Donc j'écoute avec attention la matinale du 24 janvier :
Le dialogue s'ouvre par une énormité : à en croire Voinchet la réussite d'une émission de radio se mesure à son taux de podcast. Mais quelle réussite, au fait ? La qualité du contenu, le succès d'audience ? Rien que cette bétise à double détente montre, d'entrée de jeu, que chez Voinchet et en général dans la matinale, on ne sait pas ce qu'est un indicateur, ni un indice, ni rien d'ailleurs. Et donc quand on dégoise sur la Société, en général on y raconte n'importe quoi, qu'on s'appelle Voinchet, Cluzel, Piétenu, Métézeau, Huertas. Euh, sauf Couturier me semble-t-il ; mais j'y reviendrai.
Bien vite les clichés verbaux de Voinchet montrent que ce matin encore ça ne volera pas très haut : "force est de constater", "sans vouloir trop vous vexer", "mettre les mains dans le cambouis", "actualité et réflexion décryptée", "on ne peut pas rêver mieux", pitié, pitié... vu la quantité de clichés qu'il a dans sa musette, c'est pas un journaliste radio ce type, c'est une expo photo à lui tout seul. Déjà qu'il s'est fait reprendre hier comme un vulgaire garde-champêtre par Caroline Eliacheff quand il a jugé élégant -pour la 456987123eme fois comme 987456321 autres cons depuis environ 20 ans- de dire 'schizophrène' au lieu de 'contradictoire' ou même 'auto- contradictoire' (pour info : cette famille de solécisme a été qualifiée de 'syndrôme du garde-champêtre' dans 'L'hexagonal tel qu'on le parle'). Et la suite sera à l'avenant, avec les questions qui fleurent bon le spectacle vulgaire de l'info : "Florence Cassez est libérée, alors Cynthia Fleury, vous êtes contente, pas contente... vous vous en foutez ?". Comme si c'était à ce niveau que ça se passe.... Ou encore "Elle a fait preuve de courage, non ?" qui va déclencher un double accès de rire hormonal chez l'invitée ; mais le plus affreux c'est encore la cause réelle de ce rire ! (écoutez, vous m'en direz des nouvelles). Il est 7h50 à l'horloge du beffroi. Depuis 10 minutes j'entends deux bavards creux et affligeants qui font leur beurre sur du non-événement. Adèle Van Reeth aura le temps de poser quelque doute sur la qualification du fait commenté : est-ce cela, de l'événement ? Mais elle le fait avec une phraséologie de prof démotivante, qui me largue en moins de deux phrases et me rappelle que 4 fois sur 5 rien qu'en écoutant l'intro de ses 'Nouveaux chemins', je m'endors...
Alors dans tous ça, de quoi s'agit-il ? Eh bien de spectacle certainement. D'information ? Eh non même pas ! Et de culture ? Encore moins. Donc pour l'instant je ne comprends pas encore les critiques des trois chers forumeurs qui m'ont précédé dans ce fil. Je suppose que ça va s'éclairer avec le passage de Couturier, bonne cible. Non ça n'est certainement pas de la culture : le regard de philosophes sur l'actualité, et la plus pseudo-événementielle encore, faudrait-il gober que ça mérite l'étiquette "culture" ? Mais quel foutage de gueule ! Je comprends que des journalistes, aussi mauvais soient-ils, s'insurgent, et pour une fois je comprendrais bien une réaction corporatiste. Traiter de l'événement demande d'avoir du métier. Parler société, ou politique, ou économie, ou même psychologie, demande des connaissances dans les matières considérées. En quoi le philosophe est-il qualifié pour en placer une ? Réponse : il ne l'est pas. Il suffit d'écouter Enthoven tartiner sur Bergson pour comprendre qu'une discussion avec un étudiant de Licence1 en psycho lui serait bien utile. Même chose pour Adèle Van Reeth quand elle vaticine à plaisir sur Nietzsche ou sur Adam Smith : zéro en psycho, zéro en histoire, 20/20 en créativité bavassante, c'est ça qu'on appelle la philosophie donc ? Et que France Culture suive le troupeau d'une mode qui met la philo à toutes les sauces n'est qu'un signe supplémentaire que la vie culturelle en France est marquée au sceau du racolage cérébral. Et ça, ça ne date certainement pas de septembre 1999 !
Quant au mépris condescendant, pardon mais dans cette première partie je l'entends surtout chez ces donzelles qui ont reçu les sacrements et viennent éduquer les bons cons du populo avec une conscience de leur mission, conscience dans laquelle j'entends les airs supérieurs de la condescendance qu'on trouve d'ailleurs aussi chez Noudelmann et chez Jeanneney, en substance "nous mettons notre savoir à la disposition des personnes qui n'ont pas forcément fait des études de philosophie, et dans des milieux qui ne synthétisaient pas d'un côté le regard sur l'actualité, de l'autre une réflexion sur le plus long terme" (là nous sommes à 7h56). Tu parles ! Quel flan, quel bavardage ! Alors qu'elle vient de noyer le poisson avec une énormité sur le bonheur, typique de la connerie universitaire "personne n'a jamais été plus heureux après avoir lu un livre". Ah bon parce que la philosophie c'est la quête du bonheur, première nouvelle ! Ah bon parce que le travail sur soi, l'effort de conscience, la quête de l'équilibre ou de la sagesse, ben si tout ça ça vous intéresse et qu'en lisant un livre ça ne marche pas (notez bien qu'elle n'imagine pas même un instant que la lecture initie un plus ou moins long travail d'élaboration), alors ça veut dire que les livres ne servent à rien donc la pseudo-philosophie c'est du flan. Entendez bien : "Pouah ! Cette philosophie là n'est pas la mienne, qui est la vraie, la bonne, celle de l'ENS". Eh bien dans cette demi-minute de circonlocution, Adèle Van Reeth vient de montrer par l'exemple ce qui cloche dans la philosophie officielle de notre temps, celle qui a antenne ouverte sur FC : l'oubli de toute fonction pratique, le paralogisme qui remplace la réflexion, et l'impunité de qui a reçu le sacrement universitaire. Cette énormité qui conclut la première partie de leur dialogue fait pendant aux conneries lâchées par Voinchet dès l'ouverture, et confirme par l'exemple -pour qui en aurait douté- la conjugaison que j'ai évoquée dans le post précédent, entre la sottise et l'Impunité sur l'antenne de France Culture. France Culture qui, dans de tels moments, ne vaut guère mieux qu'un bistrot de profs de terminale en train de se défouler (pour tout ça, écouter attentivement la 88eme minute du podcast de l'émission).
Bon je ne sais pas si je vais me farcir la 2eme partie. Pour le moment je n'ai entendu que du bavardage inepte, mais ni de la philosophie digne de ce nom, ni du journalisme, et en aucun cas quelque chose qui mérite d'être appelé de la culture. Oui je vais l'écouter, parce que vos critiques ont porté sur Couturier, qui de façon générale me semble critiqué dans ce forum pour des défauts qu'il n'a pas, alors qu'on pourrait se montrer déjà bien assez sévères quand il n'est pas à la hauteur de sa propre ambition. Enfin en attendant j'ai bien mérité ma première Pelforth de la journée...
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