Ce matin, malgré les approximations verbales (par exemple : "Astley, avec une grande dextérité physique... ") l'invitée d'Emmanuel Laurentin avait des choses à nous apprendre sur l'histoire du cirque. Enfin on en apprend un peu plus qu'en lisant le livre de Roland Auguet, pas beaucoup plus mais tout de même, ne nous plaignons pas. Le cirque, on l'entend donc, n'est pas le cirque de l'antiquité. Ni par la fonction sociale, ni par son organisation, ni par sa nature privée et non politique, et encore moins par la matière du spectacle offert, et de toutes façons il n'y a aucune continuité historique mais au contraire un immense trou entre les jeux du cirque dans le monde antique, et le cirque moderne.
Bien.
Dans ce cas, pourquoi Emmanuel Laurentin, qui a bien compris la chose et l'a même très clairement répétée à plusieurs reprises ce matin, pourquoi Laurentin a-t-il placé dans sa semaine "Histoire du cirque" des sujets portant sur les deux thèmes, qui n'ont en commun finalement qu'un nom, lequel ne désigne rien de semblable ?
Réponse : parce que dans la Fabrique de l'histoire, on ne sait toujours pas traiter un thème.Le problème de la Fabrique de l'histoire, ça n'est pas tant la qualité des émissions, qui est nettement au-dessus de la moyenne de ce que nous propose maintenant France Culture : professionnalisme en général, grand sérieux dans la réalisation, relatif éloignement de l'actualité brûlante, volonté de se tenir autant qu'on le peut dans le paradigme radiophonique de la maison notamment en proposant des documentaires, bravo, merci Laurentin (avec un peu moins de tics verbaux en provenance de Voinchet, ça sera encore mieux merci). Non, le problème de la Fabrique, c'est encore et toujours la façon dont sont conçues ces semaines thématiques : sans vision d'ensemble on n'ose pas dire "sans plan" car de plan il y en a un et il est plutôt foireux justement, sans hiérarchie pédagogique, sans équilibrage entre les différents aspects du thème de la semaine où les sujets de fond voisinent avec l'anecdote.
Ce n'importe quoi thématique, ça fait longtemps qu'on s'en plaint. On en avait déjà fait la matière d'un coup de gueule lors de la
semaine sur la chasse. Depuis, au fil des semaines ou des numéros réussis ou non, on constate que la situation n'a pas changé. Mais avec le mélange de cette semaine, c'est un autre défaut qui apparait : rassembler des choses dont on sait qu'elles sont fondamentalement différentes. Exactement comme si dans une émission de zoologie, une semaine consacrée aux oiseaux donnait un numéro sur les ptérosaures.