Etienne Klein ne manque ni de panache, ni d'une bien légitime soif de montrer sa lumineuse intelligence. Du coup chacun de ces dialogues du jeudi matin nous donne le spectacle d'une formidable dénivelée : Voinchet c'est du métier radiophonique et même beaucoup de métier, tandis qu'Etienne Klein n'est qu'un amateur. Mais pour ce qui est de l'intelligence du propos c'est l'inverse : Klein vise l'Himalaya tandis que Voinchet se complait dans une fosse des Mariannes de la bêtise. Est-ce cela qu'a voulu dire Klein quand matin il mentionne la "radioactivité beta" en précisant que ça n'est pas l'activité qui consiste à dire des bétises à la radio ?
Voinchet se fait facilement coincer par une question que Klein lui pose à brûle-micro : "comment connaître l'âge d'une femme sans le lui demander". Il ne s'agit que d'introduire une incise facétieuse mais Marc Voinchet doit ici se défendre sur deux tableaux en affirmant d'abord sa mainmise sur le domaine de la blague lourde ; et surtout, désespérément occupé à manifester un sens de la repartie qui lui fait défaut, il ne peut faire appel qu'à son immense et profonde culture : "à part le piège à fille de Jacques Dutronc, celui qui fait Crac-Boum-Hue, je ne vois pas". C'est beau la répartie instantanée, non ? Sauf que ça n'a aucun rapport avec la chanson qui ne traite pas de l'âge de filles vous me direz que c'est anecdotique mais à mon avis c'est au contraire tout à fait révélateur de la méthode Voinchet : occuper l'espace autant que possible, montrer qu'il est là, ne pas se faire oublier, ne pas même endurer la perspective qu'on puisse l'oublier fut-ce pendant une demi-minute, et pour ça il faut ne jamais être à court, ne jamais seulement paraître rester en carafe. Eh bien mon bon Voinchet c'est précisément avec ce genre d'obsession que vous nous faites une radio de merde.
Mais c'est pas le tout car maintenant il faut réaffirmer la hiérarchie radiophonique et marquer quelques points, surtout ne pas laisser Klein butiner dans les plates-bandes de la niaiserie. Voila sans doute pourquoi Voinchet se paye le luxe de se montrer agacé par le jeu (agaçant) des anagrammes. Moi aussi je suis régulièrement agacé par ce gadget d'Etienne Klein. Et même fichtrement agacé je fus en voyant France Culture s'en saisir pour sa propre promotion, en isolant un anagramme foireux "Lancer ce futur". Foireux car si l'anagramme est juste et l'expression syntaxiquement correcte, elle est quasi privée de sens. Mon agacement s'est considérablement réduit quand fut dévoilée l'autre solution donnée par Etienne Klein : "France Culture" c'est aussi : "Le futur cancre". Est-ce cela que le Voinche n'a pas apprécié, peut-être parce qu'il a obscurément conscience de sa mission : maintenir le cap de la bétise à FC où il se doit d'être le cancre de maintenant et de toujours.
Il est maintenant 7h20 et la question qui se pose est : "Vais-je tenir jusqu'à l'arrivée de l'invité ?" (il se pointe à 7h45)
A 7h45, la question qui se pose est : "Combien de temps vais-je tenir ?"
Marc Voinchet accueille son invité, : "Vous avez été élevé à la dignité de chapelain de sa sainteté par le pape donc on peut vous dire "Monseigneur" mais je n'en abuserai pas car nous sommes une radio de service public".
Ah bon, une radio de service public interdit de dire "Monseigneur" aux dignitaires qui méritent le titre ? Depuis quand ? Et en vertu de quelle règle de bienséance ?
Par contre, la même radio de service public s'autorise à donner des consignes de vote en faveur d'un camp, s'acharne à dégommer les leaders du bord adverse quand ils viennent dans le studio, présente toute l'année de l'info biaisée en faveur de tous les mouvements sociaux, de tous les corporatismes, et déroule le tapis rouge à tout ce qui adhère à fond la caisse à un certain paradigme idéologique, qui n'a de loin ou de près aucune caution "service public".
Et tout ça passe comme une lettre à la poste...
Dernière édition par Nessie le Ven 27 Sep 2013, 00:12, édité 1 fois