiance de cette triste maison est rendue comme d’habitude avec une grande économie de moyen. Aucun bruitage, ou si peu, aucune précision géographique bien précise, les acteurs doivent assurer l’essentiel du travail.
Extrait de l’article de Robin Wilkinson, « À l’écoute des « Mille et un jours : étude d’une série radiophonique », Revue des Arts et du spectacle n°1, 1993, cité dans l’ouvrage de Jacques Baudou, « Radio mystères », INA Encrage, 1997.
« Mille et un jours » étant une des séries de Billard pour France Inter, réalisée dans les années 80, mais le réalisateur travaillait ainsi depuis les années 50.
« Le passage du texte à l’enregistrement ne suit pas les préparatifs habituels de la création radiophonique : pas d’analyse fouillée des mobiles des personnages, pas de répétitions de scènes isolées. Selon « la méthode Billard », la première lecture se confond avec la générale. On demande à l’acteur d’aller vite, d’entrer d’instinct dans la peau du personnage, suivant les directives précises du réalisateur. Ce dernier crée un sentiment d’urgence pour dynamiser les acteurs, afin de conserver au jeu la fraîcheur du premier contact entre l’acteur et le rôle. En effet, il arrive souvent que les comédiens ne se réunissent que le matin de l’enregistrement, faisant connaissance avec le personnage lors de la première lecture autour de la table., arrêtant l’interprétation en épousant le mouvement de la lecture. Ensuite avant que la tension ne tombe, on passe à l’acte, les acteurs devant les micros, le producteur derrière la vitre de régie, l’enregistrement se faisant avec le minimum de reprises. On maintient de la sorte la courbe montante de la tension du jeu, en évitant de hacher le travail d’interprétation des comédiens. »
Ce qui n’est pas précisé ici, c’est que les acteurs devaient être suffisamment bons, et même excellents.
Même dans des numéros moyens, comme celui-ci, les acteurs, ainsi que le rythme donné par la réalisation, sont une raison suffisante pour que l’auditeur y jette ses deux oreilles.
Dans « Toute la vérité », la mort de la vieille mère, pourtant attendue, y compris par le médecin de famille, est tout de suite suspecte, d’abord parce que l’auteur a jeté auparavant ses filets pour attraper les auditeurs et le brave vieux médecin.
L’aînée est tout de suite suspectée, tout converge vers elle.
Une autre mort revient à la surface, celle de la cadette. Le veuf éploré vient chaque année en souvenir de sa femme tant aimée, si parfaite.
Alain Franck utilise des ficelles usées, mais qui fonctionnent toujours : la rivalité entre les sœurs, la préférence de la mère pour l’une d’elle, et l’amour du veuf pour la sœur qu’il n’a pas épousée.
Finalement, nous saurons grâce à l’analyse d’une trace de sang, qui a été bien rapide, toute la vérité sur le décès de bonne maman, et même, histoire de faire une pierre deux coups, la vérité sur la mort de la cadette tant aimée.

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 10 Avr 2024, 14:03

Mystère, mystère

Une si longue absence (27-02-1968)
de Alain Franck
avec Georges Chamarat, Régine Blaess

Comme indiqué au générique, deux personnages seulement, mais aussi une seule scène. Si les acteurs sont à la hauteur, ce n’est pas le cas du texte.
La scène peut se découper en trois temps : le juge écoute la jeune femme qu’il a convoquée. Cette première partie est laborieuse, on a l’impression que c’est un simple récit fait à deux voix pour les auditeurs.
Second temps, pas de surprise, nous attendons ce moment depuis le début, la veuve affirme tout de go qu’elle va dire la vérité, qu’elle revient sur ce qu’elle a raconté jusqu’ici. Retournement soudain, pas vraiment préparé, donc très artificiel.
Et enfin, le coup de théâtre, et un dialogue qui enfin s’anime, car c’est le juge qui reprend la main et qui pousse son interlocutrice dans ses derniers retranchements pour une nouvelle version de l’histoire qui sera cette fois-ci la bonne.
L’intrigue reste sur un terrain connu : la femme, le mari, les amants (un pour monsieur, un pour madame), et le monde impitoyable des chefs d’entreprise.
La scène qui va être décortiquée est bien celle du meurtre, celui du mari, frappé par son beau-frère lors d’un repas animé.
Alain Franck introduit rapidement des éléments discordants : la jeune femme défend le meurtrier et souhaite visiblement l’innocenter, mais elle avoue qu’au départ elle ne s’entendait pas avec son frère, jusqu’à ce qu’elle le retrouve par hasard et le présente à son mari.

Week-end mortel (04-07-1967)
de Alain Bernier et Roger Maridat
avec Henri Poirier, Jean-Marie Fertey, Pierre Constant, Jean-Pierre Lituac, Danièle Ajoret, Maria Tamar, Édith Loria

Ah le monde impitoyable de l’entreprise… Un employé de bureau est invité avec sa nouvelle fiancée, vendeuse chez un disquaire, à passer un merveilleux week-end chez des amis à lui.
Or, la réalité n’a rien à voir avec ce qui était annoncé : les amis en question se résument à une famille peu nombreuse, celle du patron, qui traite son invité comme un larbin. Lors d’une promenade dans un bois près de la demeure qu’on devine gigantesque, quelqu’un tire à bout portant sur la jeune femme. Tir loupé, ce qui est inexplicable…
Malgré tout, il faut justifier le titre de l’histoire, et il va bien y avoir un mort, le patron lui-même, un homme aux mœurs très douteuses, qui semble être tenté par la vendeuse que vient de lui apporter sur un plateau son employé.
Les auteurs n’y vont pas par quatre chemins, le récit est raboté : on passe de la réunion entre « amis » à l’enquête, sans transition, et le générique de fin est envoyé avant même que le coupable avoue son crime. Pas la peine, nous avions compris.
Les transitions musicales (Pierre Billard a pour habitude d’utiliser la même durant tout une émission) sont trop, beaucoup trop nombreuses. En mettre après chaque scène, est-ce nécessaire, surtout quand il y en a beaucoup et qu’elles sont par conséquent souvent fort courtes ?
Comme d’habitude, toutes les pistes sont exploitées, et il apparaît que tous les personnages sont de sérieux candidats au poste de coupable.
Il y a la cousine, la femme, le beau-frère, le jeune vendeuse, et l’employé. Après nous avoir éloigné le plus possible du coupable, le récit daigne lui tomber dessus dans les dernières minutes, une fois que les suspects les plus évidents sont écartés.  
La surprise finale est amoindrie pour qui connaît les techniques d’écriture du récit policier traditionnel : mise en place, meurtre, arrivée de l’enquêteur, interrogatoires, et explication finale en présence des différents protagonistes.
Mais « Mystère, mystère » s’adresse aussi aux auditeurs qui aiment bien retrouver chaque semaine les mêmes tours de magie.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 13 Avr 2024, 09:06

Mystère, mystère

La poule aux œufs d’or (16-01-1968)
de Claude Dufresne
avec Louis Arbessier, Pierre Constant, Henri Poirier, André Var, Pierre Plessis, Jacques Sapin, Jacques Provins, Marcel Lestan, Laurence Weber et Régine Chantal

Un impresario miteux tente un coup fumant pour faire enfin fortune.
Nous sommes en plein New-York, et les personnages s’expriment avec un accent parisien rigoureusement impeccable.
Encore une fois, la formule magique utilisée est l’inusable : mise en place / meurtre / interrogatoire avec les suspects.
L’impresario va enlever lui-même une chanteuse (la « poule » du titre) apparemment sans grand talent, disparaître quelques jours, laisser plein d’indices prouvant sa culpabilité, et réapparaître flambant neuf, tout comme la chanteuse, finalement innocent, mais ayant amplement fait parler de lui et de sa kidnappée dans les journaux pour s’assurer une publicité monumentale, et surtout gratuite.
C’est tellement grossier que le policier en charge de l’enquête, contrairement aux journalistes, ne tombe pas dans le panneau.
Quelle idée d’enlever la jeune femme à midi en plein Central Park.
L’enquête est donc laissée à l’abandon, jusqu’à ce que l’on découvre le corps de la chanteuse. Le meurtre relance l’action.
Il était temps, car la partie durant laquelle l’impresario explique son plan était trop longue.
Comme d’habitude, les quelques personnages de la pièce sont suspects, et envisagés sérieusement comme coupables durant un petit moment : la secrétaire et aussi maîtresse de l’impresario, l’impresario lui-même, et le petit ami de la chanteuse.
La vérité est tellement tordue qu’elle était l’évidence même depuis le début. Le mobile, quant à lui, est d’une banalité affligeante. Claude Dufresne avait vidé son sac à malices, il était à cours d’inspiration.

Le trou de mémoire (15-01-1974)
de Louis C. Thomas
avec André Valmy (Georges Cermaize / Vierzon), Maria Tamar, Claude Dasset, Jean Pierre Lituac, Claude Richard, Marie Jeanne Gardien et Jean Bolo
bruitages Jean-Jacques Noël

Une intrigue diabolique, mais il ne faut pas trop chercher la petite bête au niveau de la cohérence. Comment Cermaize pourrait avoir pris la place de Vierzon, ou l’inverse, sans que la police s’en rende compte ?
Un couple a un accident de voiture. La femme a quelques égratignures, l’homme est aux portes de la mort.
Pourtant, miracle, il s’en sort. La femme (M. Tamar), ainsi que son frère (C. Dasset) sont loin de s’en réjouir. Ils espèrent sa mort, c’est ce qui était prévu. L’histoire d’héritage à la clé n’a aucun intérêt, même pour l’auteur.
Par contre, le trou de mémoire est bien exploité. Georges Cermaize retrouve progressivement la mémoire. Or, il semble que ce ne soit pas la sienne. Est-il M. Vierzon ou M. Cermaize ? Alors que le couple frère / sœur tente de se débarrasser une bonne fois pour toute de lui, il accepte finalement d’être ce Cermaize, histoire de ne pas être hébergé dans un hôpital psychiatrique.
La partie la plus réussie est celle, centrale, durant laquelle l’identité du personnage semble se dédoubler, jusqu’au moment où un policier sorti de nulle part (pourquoi intervient-il ? Il n’y a aucune enquête… mais une explication logique) recueille ses aveux.
Le dénouement est tellement moins intéressant que L. C. Thomas l’a expédié. Une expédition rapide et efficace. La pièce s’arrête juste au moment où un policier décide de commencer l’enquête. Comme nous connaissons déjà son aboutissement, de même que l’inspecteur, qui la mène histoire de récupérer toutes les preuves nécessaires, elle n’a aucune importance pour nous.

Louis C. Thomas (un des pseudonymes de Louis Thomas Cervoni), arrivé en 1958 dans "Les maîtres du mystère", a écrit pour "L'heure du mystère" de G. Beaumont entre 1965 et 69, avant de passer chez Billard (1969-74).

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 16 Avr 2024, 18:01

Mystère, mystère

À titre de provision (10-05-1966)
de Louis Rognoni
avec Dominique Paturel, Marcel André, Louis Arbessier, André Var, Maria Tamar, Étienne Bierry

Une fois n’est pas coutume, lorsque le nœud de l’intrigue est défait, il ne reste qu’une banale histoire de chantage et de tromperie, car n’oublions pas la sainte trinité de « Mystère, mystère » : la femme, le mari, et l’amant.
Plus intéressante est la manière de nouer cette intrigue, chaque auteur usant d’imagination pour embrouiller l’auditeur.
Robineau, un jeune avocat dont le nom seul rappelle qu’il est issu d’une longue lignée de gens de robe, reçoit la visite d’un vieux bâtonnier qui lui rappelle les visites de contrôle subies par les avocats durant les siècles précédents. Lui a l’air moins sévère, mais sitôt parti, l’avocat reçoit trois visites qui mettent son honnêteté à l’épreuve. Est-ce un coup du bâtonnier, qui testerait ainsi les compétences du jeune homme ? Un homme d’affaires poursuivi vient se réfugier dans son cabinet et lui confie une enveloppe, après l’avoir engagé comme avocat. Visites suivantes, la femme du premier, et l’homme qui le poursuivait, qui tous deux usent de ruses grossières pour mettre la main sur l’enveloppe.
Les choses se gâtent, et changent complètement la donne, lorsque l’homme d’affaires est retrouvé mort. Un suicide semble-t-il. De plus, l’avocat a été cambriolé et l’enveloppe s’est envolée.
Les éclaircissements de la seconde partie alourdissent le rythme, et les astuces de l’intrigue s’imposent au détriment du suspense.
Ainsi, la disparition de l’enveloppe et le mystère qui l’entoure sont plus prenants que la lourde explication qui amène à dévoiler son contenu.

Cette bonne Miss Brown (15-02-1966)
de Claude Dufresne
avec André Valmy (l'inspecteur Reed), Arlette Thomas (Flora Jackson), Marie-Jeanne Gardien (Polly Fergusson), Pierre Delbon (Humphrey Roach), Marcel Bozzuffi (Johnny Riley)

La bonne tata est retrouvée étranglée chez elle. Les habitants, donc la famille, plus ou moins proches, ainsi que la pipelette d’à côté, sont de potentiels coupables. L’inspecteur Valmy (Jacques Morel devait être sur un autre coup fumant) déboule et attaque son enquête. Ce n’est pas lui qui la continue, mais la nièce, Flora, qui tient à innocenter Johnny, qui trempe dans la petit délinquance, et que tout accuse. Hélas pour lui, il se retrouve, avec Flora, héritier de la bonne Miss.
L’enquête de Flora et celle de l’inspecteur André Valmy (une grande voix de la série) vont se recouper à la fin, la jeune femme, fine observatrice, ayant un temps d’avance sur le policier bourru.
Le Pierre Billard des « Faits divers » des années 50 aurait certainement utilisé quelques effets (bruitages, bandes sons de films maladroitement plaqués) pour recréer l’atmosphère d’un immeuble du Bronx. Leur absence ici oblige à recentrer l’attention sur l’intrigue, qui n’est pas des plus originales, et les personnages, archétypaux. Comme la voix des acteurs, toujours excellents, fleure bon, au mieux, le Paris populaire, l’immeuble new-yorkais peine à prendre forme. P. Billard préfère utiliser des éléments techniquement parfaits (bruitages minimalistes, talent des acteurs), quitte à perdre l’effet couleur locale, qui serait de toute façon plus ou moins loupé (cf encore « Faits divers »).
Le seul élément qui nous plonge dans l’Amérique profonde, et il n’est pas négligeable, est le voyage dans le passé de la Miss, de son histoire d’amour qui fut tenue secrète, l’arrivée du frère devenu aveugle suite à un accident. Comme c’est un simple récit fait par un personnage, la reconstitution est inutile, et l’absence d’effets passe alors inaperçu.
Plus intéressé par l’enquête que par les personnages, Claude Dufresne ne pense même pas, alors qu’il vient de faire mourir son père tant aimé, plonger Flora dans le chagrin.
Quant à la tata, elle fait partie de ces nombreuses victimes de « Mystère, mystère » que personne ne pleure, que tout le monde voulait plus ou moins voir disparaître définitivement.
La fin abrupte, une fois de plus, abandonne l’auditeur avec le strict nécessaire pour comprendre le dénouement.

Claude Dufresne écrivit quelques fictions pour Pierre Billard. Il fut aussi l’auteur de livres historiques de livrets pour Francis Lopez, ainsi que producteur / animateur de radio. Il commença à l’après-guerre sur le Programme National (1948-50), puis continua sur Paris Inter,  France Inter (opérettes et chansons), et France Culture (« Les dossiers de l’Histoire »).
Il signa en 1969 un feuilleton policier humoristique en 66 épisodes pour France Inter : « Quand le chauve sourit », avec Michel Galabru, Robert Murzeau, Paul Préboist, Corinne Marchand, Guy Piérauld, Brigitte Fontaine, Lucien Frégis… « une charge policière bien jouée (…) qui peut plaire à tous les amateurs de calembours et de situations cocasses », dixit « Le Monde » du 6 mars 69.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 18 Avr 2024, 20:57

Mystère, mystère

Crêpes et châtiments (13-12-1966)
de Alain Bernier et Roger Maridat
avec André Valmy, Jacques Sapin, Jean Bolo, Arlette Thomas, Marie-Jeanne Gardien, Claudine Cheret

Une intrigue pépère-tranquille, où une fois de plus André Valmy endosse le rôle de l’enquêteur qui ne comprend rien, sauf dans la scène finale où il éclaircit tout d’un coup de baguette magique.
L’histoire évolue de manière complètement artificielle. Un rendez-vous chez le notaire sert de point de chute à notre histoire, et donc à démasquer le coupable.
L’auditeur a vite une longueur d’avance, et comprend que le coupable parmi les deux suspects est bien le troisième. Les auteurs nous y préparent dans une scène durant laquelle le personnage apparaît sous son véritable jour.
Les ingrédients sont les mêmes : grosse entreprise familiale avec des biscuits, des crêpes, d’où le jeu de mots du titre, un dirigeant envié par le frère et la sœur qui martyrisent la femme du patron et frère.
Tout ce petit monde vit sous le même toit.
L’enquêteur est déjà présent avant le crime. Le patron vient le voir car les freins de la voiture de sa femme ont été sabotés. Pourtant, il ne comprend pas, tout le monde s’aime d’amour tendre dans la famille.
Il est un peu naïf. Sa fortune est convoitée par la petite famille, ainsi que sa femme par son propre frère.
Or, ce n’est pas la femme qui meurt, mais le mari, empoisonné. La partie culinaire est longue, les détails sur le menu, les champignons, les gnocchis, les apéros, tout cela s’étale trop longuement.
La disparition violente, pour les besoins de l’intrigue, ne provoque aucune émotion dans la famille. Elle n’est qu’une pièce supplémentaire qui s’imbrique dans les machinations des uns et des autres.
La vieille servante (M-J Gardien), dévouée et pittoresque, sauve un peu les meubles, mais elle reste un personnage secondaire.
Pierre Billard, pour servir de transition et planter l’atmosphère, utilise une musique qu’il a utilisé plusieurs fois dans « Mystère, mystère », comme pour donner une unité à l’ensemble.
La fin abrupte, une marque de fabrique de la série, est toujours très efficace.

De l'eau sous les ponts (24-05-1966)
de Alain Franck
avec Jacques Morel, Jean-Charles Thibault, André Var, Jean-Pierre Lituac, Claude Bertrand, Jean Clarieux, Jean-Marie Fertey, Claude Richard, Arlette Thomas, Rosy Varte, Geneviève Morel
Une enquête qui se déroule essentiellement dans le poste de police, avec va-et-vient des enquêteurs, coups de téléphone… une superproduction « Mystère, mystère » !
Pléthore de bruits d’ouvertures de portes, de sonneries de téléphone : Pierre Billard a sorti les grands moyens. Il laisse, suivant les principes de la série, au silence du studio d’enregistrement le soin de figurer tous les lieux, que ce soit des extérieurs ou des intérieurs.
Les auditeurs n’ont qu’à laisser libre court à leur imagination, les voix des acteurs font le reste.
Un représentant est retrouvé mort noyé dans la Marne. Les interrogatoires se succèdent, les découvertes, la fausse piste habituelle, et même la résolution d’un autre mystère, celui d’un vol commis durant la même nuit.
Jacques Morel endosse une fois de plus le rôle du commissaire. Rosy Varte dans le rôle de la veuve éplorée nous joue son numéro de castafiore dans le grand final.
Sans surprise, l’assassiné trompait sa femme, pendant que de son côté celle-ci lui rendait la pareille.
La pièce se déroule donc sans accrocs, l’auditeur retrouve intacts les ingrédients habituels, regrettant peut-être que l’auteur n’ait pas ajouté quelques éléments plus pimentés.
Pierre Billard rabotait-il les textes ? Ce n’est pas la première, ni la dernière fois, que la pièce se conclut de manière abrupte, sur une réplique bien sentie. Des coups de rabot qui donnent tout de suite plus de nerf à la chute.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard -

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