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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard    Page 2 sur 9

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Curly 


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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 16 Aoû 2022, 10:20

Trois « Faits divers »

La mendigote (13-04-1954) (second lien ici)
de Yvan Noé
avec Jean-Marie Amato (le commissaire), Guy Pierauld (Chapiro), Fernand Rauzéna, Maryse Paillet, Nelly Delmas, Assia, André Var, Jean-Pierre Lituac, Jean Bolo, André Wasley, Raymond Pélissier, Armand Vallé Valdy, Pierre Montcorbier (Justin)
bruitages Gabriel de Rivage
assistant de production Jean Garretto

A Nice, une mendiante est retrouvée morte dans son lit, habillée en robe du soir, avec un gros magot sous son matelas. L’enquête mène vers son fils, petit escroc en train de moisir en prison soudainement héritier, puis vers un mendiant en rivalité avec la défunte (Justin, alias Barbapoux), pour se terminer dans un casino.
L’interprétation, avec en tête le toujours parfait Jean-Marie Amato, s’en donne à cœur joie. La petite troupe de « Faits divers » est bien rodée. On retrouve aussi Fernand Rauzéna, qui fut complice de Pierre Dac dans les années 30.
Pierre Billard table sur ses acteurs pour planter l’atmosphère, plus que sur les bruitages, qui sont minimalistes. Quand il y a des scènes en extérieur, aucun son d’ambiance. Au moment de la découverte du cadavre au début, le commissaire a beau constater dans la pièce une grande quantité de mouches, nous ne les entendons pas, peut-être aussi pour atténuer quelque peu ce détail sordide.

Comme pour les deux émissions suivantes, la fiction est suivie de lectures de faits divers par Maurice Renault et Jean Toscane que complète celui choisi pour inspirer une fiction future, de la rubrique du petit courrier du mystère et de l’aventure (Germaine Beaumont et Roger Régent), et enfin de quelques brèves signées Maurice Renault.
Pierre Véry, parfois aidé de Jean Toscane, boucle le tout en présentant le fait divers qui donnera lieu à la fiction de la semaine suivante.

Pour ce numéro,
Les faits divers : une histoire d’hibernation, avec jeu de mots bien préparé par Maurice Renault pour la chute, et une anglaise à la vue surpuissante.
Germaine Beaumont présente le dernier policier humoristique de Franck Gruber, « Un joli coco ». La série de romans mettant en scène les deux héros, Sam Cragg et Johnny Fletcher a eu quelques succès aux États-Unis dans les années 40/50. Il existe une adaptation au cinéma (« The French Key » une série B du studio Republic, réalisée par un certain Walter Colmes), ainsi que une série radio (en 1948 sur la ABC).
Germaine Beaumont est moins sensible à l’humour de « Avec du tapioca » de Henri David.
La chronique de Roger Régent est exceptionnelle. Roger est enthousiaste, il ne va rien dire de négatif, rien. L’heureux élu est « Tant qu’il y aura des hommes » de Fred Zinnemann. Rien à voir avec le thème de l’émission, ce n’est ni un film d’aventure, ni un policier, mais Roger cette semaine, s’en contrefout. Ce qui l’a marqué, c’est que le film a remporté des Oscar, et qu’il est subversif. Il n’est pas à l’honneur de l’Armée américaine. Roger est touché par « cette atmosphère de désespérance et de grande aventure », ce dernier mot pour, in extremis, être dans les clous.
Roger est un petit cachottier, car il passe sous silence la fameuse scène d’amour torride, quoique balnéaire, entre Deborah Kerr et Burt Lancaster.



Un bon tuyau pour un appartement (20-04-1954) (second lien ici)
de François Timmory
avec Jacqueline Rivière (Minouche Quidam), Jean-Claude Michel (Jean Quidam), Jane Marken (Augustine Toton), Jeanne Dorival (Maryse Moisi), Becky Rosanes (Madame Plumet), Gaëtan Jot (Monsieur Plumet)
bruitages Gabriel de Rivage
assistant de production Jean Garretto

Le fait divers qui sert de point de départ à l’auteur, mais de point d’arrivée dans le récit, est une escroquerie : faire croire à des habitants d’un appartement qu’il est habité par un fantôme pour pouvoir récupérer le logement.
Un jeune couple va essayer de récupérer de cette manière l’appartement d’une de leur voisine. Dès le début, chaque élément mis en place par l’auteur, même celui qui paraît au départ le plus insignifiant, voire le plus invraisemblable (le journal intime du mari décédé retrouvé par le jeune homme dans l’appartement de la veuve) va servir ensuite le récit. Cet artifice efficace, mais classique, permet à la fiction de gagner en rythme.
L’interprétation est dominée par Jane Marken (la veuve) et Jeanne Dorival (l’occultiste). Le dialogue de cette dernière avec le fantôme est savoureux.

Les faits divers : encore une fois, la Grande Bretagne apparaît comme grande pourvoyeuse de faits divers pour l’émission. Ici un oiseau déclenche un dispositif anti-vol, parce qu’il y a élu domicile. Inimaginable en France.
Deux autres faits matrimoniaux, avec un commerçant qui propose l’enregistrement des vœux nuptiaux aux mariés pour qu’ils se les repassent dans les coups durs (ça compte comme fait divers, ça ?), et un photographe qui à cause d’une erreur de manipulation s’est retrouvé avec la photo de la mariée toute nue. Qui de mieux que Jean Toscane pour lire une histoire aussi excitante ?
Autre histoire, choisie pour une fiction à venir, celle d’une télévision où l’image fixe d’une jeune femme reste incrustée, quel que soit le programme.
Pourquoi ne pas avoir choisi l’histoire du photographe ?

Germaine a lu « Crime impuni », le dernier Simenon. « Les romans de Georges Simenon sont toujours attendus avec impatience » nous dit-elle en ouverture. Vu le rythme de parution de ses romans, l’impatience ne durait guère longtemps.
Elle trouve que le roman aurait dû être encore plus court, car la seconde partie ressemble à du tirage à la ligne. Elle se contente de parler du « meilleur du livre, soit de l’atmosphère de cette pension de famille » (la première partie donc), en en résumant copieusement l’intrigue, s’arrêtant juste avant le meurtre, juste après l’avoir fortement suggéré.

Roger  a vu deux films. Un « de bonne série » intitulé « Le vol du secret de l’atome », de Jerry Hopper. Histoire de kidnapping en échange de secrets atomiques. On y voit le FBI en action, et plein de suspense. Roger semble satisfait.
L’autre film n’a rien à voir avec l’émission, mais une fois de plus, Roger s’en tamponne. Il a adoré « Vacances romaines » de William Wyler, un film sans policier, ni aventure, ni meurtre, ni vol, pas même une petite escroquerie de rien du tout, mais qu’à cela ne tienne, en conclusion il trouvera une pirouette tirée par les cheveux pour retomber sur ses pattes.
Il nous le dit d’avance, ces vacances romaines, il n’a pas trop le temps d’en parler.  Mais il ne faut jamais se fier à son annonce puisque le temps, il va le prendre. Alors  il n’a pas grand-chose à en dire : les bons films il les reconnaît à ce qu’on a rien à dire sur eux. Une leçon que tout critique ou historien du cinéma devrait retenir.
Une autre encore  « A tous ceux qui voudraient se distraire, se détendre sans complication , sans philosophie, sans littérature, sans message social à la clé, je ne saurais trop le conseiller ».

Les échos de Maurice Renault : la police américaine décide d’humilier les détectives de l’agence Pinkerton, en leur proposant de partir à la recherche des neuf pistolets que l’agence a laissé s’envoler dans la nature.


Une jeune fille blonde en robe de bal (11-05-1954) (second lien ici)
de Jean Marcillac
avec Germaine Kerjean (Mme Le Hallec), Julien Bertheau (Olivier), Jacqueline Rivière (Pascaline), Roger Coggio (Michel), Albert Gercourt, Raymond Pélissier, Jean Bolo, Yves Duchateau, Armand Vallé Valdy, Marcel Lestan, Marie-France
prise de son Noël Barbet
opérateur Charles Marié
bruitages Gabriel de Rivage
assistant de production Jean Garretto

A l’ouverture d’un caveau de famille, on trouve un cercueil supplémentaire. Le fait divers qui sert de point de départ, Jean Marcillac s’en débarrasse dès les premières minutes. Il va axer sa fiction autour d’une histoire d’amour (Pierre Billard a sorti le prélude de « Tristan et Iseult » de Wagner) contrariée par une parente acariâtre, grande industrielle qui ne souhaite pas que son petit-fils se marie avec une fille sans fortune. L’intrigue amoureuse va mal se dénouer pendant l’Occupation allemande.
La fiction est entièrement construite autour d’un seul dialogue, ponctué de retours en arrière, entre le meilleur ami du petit-fils qui va expliquer la présence du corps de cette jeune fille en robe de bal dans le caveau, et la grand-mère teigneuse. L’interprétation de Germaine Kerjean et de Julien Bertheau est parfaite.
La chute de l’histoire, incohérente, mais heureuse, est là pour rassurer les auditeurs, effaçant un peu les atrocités commises par Mme Le Hallec, personnage sorti tout droit de l’univers de Dickens. On pense effectivement à Dickens dans l’opposition simpliste qui est faite entre la pureté, l’innocence du couple d’amoureux et la méchanceté, l’inhumanité de la grande industrielle.

Les faits divers : une jeune fille qui s’amuse à se coucher sur les rails suite à un pari (le train a freiné à temps), et un mort qui offre un banquet à ses héritiers, à Détroit (« Détroïte », dixit Jean Toscane).
Une auditrice invite les auteurs de « Faits divers » à écrire une histoire à base d’empoisonnement. Devant le manque d’originalité de la proposition, les producteurs de l’émission s’enthousiasment, ayant oublié que l’histoire qu’ils viennent de diffuser en contenait déjà un.

Les livres de Germaine : le nouveau roman de Jacques Decrest « Le salon des oiseaux », une nouvelle enquête du commissaire Gilles, est à l’honneur. Jacques Decrest sera plusieurs fois adapté dans les « Maîtres du mystère » entre 1957 et 1962. Autre livre qui a emballé Germaine, « Celui qui murmure » de John Dickson Carr, amateur comme tout un chacun de choses simples comme le surnaturel, les meurtres en chambres closes (souvenir d’une chambre jaune ?) ou la perforation d’industriel en haut d’une tour par une canne épée.

Les quatre films de Roger :
Mon premier est un chef d’œuvre (uniquement dans sa première demi-heure) qui se nomme « Soledad », un film mexicain « robuste ». C’est « l’histoire d’un médecin dans la campagne mexicaine ».
Aucune référence ne nous est donnée. Il existe bien un film mexicain du nom de « Soledad », datant de 1947, et réalisé par Miguel Zacaría. Le synopsis ne porte pas trace d’un médecin en campagne, mais tous les symptômes du mélodrame le plus romanfeuilletonesque qui soit.
Mon second vient d’Angleterre et se nomme les « Kidnapères » (in english « The Kidnappers ») directed by Philip Leacock. Deux enfants kidnappent un bébé. Roger ne voit aucun défaut, tout va bien. Mais… « tout cela ne dépasse pas une agréable gentillesse ». Aïe aïe aïe…
Mon troisième est « Une femme qui s’affiche » de George Cukor. Roger est aux anges. Effectivement c’est un peu plus costaud. Roger ne ménage pas ses éloges, il y va franco : « on rit presque sans interruption pendant une heure et demie », « si vous aimez l’humour new-yorkais allez voir ça ».
Si vous voulez la définition de l’humour new-yorkais, laissez tomber, Roger n’a pas le temps.
Mon quatrième est « Mam’zelle Nitouche » de Yves Allegret. Nous avons droit à une anecdote, vraie, fausse, peu importe, tant qu’elle démolit un navet.
Max Ophüls était pressenti pour le film, mais a hélas – ou heureusement – refusé. Il a indiqué Allegret pour le remplacer, ce qui fut fait. Mais hélas, Max Ophüls avait oublié de mentionner lequel : Yves ou Marc ?
D’où ces paroles conclusives de Roger : « Alors du film il n’y a pas d’autre chose à dire : on s’est trompé d’Allegret ».
Complétons cette conclusion en réparant un bête oubli. « Mam’zelle Nitouche » de Yves Allegret (1954, avec Fernandel) est le remake de  « Mam’zelle Nitouche » de Marc Allegret (1931, avec Raimu).

Après sa rubrique « Les échos », dans laquelle Maurice Renault narre les techniques de marketings sauvages des maisons d’éditions américaines de romans policiers, Pierre Véry annonce la fiction de la semaine suivante, une histoire de soucoupe volante, écrite par Alexandre Rivemale et intitulée « Trabadoc et Rabalax », qui, tout comme l’histoire d’empoisonnement promise auparavant (« Musique douce » de Jacques de Beaupré) n’a pas été conservée dans les archives.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 18 Sep 2022, 15:33

Les émissions présentées dans les trois billets qui vont suivre ne sont pas accompagnées de toutes les rubriques. Certaines disposent d’un descriptif complet, rubriques incluses, dans l’INAthèque. Elles ont été intégralement conservées. Il est donc clair, et l’apparition du générique des « Maîtres du mystère » en sont la preuve, que la version disponible à l’écoute correspond à une rediffusion bien plus tardive, dans les années 80/90 sur France Inter (ex. avec « Manque de pot », diffusée à l’initiative de Patrick Liegibel le 20-07-1998) ou bien à une version préparée pour une commercialisation en cassette (ex. « Pas d’orchidées pour Stepanich »), CD, ou téléchargement MP3.

Le jeu du mystère et de l’aventure
Thanatos Palace Hôtel (31-10-1952)
d’André Maurois, adaptation Olga Lencement [?]
Pas de générique, ni de trace précise dans l’INAthèque (une diffusion en 1964 sans aucun descriptif).
Aucune trace de l’émission complète nulle part, aucun générique. Une certitude : c’est la seconde émission du « Jeu du mystère et de l’aventure ».
L’histoire est très originale, et l’interprétation impeccable. Les fictions du « Jeu du mystère et de l’aventure », de « Faits divers » et autres « Maîtres »/ « Heure du mystère » proposent souvent des variations autour de schémas narratifs connus. Ce n’est pas le cas ici. Suite à un krach boursier, un jeune et fringant employé se retrouve plaqué par sa femme, qui, dès lors qu’il n’a plus un sous, préfère partir tout de suite rejoindre un homme à la bourse bien pleine. L’histoire change alors complètement de direction, bascule dans le surnaturel. Le jeune homme décide de se suicider. Sonne alors à sa porte un messager l’invitant à séjourner au Thanatos Palace Hôtel, qui offre un suicide tout confort, et surtout, très important, la garanti de mourir sereinement. L’hôtel va redonner des envies de vivre à notre héros. Mais tout est prévu.
Le dénouement est réussi, car il est en même temps d’une logique implacable, et inattendu.
Une rareté dans la série, car l’inspiration fantastique sera peu exploitée par les auteurs des séries Billard/Beaumont.

Faits divers
Âmes qui vivent (27-10-1953)
de Jacques de Beaupré
assistante de réalisation Eliane Maingot
avec Jandeline (Katrina), Geneviève Morel, Yves Duchateau, Odette Barrois, Jean Bolo, Andrée Tainsy, Jean-Charles Thibault, Becky Rosanes, Nelly Delmas, Jean-Pierre Lituac (le professeur Kartenkunst), Pierre Olivier, Suzy Dornac, Christian Fourcade, Gérard Fallec, Nelly Benedetti (l’hôtesse de L’air du temps), Louis Arbessier, (Wilfried) Jean Werner, Jacky Jansel

Le générique est celui des « Maîtres du mystère », car la fiction a été reprise pour être commercialisée par l’INA, dans « Les maîtres du mystère, 42 épisodes », en format MP3).
Aucune mention d’autres rubriques nulle part, l’INA ne semble avoir conservé que la fiction.
Autre histoire fantastique, « Âmes qui vivent », d’inspiration tout aussi macabre, commence par un suicide. La réalisation, par sa sobriété, qui choisit de ne marquer par aucune transition les va-et-vient entre le monde de l’au-delà et les courts retours à la vie terrestre, renforce l'impression de dureté, de sécheresse, et crée une atmosphère sinistre, désespérée.
L’essentiel se déroule dans le monde de l’au-delà. Nous sommes dans l’après-guerre, et une jeune allemande, ayant perdu son enfant un an auparavant, battue par son mari, se suicide. Elle va retrouver son enfant, et son premier amour.
En parallèle, des médecins tentent de la ramener à la vie.
Une histoire très noire, jusque dans son dénouement.

Manque de pot (08-12-1953)
de Jacques de Beaupré
avec Jean Bolo (inspecteur Roy), André Wasley (superintendant Martin), Pierre Delbon (Bankhead), Jean-Pierre Lituac, Pierre Marteville, Nelly Delmas (Barbara), Gaëtan Jor (Joe la mitraille), Bernard Hubrenne, Jean-Charles Thibault, Lisette Lemaire, Charlotte Clasis (Signora Ciapitti), Fernand Rauzéna (Bob & Fred), Jean-Marie Amato (Antonio Ciapitti)

Fiction reprise sur France Inter en 1998 et prise dans le coffret de l'INA mentionné plus haut. A la place du générique de « Faits divers », celui des « Maîtres du mystère ».
Le début est incompréhensible : une parodie de films de gangsters, deux personnes dialoguent en pleine pétarade, et par dessus, une voix, celle de Pierre Véry, ajoute un commentaire, « Bien de votre avis cher ami », qui ressemble plus à une erreur technique qu’à un commentaire du dialogue qui précédait. D’ailleurs, cette scène d’ouverture va se répéter plus loin, toujours aussi confuse, bien qu’elle prenne du sens finalement : on va savoir qui sont ces deux personnages et ce qu’ils ont fait. La suite s’éclaircit, et, effectivement, c’est bien une parodie de film de gangster, menée tambour battant. Le caïd Antonio Ciapitti se retrouve piégé par deux petits malfrats (ceux de la scène d’ouverture) qui lui ont volé sa splendide voiture truffée de gadgets tous aussi dangereux les uns que les autres. Bien sûr, ils ne sont pas au courant, d’où le jeu de mots du titre. L’intrigue est, volontairement ou non, décousue : on suit le caïd, puis la voiture, tout cela pour déboucher sur une histoire de vengeance  entre truands.

Une balle perdue (15-05-1956)
de Jean Bommart
avec Gaëtan Jor, Pierre Delbon, Henri Virlogeux, Roger Carel, Jacques Dufilho, Ginette Franck, Geneviève Morel

Retour du générique de « Faits divers ». Les rubriques sont amputées, sauf une, le sketch qui illustre le concours « L’accident de la semaine » : un éboulement sur une route, et deux questions pour lesquelles la matière grise des auditeurs est sollicitée. Ils doivent trouver la faute qui a été commise, et les précautions à prendre en cas de terrassement, pour éviter ce fâcheux accident.
La fiction « Une balle perdue » : dans un bled perdu au fin fond de la campagne française, une femme, une veuve de quarante ans, est retrouvée assassinée chez elle. La balle qui l’a atteinte demeure introuvable. Un enquêteur du cru se retrouve chapeauté par un autre, dépêché de « la grande ville ». Trois acteurs spécialistes des accents paysans se retrouvent ensemble : J. Dufilho (l’enquêteur), H. Virlogeux (un suspect) et, dans un rôle plus secondaire, R. Carel.
Il est curieux, et cette fiction n’est pas la seule concernée (voir par exemple plus haut), que l’histoire ait été validée en haut lieu par les producteurs de « Faits divers », sachant que la volonté de l’émission était de s'adresser à un public familial, dixit Billard dans l'ouvrage de Jacques Baudou, Radio Mystères (1997) .
Cette femme retrouvée assassinée, ce pourrait être la fiancée du pirate de Nelly Kaplan, car, pour que l’auteur ait un maximum de suspects sous la main, il se trouve que la victime a couché avec toute la gent masculine du patelin.
Les dialogues ont beau éviter d’appeler un chat un chat, impossible de tricher avec l’intrigue.
Il y a bien une balle à la fin, le mystère est levé, mais entre temps l’auteur a eu le temps de nous balader de suspects en suspects, et de nous offrir sur un plateau le classique faux coupable.                                                                                                                                                                                                                                                                                             .../...



Dernière édition par Curly le Dim 20 Nov 2022, 15:26, édité 1 fois

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 06 Nov 2022, 11:10

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Des orchidées pour Stepanich (31-06-1956)
de Jean Cosmos
assistant de réalisation Jean Garretto
avec Jean-Marie Amato (Manuel), Rosy Varte (Esperanza Stepanich), Jean Bellanger (le petit monsieur), Jean Bolo, Marcel Bozzuffi, Paul Faivre, Jacqueline Rivière, Nelly Delmas, Guy Piérauld (Ben)

Une fiction qui anticipe de quelques années les polars d’Audiard de type « Barbouzes » et autres « Tontons flingueurs ». Jean Cosmos utilise les poncifs des récits de gangsters en les soulignant à gros traits, aligne les bons mots, mais jamais ne tombe dans la parodie. Comme la fiction suivante, l’auteur s’est donné une contrainte d’écriture amusante : tout se déroule durant les funérailles d’un gros caïd, Carlo Stepanich. On notera le grand écart entre l’origine géographique du prénom et du nom du trépassé.
Nous allons suivre le cortège et passer d’un groupe de personnages à un autre : famille, rivaux, police, puis passer dans l’église puis au cimetière.
Tout cela pour découvrir, surprise ultime, improbable donc délectable, que le plus important de l'histoire n’était pas Stepanich, mais les orchidées. Nous devrions plus faire attention au titre, il était pourtant très clair.
Interprétation parfaite, la troupe de « Faits divers » est en grande forme, que ce soit Jean-Marie Amato en rival, qui le jour même des funérailles épouse la veuve de son ancien patron, ou Rosy Varte, la veuve éplorée, ou Guy Piérauld (le policier) etc etc.
Cette fiction a été commercialisée par l’INA, en cassette, coéditée avec les éditions du Masque, puis en mp3. Elle fut reprise aussi sur France Inter le 27 août 1998.

Le rendez-vous de Frédéric (28-05-1957)
de Jean Lullien
avec Jean-Jacques Steen (Pedro, le chef des rebelles), Jean Mauvais (Frédéric le Français), Jean Bolo (le dynamitero), Gaëtan Jor (le lieutenant), Guy Piérauld (Luco), Yves Duchateau, Andrée Wasley, Juliette Jérôme (la récitante), Jean-Marie Amato (le colonel Ramirez)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean De Landuc
opérateur Charles Marié

Un réseau de résistance tente de supprimer le colonel Ramirez. Nous sommes en Amérique du Sud, mais la présentation nous précise que ce pourrait être n’importe où. Jean Lullien a dynamité la mise en place de l’intrigue en l’air, donnant à une récitante le rôle de tout résumer en une poignée de secondes.
Plus original, l’idée d’une quasi-arlésienne : nous n'entendons jamais Annie, le personnage principal. Tous les hommes sont plus ou moins amoureux d’elle, et elle manipule le colonel afin d’aider les résistants.  Elle est trouvée morte au début, et le classique retour en arrière peut commencer. Elle apparaît aussi à la fin, sans que son rôle nécessite d’être incarné par une voix. Elle est aperçue au loin aux bras du colonel dans le grand final plein d’actions.
Beaucoup de dialogues fonctionnels qui empêchent les personnages d’exister vraiment, surtout au début, malgré la qualité de l’interprétation, et par moments une utilisation de la musique poussive (rappelons que souvent Pierre Billard utilisait un même motif musical répété durant toute la dramatique). Quelques trouvailles, comme la scène finale, où le chef des rebelles murmure à son équipe des encouragements afin de faire passer l’amère pilule de l’assassinat.

Autre fiction du même auteur, « Le perroquet sur la ville »
Billet du 31-12-2019
Le Perroquet sur la ville, un feuilleton en 50 épisodes de Jean Lullien, réalisation de Gérard Herzog (17/03 au 15/05/1958) avec Michel Bouquet (inspecteur Ramsès), Robert Murzeau (Corbache), Anne Carrère (Agnelle), Louis Ducreux (Le Perroquet), Jean Bellanger, André Valmy, Juliette Jérôme (la narratrice) et dans plusieurs rôles, Henri Virlogeux et Jean-Pierre Marielle.
Le générique est un extrait du Lieutenant Kijé de Prokofiev.
Un point de départ qui rappelle Signé Furax, qui lui-même s’inspire ouvertement du roman-feuilleton Fantômas. Il n’est pas impossible que le feuilleton n’ait pas été créé pour concurrencer la série de Dac et Blanche.
Course au gangster, le fameux Perroquet, dont l’identité est vite révélée, avec enfilades de cascades, de bagarres et de poursuites en tous genres agrémentées de déguisements de tous poils. Les inspecteurs enchaînent cascades et séjours à l’hôpital. Les enquêteurs ont des idées stupides : tant que cela se termine par une bonne bagarre, tout va bien.
Afin de reconnaître le Perroquet dans ses multiples déguisements, Ramsès réussit à l’attraper dans la rue pour lui mettre un bon cocard. Résultat, pour ne pas être reconnu, le Perroquet en orne une partie de sa bande afin de confondre la police… Peu subtil mais costaud.
L’intrigue est simple, les poursuites s’enchaînent en trois temps : d’abord à Paris, puis à Londres et enfin un retour à Paris. Elles pourraient être sans fin, et d’ailleurs elles le sont.
Le duo Michel Bouquet/Robert Murzeau, qui devient dans un second temps un trio avec Anne Carrère, fonctionne parfaitement. C’est le duo classique : le cerveau (pas tant que ça en fait) et la grosse brute, qui se croient supérieurs à Agnelle alors qu’elle seule parvient à faire avancer un tant soit peu l’intrigue.
L’univers de ce feuilleton est très proche de certaines bandes dessinées franco-belges de l’époque, surtout des aventures de Gil Jourdan de Maurice Tillieux. Et Agnelle ressemble beaucoup à Seccotine dans le Spirou de Franquin.

Rue des Martyrs (04-06-1957)
de Jean Chatenet
avec Marcel Bozzuffi (Raymond), Jean Négroni (Castor), Évelyne Gabrielli (Francine), Lisette Lemaire, Henri Virlogeux (Casimir, le serveur), Jean Bolo, Pierre Delbon
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean Godet

Le coup classique : la manipulation d’un être affaibli afin d’accomplir le crime parfait, qui in fine ne le sera pas grâce à une jeune actrice, Francine.
Le rue des Martyrs en question n’est pas à Paris mais à Villeneuve. S’il n’existe aucune rue de ce nom à Villeneuve, il en existe une à Villeneuve-d’Ascq. Peut-être un hasard.
Le grand moment de la fiction est la scène d’hallucination de Raymond, ancien soldat d’Indochine revenu malade en France.
L’interprétation est dominée par le duo Bozzuffi/Négroni, deux acteurs ayant un grain de voix proche, et du coffre, surtout le premier.

Le monstre vert (18-06-1957)
de Louis Roubaud, adaptation de Jean Marcillac
avec Pierre Delbon (Bernard), Jacqueline Rivière (Hélène), Henri Virlogeux (Léonard), Jean D’Yd (le comte), Jean Bolo, Jean Mauvais, Gaëtan Jor, Jean-Claude Michel (Michel)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Noël Barbet
opérateur Charles Marié

L’auteur, comme dans la précédente fiction, joue sur l’hésitation que l’auditeur peut avoir entre une explication surnaturelle et réaliste. Comme toujours, hélas, tout est démêlé à la fin, nette et sans bavure.
Cette fiction s’inspire d’une nouvelle de Louis Roubaud (1884-1941). Sur le site de la BNF on  peut lire :
Homme de lettres. - Journaliste. Collabore à "Marianne", "Le Crapouillot", "Le Petit parisien", "Le Quotidien", "La Lumière", "Vu" et "Détective". - Utilise également le pseudonyme : Privadiche
Concernant le choix de la nouvelle, le descriptif de l’INAthèque signale qu’au départ la nouvelle avait été « retenue pour une adaptation radiophonique, puis écartée "du fait de son manque de crédibilité". »
Un fait divers non précisé, mettant en cause un haut diplomate (le descriptif n’est vraiment pas très clair) a obligé Jean Marcillac à se rabattre sur cette histoire.
Roubaud utilise le fameux coup de la « chambre close » cher à Gaston Leroux avec un crime commis dans une pièce où il était impossible de pénétrer pour le tueur. Il est vite prouvé que la chambre était fermée de l’intérieur et qu’il n’y avait aucune issue. Et pour ne rien oublier, la fenêtre est bien bloquée, et cheminée cimentée.
Michel (J-C Michel) souhaite acheter le manoir de Malecroix et se propose de la montrer à un couple d’amis, Bernard et Hélène.
A l’arrivée, première coïncidence extraordinaire : Bernard connaît le serviteur du lieu, et même le lieu !
Petit retour en arrière en pleine Seconde Guerre mondiale. Bernard souhaitait alors se cacher en compagnie d’autres résistants. L’auteur étant décédé en 41, cette temporalité est surprenante. Sans doute un effet de l'adaptation de Jean Marcillac.
Mais foin de guerre, il s’agit bien d’un chambre maudite, habitée par un monstre, vert bien sûr, qui sort de sa boîte pour tuer quiconque passe une nuit dans la pièce. Tout va se démêler grâce à Hélène, qui va attraper ce méchant monstre pour le mettre en boîte une bonne fois pour toutes.

                                                                                                                                                                                                                                                                                .../...

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 20 Nov 2022, 16:01

.../...

Snouk ou le rendez-vous des enfants prodiges (09-07-1957)
de Pierre Véry
avec Jean-Marie Amato (le récitant), Rosy Varte (la récitante), Guy Piérauld (Snouk, alias Joseph Martin) Christiane Lasquin (Ginou), Henri Virlogeux (Antoine Martin, le père), Geneviève Morel (Henriette Martin, la mère), Becky Rosanes, Ginette Franck, Gaëtan Jor, Jean Chevrin, Raymond Pélissier, Roger Crouzet, Francette Vernillat, Jean Bolo, Yves Duchateau, Marie- Jeanne, Évelyne Langeais, Marie Martine
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean de Landuc
opérateur Charles Marié

« Snouk » clôt la série « Faits divers » commencée en 1953.
Pierre Véry va repartir vers des aventures plus cinématographiques. Il avait quitté le cinéma en 1953 pour des raisons de santé, et la radiodiffusion française l’avait installé dans le fauteuil confortable de maître de cérémonie de « Faits divers ». Entre 1953 et 57 il avait toutefois cosigné le scénario de « Papa, maman la bonne et moi » et de sa suite « Papa, maman, ma femme et moi » (1954/55) avec Jean-Paul Le Chanois et Marcel Aymé.
Il décédera en 1960, après avoir signé quelques scénarios pour des films qui sont tombés dans l’oubli. Parmi eux, « Échec au porteur » de Gilles Grangier d’après un roman de Noël Calef, adapté quasi simultanément pour « Les maîtres du mystère » (sortie de film, 15 janvier 1958, diffusion à la radio le 11 février). Autre départ, celui de Maurice Renault, qui après une année sur Radio-Luxembourg (« Allo..police ? ») reviendra, mais sur France II Régional avec ses séries Sherlock Holmes / Arsène Lupin / Nick Carter / Alfred Hitchcock présente.
En octobre 57, « Faits divers » se transformera en « Maîtres du mystère ». Le premier maître sera, pour une transition en douceur, Pierre Véry, qui adaptera son roman « Mamz’elle Bécot », rebaptisé pour l’occasion « La pension Benedict ». Même réalisateur, même troupe d’acteurs que dans « Faits divers ».
« Snouk », qui n’est pas une adaptation, parle de cinéma. Pierre Véry raconte l’histoire d’un enfant-star, repéré par un producteur en vadrouille, puis jeté à la poubelle par les studios hollywoodiens une fois l’adolescence arrivée.
Pierre Véry se contrefiche des invraisemblances (les parents ne sont pas au courant de la déchéance de leur fils à Hollywood, la rencontre avec une jeune actrice amoureuse...). Et pour cause, la forme choisie est celle du conte.
Le sacrifice final est d’une gentillesse qui lorgnerait vers la niaiserie s’il n’y avait des acteurs de cette qualité. Pour une fois, Guy Piérauld incarne notre héros, lui qui est toujours cantonné dans les seconds rôles plus ou moins pittoresques.
Après une première partie qui pouvait laisser espérer des rebondissements inattendus, qui laissait entrevoir plusieurs destins possibles pour Snouk, Pierre Véry fait basculer son intrigue dans la romance afin de clore son conte, et toute la série des « Faits divers », dans un happy end doux-amer, la jeune actrice ayant sacrifié sa carrière par amour.

La charmeuse de serpents (20-11-1956)
de Pham Van Ky
avec Marguerite Cassan (Mademoiselle Why [?]), Jacques Borel (le moine Nanak), Raymond Pellissier, Albert Gercourt, Marie-Jeanne Gardien, Gisèle Touret, Henri Guisol (le commissaire Sing)

L'histoire se déroule à Bénarès. Heureusement pour nous, cette fiction hindi est présentée en VF, aucun acteur ne souhaitant – c'est plus prudent – se lancer dans des imitations d’accents du cru, ce qui n’empêche aucunement le dépaysement : temples, statuettes de Krishna, cobra tueur, moines bouddhistes…
L’auteur a inventé un whodunit hindou : un personnage pourri jusqu’à la moelle que tout le monde voudrait voir disparaître est retrouvé mort. Comme les suspects ne manquent pas, c’est du pain béni pour une bonne enquête menée par un commissaire qui n’a d’hindou que le nom.
Tout commence par l’expulsion d’une fabricante de statuettes de Krishna (la scène du procès ne manque pas d’humour), expulsée par son propriétaire, frère supérieur du temple de Krishna, représenté par son factotum Nanak. Il est question d’un mouvement de libération de la femme, ce qui en Inde est particulièrement audacieux, et d’une charmeuse de serpents qui va vite être suspectée puisque son cobra pourrait bien être l’arme du crime.

La course aux cailloux (04-12-1956)
de Francis Didelot
avec Jacques Amyran (le commandant), Guy Decomble (le commissaire), Gaëtan Jor, Henri Virlogeux, André Wasley, Pierre Delbon, Rosy Varte (Térésa), Fernand Rauzéna (l’inspecteur Joseph Niel)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Noël Barbet

Fernand Rauzéna incarne un inspecteur chargé de démanteler un réseau de trafiquant de pierres précieuses. Il est envoyé sur un paquebot par son supérieur, paquebot sur lequel se trouve un des trafiquants tentant de faire passer en douce sa riche cargaison.
Il se trouve que cet inspecteur n’est pas très perspicace, d’autant plus qu’il tombe sous le charme d’une portugaise (Rosy Varte) à l’accent mi-italien, mi-espagnol qui, ô hasard, possède quelques pierres précieuses dans ses bagages.
L’incompétence de l’inspecteur apporte beaucoup de sel marin à cette histoire.
Fernand Rauzéna, déjà évoqué dans un précédent billet, a beaucoup fait de doublage dans les années 50/60. Il est notamment la voix du sergent Garcia dans la série télé Zorro version Walt Disney.

La chasse au rat (23-04-1957)
d’Yves Jamiaque
avec Jean Mauvais (Brouchard), Nelly Delmas (Lucienne), André Var (le professeur de philosophie), Jacques Anquetil, Pierre Delbon, Jean Bolo, Becky Rosanes, Geneviève Morel, Armand Vallé Valdy, André Wasley, Jacques Thébault (Jean Rullier)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Noël Barbet
opérateur Charles Marié

Plus d’humour ici, mais une histoire de harcèlement qui tourne mal. Dans le milieu étudiant, le caïd de service va jusqu’à menacer sa victime de mort. Toute la bande exulte, mais c’est sans compter l’aide de Lucienne.
Leitmotiv musical dramatique qui dès le début annonce une fin tragique.
Le rythme est extrêmement rapide. Les scènes sont courtes, et donc nombreuses. Pas le temps de trop s’appesantir, ce qui accentue l’aspect abrupt du dénouement. Nous sommes très loin de celui de Snouk, la romance esquissée ne pourra pas s’épanouir à la fin.

Mon copain l’assassin (16-10-1956)
de Pierre Véry
Aucun générique. L’INA signale la diffusion en 1967 sur Inter Bretagne et Pays de Loire d’une fiction réalisée par Max-Henri Cabridens avec Roger Guillot, Philippe Mercier, Pierre Bolo, Michèle Gauthier, Valérie Descombes, Georges Goubert, Jeannette Granval, Robert Mazet, H. Torcheris.
Pas de nom d’auteur. Seul Jacques Baudou dans son ouvrage cité plusieurs fois plus haut signale « Mon copain l’assassin » comme étant un « Faits divers » de 1956 écrit par Véry.
La musique qui ouvre et clôt l’émission est celle du film « Témoin dans la ville », signée du saxophoniste Barney Wilen.
Or, le film date de 1959. Musique ajoutée pour une autre diffusion, celle de 1967 par exemple ? Et pourquoi alors n’est-ce pas Pierre Billard qui est crédité de la réalisation ? Mystère, mystère…
La fiction est délicieuse, l’interprétation aussi. Il semble bien que Pierre Véry en soit l’auteur. C’est l’histoire d’un kidnapping qui tourne mal, mais pour les kidnappeurs. L’un des truands, l’assassin du titre, se prend d’amitié pour l’enfant qu’il garde, et cette amitié est tout de suite réciproque.
La mise en place est brillante. Véry commence directement par le kidnapping, puis présente le couple de parents. Les Moreau ont deux enfants, l’un adopté par monsieur lors d’un premier mariage, et un second né de cette seconde union. N’ayant pas enlevé l’enfant prévu dans leur plan, les truands se retrouvent avec l’enfant adopté. Ce qui entraîne une scène de comédie acide, Madame passe d’une inquiétude extrême à une relative sérénité lorsqu’elle apprend que ce n’est pas son fils qui a été enlevé, tandis que Monsieur fait le chemin émotionnel inverse.
Plusieurs bonnes idées, comme cette paire de menottes avec laquelle jouent les enfants au début et qui va avoir une importance capitale, ou encore la confiance totale de l’enfant enlevé envers son gardien, née notamment du fait que tous deux ont été adoptés.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 28 Déc 2022, 14:27

Les maîtres du mystère
Deux hommes dans la nuit (25-12-1962, France II Régionale) [cf aussi le site de l'INA. La version disponible sur YouTube est de médiocre qualité.]
de Jean Cosmos
avec Michel Bouquet (Maurice Viala), Jean-Pierre Lituac (l'inspecteur), Pierre Vernier et Jean Mauvais (deux policiers), Yvonne Clech (Mme Moissonnier), et les petits Gilles et Anne Amado (François et Claudine Moissonnier)

[Gilles Amado s'illustra par la suite en tant que réalisateur de directs pour la télévision. Gilles et Anne Amado sont les enfants de Christiane Mallarmé, productrice à la radio entre le début des années 50 et le milieu des années 90. Pour France Culture, elle réalisa, entre autres choses, beaucoup de "Matinée des autres", "L'autre scène ou les vivants et les dieux", "Une vie, une oeuvre".]
prise de son Jean Deloron
opérateur Geneviève Leroux
assistante Marie Vouilloux

Jean Cosmos aime se donner des contraintes, comme on a pu le voir précédemment : un homme au téléphone pendant cinquante minutes, une cérémonie d'enterrement comme unité de lieu, donc de temps et d'action. Dans "Deux hommes dans la nuit", il va ralentir brutalement l'intrigue et durant quarante minutes tout va se passer entre deux hommes coincés dans une voiture sur une route de campagne enneigée.
Une autre contrainte, que l'on peut supposer imposée, vient de la date de diffusion. Il fallait sans doute que l'intrigue se dénoue en respectant les conventions d'un conte de Noël, alors que tout semblait mener vers une histoire tortueuse et macabre, ce que le dialogue dans la voiture promet au départ. Mais Jean Cosmos se refuse à ajouter des ingrédients propres à amener quelques rebondissements inattendus.
Ce n'est donc pas la meilleure fiction de son auteur. Par contre Michel Bouquet et Jean-Pierre Lituac, même si ce dernier, aussi bon soit-il, n'est pas toujours à la hauteur stratosphérique de son partenaire, sont en pleine forme.
Les deux hommes, l'un prisonnier fraichement évadé, l'autre l'inspecteur qui l'a rattrapé, sont coincés dans une voiture suite à un accident qui n'en est peut-être pas complètement un...
Pour satisfaire aux besoins du huis clos, aucun des deux protagonistes ne conduit, ce qui est un peu tiré par les cheveux.
La réalisation est d'un tel minimalisme qu'il faut absolument que les acteurs soient excellents. Seuls les dialogues, leur interprétation, doivent suffire à suggérer à l'auditeur le lieu où se déroule l'action. La longue scène dans la voiture ne contient aucun ajout de bruitage, rien. Pourtant, l'auditeur y croit, alors que rien n'est fait pour masquer que deux acteurs sont dans un studio.
Pour planter l'ambiance, on notera le seul ajout d'une pièce d'Eddie Sauter, enregistrée l'année précédente, "Her", extraite de l'album "Focus". Stan Getz y est accompagné par un orchestre de cordes. Une formation qui n'a jamais donné qu'une image aseptisée du jazz. Soit c'est de la guimauve, soit cela reste fort pauvre par rapport à ce que des compositeurs de musique dite "classique" peuvent écrire. Au mieux, cela peut donner une parfaite bande-son pour une fiction policière radiophonique.



Dernière édition par Curly le Mer 10 Jan 2024, 19:39, édité 1 fois

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 08 Jan 2023, 12:58

Les maîtres du mystère – Le procès Bellamy (1958) de Jean Cosmos, d’après le roman de Frances Noyes Hart (1927), traduit par Maurice-Bernard Endrèbe

Un Maîtres du mystère exceptionnel. L’intrigue criminelle est inspirée à la romancière par l’affaire Hall-Mills qui en 1927 avait eu une couverture médiatique considérable. Le livre eut dans la foulée un énorme succès (traduit en français en 1947, Grand Prix de la Littérature policière, catégorie romans étrangers), au point d’être adapté au cinéma en 1929 (The Bellamy Trial, réalisé par Monta Bell).
L’intrigue du roman est néanmoins différente : un seul cadavre au lieu de deux, trois suspects au lieu de deux… Le roman, ainsi que l’adaptation de Jean Cosmos, choisit de rendre compte du procès, audience par audience. Le roman en comporte huit, et la fiction radiophonique quatre.
L’intrigue criminelle est un prétexte à montrer le fonctionnement de la machine judiciaire. Une femme est retrouvée assassinée, les deux suspects : son mari, et la femme de son amant, amant avec qui elle semblait avoir rendez-vous au moment du meurtre.
Les personnages principaux ne sont pas les suspects ni les principaux témoins, mais l’avocat de la défense et le procureur. Les différentes dépositions, les réquisitoires sont rendus avec le plus de précision possible, bien que cela reste avant tout une fiction. La recherche de la vérité, la transformation progressive de certains faits, dont les interprétations fluctuent suivant les points de vue, est le véritable sujet de l’histoire.
Pour entrer dans le procès, l’auditeur suit deux journalistes (J-C Michel et Martine Sarcey), l’un expérimenté, l’autre novice, ce qui permet, outre le début d’une intrigue sentimentale, à l’auditeur d’être informé des principaux faits.
Ces « Maîtres du mystères » sont en réalité quadruples. Chaque audience fait l’objet d’une émission d’une heure, sans chroniques des duettistes Beaumont/Régent.
Au début, Pierre Billard nous rappelle qu’il n’est pas nécessaire à l’auditeur d’avoir suivi les précédentes audiences pour comprendre ce qui va suivre. Cela ne paraît pas évident. Jean Cosmos a imaginé, sauf pour la dernière partie, des scénettes introductives avec les deux journalistes. Les ficelles utilisées sont grosses, mais elles sont nécessaires pour résumer l’intrigue aux nouveaux auditeurs.
Le centre du procès repose donc sur l’affrontement entre l’avocat de la défense, un avocat en fin de carrière qui n’est pas rompu aux affaires criminelles (Marcel André), et un jeune procureur aux dents longues, et déchaîné (Michel Bouquet). Autant dire que l’interprétation est éblouissante.
La troupe des « Maîtres du mystère » est au complet, et les différents témoins qui défilent à la barre donnent lieu à des numéros d’acteurs très variés, les plus pittoresques étant Jean-Marie Amato et Rosy Varte.
Les témoins clés arrivent dans la troisième audience, tandis que les plaidoiries dans la quatrième, où s'invite aussi un témoin de dernière minute, bien sûr, sans ça le plaisir ne serait pas complet, à la moralité douteuse (un directeur d'école qui avait un rendez-vous galant avec une de ses élèves...)
Nous pouvons rapprocher cette œuvre de « Anatomy of a Murder », un film sorti l’année suivante et dont les intentions sont proches. Dans le film, comme dans la fiction radiophonique, le fonctionnement de la justice prend le pas sur l’intrigue criminelle.
Une différence quand même : si le film d’Otto Preminger laisse après le procès un doute quant à la culpabilité ou pas du suspect, l’exercice de virtuosité du petit avocat (James Stewart) ayant emporté le morceau, « Le procès Bellamy » se termine par une scène se déroulant juste après le procès et qui apporte une réponse claire et nette aux interrogations de l’auditeur.

Le procès Bellamy (1958)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean de Landuc (1, 2) & Noël Barbey (3, 4), opérateur Charles Marié, assistante Marie-Denise Wanda
avec Michel Bouquet (Maître Far), Marcel André (Maître Lambert), Henri Crémieux (le juge Anthony Carver), Martine Sarcey (Hélène la jeune journaliste), Jean-Claude Michel (Randolph, journaliste), Jacqueline Rivière (la gouvernante Kathleen Page), Jacques Hilling (Elliot Farwell), Jean Topart (George Dallas), Rosy Varte (Miss Cordier), Maria Tamart (Miss Roberts), Jean-Marie Amato (Luigi le jardinier), Geneviève Morel (l’amie d’enfance de Madeleine Bellamy), Henri Virlogeux (l’huissier), Michel Vitold (M. Stephen Bellamy), Bernadette Lange (Susan Ives), Daniel Brémont (M. Ives), Berthe Bovy (Mme Ives mère), Pierre Leproux, François Darbon, André Wasley, Yves Gladine, Lucien Nat, Jean Mauvais, Yves Duchateau, André Wasley, Pierre Collet, Raymond Pelissier

Première audience – 18/02/1958
Seconde audience – 25/03
Troisième audience - 04/03
Quatrième et dernière audience - 11/04



Dernière édition par Curly le Jeu 27 Juil 2023, 19:33, édité 4 fois (Raison : Changement des liens)

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 19 Juil 2023, 12:15

« Faits divers »
Pour les deux émissions suivantes :
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean Godet
opérateur Charles Marié
assistant de production Jean Garretto


Le mouton enragé (22-06-1954)
de Yvan Noé
avec Pierre Trabaud (Henri), Geneviève Morel (Germaine), Florence Brière, Lisette Lemaire, Lucienne Letondal, Gaëtan Jor, Pierre Leproux, Yves Duchateau, André Wasley, Albert Gercourt (l’oncle Arsène)

Le « fait divers » qui a servi de point de départ : un billet de 10 000 francs découverts dans une rue de Nice.
L’histoire exploite sans trop se fatiguer cette découverte. Un modeste employé souhaite devenir représentant de commerce. Il doit pour cela trouver une caution, qu’il ne possède pas. C’est là que notre auteur fait intervenir un portefeuille trouvé dans la rue et bourré de billets. La tentation du vol est grande, mais la morale à la fin est sauve, grâce à des circonvolutions acrobatiques qui ne sont crédibles que dans une fiction. Hasards et coïncidences donnent le coup de pouce nécessaire pour que tout se termine dans la paix des familles.
La consigne passée aux auteurs des fictions était de rester dans les limites d’une certaine morale. Or, dans les faits : plusieurs fictions, et ce n’est pas le cas de celle-ci, ont contrevenu à cette règle (ce sont souvent les meilleures), de même que l’ensemble des rubriques qui les entoure, qui ne sont que célébration des pires horreurs possibles et imaginables par un cerveau humain.
Parmi les faits divers lus ensuite, seule une touchante histoire d’amitié entre un petit enfant et un agneau censé partir à l’abattoir sort du sordide le plus poisseux.

Le duo Beaumont / Régent :
Autant Germaine Beaumont s’applique à présenter les qualités et défauts des dernières sorties en librairie, autant Roger Régent s’applique à faire un peu n’importe quoi.
Beaumont présente comme il se doit « Feux rouges » de Simenon, qu’elle met en valeur tout en racontant un peu trop l’intrigue, comme d’habitude.
Second ouvrage présenté, plus léger, « César cherche le consul » de Delano Ames. Germaine B. signale « l’excellente traduction de Jacques Decrest » . En effet, ce dernier est tellement excellent que plusieurs de ses propres romans seront adaptés dans les « Maîtres du mystère » dès sa création en 1957.
Le Regent’s Club :
Roger n’a rien à dire, c’est « le calme plat sur le front du suspense ».
Il vante une comédie anglaise  fraîchement sortie, « Je vois un sombre espion » de Frank Launder avec Trevor Howard et Deborah Kerr. Mais patatra, Roger a senti l’arnaque. Ce film est une ressortie sous un autre titre de « L’étrange aventurière » (I See a Dark Stranger) sorti en 1946.
Deux autres films sont loués avec quelques grosses réserves, qui démontrent que le calme plat promis était un peu gondolé : « La galerie du mystère » (« The Fake ») de Godfray Grayson et « Les bagnards de Botany Bay » de John Farrow, qui « ne surmène pas notre intelligence ».

Le pigeonnier sur la montagne (06-07-1954)
de Yves Jamiaque
avec Georges Chamarat (Mallard), Michèle Monti (Clara Verneuil), Nelly Benedetti (Lydia de Pavie), Pierre Moncorbier (le baron), Jean-Marie Amato (l’aubergiste), Gaëtan Jor, Charlotte Clasis, Florence Brière, Jacqueline Rivière, Lisette Lemaire, Pierre Leproux, Yves Duchateau, Jean Mauvais, Georges Brassa, Jean Bolo, André Wasley
Le point de départ : « Une toute jeune fille blonde portant des chaussettes de petite fille et un foulard jaune autour de la tête a, en moins de quarante huit heures, fait trois attaques à main armée à Washington »
La fiction est réussie, en ce que ce qu’elle s’éloigne considérablement du fait divers qui l’a inspirée, qu’elle est suffisamment tarabiscotée pour envoyer l’auditeur sur de fausses pistes, et que le lieu unique où se déroule l’histoire, une auberge isolée dans la montagne est truffée de personnages louches et pittoresques, notamment le toujours parfait Jean-Marie Amato en aubergiste qui cumule les trafics de tout et de n’importe quoi.
La présentation de Pierre Véry comprend un passage plus que douteux : « des chaussettes de petite fille, ce détail n’est-il pas particulièrement attendrissant ? Quel homme digne de ce nom ne s’imaginerait pas volontiers faisant la rencontre de cette candide jeune fille que l’on aime à se représenter (…) ayant un besoin urgent de secours. C’est fou ce que l’on se sent galant homme tout d’un coup. Songez donc, des chaussettes de petite fille... »
Mais la fiction vole nettement au-dessus de ce propos vaseux.

Les faits divers de la semaine : Il semble que les explosions de pare-brise, « la parebrisite », qui sévit dans notre pays en l’an de grâce 1954 soit l’un des sujets de préoccupation majeurs de Maurice Renault. Elle prend de telles proportions qu’elle touche dorénavant tout ce qui est en verre. La parebrisite serait-elle devenue la verrerite ?
Autre fait qui a retenu l’attention, un empoisonnement qui rappelle celui du film de Sacha Guitry « Le roman d’un tricheur », où toute la famille du narrateur mourait après avoir ingurgité des champignons vénéneux.

Pour une prochaine émission, l’équipe a retenu une véritable horreur : « Un ouvrier était occupé à nettoyer l’intérieur d’un four à sécher lorsqu’un de ses camarades de travail pour faire un farce voulut mettre en marche un ventilateur, mais il se trompa de  manette et actionna la commande de chauffage du four. Horriblement brûlé, l’ouvrier a succombé à peine admis à l’hôpital. »
Lorsque de nombreux auditeurs envoient le même fait divers, et que celui-ci est choisi pour donner lieu à une fiction, il y a tirage au sort pour désigner l’heureux gagnant, qui reçoit par la suite la brochure du texte de la fiction dédicacée par l’auteur et les principaux interprètes.
Les livres de Germaine. « Galatée » de James Cain adapte en roman noir le mythe d’Acis et Galatée, qui nous est rappelé dans les grandes largeurs, et « La piste effacée » de A.A. Fair (pseudonyme de Earl Stanley Gardner).
Les films à Roger : Éloge de « La louve de Calabre » d’Alberto Lattuada, dont le lien avec le thème de l’émission est plus que ténu. Alors Roger s’en souvient in extremis en ajoutant que l’histoire pourrait être un fait divers.
Et éloge d’Yvonne de Carlo (Roger est coquinou) dans « La belle espionne », film sur le débarquement. Roger est un maître du suspense et ne nous révèle qu’à la toute fin de sa chronique qu’il s’agissait du débarquement de Napoléon sur les îles britanniques.
Il n’a pas été jugé nécessaire de signaler que le réalisateur est Raoul Walsh. Franchement, quelle importance, il y a la belle Yvonne…

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 20 Juil 2023, 12:21

« Faits divers »
Pour les deux émissions suivantes :
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean Godet
opérateur Charles Marié
assistant de production Jean Garretto


Meurtre à la télévision (13-07-1954)
de Pierre Laroche
avec Rosy Varte (Virginia), Jean-Marie Amato (Duke), Maurice Biraud (Mike), Jacques Hilling, Pierre Olivier, Guy Piérauld (Costello), Guy Decomble, Lucienne Letondal (l’infirmière), Pierre Leproux, Gaëtan Jor, Jacqueline Rivière, Robert Chandeau, Maurice Pierrat (le speaker de la télévision)
Alors que le « fait divers », si l’on peut appeler ainsi le fait d’avoir un téléviseur qui débloque un peu, pouvait laisser libre court à des imaginations débridées, Pierre Laroche le ramène à une bête histoire d’adultère et de gangsters.
Quand même, nous partions d’une image d’un programme tévé qui était restée incrustée dans le tévéviseur, s’affichant donc toujours quel que soit le programme. Que de possibilités… Et pourtant, ce qui en est fait finalement ne tient même pas la route. La police fait diffuser l’image incrustée à la tévé pour attraper le caïd, interprété par Jean-Marie Amato, habitué à ce type de rôle dans « Faits divers ».
L’auteur a oublié qu’en diffusant cette image à la tévé, tous les tévéspectateurs la voyaient aussi, ce qui est parfaitement logique. Et quand on connaît la nature de l’image, il n’y a pas de quoi rester accroché au poste. Il eût fallu au moins Jean Marcillac pour donner à cette histoire tout le potentiel qu’elle contenait…
Les quelques secondes de Spike Jones qui servent de transition sont abondamment utilisées, trop, beaucoup trop, et certains effets sonores sont bâclés, faute de temps sans doute. Lorsque le gangster allume la tévé nous entendons non pas un programme mais un disque interminable que l'on devine être le générique, sans fin, d'un western. Comme le dialogue qui passe par dessus est censé capter toute l'attention de l'auditeur, ce n'était pas une priorité.

En introduction, Pierre Véry revient longuement sur la « parebrisite » (cf billet précédent), qui semble beaucoup préoccuper l’équipe de l’émission.
Après la fiction, nous basculons vraiment dans le délire absolu.
Maurice Renault ne se retient plus : il fait la publicité pour un produit qui a le pouvoir de nous « faire redevenir enfant, et qui a été essayé sur des malades dans un hôpital psychiatrique britannique, donnant de remarquables résultats ». Maurice Renault veut essayer tout de suite. Il attend impatiemment « qu’il soit mis en vente libre » ! Son nom : le LSD.
La suite vaut son pesant de LSD : une porte d’écluse de trente tonnes volée dans le port de Brest. Personne n’a rien vu.
Et une tentative de suicide inoubliable. L’homme a construit  pendant deux ans une guillotine afin d’arriver à bon port dans l’au-delà. Après plusieurs essais, success !
Le fait divers retenu pour une fiction à venir : un homme qui a eu la prescience de son assassinat. Surnaturel ou banale intrigue criminelle ?
Le résultat sera « Un soir de demi-brume », une histoire de François Billetdoux, qui sera enregistrée deux fois par Pierre Billard, une première pour le « Faits divers » du 7 septembre 1954, et une seconde pour « Mystère, mystère » du 19 décembre 1972, avec une distribution différente.
Le petit courrier des amateurs de mystère et d’aventure :
Germaine Beaumont vante un nouveau roman de la collection « Detective Club » chez Ditis, qu’elle suit avec passion. Cette semaine ce sera « D'autres chats à fouetter », roman policier de Mabel Seeley, au langage « gratiné », et à la fin qui « culmine dans une apothéose d’horreur ». Germaine sait trouver les mots justes pour donner une saine envie de lire. Heureusement, le « style de Seeley atténue l’horreur au profit de l’humour ».
Elle nous conseille aussi, mais très moyennement, « Le vison mité » de Earl Stanley Gardner, déjà signalé précédemment sous son pseudo A.A. Fair, dont la fâcheuse tendance est d’être obsédé par toutes les « anomalies du code pénal ». Comme l’américain est différent du français, Germaine Beaumont nous avertit que certaines subtilités vont nous passer un peu par dessus la tête.
Roger & son cinoche nous gâtent. Pas de film noir, pas de « fait divers », non, non, il s’en fout, il nous conseille, sans aucune pitié pour les transitions, un film qu’il nous présente comme la huitième merveille du monde (« allez voir ça »), un documentaire de deux heures, « Le vol du héron blanc » sur le voyage de la reine Elizabeth II & du duc d’Edimbourg autour du monde. Aucun meurtre, aucune violence, rien, que de beaux paysages. Un voyage autour du monde dans un bon fauteuil. Roger exulte, même s’il avoue sa préférence pour le film du couronnement, qu’il qualifie de shakespearien.
Roger affirme que les images de ce héron blanc « sont très inégales », juste avant de dire qu’elle sont « admirables ». Allez comprendre...

La petite valise ((20-07-1954)
de Jean Marcillac
avec Jacques Dynam (Roger Mantonet), Jean Val (M. Vayron-Gaillac), Jacqueline Rivière (Colette), Claire Olivier, Becky Rosanes, Florence Brière, Jacqueline Lefevre, Jean-Marie Amato, Pierre Leproux, Jean D’Yd, Gérard Gervais, Maurice Dorléac, Paul Faivre (Isidore Courtecuisse)

Jean Marcillac, le voici justement, et bien inspiré. Il reste fidèle au fait divers qui lui est imposé, il n’en change rien : une erreur d’impression dans le journal donne le mauvais numéro gagnant à la loterie.
A partir de là, c’est un régal. Il est démontré, de manière très caricaturale, qu’il est plus important de paraître riche que de l’être vraiment. Notre héros, bien conseillé, va donc faire croire à tout le monde qu’il a vraiment gagné. L’argent attire l’argent...et c’est gagné. Enfin, dans un premier temps.
Et ce n’est pas tout : Marcillac fait basculer sans aucun ménagement son histoire du comique au tragique, avant de lui donner une fin qui ignore totalement la morale pourtant imposée aux auteurs de l’émission.

Le fait divers raconté ensuite vaut son pesant d’or. Encore une tentative de suicide extraordinaire, qui va lamentablement échouer. Quelle poisse, tout avait été pourtant prévu, il avait « attaché un pistolet automatique à une table, il avait arrosé toute la pièce d’essence, ouvert tous les robinets à gaz ». Je passe les détails, mais Jean Toscane nous raconte, point par point, tout ce qui a lamentablement loupé, c’est-à-dire tout.
Second fait divers, un beau gag macabre : un enfant qui s’amuse à faire peur à un cambrioleur (« Haut les mains ! ») qui meurt sur le coup.
Une annonce termine la rubrique : un « jeune homme très paresseux » a fait publier une annonce dans un journal pour réclamer un emploi très bien payé, pas fatigant. Il ne veut que des postes à hautes responsabilités, et permettant de se la couler douce.
Parmi ses qualités : « Bon danseur, causeur disert, sait siffler à la fois sur deux tons ». Quelques jours plus tard, le demandeur avait reçu « pas moins de soixante-dix propositions ».
Encore plus fou, le fait divers retenu pour une fiction à venir : une propriétaire allant chercher son dû chez un des ses locataires s’est aperçu que celui-ci avait mis les bouts en embarquant la maison, qu’il avait démontée et remontée deux cents kilomètres plus loin.
Le Germaine Club : Deux romans recensés, « On tue le veau gras » de William Hard, une série noire de chez Gallimard, et « La morte-saison », de Maurice-Bernard Endrèbe, qui fut un des producteurs du « Jeu du mystère et de l’aventure », et qui participa occasionnellement aux « Maîtres du mystère ». Germaine Beaumont, sous le charme de son enquêtrice Miss Prentis, fera adapter, par l’auteur même, ou par d’autres, plusieurs de ses enquêtes.
Le film à Roger. Un seul film, mais quel film. Roger, certes, le dézingue un peu, car il a une réputation à respecter.  « Witness to Murder » de Roy Rowland, avec Barbara Stanwyck. Roger tente de maquiller, mal car il ne se maîtrise plus, sa passion pour la belle Barbara en parlant un peu de la construction du film, qui est parfaite, ce qui n’entre nullement en contradiction pour notre critique avec le fait que « la fin frise le ridicule », et qu’il y ait une histoire de « nazi nietzschéen » qu’il « n’aime pas beaucoup au milieu de tout cela ».
Il rapproche le film de « Gaslight » de Cukor. Le rapprochement aurait pu être fait aussi avec « Rear Window » d’Hitchcock, si ce film n’avait pas eu l’idée de sortir quelques mois après celui de Rowland.
Pour résumer  : « Quant à Barbara Stanwick, après ce que je viens de vous dire...croyez-moi pourtant, elle est très très bien. »

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 25 Juil 2023, 12:51

Faits divers
Monsieur bien sous tous rapports (27-07-1954) [cf aussi les Nuits]
de Pierre Boileau & Thomas Narcejac
assistant de production Jean Garretto
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean Godet
avec Daniel Ivernel (Émile Langeais), Charlotte Clasis (Denise Faverolle), Jacqueline Rivière (Huguette), Geneviève Morel (Marguerite), Becky Rosanes, Lucienne Letondal, Guy Decomble, Jean-Pierre Lituac, Yves Duchateau , Jean-Claude Michel (Marcelin)

Dernière émission avant les vacances. Les producteurs ont proposé aux auteurs de partir d’un élément très mince : une petite annonce de rencontre. Le résultat va être une énième resucée de Landru. Boileau-Narcejac ont joué avec la répétition de scènes de séduction, mais pas trop car la fiction est d’une durée limitée. De même, ils permettent aux fidèles auditeurs de partir en vacances rassurés : l’histoire se termine bien. Et pour en arriver là, il a fallu faire des concessions, c’est-à-dire tomber à plat, en transformant ce qui aurait pu être riche en retournements en un happy-end décevant, et peu crédible.
Un des policiers envoie sa femme comme appât. Au dernier moment, le sac contenant son pistolet tombe derrière un meuble… Suspense…Mais les auteurs pressés d’en finir trouvent une solution de facilité qui fait perdre tout intérêt à l’histoire, une histoire d’ailleurs peu originale.
Précisons que si dans les « Faits divers » l’inspiration des auteurs est fluctuante, l’interprétation demeure elle de qualité égale. Quoi qu’il arrive, la petite troupe assure le spectacle.
Comme ce sont les vacances, les rubriques sont réduites au minimum. Il ne reste que le duo Beaumont / Régent, mais dans deux numéros fortement réduits.
Germaine Beaumont rend un hommage à l’auteur Jacques Decrest, décédé quelques jours avant (le 18), et à sa création, le commissaire Gilles, qu’elle compare à Maigret.
« Faits divers » reprendra en novembre de la même année la fiction qu’il avait spécialement écrite pour l’émission, « Il est plus tard que tu ne crois ».
Entre 1957 et 1962, « Les maîtres du mystère » proposeront pas moins de sept adaptations de ses romans.
Roger lui, achève dans la déprime, mais ce n’est pas grave, l’auditeur est immunisé. En vacances, pas de spectacles, alors à quoi bon...
« Nos dernières soirées cette année n’ont pas été très très brillantes ».
Durant ces soirées, il a vu notamment un film, « J’aurai ta peau » (« I, the Jury ») de Harry Essex, premier film adaptant une enquête de Mike Hammer, ici, si l’on en croit Roger (en passant : mais où va-t-il chercher des films aussi obscurs ?) fort mal interprété par Biff Elliot. Le film est confus, mal fichu… De quoi passer d’excellentes vacances sans sortie cinéma. Merci Roger.

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 26 Juil 2023, 12:02

Faits divers
Un soir de demi-brume (07-09-1954) [Cette émission est actuellement indisponible. La version de 1972 de la fiction, déjà signalée plus haut, elle, se trouve ici.]
de François Billetdoux
assistant de production Jean Garretto
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean Godet
avec Maurice Biraud (P’tit Louis), Jean-Marie Amato (David Gottman), Jacques Dynam (l’Hirondelle), Jacques Duby (le locataire),  Guy Decomble (Pierrot), Martine Sarcey (Jeanne), Tania Balachova (Gaby)

C’est la rentrée, et l’équipe de « Faits divers » reprend du service en douceur. En l’absence de courrier des auditeurs, et donc de faits divers bien frais, les rubriques se limiteront au numéro Beaumont / Billard.
Cette fiction a déjà été annoncée dans l’émission du 13 juillet (cf. « Meurtre à la télévision »).
François Billetdoux a traficoté comme il l’entendait le fait divers imposé. Il y a bien un homme qui a la prescience de sa mort imminente, mais cette histoire de prescience n’est pas le centre de la fiction. L’auteur a privilégié l’atmosphère : nous sommes à Pigalle, et une petite main d’un truand, portier dans un hôtel louche, décide de couper les ponts avec le trafiquant, interprété par Jean-Marie Amato, habitué aux rôles de caïd. Scène de dispute, et promesse du chef de se venger après s’être fait tabassé par son sous-fifre.
Là-dessus, ajoutons un drogué en manque (Duby), une vieille prostituée (Balachova) et une jeune femme tendre et pure que P’tit Louis essaie de préserver de cet univers poisseux.
Le titre se réfère à un poème de Guillaume Apollinaire, « La chanson du mal-aimé » :
« Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte »

Les chroniques :
Germaine Beaumont a lu pendant les vacances, alors que Roger n’a rien fichu.
Les deux livres présentés : une Série Noire de chez Gallim', & le dernier Maigret, « Maigret & la jeune morte », qui est une occasion de faire une petite présentation générale de l’œuvre de Simenon. Son roman précédent, « Feux rouges », avait été au centre de cette chronique dans une émission récente, celle du 22-06.
Roger, n'ayant aucun mauvais film à nous proposer, nous offre, suite à une remarque d'un auditeur, quelques réflexions sur le peu d’adaptations de récit policiers au théâtre.

Mystère, mystère
Le raccourci (25-02-1969)
de Jean Gastaut
avec Jean-Marie Fertey, Henri Poirier, Martine Sarcey, Andrée Tainsy

« Mystère, mystère » est une production de Pierre Billard seul. Par rapport à « Faits divers », nous changeons d’univers. Nous évoluons le plus souvent dans un milieu bourgeois, avec ici des variations sur un thème connu, celui du couple adultérin.
Le rythme est plus lent que celui des « Faits divers », mais cela permet aux auteurs de jouer sur des subtilités psychologiques que ne se permettaient pas son ancêtre.
Dans ces « Mystère, mystère », les auteurs brodent à partir d'airs connus, tentant de créer de nouvelles variations capables de surprendre l’auditeur.
Moins de personnages, mais plus de tension. La révélation finale n’est pas le centre de la fiction. Si elle crée la surprise, elle n’enlève pas aux auditeurs toute envie d’une réécoute éventuelle, comme cela peut être le cas de nombreuses fictions policières, où une fois la fin connue, l’intrigue et les personnages perdent d’un coup de leur intérêt.
Dans « Le raccourci », comme dans bien d’autres numéros, une situation des plus banales semble offrir au fur et à mesure que l’on avance une multiplicité de possibilités, dont la plus improbable sera évidemment celle choisie par l’auteur.
Dans un coin perdu des Alpes, la voiture d’un couple tombe en panne. Ils vont se réfugier dans la première – seule - maison venue, celle d’un écrivain connu. Tout semble on ne peut plus normal, lorsque, alors que le mari s'éclipse un instant, la femme appelle brutalement l’écrivain à l’aide, expliquant que son mari veut la tuer.
Or, celui-ci ne présente aucun signe de folie meurtrière. Qui croire ? La femme passe la nuit avec l’écrivain…
L’action principale, qui se passe juste après le départ du couple, ne sera pas mise en onde, victime d’une brusque ellipse.

Le voyage en Grèce  (06-03-1973)
de Edmond Constans
bruitages Joé Noël
prise de son Claude Marquie
avec Christian Alers

Un tour de force, puisque durant une heure entière, la fiction est portée par un seul acteur. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait qu’un seul personnage. Georges (Christian Alers, donc), vient passer chaque jour quelques moments avec son meilleur ami Hervé, victime d’une attaque cérébrale, qui ne peut ni parler, ni bouger. Mais ses yeux indiquent quand même qu’il est quelque peu conscient…
L’histoire se déroule sur trois jours, trois actes d’inégales longueurs. (en gros : 20mn – 10mn – 30mn). Il y a d’autres personnages, que par un stratagème narratif tout à fait plausible, nous n’entendrons pas : la sœur d’Hervé, présente dans une autre pièce, ou au téléphone (encore la sœur, ou la maîtresse de Georges).
Ce n’est donc pas un long monologue. De plus, le moindre bruit de porte peut avoir son importance.
L’interprétation de Christian Alers est remarquable, et la construction de l’histoire fort habile. Les relations entre les deux amis vont changer progressivement de nature, sans que l’un des deux n’ouvre même la bouche.
Ce numéro bénéficia d’une nouvelle diffusion, le 5 août 1998 sur France Inter, et d’une publication par l’INA, d’abord en cassette, puis en CD, avant peut-être une nouvelle sous forme de fichier dûment restauré, car les copies disponibles actuellement sont de médiocre qualité.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 29 Juil 2023, 15:02

Mystère, mystère


À dormir debout (02-01-1968)
de Jeannine Raylambert
avec André Valmy, Jean Bolo, Pierre Delbon, Jane Marken, Jean-Jacques Steen, Evelyn Séléna

Cette histoire, comme les deux suivantes, brode sur le thème de l’adultère. Une préoccupation essentielle dans « Mystère, mystère ». L’homme a une, voire plusieurs maîtresses, et la femme, souvent un amant, voire plus si affinités, et c’est la lutte, à mort si possible sans cela il n’y a plus de « mystère, mystère ».
Il est possible de surprendre à partir d’un canevas peu original, et c'est tout le sel des meilleurs numéros de cette émission.
Jeannine Raylambert (1921-2007), comme les auteurs qui vont suivre, fait partie de l’équipe qui travaille avec régularité pour Pierre Billard. Elle entre dans l’équipe des « Maîtres du mystère » en 1959. Elle y adapte des romans policiers, mais place aussi quelques pièces originales.
Pierre Billard fera à nouveau appel à J. Raylambert en 1983 lorsqu’il reviendra sur France Inter avec une émission régulière (de 1983 à 1988, Jean Garretto, qui débuta comme assistant de production pour « Faits divers », est directeur des programmes de la chaîne). Elle écrira occasionnellement pour « Les mille et un jours » (novembre 1983-juin 85, puis seconde série septembre 87-juin 88), et « Les nouveaux maîtres du mystère » (septembre 85-juin 87).
Dans « À dormir debout », elle surprend l’auditeur de bout en bout, en choisissant de faire déraper la fameuse situation adultérine dans l’absurde le plus total, l’humour noir le plus délicieux, sans jamais, et ce jusqu’à la dernière seconde, le moindre temps mort, la moindre faiblesse d’écriture. Car la difficulté lorsque l’on dérape à ce point est de tomber à un moment en panne d’inspiration. Il n’est pas évident de sans cesse faire rebondir son histoire, surtout lorsque l’on part sur de tels chapeaux de roue.
« Le père : Ah  c’est toi François ? Bin rentre mon p’tit, entre…
Le fils : Bonsoir papa.
Le père : Bin j’t’attendais pas c’soir.
Le fils : J’m’en doute, oui. Maman n’est pas là ?
Le père : Non, non, elle est chez une voisine.
Le fils : Tant mieux.
Le père : Assieds-toi… Tu t’assieds pas ?
Le fils : Non, non, j’préfère reste d’bout.
Le père. Ah.
Le fils : Oui j’me sens un peu nerveux.
Le père : Au fait, ta femme ne t’a pas accompagné ?
Le fils : Mmm.. c’est-à-dire euh….
Le père : Rien d’fâcheux ?
Le fils : Eh beh… euh...ça dépend…
Le père : Regarde-moi, toi…Bin attends attends...eh… j’adore deviner.
Le fils : Euh ?
Le père : Il s’agit d’un évènement important ?
Le fils : Bin après tout, oui…
Le père : Diable.
Le fils : Voilà papa… Tout à l’heure, enfin après l’dîner...je me suis défait de ma femme.
Le père : Défait ? Comment ça ?
Le fils : Eh bien j’ai fait partir Catherine. Oh en douceur rassure-toi. Oui j’ai fait partir Catherine… pour un monde meilleur…
Le père : Ah, bon ! Ah bin parlons franc, tu l’as supprimée…
Le fils : Voilà ! C’est l’mot !
Le père : Alors là mon garçon bravo, tu r’montes dans mon estime... »
La suite voit outre le retour de la morte, l’arrivée de la mère, d’un commissaire, et celle d’un médecin qui est aussi l’amant de Madame.
Jeannine Raylambert exploite méticuleusement ce qu’il fallait exploiter avec dignité à partir de cette épineuse situation : construction de l’intrigue, dialogues inventifs, sens du rythme, interprétation fabuleuse, tout est parfait bien qu’à dormir debout.

Cadavre à domicile (10-01-1967)
de Alain Bernier & Roger Maridat
avec André Valmy, Jean-Marie Fertey, Maria Tamar, Pierre Delbon, Lisette Lemaire, Laurence Weber

Alain Bernier et Roger Maridat ont, avant d’arriver dans les « Maîtres du mystère » (en 1964) écrit quelques récits pour l’émission d’Europe 1 « Les auditeurs mènent l’enquête » (1963). Ils seront aussi, comme Jeannine Raylambert, présents chez Billard dans ses émissions des années 80 sur Inter.
Le titre de la pièce est un peu passe-partout. Il y a bien un cadavre à domicile, comme dans bien d’autres histoires de la série.
L’histoire, une fois n’est pas coutume, met en scène un milieu bourgeois, ici un photographe dont l’exposition rencontre un certain succès. Il est entouré comme il faut par une femme qu’il aime, mais hélas mariée, et un meilleur ami. Les auteurs ne s’encombrent que du minimum, c’est ce qui rend plus efficaces les effets dramatiques. À partir de ces trois personnages, les auteurs se retrouvent avec plusieurs combinaisons possibles, la plus tordue étant toujours la meilleure, car le point de départ a été utilisé déjà des milliers de fois, au moins.
Se rajoutent : un mari violent, celui de la femme aimée, et une dame mystérieuse, que notre photographe rencontre dans la galerie d’exposition, et qui porte le même nom que celle qu’il aime, qui habite au même endroit, et qui a un mari qui en tout point correspond à la description de celui du mari violent sus-mentionné.
Le cadavre va suivre dans la foulée…
Une histoire classique, mais les auteurs ont su maintenir l’intérêt des auditeurs jusqu'au bout. Narration épurée, réduite à ce qui est juste nécessaire. Un jeu du chat et de la souris pour lequel nous ne saurons qu'à la fin qui était le chat, et qui était la souris.

Croqué sur le vif (30-01-1968)
de Charles Maître
avec Christian Alers, Jacques Sapin, Martine Sarcey, Bernadette Lange, Andrée Tainsy

Madame sort de prison. Elle avait tué l’amante de son mari. Elle sort, et elle a encore quelques comptes à régler : va-t-elle tuer son mari pour changer un peu ? Ou alors tuer sa nouvelle maîtresse, de qui il est éperdument amoureux ? Monsieur souhaite, parce que ça n’avait pas été fait, demander le divorce à Madame pour pouvoir convoler librement avec sa promise.
Charles Maître est un grand habitué des « Maîtres du mystère » et de « Mystère, mystère », comme les acteurs, qui eux semblent d’une pièce à l’autre s’échanger les rôles, ou reprendre le même.
Cette pièce ne fait sans doute pas partie des plus grandes réussites de Maître Charles. Les acteurs, eux, assurent comme d’habitude le service minimum, c’est-à-dire qu’ils demeurent excellents.
Le mari, in fine, se retrouve le jouet de ces dames, et le mystère, le vrai, réside dans l’attrait qu’il peut avoir auprès de la gent féminine, sachant qu’il est falot, plat, et pas seulement plat, mais mou. La révélation finale, car il y en a une, est retardée un maximum, parce qu’il faut ménager le suspense, et parce qu’il semble aussi que le Maître soit un peu en manque d’inspiration pour renouveler sa panoplie de rebondissements. Alors, profitant de la situation très tendue entre le mari, la femme, et la maîtresse,  il tire un peu à la ligne…

Grand-mère et les gangsters (21-03-1967)
de Charles Maître
avec Hélène Dieudonné (la grand-mère), Pierre Trabaud (son petit-fils), Claude Richard (Fred), Mona Dol (Nora), Jean Mauvais (Albert), Henri Poirier, Evelyn Séléna, Gaëtan Jor, Claude Bertrand
Exceptionnel : le centre de l’histoire n’est pas un adultère.
Maître Charles fait s'affronter deux camps de forces inégales : d'un côté une bande de gangsters sans pitié, et de l'autre une bonne vieille grand-mère. Bien sûr, tout le plaisir de l’histoire vient de ce que, cela va de soi, la grand-mère déstabilise progressivement la bande très organisée. Tout doit aboutir à un combat terrible entre notre mémé et Paulo la mitraille, qui ne porte pas ce surnom par hasard.
Le petit-fils, engagé dans l’organisation de la bande surtout par amour pour la femme du boss, se voit proposer de participer à un trafic de drogue. Il refuse et tente même de sortir de cette sale tambouille. Impossible. Il se confie alors à sa mère-grand...
Hélène Dieudonné est connue pour ses rôles de vieilles dames dans les années 60/70, au théâtre, au cinéma, et à la télévision. Elle eut une carrière importante au cinéma comme au théâtre dans les années 10 et 20, avant de se retirer pendant trente ans, puis de reprendre du service à l'approche de la soixantaine. Sur toutes les biographies disponibles de l'actrice, le silence est fait sur les pièces et les films dans lesquels elle a joué au début du siècle. Quels films ? Quelles pièces ? Mystère, mystère...

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