Actuellement, une série d’l’été (parenthèse, vous avez remarqué, le signe ne trompe pas, mais ça va être long : ce ne sont plus des Gdes traversées mais des « séries d’été », comme celles offertes aux lecteurs des hebdo d’actu, rabâchant toujours les mêmes sujets, qui prennent à cœur de rester en même temps dans le superficiel, et en même temps dans les clichés des séries d’été, soit exotisme, évasion, ou de manière plus générale de bêêêlles « story » pleines d’émeutions, des portraits en pied de figures auréolées de gloire à admirer, que dis-je admirer, à vénérer au plus vite, Dieu comme elles sont bêêêlles, Dieu comme elles sont grrrrandes, et fermons la parenthèse ça suffit, elle était longue car c’était une parenthèse d’été) est lourdement promue par les communicants du Radio France Group. Alors oui, ils vous disent qu’ils ont a-do-ré, que c’est juste génial et passionnant, mais ils ne vous disent pas dans leur dépliant promo qu’ils font partie de la boîte à Radio France (faut toujours penser à cliquer sur le profil de l’œuvre) qu’ils sont payés pour mettre en avant leurs propres programmes, et quoi de mieux que les réseaux sociaux pour faire comme il faut un boulot d’influenceur qui à coups de deux/trois adjectifs bien sentis rabat la meute d’auditeurs assoiffés de série d’été tuturelle.
Cette s’maine, comme chaque s’maine, ça y va dur à la manœuvre pour matraquer la qualité quatre étoiles des grandes traversades.
À force d’à force d’à force de pomper l’air, voilà-t-y pas que nous voilà (nous=je, parce que je (=nous) me suis démultiplié (= nous sommes démultipliés) pour écouter la traversade du siècle). Oh pas tout, non, seulement la partie qui est tombée sous l’coude
la cinquième et dernière. Le Saint glorifié est Joseph Kessel, qui a, depuis la grosse promo « entrée dans La Pléiade de chez Gallim’», son heure de gloire sur France Cu. Plusieurs émissions (= beaucoup) lui ont été consacrées, il était logique que, dans un soucis de varier les programmes et d’offrir aux auditeurs toujours assoiffés les mêmes programmes, car le principe d’une bonne radio privée marketée business est de matraquer des formules qui marchent, les dupliquer sans fin tant que ça fait du chiffre. Merde, ah non France Cu n’est pas une radio priv… bon on continue pas le temps de corriger.
Les grands traversins sont dorénavant coulés dans le même moule : plein d’intervenants, plein de musiques de fond hyper pop pour l’émotion, plein de témoignages tous aussi superficiels les uns que les autres, pour raconter la bêêêlle story. Celle de Kessel est produite par un gars qui en tout point respecte son cahier décharge : produire du superficiel pour une série d’été. Après, nous entendons d’ici certains hurler (moins fort y'en a qui bossent ici !) que France Cu fait aussi ça pendant l’année. Ce à quoi nous pourrions leur répondre que oui, mais pas sous la forme de grandes traversitudes, sous la forme d’entretiens en studio avec promo à la clé de douze.
Les intervenants ne sont pas forcément n’importe qui, ils ont sûrement des choses fort intéressantes à raconter, à expliquer, mais notre producteur pétulant & sémillant (auteur d’une déjà fameuse œuvre radiophonique aussi verte que pas mûre) soit ne les a pas titillés suffisamment pour des raisons que la raison oblige à passer sous silence, soit les a coupés au montage, car oui, la grande traversude est une des rares émissions de France Cu pas en direct, qui mouline des machins au montage, qui charcute les intervenants au max, pour faire de ce grand machin un immense clip de cinq heures.
Nous pourrions vous épargner le détail de l’émission, et vous pourriez nous dire, et là nous vous laissons la parole allez-y lâchez-vous :
« Mais avez-vous des preuves de ce que vous nous avancez, chers amis (= nous) ? Comment pouvez-vous dézinguer une traversassion, certes grande, sans donner une preuve de... »
Et là nous vous couperions la parole sauvagement en beuglant. Redonnons-nous la parole avant de la reprendre (suivez, ça devient compliqué, on n’est pas dans une grande traversouille ici) :
« Taisez-vous, bande de minus ! »
Dans « bande de minus », je (=nous) m'inclus dans la bande de minus, car vous étiez nous, donc moi, puisque nous avons lâchement inventé votre réaction, donc la mienne, donc la nôtre, afin d'impulser une dynamique à ce billet.
Commençons donc cette dernière brasse coulée de notre traversitudination.
Au début, formatage formatage, des p’tits bouts de témoignages pleins de nez & de motions.
1- Moi je me moi, ma rencontre avec le Saint homme. Récit d’un témoin qui l’a à peine croisé, mais c’était plein de nez & de motions, donc ça colle.
2- Moi moi moi, ma lecture de l’œuvre du Saint : c’est pas une œuvre réservée aux femmes, mais à priori seul’ment, parce si on regarde bien, l’œuvre du Saint est ouverte à toutttzétous : aux gonzes comme aux gonzesses. Merci c’était passionnant, et même passionnant.
Comme ça, les auditeurs femmes (= les auditrices) ne quitt’ront pas l’poste & le pode & le caste, puisque c’est une émission à auditeurs mixtes. Et c’est sur ces propos passionnants, mais vraiment quoi, que top générique.
Top départ avec un truc qui fait vachement bien mais qui n’a rien à voir avec le Saint honoré (le jeu de mot est involontaire, mais bon, on le prend comme il vient), le générique d’une série tévé récente quoique défunte, et à succès, pour que l’auditeur moyen, donc le con (=vous, =nous) se dise « oh mais je connais, c’est le générique de « Peaky Blinders », trop bon France Cu, trop tip top géant méga super fun ! »).
À ce moment, c’est-à-dire après seulement 2’33’’ de traversitunité, nous pourrions couper, tout est joué, ça va être ce que nous savons parce que les deux premières minutes, sorte de bande-annonce de l’émission, nous ont tout dévoilé. Eh bien non, on va continuer un peu par-ci et surtout par-là. Oh oui encore ! Vas-y, fais-nous souffrir, Grande Traversionnitation !
Le narrateur se la joue carrément, à défaut de rondement, à l’enquêteur chevronné, c’est plus la traversude, c’est « Hondelatte raconte », c’est « Affaires sensibles » ! Mais avec la voix d’un étudiant de première année de Fac de lettres qui tenterait d’imiter ses maîtres. Quand on dit qu’il n’y a pas d’humour à France Cu, c’est faux, c’est archi-faux ! Il y en a plein partout !
Et comme c’est « Affaires sensibles raconte la grande traversation », ce n’est plus de Joseph Kessel qu’il s’agite, ah mais non, alala me nous la racontez pas, c’est carrément « Jef », Jef pas les chocolats, non, mais Jef du grand traversin de l’été de France Cu. Jef quoi. Jef.
Allez, à l’attaaaaaaaaque !
Extrait du film de Pierre Schoendoerffer & Jacques Dupont tourné en Afghanistan et écrit par Saint Jef.
Le journaliste raconte à Christophe Drouelle comment que ça s’est passé en reconstituant approximativ’ment les dialogues entre Kessel et l’équipe technique. Dieu que c’est réaliste. Poignant, passionnnnnnant. Le résultat est une réécriture de la fiche Wikipédia du film, qui soit dit en passant, parce que nous avons fait un comparatif, est plus complète que le récit actors studio qui nous est offert en pâture.
Pause aspirateur. Cette pause, je vous rassure, contrairement à nous donc moi, vous ne la sentirez pas passer.
Je reviens au numéro actors studio. Il est enrichi d’une anecdote complètement inintéressante, mais passionnante et émeuvant : à la veille du tournage, le poto Jef a emmené l’équipe faire la bombe. Résultat, gueule d’bois, comme de bien entendu. Voilà. Fin de l’anecdote.
Ensuite, un peu de rock pour nous détendre de cette intervention d’une ou deux minutes j’ai pas compté mais c’était en tout cas super top. Du rock comme l’aimait Jef pas de Bruges, mais ça nous change de Peaky Blinders, dont l’acteur principal figurez-vous (et figurez-vous bien sortez le papier et les crayons) pointe en première ligne dans LE film de l’été, celui dont la promo infuse partout en toute discrétion, y compris sur France Cu bien sûr, la voiture-balai de l’actu promo.
Comme le réalisateur (achtung nous revenons au film) est décédé, reprise d’une archive avec lui, mais le Fabrice Hondelatte amateur ne nous le dit pas, ce qui fait que nous croyons que notre Albert Londres est allé l’interviouver dans sa tombe, et que ma foi, il a l’air d’aller pas trop mal. L’interviou reprend en grande partie les infos données déjà par notre journaliste actors studio. Trop c’est trop, et en plus avec le rock par dessous qui continue à se déverser plein pot (hors-sujet mais on s’en tape, ça crée une dynamique je vous rappelle, et que tant qu’il y en a une, peu importe ce qu’on fout dedans).
7ème mn. Un grand reporter déboule pour nous passer un p’tit coup d’rappel de la situasse en Afghanistan à c’t’époque et pour Jef.
Voilà le grand manitou qui déboule avec des explications en mode « j’me la pète », avec option « buvez ma parole les gueux ».
Bo comme une adaptation radio d’un reportage d’été du Figaro M’dame.
Nous vous l’offrons en cadeau d’adieu, parce qu’après la huitième mn nous avons le ventre creux, le gosier sec, et l’envie de ne plus être pris pour un auditeur de France Cu (voir synonyme plus haut).
« Quand Kessel [il l’appelle pas Jef comme tout l’monde, lui ?] va très très tôt en Afghanistan, avant les hippies [THE repère historique], en 56, il découvre un pays qui est l’ultime frontière. En tant qu’reporter, j’pense, mais, aussi, le Kessel russe ça l’chatouille l’Afghanistan, c’est la frontière du great game de Kipling, c’est-à-dire de ce jeu de rapports de force entre l’Empire anglais, indien et l’Empire russe, c’est là c’est Kim, tous les romans d’Kipling qui s’passent, c’était vraiment le lieu d’affront’ment entre les deux visions impérialistes. C’était l’ultime frontière, quoi, c’est un peu, y’a le wild westeuh, oooeuuuuoooeuuu c’tait les Z’tazunis, y’a le wild east, c’est la le l’Afghanistan c’est cette ultime frontière donc c’est pour ça qu’il est attiré par ce pays, et c’est un pays euh total’ment médiéval, sans électricité naaaaan annn annn, tenu par des chefs de clans qui en plus ont le bon goût d’être extrêmement beaux et d’monter à ch’val. De s’battre comme des dingues. Alors ils boivent pas, mais à part ça ils cochent beaucoup des cases de Kessel tout d’suite, dans des paysages sublimeuh, avec des histoires magnifiiiiiiques, lala, donc là tout d’suite il tombe amoureux d’eux, notamment des Pachtounes, les grand-pères des Talibans actuels hein ou les arrière-grands-pères. »
Et ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Fin.