Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Dans le fil Lânerie du jour

munstead a écrit:(...) Le billet d'humeur sur la COP d'Erner ce matin doit être réécouté: c'est un concentré de jugements négatifs aussi péremptoires que prématurés, de stupidité, de populisme pour terminer sur une perle autour du concept melenchonien de "gens d'en haut, gens d'en bas". Effarant. (...)

Well, je l'ai écoutée et réécoutée (grâce à Nessie avec la pastille ci-dessus) cette chronique de 1'25" et elle ne m'a pas choqué.

Quel est son contenu ? La violence accompagnant le défilé et les restrictions de circulation. Sous quelle forme ? Jeux de mots pour commencer :  mauvais climat ; good cop, bad cop (I'm sure you get it) ; faire baisser la température de la planète/flambée de violence.  Ensuite une critique des axes réservés aux « grands de ce monde » (n'est-ce pas ainsi qu'on nomme communément les dirigeants politiques ?) alors que n'ont pas été prévus d'itinéraires bis pour le « bas peuple », expression consacrée et engagée, mais pas méchante car elle se veut l'antithèse des « grands » dans l'expression consacrée précédente.

En résumé, en 1'25" de chronique : la violence fait mauvaise figure dans le défilé et y en a marre d'être coincés dans les embouteillages. Est-ce populiste de le constater ?  Enfin, que voulez-vous faire en une minute vingt-cinq secondes ? Le mieux serait peut-être de ne rien faire du tout.

En passant, je vous signale qu'en perdant Poivre d'Arvor nous avons échappé à l'arrivée aux Matins de l'humoriste De Groodt qui vous aurait tartiné des jeux de mots durant une chronique de  2 ou 3 fois 1'25 chaque matin.  Je crois que vous gagnez au change.

Sur le sujet « COP 21 » et la protection de l'environnement en général, il y aurait bien des choses à dire sur la manière dont on traite ces sujets à France Culture. Avez-vous écouté les deux derniers numéros de Terre à terre sur la décroissance ? J'attends un avis pour ouvrir un podcast que sinon je laisserai non écouté.

On sait depuis peu que Guillaume Erner habite une longue rue de Paris et que son réparateur de scooter arbore un drapeau tricolore, on sait maintenant que Xavier de la Porte habite à «  Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. » Ville dont «  La population est constituée à 41 % d'immigrés selon l'INSEE (ce qui en fait la 13ème ville de France qui compte la plus grande part d'immigrés). C'est aussi une des villes les plus pauvres d'Ile-de-France. »  Xavier de la Porte ajoute « Bien sûr, j'y vis en privilégié, mais cette ville m'émeut. » Pourquoi « mais » ?

La chronique "Électeur FN, je suis venu te parler d'amour" de ce 9 décembre est un hymne au multiculturalisme où l'on entend presque les violons en sourdine : Elles m'émeuvent toutes ces petites chinoises qui s'appellent Françoise et Christine. [on écrit « Chinoises »]. Y en a-t-il tant ? « Ou l'ado arabe, avec ses airs de loulou, qui vient amener et chercher tous les mercredi sa petite sœur au conservatoire (au cours de flûte traversière que de temps en temps, la mère voilée vient suivre avec un œil amoureux pour sa fille) et sa sœur qu'il embrasse sur la joue en la déposant,  » Il n' y a jamais de petits frères embrassés par leurs grandes soeurs ? Les petites filles sont toujours si émouvantes avec leurs mères à la télé (et encore, elles ne jouent pas de la flûte, et en particulier de la traversière). « M'émeuvent les Africains qui viennent commander Notre Dame de Paris à la librairie. » Ils sont peut-être français ? Sinon, ils ont des nationalités, des langues et des cultures différentes. Pourquoi les réduire à « Africains » ?  « Je suis amoureux de tout ça d'un amour renouvelé. »,  etc. Bravo pour cette effusion, Xavier de la Porte (inspiré par Daniel Pennac ?), c'est très beau. Si la chronique part d'un bon sentiment, le sentimentalisme la lamine. Du gnangnan style.

Dans sa chronique du 10 décembre Nicolas Martin a trouvé la vraie menace pour la culture : « une association catholique intégriste ».  Cela a dû plaire à Guillaume Erner qui ne rate pas une occasion pas de mettre dos à dos les braillards devant les cinémas et les poseurs de bombes.

La formation de l'opinion par les chroniqueurs est lassante à observer. Nicolas Martin sélectionne quelques phrases du Parisien, ce journal spécialiste de la culture, y ajoute ce qu'il croit être de bons mots et des formules définitives et fait sa petite pirouette pour justifier son cachet (combien ?).

Le ras des pâquerettes, quoi. Aucun auditeur dans aucune émission n'aura droit aux attendus de la Cour administrative d'appel de Paris où il est demandé au Ministère de la Culture  de procéder au réexamen de la demande de visa du film La vie d'Adèle. Je note qu'en première instance l'association à l'origine de la demande avait été déboutée par le tribunal administratif de Paris. Il serait intéressant de comparer les motivations des deux  décisions.

Mais à France Culture, il n'y a plus d'émission traitant du droit. Celle d'Antoine Garapon, Esprit de justice, a disparu en juin dernier. Si elle avait le mérite d'exister, elle était loin de témoigner de la rigueur et  de l'impartialité présentes chez Joshua Rozenberg sur BBC 3 dans Law in action. Il reste du même Garapon (car on ne trouve nulle part d'autre juriste en France pour faire une chronique ou une émission...) Le Monde selon...

Bref, ce n'est pas demain que l'on aura sur France Culture une analyse juridique permettant à l'auditeur de voir comment, par exemple, fonctionne la justice administrative. Non, cette radio préfère décider que l'auditeur n'est digne que de formules et de jugements à l'emporte-pièce. Une radio immature et paresseuse  qui voudrait avoir un public à son image.


NB La position du réalisateur du film sur cette décision : Abdellatif Kechiche juge « plutôt saine » l’annulation du visa d’exploitation de « La Vie d’Adèle »

Finalement, Erner et sa direction sont assez "sports", comme le leur demande le commentateur Rémi dans une réaction qui vaut vraiment le déplacement L'Invité des Matins, 3e commentaire de Rémi.

Un texte qu'on lit comme on déguste un excellent chocolat...

Xavier de la Porte désigne les tarés acrimonieux

Nessie a écrit:Eh oui, un chocolat à l'arsenic pour Xav'e, après son papier mis en référence, dont on apprend ici qu'au style habituellement relâché, farci de solécismes, de facilités et de lieux communs, il faut ajouter le quasi-plagiat.

On n'en sera pas autrement étonnés.
Mais le courrier de "Rémi", quant à lui, mérite d'être d'abord archivé, ensuite visité de temps en temps car je ne parierais pas qu'il passera le nouvel an....

Évidemment archivé immédiatement, pour citation à l'occasion ici. Vous aurez noté qu'exceptionnellement la version écrite de la chronique de ce 23 décembre n'est pas en ligne. On n'y perd rien, remarquez. Il s'agit de la technique permettant de reconstituer des voix, entre autres, sous le prétexte qu'un membre du FN a dit que Jaurès aurait voté FN. Vu que tout ça est dit à toute vitesse et que l'auditeur n'en attrape que des bribes, une seule idée émerge, tirée du catalogue de l'alarmisme maison : on ne pourra bientôt (ou ne peut déjà) plus croire en rien. En passant, X de la Porte ferait bien d'aller discuter avec l'amie Kronlund des Pieds sur Terre, car elle fait ce qu'il dénonce dans son billet : nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Question : est-ce que la forme balourde de la  fausse question au milieu de la chronique est systématique ? On prend les auditeurs pour des gros bœufs ou quoi ? Il y a un côté infantilisant à écouter cela, comme si l'on était mené en bateau : c'est le chroniqueur qui a suggéré à Erner la question et le moment  de la poser pour qu'elle se cale sur la suite de son propos. Il y a là une connivence d'acteurs qui est , si je peux me permettre, « excluante » !  

Jean Birnbaum commence à être plus que très présent à France Culture. Entre les invitations régulières à débattre, les émissions qu'on lui propose d'organiser (son animation des Rencontres de Pétrarque*, par exemple) et son billet de promotion dans La séquence des partenaires, le Birnbaum prend racine.

Aujourd'hui c'était pour vanter la « solidarité entre ballon rond et conscience ouvrière » dans une recension à demi bafouillée d'un livre  écrit par un journaliste de L'Équipe.

En fin de chronique, Erner emploie la formule consacrée pour lancer la publicité pour le journal de Birnbaum : «  En un mot qu'est ce qu'on trouve dans le Monde des  livres d'aujourd'hui ? » Le responsable dudit supplément annonce  « le nouveau roman de Camille Laurens », Echenoz, Orwell, Atkinson « et à la Une le mystérieux ou la mystérieuse Elena Ferrante, grand succès aux États-Unis, grand succès en France aussi, mais on sait pas du tout qui c'est ».

« On sait pas du tout qui c'est ». Exemple, parmi d'autres, du français soutenu que pratique le responsable du supplément Livres du journal de référence (ah, ah, ah !) Le Monde.

* Lire et relire à ce sujet le jubilatoire billet d'Antoine Arnoux : Rencontres cordicoliques du 22 juillet 2015,  à quoi on peut ajouter la lecture d'un compte-rendu d'une chronique sous le titre : Un bel amalgame