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Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014    Page 41 sur 86

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Nessie 


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Suite de ma réponse à Gomez - Sam 03 Mar 2012, 15:54

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Je crois déceler que nous n'avons pas la même conception de la moraline : celle dont je parle est une sorte d'esprit curé, qui sépare le bien et le mal et prèche en permanence les bons sentiments avec un simplisme et un acharnement qui conduisent vite à l'écoeurement tous ceux qui souhaiteraient entendre un propos équilibré ou au moins nuancé. Cette moraline remplace l'analyse par le jugement moral, le discernement par la myopie intellectuelle, et je ne dis rien de la perception des faits sociaux et historiques car là c'est le naufrage. Je ne développe pas ici, parce que je parie que vous la voyez aussi bien que moi. Pour résumer ce que j'en ai perçu, je déposerai donc un autre tableau en quelques traits, dans le fil "Paradigme idéologique de France Culture".

Par contre j'ai l'impression, puisque vous citez Casanova et je pense Bourlange, que vous qualifiez de moraline ce que je ne vois que comme un réalisme économique. Je précise : le mot "réalisme" à prendre non au sens de "cynisme politique" (son acception la plus courante chez les gens de gôche qui refusent la chose), et pas non plus comme cette sorte d'acceptation dramatique de l'inacceptable, qui suppose un préjugé moral anti-économie. Vous savez, sur le ton "ah la la la la c'est pas marrant mais y faut reconnaitre que le capitalisme apporte plus de développement que le communisme " suivi de quelques sanglots étouffés et parfaitement hypocrites avant de choisir joyeusement la misère dans l'égalité, au prix d'un accès de romantisme mortifère par ailleurs délicieux. Je viens de caricaturer ce qui hélas existe dans le ton général de FC, largement éconophobe,

Je n'entends donc qu'un réalisme sans moraline chez Casanova : un propos de technicien de l'économie dont le pendant chez Bourlange est celui d'un technicien de l'organisation d'une démocratie. Et je pense que Couturier sans avoir le même niveau de connaissance, suit les mêmes principes qui sont en gros ceux de la mentalité libérale protestante, avec une bonne dose de confiance dans le progrès. Le progrès, la richesse, qui font ricaner à gauche où on préfère le confort sans savoir ni comment il vient ni combien il coûte. C'est pourtant clair : s'il ne naît pas du travail, il vient de l'esprit mendiant et de la pratique de la dette. Sans doute est-ce pour cela qu'à FC on se vautre dans le confort intellectuel, celui que vous avez remarqué avec Autain et Huertas. Attali avait dit un jour au 'Grain à moudre' : "dans le monde catholique la richesse est un scandale ; dans le monde protestant c'est la pauvreté qui est un scandale". Ce raccourci je le crois dramatiquement pertinent pour décrire la norme intellectuelle en France. Si je devais la stigmatiser au plus court je reprendrais la formule d'une 'gauche-catho-sans-même-le-savoir'. Plus court encore ?? Alors disons 'norme de la Gauche-Simplifiée'. Et tout cela dans la plus grande hypocrisie morale, car tout en prônant le partage et en stigmatisant la richesse, chacun passe son temps à tirer la couverture de son côté. Ce qui est d'ailleurs cohérent avec l'analyse quand on se donne la peine d'en tirer les conséquences : qu'on pousse jusqu'au bout les analyses de Bourdieu et il n'y a plus qu'à filer se réfugier dans un ashram. Je pense qu'il l'a compris tardivement et devinant que son imposture serait évidente avant longtemps, qu'il en est mort désespéré. Qu'il y ait dans la vie intellectuelle française une norme "être à gauche", inconsciemment simplifiée, est un drame qui déséquilibre durablement et depuis longtemps le débat des idées et même la vie artistique qui depuis 20 ans s'y engouffre. Comme exemples de cette intolérance sans nuance : la droite dénigrée d'emblée, dans le principe même ; l'apolitisme stigmatisé comme "de droite". Et tout cela sans débat, voila 2 très mauvais signes. Nous pataugeons là-dedans depuis la IVème, et France Culture nous y enfonce jusqu'au cou.

./...



Dernière édition par Nessie le Sam 03 Mar 2012, 22:20, édité 1 fois

Nessie 

Nessie

402
Répondre en citant  
Fin de ma réponse à Gomez - Sam 03 Mar 2012, 15:55

./...

Revenons à Couturier : je pense que l'effort de Brice Couturier est nettement orienté par le soin d'échapper au manichéisme outrancier, de traiter de chaque sujet au cas par cas en s'inscrivant dans la contradiction délibérée. Quand ses arguments ne sont pas bien choisis, la chronique échoue, mais je pense qu'il faut voir chez lui un rare souci d'indépendance, pour qu'il en vienne à cogner ainsi sur des gens qui, pourtant, sont du même camp que lui. Mais notez qu'il ne sera agressif qu'avec les invités les plus caricaturaux. Ces chroniques je les trouve réussies et justes dans une proportion des 2/3, et j'y inclus celles contre Hessel et Jorion. L'agressivité systématique serait une erreur, aussi n'est-elle pas souvent au rendez-vous. Je soutiens Couturier parce que (me semble-t-il) il fait contrepoids à cette présence de la norme idéologique 'Gauche-Simplifiée' celle que je m'essaie à décrire comme le fameux "Paradigme de France culture". Ce paradigme (cf toujours le même fil) est donc à prendre comme un portrait et un reflet de la part dominante de notre intelligentsia. Or cette part dominante je la vois dogmatique saturée de préjugés, et privée autant de sincérité morale que d'honnêteté intellectuelle. En clair : les gauchistes français (c'est à dire la gauche caricaturale) agissent en faussaires à tous les niveaux : moral, philosophique, social, intellectuel. Quand aux gens de droite je ne les connais pas, je ne les entends pas, ils sont à peine présents dans le débat des idées car ils sont trop occupés à agir (pour le meilleur et pour le pire). Ils occupent le terrain politique où ils servent de punching-ball symbolique à des gens qui ne seraient même pas capables d'être le maire de leur propre commune. Mais si des idéologues de droite devenaient dominants au point de manipuler FC comme le fait aujourd'hui la faction ci-avant décrite, je réagirais contre eux de la même façon. Et si des positions comme celle de Couturier étaient majoritaires à FC je n'éprouverais pas le besoin de répondre à ceux qui le flinguent alors que dans la situation présente, il apporte un point de résistance à ce que je perçois comme un rouleau-compresseur idéologique, aveugle, et nocif.

Il y a bien sûr un engagement idéologique derrière ma position, et je m'en suis clairement expliqué dans une récente réponse à Alain Machefert ce suppôt de Voinchet ET de Couturier : ma position est celle d'un ancien étudiant en diverses SHS, qui pense que sans un souci de l'honnêteté intellectuelle on ne mérite pas d'être cru. C'est d'ailleurs pour la même raison que je ne crois ni possible ni souhaitable de me positionner dans un camp. Vous dites "au-dessus de la mêlée" comme si c'était le rôle que je me donne ? Je dirais plutôt : au dessus d'un marécage sombre et vaseux où je ne voudrais entrer autrement que bien assis dans une barque.

Merci encore pour le ton de votre post qui n'était pas une apostrophe et donc ne conduit pas à une catastrophe. J'espère que la discussion continuera, que les excités y participeront en se dés-excitant, que les attaques personnelles n'y apparaitront pas, et qu'un jour France Culture aura une rédaction digne de sa vocation.

Mitsouko 

Mitsouko

403
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Mar 06 Mar 2012, 09:29

Je viens de lire les échanges précédents autour de Brice Couturier, "méchant réac" ou "cowboy de la Vérité Vraie sortie dénudée de son puits par ses soins" à Couturier. Et un Couturier qui dénude, ce n'est pas rien !

A vrai dire, ce genre de micro-polémique m'étonne un peu. J'aurais tendance à considérer que Couturier tient une espèce de rôle, sans doute en harmonie avec une certaine "sensibilité" mais rien de plus. Comme l'an dernier, on avait droit à Julie Clarini dans le rôle de "la-femme-de-gauche-engagée".

Couturier aurait donc sa fonction, celle d'un contrepoint à Huertas et compagnie et celle de garant du pluralisme des opinions. Histoire de donner le change et d'alimenter les passions politiques, polémiques, justement.

Henry Faÿ 


404
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Nixon in China - Jeu 08 Mar 2012, 01:03

Marc Voinchet a dit: Nixon in China, (concept politique qui veut dire bouleversement complet totalement inattenducomme l'a été le voyage de Nixon en Chine) c'est aussi un opéra de Philip Glass. Erreur, c'est un opéra de John Adams.

Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Page 41 0035

masterkey 

masterkey
Admin

405
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 08 Mar 2012, 11:00

Henry (bon retour parmi nous !), souffririez-vous que je déplace votre message dans le fil des matins (ce que je fais à l'instant) ?

A défaut, on peut aussi lui créer un fil d'accueil consacré, plus largement, aux erreurs factuelles relevées dans le flux radio (les "petits textes" s'en chargent déjà pour le site) ?

Voire le renommer en "Nixon in China et autres erreurs, bourdes et méprises innocentes" ?

Comme il vous plaira. En attendant, on le case aux matins.

http://www.regardfc.com

Henry Faÿ 


406
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les péroraisons parfaitement politiquement correctes de Brice Couturier - Jeu 08 Mar 2012, 12:24

Il est énervant, Brice Couturier. Il se réclame de la non-correction politique et avec une certaine agressivité et une sorte d'excitation dans la voix alors que, la correction politique, il est en plein dedans. Ce matin, il s'est lancé dans une grande péroraison: il n'est pas, dit-il, politiquement correct de dire qu'il y a moins de filles qu'il devrait il y en avoir en Inde et Chine et dans quantité d'autres pays, il n'est pas politiquement correct de dire que l'excision est quelque chose d'abominable (et il donne plein de détails), il n'est pas politiquement correct de dire qu'il y a des crimes d'honneur dont les femmes sont victimes etc etc. Mais cher Brice Couturier, on connaît tout ça, c'est le fonds de commerce du féminisme le plus courant le plus banal et le plus ordinaire et je n'ai jamais vu que le féminisme ne fût pas un des piliers essentiels de la correction politique.

Donc ce n'est pas la peine d'être parfaitement main stream et de se parer des plumes de l'anticonformisme.

Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Page 41 0035

Henry Faÿ 


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très médiocre émission avec Nicolas Joel comme invité - Ven 09 Mar 2012, 12:08

Elle était bien médiocre et énervante cette émission avec Nicolas Joel comme invité. Il est vrai que le directeur de l'Opéra de Paris n'est pas, à ce qu'on dit, un personnage très commode.

Marc Voinchet s'est vautré dans la médiocrité et la flagornerie en disant: "quand vous voyez ces grandes décisions qui se prennent, vous ne vous sentez pas un peu petit comme directeur d'opéra?" Une perche pour qu'il puisse réponde, faussement modeste: oh, vous savez, l'opéra c'est ce qu'il y a de plus grand, de plus beau.

Ensuite, Nicolas Joel a défendu son bilan, c'était bien normal, une situation florissante, des taux de remplissage élevés comme jamais. Marc Voinchet qui connaît la problématique aurait pu faire remarquer que ces taux élevés étaient obtenus par une programmation plan plan sans grosses prises de risque.

Marc Voinchet pratiquant la connivence n'a pas dit un mot des ratages répétés de la saison, un Faust calamiteux avec une mise en scène de Jean-Louis Martinoty prétentieuse et dont le caractère grand-guignolesque a fait l'objet d'un rejet général, ensuite une Manon mise en scène par Coline Serreau, très contestée elle aussi, avec des coupures insupportables, des extravagances intempestives et une forte hostilité de la titulaire du rôle titre, Natalie Dessay etc etc.

Marc Voinchet aurait pu interroger sur les tentatives de monter des opéras contemporains, qui ne rencontrent jamais de vrai succès.

Marc Voinchet aurait pu dire un mot des grèves récurrentes qui paralysent l'institution et entraînent des annulations désastreuses.

Le débat s'est un peu élevé quand il a été question de Wagner, et bien sûr son antisémitisme parce qu'on ne peut pas parler de Wagner sans parler de son antisémitisme et de Nietzsche et gnin gnin gnin et gnin gnin gnin et gnin gnin gnin mais Marc Voinchet a été ridicule quand il a suggéré qu'il y avait un rapport entre l'antisémitisme de Wagner et l'absence du Ring sur la scène de l'opéra de Paris pendant de nombreuses années idée que Nicolas Joel a balayée. Sur ce très grand sujet qu'est Wagner, cette discussion à bâtons rompus n'était pas d'un très haut niveau.

Nicolas Joel a fait état de ses antécédents assez impressionnants comme metteur en scène de Ring qu'il a monté plusieurs fois et il a aussi travaillé avec Patrice Chéreau dans sa légendaire mise en scène de Bayreuth et il a évoqué une mise en scène de Jean-Pierre Ponnelle de Parsifal pour l'opéra de Toulouse, dans laquelle le drame sacré était vu comme une confrontation entre le monde chrétien et le monde musulman. L'idée étonne, semble absurde mais comme Jean-Pierre Ponnelle est un très grand, elle peut susciter de l'intérêt.

Nicolas Joel a annoncé une baisse des tarifs. Marc Voinchet aurait pu faire remarquer que depuis que Nicolas Joel est là, les places peu chères disparaissent régulièrement et systématiquement, et que le système des places debout à 5 euros mis en place par Gerard Mortier a été démantelé, plus que trente par représentations et ces places sont les pires qui soient (contrairement à ce qui se fait à Vienne où ce sont des places d'où on voit très bien), on assisterait donc à un revirement.

Nicolas Joel a dit que l'opéra Bastille était plus grand que le Metropolitan de New York, c'est certainement faux et ces édifices immenses ne sont pas ce qu'il y a de mieux.

La prochaine fois que Marc Voinchet fera une émission sur l'opéra, il n'aura qu'à me faire signe, je serai prêt à poser les questions qui fâchent.



Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Page 41 0035

Nessie 

Nessie

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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Lun 12 Mar 2012, 13:40

Ce matin en clôture des Matins, un fort agréable moment d'évocation culturelle sur fond de complicité amicale : le trio infernal Angelier-Voinchet-Laurentin de nouveau réuni pour saluer la mémoire de Jean Giraud/Moebius, disparu ce week-end. Ils concluent avec la chanson de Nilsson, picking de guitare sans rapport mais bien venu en début d'une journée ensoleillée. Si chaque jour Tout feu tout flamme avait cette qualité on n'aurait pas envie de se barrer en courant à 8h50 même les jours où la matinale a été intéressante.

D'ailleurs à mon humble avis c'était le cas ce matin et d'autant plus surprenant que malgré Voinchet, l'émission s'est démarquée du catastrophisme dont France Culture fait ses choux gras toute l'année. Le sujet : la crise du logement en France, ce qui a donné l'occasion aux invités d'amender nombre d'idées courantes. Oui le marché de l'immobilier fonctionne mal, non le catastrophisme n'est pas de mise car le trend est positif. Ce qui explique peut-être l'intolérance d'autant plus vive dans tous les cas où on reste à la traine. Oui les médias dramatisent. Oui il y a des situations individuelle ou collectives qui sont dramatiques ou inadmissibles et qui dépassent de loin l'inconfort temporaire, mais on a tendance à en voir plus qu'il n'y en a. De même que le nombre des sans-abri qui est plus faible que ce que les médias donnent à penser (va-t-il le critiquer le catastrophisme social de France Culture ? ah non, il n'ose pas, tant pis !). Au fait, la pénurie de logement est réelle mais elle n'est ni générale ni homogène car il y a de nombreuses villes où on a un logement social en 3 semaines (perso je connais des gens qui se sont logés ainsi et vitte, à Angers, à Castres aussi si ma mémoire est bonne). Et ça irait mieux s'il n'y avait pas tant de contre-incitations qui découragent un peu tout le monde : les bailleurs de louer, les locataires de déménager parce que retrouver un logement sera difficile, et les propriétaires aussi sont découragés de déménager parce que les droits de mutation sont trop élevés donc si vous vendez pour acheter ailleurs, au passage vous êtes délesté d'un pourcentage trop important. Ces facteurs d'immobilité réduisent la fluidité y compris celle de l'emploi, et contribuent à faire de la France un pays statique.

Statique aussi dans ses institutions : un des invités nous dit que les maires sont trop nombreux, que toutes sortes d'élus sont des potentats locaux, qu'il faudrait supprimer les départements et les communes mais que c'est impossible car ces potentats ne voteront jamais la suppression de leurs propres mandats et pas non plus la réduction de leurs ressources (par exemple les fameux Droits de mutation). Soit. Du coup, est-ce lui ou un autre, le voila qui en appelle à un changement de régime, rien que ça. Comme si y avait pas là encore plus d'inertie. Je croyais que la mission de la sphère politique était d'organiser et de réorganiser. Il n'y a peut-être pas de quoi ressortir le serpent de mer d'une VIeme République

Bref on a entendu pas mal de choses, sauf que ça n'était pas très structuré ni bien synthétique. Moins instructif qu'un bon numéro du Grain à moudre ancienne formule. Pas vraiment un débat, plutôt une discussion de bistrot entre gens intelligents. Quant au diable radiophonique incarné (Brice Couturier) il a animé et relancé comme dans les bons numéros du Grain à moudre, justement. Quitte à se focaliser sur l'actu, je me dis que le mieux serait de lui donner cette matinale chaque fois que c'est un sujet de ce type. La donner à faire à Colombani quand on y cause de politique internationale ou de politicaillerie interne. La rendre à Assouline ou la laisser à Voinchet quand c'est culturel. Et puis aussi tiens la raccourcir d'un bon tiers. L'alléger de ses chroniques et la ramener à 1heure 15 en 2 parties. La faire suivre d'un tout feu tout flamme organisé par Voinchet qui accueillerait chaque jour quelqu'un capable de donner envie d'autre chose que de consommer du produit parisien branché (ça c'est pour jeudi), ou de nous faire sortir le mouchoir (le mardi), ou alors une banderole en manife (le mercredi).

Nessie 

Nessie

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Contre la sanctification de Stéphane Hessel - Mer 14 Mar 2012, 17:26

(je tente de ramener ici un débat qui semble démarrer ailleurs...)
Dans un autre fil, Henry Faÿ a écrit:
Mitsouko a écrit: Hessel et Sanbar espéraient peut-être ne pas avoir face à eux d'interlocuteurs pugnaces, ce ne fut pas le cas.Il n'empêche, le débat contradictoire est nécessaire et le rôle des journalistes (trop souvent passé à la trappe) est de l'amener afin de jouer un rôle de contre-pouvoir.
Hessel et Sambar ont eu un interlocuteur à qui ils ont littéralement cloué le bec, et ce n'était pas très difficile, Brice Couturier qui n'a été sauvé que par les interventions de Marc Voinchet qui changeait de sujet quand ça devenait trop difficile pour lui et un interlocuteur pugnace, certes mais qui maniait une rhétorique creuse, "vous diabolisez Israël"," vous utilisez des slogans", qu'il aurait fallu plus de temps pour démonter. Emmanuel Halperin s'est étonné qu'on puisse réclamer la propriété d'un bien spolié il y a trois ou quatre générations, alors que les Israéliens revendiquent une terre perdue selon eux mais c'est totalement mythique en l'an soixante après Jésus-Christ, soit si on compte vingt-cinq ans par génération soixante dix-huit générations, il y a une faille dans le raisonnement.
Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Page 41 0035
Réécouter Stéphane Hessel étant pour moi une épreuve morale immédiatement suivie de la mise à sac de ma pharmacie, je ne suis guère tenté d'aller réécouter ce numéro de catch à 4 où tout partisan sensé ne peut que voir des méchants dans le camp qui n'est pas le sien donc le leur.

Néanmoins je soumets à la sagacité de ceux qui aiment le chou en prise et non plus farci (ici un bref silence pour saluer le regretté Gérard Rinaldi l'immortel chanteur du Chou Farci, Gérard merci pour ton chou), à leur sagacité dis-je, le point suivant :

J'avais cru comprendre que le désaccord de cette matinale tournait moins sur l'attribution de la terre, que sur les comportements politiques actuels et sur l'avenir des accords de paix ; et surtout, qu'il s'agissait du message véhiculé par le bouquin de 2 des 3 invités, et non de rouvrir pour la 50eme fois le débat sur les méfaits du passé. Or il a semblé évident que les deux opposants du livre n'ont pas réussi à le lire jusqu'au bout. Mais je me demande s'il faut vraiment le leur reprocher ? Il y a quelques années le prix "Ville à lire" avait été décerné par Urbanisme+France Culture à "Ville panique". Dans les discussions du Jury, François Chaslin disait qu'il n'avait tout simplement pas réussi à lire ce charabia. Mais Laure Adler avait a-do-ré, et le livre reçut le **prix**. Ceux qui connaissent le style de Virilio devinent que d'essayer sincèrement d'y comprendre quelque chose, c'était déjà un exploit. Peut-on reprocher à Brice Couturier et Emmanuel Halperin d'avoir abandonné en cours de route ces 300 pages de faux dialogue masquant un robinet unique ? Si c'est un interminable tract, mieux vaut se limiter à lire les interviews des auteurs, on en sait autant.

Cela dit, le fil des commentaires sur le site de France Culture est très partagé, le ras-le-bol contre Stéphane Hessel y atteignant une hauteur notable et qui me fait bien plaisir. On y voit aussi que les auditeurs en écoutant la même émission n'entendent pas la même chose. Qu'on trouve Hessel odieux et Couturier à côté de la plaque ou bien l'inverse, même si c'est évitable (on peut aussi juger que les deux sont nuls ou l'ont été ce jour là) c'est là chose normale : ce sont des jugements de goût, subjectifs ; sur cela je pense que tous peuvent convenir sauf quelques imbéciles comme on n'en connait aucun ici. En revanche ou par contre, je trouve là-bas des qualifications comme : ricanant, arrogant, des diagnostics de défaite ou d'interruption. Ce sont des jugements à prétention d'objectivité, I mean des avis factuels au moins pour leur plus grande part. Or je n'ai entendu ni ricanement, ni arrogance, ni obstruction par l'interruption, ni obstruction par le monopole de la parole (pas comme fin novembre où on se souvient qu'agacé par Paul Jorion qui monopolisait le débat avec sa litanie répétitive, Couturier l'avait estourbi d'un coup de son Schumpeter relié plein cuir). Mais là, je ne me souviens pas d'avoir entendu quiconque clouer le bec à personne. Personne ne s'est retrouvé à terre, et les coups de savate ont toujours été portés entre hommes debout même à/par celui qui a des cannes. Ils se sont chamaillés jusqu'au bout et les interruptions étaient celles d'une engueulade normale. Personne n'a été empêché de parler. Ces bisbilles de l'écoute (ne cherchez pas la contrepèterie il n'y en a pas) ont de quoi faire douter de la fiabilité des auditeurs qui s'expriment sur le site de FC, probablement aveuglés par leur esprit partisan ; donc pas comme ici. On y retrouve aussi le tic bien connu de ceux qui qualifient de "rhétorique" les réflexions qui leur déplaisent et d' "analyse" la rhétorique qu'on leur sert et qui a l'heur de leur convenir. Alors faut-il s'inquiéter ? On écoute tous la même émission, et qu'on n'entende pas exactement la même chose ça me semble normal. Mais que les écarts soient aussi importants, là oui ça m'étonne.

Henry Faÿ 


410
Répondre en citant  
Adresse à Brice Couturier - Jeu 15 Mar 2012, 11:09

Cher Brice Couturier

Depuis fort longtemps, depuis que vous avez lancé et animé l’émission estivale de débat contre-expertise j’écoute avec un très vif intérêt vos diverses interventions sur France Culture, elles recueillent de ma part une assez large approbation et souvent me réjouissent. Je les trouve claires, j’en apprécie la pertinence et la rigueur ainsi que la force des convictions qui vous animent. Tout ce qui chez vos contradicteurs vous fera taxer de « néo-libéral » est pour moi utile et pertinent, je n’y vois pas l’expression d’un quelconque néo-libéralisme mais la prise en considération des lois permanentes de l’économie marchande depuis qu’elle existe et auxquelles on ne peut pas se soustraire, sauf à se réfugier dans la pensée magique et provoquer des catastrophes comme on le sait depuis la tentative de Turgot de libéraliser le commerce des grains.

Mais quand il s’est agi du conflit israélo-palestinien, force m’était de constater que la pertinence et la rigueur mais aussi le sens de l’équité et du réalisme politique étaient du côté de vos contradicteurs Elias Sanbar et Stéphane Hessel avec comme conséquence que le débat n’a pas été à votre avantage et qu’il vous a mis en en constante difficulté, à beaucoup d’arguments de vos contradicteurs vous avez été dans l’incapacité de répondre. L’avalanche de réactions que cette émission a suscitée n’a, mais faut-il s’en étonner, pas été l’occasion d’examiner avec précision les arguments que vous avez mis en avant, et on en est resté à des généralités qui revenaient à dire « haro sur ce néo-libéral ».

Je me propose de passer au crible votre intervention.

Dans votre exposé introductif, vous avez slalomé autant que vous avez pu pour contourner les deux vrais sujets qui n’en sont qu’un : la perpétuation de l’occupation de la Cisjordanie et la poursuite de la colonisation.

Vous vous en êtes pris pour commencer au choix éditorial de faire dialoguer deux défenseurs de la Palestine, Elias Sanbar et Stéphane Hessel. Aussi contestable soit ce choix, son seul effet éventuel est de limiter l’intérêt du livre, que d’ailleurs vous n’avez pas lu comme vous l’a fait remarquer Elias Sanbar, admettez que ce n’est pas au cœur de la question.

Quand vous dites que le conflit israélo-palestinien a servi de bouc-émissaire aux dictatures de la région, vous ne faites que décrire un aspect incident de la question. La perpétuation du conflit israélo-palestinien ajoutée aux conditions dans lesquelles l’Etat d’Israël a conquis et étendu son territoire et l’humiliation qui est imposée aux Palestiniens sont ressentis comme un outrage insupportable par l’ensemble du monde arabe. L’exploitation par les dictatures de cette situation n’en est qu’une conséquence parmi d’autres.
Vous avez dit que le conflit avait « perdu de sa centralité » et avez basé votre argumentation sur ce thème un peu surprenant, comme si c’était une invitation à aller voir ailleurs, ce qui revient souvent dans le discours des sionistes extrémistes. Parlons d’autre chose, s’il vous plaît, semblez-vous dire. Ce à quoi on peut vous opposer deux arguments ce que Stéphane Hessel n’a pas manqué de faire. Premièrement est-il vraiment vrai que ce conflit ait perdu de sa centralité ? L’admission de l’OLP à l’UNESCO, tous les débats auxquels cette admission a donné lieu, le chantage américain à la cotisation de l’UNESCO et la candidature au Conseil de sécurité ont bien montré que le conflit israélo-palestinien était loin d’avoir disparu des écrans à l’échelle diplomatique mondiale et font douter de cette perte de centralité. Deuxièmement, même si c’était vrai, en quoi cela légitimerait-il la politique de l’Etat d’Israël ? N’y aurait-il pas une obligation d’en parler davantage. En outre, s’il y avait une perte de centralité, ne pourrait-on concevoir que celle-ci ne serait que passagère ?

Vous avez critiqué ceux qui prétendent que le conflit israélo-palestinien est la cause de toutes les violences et de tous les troubles du Moyen-Orient et que si ce conflit était réglé, la paix et la prospérité reviendraient comme par enchantement. Mais qui peut être assez ignorant de la politique pour prétendre une chose pareille? Ce qu’on ne peut pas nier, c’est que le conflit israélo-palestinien a depuis des décennies profondément déstabilisé cette région, qu’elle la pénalise toujours lourdement, voyez en particulier comme un pays jadis pacifique comme le Liban en est affecté de manière tragique. De ce point de vue le bilan de ce conflit est accablant et cela ne peut que provoquer un fort ressentiment dans la région. Que ce conflit ne soit pas la seule cause de troubles, on peut aussi l’accepter mais en quoi cette considération dégage-t-elle l’Etat israélien de ses écrasantes responsabilités ?

Vous avez dit qu’il n’y avait qu’en Europe qu’Israël était « diabolisé », je ne dirais pas diabolisé mais justement critiqué du fait de ses agissements dont on peut voir connaissance en lisant tout simplement Le Monde, point n’est besoin d’être un spectateur de la chaîne Algezira. Mais si le débat a lieu principalement en Europe, c’est que l’Europe est aux premières loges, c’est tout à fait normal qu’on soit sur notre continent très attentif et sensible à ce qui se passe en Israël, ne serait-ce qu’en raison de l’importance qu’a pour nous le monde arabe aussi bien que ce qui concerne le peuple juif. Les Etats-Unis sont depuis longtemps des supporters inconditionnels d’Israël, en Amérique Latine c’est loin, en Asie c’est loin et en Afrique, je ne sais pas.

Vous avez dit : « Faute d’avoir su donner aux enfants de l’immigration les emplois correspondant à leurs qualifications, on cherche à les enfumer dans une pseudo-communion suspecte dont la figure du Juif est la victime commode. Le vieil antisémitisme, d’origine chrétienne comme d’origine musulmane, trouve là une reconversion particulièrement inquiétante ».
Que c’est tarabiscoté et tiré par les cheveux ! On voit qu’un discours sur la mise en cause de la politique d’Israël doit forcément comporter comme figure obligée un petit couplet sur l’antisémitisme et qu’une cavatine finkielkrautienne sur les jeunes de banlieue y trouve bien sa place. Mais cher Brice Couturier, qui est ce « on » ? Qui est l’auteur de cet étrange complot ? Il se trouve que les enfants de l’immigration sont originaires d’Afrique du Nord, donc qu’ils se reconnaissent comme arabes, même s’ils sont passablement déculturés. Il se trouve que ces enfants de l’immigration sont l’objet d’une discrimination qui leur barre l’accès au marché du travail. Comment pouvez-vous empêcher ces enfants de l’immigration de manifester une hostilité à ceux qui oppriment leurs frères et d’être également en rupture avec une classe politique dont pour rien au monde un dirigeant qu’il soit de gauche ou de droite ne manquerait le dîner annuel du CRIF ? Ne prétendez pas dicter aux enfants de l’immigration ce qu’ils doivent penser ! Je ne vois personne derrière ce « on » ou s’il y a quelqu’un, dites-moi qui c’est. J’y vois une réaction aussi compréhensible que spontanée car qui sème le vent récolte la tempête et elle n’a pas forcément quelque chose à voir avec le vieil antisémitisme chrétien ou musulman.

Chercher à justifier la violence d’Israël par celles d’autres acteurs politiques de la région n’a aucun sens, comme l’a fort bien dit Elias Sanbar, c’est même une idée indigne et tellement faible qu’on peut supposer que si vous l’utilisez, c’est que vous êtes à court d’arguments.

À l’argument d’Elias Sanbar que ce qui délégitimait Israël c’était l’occupation (avec son corrolaire la poursuite de la colonisation), vous n’avez pas su quoi répondre.

Au cours de la discussion, Stéphane Hessel a dit que pour parvenir à la paix, il fallait s’en remettre, non pas aux sentiments, non pas aux passions, mais appliquer des principes généraux, opposables à toutes les parties, ceux du droit, que ceux-ci procèdent des Nations-Unies et l’ambassadeur a rappelé qu’Israël était une création des Nations-Unies, cette position est forte et impose le respect. C’est alors que vous avez eu un ricanement que je n’ai pas trouvé de bon aloi. Parce que vous trouvez risible l’idée que les Nations Unies défendraient l’Etat d’Israël. Ce n’est pas risible du tout car si Israël était menacé, les Nations-Unies, dont la force militaire est quantité négligeable, serviraient de couverture juridique à une opération qui impliquerait des Etats puissants et possiblement les Etats-Unis, comme cela s’est vu plusieurs fois dans l’histoire contemporaine. En refusant l’idée qu’Israël doit conjointement appliquer le droit et se mettre sous la protection du droit, vous montrez que vous êtes du côté des extrémistes, ceux qui se résignent à une guerre de mille ans ou l’appellent de leurs voeux. Par ailleurs, l’idée qu’Israël ait besoin de martyriser un petit peuple pour assurer sa défense est une absurdité totale, surtout si on considère le rapport de force et l’alliance avec les Etats-Unis d’Amérique. En martyrisant un petit peuple, en grignotant son territoire, en spoliant ses habitants, Israël ne fait que susciter la haine et le rejet, alors que la tâche la plus importante serait de se faire accepter dans la région. Mais la tendance la plus forte qui prévaut en Israël est de se couper mentalement de la région comme l’a bien expliqué la journaliste israélienne Avirama Golan, interrogée Abdelouahab Meddeb dans son émission Culture d’Islam.

La simple lecture de la Bible nous montre que les Juifs sont le peuple de la Loi. Donc les Israéliens doivent respecter la Loi. La Loi n’est pas celle qu’on se bricole pour soi, la loi est celle qui vous est imposée.

Je voudrais également réagir à un propos de votre acolyte dans la défense du sionisme extrémiste Emmanuel Halperin. Il était question du retour des réfugiés et il a fait une incise : » « même trois ou quatre générations sont passées ? ». Il voulait dire que trois ou quatre générations plus tard, il y avait prescription, que le droit au retour et à la récupération des biens était forclos. C’est un peu étonnant à entendre car le droit au retour proclamé comme fondement de l’Etat juif s’applique à une expulsion, en fait totalement mythique qui aurait eu lieu en 60 après Jésus Christ, si on compte vint-cinq ans pour une génération, cela fait rien moins que soixante dix-huit générations, avec la perspective que ce soit jusqu’à la fin des temps. Trois quatre générations pour les uns, soixante dix-huit générations et même autant qu’on veut pour les autres, il y a quelque chose qui ne colle pas.

Je vous redis qu’il n’y a que pour la question du conflit israélo-palestinien que je ne vous suive pas. Je souhaite vous entendre aussi longtemps que possible sur les ondes de France Culture et j’ai du plaisir à vous voire démolir des gens qui sont à la limite de l’imposture comme Paul Jorion.

En espérant que ces remarques vous auront paru éclairantes et même pertinentes et en restant à votre entière disposition disposition pour en débattre, je vous prie d’agréer, Cher Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

Henry Faÿ
henrypmfay@yahoo.fr




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Nessie 

Nessie

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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 15 Mar 2012, 11:33

Tu lui as envoyé ça en mail ?

Si oui : je pense qu'il te répondra.
Si non : je te suggère de lui envoyer :

a) les 2 premiers paragraphes + << je me propose de passer au crible votre intervention >>

b) l'adresse du forum avec un "pour lire la suite clickez ici"

(histoire de le motiver : si ta critique est lisible sur un forum d'auditeurs ça le poussera non à intervenir ici puisque les producteurs de FC ne peuvent décemment pas le faire, mais au moins à te répondre et à te demander de reporter sa réponse)

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