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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard    Page 5 sur 9

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Curly 


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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 18 Avr 2024, 20:57

Mystère, mystère

Crêpes et châtiments (13-12-1966)
de Alain Bernier et Roger Maridat
avec André Valmy, Jacques Sapin, Jean Bolo, Arlette Thomas, Marie-Jeanne Gardien, Claudine Cheret

Une intrigue pépère-tranquille, où une fois de plus André Valmy endosse le rôle de l’enquêteur qui ne comprend rien, sauf dans la scène finale où il éclaircit tout d’un coup de baguette magique.
L’histoire évolue de manière complètement artificielle. Un rendez-vous chez le notaire sert de point de chute à notre histoire, et donc à démasquer le coupable.
L’auditeur a vite une longueur d’avance, et comprend que le coupable parmi les deux suspects est bien le troisième. Les auteurs nous y préparent dans une scène durant laquelle le personnage apparaît sous son véritable jour.
Les ingrédients sont les mêmes : grosse entreprise familiale avec des biscuits, des crêpes, d’où le jeu de mots du titre, un dirigeant envié par le frère et la sœur qui martyrisent la femme du patron et frère.
Tout ce petit monde vit sous le même toit.
L’enquêteur est déjà présent avant le crime. Le patron vient le voir car les freins de la voiture de sa femme ont été sabotés. Pourtant, il ne comprend pas, tout le monde s’aime d’amour tendre dans la famille.
Il est un peu naïf. Sa fortune est convoitée par la petite famille, ainsi que sa femme par son propre frère.
Or, ce n’est pas la femme qui meurt, mais le mari, empoisonné. La partie culinaire est longue, les détails sur le menu, les champignons, les gnocchis, les apéros, tout cela s’étale trop longuement.
La disparition violente, pour les besoins de l’intrigue, ne provoque aucune émotion dans la famille. Elle n’est qu’une pièce supplémentaire qui s’imbrique dans les machinations des uns et des autres.
La vieille servante (M-J Gardien), dévouée et pittoresque, sauve un peu les meubles, mais elle reste un personnage secondaire.
Pierre Billard, pour servir de transition et planter l’atmosphère, utilise une musique qu’il a utilisé plusieurs fois dans « Mystère, mystère », comme pour donner une unité à l’ensemble.
La fin abrupte, une marque de fabrique de la série, est toujours très efficace.

De l'eau sous les ponts (24-05-1966)
de Alain Franck
avec Jacques Morel, Jean-Charles Thibault, André Var, Jean-Pierre Lituac, Claude Bertrand, Jean Clarieux, Jean-Marie Fertey, Claude Richard, Arlette Thomas, Rosy Varte, Geneviève Morel
Une enquête qui se déroule essentiellement dans le poste de police, avec va-et-vient des enquêteurs, coups de téléphone… une superproduction « Mystère, mystère » !
Pléthore de bruits d’ouvertures de portes, de sonneries de téléphone : Pierre Billard a sorti les grands moyens. Il laisse, suivant les principes de la série, au silence du studio d’enregistrement le soin de figurer tous les lieux, que ce soit des extérieurs ou des intérieurs.
Les auditeurs n’ont qu’à laisser libre court à leur imagination, les voix des acteurs font le reste.
Un représentant est retrouvé mort noyé dans la Marne. Les interrogatoires se succèdent, les découvertes, la fausse piste habituelle, et même la résolution d’un autre mystère, celui d’un vol commis durant la même nuit.
Jacques Morel endosse une fois de plus le rôle du commissaire. Rosy Varte dans le rôle de la veuve éplorée nous joue son numéro de castafiore dans le grand final.
Sans surprise, l’assassiné trompait sa femme, pendant que de son côté celle-ci lui rendait la pareille.
La pièce se déroule donc sans accrocs, l’auditeur retrouve intacts les ingrédients habituels, regrettant peut-être que l’auteur n’ait pas ajouté quelques éléments plus pimentés.
Pierre Billard rabotait-il les textes ? Ce n’est pas la première, ni la dernière fois, que la pièce se conclut de manière abrupte, sur une réplique bien sentie. Des coups de rabot qui donnent tout de suite plus de nerf à la chute.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 21 Avr 2024, 09:20

Mystère, mystère

Dimanche mortel (16-11-1965)
de Jeannine Raylambert
avec Jane Marken (Blanche Renaudidier), Arlette Thomas (Monique), Claude Richard, André Valmy (commissaire Marquès), Jean-Jacques Steen, Gaétan Jor

Un dimanche en famille, avec le mari, la femme et la belle-mère. On s’ennuie ferme, surtout madame. Le double sens du titre se fait un peu attendre, mais il arrive après un début très lent, qui laissait augurer une pièce sarcastique, plongée dans l’humour noir, dans la lignée des meilleurs Raylambert.
Or, nous restons à la limite d’un commencement d’humour. Jamais l’auteur ne franchit cette limite, alors qu’elle la frôle presque, involontairement en plus.
L’histoire s’y prêtait bien, mais finit dans le grand mélo.
Un visiteur vient perturber l’ennui de madame, comme si la belle-mère et le mari s’étaient concertés pour combiner un divertissement macabre. Ce visiteur, nous ne saurons que tardivement ce qu’il est venu discuter avec le mari, parce que nous restons avec madame et sa mère. Des éclats de voix, et enfin, un coup de feu.
Second temps, une longue discussion entre le mari et sa femme, qui se termine par un autre coup de feu.
Puis, arrivée du commissaire, interprété une fois de plus par André Valmy*.
Tout s’embrouille, puis se démêle laborieusement.
L’histoire pourrait prêter à rire, mais elle est traitée, étrangement, avec sérieux. Chaque meurtrier à tué pour couvrir quelqu’un, à chaque fois la même personne.
À la fin la pauvre Madame se retrouve toute seule. Que va-t-elle pouvoir faire les dimanches suivants ? Va-t-elle enfin trouver de quoi s’occuper ?
Malgré la situation rocambolesque, Jeannine Raylambert laisse l’absurde de côté, alors qu’il y avait tant à faire, et plonge dans le tragique, avec un numéro taillé sur mesure pour Jane Marken, qui nous révèle lors d’un long entretien avec le commissaire Valmy toute la vérité sur cette sinistre, et ennuyeuse, histoire.
La réalisation de P. Billard joue avec la profondeur de champ sonore, qui pour lui se limite à la distance des acteurs par rapport au micro. Les bruitages, pas question d’en abuser : des portes qui s’ouvrent, deux coups de feu, cela suffit. On entend même les pages du texte que tournent les acteurs.

* André Valmy, doubleur talentueux (il y en a pas mal dans les émissions de Billard).
Extrait de « Giù la testa » (Il était une fois la révolution) de Sergio Leone (1971).
Dialogue entre André Valmy / Rod Steiger et Jean-Pierre Duclos / James Coburn.

                                                                        

Erreur sur la victime (26-04-1966)
de Charles Maître
avec Jacques Morel, Laurence Weber, Lisette Lemaire, Andrée Tainsy, Dominique Paturel, Henri Crémieux, Pierre Moncorbier

Pour changer un peu, Jacques Morel n’est pas commissaire, mais la pauvre victime, à moins qu’il ne soit suspect, car tout est confus dans cette histoire de tentatives d’assassinat.
Une pièce impeccablement construite, certes de structure fort classique, mais qui remplit son office : surprendre avec des tentatives de meurtre à répétition.
Charles Maître réussit à créer des relations troubles entre les membres et ami de cette famille de la haute : le mari est le patron, la femme, un mariage sans amour, soumise à la tentation de l’adultère via un visiteur régulier, très régulier, sa jeune sœur, qui, et l’auteur exploite bien toutes les possibilités, va attirer sans le savoir dans ses filets le mari, ou l’ami, ou les deux, qui sait, et un couple de vieux domestiques bien sympathiques.
Le patron est d’abord victime d’une chute de tonneau de vin dans la cave, puis un rocher s’abat sur sa voiture.
La police est prévenu, et surveille de près la santé du chef d’entreprise. Et pourtant, sa femme, peu après, est victime d’un accident de voiture qui n’a rien d’accidentel.
Y a-t-il, comme le titre l’indique, erreur sur la victime ? Le rugueux commissaire, qui aura la voix d’Henri Crémieux pour cette fois, va interroger tout le monde, sans succès dans un premier temps, car il faut que l’auditeur en profite un maximum, jusqu’à ce que la lumière se fasse sans que nous ayons été mis au courant, et qu’enfin le commissaire tende un piège au coupable.
Classique donc : mise en place, accidents, enquête, coupable piégé lors d’un interrogatoire serré. Mais le texte, l’interprétation, la réalisation, tout concourt à faire de cette pièce un numéro exemplaire de « Mystère, mystère ». Les ingrédients attendus sont bien dosés, et servis avec soin. Ce n’est pas le cas de toutes les pièces de la série.
Notons, une fois de plus, la traditionnelle fin abrupte, et l’ultime réplique bien envoyée du commissaire en fin de carrière qui ne mâche pas ses mots.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Lun 22 Avr 2024, 09:51

Mystère, mystère

Histoire de cœur (25-01-1966)
de Charles Maître
avec Jean-Marie Fertey, Henri Poirier, Jean-Pierre Lituac, Rosy Varte (Lucienne), Laurence Weber (Nicole), Henri Labussière, Jeanne-Marie Gardien, Claude Leblond, Joëlle Janin, Jacques Morel (Louis)

Encore un titre à double sens, pour cette histoire criminelle, et médicale. Pour changer un peu, aucune enquête, pas de commissaire et d’interrogatoires à la chaîne. Nous sommes du côté des truands, et  il n’y a aucune révélation finale bouleversante. Nous suivons la préparation d’un sale coup, celui d’un braquage de fourgon à main armée, le traditionnel dernier coup d’éclat raté du gangster avant sa retraite dorée imaginaire en Amérique du Sud.
Un seul problème, le défaut de la cuirasse, notre braqueur est amoureux, mais amoureux d’une femme mariée à un chirurgien chef de clinique. Une idée à exploiter. Comme depuis « Faits divers », Pierre Billard a laissé tomber les scènes d’action pour privilégier les dialogues à fort potentiels dramatiques afin de créer une esthétique spécifiquement radiophonique, le braquage est tombé dans une ellipse. Une chute telle que l’auditeur se demande s’il a bien eu lieu.
Le suspense tourne autour du sauvetage du truand, atteint par balle près d’un organe nommé dans le titre, et de la révélation qui pourrait être faite au mari chirurgien au sujet de la relation adultérine de sa femme, ainsi que de l’activité peu reluisante de l’heureux élu.
La machination trouvée par la famille et les proches pour sauver la vie et la liberté du blessé remplace l’intrigue policière qui est bien souvent de mise dans la série.
Si la distribution peut paraître importante (dix acteurs !) comparée à d’autres numéros, l’auteur, suivant les principes de son producteur, privilégie les scènes à deux personnages, qui constituent l’armature de la pièce : par exemple le gangster / son complice, sa sœur / son amante, et pour la fin, le chirurgien / sa femme.
Charles Maître, auteur prolifique de la maison Billard, commence en 1956 à signer ses premiers « Faits divers ». Il va prendre un rythme de croisière en 1958 pour « Les maîtres du mystère », puis « Mystère, mystère », il va fournir en moyenne 5/6 textes par an, jusqu’à la fin de l’émission en 1974.

Intérêts et principal (23-11-1965)
de Charles Maître
avec Robert Murzeau, Henri Poirier, Jean Bolo, Bernadette Lange, Laurence Weber

Ne pas se fier au titre, le monde de la finance est la métaphore de la vengeance terrible d’une femme trompée par son mari, pour qui l’argent prime sur tout le reste.
Cette vengeance se réalisera-t-elle, ou restera-t-elle à l’état de plan ? Nous ne le saurons qu’à la fin, lors d’un long dialogue à deux.
Un mari, plus intéressé par l’argent que par l’amour, souhaite se débarrasser de sa femme pour convoler avec une autre, plus âgée, mais avec de gros avantages sonnants et trébuchants.
La pièce est bien construite, de manière à constamment titiller l’attention des auditeurs.
Première scène : retrouvailles un soir à la maison d’un couple qui semble très usé. Or, ils ne sont mariés que depuis deux ans.
La situation est telle qu’il est possible d’imaginer que la femme souhaite se débarrasser de son mari, et inversement. Une lettre de convocation évasive : monsieur est convoqué Quai des Orfèvres pour des « questions le concernant ».
Charles Maître charge la barque en ajoutant une lettre anonyme, une disparition qui pourrait être un meurtre autant qu’un piège pour faire condamner l’ancien mari, un constat d’adultère bidon, un empoisonnement et un crime.
Les trois personnages, dont un porté-disparu, semblent dépossédés de toute passion, alors que l’amour est au centre de tout. L’amour, et l’argent.
La femme trompée n’a commis aucun adultère, une variante intéressante dans la série qui accumule un nombre incalculable de situations de ce genre.
Le rythme est serré, il n’y a pas de temps mort, et il faut se méfier de tout ce qui semble inutile, placé là pour mieux nous tromper.
Le dénouement, surprise, ne voit pas le coupable puni, bien au contraire, l’intérêt écrase le principal.
Mais comme la victime est en quelque sorte aussi coupable, la règle de la série qui consiste à punir le coupable est, si l’on tire bien le dénouement par les cheveux, respectée.
La scène la plus violente tombe dans une ellipse, Pierre Billard privilégie les dialogues à l’action. L’ellipse demeure bienvenue, car elle oblige à ajouter du suspense au suspense : que s’est-il passé pendant ce trou noir de l’histoire ? Encore plus fort, le personnage a lui aussi pris l’ellipse de plein fouet, et il se retrouve comme nous à découvrir avec horreur ce qui s’y est produit.
« Intérêt et principal » est le troisième numéro de « Mystère, mystère », émission commencée début novembre 65. Durant ce mois, et ce fut le seul de son histoire, elle fut hebdomadaire, avant d’alterner une semaine sur deux avec « L’heure du mystère » de Germaine Beaumont. Pas d’injustice, « L’heure » avait connu sa gloire hebdomadaire en octobre.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 30 Avr 2024, 17:54

Mystère, mystère

Première comparution (22-10-1968)
de Alain Franck
son Jean Jusforgues, bruitages Louis Matabon
avec Jacques Morel (le juge Jalladieu), Arlette Thomas (Arlette Ludon)

Il existe plusieurs « Mystère, mystère » à deux personnages, souvent l’occasion de numéros à grand spectacle d’acteurs qui ont enfin droit à leur moment de gloire. Jacques Morel et Arlette Thomas, habitués de la série, ne sont pas meilleurs qu’à l’accoutumée, mais comme ces cinquante-cinq minutes leur sont entièrement réservées, qu’aucun autre acteur vient perturber leur interprétation, cela devient exceptionnel. La pièce, une seule scène d’un seul tenant, raconte la confrontation entre un juge d’instruction et une prévenue  arrêtée pour vol à l’étalage. L’histoire racontée est comme un oignon que le juge va éplucher pour trouver une seconde couche, puis encore, une autre, etc. La version de la prévenue avance par à coup, à chaque fois le juge trouve une faille dans laquelle il s’engouffre pour découvrir une nouvelle histoire, ou une variante qui va faire évoluer l’histoire dans un sens différent de celui proposé par l’accusée.
La construction très mécanique est magnifiée par l’interprétation, entre tragique, et comique de répétition, car nous comprenons très vite là où nous emmène l’auteur, et l’auditeur y va avec autant de plaisir que les interprètes.
Jacques Morel fait partie des acteurs qui incarnent l’autorité dans l’émission. Quand il n’est pas juge, sauf exceptions, il est souvent inspecteur ou commissaire. Arlette Thomas campe habituellement de jeunes ingénues, naïves, ou faussement naïves.
Elle ment avec une telle conviction qu’elle oublie quelques incohérences tout de suite relevées par le juge. Sa candeur est indestructible, et lorsqu’elle est prise la main dans le sac, elle a sous le coude une seconde version pour corriger ses erreurs, la version suivante n’étant pas exempte de nouvelles gaffes.
Comme nous pouvons nous en douter, nos deux protagonistes ne vont pas parler pendant une heure de vols de vêtements, un cadavre arrive sur le tapis.
La réalisation est donc encore plus minimaliste que d’habitude, comme si cela était possible, et les réponses lointaines du greffier sortent sans doute de la bouche du bruiteur, Louis Matabon. Même pas de musique, rien. Et le silence laissé après la toute dernière réplique, suprême idée, fait son petit effet.
La pièce a semble-t-il été adaptée au théâtre quelques mois plus tard, mais aucune trace de ce spectacle n’a été trouvée. Il est difficile de l’imaginer avec d’autres acteurs que ceux-ci, tant leur voix colle à la perfection à leur personnage, et que le duo est en parfaite symbiose.
L’interprétation demeure l’effet spécial le plus impressionnant des réalisations de Billard.
« Première comparution » fit partie des pièces publiées en cassette (fin des années 90), puis en CD (2003).

Qui rira le dernier (03-03-1970)
de Pierre Frachet
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Jean-Claude Michel (Simon Lootz), Bernadette Lange (Juliette Spinali), Pierre Constant (Fabien Sorel), Catherine Hubeau (Marie-Claude), Claude Bertrand (Gilbert Spinali)

Une pièce qui eut droit à une édition cassette (1996) puis CD (2006). Elle est signée Pierre Frachet, qui rejoignit Pierre Billard en 1969 pour ne plus le lâcher : auteur régulier jusqu’en 1974, puis de 1983 à 88 (« Mille et un jours » puis « Les nouveaux maîtres du mystère »).
Frachet est connu, surtout, comme parolier (« Ma môme » pour Jean Ferrat).
Il ne faut pas se fier au générique, les deux tiers de la pièce sont constitués de deux longs dialogues à deux personnages, les mêmes, les autres personnages apparaissant brièvement. Le charme du texte tient à ce déséquilibre, puisqu’à trois scènes qui ont pris près de 40mn sur les 55, suivent une scène d’action sur un bateau, avec coups de feu, et une dernière pour un dernier coup de théâtre. Chose très rare dans « Mystère, mystère », les révélations successives sont portées entièrement, non par le dialogue comme à l’accoutumée, mais par le bruiteur. Tout est dit par deux coups de feu, puis par le départ d’une voiture.
Outre ce déséquilibre dans la construction, l’auteur a été particulièrement diabolique dans l’élaboration de son histoire, qui tient entièrement dans son titre, un proverbe fameux dont la première proposition a été tronquée.
Première scène, un tueur professionnel vient proposer ses services à une femme. Il peut la débarrasser de son mari, afin qu’elle puisse enfin convoler librement avec son amant. Déstabilisée au début, la femme est progressivement convaincue, et il ne reste plus au tueur qu’à la laisser mariner quelques jours avant de passer à la transaction.
Seconde scène, de loin la plus longue, elle nous amène à plus de la moitié de la pièce, le même tueur vient offrir à peu près le même service au mari. Le titre nous aiguille, mais tous les personnages, même ceux qui n’apparaissent que quelques instants, sont tous profondément malhonnêtes, et prêts à faire la moindre entourloupe à son prochain pour s’en sortir, si possible avec un gros pactole. Les relations amoureuses sont toutes faussées. Le plus important : celui qui part avec les valises pleines de billets rira bien le dernier.
Le complot ourdi, sacrément tordu, est parfaitement compréhensible. Aussi, l’essentiel de la scène d’action de la fin (l’avion) est passée sous silence, le récit reprenant au moment où tout va déraper.
Pierre Frachet est ici un excellent conteur, bien aidé par l’équipe de « Mystère, mystère ». Rigueur de la production, de la réalisation, et interprètes de haut vol.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 05 Mai 2024, 10:28

Mystère, mystère

La clé sur la porte (30-11-1965)
de Jean Chatenet
avec Michel Bouquet (Marcel Villers), Rosy Varte (Chantal Bergeret), Pierre Trabaud, Jean-Pierre Lituac, Jean Clarieux

Jean Chatenet écrit depuis 1957 (« Faits divers ») pour la radio. Il écrira peu de « Mystère, mystère », car dans les années 60 il se tourne vers la télévision, pour laquelle il écrira beaucoup, des policiers parfois, mais surtout des séries historiques. Il est le fils de Georges Chamarat, de la Comédie-Française, mais aussi participant occasionnel aux « Maîtres du mystère ».
La participation de Michel Bouquet est plus exceptionnelle. Si sa présence dans « Les maîtres » fut régulière, il ne fit que trois « Mystère, mystère », ce qui ne signifie pas pour autant qu’il avait tourné le dos à la radio. Il fit aussi, en 1966, deux « Heures du mystère » pour Germaine Beaumont.
Dans cette pièce, son rôle est proche des personnages que lui fera jouer Claude Chabrol quelques années plus tard. Son « je vous trouve très sympathique » envoyé à la figure du pauvre serrurier (Pierre Trabaud) inquiète au plus haut point. Il est le mari délaissé par une femme manipulatrice, et l’on ne sait s’il est le dindon de la farce ou le maître du jeu. Michel Bouquet joue l’homme trompé en y mettant une telle intensité qu’il donne l’impression d’être coupable. L’auditeur ignorera, jusqu'à la scène finale, son rôle dans les différents méfaits commis. Il y a deux morts, deux meurtres, celui de son frère, dont il essaie retrouver le coupable, et un autre vers la fin, qui est commis durant une des ellipses qu’affectionne tant « Mystère, mystère », où les scènes d’action (= de meurtre) y sont souvent escamotées.
Rosy Varte retrouve de son côté son rôle de garce, et Pierre Trabaud celui du jeune homme naïf. Bien qu’ayant plus de quarante ans, il avait une voix qui pouvait encore passer pour celle d’un jeunot.
L’histoire de machination diabolique ne fonctionne pas pleinement, elle a un côté laborieux, fatigant, et l’histoire d’héritage, bien que prétexte, peine à captiver du fait de sa complexité, toute relative il est vrai, mais qui alourdit la pièce.
Dans la scène finale, coupée encore une fois de manière abrupte, Michel Bouquet se prépare, sans le savoir, au personnage qu’il jouera dans « La femme infidèle » de C. Chabrol en 1969.
Cette coupe brutale, ajoutée à la brutalité des propos de M. Bouquet, rend cette fin plus intense. Trop intense même, comparé à ce qui précédait.
La musique choisie, légère et romantique, tranche ironiquement avec le reste.

La louve (29-03-1966)
de Jean Chatenet
avec André Valmy, Pierre Constant, Pierre Delbon, Jean Bolo, Marcel André, Jean-Pierre Lituac, Maria Tamar, Geneviève Morel, Évelyn Séléna

Musique de péplum. Nous sommes en l’an 79, à Rome, et à Rome, en 79, les crimes commis peuvent ressembler à ceux des histoires habituelles de « Mystère, mystère ». Jean Chatenet exploite tout de même l’aspect historique, en utilisant les éléments de la tragédie grecque : inceste, empoisonnements, suicides, les deux derniers ne tranchant pas avec les habitudes de la série.
Dans un premier temps, Jean Chatenet insuffle un certain dynamisme à son histoire. Un riche marchand voit ses deux fils se battre pour une jeune fille. Tous les coups bas sont permis, ils ne sont que demi-frères dans une famille recomposée plus par intérêt (la seconde femme est patricienne) que par amour. Le fils de la seconde femme et le fils du marchand vont donc se livrer à une lutte fratricide, une situation largement exploitée dans la mythologie gréco-romaine.
Mais que s’est-il passé ensuite ? L’auteur a complètement calé en cours de route. En l’absence du commissaire ou inspecteur habituel, nous nous retrouvons dans un procès, qui va remplacer l’enquête traditionnelle, avec ses interrogatoires interminables. Les dialogues deviennent répétitifs, l’histoire patine, l’ennui s’installe, chose rare dans la série, et les acteurs ont beau se démener comme à leur habitude, rien n’y fait. À quel moment le verre ayant empoisonné la victime était plein, et vide ? Les témoignages se suivent, et se contredisent. Après, une première révélation, suivie d’une seconde, qui écrase la première, les véritables coupables se retrouvent sains et saufs, hors de portée de la justice. Mais se réfugier à Pompéi, en 79, est-ce une bonne idée ?
Ce dénouement, Jean Chatenet l’avait tellement en tête depuis le début qu’il en a négligé une bonne partie de son histoire.



Dernière édition par Curly le Mar 07 Mai 2024, 18:41, édité 1 fois

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Lun 06 Mai 2024, 16:46

Mystère, mystère

La main lourde (08-02-1966)
de Alain Franck
avec Jacques Morel (l’inspecteur), Philippe Dumat, Jacques Fonson, André Var, Arlette Thomas (Geneviève Lignac), Jean Bolo

Au lendemain d’une soirée, une étudiante est retrouvée morte. Elle se serait suicidée. L’inspecteur Morel (André Valmy devait être sur un autre coup fumant) enquête. Quel intérêt puisque c’est un suicide ? Les deux tubes de somnifères vides sont retrouvés bien rangés à leur place. Ce détail titille notre inspecteur.
Durant un peu plus de la moitié de la pièce, il enchaîne les interrogatoires, qui dessinent plusieurs portraits contradictoires de la morte. Les intrigues amoureuses, familiales, l’aspect mécanique des entretiens peine à capter l’attention.
Pourtant, et il faut être patient, passée cette longue partie, la pièce commence vraiment, lorsqu’elle se réduit à trois personnages : deux étudiants, et l’inspecteur. Si le dénouement reste très convenu, le resserrement de l’intrigue lui est bénéfique. Le garçon ment-il lorsqu’il affirme que la morte l’aimait ? Ou alors l’aimait-il ? Que s’est-t-il passé durant cette nuit ? Quel est l’alibi de chacun ?
Comme les éléments découverts durant les interrogatoires sont alors synthétisés, ces derniers apparaissent encore plus inutiles. L’inspecteur sert de détonateur, mais il ne découvre rien. C’est dans un dialogue final entre les deux étudiants que la vérité apparaît au grand jour. La dernière réplique seule indique que fatalement la police va tout découvrir, sans que l’on sache comment. La musique choisie par Billard est guillerette, en décalage avec l’ambiance de l’histoire. On pense à un cow-boy trottant sur sa monture entre deux canyons, ou alors à l’inspecteur trottant sans dévier d’un iota vers la fin de son enquête.  

Complément à
Qui rira le dernier (03-03-1970)
de Pierre Frachet
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Jean-Claude Michel (Simon Lootz), Bernadette Lange (Juliette Spinali), Pierre Constant (Fabien Sorel), Catherine Hubeau (Marie-Claude), Claude Bertrand (Gilbert Spinali)

L'émission Micros et caméras du 14 février 1970 montre les coulisses de l'enregistrement de « Qui rira le dernier ».

Pierre Billard, main levée, donne le top départ aux acteurs et au bruiteur. Contrechamp dans l'image suivante.

        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 5 Mystzo10

Le contrechamp. Dernière scène de la pièce. Au fond, dans le flou, de gauche à droite, Jean-Jacques Noël assurant l'ouverture de la porte, de dos Catherine Hubeau, et Pierre Constant.

                                                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 5 Mystzo11

De gauche à droite toujours, Pierre Billard dirigeant la lecture préparatoire, puis Pierre Constant, Bernadette Lange, Jean-Claude Michel,  Claude Bertrand, et derrière, Pierre Frachet.

                       ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 5 Mystzo12

Lecture préparatoire. Debout, Jean-Jacques Noël, assis de gauche à droite Claude Bertrand, Pierre Constant, cachée derrière, Catherine Hubeau, Pierre Frachet, puis Jean-Claude Michel et Pierre Billard.

                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 5 Mystzo13

Enregistrement de la première scène de la pièce, avec Bernadette Lange et Jean-Claude Michel.

                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 5 Mystzo14

Bernadette Lange discute l'interprétation de son personnage avec Pierre Billard. Au milieu, Pierre Constant.

                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 5 Mystzo15

Enregistrement de la très longue scène entre Claude Bertrand, à gauche, et Jean-Claude Michel.

                                    ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 5 Mystzo16

Jean-Jacques Noël, prêt pour le coup de feu.

                                                            ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 5 Mystzo17

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 11 Mai 2024, 09:15

Mystère, mystère

La seule issue (07-12-1965)
de Jean Marcillac
avec Arlette Thomas (Agnès), Pierre Delbon (Pierre), Jacques Morel, Jean-Jacques Steen, André Var, Jean-Charles Thibault, Geneviève Morel (Madame Gautier)
Un écrivain raté et sa jeune épouse sont au bord du gouffre. Les traites non payées s’accumulent. Jean Marcillac a été cette fois bien inspiré, et il joue avec ses personnages avec un plaisir communicable.
Le début est léger, malgré les problèmes d’argent du couple, ce qui n’empêche pas, pour contrebalancer, Pierre Billard de mettre une de ses musiques les plus sinistres, histoire de contredire ses personnages, et d’annoncer que le pire est à venir.
Le jeu de Marcillac consiste à empêcher le femme de quitter son mari, et de contrarier à chaque fois sa décision, jusqu’à ce qu’arrive le drame inévitable. Elle prend un amant avec qui elle décide de partir, se rendant compte que son mari ne vaut vraiment rien pécuniairement parlant ? Paf, le mari décroche la timbale.
La femme n’est encore qu’une marchandise propriété du mari, et une fois mariée, il devient difficile de s’arracher à son maître. L’amour est bien présent, mais tout indique que l’attitude de madame est dépendant de l’argent que gagne monsieur, et que le plus offrant a tout de suite sa préférence.
Plusieurs retournements de situation se suivent, et ceci tout au long de la pièce, inutile d’attendre la fin pour le coup de théâtre. Marcillac est généreux.
Au centre des retournements, l’écriture de romans policiers et d’aventures, car monsieur est écrivain, en tout cas il essaie.
La dernière partie montre que Marcillac avait plus d’un tour dans son sac, et que les péripéties précédentes n’en étaient qu’un avant-goût. La fin est d’anthologie, du moment où madame fait écrire à son mari sa lettre de suicide, lettre qui va avoir du mal à accomplir sa mission, jusqu’à l’arrivée du policier, qui a juste le temps de commencer son interrogatoire, coupé brutalement par le générique de fin. Dernière réplique : « Asseyez-vous, reprenez votre sang froid, j’ai l’impression que nous avons beaucoup de choses à nous dire. »

L'autre (07-11-1967)
de Alain Franck
avec Arlette Thomas (Claudine), Jean-Marie Fertey (Bernard)

Clau’ et Bernard forment un couple parfait : ils s’aiment, et la première scène serait très touchante si nous n’étions pas dans « Mystère, mystère ». Les auteurs n’hésitent jamais à inventer des scènes d’une grande banalité, jouant sur le fait que l’auditeur sait que quelque chose va, ou s’est déjà, détraqué, et qu’il ne va pas en rater une miette, attentif au moment où la catastrophe va débouler.
Deux personnages seulement, mais plusieurs scènes, qui s’étalent sur plusieurs semaines. Alain Franck sait que la révélation finale ne tient pas vraiment debout, mais elle aura joué son rôle, c’est-à-dire qu’elle aura bouleversé et les personnages, et les auditeurs.
Afin de maintenir la tension, la pièce alterne moments de détente et moments de malaise, où l’on sent que quelque chose cloche. L’explication la plus évidente, celle vers laquelle nous oriente l’auteur,  va bien sûr s’effondrer à la fin.
De petits détails, puis de gros détails, vont indiquer que monsieur est déjà marié est que sa belle histoire d’amour se résume à un adultère parmi d’autres. Puis, cela devient une obsession pour Clau'. Après des vacances sur la Riviera, un petit fond de bruit de mer et puis s’en va, car Pierre Billard sait rester minimaliste, retour chez Claudine, pour le grand final, et un assassinat express inattendu de la part de son exécutant.
La voix d’Arlette Thomas est un peu enrouée, ce qui n’enlève rien à la qualité de l’interprétation. Jean-Marie Fertey est habitué aux rôles d’amants d’un certain âge (il affirme avoir quarante ans) dévoués et attentionnés. Le nœud du problème pour la femme est de réussir à se marier, Clau’ a peur de rester vieille fille. Pensez, à trente ans, il faut être casée, et trouver un bon petit mari. Cette fois-ci, ce n’est pas la femme, mais l’homme qui est considéré comme un bien à acquérir.

Ce « film radiophonique » a été publié en 1997 en cassette aux éditions Le Masque-INA.
Arlette Thomas, comme d’autres acteurs de l’émission, a beaucoup œuvré dans le doublage. Elle fut la voix française notamment de Shirley MacLaine, Jean Simmons, Debbie Reynolds... mais aussi de Tweety le canari.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mar 14 Mai 2024, 17:24

Mystère, mystère

La victime n'a pas marché (11-01-1966)
de Alain Bernier et Roger Maridat
avec Pierre Delbon (Pascal Delavigne), Laurence Weber (Françoise Martineau), Edith Loria (Micheline Delavigne), Jeanne-Marie Gardien (la concierge), Jacques Morel (le commissaire)

L’intrigue sommaire nous balade sur différents chemins durant une heure, nous égarant en utilisant des trucs tellement simples que l’auditeur les flaire très vite, tout en acceptant, grâce à l’interprétation, au rythme imposé par la réalisation de Billard, de se faire avoir avec un certain plaisir.
Trois personnages : le mari, la femme, la cousine. Le mari tente de se débarrasser d’une ancienne conquête lors d’une soirée au restaurant. Elle est retrouvée morte assassinée, et l’enquête prouve que l’acte a eu lieu peu de temps après le repas. Nous nous laissons balader sans rechigner lorsque tous les indices, absolument tous, indiquent que le mari est l’assassin. Mais nous savons. Nous savons que ce serait trop simple, que si c’était vrai, ce serait fort décevant.
Les auteurs ont trouvé plus amusant de nous laisser partir sur les pistes de deux autres coupables possible, la cousine et la femme.
Donc, aux premières déductions du commissaire Morel, suivent les secondes, avant que la vérité n’éclate suite au banales paroles échappées de la bouche du coupable, avouant un fait qu’il n’était pas censé connaître. Le coup classique.
De l’ensemble de l’émission, on distinguera l’interrogatoire, dans la seconde demi-heure, durant lequel le mari est cuisiné avec vigueur. Pierre Delbon surjoue juste à point pour que l’on croit à une embrouille de sa part, il hésite, sa mémoire patauge dans le vague.
Son personnage demeure, parce que les auteurs ne souhaitent pas que nous nous y retrouvions trop vite, ambigu, violent parfois envers ses proches.

Marché de dupes (01-11-1966)
de Alain Franck
avec Germaine Kerjean, Évelyn Séléna, Pierre Delbon, Jean Negroni, Jean-Pierre Lituac, Pierre Leproux

Pierre Delbon est toujours aussi bon dans les rôles de faux innocents, ou de faux coupables, qui sait. Il surjoue l’ambiguïté à la perfection. Idem pour Évelyn Séléna, toujours impeccable dans ces rôles à double face, d’un côté la jeune première amoureuse, de l’autre la manipulatrice diabolique. La pièce utilise utilise avec maestria les éléments habituels. Deux personnages interviennent brièvement, l’un au début, l’autre à la fin. Le premier est celui de la mère, propriétaire d’un manoir anglais, acariâtre, qui fait son numéro de sadisme avec son fils et sa belle-fille avant de bêtement décéder durant la nuit. La mère pensait envoyer son fils travailler dans une aciérie avec un pécule misérable. Aucune mesure dans l’ignominie, l’argent qui coule à flots, son fils n’y touchera qu’à peine.
Germaine Kerjean n’a donc qu’une scène, mais elle y va à fond. Après la mort du personnage exécrable dont tout le monde souhaitait la mort, un trio, le fils, sa femme, et un homme (Jean Négroni) qui s’occupait des affaires de la défunte et qui avait passé la nuit chez sa patronne, va s'entredéchirer, l’auteur exploitant toutes les pistes possibles et donc utilisant avec générosité les retournements de situation. Des trois, pas un n’est franc, et chacun veut tirer son épingle du jeu. Dans un premier temps, le coupable désigné par de nombreux indices, mais un peu trop quand même pour qu’il faille s’y fier, n’est autre que le fils. Mais le crime serait trop monstrueux. Donc, il reste plein d’autres possibilités, la plus improbable sera la bonne. Les personnages, durant ce long dialogue à trois, tour à tour s’allient entre eux, s’affrontent, ils sont sans aucun scrupule, prêts à tout pour sauver leur peau et empocher un maximum de l’héritage.
Tout naît pourtant d’un simple soupçon. Le médecin venu constater la mort de la mère pense que la mort naturelle est « probable ». La panique va monter progressivement dans notre trio, la palme revenant au personnage de Négroni, qui s’allie selon ses besoins avec la femme ou avec le mari.
Logique, le personnage qui n’apparaît qu’à la fin est l’inspecteur, venu pour ramasser le coupable, puisque le trio s’était bien échauffé, le coupable était mûr, il ne restait qu’à le cueillir lors d’un interrogatoire, triple bien entendu, mais court.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 19 Mai 2024, 14:11

Mystère, mystère

Mauvaise conduite (06-06-1972)
de Louis C. Thomas
avec Édith Loria, Jean Bolo, Jean Marie Fertey, Pierre Garin, Marcel Lestan et Claude Bertrand

Le jeu de mot du titre est facile à trouver. Un chauffard a renversé une voiture, blessant grièvement un homme, et tuant une femme.
Pour la suite, ce n’est pas tant le trio femme / mari / amant, qui une fois de plus est gagnant à l’arrivée, mais la manière qu’ont l’auteur et évidemment les acteurs de faire monter la tension qui capte l’attention. Une montée savamment dosée, accompagnée d’une musique des plus angoissantes, que, chose très rare, exceptionnelle, P. Billard choisi de monter durant une séquence dans une boucle qui tourne au dessous des dialogues, de courtes scènes de plus en plus inquiétantes, boucle qui se termine par un crescendo qui prend le dessus sur les acteurs. Un truc simple, mais qui marche terriblement.
Les enquêteurs interviennent brièvement à deux reprises, la seconde étant logiquement à la toute fin de l’histoire. Louis C. Thomas se réserve deux grands coups de théâtre, le premier placé judicieusement au début. Le mari une fois guéri veut se venger de la mort de sa femme et s’introduit, armé, chez un écrivain. Il va le tuer, lui ayant prouvé auparavant que le bolide incontrôlé était bien le sien. Autre moment plutôt rare dans « Mystère, mystère », la scène de meurtre est mise en onde, elle ne passe pas dans une ellipse.  Trois coups de feux tirés, et impossible dans un premier temps de connaître l’identité de la victime. Il y aura donc pour la police deux affaires en une : l’accident, et ce mort retrouvé dans un bois, car l’écrivain a eu l’idée de déplacer le corps.
Peu de personnages, une multitude de pistes, mais pas le temps de les envisager toutes, car les évènements inexplicables se succèdent, une ribambelle ininterrompue de lettres anonymes.
Le peu de personnages : l’écrivain, qui ne comprend pas comment sa voiture a pu se retrouver à cet endroit le soir de l’accident, sa femme,  de plus en plus inquiète, entre le meurtre commis par son mari, cette histoire de voiture qui ne se trouvait pas au bon endroit, et ces lettres anonymes qui n’arrêtent pas, et un autre écrivain, collaborateur du premier. Ce dernier apparaît peu dans la pièce, et il a l’air tellement bonhomme que c’en est tout de suite suspect.
La scène clé est un duo mari / femme durant lequel les révélations iront bon train, aucun des deux n’ayant été franc du collier durant cette sinistre affaire.
La fin est tellement abrupte, qu’elle laisse, pour l’un des deux meurtres, le coupable en totale liberté, le véritable ayant, quel dommage, mal orienté la police.

Mauvaise rencontre (12-04-1966)
de Jeannine Raylambert
avec Michel Bouquet, Rosy Varte, Claude Richard, Pierre Constant, Joëlle Janin, Gaëtan Jor, Marcel Lestan, Jean Bolo

Quatre personnages dans une voiture, un couple, et deux auto-stoppeurs. La pièce raconte l’histoire d’une rupture, et par-delà la longue scène dans la voiture, elle se perd dans une fin mélodramatique qui laisse l’auditeur sur sa faim, puisqu’une fois acquise l’idée de rupture, Jeannine Raylambert laisse miroiter un rebondissement supplémentaire, qui n’aura pas lieu, car elle préfère dramatiser plus encore la séparation du couple.
Au départ, un simple voyage en voiture vers Lyon, de nuit. Plusieurs détails heurtent tout de suite, laissant prévoir de dramatiques évènements : le mari ne devait pas être du voyage, sa presque future-ex femme avait prévu ce trajet toute seule, ensuite les deux auto-stoppeurs refusent de monter, avant d’apercevoir la femme, puis le mari apprend à une station que quatre prisonniers viennent de s’évader. Nous ne saurons rien de deux d’entre eux par la suite. La raison invoquée de leur présence sur cette route déserte, l’état de leurs vêtements, ainsi que la santé de l’un d’eux, blessé à une jambe, cela fait trop, et il ne reste qu’une chose à attendre, la révélation progressive de la vérité, et les liens entre la femme et les deux passagers.
Michel Bouquet passe facilement, avec son brio habituel, du mari comblé au mari dépité et sans pitié, Rosy Varte est à l’aise dans un type de rôle auquel elle est habituée, quant à la voix fragile et angoissée de Pierre Constant, elle endosse sans problème le costume du passager torturé et suicidaire.
La veine mélodramatique de Jeannine Raylambert n’est pas sa plus originale, celle de l’absurde et du comique pince sans-rire vaut bien mieux.
Par contre, la réalisation resserrée de Pierre Billard (40mn seulement, y a-t-il eu un solide dégraissage du texte ?), ainsi que l’interprétation, elles, ne faiblissent jamais.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 25 Mai 2024, 11:40

Mystère, mystère

Menace de mariage (04-10-1966)
de Charles Maître
avec Robert Murzeau, André Valmy, Jean-Marie Fertey, Nicole Vervil, Arlette Thomas, Marie-Jeanne Gardien

Charles Maître a inventé une intrigue très embrouillée pour tenter de nous perdre, mais à la fin, il apparaît que seul le coupable s’est vraiment emmêlé les pinceaux. Lorsque le commissaire Valmy, encore lui, entre en scène, l’enquête promet d’être courte, et alors les tarabiscotages du coupable sont vite détarabiscotées. Bien des auteurs de « Mystère, mystère » ne font aucune différence entre les grades des enquêteurs, un coup c’est un inspecteur, un autre un commissaire, sans qu’une différence soit marquée dans leurs fonctions respectives.
Notre commissaire a bien de la chance, car derrière cette mort suspecte s’en cache une autre, un crime commis avant le début de l’histoire. Une veuve noire a été confondue par un industriel ruiné qui menace de la dénoncer, à moins qu’elle accepte de se marier avec lui. Pourquoi ? La veuve est à la tête d’une fortune qui a de quoi attirer les chercheurs d’or. Aucun des personnages n’est innocent là-dedans, jusqu’à la jeune femme, frère du maître-chanteur, qui va aider son mari à maquiller le second mort, atteint d’une balle tirée par son propre pistolet. C’est le maître-chanteur qui la prend, et l’auteur ne se donne pas la peine d’expliquer pourquoi personne dans la maison n’a entendu le coup partir. L’explication donnée à la fin : les deux femmes dormaient, elles n’ont pas entendu, point final posez pas de questions.
Le mari de la sœur, qui lui aussi est bien dans le besoin, a une idée de génie, mais complètement stupide, comme le lui fera comprendre le commissaire Valmy. Comme il s’agit manifestement d’un suicide, l’assurance va passer sous le nez de l’héritière, la sœur, dont le mari voudrait bien voir la couleur. Donc, icelui pense maquiller le suicide en crime, afin de toucher la timbale. Mais qui dit crime dit enquête, et qui dit enquête dit Valmy, et à lui on ne la fait pas. Tout est démêlé en un temps record, le commissaire connaît tous les trucs des criminels les plus futés. Facile, il a vraiment affaire à des amateurs.
Tout est bien en place comme il faut, chaque acteur à l’aise dans le rôle qui lui est attribué, et qu’il retrouve d’un histoire à l’autre, à quelques variantes près. Jean-Marie Fertey en mari plein d’attention, Arlette Thomas en jeune femme un peu naïve, Marie-Jeanne Gardien en vieille servante dévouée, Robert Murzeau en gros salopiot, et Nicole Vervil en femme mûre sans scrupule.

Mort d'un gentleman (21-06-1966)
de Jean Marcillac
avec Évelyn Séléna, Louis Arbessier, Jean Topart, Pierre Marteville, Pierre Delbon, Claude Morin, Raoul Curet, Pierre Constant, Jane Marken, Pierre Moncorbier

Une histoire londonienne, et un nombre de personnage considérable. Le gentleman meurt au début, mais il a droit à une scène avant de se faire porter pâle. Son entourage ? Tous des suspects, et Jean Marcillac n’a pas fait les choses à moitié, ils ont tous une excellente raison, une attitude souvent fort suspecte, et des alibis tellement énormes qu’ils sentent l’alibi bidon à plein nez. Comme le gentleman était veuf, il reste la maîtresse, son neveu et sa filleule, ainsi que son majordome.
Le crime, maquillé en suicide, a été perpétré dans le bois de Byfleet, dans lequel Jean Marcillac a ajouté un beatnik (Pierre Constant) stéréotypé, histoire de compléter la liste des suspects.
Dans la voiture du mort, un appareil photo, et il est évident que le développement des clichés va mettre en lumière le coupable.
Si l’intrigue tient moyennement la route, les alibis étant aussi faiblards que les preuves désignant le coupable, l’interprétation, elle aussi vaut son pesant d’invraisemblance. Jane Marken, qui en 1966 avait un âge plus que respectable (71), et une voix le marquant plus que de raison, interprète la maîtresse du mort, teigneuse à souhait, âgée de seulement quarante-sept ans, et cela est souligné à deux reprises.
Comme notre pièce voit les choses en grand, l’enquêteur qui cette fois-ci à la voix, pour changer un peu, de Jean Topart, est affublé d’un assistant. La scène des interrogatoires, la plus longue, se déroule chez le feu gentleman, les suspects arrivant les uns après les autres.
Le dénouement, lui, s’installe dans les locaux de Scotland Yard, et l’entrevue qui vient en préambule entre l’inspecteur et l’un des personnages, le seul, pur comme l’agneau, n’ayant pas vraiment de mobile, désigne, nous ne savons pas encore comment, le coupable avant même le coup de théâtre attendu.
Dans sa structure, et sans doute est-ce dû à l’ambiance anglaise 100 % française (les voix ne trompent pas, seuls les noms propres utilisés essaient de nous leurrer) l’intrigue s’inspire d’Agatha Christie, avec ce meurtre d’un personnage tout à fait sympathique et apprécié de tous, ces multiples suspects, ces interrogatoires à la chaîne, ces recherches d’alibis, ainsi que le dénouement théâtral, avec la convocation de tous les personnages dans le bureau de l’enquêteur. Jean Marcillac n’ayant aucun sens des mesures, ce qui dans un sens est amusant, il n’a pas cru bon d’être aussi rigoureux dans son écriture que son inspiratrice.
Pierre Billard utilise le même leitmotiv musical pour plusieurs émissions. Celui-ci, une sorte de boléro ambiance western, sera, au moins, repris dans « Menace de mariage » (04-10-66).

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Lun 27 Mai 2024, 18:29

Mystère, mystère

Pas de sursis pour Gracieux (07-06-1966)
de Philippe Derrez
avec André Valmy, Jean-Marie Fertey, Pierre Marteville, Jean Bolo, André Var, Jean-Pierre Lituac, Bernard Musson, Jacqueline Rivière

Philippe Derrez (1927-2015) fut un auteur, adaptateur, et acteur radiophoniquement très actif. Il écrivit quelques pièces pour Pierre Billard, mais aussi pour « L’heure du mystère » de Germaine Beaumont. On lui doit, en 1983, l’adaptation du « Mystère de la chambre jaune » de Gaston Leroux pour France Culture. Il y interprète en sus le rôle de Sainclair.  
Le commissaire Gracieux fut le héros de quelques enquêtes signées du même auteur. Il fut incarné par trois acteurs différents dans les « Maîtres du mystère » :
Pierre Moncorbier dans « Florence perd et passe » (18-06-1963),  André Valmy  dans « Gracieux joue les favoris » (15-01-1964), Henri Crémieux dans « Gracieux prend la pile » (17-06-1964), et retour de Valmy dans « Des fleurs pour Christophe » (21-10-1964).

Le voici en 1966 avec la voix d’André Valmy, toujours aussi tonitruante, l’entièreté de l’émission reposant sur la qualité de son interprétation.
Cette fois-ci la différence est marquée entre inspecteurs et commissaires. Les premiers obéissent au quart de tour aux ordres du commissaire Valmy.
L’ inspecteur Prompt (l’orthographe est incertaine mais elle ne va pas trop mal avec le personnage*) à ses côtés, il remue toute une enquête dont on comprend qu’elle est terminée dès la première scène. Nous sommes dans la cellule d’un condamné à mort (J-M Fertey, dont la voix seule nous convainc de son innocence), qui clame sa culpabilité de manière un brin artificielle. C’est louche. Philippe Derrez construit son intrigue en utilisant le toujours efficace compte à rebours qui va nous amener à l’exécution, imminente, du condamné.
Le commissaire Gracieux, qui porte, contrairement aux apparences, bien son nom, a vingt-quatre heures pour reprendre l’enquête depuis le début et sauver l’auto-proclamé coupable.
Dans la reprise des comptes rendus des interrogatoires, relus en diagonale par les enquêteurs, le commissaire passe vite sur les faits pour se concentrer sur l'état d'esprit des protagonistes. Toutefois, c’est le rapport d’autopsie de la victime qui va être décisif. Le dernier repas pris va se révéler bien utile.
L’intrigue criminelle présente un intérêt très secondaire. Cette histoire d’associés qui s’entendent moyennement, le meurtre de l’un d’entre eux apparaissant très vite lié au comportement de sa femme, passe après la manière dont Gracieux mène la barque, jonglant avec dynamisme, en un temps record, avec le garde des Sceaux, ses supérieurs, ses inspecteurs, les différents témoins, l’accusé, la presse…

* L'INAthèque indique Bron.

Sans haine et sans crainte (15-03-1966)
de Alain Franck
avec Geneviève Morel, Philippe Dumat, Jean-Pierre Lituac, Pierre Leproux, Marie-Jeanne Gardien, Jean-Jacques Steen, André Var, Jacques Morel

Petit changement de décor avec une histoire se déroulant dans le milieu ouvrier. Un employé d’une cimenterie, dans une petite ville du nord, est retrouvé mort un samedi soir. Le mélodrame ouvrier se met en place : propriétaire intraitable, inhumain, au passé trouble, alcoolisme et violences conjugales. La petite ballade mélancolique à base d’accordéon finit de planter l’ambiance.
L’inspecteur Morel, venu dans le patelin pour éclaircir cette énigme, s’installe dans le bureau de police local, ainsi que chez quelques habitants. La scène dans le bistrot est une scène de grande ampleur, dans le sens où Pierre Billard a dû placer quelques figurants pour incarner les quelques clients qui papotent.  Les disques d’ambiance, équivalents des « transparents » dans le cinéma de l’époque, le réalisateur les a laissé tomber depuis « Faits divers ».
La morne vie d’une ville ouvrière, dans laquelle tout tourne autour de la cimenterie, est au centre de l’histoire. Le crime, lui, semble prétexte à rencontrer quelques personnages et retracer la vie quotidienne de quelques habitants, dans laquelle va fouiller notre inspecteur Morel, plus Maigret que nature. Sans lui, la pièce serait on ne peut plus sinistre, car l’intrigue aligne des éléments déjà mille fois utilisés pour décrire le milieu ouvrier. Le propriétaire saignant ses locataires, allant jusqu’à profiter de la mort de l’un d’entre eux pour tenter de récupérer deux fois le loyer des six derniers mois, est un personnage de mélodrame du XIXème siècle. Les autres aussi d’ailleurs. Heureusement que les interprètes réussissent à apporter quelques nuances à des personnages stéréotypés. Ils jouent souvent avec retenue et évitent les effets grandiloquents. Un effet de la direction d’acteur simple mais efficace du réalisateur/producteur de l’émission.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard -

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