Comme vendredi dernier j'avais fait un effort : une semaine après Dominique Wolton qui s'est fait couper la chique par le producteur aux moments où il avait des trucs à dire, ce matin j'étais à l'écoute pour l'invité Daniel Cohen. J'attendais un dialogue intéressant face à Brice Couturier ; je n'ai pas été trop déçu et même, pas du tout. Le vendredi n'est donc plus culturel ? Bah, on n'est plus à ça près. Pour une fois qu'on se sent informé, ne nous plaignons pas. Certes dans cette émission d'économie on ne parvient pas à éviter les âneries de l'académicienne qui n'a pas trop à se forcer pour jouer l'inculte de service 'c'est la faute au néolibéralisme' allons bon. Les dindes Vasseur ou Clarini rentrées au poulailler il faut que l'agrégée de lettres vienne les remplacer pour glisser les clichés usuels, sans voir que le débat n'est absolument pas là. Un peu comme la bourgeoise moyenne qui tente de faire de la figuration intelligente dans un dîner de notables mais ne réussit qu'à coller la honte à son mari. On n'évite pas non plus les effets faciles de Thomas Cluzel, toujours les mêmes avec son ton d'ironie facile et son petit coup de suspens lourd de sous-entendus en fin de chronique même quand la chute est absente. Alors quand c'est lourd de sous -entendus et qu'il n,'y a rien à entendre et rien non plus à sous-entendre, qu'est-ce qu'il reste ? Ben oui : il reste le lourd.
Pourtant c'est un autre type de lourd qui rend l'émission si pénible à écouter : le meneur de jeu avec son humour globalement du niveau d'un garçon de salle qui viendrait troubler la discussion des adultes en feignant de renverser la soupière ou la cafetière sur la table hu hu que je suis draule !! Ce qui fout cette émission en l'air, c'est l'humour ultra-lourd de Marc Voinchet dans le rôle du ravi qui ne cesse de sortir ses bonnes grosses vannes sur la mort de l'Euro "bientôt explosé" (ouaf ouaf) pour lui non seulement c'est déjà fait, non seulement il sait que si ça arrive tout le monde va souffrir, mais encore il trouve le moyen de blaguer, enfin ce ne sont pas vraiment des blagues car pour blaguer il faut avoir de l'humour et de l'imagination, non c'est plutôt une injection de son ton 'farce' dans la discussion, qu'il ponctue à chaque minute avec quelque farcerie qui ne font rire que lui. Horripilant.
Finalement, il n'est pas beaucoup plus fin qu'Ali Baddou, le Voinche. Un abruti protégé qui se marre comme un bossu en annonçant aux bons cons de français non protégés les malheurs qui les guettent. Remarquez, ça fait comme un pendant aux imbéciles de la Rédaction qui nous gavent d'alarmisme toute l'année : en fait ce ne sont que les deux faces de la même connerie. Cette connerie qui vient sabrer la discussion analytique et réfléchie de Daniel Cohen et Brice Couturier. Voinchet qui a grandi en radio sur les genoux de Jean Lebrun, n'a jamais oublié l'exemple du maître "aux heures graves il convient de faire le con". A sa décharge reconnaissons qu'il le fait très bien. Il faut bien réussir quelque chose.
J'écris ce coup de gueule à 8h57. Et pendant la chronique relâchée d'Anne-chaipakoi Lannelongue, il faut encore se farcir les interruptions du bavard qui lance une digression de plus, sur l'origine des 'nems'. Il ne peut plus s'empêcher de caser une connerie toutes les trois phrases. Du coup on se croirait le midi au bistrot : discussion sur le temps qu'il fait entre deux français moyens. C'est très bien les français moyens, il en faut et on l'est tous un peu. Mais est-ce que c'est ça qui fait un programme radio ? Réponse oui : ça en fait un sur France Culture et ça donne envie de couper. Je ne vais donc pas tarder mais j'ai juste le temps de remarquer que le baratin de Lannelongue est lui-même saturé du paradigme France Culture : si elle parle de Prouvé elle glisse qu'il a conçu des habitations d'urgence (c'est biiiiien, ça). Si elle évoque Sacha Baron Cohen, il a "un problème d'identité". Pitié pour nous !!
Je coupe.
Le parler France Culture se résume à une demi-douzaine de mots-clé qui d'une saison à l'autre se renouvellent mollement , partiellement, à un rythme sénatorial. En ce moment : diversité, identité, égalité, altérité, justice, mémoire. L'année prochaine ça sera presque les mêmes à un ou deux près, remplacés avec l'air du temps. C'est vraiment de la Radio-Turlute moins amusant à écouter que Marie 'Bolduc' Travers mais sans beaucoup plus de matière donc de sens. Heureusement qu'il y a des invités, kamème. Parce que si on en juge par le niveau des seuls titulaires, elle est simplissime la recette de cette radio presque aussi creuse que le parler-creux du président qu'elle a contribué à faire élire : quelques mots-clés, quelques sujets-clés (massacres, épidémies, crises, inégalités, justice sauciale), quelques sujets humains favoris (taulards handicapés malades pauvres déclassés internés chômeurs et toutes sortes d'opprimés que fournit la sauciété). Et depuis qu'on a mis Guy Marchand à la tête de ce troupeau ça ne s'arrange pas et ça ne fait toujours pas une radio culturelle hein.
Dernière édition par Nessie le Mer 04 Juil 2012, 08:37, édité 1 fois