Nessie a écrit:Encore une matinale passée à imiter la télé.
Sauf que personne n'est au niveau.
Ce matin en presque 2h de radio on n'a entendu que de mauvais imitateurs de la télé. (...) Les deux spécialistes invitées, en l'occurrence géographes (et femmes, pour faire plaisir au Poivrinet) se croient elles aussi sur un plateau de télé et rivalisent d'interruption avec le mettre de séant qui dérègle la cérémonie. (...)
Non, Nessie, ils n'imitent pas, ils croient faire de la radio dans des conditions matérielles qui ne sont pas celles de la radio. C'est là où le bât blesse.
Afin de créer un sentiment de variété d'interventions, c'est-à-dire pour créer du changement de ton rapide et donc de la surprise et donc de l'attente de l'auditeur et donc du non-zapping vers une autre chaîne (because le but c'est de garder l'auditeur habitué à passer de ceci à cela comme un addict de l'internet surfing), la radio invite tout plein de gens, invités, journalistes, chroniqueurs, le médiateur, le directeur, et un peu de public, tous devant des assistants, des photographes et des caméras (fixes), si bien que tout ce beau monde se comporte spontanément comme dans un débat audio-visuel (tant le visuel est prégnant) et non comme dans un presque tête-à-tête avec un auditeur invisible (multiplié par n milliers) pour qui et dans l'intérêt duquel on a une conversation.
Broué, Rebeihi, Goumarre, Laporte, etc, font de même et le signe reconnaissable du débat type audio-visuel à la radio, c'est le rire idiot, sous forme de d'éclats, de quintes, de « pouffements », etc, à destination de ses vis-à-vis de table.
Il faut bien le comprendre, on ne peut pas faire de radio à cinq ou six intervenants ou plus, sous les flashs et devant la caméra d'un studio (voir l'exemple de
Culture matin de Jean Lebrun et de ce que ce dernier a produit quelques années plus tard en public à
Pot-au-feu).
Et comme ces gens ne savent pas non plus faire de l'audio-visuel, on est dans un environnement de troisième type (comme dit de la Porte de ses textes écrits mais oraux), genre qui met mal à l'aise l'auditeur qui lui n'a pas beaucoup muté depuis vingt ou trente ans : il est chez lui ou dans sa voiture, souvent seul.
Il y a un manque de réflexion fondamental sur le média radio en changement. La seule et pauvre chose que ces gens sont capables d'imaginer c'est de donner plus (de personnes, de chroniques lues à toute vitesse, de syllabes par fraction de seconde comme chez Voinchet) en moins de temps.
Sauf que : plus c'est moins et
less is beautiful. Mais allez dire ça aux gens qui vivent dans la surabondance quotidienne de choses, de gens et d'informations. C'est totalement hors de leur compréhension.