Polémix a écrit:@ Nessie : votre réponse est juste, mais je ne comprend pas votre dissociation systématique du culturel et du miltant. De quoi parlez-vous, des médiateurs (ici les gens de radio) ou des \\ʼʼacteurs\\ʼʼ culturels ? 608Snp
Ben je parle d’un peu tout le monde dans ces catégories. Oh ça ne mérite pas de faire fusiller des professions au complet car ce ne sont que les grandes gueules qui s’expriment, donc même pas 10%. Les autres suivent, intimidés par le terrorisme idéologique. Mais enfin ce militantisme, qui est malgré tout une sorte d’hygiène sociale, il a tendance à se montrer envahissant chez nos champions de la morale quand il sert qu’à faire la courte échelle à des idées reçues et à un ethnocentrisme un peu niais qui juge tout à l’aune des valeurs de notre présent : Droit du travail, Inégalités, Non-discrimination de genre ; ouais tout cela c’est des principes bel et bons mais quand on entend Laure Adler ou Catherine Clément ou Marc Voinchet glisser leur indignation facile dans leurs commentaires sur l’Atelier de Rembrandt ou sur l’organisation sauciale de l’Inde ou sur la situation en Afrique, ben on se dit qu’il y a un B-A-BA de l’analyse historique&sociale qui devrait être parfois rappelé à nos gentils radioteurs hein.
Le problème (et là c’est grave) est que mon reproche ne s’adresse pas tant à FC qu’au petit monde qui se croit autorisé à intervenir dans le Débat, au nom des belles zidées et des noblezidéaux.
- J’ai nommé : tout une catégorie de Sciences-Zumaineurs qui décrochent leur doctorat en "travaillant sur un truc qui m’a trop énervé" (je cite - entendu ça dans un séminaire du CNRS, pitié, pitié !!).
- J’ai nommé : une bonne part de la profession des théâtreux et de lard-contemporain qui a micro ouvert sur FC pour dire comment ils luttent pour l’égalité sauciale tout en passant à la caisse et en se faisant des c... en or avec 2 bouts de fer plantés dans le sable ou avec 3 plumes collées sur un mur. La encore je n’invente rien. Quand Buren vend ses rayures pour des millions tout en se la jouant défenseur des prolos, pardon mais j’ai comme un vertige.
Donc je visais certes en premier lieu ces artisses-donneurs-de-leçon-qui-nous-infestent-le-théâtre-contemporain, mais aussi les cinéastes-documentaristes-qui-parce-que-l’objectivité-est-un-leurre-bidonnent-et-manipulent-à-tour-de-bras-car-contre-Sarko-tous-les-moyens-sont-bons, et puis les scientifiques-de-la-matière-qui-se-croient-autorisés à balancer du dogme saucial (par exemple le regretté Denis Guedj, mathématicien et au nom de quoi il balance son credo social celui-là ?). Tous ces gens j’ai tendance non seulement à ne pas les distinguer, mais encore à les fourrer dans le même sac que la profession journalistique + la plupart des producteurs de France Culture (les "médiateurs") qui ne franchit même plus la ligne car depuis longtemps ils ont basculé de l’autre côté, dans le journalisme d’opinion. C’était le cas jadis dans l’Huma mais avec une certaine morale ; c’est le cas aujourd’hui à FC mais avec soit une incroyable inconscience, soit un cynisme colossal.
Malgré tout, je ne veux pas trop citer 3 noms et 2 professions. Je voulais parler de l’ambiance générale dans le pays : il y a un ton de morale qui, malgré tout ce que j’en dis, me semble très bon signe, et d’une société évoluée. Je le dis en déconnant un peu, mais je le dis quand même notamment dans
cet autre post.
Le problème : aussi bien l’intelligentsia que les médiateurs, tous ces gens restent un peu au premier degré de leur révélation, comme dans un accès de lucidité pas encore dépassé, et surtout avec un gros gros bénéfice moral : " aaaah voyez moi je suis lusssyde hin je SAIS que nous sommes des pabô-cradô-salops alors atassion hein vous avez interêt à être d’accord sinon je vous dérouille sur le ring de la polémique en spectake, gare !!". Ben oui, FC avec Clarini ou même avec Noudelmann l’an dernier, souvent ça ne pisse pas beaucoup plus loin. Par charité je ne cite pas Laure Adler qui bouffe de la morale à tous les rateliers (et avec le sien en plus).
En gros le trick c’est celui-la.
Un jeu transactionnel, quasi.
Navré, mais ce forçage moral moi ça me fait gerber.
J’y retrouve franchement trop les curés de mon enfance, avec la calotte et les bondieuseries en moins.
Pourquoi ça me rend -kamème- optimiste ? Ben, comme dit plus haut, j’y vois bien l’effet Tocquevillien : plus les choses s’améliorent, plus croît l’insatisfaction. Qu’en France il y ait tant de moraline ça me semble, paradoxalement, très bon signe ! Ca veut dire que les inégalités ont foutrement reculé, pour que la part qui en reste devienne à ce point intolérable. Si les inégalités étaient écrasantes effarantes affreusemante discriminantes on ne les verrait pas, on ne les verrait plus, on ne les verrait pas encore.
Plus un mal social va en se réduisant, plus la part résiduelle devient intolérable. La montée des insatisfactions est le signe du progrès social.
(Ce paradoxe a été exposé par Tocqueville et exploité par Jean-Claude Chesnais dans son "Histoire de la violence" ; et aussi tiens par le jeune Daniel Cohen aux temps où il chroniquait sur France-Turlute, il y a encore 4 ou 5 ans).
Allons bon j’ai écrit exactement le contraire de ce qu’il faut pour calmer ce débat. Si Serge Uleski lit ça, sûr qu’il m’offre illico un billet pour la planète Titan !