Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Ce qui est très étonnant dans la joyeuse et très autosatisfaite équipe de la matinale c'est que d'une part elle donne à tous ses propos une tonalité de gauche confortable, à la Delanoë ou à la Filipetti, et continue à inviter des personnages bizarres comme Philippe Manière sans doute en pensant qu'un Manière par sa pesanteur néolibérale fait contrepoids à une semaine de Voinchet and co. Ce matin, festival de ringardisme économique autour de l'industrie dont ce monsieur a une vision très années 50, et a proféré une perle qui vaut un collier : "il n'y a pas d'augmentation de la productivité dans le secteur tertiaire…" ce qui est tout simplement nier l'introduction de l'informatique et son exemple (on ne peut augmenter la productivité d'un orchestre jouant Mozart) était particulièrement débile et vieillot. Et évidemmemt ce n'est pas Marc Voinchet qui va le reprendre. Dans la famille de droite, rendez nous Slama, sa voix nous manque, si je puis dire, et si l'on était pas d'accord avec lui, on ne se disait jamais "Quel idiot!".

Laure de Vulpian ce matin : à son installation, le pôle crime contre l'humanité du tribunal de grande instance de Paris était "tout petit riquiqui". Elle a probablement renoncé à s'adresser à des auditeurs de plus de 5 ans.

Il est marrant Marc Voinchet avec son habitude de corner le nom de chaque intervenant à chacune des prises de paroles dans la matinale. On a l'impression qu'il interpelle l'invité comme s'il voulait intervenir lui aussi, mais l'autre continue à parler comme s'il s'en tamponnait complet.

L'an dernier Claude Hagège n'avait pas du tout apprécié cette manie un peu ridicule et qui d'ailleurs ne date pas de Voinchet. Elle est endémique à France Culture, mais hélas elle est sur-employée chez les animateurs à gros sabots ceux qui confondent la précaution subtile avec l'encordage gros sel. Eh oui on s'en doute, qu'il faut bien rappeler le nom de l'invité pour les auditeurs qui arrivent en cours d'émission. Mais l'animateur pourrait le glisser avec un minimum de discrétion et de pertinence, enfin quoi seulement de temps en temps et à mi-voix, comme dans les documentaires. Mais non : il faut absolument le beugler à chaque occasion. Ca devient comique quand -ce matin c'est le cas- la discussion s'anime entre les invités et les chroniqueurs, et que les noms des uns et des autres cornés à tour de rôle finissent par brouiller l'écoute (ça le Voinche il sait faire). On se souvient que dans ces accélérations du dialogue, Demorand était particulièrement ridicule dans ce rôle du passe-micro. Seul Marc Voinchet fait pire. Il faut dire qu'hormis celui à qui il succède (le gueulard des ondes), l'actuel animateur de la matinale fait pire que quasiment tous ses prédécesseurs, et se distingue une fois de plus par sa spécialité : le parasitage de son propre débat.

Ali Baddou avait bien peaufiné la technique en son temps : un coup de fouet cinglant qui laissait le studio un peu sonné. On croyait entendre vibrer les soucoupes des tasses à café à chaque fois que le nom claquait : "NAOMIKLIN!", "STEFANNROZÈS!". Je suis sûr qu'il aurait pu éteindre un cigare à 50 mètres ou dégommer des bouteilles vides avec un tel coffre.
Quand il laissait la parole à l'invité, c'était avec un "RÉACTION!" qui décollait les panneaux isolants du studio.

Pitié Nessie!je préfère tout de même Voinchet, malgré sa façon exaspérante de s'introduire dans le débat et son enthousiasme feint pour beaucoup de sujets, à l'horrible Ali Baddou, dont Yann pointe bien l'idéologie militaire et à Nicolas Demorand, l'idéologue si satisfait de lui-même. Vous vous rendez compte si Libé disparaissait et qu'il nous revienne....

Que d’erreurs au cours de cette émission sur l’élection du cardinal Jorge Mario Bergolio à la papauté !

Le pompon revient Marc Voinchet qui dit qu’il n’y a pas eu de pape jésuite depuis treize siècles. Quand on sait que la Compagnie de Jésus a été fondée au XVIe siècle, l’affirmation ne paraît pas très érudite.

Quant à Brice Couturier, il prétend que Matteo Ricci, le missionnaire jésuite qui a séjourné en Chine de 1583 à sa mort en 1610, aurait traduit l’Evangile en chinois, en mongol et en Coréen. Il n’a rien fait de tout cela. Il a écrit en Chinois des livres qui reprennent les doctrines morales de Cicéron et d’autres stoïciens et d’autres livres qui présentent la doctrine chrétienne. Il savait bien que le texte biblique aurait fortement dérouté les chinois.

Frédéric Lenoir prétend que Matteo Ricci aurait pu convertir la Chine au christianisme. Affirmation totalement gratuite. Il était loin du compte. Matteo Ricci et ses compagnons ont bien réussi à se faire accepter à la cour de l’empereur en faisant fonctionner des horloges mais ils ont fait peu de conversions et la majorité des lettrés n’ont manifesté aucun intérêt particulier pour cette religion venue d’ailleurs qui leur paraissait faite de croyances absurdes, choquantes et relever de conceptions philosophiques incompatibles avec les doctrines traditionnelles de la Chine autrement plus subtiles que cette religion grossièrement anthropomorphique que les missionnaires chrétiens cherchaient à introduire dans leur pays. La querelle des rites a eu lieu bien après la mort de Ricci.

C’est Jean-Claude Barreau qui a dit le moins de bêtises, il faut dire qu’il est un ancien prêtre.

Que d’inculture sur France Culture. On souffre en entendant toutes ces bourdes.

C'est bien le problème actuel de cette émission matinale. Tellement de bourdes et d'approximations. Voinchet s'est attribué une mission impossible, tout savoir sur tout, être pertinent sur tous les sujets, ce à quoi aucune personne sensée et surtout pas sur une radio dite culturelle ne devrait prétendre. Mais sa fausse-modestie l'empêche d'en prendre conscience. La semaine passée, dans sa revue de presse personnelle, il nous a lu un long article sur les mocassins rouges du pape (plus de mules)…Là, il était plus à l'aise: lecture d'un article écrit par un autre (mais salivages, bredouillages, hésitations, accentuations inutiles ou sur les mauvais mots, accélérations brutales quand il regarde l'horloge du studio), et le sujet ne posait pas trop de problèmes.

Jean Lebrun était autrement plus calé. Il est agrégé d'histoire, ancien journaliste à La Croix. Quand il y avait un sujet religieux à traiter, il faisait appel à son catho de service préféré, François Angelier, assez versé dans l'histoire et spécialiste de Claudel, de Massignon et de saint François deSales.

Henry Faÿ a écrit:
Que d’erreurs au cours de cette émission sur l’élection du cardinal Jorge Mario Bergolio à la papauté !

C'est vrai, mème si ce n'est pas nouveau. Par contre, la grande révolution d'Internet permet aux internautes érudits de rectifier ces erreurs et ainsi d'éduquer les autres internautes qui se donnent la peine de s'informer sur des forums comme celui-ci. Merci donc, Henry Faÿ.

Un avantage des journées spéciales de France Culture, c'est que 24h avant on est débarrassés de Voinchet pour la matinale.

Ce matin le remplaçant c'est Hervé Gardette, qui semble avoir mûri depuis l'époque où il présentait les journaux de 7h et 8h avec sa musiquette vocale concon et son ironie de merde un peu comme celle de Thomas Cluzel maintenant. C'était il y a 7 ou 8 ans, hein. Depuis il a enchaîné les naufrages et les renaissances, comme exemple de naufrage on se souvient qu'il a "coordonné" la fabrication du nouveau site de FC qui fut un des plus désastreux merdiers de toute l'histoire de la chaine ; et inversement il sort d'un guépier quand il quitte La grande table en nous laissant comme seul accompagnement les sauces grasses de Caroline Broué, tandis que lui c'est avec un certain bonheur qu'il tourne la manivelle dans Le grain à moudre où, tiens tiens, on l'entend reprendre certains des tics vocaux de Jean Lebrun.

Et là on se prend à rêver : s'il se met à imiter le Jean Lebrun de Culture Matin (avec en moins la colossale culture de Lebrun, ne rêvons pas), alors Gardette est l'homme de la situation pour sauver la matinale et la sortir de l'ornière où l'a embourbée le Voinche à force de faire le pitre. Mais si Gardette imite le Jean Lebrun qui faisait le gugusse à El sûr, alors le mieux serait qu'il passe tout de suite sur France Inter.

En attendant, ce matin c'est fort agréable à écouter et on pour une fois on a envie de remercier le Poivrinet : merci monsieur le crooner, pour la journée spéciale de demain, qui en éloignant Voinchet, nous allège le réveil ce matin.

J'abonde dans le sens de Nessie. A dire vrai, je n'ai plus de souvenir précis de Jean Lebrun lorsqu'il animait les matinales. Néanmoins, en comparaison de Marc Voinchet, j'ai trouvé que Hervé Gardette était et moins lénifiant et moins soporifique. Il m'a semblé diriger l'émission de façon plus tonique, plus efficace, avec moins de bavardage.