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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard    Page 2 sur 2

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Curly 


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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 16 Aoû 2022, 10:20

Trois « Faits divers »

La mendigote (13-04-1954) (second lien ici)
de Yvan Noé
avec Jean-Marie Amato (le commissaire), Guy Pierauld (Chapiro), Fernand Rauzéna, Maryse Paillet, Nelly Delmas, Assia, André Var, Jean-Pierre Lituac, Jean Bolo, André Wasley, Raymond Pélissier, Armand Vallé Valdy, Pierre Montcorbier (Justin)
bruitages Gabriel de Rivage
assistant de production Jean Garretto

A Nice, une mendiante est retrouvée morte dans son lit, habillée en robe du soir, avec un gros magot sous son matelas. L’enquête mène vers son fils, petit escroc en train de moisir en prison soudainement héritier, puis vers un mendiant en rivalité avec la défunte (Justin, alias Barbapoux), pour se terminer dans un casino.
L’interprétation, avec en tête le toujours parfait Jean-Marie Amato, s’en donne à cœur joie. La petite troupe de « Faits divers » est bien rodée. On retrouve aussi Fernand Rauzéna, qui fut complice de Pierre Dac dans les années 30.
Pierre Billard table sur ses acteurs pour planter l’atmosphère, plus que sur les bruitages, qui sont minimalistes. Quand il y a des scènes en extérieur, aucun son d’ambiance. Au moment de la découverte du cadavre au début, le commissaire a beau constater dans la pièce une grande quantité de mouches, nous ne les entendons pas, peut-être aussi pour atténuer quelque peu ce détail sordide.

Comme pour les deux émissions suivantes, la fiction est suivie de lectures de faits divers par Maurice Renault et Jean Toscane que complète celui choisi pour inspirer une fiction future, de la rubrique du petit courrier du mystère et de l’aventure (Germaine Beaumont et Roger Régent), et enfin de quelques brèves signées Maurice Renault.
Pierre Véry, parfois aidé de Jean Toscane, boucle le tout en présentant le fait divers qui donnera lieu à la fiction de la semaine suivante.

Pour ce numéro,
Les faits divers : une histoire d’hibernation, avec jeu de mots bien préparé par Maurice Renault pour la chute, et une anglaise à la vue surpuissante.
Germaine Beaumont présente le dernier policier humoristique de Franck Gruber, « Un joli coco ». La série de romans mettant en scène les deux héros, Sam Cragg et Johnny Fletcher a eu quelques succès aux États-Unis dans les années 40/50. Il existe une adaptation au cinéma (« The French Key » une série B du studio Republic, réalisée par un certain Walter Colmes), ainsi que une série radio (en 1948 sur la ABC).
Germaine Beaumont est moins sensible à l’humour de « Avec du tapioca » de Henri David.
La chronique de Roger Régent est exceptionnelle. Roger est enthousiaste, il ne va rien dire de négatif, rien. L’heureux élu est « Tant qu’il y aura des hommes » de Fred Zinnemann. Rien à voir avec le thème de l’émission, ce n’est ni un film d’aventure, ni un policier, mais Roger cette semaine, s’en contrefout. Ce qui l’a marqué, c’est que le film a remporté des Oscar, et qu’il est subversif. Il n’est pas à l’honneur de l’Armée américaine. Roger est touché par « cette atmosphère de désespérance et de grande aventure », ce dernier mot pour, in extremis, être dans les clous.
Roger est un petit cachottier, car il passe sous silence la fameuse scène d’amour torride, quoique balnéaire, entre Deborah Kerr et Burt Lancaster.



Un bon tuyau pour un appartement (20-04-1954) (second lien ici)
de François Timmory
avec Jacqueline Rivière (Minouche Quidam), Jean-Claude Michel (Jean Quidam), Jane Marken (Augustine Toton), Jeanne Dorival (Maryse Moisi), Becky Rosanes (Madame Plumet), Gaëtan Jot (Monsieur Plumet)
bruitages Gabriel de Rivage
assistant de production Jean Garretto

Le fait divers qui sert de point de départ à l’auteur, mais de point d’arrivée dans le récit, est une escroquerie : faire croire à des habitants d’un appartement qu’il est habité par un fantôme pour pouvoir récupérer le logement.
Un jeune couple va essayer de récupérer de cette manière l’appartement d’une de leur voisine. Dès le début, chaque élément mis en place par l’auteur, même celui qui paraît au départ le plus insignifiant, voire le plus invraisemblable (le journal intime du mari décédé retrouvé par le jeune homme dans l’appartement de la veuve) va servir ensuite le récit. Cet artifice efficace, mais classique, permet à la fiction de gagner en rythme.
L’interprétation est dominée par Jane Marken (la veuve) et Jeanne Dorival (l’occultiste). Le dialogue de cette dernière avec le fantôme est savoureux.

Les faits divers : encore une fois, la Grande Bretagne apparaît comme grande pourvoyeuse de faits divers pour l’émission. Ici un oiseau déclenche un dispositif anti-vol, parce qu’il y a élu domicile. Inimaginable en France.
Deux autres faits matrimoniaux, avec un commerçant qui propose l’enregistrement des vœux nuptiaux aux mariés pour qu’ils se les repassent dans les coups durs (ça compte comme fait divers, ça ?), et un photographe qui à cause d’une erreur de manipulation s’est retrouvé avec la photo de la mariée toute nue. Qui de mieux que Jean Toscane pour lire une histoire aussi excitante ?
Autre histoire, choisie pour une fiction à venir, celle d’une télévision où l’image fixe d’une jeune femme reste incrustée, quel que soit le programme.
Pourquoi ne pas avoir choisi l’histoire du photographe ?

Germaine a lu « Crime impuni », le dernier Simenon. « Les romans de Georges Simenon sont toujours attendus avec impatience » nous dit-elle en ouverture. Vu le rythme de parution de ses romans, l’impatience ne durait guère longtemps.
Elle trouve que le roman aurait dû être encore plus court, car la seconde partie ressemble à du tirage à la ligne. Elle se contente de parler du « meilleur du livre, soit de l’atmosphère de cette pension de famille » (la première partie donc), en en résumant copieusement l’intrigue, s’arrêtant juste avant le meurtre, juste après l’avoir fortement suggéré.

Roger  a vu deux films. Un « de bonne série » intitulé « Le vol du secret de l’atome », de Jerry Hopper. Histoire de kidnapping en échange de secrets atomiques. On y voit le FBI en action, et plein de suspense. Roger semble satisfait.
L’autre film n’a rien à voir avec l’émission, mais une fois de plus, Roger s’en tamponne. Il a adoré « Vacances romaines » de William Wyler, un film sans policier, ni aventure, ni meurtre, ni vol, pas même une petite escroquerie de rien du tout, mais qu’à cela ne tienne, en conclusion il trouvera une pirouette tirée par les cheveux pour retomber sur ses pattes.
Il nous le dit d’avance, ces vacances romaines, il n’a pas trop le temps d’en parler.  Mais il ne faut jamais se fier à son annonce puisque le temps, il va le prendre. Alors  il n’a pas grand-chose à en dire : les bons films il les reconnaît à ce qu’on a rien à dire sur eux. Une leçon que tout critique ou historien du cinéma devrait retenir.
Une autre encore  « A tous ceux qui voudraient se distraire, se détendre sans complication , sans philosophie, sans littérature, sans message social à la clé, je ne saurais trop le conseiller ».

Les échos de Maurice Renault : la police américaine décide d’humilier les détectives de l’agence Pinkerton, en leur proposant de partir à la recherche des neuf pistolets que l’agence a laissé s’envoler dans la nature.


Une jeune fille blonde en robe de bal (11-05-1954) (second lien ici)
de Jean Marcillac
avec Germaine Kerjean (Mme Le Hallec), Julien Bertheau (Olivier), Jacqueline Rivière (Pascaline), Roger Coggio (Michel), Albert Gercourt, Raymond Pélissier, Jean Bolo, Yves Duchateau, Armand Vallé Valdy, Marcel Lestan, Marie-France
prise de son Noël Barbet
opérateur Charles Marié
bruitages Gabriel de Rivage
assistant de production Jean Garretto

A l’ouverture d’un caveau de famille, on trouve un cercueil supplémentaire. Le fait divers qui sert de point de départ, Jean Marcillac s’en débarrasse dès les premières minutes. Il va axer sa fiction autour d’une histoire d’amour (Pierre Billard a sorti le prélude de « Tristan et Iseult » de Wagner) contrariée par une parente acariâtre, grande industrielle qui ne souhaite pas que son petit-fils se marie avec une fille sans fortune. L’intrigue amoureuse va mal se dénouer pendant l’Occupation allemande.
La fiction est entièrement construite autour d’un seul dialogue, ponctué de retours en arrière, entre le meilleur ami du petit-fils qui va expliquer la présence du corps de cette jeune fille en robe de bal dans le caveau, et la grand-mère teigneuse. L’interprétation de Germaine Kerjean et de Julien Bertheau est parfaite.
La chute de l’histoire, incohérente, mais heureuse, est là pour rassurer les auditeurs, effaçant un peu les atrocités commises par Mme Le Hallec, personnage sorti tout droit de l’univers de Dickens. On pense effectivement à Dickens dans l’opposition simpliste qui est faite entre la pureté, l’innocence du couple d’amoureux et la méchanceté, l’inhumanité de la grande industrielle.

Les faits divers : une jeune fille qui s’amuse à se coucher sur les rails suite à un pari (le train a freiné à temps), et un mort qui offre un banquet à ses héritiers, à Détroit (« Détroïte », dixit Jean Toscane).
Une auditrice invite les auteurs de « Faits divers » à écrire une histoire à base d’empoisonnement. Devant le manque d’originalité de la proposition, les producteurs de l’émission s’enthousiasment, ayant oublié que l’histoire qu’ils viennent de diffuser en contenait déjà un.

Les livres de Germaine : le nouveau roman de Jacques Decrest « Le salon des oiseaux », une nouvelle enquête du commissaire Gilles, est à l’honneur. Jacques Decrest sera plusieurs fois adapté dans les « Maîtres du mystère » entre 1957 et 1962. Autre livre qui a emballé Germaine, « Celui qui murmure » de John Dickson Carr, amateur comme tout un chacun de choses simples comme le surnaturel, les meurtres en chambres closes (souvenir d’une chambre jaune ?) ou la perforation d’industriel en haut d’une tour par une canne épée.

Les quatre films de Roger :
Mon premier est un chef d’œuvre (uniquement dans sa première demi-heure) qui se nomme « Soledad », un film mexicain « robuste ». C’est « l’histoire d’un médecin dans la campagne mexicaine ».
Aucune référence ne nous est donnée. Il existe bien un film mexicain du nom de « Soledad », datant de 1947, et réalisé par Miguel Zacaría. Le synopsis ne porte pas trace d’un médecin en campagne, mais tous les symptômes du mélodrame le plus romanfeuilletonesque qui soit.
Mon second vient d’Angleterre et se nomme les « Kidnapères » (in english « The Kidnappers ») directed by Philip Leacock. Deux enfants kidnappent un bébé. Roger ne voit aucun défaut, tout va bien. Mais… « tout cela ne dépasse pas une agréable gentillesse ». Aïe aïe aïe…
Mon troisième est « Une femme qui s’affiche » de George Cukor. Roger est aux anges. Effectivement c’est un peu plus costaud. Roger ne ménage pas ses éloges, il y va franco : « on rit presque sans interruption pendant une heure et demie », « si vous aimez l’humour new-yorkais allez voir ça ».
Si vous voulez la définition de l’humour new-yorkais, laissez tomber, Roger n’a pas le temps.
Mon quatrième est « Mam’zelle Nitouche » de Yves Allegret. Nous avons droit à une anecdote, vraie, fausse, peu importe, tant qu’elle démolit un navet.
Max Ophüls était pressenti pour le film, mais a hélas – ou heureusement – refusé. Il a indiqué Allegret pour le remplacer, ce qui fut fait. Mais hélas, Max Ophüls avait oublié de mentionner lequel : Yves ou Marc ?
D’où ces paroles conclusives de Roger : « Alors du film il n’y a pas d’autre chose à dire : on s’est trompé d’Allegret ».
Complétons cette conclusion en réparant un bête oubli. « Mam’zelle Nitouche » de Yves Allegret (1954, avec Fernandel) est le remake de  « Mam’zelle Nitouche » de Marc Allegret (1931, avec Raimu).

Après sa rubrique « Les échos », dans laquelle Maurice Renault narre les techniques de marketings sauvages des maisons d’éditions américaines de romans policiers, Pierre Véry annonce la fiction de la semaine suivante, une histoire de soucoupe volante, écrite par Alexandre Rivemale et intitulée « Trabadoc et Rabalax », qui, tout comme l’histoire d’empoisonnement promise auparavant (« Musique douce » de Jacques de Beaupré) n’a pas été conservée dans les archives.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 18 Sep 2022, 15:33

Les émissions présentées dans les trois billets qui vont suivre ne sont pas accompagnées de toutes les rubriques. Certaines disposent d’un descriptif complet, rubriques incluses, dans l’INAthèque. Elles ont été intégralement conservées. Il est donc clair, et l’apparition du générique des « Maîtres du mystère » en sont la preuve, que la version disponible à l’écoute correspond à une rediffusion bien plus tardive, dans les années 80/90 sur France Inter (ex. avec « Manque de pot », diffusée à l’initiative de Patrick Liegibel le 20-07-1998) ou bien à une version préparée pour une commercialisation en cassette (ex. « Pas d’orchidées pour Stepanich »), CD, ou téléchargement MP3.

Le jeu du mystère et de l’aventure
Thanatos Palace Hôtel (31-10-1952)
d’André Maurois, adaptation Olga Lencement [?]
Pas de générique, ni de trace précise dans l’INAthèque (une diffusion en 1964 sans aucun descriptif).
Aucune trace de l’émission complète nulle part, aucun générique. Une certitude : c’est la seconde émission du « Jeu du mystère et de l’aventure ».
L’histoire est très originale, et l’interprétation impeccable. Les fictions du « Jeu du mystère et de l’aventure », de « Faits divers » et autres « Maîtres »/ « Heure du mystère » proposent souvent des variations autour de schémas narratifs connus. Ce n’est pas le cas ici. Suite à un krach boursier, un jeune et fringant employé se retrouve plaqué par sa femme, qui, dès lors qu’il n’a plus un sous, préfère partir tout de suite rejoindre un homme à la bourse bien pleine. L’histoire change alors complètement de direction, bascule dans le surnaturel. Le jeune homme décide de se suicider. Sonne alors à sa porte un messager l’invitant à séjourner au Thanatos Palace Hôtel, qui offre un suicide tout confort, et surtout, très important, la garanti de mourir sereinement. L’hôtel va redonner des envies de vivre à notre héros. Mais tout est prévu.
Le dénouement est réussi, car il est en même temps d’une logique implacable, et inattendu.
Une rareté dans la série, car l’inspiration fantastique sera peu exploitée par les auteurs des séries Billard/Beaumont.

Faits divers
Âmes qui vivent (27-10-1953)
de Jacques de Beaupré
assistante de réalisation Eliane Maingot
avec Jandeline (Katrina), Geneviève Morel, Yves Duchateau, Odette Barrois, Jean Bolo, Andrée Tainsy, Jean-Charles Thibault, Becky Rosanes, Nelly Delmas, Jean-Pierre Lituac (le professeur Kartenkunst), Pierre Olivier, Suzy Dornac, Christian Fourcade, Gérard Fallec, Nelly Benedetti (l’hôtesse de L’air du temps), Louis Arbessier, (Wilfried) Jean Werner, Jacky Jansel

Le générique est celui des « Maîtres du mystère », car la fiction a été reprise pour être commercialisée par l’INA, dans « Les maîtres du mystère, 42 épisodes », en format MP3).
Aucune mention d’autres rubriques nulle part, l’INA ne semble avoir conservé que la fiction.
Autre histoire fantastique, « Âmes qui vivent », d’inspiration tout aussi macabre, commence par un suicide. La réalisation, par sa sobriété, qui choisit de ne marquer par aucune transition les va-et-vient entre le monde de l’au-delà et les courts retours à la vie terrestre, renforce l'impression de dureté, de sécheresse, et crée une atmosphère sinistre, désespérée.
L’essentiel se déroule dans le monde de l’au-delà. Nous sommes dans l’après-guerre, et une jeune allemande, ayant perdu son enfant un an auparavant, battue par son mari, se suicide. Elle va retrouver son enfant, et son premier amour.
En parallèle, des médecins tentent de la ramener à la vie.
Une histoire très noire, jusque dans son dénouement.

Manque de pot (08-12-1953)
de Jacques de Beaupré
avec Jean Bolo (inspecteur Roy), André Wasley (superintendant Martin), Pierre Delbon (Bankhead), Jean-Pierre Lituac, Pierre Marteville, Nelly Delmas (Barbara), Gaëtan Jor (Joe la mitraille), Bernard Hubrenne, Jean-Charles Thibault, Lisette Lemaire, Charlotte Clasis (Signora Ciapitti), Fernand Rauzéna (Bob & Fred), Jean-Marie Amato (Antonio Ciapitti)

Fiction reprise sur France Inter en 1998 et prise dans le coffret de l'INA mentionné plus haut. A la place du générique de « Faits divers », celui des « Maîtres du mystère ».
Le début est incompréhensible : une parodie de films de gangsters, deux personnes dialoguent en pleine pétarade, et par dessus, une voix, celle de Pierre Véry, ajoute un commentaire, « Bien de votre avis cher ami », qui ressemble plus à une erreur technique qu’à un commentaire du dialogue qui précédait. D’ailleurs, cette scène d’ouverture va se répéter plus loin, toujours aussi confuse, bien qu’elle prenne du sens finalement : on va savoir qui sont ces deux personnages et ce qu’ils ont fait. La suite s’éclaircit, et, effectivement, c’est bien une parodie de film de gangster, menée tambour battant. Le caïd Antonio Ciapitti se retrouve piégé par deux petits malfrats (ceux de la scène d’ouverture) qui lui ont volé sa splendide voiture truffée de gadgets tous aussi dangereux les uns que les autres. Bien sûr, ils ne sont pas au courant, d’où le jeu de mots du titre. L’intrigue est, volontairement ou non, décousue : on suit le caïd, puis la voiture, tout cela pour déboucher sur une histoire de vengeance  entre truands.

Une balle perdue (15-05-1956)
de Jean Bommart
avec Gaëtan Jor, Pierre Delbon, Henri Virlogeux, Roger Carel, Jacques Dufilho, Ginette Franck, Geneviève Morel

Retour du générique de « Faits divers ». Les rubriques sont amputées, sauf une, le sketch qui illustre le concours « L’accident de la semaine » : un éboulement sur une route, et deux questions pour lesquelles la matière grise des auditeurs est sollicitée. Ils doivent trouver la faute qui a été commise, et les précautions à prendre en cas de terrassement, pour éviter ce fâcheux accident.
La fiction « Une balle perdue » : dans un bled perdu au fin fond de la campagne française, une femme, une veuve de quarante ans, est retrouvée assassinée chez elle. La balle qui l’a atteinte demeure introuvable. Un enquêteur du cru se retrouve chapeauté par un autre, dépêché de « la grande ville ». Trois acteurs spécialistes des accents paysans se retrouvent ensemble : J. Dufilho (l’enquêteur), H. Virlogeux (un suspect) et, dans un rôle plus secondaire, R. Carel.
Il est curieux, et cette fiction n’est pas la seule concernée (voir par exemple plus haut), que l’histoire ait été validée en haut lieu par les producteurs de « Faits divers », sachant que la volonté de l’émission était de s'adresser à un public familial, dixit Billard dans l'ouvrage de Jacques Baudou, Radio Mystères (1997) .
Cette femme retrouvée assassinée, ce pourrait être la fiancée du pirate de Nelly Kaplan, car, pour que l’auteur ait un maximum de suspects sous la main, il se trouve que la victime a couché avec toute la gent masculine du patelin.
Les dialogues ont beau éviter d’appeler un chat un chat, impossible de tricher avec l’intrigue.
Il y a bien une balle à la fin, le mystère est levé, mais entre temps l’auteur a eu le temps de nous balader de suspects en suspects, et de nous offrir sur un plateau le classique faux coupable.                                                                                                                                                                                                                                                                                             .../...



Dernière édition par Curly le Dim 20 Nov 2022, 15:26, édité 1 fois

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 06 Nov 2022, 11:10

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Des orchidées pour Stepanich (31-06-1956)
de Jean Cosmos
assistant de réalisation Jean Garretto
avec Jean-Marie Amato (Manuel), Rosy Varte (Esperanza Stepanich), Jean Bellanger (le petit monsieur), Jean Bolo, Marcel Bozzuffi, Paul Faivre, Jacqueline Rivière, Nelly Delmas, Guy Piérauld (Ben)

Une fiction qui anticipe de quelques années les polars d’Audiard de type « Barbouzes » et autres « Tontons flingueurs ». Jean Cosmos utilise les poncifs des récits de gangsters en les soulignant à gros traits, aligne les bons mots, mais jamais ne tombe dans la parodie. Comme la fiction suivante, l’auteur s’est donné une contrainte d’écriture amusante : tout se déroule durant les funérailles d’un gros caïd, Carlo Stepanich. On notera le grand écart entre l’origine géographique du prénom et du nom du trépassé.
Nous allons suivre le cortège et passer d’un groupe de personnages à un autre : famille, rivaux, police, puis passer dans l’église puis au cimetière.
Tout cela pour découvrir, surprise ultime, improbable donc délectable, que le plus important de l'histoire n’était pas Stepanich, mais les orchidées. Nous devrions plus faire attention au titre, il était pourtant très clair.
Interprétation parfaite, la troupe de « Faits divers » est en grande forme, que ce soit Jean-Marie Amato en rival, qui le jour même des funérailles épouse la veuve de son ancien patron, ou Rosy Varte, la veuve éplorée, ou Guy Piérauld (le policier) etc etc.
Cette fiction a été commercialisée par l’INA, en cassette, coéditée avec les éditions du Masque, puis en mp3. Elle fut reprise aussi sur France Inter le 27 août 1998.

Le rendez-vous de Frédéric (28-05-1957)
de Jean Lullien
avec Jean-Jacques Steen (Pedro, le chef des rebelles), Jean Mauvais (Frédéric le Français), Jean Bolo (le dynamitero), Gaëtan Jor (le lieutenant), Guy Piérauld (Luco), Yves Duchateau, Andrée Wasley, Juliette Jérôme (la récitante), Jean-Marie Amato (le colonel Ramirez)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean De Landuc
opérateur Charles Marié

Un réseau de résistance tente de supprimer le colonel Ramirez. Nous sommes en Amérique du Sud, mais la présentation nous précise que ce pourrait être n’importe où. Jean Lullien a dynamité la mise en place de l’intrigue en l’air, donnant à une récitante le rôle de tout résumer en une poignée de secondes.
Plus original, l’idée d’une quasi-arlésienne : nous n'entendons jamais Annie, le personnage principal. Tous les hommes sont plus ou moins amoureux d’elle, et elle manipule le colonel afin d’aider les résistants.  Elle est trouvée morte au début, et le classique retour en arrière peut commencer. Elle apparaît aussi à la fin, sans que son rôle nécessite d’être incarné par une voix. Elle est aperçue au loin aux bras du colonel dans le grand final plein d’actions.
Beaucoup de dialogues fonctionnels qui empêchent les personnages d’exister vraiment, surtout au début, malgré la qualité de l’interprétation, et par moments une utilisation de la musique poussive (rappelons que souvent Pierre Billard utilisait un même motif musical répété durant toute la dramatique). Quelques trouvailles, comme la scène finale, où le chef des rebelles murmure à son équipe des encouragements afin de faire passer l’amère pilule de l’assassinat.

Autre fiction du même auteur, « Le perroquet sur la ville »
Billet du 31-12-2019
Le Perroquet sur la ville, un feuilleton en 50 épisodes de Jean Lullien, réalisation de Gérard Herzog (17/03 au 15/05/1958) avec Michel Bouquet (inspecteur Ramsès), Robert Murzeau (Corbache), Anne Carrère (Agnelle), Louis Ducreux (Le Perroquet), Jean Bellanger, André Valmy, Juliette Jérôme (la narratrice) et dans plusieurs rôles, Henri Virlogeux et Jean-Pierre Marielle.
Le générique est un extrait du Lieutenant Kijé de Prokofiev.
Un point de départ qui rappelle Signé Furax, qui lui-même s’inspire ouvertement du roman-feuilleton Fantômas. Il n’est pas impossible que le feuilleton n’ait pas été créé pour concurrencer la série de Dac et Blanche.
Course au gangster, le fameux Perroquet, dont l’identité est vite révélée, avec enfilades de cascades, de bagarres et de poursuites en tous genres agrémentées de déguisements de tous poils. Les inspecteurs enchaînent cascades et séjours à l’hôpital. Les enquêteurs ont des idées stupides : tant que cela se termine par une bonne bagarre, tout va bien.
Afin de reconnaître le Perroquet dans ses multiples déguisements, Ramsès réussit à l’attraper dans la rue pour lui mettre un bon cocard. Résultat, pour ne pas être reconnu, le Perroquet en orne une partie de sa bande afin de confondre la police… Peu subtil mais costaud.
L’intrigue est simple, les poursuites s’enchaînent en trois temps : d’abord à Paris, puis à Londres et enfin un retour à Paris. Elles pourraient être sans fin, et d’ailleurs elles le sont.
Le duo Michel Bouquet/Robert Murzeau, qui devient dans un second temps un trio avec Anne Carrère, fonctionne parfaitement. C’est le duo classique : le cerveau (pas tant que ça en fait) et la grosse brute, qui se croient supérieurs à Agnelle alors qu’elle seule parvient à faire avancer un tant soit peu l’intrigue.
L’univers de ce feuilleton est très proche de certaines bandes dessinées franco-belges de l’époque, surtout des aventures de Gil Jourdan de Maurice Tillieux. Et Agnelle ressemble beaucoup à Seccotine dans le Spirou de Franquin.

Rue des Martyrs (04-06-1957)
de Jean Chatenet
avec Marcel Bozzuffi (Raymond), Jean Négroni (Castor), Évelyne Gabrielli (Francine), Lisette Lemaire, Henri Virlogeux (Casimir, le serveur), Jean Bolo, Pierre Delbon
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean Godet

Le coup classique : la manipulation d’un être affaibli afin d’accomplir le crime parfait, qui in fine ne le sera pas grâce à une jeune actrice, Francine.
Le rue des Martyrs en question n’est pas à Paris mais à Villeneuve. S’il n’existe aucune rue de ce nom à Villeneuve, il en existe une à Villeneuve-d’Ascq. Peut-être un hasard.
Le grand moment de la fiction est la scène d’hallucination de Raymond, ancien soldat d’Indochine revenu malade en France.
L’interprétation est dominée par le duo Bozzuffi/Négroni, deux acteurs ayant un grain de voix proche, et du coffre, surtout le premier.

Le monstre vert (18-06-1957)
de Louis Roubaud, adaptation de Jean Marcillac
avec Pierre Delbon (Bernard), Jacqueline Rivière (Hélène), Henri Virlogeux (Léonard), Jean D’Yd (le comte), Jean Bolo, Jean Mauvais, Gaëtan Jor, Jean-Claude Michel (Michel)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Noël Barbet
opérateur Charles Marié

L’auteur, comme dans la précédente fiction, joue sur l’hésitation que l’auditeur peut avoir entre une explication surnaturelle et réaliste. Comme toujours, hélas, tout est démêlé à la fin, nette et sans bavure.
Cette fiction s’inspire d’une nouvelle de Louis Roubaud (1884-1941). Sur le site de la BNF on  peut lire :
Homme de lettres. - Journaliste. Collabore à "Marianne", "Le Crapouillot", "Le Petit parisien", "Le Quotidien", "La Lumière", "Vu" et "Détective". - Utilise également le pseudonyme : Privadiche
Concernant le choix de la nouvelle, le descriptif de l’INAthèque signale qu’au départ la nouvelle avait été « retenue pour une adaptation radiophonique, puis écartée "du fait de son manque de crédibilité". »
Un fait divers non précisé, mettant en cause un haut diplomate (le descriptif n’est vraiment pas très clair) a obligé Jean Marcillac à se rabattre sur cette histoire.
Roubaud utilise le fameux coup de la « chambre close » cher à Gaston Leroux avec un crime commis dans une pièce où il était impossible de pénétrer pour le tueur. Il est vite prouvé que la chambre était fermée de l’intérieur et qu’il n’y avait aucune issue. Et pour ne rien oublier, la fenêtre est bien bloquée, et cheminée cimentée.
Michel (J-C Michel) souhaite acheter le manoir de Malecroix et se propose de la montrer à un couple d’amis, Bernard et Hélène.
A l’arrivée, première coïncidence extraordinaire : Bernard connaît le serviteur du lieu, et même le lieu !
Petit retour en arrière en pleine Seconde Guerre mondiale. Bernard souhaitait alors se cacher en compagnie d’autres résistants. L’auteur étant décédé en 41, cette temporalité est surprenante. Sans doute un effet de l'adaptation de Jean Marcillac.
Mais foin de guerre, il s’agit bien d’un chambre maudite, habitée par un monstre, vert bien sûr, qui sort de sa boîte pour tuer quiconque passe une nuit dans la pièce. Tout va se démêler grâce à Hélène, qui va attraper ce méchant monstre pour le mettre en boîte une bonne fois pour toutes.

                                                                                                                                                                                                                                                                                .../...

Curly 

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 20 Nov 2022, 16:01

.../...

Snouk ou le rendez-vous des enfants prodiges (09-07-1957)
de Pierre Véry
avec Jean-Marie Amato (le récitant), Rosy Varte (la récitante), Guy Piérauld (Snouk, alias Joseph Martin) Christiane Lasquin (Ginou), Henri Virlogeux (Antoine Martin, le père), Geneviève Morel (Henriette Martin, la mère), Becky Rosanes, Ginette Franck, Gaëtan Jor, Jean Chevrin, Raymond Pélissier, Roger Crouzet, Francette Vernillat, Jean Bolo, Yves Duchateau, Marie- Jeanne, Évelyne Langeais, Marie Martine
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean de Landuc
opérateur Charles Marié

« Snouk » clôt la série « Faits divers » commencée en 1953.
Pierre Véry va repartir vers des aventures plus cinématographiques. Il avait quitté le cinéma en 1953 pour des raisons de santé, et la radiodiffusion française l’avait installé dans le fauteuil confortable de maître de cérémonie de « Faits divers ». Entre 1953 et 57 il avait toutefois cosigné le scénario de « Papa, maman la bonne et moi » et de sa suite « Papa, maman, ma femme et moi » (1954/55) avec Jean-Paul Le Chanois et Marcel Aymé.
Il décédera en 1960, après avoir signé quelques scénarios pour des films qui sont tombés dans l’oubli. Parmi eux, « Échec au porteur » de Gilles Grangier d’après un roman de Noël Calef, adapté quasi simultanément pour « Les maîtres du mystère » (sortie de film, 15 janvier 1958, diffusion à la radio le 11 février). Autre départ, celui de Maurice Renault, qui après une année sur Radio-Luxembourg (« Allo..police ? ») reviendra, mais sur France II Régional avec ses séries Sherlock Holmes / Arsène Lupin / Nick Carter / Alfred Hitchcock présente.
En octobre 57, « Faits divers » se transformera en « Maîtres du mystère ». Le premier maître sera, pour une transition en douceur, Pierre Véry, qui adaptera son roman « Mamz’elle Bécot », rebaptisé pour l’occasion « La pension Benedict ». Même réalisateur, même troupe d’acteurs que dans « Faits divers ».
« Snouk », qui n’est pas une adaptation, parle de cinéma. Pierre Véry raconte l’histoire d’un enfant-star, repéré par un producteur en vadrouille, puis jeté à la poubelle par les studios hollywoodiens une fois l’adolescence arrivée.
Pierre Véry se contrefiche des invraisemblances (les parents ne sont pas au courant de la déchéance de leur fils à Hollywood, la rencontre avec une jeune actrice amoureuse...). Et pour cause, la forme choisie est celle du conte.
Le sacrifice final est d’une gentillesse qui lorgnerait vers la niaiserie s’il n’y avait des acteurs de cette qualité. Pour une fois, Guy Piérauld incarne notre héros, lui qui est toujours cantonné dans les seconds rôles plus ou moins pittoresques.
Après une première partie qui pouvait laisser espérer des rebondissements inattendus, qui laissait entrevoir plusieurs destins possibles pour Snouk, Pierre Véry fait basculer son intrigue dans la romance afin de clore son conte, et toute la série des « Faits divers », dans un happy end doux-amer, la jeune actrice ayant sacrifié sa carrière par amour.

La charmeuse de serpents (20-11-1956)
de Pham Van Ky
avec Marguerite Cassan (Mademoiselle Why [?]), Jacques Borel (le moine Nanak), Raymond Pellissier, Albert Gercourt, Marie-Jeanne Gardien, Gisèle Touret, Henri Guisol (le commissaire Sing)

L'histoire se déroule à Bénarès. Heureusement pour nous, cette fiction hindi est présentée en VF, aucun acteur ne souhaitant – c'est plus prudent – se lancer dans des imitations d’accents du cru, ce qui n’empêche aucunement le dépaysement : temples, statuettes de Krishna, cobra tueur, moines bouddhistes…
L’auteur a inventé un whodunit hindou : un personnage pourri jusqu’à la moelle que tout le monde voudrait voir disparaître est retrouvé mort. Comme les suspects ne manquent pas, c’est du pain béni pour une bonne enquête menée par un commissaire qui n’a d’hindou que le nom.
Tout commence par l’expulsion d’une fabricante de statuettes de Krishna (la scène du procès ne manque pas d’humour), expulsée par son propriétaire, frère supérieur du temple de Krishna, représenté par son factotum Nanak. Il est question d’un mouvement de libération de la femme, ce qui en Inde est particulièrement audacieux, et d’une charmeuse de serpents qui va vite être suspectée puisque son cobra pourrait bien être l’arme du crime.

La course aux cailloux (04-12-1956)
de Francis Didelot
avec Jacques Amyran (le commandant), Guy Decomble (le commissaire), Gaëtan Jor, Henri Virlogeux, André Wasley, Pierre Delbon, Rosy Varte (Térésa), Fernand Rauzéna (l’inspecteur Joseph Niel)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Noël Barbet

Fernand Rauzéna incarne un inspecteur chargé de démanteler un réseau de trafiquant de pierres précieuses. Il est envoyé sur un paquebot par son supérieur, paquebot sur lequel se trouve un des trafiquants tentant de faire passer en douce sa riche cargaison.
Il se trouve que cet inspecteur n’est pas très perspicace, d’autant plus qu’il tombe sous le charme d’une portugaise (Rosy Varte) à l’accent mi-italien, mi-espagnol qui, ô hasard, possède quelques pierres précieuses dans ses bagages.
L’incompétence de l’inspecteur apporte beaucoup de sel marin à cette histoire.
Fernand Rauzéna, déjà évoqué dans un précédent billet, a beaucoup fait de doublage dans les années 50/60. Il est notamment la voix du sergent Garcia dans la série télé Zorro version Walt Disney.

La chasse au rat (23-04-1957)
d’Yves Jamiaque
avec Jean Mauvais (Brouchard), Nelly Delmas (Lucienne), André Var (le professeur de philosophie), Jacques Anquetil, Pierre Delbon, Jean Bolo, Becky Rosanes, Geneviève Morel, Armand Vallé Valdy, André Wasley, Jacques Thébault (Jean Rullier)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Noël Barbet
opérateur Charles Marié

Plus d’humour ici, mais une histoire de harcèlement qui tourne mal. Dans le milieu étudiant, le caïd de service va jusqu’à menacer sa victime de mort. Toute la bande exulte, mais c’est sans compter l’aide de Lucienne.
Leitmotiv musical dramatique qui dès le début annonce une fin tragique.
Le rythme est extrêmement rapide. Les scènes sont courtes, et donc nombreuses. Pas le temps de trop s’appesantir, ce qui accentue l’aspect abrupt du dénouement. Nous sommes très loin de celui de Snouk, la romance esquissée ne pourra pas s’épanouir à la fin.

Mon copain l’assassin (16-10-1956)
de Pierre Véry
Aucun générique. L’INA signale la diffusion en 1967 sur Inter Bretagne et Pays de Loire d’une fiction réalisée par Max-Henri Cabridens avec Roger Guillot, Philippe Mercier, Pierre Bolo, Michèle Gauthier, Valérie Descombes, Georges Goubert, Jeannette Granval, Robert Mazet, H. Torcheris.
Pas de nom d’auteur. Seul Jacques Baudou dans son ouvrage cité plusieurs fois plus haut signale « Mon copain l’assassin » comme étant un « Faits divers » de 1956 écrit par Véry.
La musique qui ouvre et clôt l’émission est celle du film « Témoin dans la ville », signée du saxophoniste Barney Wilen.
Or, le film date de 1959. Musique ajoutée pour une autre diffusion, celle de 1967 par exemple ? Et pourquoi alors n’est-ce pas Pierre Billard qui est crédité de la réalisation ? Mystère, mystère…
La fiction est délicieuse, l’interprétation aussi. Il semble bien que Pierre Véry en soit l’auteur. C’est l’histoire d’un kidnapping qui tourne mal, mais pour les kidnappeurs. L’un des truands, l’assassin du titre, se prend d’amitié pour l’enfant qu’il garde, et cette amitié est tout de suite réciproque.
La mise en place est brillante. Véry commence directement par le kidnapping, puis présente le couple de parents. Les Moreau ont deux enfants, l’un adopté par monsieur lors d’un premier mariage, et un second né de cette seconde union. N’ayant pas enlevé l’enfant prévu dans leur plan, les truands se retrouvent avec l’enfant adopté. Ce qui entraîne une scène de comédie acide, Madame passe d’une inquiétude extrême à une relative sérénité lorsqu’elle apprend que ce n’est pas son fils qui a été enlevé, tandis que Monsieur fait le chemin émotionnel inverse.
Plusieurs bonnes idées, comme cette paire de menottes avec laquelle jouent les enfants au début et qui va avoir une importance capitale, ou encore la confiance totale de l’enfant enlevé envers son gardien, née notamment du fait que tous deux ont été adoptés.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 28 Déc 2022, 14:27

Les maîtres du mystère
Deux hommes dans la nuit (25-12-1962, France II Régionale) [cf aussi le site de l'INA. La version disponible sur YouTube est de médiocre qualité.]
de Jean Cosmos
avec Michel Bouquet (Maurice Viala), Jean-Pierre Lituac (l'inspecteur), Pierre Vernier et Jean Mauvais (deux policiers), Yvonne Clech (Mme Moissonnier), et les petits Gilles et Anne Amado (François et Claudine Moissonnier)

[Gilles Amado s'illustra par la suite en tant que réalisateur de directs pour la télévision. Gilles et Anne Amado sont les enfants de Christiane Mallarmé, productrice à la radio entre le début des années 50 et le milieu des années 90. Pour France Culture, elle réalisa, entre autres choses, beaucoup de "Matinée des autres", "L'autre scène ou les vivants et les dieux", "Une vie, une oeuvre".]
prise de son Jean Deloron
opérateur Geneviève Leroux
assistante Marie Vouilloux

Jean Cosmos aime se donner des contraintes, comme on a pu le voir précédemment : un homme au téléphone pendant cinquante minutes, une cérémonie d'enterrement comme unité de lieu, donc de temps et d'action. Dans "Deux hommes dans la nuit", il va ralentir brutalement l'intrigue et durant quarante minutes tout va se passer entre deux hommes coincés dans une voiture sur une route de campagne enneigée.
Une autre contrainte, que l'on peut supposer imposée, vient de la date de diffusion. Il fallait sans doute que l'intrigue se dénoue en respectant les conventions d'un conte de Noël, alors que tout semblait mener vers une histoire tortueuse et macabre, ce que le dialogue dans la voiture promet au départ. Mais Jean Cosmos se refuse à ajouter des ingrédients propres à amener quelques rebondissements inattendus.
Ce n'est donc pas la meilleure fiction de son auteur. Par contre Michel Bouquet et Jean-Pierre Lituac, même si ce dernier, aussi bon soit-il, n'est pas toujours à la hauteur stratosphérique de son partenaire, sont en pleine forme.
Les deux hommes, l'un prisonnier fraichement évadé, l'autre l'inspecteur qui l'a rattrapé, sont coincés dans une voiture suite à un accident qui n'en est peut-être pas complètement un...
Pour satisfaire aux besoins du huis clos, aucun des deux protagonistes n'a de permis de conduire, ce qui est un peu tiré par les cheveux.
La réalisation est d'un tel minimalisme qu'il faut absolument que les acteurs soient excellents. Seuls les dialogues, leur interprétation, doivent suffire à suggérer à l'auditeur le lieu où se déroule l'action. La longue scène dans la voiture ne contient aucun ajout de bruitage, rien. Pourtant, l'auditeur y croit, alors que rien n'est fait pour masquer que deux acteurs sont dans un studio.
Pour planter l'ambiance, on notera le seul ajout d'une pièce d'Eddie Sauter, enregistrée l'année précédente, "Her", extraite de l'album "Focus". Stan Getz y est accompagné par un orchestre de cordes. Une formation qui n'a jamais donné qu'une image aseptisée du jazz. Soit c'est de la guimauve, soit cela reste fort pauvre par rapport à ce que des compositeurs de musique dite "classique" peuvent écrire. Au mieux, cela peut donner une parfaite bande-son pour une fiction policière radiophonique.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 08 Jan 2023, 12:58

Les maîtres du mystère – Le procès Bellamy (1958) de Jean Cosmos, d’après le roman de Frances Noyes Hart (1927), traduit par Maurice-Bernard Endrèbe

Un Maîtres du mystère exceptionnel. L’intrigue criminelle est inspirée à la romancière par l’affaire Hall-Mills qui en 1927 avait eu une couverture médiatique considérable. Le livre eut dans la foulée un énorme succès (traduit en français en 1947, Grand Prix de la Littérature policière, catégorie romans étrangers), au point d’être adapté au cinéma en 1929 (The Bellamy Trial, réalisé par Monta Bell).
L’intrigue du roman est néanmoins différente : un seul cadavre au lieu de deux, trois suspects au lieu de deux… Le roman, ainsi que l’adaptation de Jean Cosmos, choisit de rendre compte du procès, audience par audience. Le roman en comporte huit, et la fiction radiophonique quatre.
L’intrigue criminelle est un prétexte à montrer le fonctionnement de la machine judiciaire. Une femme est retrouvée assassinée, les deux suspects : son mari, et la femme de son amant, amant avec qui elle semblait avoir rendez-vous au moment du meurtre.
Les personnages principaux ne sont pas les suspects ni les principaux témoins, mais l’avocat de la défense et le procureur. Les différentes dépositions, les réquisitoires sont rendus avec le plus de précision possible, bien que cela reste avant tout une fiction. La recherche de la vérité, la transformation progressive de certains faits, dont les interprétations fluctuent suivant les points de vue, est le véritable sujet de l’histoire.
Pour entrer dans le procès, l’auditeur suit deux journalistes (J-C Michel et Martine Sarcey), l’un expérimenté, l’autre novice, ce qui permet, outre le début d’une intrigue sentimentale, à l’auditeur d’être informé des principaux faits.
Ces « Maîtres du mystères » sont en réalité quadruples. Chaque audience fait l’objet d’une émission d’une heure, sans chroniques des duettistes Beaumont/Régent.
Au début, Pierre Billard nous rappelle qu’il n’est pas nécessaire à l’auditeur d’avoir suivi les précédentes audiences pour comprendre ce qui va suivre. Cela ne paraît pas évident. Jean Cosmos a imaginé, sauf pour la dernière partie, des scénettes introductives avec les deux journalistes. Le ficelles utilisées sont grosses, mais elles sont nécessaires pour résumer l’intrigue aux nouveaux auditeurs.
Le centre du procès repose donc sur l’affrontement entre l’avocat de la défense, un avocat en fin de carrière qui n’est pas rompu aux affaires criminelles (Marcel André), et un jeune procureur aux dents longues, et déchaîné (Michel Bouquet). Autant dire que l’interprétation est éblouissante.
La troupe des « Maîtres du mystère » est au complet, et les différents témoins qui défilent à la barre donnent lieu à des numéros d’acteurs très variés, les plus pittoresques étant Jean-Marie Amato et Rosy Varte.
Les témoins clés arrivent dans la troisième audience, tandis que les plaidoiries dans la quatrième, où s'invite aussi un témoin de dernière minute, bien sûr, sans ça le plaisir ne serait pas complet, à la moralité douteuse (un directeur d'école qui avait un rendez-vous galant avec une de ses élèves...)
Nous pouvons rapprocher cette œuvre de « Anatomy of a Murder », un film sorti l’année suivante et dont les intentions sont proches. Dans le film, comme dans la fiction radiophonique, le fonctionnement de la justice prend le pas sur l’intrigue criminelle.
Une différence quand même : si le film d’Otto Preminger laisse après le procès un doute quant à la culpabilité ou pas du suspect, l’exercice de virtuosité du petit avocat (James Stewart) ayant emporté le morceau, « Le procès Bellamy » se termine par une scène se déroulant juste après le procès et qui apporte une réponse claire et nette aux interrogations de l’auditeur.

Le procès Bellamy (1958)
bruitages Gabriel de Rivage
prise de son Jean de Landuc (1, 2) & Noël Barbey (3, 4), opérateur Charles Marié, assistante Marie-Denise Wanda
avec Michel Bouquet (Maître Far), Marcel André (Maître Lambert), Henri Crémieux (le juge Anthony Carver), Martine Sarcey (Hélène la jeune journaliste), Jean-Claude Michel (Randolph, journaliste), Jacqueline Rivière (la gouvernante Kathleen Page), Jacques Hilling (Elliot Farwell), Jean Topart (George Dallas), Rosy Varte (Miss Cordier), Maria Tamart (Miss Roberts), Jean-Marie Amato (Luigi le jardinier), Geneviève Morel (l’amie d’enfance de Madeleine Bellamy), Henri Virlogeux (l’huissier), Michel Vitold (M. Stephen Bellamy), Bernadette Lange (Susan Ives), Daniel Brémont (M. Ives), Berthe Bovy (Mme Ives mère), Pierre Leproux, François Darbon, André Wasley, Yves Gladine, Lucien Nat, Jean Mauvais, Yves Duchateau, André Wasley, Pierre Collet, Raymond Pelissier

Première audience – 18/02/1958
Seconde audience – 25/03
Troisième audience - 04/03
Quatrième et dernière audience – 11/03

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