Après la matinale d'hier où l'on aura pu s'amuser d'entendre l'invité, Jean-Pierre Le Goff (que Guillaume Erner, jamais en panne d'approximation, qualifie d'historien), dénoncer le gauchisme intellectuel qui sévit encore dans les rédactions des médias nationaux et Nicolas Martin citer la BBC Four en exemple pour la production de fictions radiophoniques, celle d'aujourd'hui était un exercice intéressant.
Des scientifiques renommés (au moins nationalement) avaient pris la place des chroniqueurs; Guillaume Erner en a peut-être compris l'intérêt de l'exercice récemment. Je n'ai pas entendu Marylène Patou-Mathis, bien connue de certains ici, mais l'essentiel de la matinée a été occupée, hors Erner, par Gerard Berry, informaticien spécialisé dans la preuve formelle, l'automatique et l'informatique aéronautique, accessoirement professeur au Collège de France, Lionel Naccache, neurologue spécialiste des mécanismes de la conscience, un temps collaborateur de Stanislas Dehaene, et Jean-Gabriel Ganascia, informaticien et professeur en intelligence artificielle.
Pas inintéressante donc, avec ce plateau ce serait difficile, mais l'émission n'a pas volé bien haut. C'est le problème avec des invités de haut calibre dans une émission si généraliste et depuis longtemps peu ambitieuse culturellement que la matinale : on est obligé d'en rester à des niveaux de généralité très élevés, et les questions et les thèmes choisis par Guillaume Erner n'ont pas aidé la matinale à décoller réellement. Il peut paraître teigneux de continuer à faire la fine bouche alors que pour une fois, comme on le réclame ici à cors et à cri, le sujet choisi est décorrélé de l'actualité. Qu'on nous propose même un exercice original. C'est d'ailleurs un des quelques mérites d'Erner, de diversifier un peu les sujets matinaux et les décoincer de temps à autre de la gangue économico-politique. Mais on est allé en cette matinée de poncifs en poncifs (et en confusions comme l'a relevé
ici Nessie) au sujet de l'intelligence artificielle, de ses rapports avec l'intelligence humaine, ses dangers, avec quelques recadrages bienvenus de Gérard Berry et des autres invités.
Pas inintéressant certes mais décevant. Etait-il utopique d'espérer mieux avec ces invités de pointe ? Peut-être.
Côté tic verbal et prosodie, c'est de plus en plus à Louise Tourret que Guillaume Erner me fait penser, dans cette façon de ralentir abruptement son rythme dès l'abord d'un mot de trois syllabes, pour ne pas perdre l'auditeur qu'on ne présume désormais plus attentif.
Enfin, à la chronique musicale, dommage que Jean-Philippe Uzan ait un peu massacré son texte peut-être sous l'émotion du direct et devant un auditoire a priori non spécialiste, il est capable de beaucoup mieux, et la musique qu'il extrait des oscillations des astres méritait mieux que cette chroniquette qui ne lui convenait pas.
La preuve :