Pour une fois que j'écoute les matins en diwect, j'ai été gâté. Vers 8h40 j'en sors un beau pour la bourriche, oh le beau : Voinchet qui s'étonne que Valls n'ait pas prononcé une seule fois le mot "ouvrier" dans son discours de politique générale. Et pas non plus le mot "fonctionnaire".
Voila le niveau où se traine la réflexion de Voinchet. Une seule explication :
avant d'aller chatouiller le micro chez Caro, Didier Eribon est passé chatouiller la plante des pieds de Voinchet, qui s'est soudain souvenu qu'il travaillait pour une radio prolétarienne et que s'il voulait faire bonne figure en prévision de la messe prolétarienne de midi, pour pas se faire doubler sur sa gauche il devait mettre un peu d'ouvrier dans sa marmite.
Eh oui que voulez vous, quand on habite dans le VIIe arrondissement de Paris (je connais, j'y ai vécu 20 ans) et quand on va au boulot en taxi alors qu'on y serait à pieds en 15 minutes, on est bien placé pour asticoter "Hubert" (Védrine) parce qu'il se déplace en limousine avec chauffeur mais on a tout simplement oublié qu'il existait d'autres espèces de prolos que les caissières de supermarché. Tiens au fait, Marco il aurait pu ajouter les caissières, après les fonctionnaires et les ouvriers. Ou même carrément leur donner le rôle numéro Un et on voit d'ici la question "Manuel Valls offon kamème il n'a pas assez parlé des caissières, kamème offon vous trouvez pas ?"
Voila le niveau de l'analyse politique de Voinchet.
Pour mémoire, c'est avec la même question con ou quasi que Daniel Schneidermann avait ouvert le numéro d'Arrêts sur images juste consécutif au premier tour des présidentielles en 2002. Les 5 jours qui avaient séparé le dimanche du scrutin et l'enregistrement de l'émission avaient vu comme fulgurante analyse, l'idée que le vote Le Pen résultait de la désaffection des médias pour le monde ouvrier : pas assez présent dans la campagne électorale, qu'y disaient et voila le résultat. Lors mon Schneid montant sur ses grand chevaux, avait ouvert l'émission par une véritable engueulade aux responsables de l'info qu'il avait invités pour leur faire la leçon "Et alors, c'est devenu un gros mot, "Ouvriers" ? Vous avez vu où on en est maintenant : on a Le Pen au deuxième tour !". Ouais, ben nous on a Schneiderman et Voinchet au décryppetage et je vous jure qu'on n'est pas mieux lotis hein. N'empêche ce jour là je me suis demandé pourquoi il ajoutait pas clairement : "C'est de votre faute !!". La misère du journalisme politique n'était peut-être pas seulement là où Schneidermann voulait la voir. Ce matin voila que notre Voinchet, animal doué de mémoire sinon de raison, nous ressert le plat, et la même misère.
Misère de ma radio....