N’attendez plus, changez d’air avec la journée spéciale de « débats sur les débats ».
Le débat public se dégrade. Saloperie de buzz d’internet et de réseaux sociaux à la manque.
Mais la dégradation, ce ne sont pas uniquement les insultes et injonctions des réseaux soss’. Heureusement que la chaîne Detouteléculturs veille à nous enrichir en débats et chroniques en prenant de la hauteur, de la distance, en s’envolant au-delà des cimes de la profondeur (c’est une antithèse) de la connaissance (c’est une antiphrase).
C’est d’autant plus urgent de débattre du débat parce que je connais une radio qui se prétend culturelle et qui brasse du clash et du buzz à longueur de journée et qui en abuse juste un peu (c'est un euphémisme).
Je ne souhaite pas la citer, car dénoncer, ce n’est pas ma spécialité. Mais quand même, passer ses journées à spéculer sur des hypothèses sur les catas qui nous arrivent, qui sont arrivées, qui sont derrière nous mais qui annoncent les prochaines, à spéculer sur les petites phrases du jour oubliées le lendemain, les popolémiques jetables, c’est carrément abaisser le débat, et là ce n’est pas une antiphrase.
Exemples de débats non dégradés (puis-je préciser que c’est le retour de l’antiphrase ?) :
Peut-on critiquer les mesures anti-covid ?
Trump, mauvais perdant ?
Peut-on considérer Cyril Hanouna comme un philosophe ?
Budget : l'argent est-il devenu magique ?
Télécovid, le lapsus du premier ministre Jean Castex
Le sujet dont ne parlera pas Emmanuel Macron ce soir : Génial Fabrice Says à Waterloo, ne résistons pas à l’envie d’en citer un passage non dégradé : « ce sujet n'a rien pour lui. Il n'est pas « sexy », comme on dit dans le jargon des rédactions. Trêve de suspense : il s'agit du dossier Veolia-Suez.
(…) Il cumule les tares et risque fort de ne jamais être évoqué, ce soir, lors de l'interview télévisée d'Emmanuel Macron. Pour plusieurs raisons.
1 – Parce que ce n'est pas l'objet de cette interview… »
Le reste est de la même eau, et prouve une nouvelle fois que les idées puissantes ne se dégradent jamais sur la chaîne de Toulésavoars. On ne peut abîmer du vide.
Trump démissionnaire et "auto-pardonné" : l'improbable scénario (une rumeur, mais on en fait une chronique)
Les anti-précautionnistes ou le fantasme de la vie sans masques
Etc.. etc..., comme d’habitude.
Cette journée spéciale de débats sur les débats, elle fait rêver, et nous avons trop hâte d’entendre Didine répondre dans son carnet de philo précieux à cette question : «L’opinion publique peut-elle se réguler d’elle-même ? »
Et pis aussi « Comment faire entendre un débat d’idées à l’heure du buzz et des diatribes expéditives ? avec Frédéric Taddei »
Pis « Salons, polémiques, espace public : est-ce qu’on débattait mieux au 18ème siècle ? », « La critique artistique au prisme des débats sociétaux. », «Peut-on débattre de la science ? Avec Etienne Klein », « Est-il si difficile de débattre aujourd'hui ? »,
et le bouquet final, «A présent / Frédéric Worms, Qu’est-ce qu’un vrai problème ? Avec Dominique Méda » + « Par les temps qui courent / Marie Richeux, avec Médine, rappeur ».
Pour conclure cette journée dans un climat de débat non dégradé, plongeons-nous dans la chaîne de Toulésavoars avec le rappeur Médine.
Extraits de la fiche Wiki de l’Artiss :
« Dans le titre Don't Laïk, certaines de ses paroles font polémiques, comme : « crucifions les laïcards comme à Golgotha », « je mets des fatwas sur la tête des cons » (…) Le rappeur (...) compare ses détracteurs avec les frères Kouachi (…) Marianne publie, après écoute des albums, un article très critique sur les textes de Médine. Le journal juge que le discours du rappeur, intellectuellement très construit, est empreint d'une logique communautariste et d'attaques contre la laïcité, auxquelles se mêlent également des remarques homophobes.
(…) En juin 2018, le groupuscule terroriste d'extrême droite Action des Forces Opérationnelles (AFO) est démantelé, sans qu'on sache sur le moment quels étaient ses projets exacts. En juillet 2018, l'enquête montre que l'un de leurs projets était d'assassiner Médine.
Médine réagit en ironisant sur Twitter : ''Quelqu'un aurait le code gilet pare-balles de GTA parce que ça devient chaud.'' »
Pas de doute : cette journée spéciale est encore une journée normale sur la chaîne curturelle.
« Le débat public apparaît bien dégradé » lit-on en intro dans le communiqué.
Il faut se méfier des apparences, et écouter cette journée spéciale normale pour constater que rien n’est dégradé, et surtout pas la chaîne de la découverte, de la création, et de tous les savoirs, si je puis me permettre une ultime antiphrase.