Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Yann Sancatorze a écrit:
FC fait plus que se replier sur elle-même autour de ses petits enchantements, c'est un pli en 2, puis en 4, puis en 8, puis en 16, puis en 32, jusqu'au niveau atomique, et la station n'ayant plus rien à nous proposer, elle fera un pschitt final et cosmique. RIP FC, station autocentrée, autiste et autosatisfaite, décédée des suites d'une longue maladie contractée en 1999.

Comme vous le savez, je ne suis pas le dernier pour dénoncer le déclin intellectuel de FC. Cependant, je ne vous suis pas sur deux points, probablement dû à un diagnostique différent.

1. FC ne se replie pas, elle s'étend. C'est plutôt une stratégie de la radio générale, "haute gamme", de manière à étendre son auditoire, quitte à perdre quelques irreductibles. Ce qui explique l'augmentation de l'audience. (Remarquez que même ceux qui la critiquent ici rentrent dans les statistiques d'audience).
2. Début du déclin en 1999 et donc responsabilité de L. Adler et des socialistes, si je suis bien.

Mon constat est plus "pessimiste" et plus définitif: nous ne reviendrons pas à une époque, ormai (pourquoi pas un peu d'italien) , révolue. L'évolution du monde ne le permet pas, et cela a peu à voir avec les socialos.
Mon "pessimisme" est mis entre guillemets car, avec d'autres, je pense que l'évolution de la société offre d'autres possibilités de trouver la culture que l'on recherche, avec la création de "niches intellectuelles" et Internet comme moyen d'y accéder.  
Mais, pour FC, je me répète, c'est cuit, même aprés...... 2017.

J'avoue avoir du mal à suivre la logique de votre raisonnement, ou ce sur quoi il reposerait. Il ne s'agit pas de se battre pour la survie de la voiture au gazogène, mais de tenter de percer, arguments à l'appui, la carapace de directions qui ne connaissent ni ne comprennent l'outil qu'elles ont entre les mains. Ce n'est pas un problème de demande, car elle est là : les moyens de diffusions actuels font que les programmes de radio "de fond" (autant en densité qu'en longueur) sont plus confortablement appréciables aujourd'hui (via téléphone dans les transports etc.). Nous n'avons pas besoin de montrer que les radios culturelles d'autres pays, restées exigeantes, continuent à fonctionner et réunissent autour d'elles de véritables communautés d'auditeurs. Comme vous le dites aussi, nombre de productions hors-médias profitent de cet engouement renouvelé pour la parole "dite" grâce aux nouvelles technologies, et de nombreuses productions d'amateurs éclairés surpassent les meilleurs efforts de producteurs installés (mais paresseux ou obsessionnels). Mais malgré tout, ce sont, pour le moment, les radios les plus correctement financées (publiques ou semi-publiques) qui restent en tête car elles disposent de moyens difficiles à égaler ailleurs. Et face à la multiplicité de l'offre, il est aussi plus confortable de faire confiance à un média déjà reconnu qui dispose d'un catalogue à vous proposer. La demande et les pratiques sont là.

France Culture ne s'étend pas, elle supprime et remplace. La transmission est remplacée par une logique de "fondation culturelle" type OPA : favoriser les rencontres et les échanges pour créer une "ambiance culturelle", et afficher une identité politique. Et face à des impératifs d'audience, on ajoute ensuite une mission inventée de radio généraliste, mais qui n'est pas cependant une ouverture : le petit nombre des personnels joue à faire les experts en tout, la perspective est parisienne, les moyens sont pauvres, les ambitions sont casanières, le copier/coller est la règle.

L'injection massive de politique moralisante depuis l'ère Adler fonctionne comme une collusion remarquable, et qui semble tomber au bon moment pour ces décideurs : voilà l'occasion de produire de la radio bon marché qui va satisfaire une base militante. "Créer des échanges et des rencontres", c'est une table ronde, ça ne coûte rien. Imposer une lecture partisane de l'actualité, ça ne coûte rien, les journalistes maison font ça tous les jours et il suffit de leur octroyer une majorité des tranches horaires. Et l'autre avantage, dans cette collusion entre faibles moyens et détournement politique, c'est que l'anti-élitisme qui règne à FC (hostilité envers la transmission du passé, c'est à dire une pratique discriminante et potentiellement dangereuse car qui sait ce qui ira à l'encontre du catéchisme dominant...) permet de s'épargner quantité d'efforts :
- pas besoin de travaux préparatoires et coûteux pour des projets d'émissions
- pas besoin de formats soigneusement préétablis (le flou des échanges, dans cet esprit anti-élitiste, fait plus "buissonnier", sympa, décontracté, bref, le contraire d'une parole supérieure d'autorité, quelle horreur)
- possibilité d'intellectualiser à peu de frais une parole militante "de base", et de multiplier les cases d'invités "culturo-compatibles".

Bref, on pourrait continuer. Il ne s'agit pas donc d'un mouvement de fond inéluctable, la fin de la bougie et l'arrivée de l'électricité. Il s'agit simplement d'un petit groupe qui détourne un média public, sans prendre le temps de comprendre ce qu'est une radio culturelle de service public, car cela ne les intéresse pas. Seuls les intéresse ceci :
- fonctionner avec peu de moyens et plus d'auditeurs
- mener à bien un projet politique interne

Mon espoir, c'est que l'examen du Contrat d'Objectifs et de Moyens à l'Assemblée débouchera sur un contrôle plus étroit du fonctionnement et des missions de la part des députés (car les directions sont incompétentes et la tutelle est absente), et que ceux-ci, éclairés, informés, court-circuitent le système pour imposer une remise à plat complète. Rêvons d'un député qui trouverait anormal qu'en France, une radio culturelle de service public appartienne à un petit groupe de titulaires politisés,  et qui regretterait que nous n'ayons pas en France une radio consacrée à la littérature, à l'art, aux sciences, à l'archéologie etc., prônant un retour à un juste équilibre (actualité et politique dans des cadres bien définis, et le reste confié à l'inventivité de programmateurs responsables et conscients des missions et responsabilités d'un tel média).
Tout cela est possible, et pas anachronique. Il faut simplement débarquer un paquet de monde, à commencer par les directions, qui jouent à la fois le rôle d'empoisonneurs et de fossoyeurs.

Yann Sancatorze a écrit:J'avoue avoir du mal à suivre la logique de votre raisonnement, ou ce sur quoi il reposerait.

Si aprés quatre ans de forum je ne suis toujours pas compris, c'est tout simplement que je ne dois pas être trés compréhensible.  Je devrais peut-être me lancer dans le  haïku. Au moins c'est poétique.
Mais pas d'inquiétudes chers auditeurs (lecteurs), comme nous le répète quotidiennement Adèle Van Reeth sans se lasser, nous nous retrouverons trés bientôt sur ce forum.

C'est simplement que j'aurais aimé que vous développiez votre argument jusqu'au bout!
Et entretemps, j'ai songé à une compression possible de mon post précédent, décrivant le plus brièvement une source possible du mal qui frappe FC depuis 1999 :

L'anti-élitisme comme projet politique appliqué à une radio culturelle de service public a l'avantage d'être gratifiant et bon marché.

AUjourd'hui, nous avons droit à, si j'ai bien compris, une Journée spéciale de la Femme. Cette noble entreprise qui est censée répondre à la lancinante question "Pourquoi tant de violence masculine envers les femmes?" est issue des événements de Cologne. Caroline Broué est aux commandes: elle a deux invitées  (pas d'hommes, ce serait déplacé) Arlette Fage, une historienne spécialiste du XVIIIe siècle et "l’anthropologue des mondes contemporains Véronique Nahoum-Grappe, ancienne élève de Françoise Héritier qui a beaucoup travaillé sur la question des différences des sexes, sur la domination masculine et la violence faite aux femmes". Good, se dit-on. Très vite Arlette Fage nous explique qu'elle se demande un peu ce qu'elle fait là , que la femme était très libre au XVIIIe siècle (?) et véronique Nahoum-Grappe se lance dans des attaques confuses contre l'homme en général (Nous les hommes, sommes tous des violeurs, des atoucheurs, des pervers, etc.) et très vite réfute tout rôle de la religion dans les événements récents et dans le comportement de l'homme en général. Que voilà de la bonne anthropologie ! De la bonne sociologie! De la bonne histoire des religions!
Ces dames se disent avoir été sidérées par ce qui s'est passé à Cologne *, événement inouï à leurs yeux. Elles oublient la place Tarhir au Caire, les pillages et viols tout au long de l'Histoire et ce qui s'était passé il y a deux ans à Stockholm, là aussi, occulté par la police et les responsables municipaux. Caroline Broué met son grain de sel sous forme de questions-affirmations parfaitement ridicules et cite et récite Françoise Héritier (juste le nom), tandis que l'anthropologue se lance dans un long hommage confus aux travaux de Mélanie Klein (citée comme on citerait Saint Paul dans un prêche) pour laquelle l'enfant suce le sein maternel, dévore le lait et hait du même coup celle qui le lui donne (c'est ce qu'elle a dit de Klein, on se demande encore comment,pourquoi tant de haine? Les fils haïssent leur mère et donc les femmes? Tous les fils? Et, question dangereuse, est-ce haïr une femme que de tenter de lui toucher les seins ou le sexe?  Bref  Mélanie Klein-Molto même rhétorique. Affirmez, affirmez…) Là, j'ai décroché.
Ce qui aurait pu être un débat intéressant s'est donc réduit à donner la parole à une historienne se demandant à plusieurs reprises ce qu'elle faisait là et une anthropologue volubile, fascinée par sa propre parole. Du temps perdu.

* L'historienne reproche "aux gens qui étaient certainement aux fenêtres" de ne pas avoir réagi. L'historienne ne connait pas Cologne : entre la gare et la cathédrale, il n'y a pas d'immeubles habités. Immense parvis. Antoine Mercier, pour une fois silencieux, réclame cependant une enquête :"Mais statistiquement, il y avait autant d'hommes que de femmes (d'où tient-il cela?), pourquoi les hommes n'ont-ils pas réagi? A. Mercier ne sait pas ce qu'est une foule en fête un 31 décembre à Cologne et n'a pas compris que les agresseurs agissaient en groupe et s'attaquaient surtout aux femmes isolées. Pas fous!

Français se sentant français ! Vous vous en doutiez, « La Grande Table » vous le confirme : si certains en France ne se sentent pas français, vous en êtes les coupables [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-02.02.2016-ITEMA_20903410-1.mp3" debut="05:17" fin="06:00"].

Le racisme dont ils usent entre eux n'est qu'une appropriation du vôtre [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-02.02.2016-ITEMA_20903410-1.mp3" debut="07:40" fin="08:55"].

Pour Patrick Weil, le problème vient de l'enseignement, mais peut-être pas de la façon que vous auriez imaginée [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-02.02.2016-ITEMA_20903410-1.mp3" debut="08:55" fin="10:05"].

Ceux qui se souviennent de la controverse Bensoussan dans « Répliques » pourront juger de l'honnêteté intellectuelle de M.Weil [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-02.02.2016-ITEMA_20903410-1.mp3" debut="10:34" fin="11:28"] en relisant les propos réels de M.Laacher.

Mohammed Ulad a trouvé un argument massue contre la déchéance de la nationalité [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-02.02.2016-ITEMA_20903410-1.mp3" debut="19:00" fin="19:23"].

Enfin, une très prolétaire Caroline Broué s'insurge, le couteau - ou plutôt la fourchette - entre les dents  [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-02.02.2016-ITEMA_20903410-1.mp3" debut="28:14" fin="29:29"].

[son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-18.02.2016-ITEMA_20916309-1.mp3" debut="01:57" fin="02:30"]

"Je découvre un mot que la majorité des auditeurs connaissent déjà (qui ne connait pas ce mot de cruciverbiste??) et je le prononce à l'envers". Vive France Culture 2016, la projection d'une ignorance interne sur des auditeurs fatigués... Le tout en se trompant.

Rowan(https://regardfc.1fr1.net/t337p190-la-grande-table-tirons-la-nappe#24481) a écrit:[son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/12360-18.02.2016-ITEMA_20916309-1.mp3" debut="01:57" fin="02:30"]

verbicruciste

cruciverbiste

Amusant...

@ les 3 posts ci-dessus


Sur une radio où l'on idolâtre Dgeorges Perec, un tel étendard d'ignorance relève soit de l'inconscience, soit d'un art consommé de l'autoflagellation...