Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

J'abonde dans le sens de Nessie. A dire vrai, je n'ai plus de souvenir précis de Jean Lebrun lorsqu'il animait les matinales. Néanmoins, en comparaison de Marc Voinchet, j'ai trouvé que Hervé Gardette était et moins lénifiant et moins soporifique. Il m'a semblé diriger l'émission de façon plus tonique, plus efficace, avec moins de bavardage.

Il faudrait suggérer au directeur une opération "La ceinture d'astéroïdes de Kuiper est une chance". Nous aurons quelques mois de matinale un peu moins irritante...

Il délire, ce matin, le pauvre Marc Voinchet à Dakar, heureusement que les Sénégalais aiment plus que lui le français. Ah mais, je fais partie des sales pays colonialistes!

antonia a écrit:Il délire, ce matin, le pauvre Marc Voinchet à Dakar, heureusement que les Sénégalais aiment plus que lui le français. Ah mais, je fais partie des sales pays colonialistes!

Je me suis demandé si son équipe et lui avaient préparé l'émission tant se succédaient les banalités sur la francophonie avec des platitudes telles que le français langue des élites, le français, une chance pour l'immigration, le chinois, une chance pour une nouvelle donne économique, l'économie, une chance incontournable pour faire des affaires en français et / ou en chinois, etc.

En un mot, rien de nouveau, ni de saillant et, surtout, aucune information sur le véritable statut de la francophonie et, en effet, ses liens avec l'économie et la diplomatie, les restes de la fameuse France - Afrique, etc.

D'une part, ce n'était guère culturel, d'autre part, ce n'était pas du journalisme non plus, tant l'information était superficielle.

De quoi s'agissait-il donc ? D'un aimable bavardage ?

Je me rends compte que ma phrase sur le colonialisme peut être mal interprétée.
Or, pour moi comme pour beaucoup de gens ,la phase colonialiste de la France a été une énorme stupidité et bien plus que cela, un abus de pouvoir intolérable et plus encore. Mais maintenant que tout est fini, c'est la mode de répéter sans cesse qu'on a été pire que tout . C'est la mode chez beaucoup de journalistes de France-Culture, ça ne mange pas de pain.

Mitsouko a écrit:
De quoi s'agissait-il donc ? D'un aimable bavardage ?

Oui.
Mais quand même, ils étaient bien jolis ces gazouillis des oiseaux de Dakar !

antonia a écrit:Je me rends compte que ma phrase sur le colonialisme peut être mal interprétée.
Or, pour moi comme pour beaucoup de gens ,la phase colonialiste de la France a été une énorme stupidité et bien plus que cela, un abus de pouvoir intolérable et plus encore. Mais maintenant que tout est fini, c'est la mode de répéter sans cesse qu'on a été pire que tout . C'est la mode chez beaucoup de journalistes de France-Culture, ça ne mange pas de pain.

Vous avez eu raison de préciser car ce sujet du colonialisme est toujours assez chargé. Outre l'aspect anachroniste de cette repentance d'Etât, elle fait partie du processus de victimisation dont nous avons déja parlé. Processus qui arrange les deux parties: on renforce l'idée d'injustice d'un côté, on se donne bonne conscience de l'autre.
Et puis cette 'collectivisation" des problèmes m'insupporte. Je me sens complétement responsable de mes faits et gestes mais en aucun cas de ceux faits par d'autres personnes dans le passé, même s'ils sont français.
La seule exception à cette règle pourrait concerner mes deux filles car ma responsabilité de parents serait engagée. Mais, à ce jour, ceci n'est pas d'actualité !
En tout cas, France Culture ferait preuve de courage en s'engageant sur ce sujet de la colonisation, avec une serie d'émissions d'histoire, de sciences sociales qui prendraient le parti de la réflection. Mais je n'y crois pas beaucoup. Nous ne sommes pas encore mûrs, je pense.

Le mardi 19 mars, c'était Hervé Gardette qui officiait, il recevait un certain David Engels, jeune historien belge qui faisait un rapprochement, à vrai dire inattendu entre la fin de la République Romaine et la situation difficile et incertaine dans laquelle se trouve l'Union Européenne. C'était intellectuellement stimulant, pas du tout inintéressant. Mais ce qui m'a frappé, c'est à quel point Brice Couturier jouait un rôle essentiel dans le débat. Sans lui je ne sais pas ce qu'une telle émission aurait donné, elle serait tombé en quenouille, c'est vraiment lui qui donne à ce type d'échange sa vigueur, qui s'engage à fond dans la discussion. Il est devenu absolument indispensable à l'émission. Que ce soit Marc Voinchet ou Hervé Gardette qui officient, c'est lui la vraie cheville ouvrière de ces matinales.

Henry Faÿ a écrit:
Le mardi 19 mars, c'était Hervé Gardette qui officiait, il recevait un certain David Engels, jeune historien belge qui faisait un rapprochement, à vrai dire inattendu entre la fin de la République Romaine et la situation difficile et incertaine dans laquelle se trouve l'Union Européenne. C'était intellectuellement stimulant, pas du tout inintéressant.

Effectivement ce n'était pas inintéréssant, sur le plan historique. Mais le rapprochement m'a semblé complétement artificiel et surtout sans aucune valeur de prédiction.
C'était du bavardage intelligent, certes, mais néanmoins du bavardage.

De ce que j'ai entendu de cette émission, il s'agissait de faire, comme dans Concordance des temps, une comparaison morphologique des périodes historiques. Trouver une série de points communs, c'est forcément en partie artificiel, ou disons plutôt construit. Repérer des schèmes et des ressemblances, c'est une des activités favorites du cerveau humain. Mais espérer de ce genre d'exercice en histoire de la capacité de prédiction, ça me paraît illusoire, ça suppose une forme d'historicisme qui m'est en tout cas étrangère. De la rétro-prédiction, oui, mais dans ce cas, la théorie est largement sous-déterminée par l'expérience.

Comme vous le disiez, l'émission n'en était pas moins intéressante (on ne va quand même pas faire la fine bouche quand on nous sert aux matins de la culture, même pas motivée par l'actualité chaude ou bouillante, à déguster !). L'invité relativisait un peu les valeurs et les visées universalistes promues par l'Europe, en les traitant comme un épisode historique dans la vie de cet organisme, comme Rome en avait déjà connu à la fin de sa période républicaine - mais je ne crois pas que David Engels s'aventurait à dire pour autant que c'était le signe de la fin de quoi que ce soit dans le cas européen, ou bien je n'ai pas tout écouté -. Le côté distrayant tenait aussi beaucoup de ce que plusieurs affirmations de l'historien l'auraient fait facilement passer pour franchement réactionnaire, selon des critères d'appréciation classiques de la chaîne, sans le vernis historique du discours.

Sur la remarque d'Henry, je trouvais les relances de Gardette aussi bienvenues que l'eau au moulin apportée par Brice Couturier, le duo des meuniers fonctionnait même pas mal du tout. Comme la plupart ici, je serais pour une prolongation définitive de l'intérim de Gardette aux matins. Nessie l'a souvent écrit à raison, Voinchet serait nettement mieux placé dans une émission ayant trait au spectacle et au divertissement. Mettons à la place de Goumarre, mais dans une hebdomadaire plutôt qu'une grosse case comme celle du 19-20h. Tout ça libérerait deux belles heures où on pourrait s'essayer, pourquoi pas, à mettre un peu de culture à l'antenne pendant les pics d'audience (quelle idée, hein?).

Ayayaye la présentation de Julie Gacon ce matin en accueillant ses invités. Sujet : le low-cost. Mais est-il possible de dire autant de bétises en si peu de temps (à peine plus d'une minute). A entendre Julie Gacon, le low-cost va donner l'impression d'une injustice, et on devine que pour elle, c'est une impression légitime. Le low-cost manifeste ou relance la lutte des classes ; mais mais mais alors de quoi se plaint-elle ? La lutte des classes c'est bien, non ? Bon reprenons : voyez vous s'il y a des services pas chers et donc forcément moins bons, c'est forcément parce qu'il y a des pauvres qui ne peuvent pas s'offrir la qualité. Donc d'une certaine façon le low-cost est le résultat de l'injustice saucialll puisque son existence est la preuve de la fragmentation sociale, entendez : l'existence de classes défavorisées. En clair : le low-cost c'est de l'inégalité. Donc c'est mal.

Passons sur la confusion entre effets et causes, ou pire entre un mal et son remède. Passons que le fait que l'existence du low-cost aurait plutôt tendance à réduire l'injustice, en permettant aux moins fortunés d'accéder malgré tout à un service. Finalement critiquer le low-cost au motif de l'injustice sociale, c'est comme vitupérer contre l'aspirine parce que l'aspirine prouve l'existence de la migraine. Mais Julie Gacon n'a pas le temps ou pas la volonté, ou pas l'énergie, ou pas la cervelle qui lui permettrait de réfléchir aussi loin. Et parce que certainement consciente de ses incapacités en abordant ce débat, elle avait pris soin d'appeler à la rescousse Stéphane Rozès et Sylvain Kahn (anti-libéral quasi proclamé), en les implorant dès la fin de leur chronique : à genoux, les mains jointes convulsivement, doigts entremélés dans le geste de la prière ; restez je vous en conjure, restez pour le débat (sous-entendu : je sais que je suis nulle j'ai besoin de vous) . Malgré cela on peut faire confiance aux invités pour redresser les âneries de sa présentation, dont on ne sait pas si elles sont fausses davantage que ridicules, ou si c'est l'inverse. De même, dans ce genre de présentation, on ne sait s'il faut voir les ravages de l'inculture économique à moins que ce ne soit de la bétise journalistique : poser des questions con pour faire émerger la vérité et l'information. Mais ces dernières n'apparaitraient-elles pas tout aussi bien voire mieux avec une présentation intelligente ?

Ultime interprétation : la sincérité totale alliée à l'imprégnation idéologique. C'est à dire vous comprenez, que sur cette station qui se fait le chantre de la diversité (pour compter le nombre d'occurrences du mot en une journée), on ne rêve finalement que de tarif unique, de classe unique, de niveau de vie unique, unique, unique, unique, vous avez lu pensée unique ? Je ne l'ai pas écrit mais c'est vraiment l'impression que donne le paradigme idéologique de cette chaine. Vivement la société idéale où tout le monde consommera les mêmes produits achetés au même prix, portera le même costume gris, sourira et fera la gueule (surtout) exactement aux mêmes moments. Et tout ça par amour de la diversité, évidemment. La société idéale qu'appelle de ses voeux le personnel de France Culture évoque furieusement certains mondes possibles, parfaitement farcesques, comme on en trouve dans les nouvelles loufoques de Robert Sheckley.