Depuis le début de la semaine, FC vient de nous livrer à la suite 4 matinales qui, à mon sens, tranchent radicalement avec l'esprit de l'agence idéologique France Culture tel qu'on le constate ou qu'on l'endure habituellement : 4 fois un invité à la sensibilité progressiste, mais venu pour parler en technicien plutôt qu'en démagogue exploitant les malheurs du monde. Mettre sur la touche le style compassionnel qui imprègne l'idéologie maison, en fait la chose n'est pas exceptionnelle, mais c'est la première fois qu'elle se produit pendant 4 matinales consécutivement. Si ça devait durer, je ne sais pas comment Thierry Pech ferait pour s'adapter à ce nouveau style, plus pragmatique et moins sensationnel, plus adulte et moins acharné à tirer les grosses ficelles des bons sentiments, un coup le déploratif un coup le vindicatif. Peut-être qu'il va s'acheter un manuel d'économie pour les débutants en 1er cycle ? Ou bien il va permuter avec Philippe Manière ?
En tous cas, j'ai apprécié les 4 présences d'invités dans la matinale depuis le début de la semaine :
- Laurence Fontaine : économiste à la fois sans illusion sur le marché et sans illusion sur l'absence du marché. L'un des deux est un mal curable mais l'autre est un mal létal. Un tel propos est inimaginable sur FC il y a encore une quinzaine. D'ailleurs Voinchet ne le sait pas encore puisqu'il ouvre lourdaudement la partie sur le ton habituel à la sauce mercatophobe et pseudo-démocratiste saturée en clichés éculés : exclusion par ci, citoyens de seconde zonn' par là, bref la bouillie usuelle. Mais la suite vaut mieux, enfin pas la sienne de suite, mais celle de l'invitée.
- Mardi : Hervé Le Bras qui s'écharpe avec Béatrice Giblin sur les questions de méthode en démographie, et si leur désaccord ne se réduit pas quand on passe aux tendances socio-économique, en tous cas leur dialogue n'a rien de manichéen ni de simpliste, rien de convenu.
- Hier matin Bruno Parmentier, agronome et écologiste qui vient confirmer ce qu'on entend depuis longtemps dans Terre-à-terre quand on y invite des techniciens plutôt que des militants. Là encore, l'oeil est fixé sur l'horizon du développement raisonnable comme condition du bien-être, bref ce fameux B-A-BA qui manque à FC.
- Ce matin, Michel Sapin. Se montre résolument non-éconophobe. Gardette ne comprend rien mais c'est pas grave on a l'habitude.
- La question essentielle : Est-ce que ça va durer ? Est-ce coïncidence ou bien est-ce le signe d'un retournement ?
- La question secondaire : Est-ce là l'effet du changement de personnel ? Huertas est parti, mais qui donc est arrivé au service politique ? On a entendu parler de Bruno RogerPetit, et à l'heure du billet politique on retrouve ayayaye
Benoit Bouscarel. Mais pour ce qui est du changement en fait on n'en sait rien encore, car le site toujours au top de l'info n'a pas encore modifié la présentation de l'équipe de Rédaction. Bravo. Mais peut-être devons nous chercher dans une autre direction : ce changement de ton en matière d'économie politique ou bien est-ce dans l'agence idéologique qui sert de radio culturelle, une façon de s'aligner après le discours de voeux du président de la République qui change de ligne sans changer de cap ?
A moins évidemment que ce ne soit par un habile souci de soigner le contraste avec la journée esspéciale catastropho-haïtienne de Vendredi, qui laisse augurer encore d'une belle série d'âneries compassionnelles.