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''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard    Page 7 sur 8

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Curly 


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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Ven 05 Juil 2024, 09:14

Mystère, mystère

Mensonge pour une nuit blanche (17-12-1968)
de Charles Maître
pris de son Joseph Frémiaux [?]
collaboration technique Edouard Campras
bruitages Louis Matabon
avec Jacques Sapin (le juge Verdier), Pierre Leproux ("le commissaire Julien"), Pierre Delbon (Robert Moreau), Florence Blot (Sophie Delachaume)

La scène centrale, de plus de vingt minutes, ne se passe pas durant la nuit blanche du titre, mais juste avant. Deux personnages, Moreau/Delbon et un faux commissaire, qui tente de cuisiner son suspect afin de la transformer en coupable.
Le crime : un bon vieil empoisonnement aux champignons, et une victime dont l'héritage est convoitée par un neveu qui en avait bien besoin. Interprété par Pierre Delbon, disons tout de suite qu'il est présumé coupable. Faute de neveu, le pactole devait aller aux bonnes œuvres de Melle Delachaume, une sympathique pipelette qui s'occupe d'une association pour enfants nécessiteux.
Comme le meurtre a été classé dans la section "accident", la demoiselle revient à la charge chez le juge pour signaler fermement que l'héritage a été victime d'une erreur d'aiguillage.
Florence Blot est une actrice cantonnée dans ces rôles de pipelettes casse-pieds. Elle apparaît dans des rôles secondaires dans de nombreux films, où très souvent elle joue le même personnage. Elle le surjoue à la perfection.
La demoiselle Delachaume, qui n'a rien obtenu de probant de la police, va demander l'aide d'un ami à elle, dont on ne connaîtra la véritable identité qu'à la fin, lorsqu'il retourne chez le juge avec la Delachaume.
Cet ami va se présenter sous l'identité d'un commissaire et travailler le neveu afin de le faire avouer. Le neveu avait plein de bonnes raisons de faire disparaître sa tante, Charles Maître avait chargé la mule : des mobiles à la pelle, et un seul suspect, le neveu. Les rebondissements inattendus sont-ils possibles dans ces conditions ?
Pour corser un peu le jeu, lorsque Delbon avoue finalement son crime, impossible de savoir s'il avoue juste pour protéger sa femme.
Heureusement que le faux commissaire est un vrai pro.

                                        ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 7 Oper2686
                                 Florence Blot et Claude Gensac dans "Jo", réal. Jean Girault, 1971, un "Louis de Funès" très réussi

Et le loup sortit du bois (14-01-1969)
de Jean Chatenet
prose de son Françoise Didier
collaboration technique Jacqueline Rieu
bruitages Louis Matabon
avec André Valmy, Philippe Dumat, Jacques Sapin, Marc Lamole, Micheline Francey, Nicole Vervil

Le commissaire Valmy est de retour, et il est toujours aussi furibard. Comme nous suivons pas à pas notre enquêteur, affublé de son inspecteur Lancelot (Philippe Dumat), peu importe l'enquête, pourtant très chargée. André Valmy porte la pièce sur ses solides épaules. L'enquête pèse le poids d'une plume lorsque Valmy s'en mèle.
Pourtant... un quadruple meurtre, une tentative d'empoisonnement, de la fraude fiscale, les trafics immobiliers de la SOPROJI, une société ayant des ramifications en Iran et en Espagne (les fameux "chateaux" !). Un rien. Les quatre morts du début, "le carnage de Marne-la-Coquette", n'ayant rien à voir a priori entre eux, il faut absolument que le commissaire fasse tomber cet a priori, relier le tout en un point unique afin d'en trouver l'unique coupable.
Cela fait beaucoup de protagonistes, dont certains n'apparaissent que le temps d'une scène. La réduction des personnages dans "Mystère, mystère" n'était pas systématique. Ici, l'histoire, qu'il faut quand même suivre, s'efface devant l'énergie d'André Valmy, qui écrase toutes les complications et embrouillaminis de l'intrigue, inutilement compliquée. Elle se suit néanmoins, avant de s'oublier très vite.
Tout mène vers cette scène, qui justifie le titre, durant laquelle le commissaire, après avoir jeté un appât à l'assassin en diffusant une information bidon dans les journaux, guette le moment où l'ignoble individu, qui ne sait pas qu'il est déjà cuit, va tenter de tuer une pauvre veuve.

L'araignée (28-01-1969)
de Jean Marcillac
chef opérateur du son Madeleine Sola
collaboration technique Raymond Anna [?]
bruitages Louis Amiel
avec Pierre Constant (Jimmy Hampton), Claude Richard (Maxime Carnec), Bernadette Lange (Florence Autrive), Arlette Thomas (Evelyne Carnec)

Quarante cinq minutes seulement pour ctte histoire menée à la diable par ce diable de Jean Marcillac. Saint Trop', la jet set, une romancière, un musicien, un gros entrepreneur. Le musicien, Jimmy Hampton [?]  vient de finir la musique du dernier Fellini, et s'éclate dans des soirées costumées où il croise Luchino Visconti déguisé en femme.
L'histoire commence par un coup de fil. Un classique de "Mystère, mystère" : bruit de porte, sonnerie de téléphone, décrochage du combiné. Avant même qu'un acteur n'ouvre la bouche, l'auditeur sait qu'il est dans une réalisation de Pierre Billard. Au bout du fil, un interlocuteur que l'on n'entend pas. Malin, Jean Marcillac rend audible le bout du fil quand cela l'arrange. À la fin, lorsque le mari, Maxime, est au bout, sa voix est parfaitement audible.
La romancière, Florence Autrive, est l'araignée, une séductrice qui tisse sa toile avant de piéger son homme.
Marcillac tisse aussi sa toile, celle qui va lui permettre d'y mettre au centre son idée, la seule l'unique, celle vers laquelle tend toute sa pièce, un jeu de mot terrifiant, qu'il a mis finalement beaucoup de temps à mettre sur les rails. Tout ce tarabiscotage pour un point-virgule placé dans une phrase toute simple : "Ne reviens pas trop tard". Une première dans "Mystère, mystère", la mort provoquée par signe de ponctuation.
"Ne reviens pas ; trop tard", ou le point-virgule qui tue...

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 06 Juil 2024, 18:34

Mystère, mystère

Les yeux dans les yeux (11-02-1969)
de Charles Maître
prise de son Joseph Frémiaux [?]
collaboration technique Annie Lebègue
bruitages Louis Matabon
avec Jean-Marie Fertey (Jacques Mougin), Henri Crémieux (commissaire Dubois), Philippe Dumat (Georges Lucas), Jacques Sapin (inspecteur Verdier), Bernadette Lange (Denise Doyer), Maria Tamar (Solange Lucas)

Les yeux dans les yeux, Solange affirme à son mari qu'elle veut le quitter. Pas une nouveauté dans "Mystère, mystère". Charles Maître se doit de rendre cette situation un peu plus peu exaltante.
D'abord, le mari est un jaloux maladif, il porte sur lui un pistolet dument chargé. Ensuite, il tue sa femme à bout portant, mais le temps d'aller voir sa sœur pour mettre ses affaires en ordre avant de se rendre à la police, le corps a disparu. Et pour finir, l'amant qu'elle devait rejoindre n'est en réalité plus son amant.
Aller voir la police dans ces conditions serait ridicule. Et pourtant le mari y va.
Le calme olympien avec lequel il s'exprime tranche avec la situation, et ne colle pas avec sa violente jalousie.
L'auteur fait intervenir les enquêteurs pour éplucher toutes les hypothèses possibles, épuiser le potentiel dramatique de cette situation, avant de s'engouffrer dans le bon chemin, qui n'est comme souvent pas celui qui paraissait le plus évident.
Un numéro routinier donc, avec, cela faisait longtemps, Henri Crémieux en commissaire, et Jean-Marie Fertey en amant/ami capable de rendre les services les plus tordus à celles qu'il a aimées.
La choix de cet acteur indique tout de suite que la probabilité de sa culpabilité, bien qu'envisagée par les enquêteurs, est à peu près nulle.
Le calme du mari, censé être furibard et désespéré, crime passionnel oblige, est une incohérence que l'auteur justifie mal par la maniaquerie d'un personnage rassuré dans un premier temps que les choses soient définitivement réglées : il sait que morte, sa femme ne peut plus aller nulle part, que ses affaires sont en ordre, et qu'il peut aller tranquillement purger sa peine.
Une idée aussi, celle d'ouvrir le bal par un coup de feu qui n'a peut-être tué personne avant de le fermer par trois autres, qui eux seront sans ambigüité.

Instructions posthumes (25-03-1969)
de Charles Maître
prise de son Roger Jeanbrun [?]
collaboration technique Michel Etier [?]
bruitages Claude Knosp

avec Henri Poirier, Jean-Marie Fertey, André Var, Claude Bertrand, Bernadette Lange, Marie-Jeanne Gardien
Les histoires d'héritage, ce n'est pas ce qui manque dans "Mystère, mystère". En voilà une nouvelle. Charles Maître prend le temps de mettre en place sa situation, la situation se compliquant par à-coups durant une bonne moitié de la pièce : arrivée chez le frère, découverte de la maladie et mort prochaine de celui-ci, ébauche d'une intrigue adultérine, puis, enfin, une fois ceci posé, la petite cerise sur le gâteau, empoisonnement et complot.
Après, peu de surprise, car une fois que le frère a découvert le pot aux roses, il ne se passe plus rien, alors qu'il reste encore largement le temps d'ajouter quelques rebondissements supplémentaires.
Pourtant, il y avait de quoi faire. Ce malade, directeur d'une usine quelconque (le directeur d’usine, un personnage récurent de l'émission), est-il empoisonné par sa femme, qui souhaiterait partir avec son amant ? Comme l'amant est interprété par Jean-Marie Fertey le gentleman, est-ce bien raisonnable de partir sur cette piste ?
D'autre part, notre directeur fait partie des personnages peu sympathiques dont la mort ne provoquerait, même chez ses proches, qu'une émotions très modérée. Donc, sa femme n'est-elle pas en train de l'empoisonner ?
Le malade en est conscient, il a un gros doute, et Charles Maître sembler peiner un peu pour justifier son refus de toute hospitalisation. À moins que le malade ne souhaite mourir.
Ce moment où toutes les pistes sont ouvertes, où chacun est potentiellement coupable, où tous les complots sont possibles, bien qu'étant le plus fort de la pièce, se referme trop vite, et la manière, bâclée par l'auteur, qu'ont les victimes du complot diabolique de se sortir du pétrin, fait dégonfler le suspense comme un soufflé.
Les deux frères ont la voix grave et rugueuse de Henri Poirier et Claude Bertrand, tandis que Marie-Jeanne Gardien, habituées aux servantes dévouées, sort son plus bel accent paysan.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Lun 08 Juil 2024, 07:53

Mystère, mystère

La grande manœuvre (08-04-1969)
de Alain Bernier et Roger Maridat
avec Arlette Thomas, Jean Bolo, Jacqueline Rivière, Philippe Dumat, Maria Tamar, Henri Poirier

Un représentant de commerce, métier ô combien propice aux aventures, surtout amoureuses, loue une maison de vacances. Sa femme va y séjourner seule, car le mari a la bougeotte. La femme reçoit des visites, sa belle-sœur, ce qui n'a rien de surprenant, puis une autre femme, qui se présente avec le même nom qu'elle, puisqu'elle se considère comme presque mariée avec le représentant.
La première partie, qui cumule les situations étranges, les informations contradictoires, est de loin la plus réussie. Cette accumulation d'évènements aboutit à deux morts près d'un étang.
Puis il faut dénouer le sac, et les auteurs sont à la peine. Les scènes explicatives se suivent, mais anéantissent tout. Des conversations durant lesquelles, petit à petit, la vérité sort au grand jour, une vérité complètement tordue, mais qui sur le plan suspense ne présente à peu près aucun intérêt. Les auteurs doivent expliquer les contradictions et autres bizarreries du début, et pour ce faire, délaissent les rebondissements.
À la manœuvre, le commissaire Terrane, qui revient dans plusieurs pièces Bernier/ Maridat. Un personnage récurrent sans aucun caractère. Il pourrait être interprété par n'importe qui, cela ne changerait rien à l'affaire.
Le micmac entre Madame Duvillard, son mari, sa belle-sœur, et la mystérieuse Jeannine Losère est à même de décourager les auditeurs les plus attentifs.
Pierre Billard, à son habitude, coupe court à toute discussion au moment où le commissaire désigne le coupable.

Dix-huit mois à l'ombre (22-04-1969)
de Jean Marcillac
avec André Valmy (Pascal), Pierre Constant (Marc), Jacques Sapin (le Comte), Laurence Weber (Liliane Segur), Arlette Thomas (Agnès)

Marcillac a, comme à son habitude, enrichi son fratricide avec des éléments hétéroclites : une campagne électorale, un Comte qui fait chanter les candidats, une esthéticienne, une erreur judiciaire, et une maîtresse qui fait languir notre héros.
Bonne idée d'enrober cette histoire d'autant d'éléments, qui tous sont finalement reliés à la vengeance de l'ignoble frère.
Pour cette fois, André Valmy n'est pas le policier de service. De policier, il n'y en a guère. Il joue un chef d'entreprise qui repart faire sa vie dans le sud de la France, près de Bordeaux semble-t-il. Il existait bien, jusqu'en 2016, avant sa fusion avec Quignan, une commune nommée Brenac, plus proche de Perpignan que de Bordeaux.
Le chef d'entreprise, fortuné et près de se faire élire au Conseil Général, traine deux boulets : dix-huit mois de prison pour un crime qu'il n'a pas commis, et un frère, aussi médiocre que lui est brillant.
Le rôle de ce second boulet échoit en toute logique à Pierre Constant, spécialiste des rôles troubles & salauds en tous genres.
Après un prologue qui posait les bases de la vengeance à venir, six ans s'écoulent dans une ellipse que Pierre Billard marque par une simple virgule musicale. Elle ne se démarque pas des autres changements de séquences. Une petite remarque dans le dialogue aide à comprendre que cette pause musicale laissait passer plusieurs années.
Durant toutes ces années, Marc attend l'occasion de se venger. Mais pourquoi cette vengeance ? Marcillac ne s'est pas trop cassé la tête. Il est jaloux de la réussite de son frère, alors que lui n'est rien. Engagé comme secrétaire de son frère, il va attendre l'occasion, qui va se présenter six ans plus tard. Un maître-chanteur propose ses services à l'honnête Pascal, il peut, moyennant une somme modique, accrocher des casseroles sur le dos de l'autre candidat aux élections.
Mais suite au refus de cette aide peu orthodoxe, mais ô combien efficace, une première lettre anonyme arrive sur la table, et les dix-huit mois à l'ombre ressortent en pleine lumière.
La magouille du frère constitue le meilleur de la pièce. Par contre, et l'on reconnaît ici la marque de l'auteur, toutes les invraisemblances sont acceptées pour offrir un retournement de situation inattendu.
Le chagrin d'amour provoqué par une maîtresse un peu froide n'est pas crédible, car excessif.
Tout cela se termine par une scène d'empoisonnement. L'attitude de Pascal / Valmy surprend par son incohérence autant l'auditeur que le frère Constant.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Ven 12 Juil 2024, 10:29

Mystère, mystère

N'avouez jamais (20-05-1969)
de Louis Rognoni
avec André Valmy, Jean-Marie Fertey, Jacques Sapin, Jean-Pierre Lituac, Jacqueline Rivière, Dominique Page, Marcel Lestan

Variations autour du schéma suivant : l'accusé qui moisit dans sa cellule est visité par un homme providentiel qui va reprendre l'enquête du début. Bien sûr, l'accusé est innocent, il ne veut rien dire pour une raison qui reste à découvrir.
Autre occurrence de ce schéma dans "Pas de sursis pour Gracieux" de Philippe Derrez (07-06-1966). Jean-Marie Fertey incarnait l'accusé, André Valmy l'enquêteur. Dans "N'avouez jamais", c'est l'inverse.
Valmy refuse de se confier à un avocat qui va finalement devenir le sien, alors qu'il ne lui confie rien d'autre qu'une mission périlleuse : lui ramener du whisky.
L'histoire policière évolue par la bande, coupée par les conversations entre l'avocat, encore un Maître Robineau, évidemment, et l'accusé, un chef d'entreprise irréprochable, M. Martinet.
L'intrigue n'est pas très élaborée, l'auteur se penche plutôt sur cette histoire d'amitié naissante entre un accusé et son avocat autour de bouteilles de whisky. La raison de son innocence est évacuée en douce à la fin.
André Valmy joue avec plus de retenue que d'habitude. Pas d'éclat de voix pour ce personnage renfermé, refusant de confier le moindre petit élément sur l'affaire qui l'a conduit dans la cellule.
Le seul problème, et il est de taille, reste que cette amitié, centrale dans la pièce, est aussi peu crédible que le crime de cette femme dont la nymphomanie était connue de tous, sauf du mari.
Si l'on excepte ce qui concerne le passage en douce du whisky dans la prison, les deux hommes n'ont rien à se dire, et à la fin, lorsque tous deux se retrouvent en dehors du milieu judiciaire, ils ne sont guère plus avancés. Pour une histoire d'amitié, c'est vraiment très court, et surtout, cela ne justifie pas la place qui lui est laissée dans la pièce.

Le guêpier (03-06-1969)
de Louis C. Thomas
prise de son Robert Pirel
collaboration technique Robert Cerpiala [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Jean-Claude Michel, Arlette Thomas, Pierre Marteville, Louis Arbessier

Louis C. Thomas (1921-2003) est passé en 1969 de "L'heure du mystère" à "Mystère, mystère". Une perte pour Germaine Beaumont, puisque cet auteur a l'avantage d'être prolifique, et capable de maintenir une inspiration de qualité égale, contrairement à Marcillac ou Maître par exemple.
Cet instituteur, suite à un accident de moto (1947) qui lui fera perdre la vue, s'orientera vers l'écriture de récits policiers.
Dans "Le guêpier", il reprend cet autre schéma récurrent dans le récit de genre : l'arrivée dans une maison accueillante, mais seulement en apparence. Le propriétaire reste souriant, tandis qu'une jeune femme habitant avec lui est terrifiée et profite de l'arrivée d'un inconnu pour appeler à l'aide.
Formule que l'on retrouve part exemple dans "Le raccourci" de Jean Gastaut, diffusé le 22 février de la même année.
Le métier de représentant de commerce était alors une source inépuisable. Un personnage seul sillonnant le pays en voiture pouvait aller à la rencontre des phénomènes les plus étranges.
Louis C. Thomas s'intéresse plus au guêpier en lui-même qu'à la manière dont le représentant (J-C Michel) va s'en dépêtrer. Cette dernière partie est volontairement expédiée, grâce au truc du témoignage qui s'emmêle les pinceau, et qui soudain oriente l'enquête des policiers vers le véritable coupable. L'enquête ne présentant plus aucun intérêt pour nous, qui connaissons déjà tout de l'histoire parce que l'auteur adoptait, à l'exception de la partie dans le commissariat, le point de vue du représentant, l'interrogatoire est coupé par le générique de fin.
Toute la mise en place du guêpier est habile, L.C. Thomas a la bonne idée d'en faire l'essentiel de sa pièce.
Notre représentant, suite à une panne de voiture, est invité dans une maison isolée, ce qui donne, assez rare dans l'émission, une scène d'extérieur avec bruit de moteur. Mais à part cela, rien ne distingue, pour ce qui concerne la prise de son, une scène d'extérieur d'une scène d'intérieur. Pierre Billard évite les effets de ce type, il préfère une bonne prise de son studio à un traficotage maladroit auquel il se livrait du temps de "Faits divers", ajoutant des bandes-sons de films ou des disques de bruitages qui détruisaient quelque peu la crédibilité de la scène. Les dialogues et le jeu des acteurs suffisent, et il est vrai que l'auditeur ne fait pas attention à cette absence de réalisme, du fait de l'excellente prise de son.
Autre moment rare, une scène de meurtre. Souvent, elle passe dans une ellipse, ou alors elle a eu lieu avant le moment où l'auteur décide de commencer son histoire.
Dans cette maison,"La Charmeraie", habitent deux personnes seulement. Notre hôte, et sa nièce, cette dernière étant le personnage dissonant qui va plonger le représentant dans l'inquiétude, puis la peur. Arlette Thomas interprète la nièce, et elle en fait suffisamment trop pour que cela soit parfait. Elle va donner une version de son histoire différente de celle de son oncle, à tel point que d'abord J-C Michel ne saura pas qui croire, avant de plonger tête baissée dans le version de la nièce.
Le piège est-il tendu par l'oncle, ou la nièce ?
Et une fois cette question réglée, qu'a prévu le coupable pour achever sa victime ?
L'oncle explique qu'il a recueilli sa nièce après la mort tragique des parents, alors que la jeune femme confie qu'elle est mariée avec le fils de cet oncle, que celui-ci vient de revenir du service militaire pour la récupérer, qu'il vient d'apprendre que le soi-disant oncle avait pris sa femme comme maîtresse, que suite à une bagarre entre les deux hommes, le mari avait été tué. Un embrouillamini pas possible.
Pourtant, ni le représentant, ni peut-être l'auteur, se sont rendus compte qu'à 19 ans, la pauvre fille ne pouvait être mariée, puisqu'en 1969, l'âge légal pour passer à la mairie est de 21 ans...

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Sam 13 Juil 2024, 22:46

Ces précieuses recensions sont lues et appréciées, avant et après écoute de chaque épisode, et j'en profite pour signaler l'existence d'une page Facebook, repérée par hasard, et consacrée aux Maîtres du Mystères . Un livre est en préparation sur le sujet, recensant les témoignages d'auditeurs, avec formulaire à remplir et soumettre, disponible sur cette même page (fin de la parenthèse promotionnelle).

Curly 

Curly

66
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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 14 Juil 2024, 08:49

Mystère, mystère

Présumé coupable (17-06-1969)
de Jeannine Raylambert
prise de son François Solère [?]
collaboration technique Jean-Claude Barret [?]
bruitages Claude Knosp
avec Pierre Delbon, Henri Poirier, Bernadette Lange, Jacques Sapin

Une pièce sérieuse de Jeannine Raylambert qui, malgré la qualité des interprètes, vire vite au naufrage. Toute la dernière partie est une catastrophe. Les explications s'enchaînent sans aucun rythme, les acteurs ne semblent même plus y croire.
Quelqu'un sonne à la porte de Jacqueline à une heure indue. C'est un  homme qu'elle semble connaître et qui lui annonce le suicide de sa femme. Au lieu d'alerter la police, il est venu directement chez elle. Nous comprendrons bien vite la nature de leur relation. Le frère de Jacqueline est policier, une chance pour notre homme, François Seguin, alias Pierre Delbon, acteur spécialisé dans les personnages louches.
Placer un policier dans la famille est toujours un gain de temps pour les auteurs.
La femme de François s'est-elle suicidée ? L'a-t-on aidée ?
L'arrivée du mari de Jacqueline complique lentement la situation, Jeannine Raylambert a pris soin de ménager des rencontres intimistes : mari/femme, mari/ex-amant de sa femme, Jacqueline / François... sans que cela fasse avancer significativement l'intrigue. Le mari aurait pu être mieux exploité, surtout lorsqu'il est lui-même suspecté d'avoir combiné toute cette affaire.
Cette histoire de jalousie à laquelle personne ne semble croire aurait peut-être due être traitée de manière humoristique, car rien ne tient bien la route.
Le titre, "Présumé coupable", est aussi banal que le contenu.
Jeannine Raylambert confirme l'inégalité de son inspiration. Elle est capable du pire comme du meilleur,. Là est le vrai "mystère, mystère".

Celle qu'on n'attendait plus (30-09-1969)
de Louis C. Thomas
avec Bernadette Lange (Agnès Lemontois), Pierre Delbon (Marc Lemontois), Jean Bolo (l'inconnu dans la maison)
chef opérateur du son Madeleine Sola
collaboration technique André Dumont [?]
bruitages Jean-Jacques Noël

Trois acteurs, mais quatre personnages, l'absente, celle du titre, étant le centre d'attention des trois autres.
L'histoire est simple, mais nous ne nous en rendrons compte qu'à la fin. Louis C. Thomas a su la brouiller pour la rendre mystérieuse. C'est une des bonnes recettes du récit policier.
Un couple se dispute. Rapidement, comme il n'y a comme toujours aucun narrateur, seulement des indices laissés dans le dialogue, il se transforme en une sœur et un frère.
Ce dernier est traumatisé. Sa femme vient de partir sans laisser d'adresse, et la responsable semble être la sœur, qui vit sous le même toit et qui la déteste ouvertement.
Après ce duo qui plante une ambiance trouble, arrive un visiteur, par la porte-fenêtre, et qui connaît toute la situation. Il va proposer au frère de faire réapparaître sa femme, moyennant finance. Puis, dans un second temps il va proposer deux autres options à la sœur, pour un prix bien plus élevé.
Il entre et sort de la maison quand il veut, mais nous ne connaîtrons son identité que dans les dernières secondes.
Ce frère a l'esprit dérangé (l'acteur sait très bien y faire) et l'idée de faire vivre cette histoire à une personne nerveusement fragile enrichit considérablement la pièce. La sœur complote pour le faire interner, et peut-être que cette histoire de disparition est en lien avec la santé mentale du frère.
Les manœuvres de l'inconnu sont suffisamment rendues incompréhensibles aux auditeurs afin d’entretenir la tension. Après un appel de la sœur, il la rappelle, alors que le frère voit très bien le numéro composé. Est-ce un médecin, un policier, un maître-chanteur, l'amant de madame ?
Tout reste ouvert, tout est possible. L'explication choisie par l'auteur arrive naturellement, elle est brève, peu alambiquée, ce qui permet un  plus ample développement des pièges tendus au frère, mais aussi à la sœur, et à l'auditeur.
Petit clin d’œil, l'hôtel de Budapest, d'où appelle la sœur, est situé rue Fred Kassak, dont le faux nom de famille (pseudonyme de Pierre Humblot) est à forte consonance hongroise.

Curly 

Curly

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Lun 15 Juil 2024, 09:20

Mystère, mystère

Connais-tu le pays ? (28-10-1969)
de Jean Marcillac
chef opérateur du son René Cambien
collaboration technique Guy Testa [?]
bruitages Claude Knosp
petit rappel : l'assistante de production pour toute la série est Suzanne David
avec Pierre Constant, Jacques Sapin, Philippe Derrez, Patrice Galbeau, Didier Haudepin, Maria Tamar, Jacqueline Rivière

Un point de départ intéressant, car Jean Marcillac ancre ses personnages dans un lieu bien défini, Rome, la Villa Médicis, puis l'île d'Ischia, alors que d'ordinaire la géographie des histoires demeure floue.
Les personnages sont des artistes, et l'auteur s'est documenté un minimum. Hélène Bertrand est lauréate du Prix de Rome, la cantate "La damoiselle élue" de Debussy, composée effectivement à la Villa Médicis, est citée.
L'histoire commence avec une rencontre entre musique écrite (la lauréate) et non écrite (un jeune accordéoniste doué). Ce jeune musicien, interprété par Didier Haudepin, qui porte alors ses dix neuf ans pour jouer un adolescent de quatorze (cela passe totalement inaperçu), est invité à la Villa par la compositrice afin d'apprendre les rudiments du solfège et de la composition. Mais Jean Marcillac ne va pas plus loin, n'exploite pas la partie musicale de son histoire, et c'est bien dommage. Organisé comme il est, il va bifurquer vers la peinture, puisque le frère de l'accordéoniste use de cet art. Il va séduire la jeune femme, excitant la jalousie de l'adolescent et de l'artiste peintre qui partage son atelier avec lui. Adieu l'intrigue musicale. La peinture sert dorénavant de toile de fond pour une intrigue sentimentale qui va être longue, sans rebondissement inattendu.
L'absence de rigueur, marque de fabrique de Marcillac, est parfois un atout, mais, fatalement, pas toujours.
Deux curiosités. D'abord l'abondance de personnages, chose rare dans "Mystère, mystère". Pierre Billard n'a pas freiné l'auteur dans cette débauche de moyens. Il aurait peut-être dû.
Et ensuite, le dénouement, qui amène un nouvel élément, médical celui-là. Le peintre (Pierre Constant, toujours dans des rôles de manipulateurs agités du bocal)  est atteint d'une maladie cardiaque non précisée. Il y a un mort à la fin et l'auditeur est laissé sans explication franche et claire. L'empoisonnement lié à un surdosage involontaire de médicament accuse un innocent. Ce dernier est embarqué par la police. Comment, alors qu'il était si proche de la victime, pouvait-il méconnaître à ce point le dosage ?
Le vrai coupable (crime passionnel classique) qui a, volontairement suppose-t-on, indiqué le mauvais dosage, reste libre comme l'air. Comme Pierre Billard envoie le générique au début de l'enquête, nous pouvons espérer une meilleure issue pour le prisonnier.
Autre hypothèse, c'est bien un malentendu, mais en ce cas, quelle fin pataude.

L'instruction (11-11-1969)
de Jeannine Raylambert
prise de son Basile de Nebrotsky [?]
collaboration technique Brigitte Véron [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Rosy Varte (Evelyne Desmarets), Claude Bertrand (Armand Desmarets), Robert Marcy (le juge d'instruction)

Jeannine Raylambert se lance dans la pièce minimaliste. Trois personnages, deux longues scènes entre le juge et le mari, puis le juge et la femme, et un final à trois.
Le couple a deux enfants, de jeunes adultes, l'un étant né d'un premier mariage de madame. L'histoire est simple, elle est qualifiée à deux reprises de "plus vieille histoire du monde" (Caïn/Abel). La rivalité entre frère entraîne la mort de l'un d'eux.
Les deux frères se disputaient une jeune femme qui avait sa préférence. Les dialogues brossent la relation conflictuelle entre les deux garçons, un conflit que les parents, par amour pour eux, ont minimisé, mais que le juge, et l'auditeur, peuvent lire en creux de leur discours.
Il semble que le tour soit fait, car Jeannine Raylambert ne va pas tellement plus loin, et tire une pièce d'une heure pleine. Il est rare que les "Mystère, mystère" soient aussi longs.
La réalisation joue beaucoup avec les silences. Le calme feutré qui règne tranche avec la violence de l'histoire.
Le juge est joué comme un curé qui recevrait dans un confessionnal.
Non seulement le rythme est lent, ce qui n'est pas une tare, mais aussi, et là c'est plus problématique, l'absence de tension dramatique enlève tout rythme à la pièce. Nous faisons du sur place.
Comble d'horreur, le juge apprend à la fin qu'il connaissait le coupable depuis le début, qu'il avait la preuve qui venait d'arriver toute fraiche avant la première scène.
À quoi servaient ces entretiens ? À confirmer ce qu'il pensait. C'est maigre.
Second comble d'horreur, la seconde scène, de plus de vingt minutes, entre le juge et la femme (Rosy Varte dans son numéro de femme en deuil) n'apporte rien à l'histoire. Quelques détails, certes, mais infimes. Aucune révélation, aucun rebondissement. La tension dramatique est à son plus bas.

Dans la gueule du loup (25-11-1969)
de Georges-Gabriel Bomier
prise de son Colette Roux [?]
collaboration technique Raymond Anna [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Bernadette Lange, Jacques Sapin, Lisette Lemaire, Jean-Marie Fertey, Jean-Pierre Lituac

Première pièce de cet auteur pour "Mystère, mystère". Auparavant, Georges-Gabriel Bomier (1898-1976) avait fait partie de l'équipe des "Maîtres" (à partir de décembre 61), puis de "L'heure du mystère". Comme Louis C. Thomas la même année, il est passé des mains de Germaine Beaumont à celles de Pierre Billard.
La pièce contient au moins deux surprises. Elle semble démarrer à deux, puis trois personnages, et au bout d'une demi-heure, alors qu'il reste moins de vingt minutes, un troisième arrive, puis encore deux, des policiers.
Ce déséquilibre est bienvenu, il empêche la pièce de s'enliser.
La première scène est de ménage. La femme, Mme Darbois, se plaint auprès de son mari de la vie morne, ennuyeuse, mais sans risque, qu'il lui fait vivre. Comme dans les fables, et cette histoire pourrait bien en être une, la plainte va être entendue par la destinée, qui va frapper immédiatement à leur porte. Le cousin de Monsieur revient après vingt ans d'absence. Mal reçu dans un premier temps, le ton change lorsqu'il apprend au couple qu'il est descendu dans un palace.
L'interprétation de Bernadette Lange est alors à son meilleur (bien qu'elle le soit à peu près tout le temps...), lorsqu'elle marque avec une grande vivacité le passage du dédain à l'obséquiosité : "Si vous restez à Paris pendant quelques jours nous vous attendons pour dîner un de ces soirs à la maison...ne vous faites pas prier ce sera sans façon, entre nous là en famille, après-demain ça vous va ? Non pourquoi pas plutôt demain ce sera encore mieux d'accord n'est-ce pas, et bien c'est entendu alors à demain, c'est oui ?"
Le cousin inspire confiance, car il a la voix de Jean-Marie Fertey. Mais le titre nous l'indique, ça sent fort le piège, et toute l'histoire extraordinaire du cousin Didier Vitrac sent fort l'escroquerie. La méfiance du couple Darbois est endormie, pas la nôtre.
Or, seconde surprise, il fallait aussi se méfier du titre. Tout le dénouement, la scène avec les deux policiers (le second est Jean-Jacques Noël certainement, puisqu'il ne dit presque rien) qui semble alambiquée au possible, pour mieux nous jeter dans une seconde inteprétation du titre. Le loup n'était pas là où on l'attendait.
"Mystère, mystère", en récupérant en 1969 coup sur coup L.C. Thomas et G.-G. Bomier, gagnait deux bons auteurs. Cette pièce est vive, ne manque pas d'humour, et les interprètes en profitent bien.


La vérité à bout portant (14-10-1969)
de Charles Maître
avec Louis Arbessier (André Ardouin, le patron), Maria Tamar (Simone Vergez), Bernadette Lange (Mme Ardouin), Jean-Claude Michel (Pierre Morin), Pierre Leproux, Jean-Jacques Steen (les policiers)

Version de 45mn pour cette émission donnée à 51mn. La fiche INAthèque indique bien les deux minutages, le premier indiquant vraisemblablement la durée du fichier conservé. La fin est donc définitivement perdue ?
En l'état, nous devons tenir compte de la fin tronquée, à un moment stratégique de l'histoire. Or... pas de chance, la fin, avant la coupe, est  d'une violence extrême, et un nouveau rebondissement se préparait.
L'histoire est marquée par son époque : une secrétaire d'une entreprise aux activités forts secrètes annonce à son patron, André Ardouin, qu'elle désire se marier, ce qui signifie, suivez bien la logique d'époque, qu'elle va s'arrêter de travailler pour s'occuper du ménage. L'heureux élu ne croule pas sous l'argent, puisqu'il est mécanicien.
Mais Simone Vergez, c'est le nom de notre héroïne, a de l'argent de côté, et en quantité suffisante. Le mystère demeure la nature des activités de son patron, et le travail que la secrétaire a dû fournir, qui doit rester absolument top secret. Le futur mari, Jean-Claude Michel évidemment, n'est pas très satisfait de ce manque d'explication, mais Charles Maître, plutôt que de s'attarder sur les états d'âme du futur mari, a préféré le rendre veuf avant le mariage. L'auteur n'y est pas allé de main morte, car après cette mort accidentelle, risquant de devenir criminel au passage d'une enquête policière bien menée, la femme du patron, personnage jusqu'alors secondaire, a décidé de passer au premier plan.
La partie enquête constitue une sorte d'intermède un brin laborieux entre deux coups de théâtre. Le mécanicien fait son enquête de son côté, alors que la police le soupçonne. Mais le patron et sa femme ? Mme Ardouin sort le grand jeu, donc un pistolet bien chargé, et justifie pleinement le titre de la pièce.
Charles Maître a eu peur d'aller trop loin, et offre la vie sauve à l'une des victimes du massacre, ainsi qu'à la morale de l'histoire, car normalement le coupable doit être puni, c'est la règle de "Mystère, mystère". Quelques entorses, mais vraiment très rares.
Mais la coupe franche tente de saboter cette morale. Elle arrive juste au moment où le survivant allait retourner la situation. Le coupable serait-il le responsable de la disparition du dénouement ? Enquête à suivre...

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Mer 31 Juil 2024, 09:04

Mystère, mystère

Qui veut la fin (09-12-1969)
de Louis C. Thomas
prise de son Robert Pirel
collaboration technique Guy Testa [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Maria Tamar, Pierre Trabaud, Jean-Marie Fertey, Henri Poirier, Lisette Lemaire, Pierre Marteville

Louis C. Thomas est un as. Déjà, il utilise Jean-Marie Fertey en contre-emploi, histoire de casser la routine. Dans cette pièce, tous les personnages sont pourris jusqu'à la moelle. Le pouvoir de séduction de Fertey n'est qu'un stratagème pour mieux tromper l'adversaire.
Louis C. Thomas est toujours un as, toujours, lorsqu'il crée des personnages qui tous se manipulent. Personne ne joue franc-jeu.
La scène d'ouverture promet une énième variation sur le couple adultérin avec une femme coincée auprès de son mari officiel, qui la tient en quelque sorte en otage. Lui seul sait que sa femme a commis un homicide, involontaire certes, mais un homicide quand même. Si elle le quitte, il risque de tout déballer à qui de droit.
La femme a avoué cette horreur à son amant, un violoniste, pour qu'il comprenne de quelle manière elle se retrouve coincée.
Mais ce n'est qu'un leurre. Louis C. Thomas, un as, montre que toute cette situation est fausse. Suite à cette scène inaugurale des plus classiques, qui promettait un "Mystère, mystère" sans réelle surprise, tout est démoli. Nous apprenons que la femme mentait depuis le début pour manipuler l'amant, et, encore plus fort (c'est un as), l'amant lui aussi jouait la comédie.
D'autres personnages arrivent, qui tous reproduisent ce schéma initial, à tel point que nous ne savons plus qui trompe qui.
Mais l'as a donné à son intrigue une assise solide. Deux industriels, le tonton et le neveu, se disputent un héritage, et chacun  veut éliminer l'autre. L'oncle (Henri Poirier) et le neveu (Fertey le séducteur) sont le point de départ et d'arrivée du cercle infernal dans lequel sont enfermés les autres personnages.
Tourner dans un cercle pourrait devenir monotone. Louis C. Thomas y a pensé, puisque c'est un as. Un élément va tomber en panne, vouloir sortir du rôle mécanique qui lui était imparti.
Pour boucler la pièce, afin de ne pas laisser les auditeurs sur leur faim, l'as se pique d'un double meurtre et d'une double arrestation.
Comme la rigueur est la qualité première des réalisations Billard, la coupe est franche au moment où la police toque pour arrêter les galopins.

Question de confiance (23-12-1969)
de Charles Maître
collaboration technique Monique Vignier [?]
prise de son Basile de Navrosky [?] [prononcé Nebrotsky habituellement]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Christian Alers (Eric Steiner), Bernadette Lange (Lydia Mirmon), Pierre Constant (le fils Steiner), Jacques Sapin (Benoit, le secrétaire de Steiner), Lyle Joyce (De Glass [?])

Une histoire de prise d'otage avec un imbroglio financier relativement complexe qui débouche sur son exact inverse, une simple romance.
Maître commence par la prise d'otage, originale au demeurant puisqu'une femme désespérée, qui pour une raison apparemment sentimentale n'a plus rien à perdre, kidnappe le fils d'un grand homme d'affaires. Un kidnapping facile, il a suffit à Lydia d'user de son pouvoir de séduction pour mettre le jeune homme en cage.
Ce jeune homme, Pierre Constant, n'apparaît qu'au début. Après la séduction, l'emprisonnement.
Plutôt que d'exploiter la relation père/fils, qui est à peine esquissée, Maître développe une intrigue policière. L'homme d'affaires, Christian Alers, peut tout faire, il a les connaissances, et l'argent. Pour embobiner la preneuse d'otage, qui vient se présenter à lui pour lui annoncer la couleur, il sort le grand jeu pour l'embobiner à son tour.
Mais à ce traficotage financier répond de manière inattendue, une intrigue amoureuse qui se noue entre la victime et le coupable. Que doit-on en penser ? L'un des deux bluffe peut-être, voire les deux. Charles Maître choisit la simplicité et nous laisse sur une fin ouverte, et quelque peu planplan, vers des jours radieux pour un couple peu assorti.
Que peut bien trouver Lydia / Bernadette Lange à ce pataud homme d'affaires au potentiel de séduction proche du néant mais au portefeuille bien rempli ? Mystère et remystère.

La peau d'Anne (06-01-1970)
de Fred Kassak
prise de son Sam Nisviski [?]
collaboration technique Michel Galou [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Rosy Varte (Solange Morel), Pierre Delbon (Jacques Sérignan), Jacques Morel (l'inspecteur Sommet), Édith Loria (Anne Duplésis)

Un triangle amoureux, et un policier en fin de parcours, l'inspecteur Sommet, nom que donne habituellement Kassak à l'enquêteur dans ses récits.
L'histoire se passe dans le milieu du cinéma, et Kassak fait sans doute référence à ce que lui-même est en train de vivre lorsqu'il plaisante le peu de subtilité des adaptations de romans au cinéma. Dans sa pièce, le roman  "Le musicien de la providence" devient "Le piston connaît la musique". Or... Kassak, en 1969 fait paraître « Bonne vie et meurtres » (d'après "Vocalises", une pièce écrite pour "Les maîtres" en 65), adaptée dans la foulée par Michel Audiard (sortie : 17 avril 70). Le titre : « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause ! »
Mais cette référence n'est que la toile de fond d'une intrigue diabolique. Fred Kassak possède la bonne recette : prendre une situation de récit criminel banale et la triturer pour que personne ne puisse deviner l'aboutissement de l'histoire.
La pièce commence de manière mécanique, mais une mécanique qui déjoue les attentes des auditeurs. Solange vient de se faire plaquer par son cher Bernard, metteur en scène à succès, parti rejoindre sa chère Anne.
Solange invite un écrivain, Jacques, qui connaît tout ce beau monde pour avoir travaillé au service de Bernard. Jacques est secrètement amoureux d'elle. Un secret qu'a deviné Solange, qui va utiliser cet amoureux pour assouvir sa vengeance contre Anne. Le jeu de mot du titre sert de point de départ, et non d'arrivée, car Kassak a bien d'autres tours dans son sac.
En échange de ce petit service, Solange accepte de tomber dans les bras de Jacques sans aucune retenue. Suite à ce premier dialogue peu passionné, Jacques va voir Anne.
Surprise, la seconde scène répète la première, c'est-à-dire que tout le plan est dévoilé à la future victime.
La pièce continue un temps ainsi, les scènes étant de plus en plus courtes. Les deux femmes savent à chaque fois exactement ce que Jacques a avoué à l'autre. Et comme en plus l'homme est interprété par Pierre Delbon, le spécialiste des salopiauds en tout genre, impossible de savoir comment le plan va réellement se dérouler. Jacques est-il avec Solange, ou avec Anne ? L'arrivée du policier n'arrange pas les choses. Il vient casser la mécanique, en annonçant un meurtre, mais, contrairement aux scènes précédentes, il faut attendre longtemps pour savoir ce qui s'est passé. Alors que précédemment les informations étaient données deux fois, mais de manière différente (alternance Solange / Jacques, Anne / Jacques), dans la scène avec le policier, les faits peinent à prendre leur forme définitive.
Comme il ne faut jamais décevoir les auditeurs, une ultime scène vient tout détruire, afin que l'histoire prenne sa forme définitive.
De manière moqueuse, Kassak présente l'écrivain comme un fin psychologue... alors que lui-même s'en fiche comme de l'an 40.

Le texte de la pièce a été publié dans le volume "Romans humoristiques" publié aux éditions du Masque en 2003, avec une présentation de Jacques Baudou.
Ce n'est pas tout, "La peau d'Anne" a été fortement réduite (25mn) pour la tévé en 1989, série "Drôles d'histoires" sur TF1.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 08 Aoû 2024, 09:45

Mystère, mystère

La maldonne (20-01-1970)
de Jeannine Raylambert
prise de son Robert Pirel
collaboration technique Sylvie Rosier [?]
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Arlette Thomas (Marianne), André Valmy (Philippe), Christian Alers (Olivier)

Cette fois-ci, Jeannine Raylambert a mélangé tragique et grotesque, aidée en cela par un trio d'interprètes, le trio gagnant de "Mystère, mystère". Les trois sont à l'aise dans un texte conçu à leur mesure. Arlette Thomas en demi-folle capable d'affirmer avec un aplomb inébranlable tout et son contraire, Christian Alers en amant naïf, et André Valmy, le mari rusé.
La pièce est composée de trois scènes seulement, la première et la seconde étant de véritables morceaux de bravoure.
Dans la première, Marianne se pointe chez son ami Olivier pour le pousser à assassiner son mari qui menace de la quitter. Quelle idée étrange.
Le mari est dépeint comme un ordure, Marianne est aux abois, elle promet, en échange du meurtre, de vivre avec ce bon Olivier, qui éprouve pour elle un amour sans borne, mais jamais assouvi.
Christian Alers réussit à jouer la surprise et le désespoir face à cette situation tragique, tout en montrant qu'intérieurement il bout de joie à l'idée de vivre enfin avec celle qu'il aime, même s'il faut en passer par un meurtre. Arlette Thomas force suffisamment son jeu pour que d'entrée nous ayons un doute sur ses intentions avouées. De toute façon, sa proposition est suffisamment folle pour que seul un amoureux transi puisse l'accepter.
Jeannine Raylambert, dans cette scène, comme dans la troisième, prend son temps afin de laisser les acteurs s'en donner à cœur joie.
Peu de rebondissements, un par scène, et une fin chaotique, mêlée générale dans laquelle le tragique se mêle parfaitement au ridicule.
Entre la première et seconde scène, se glisse un moment clé qui tombe, une fois n'est pas coutume, dans une ellipse. Il s'agit du meurtre du mari, précédé de l'affrontement avec Olivier.
Nous sommes invités à l'imaginer, et que ce que nous imaginons n'est peut-être pas ce qui s'est déroulé dans la réalité.
La seconde scène, bien plus courte, se déroule encore chez Olivier. Retour de ce dernier après le meurtre, Marianne avouant d'un coup son amour pour son mari, condamnant l'acte ignoble commis par cet amant un peu benêt.
Dans l'ultime et très longue scène, toute les cartes sont rebattues, Christian Alers est un peu plus en retrait, et laisse place à la voix de stentor d'André Valmy, et son affrontement avec Arlette Thomas, long et délectable, aboutit à un meurtre, un vrai celui-là. Un coup de feu, deux coupables, puisque dans la mêlée, impossible de savoir qui a appuyé vraiment sur la gâchette... alors dans le doute...
Les acteurs ont des voix qui se complètent harmonieusement, et c'est une chance que pour une fois elles soient réunies, et elles seules, dans une même pièce.
Dans la dernière scène, dans l'élan, Arlette Thomas commet un lapsus ("la cours [coupe] est pleine") que Pierre Billard n'a pas cru bon de faire corriger, tant la prise était bonne.

La cerise (03-02-1970)
de Charles Maître
prise de son Michel Ristitch
collaboration technique Michel Galou [?]
bruitages Jean-Jacques Noël

avec Henri Crémieux, Jane Marken, Jean-Pierre Lituac, Edith Loria, Maria Tamar, Jacqueline Jehanneuf, Jean-Marie Fertey

Maître ne loupe ni le jeu de mots sur l'expression "avoir la cerise", ni la fin moralisatrice, qui adoucit, c'est peu de le dire, l'aspect criminel de l'histoire. Une morale platement assénée par le maître des lieux et instigateur de ce petit manège.
Charles Maître reprend le schéma suivant : un vieil oncle fortuné, un héritage, et une famille qui a grand besoin d'argent.
Cet oncle, Henri Crémieux, convoque toute sa jolie famille. Sa bonne, et accessoirement compagne, est morte, victime d'un empoisonnement, qui aurait normalement dû atteindre l'oncle.
La cerise au kirsh qui tue a loupé sa cible. Tout le monde est suspect, chacun a une bonne raison d'être le coupable, et les six personnages sont plus ou moins interchangeables. L'auteur distingue Irène (Edith Loria) et la second bonne (Jane Marken), et enfin le sieur Jean-Marie Fertey qui essaie de nous faire croire qu'il est coupable, avec un certain succès et une histoire de partage d'héritage aux petits oignons.
Les besoins d'argent sont dignes des Trente Glorieuses. Exemple, le besoin d'agrandir son entreprise florissante, une agence de publicité, pile comme celle du mari de "La maldonne" diffusée dans le "Mystère, mystère" précédent (20-01).
La construction de la pièce ne ménage que peu de surprises, les dérapages sont hélas tous évités : le mort de Berthe, l'arrivée de la famille, le chantage du tonton qui menace de déshériter tout le monde si le coupable ne se dénonce pas le lendemain avant midi, l'histoire, plus ou moins sommaire, de chaque membre de la famille, la solution de Fertey, la révélation du tonton, qui l'enrichit d'une morale sur le pouvoir de l'argent.
Durant le délai donné aux membres de la famille pour se dénoncer de son crime, si Charles Maître privilégie certains personnages à d'autres, usant ainsi du principe tant attendu des fausses pistes, il ne l'assortit d'aucune action d'éclat, et cette famille aurait eu, au lieu de six personnes, cinq ou quatre, cela n'aurait rien changé à l'affaire.
D'autant plus qu'a été mis de côté le fameux coup du personnage moins mis en lumière mais qui cachait son jeu diabolique jusqu'au coup de théâtre final, histoire de laisser d'abord les fausses pistes égarer tout le monde.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Jeu 15 Aoû 2024, 08:53

Mystère, mystère

Clefs en mains (17-02-1970)
de Alain Bernier et Roger Maridat
prise de son René Cambien
collaboration technique André Durmond [?]
bruitages Joé Noël (grand bruiteur de radio, Joé remplace de temps en temps son fils Jean-Jacques à la manœuvre)
avec Édith Loria (Céline Laparède), Pierre Constant (Didier Laparède), Maria Tamar (Colette), Nicole Vervil (Mme Geoffroy), Jean-Pierre Lituac (le commissaire Terranne), Jane Marken (Melle Laparède)

Le pluriel à "clefs" est là pour que le jeu de mots fonctionne, puisque dans l'histoire, le mort est retrouvé avec une seule, celle du placard en face duquel il est décédé. Alors qu' un témoin indique que le mort a été retrouvé dans son lit... Le lit était-il en face du placard ? Le mort était-il assis ? Ce n'est pas la seule bizarrerie de l'histoire, l'autre étant la certitude du commissaire quant à la cause de la mort, un empoisonnement, alors même que l'autopsie n'a pas encore été pratiquée.
Mis à part ces détails, la construction de l'histoire est habile : un meurtre, et un seul suspect que tout accuse. Dès la première scène, les auteurs commencent à donner généreusement au suspect de bonnes raisons de passer à l'acte. Et comme ils sont généreux, il faut attendre la moitié de la pièce pour que la mort arrive enfin.
La distribution utilise des voix bien connues, cantonnées à des rôles auxquels ils sont habitués. Édith Loria se prend, sans que ses nerfs craquent, une quantité phénoménale de tuiles en tous genres, elle est exploitée, humiliée, trompée, volée. Même la brave tata, Jane Marken, la lâche au moment de l'enquête. Pierre Constant, dans son personnage de mythomane insupportable, est dans ses petits souliers.
Mais, de manière prévisible, le suspect s'avérera être innocent. Les auteurs auront profité de la situation un maximum, en lui faisant endurer auparavant bien des supplices. Avant la révélation, liquidée en une minute et des poussières (une histoire de cocktail mort aux rats / rhum versé dans un gâteau), le duo Bernier / Maridat aura déversé une telle quantité de malheurs sur le dos de cette pauvre Édith Loria que l'on peut parler de plaisir sadique, partagé hélas par les auditeurs. Cette voix au goût acide est une invite à ce jeu bien cruel.

La valise jaune (17-03-1970)
de Jean Marcillac
prise de son Lucien Moncel
collaboration technique Pierre Brault
bruitages Jean-Jacques Noël
avec Jacques Morel (M. Vayron-Gaillac), Pierre Delbon (Roger Mantonet), Jean-Pierre Lituac, Jean-Marie Fertey, Marie-Jeanne Gardien, Raymond Pelissier, Juliette Pacley, Jacqueline Rivière, André Var, Jean Bolo, Marcel Lestan, Gaëtan Jor, Jean Mauvais

Cette abondance de personnages rappelle les beaux jours de "Faits divers". Ce n'est pas un hasard car Jean Marcillac reprend un de ses textes écrits pour l'émission, celle du 20 juillet 1954, "La petite valise", conte noir inventé à partir d'un fait divers imposé. Le titre a été à peine changé, le texte légèrement retravaillé. Au départ, dans la première scène, entre la mère et le fils, Marcillac développe la partie concernant l'amie d'enfance remariée à un bourrelier, et la maladie grave de leur enfant qui prépare le dénouement, alors que dans cette seconde version, rien du tout à ce sujet, mais plus de détails sur le refus de la fille du banquier de se marier avec un petit clerc de notaire. Le coup de théâtre final n'en sera que plus inattendu.
Une légère modernisation concerne les noms propres, ceux des acteurs Alain Delon, Catherine Deneuve et Jean Gabin, remplaçant Gérard Philipe, Martine Carol, et Fernandel (Gabin n'avait pas attiré Marcillac en 54). Dans la première version, le producteur raconte plus longuement l'histoire de son film à la gloire de Guercheville, piquant son titre à Sacha Guitry ("Si Guercheville m'était conté").
L'interprétation est moins marquée par les accents du terroir, le rythme est plus lent (cela est lié à la diction des acteurs), et, lors de la scène de séduction entre Colette et Roger, l'érotisme de la scène (la fille se donne avec moult gémissements) est nettement plus appuyé.
La pièce épouse l'esthétique de "Mystère, mystère", tout en gardant le foisonnement de personnages et les nombreux changements de lieux que l'on trouve dans "Faits divers".
L'interprétation du personnage principal, Roger Mantonet, change aussi beaucoup l'ambiance générale de la pièce. Autant Jacques Dynam, dans la version 54, dégage une candeur et inspire la sympathie, autant Pierre Delbon est très sec, son jeu naturellement très dur. Sa manière d'annoncer à sa mère, dans les premières secondes, qu'il a mis son café au chaud, sonne comme une menace, alors qu'en réalité, ce ton est censé traduire la grande inquiétude quant à son propre avenir professionnel et sentimental.
Dès le début de la pièce, ce ton menaçant annonçant des catastrophes qu'à ce moment il est impossible de deviner, mais qui peuvent surgir de n'importe où, ajoute une tension qu'il n'y a pas dans la première version.

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Re: ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Dim 18 Aoû 2024, 09:46

Mystère, mystère

La mort du pêcheur (31-03-1970)
de Jean Chatenet
avec Berthe Bovy (Tante Maguy de Vilette), Arlette Thomas (Solange), Annick Korrigan (Monique), Christian Riehl (Ivan)
La copie conservée par l'INA est celle de la reprise dans "L'anthologie du mystère", France Inter, 1996, la musique du générique est la seconde (utilisée de septembre 54 à juillet 57) composée par André Popp pour "Faits divers". Pierre Billard assure la courte présentation. Il y présente Jean Chatenet, auteur passé à la télévision, et explique le sens du titre, ce qui ne parait pas très utile à l'auditeur qui va découvrir la pièce (donc le sens du titre) sauf peut-être pour un rappel orthographique (pécheur / pêcheur).
La bonne tante Maguy, qui porte plutôt les 83 printemps de Berthe Bovy (1987-1977) que les 65 de son personnage, annonce fièrement qu'elle est prête à tirer 30 ans de plus sur ce bas monde. Elle attend le retour de son neveu, le gentil Ivan, accompagné de sa future, Monique, tout aussi gentille. Trop de bonté, ce n'est pas possible, nous sommes dans "Mystère, mystère". Heureusement, Arlette Thomas, la dame de compagnie, est là. La présence de cette actrice met tout de suite la puce à l'oreille. Elle annonce séèchement qu'elle quitte Madame pour de meilleurs cieux, et que sa présence dans la maison est incompatible avec celle de ce pas si gentil Ivan. Le meurtre du titre a été commis avant le début de la pièce. Le bon tonton a eu un bête accident, provoqué, selon les dires de Solange / Arlette par ce neveu qui cache gentiment son jeu. Il revient chez sa tata pour toucher le pactole, puisqu'elle est le second et dernier rempart qui le sépare de l'héritage à tata.
Jean Chatenet exploite habilement la situation de cette vieille femme entourée de jeunes gens qui semblent ne pas agir avec beaucoup de sincérité. Mais peut-on savoir qui ment le plus ? La dame de compagnie, ou le neveu ? Quant à la future de ce dernier, bien que fort gentille, elle reste cantonnée dans un rôle très secondaire.
Ce moment où l'on ne sait lequel des deux manipule la tata, qui panique à l'idée d'être assassinée par son gentil Ivan, ce moment d'incertitude est le plus saillant de la pièce. Autre moment très incertain, mais cette incertitude reste de courte durée, la chute de Berthe dont on ne sait – magie de l'absence d'image – s'il s'agit d'un évanouissement ou d'un meurtre.

                                                                                ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 7 Oper2748
                                                Berthe Bovy dans "L'affaire Maurizius" (1954) de Julien Duvivier, en compagnie de Charles Vanel.

Les mains propres (16-05-1972)
de Jeannine Raylambert
avec Rosy Varte (Mme Drumont), Henri Poirier (le commissaire), Pierre Leproux (Edgar Jacquin), Sylvain Joubert (Olivier Drumont), Arlette Thomas (Elsa Drumont)

Le générique annonçe les "Maîtres du mystère" car c'est une nouvelle diffusion de la pièce sur France Inter, le 18 août 1998, à l'initiative du producteur Patrick Liegibel.
Jeannine Raylambert sait, comme bien des auteurs, que les mythes grecs contiennent suffisamment de bons ingrédients prêts à être réutilisés, adaptés, transformés. La tragédie peut aisément devenir un récit criminel, et des plus atroces.  
Donc, après "Britannicus" devenu "Tout sucre tout fiel" (19-11-1968), voici "Les mains propres" d'après la tragédie d'"Electre", sans doute la version Sophocle, mais rien n'est moins sûr, tant les transformations effectuées sont importantes.
Rosy Varte baigne dans son élément lorsqu'il faut interpréter la veuve faussement éplorée mais bien vite joyeuse. Elle semble se parodier, la situation étant suffisamment scabreuse pour s'y prêter. De même la sécheresse, le cynisme, et l'ironie des deux enfants qui accueillent fraichement l'amant Edgar Jacquin apporte un peu d'humour noir, les interprètes y étant pour beaucoup.
Le jeu des acteurs qui incarnent les deux enfants,  Elsa et Olivier, âgés respectivement de 18 pour Elsa et 21 ans, est proche de celui des tragédiens, surtout dans les scènes où ils sont seuls. Arlette Thomas et Sylvain Joubert sont invités à surjouer leur nervosité, leur agitation émotionnelle, en vitupérant de manière passionnée. Cela oriente la pièce vers la tragédie, ce type de jeu étant inusité d'ordinaire dans l'émission.
L'intrigue d'Electre a été quand même "élaguée". Le frère n'y fait pas grand chose, il laisse la vedette à sa sœur.
Le père est mort en pleine mer, alors qu'il faisait un petit tour sur son voilier, non pas en Grèce, mais en Bretagne. Les deux amants coupables, sont au départ les cibles des enfants, mais Jeannine Raylambert fait preuve de pudibonderie en n'allant pas au bout de la tragédie annoncée. Les deux enfants veulent tuer leur mère et son amant, mais se rabattent bien vite sur l'amant seul. L'enjeu étant de savoir lequel des deux, d'Elsa ou d'Olivier, va passer à l'acte et venger leur père. Un enjeu franchement moins intéressant que celui de l'histoire d'Electre, dans laquelle on ne lésine pas sur les horreurs dans le dénouement, puisque matricide il y a.


                                                                                    ''Les maîtres du mystère'' et autres séries de Germaine Beaumont & Pierre Billard - Page 7 Screen11
Le commissaire Henri Poirier, cette fois-ci dans "Solo" (1969) de Jean-Pierre Mocky (de dos sur la photo),  qui l'a utilisé comme second rôle dans nombre de ses films.

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