Yann Sancatorze(https://regardfc.1fr1.net/t194p350-la-direction-de-france-culture-et-son-projet-culturel#31570) a écrit: (...) Comme beaucoup d'initiatives de la direction, ce podcast natif, l' "Anachronique culturelle" n'est pas une idée ou une production originales, mais une "remorque" suite à observation de ce qui se fait ailleurs (...)
Je me demande qui peut avoir envie de télécharger ce genre de produit, malgré la publicité faite sur la chaîne. Pour fédérer des auditeurs, il faut une tête d'affiche bien identifiée, et Serrell n'en est pas une.
A l'écoute du ton serrellien, perpétuellement enjoué, toujours soucieux de paraître jeune, pas guindé, engagé, au courant, dans l'air du temps, on ne peut que penser à la mode des youtubeurs culturels, dont les chaînes se multiplient, et qui remportent un succès colossal auprès d'un public, disons, jeune (du collège à la fac). Effets de manche, présentations rapides, vulgarisations au carré (c'est quelquefois très simpliste, comme si les spectacteurs n'avaient jamais suivi de cours en primaire ou au collège sur les sujets traités), vocabulaire et expressions faites pour coller à celui des cours de récré etc. Certaines sont excellentes et très inventives, mais en majorité, on voit tout de suite qu'il s'agit de s'adresser à un public très ciblé et de profiter de sa relative ignorance en lui re-digérant un contenu culturel de la façon la plus enjouée possible (...)
Ce qui marche avec tous les effets spéciaux de la vidéo prend un aspect ridicule à l'audio, un peu comme quand Laporte diffuse des bandes-annonces qui sont faites pour êtres vues et non pour être entendues.
On peut se dire que Mathilde Serrell essaie de surfer sur cette vague (rajeunissement de l'antenne), mais là encore, on ne peut que déplorer la quasi absence de créativité de la direction (imiter des formats et des tons existants parce que ça marche ailleurs), et surtout la vision segmentée de son auditorat (tranches d'âge, sexe)
Et pourtant les moyens techniques de qualité de Radio France sont mis au service de cette séquence. Mais encore une fois, l'audio solo est un média différent de l'audiovisuel et en singeant le second, il est dans une impasse.
La direction parle de Netflix des savoirs, ce qui ferait rire quand on pense que le programme de jour ne nous offre qu'une soupe uniforme (politique et sociologie, quasiment pas de culture) et les podcasts natifs (2?) nous offrent un format narquois, nihiliste et dépassé (le superfail de Guillaume Erner) et un format "culture pour la génération youtube" avec l'Anachronique Culturelle
Dans quelques mois ces expériences seront arrêtées, à moins qu'il n'y ait personne qui contrôle le coût de fabrication de ces objets sans intérêt et probablement sans auditeurs, mais cela la station ne l'avouera jamais.
Nous vivons l'âge d'or du podcast, du contenu hors actualité mis en forme sur la longueur, produit avec inventivité, ambition et savoir-faire, mais la direction de FC ne semble pas tout à fait au courant.
Moi non plus, remarquez. En dehors des émissions produites par des services publics audiovisuels, je ne vois pas beaucoup de podcasts réalisés avec des moyens assurant une qualité de son et de mise en forme. Et pour ce qui concerne les sujets...
Brise-glace, journal "Le Temps" :
Dans la peau de David, une drag queen nommée Nancy / Boris, autiste Asperger dans un monde si «normal»/ Dans la vie d'Olivier, cadre et fétichiste du latex / Sandrine, vingt ans de management et un burn out / De l'angoisse d'être parent / La vie en «trouple»: difficultés et joies du couple à trois; etc.
La station bute sans arrêt contre ces deux obstacles systémiques : une direction qui imite mais ne crée rien, et un petit nombre de producteurs titulaires qui tournent en boucle autour de leurs entichements. Parler de Netflix des savoirs, en toute sincérité, nécessiterait de revoir de fond en comble le fonctionnement de la station, et de l'ouvrir à des producteurs tournants. Ouvrir les fenêtres et s'adresser à tous...
La station a lancé une consultation sur les programmes. On imagine que les cercles plus ou moins élargis des producteurs actuels s'y expriment pour trouver formidables les Richeux, Kronlund, Gesbert, Weitzmann, Bourmeau et tous ceux qui s'accrochent à leur place.
Comment revoir le fonctionnement de la station ? Non en en confiant la tâche à son éphémère directrice, mais en lançant un audit externe s'attachant à contrôler les missions dévolues à la chaîne par son cahier des charges. Et en chargeant un groupe de réflexion indépendant d'actualiser ce cahier des charges en visant le pluralisme des domaines et des formes.
Mais puisque la station plaide chaque jour pour la refondation, la table rase, etc, je suggère de fusionner France Culture et France Musique pour ne faire qu'une seule station culturelle. Tous les bavardages sur l'actualité politique et sociale qui minent FC étant dévolus à France Inter et la majorité de l'information à France Info.