Emission hallucinante le 06/09/2011 vec David Grossmann comme invité.
Autant ce qui se disait sur le (apparemment) passionnant roman de Grossmann était très intéressant, sur les intéressant, notamment sur les résonances avec sa propre histoire personnelle, autant l'abord politique des questions étaient totalement biaisé.
On a ainsi eu droit:
- à des déclarations ouvertement pro-israéliennes de Brice Couturier (ce qui n'étonnera guère ceux qui ont déjà été faire un tour sur son blog), du genre "il faut bien que les Israéliens se défendent contre les dangereux islamistes du Hamas", "l'Europe et la France doivent absolument rappeler qu'elles sont les amies d'Israël", etc.
- aux enfonçages de clou idéologiques de Raphaël Enthoven qui, renchérissant sur le fait que Grossmann est opposé à la campagne de Boycott Désinvestissement et Sanctions, en profite pour s'adresser solennellement à tous les auditeurs: "Je voudrais dire à tous ceux qui défendent BDS que c'est pas bien, car une personnalité aussi incontestable que Grossmann est contre". C'est un peu comme si on avait dit - à la grande époque de l'Apartheid : "Le boycott, c'est pas bien, car certains intellectuels sud-africains ne trouvent pas ça très gentil". A ce propos, la personnalité "incontestable" de Grossmann est tout à fait contestable. Il est pour la paix, oui, mais une certaine paix, voyez-vous, c'est-à-dire celle qui dit aux Palestiniens "Vous pouvez avoir votre petit Etat à côté du nôtre" (c'est déjà très gentil de sa part), "mais quant à l'idée de rentrer chez vous, vous comprenez bien qu'on ne peut pas accepter d'avoir chez nous des gens auxquels on a appris à nous détester". (oui, il faut excuser les parents palestiniens de ne pas avoir élevé leurs parents dans l'amour de l'occupant).
- à une question scandaleuse de Leila Dakhli, que même un Israélien n'aurait jamais osé formuler comme ça: "Pensez-vous, comme moi, qu'Israël est à l'avant-garde des démocraties dans le monde?" Oui, vous avez bien lu, le pays des colonies, de la barrière de sécurité (dite "mur de la honte"), de la discrimination envers ses propres citoyens Arabes israéliens, etc) n'est pas seulement une démocratie, c'est l'avant-garde des démocraties mondiales.
- à une chronique de Cluzel paraphrasant (mal) Alain Gresh, qui a permis à tous les chroniqueurs réunis de déclarer bruyamment qu'il n'y avait aucun problème à ce qu'Israël se dénomme "l'Etat juif" (alors que pour les états islamiques, ils crient à la théocratie intolérante). D'ailleurs, pour justifier cela, Grossmann déclare que l'Egypte s'appelle bien "la République Islamique d'Egypte" (sic). Et de nouveau tout le monde (y compris Leila Dakhli, soi-disant spécialiste du Moyen-Orient) de reprendre le terme en choeur. L'Egypte s'appelle République Arabe d'Egypte, que Grossmann l'ignore ou fasse mine de l'ignorer, passe encore, mais que nos brillants chroniqueurs confondent l'Egypte et l'Iran, c'est un peu problématique. Bon, vous allez me dire, Enthoven n'est pas historien ni géographe, il est philosophe. Mais dans ce cas, pourquoi diable fait-il l'apologie d'Israel? Et les autres?
En conclusion, la nouvelle grille c'est bien, mais c'est pas demain qu'on aura droit à une présentation équilibrée du conflit israélo-arabe, qui appelle un chat un chat et un occupant un occupant.
, dans la barre d'outil de l'éditeur de message.