Journal de 8 h, vers 8h 05.
Le ministre de l'Éducation nationale annonce 700 millions de crédits pour la revalorisation de la rémunération des enseignants. C'est une excellente mesure et une revendication syndicale depuis des lustres. Tout le monde devrait être pour un instant content. Que nenni!
Clara Lecoq-Réal passe immédiatement à une autre revendication sans rapport direct avec la première, mais qu'elle lie pour faire oublier cette revalorisation attendue. C'est une technique classique, changer de sujet d'attaque quand on sent que son premier argument s'effondre. L'essentiel est que l'auditeur garde l'impression que rien ne va plus à l'EN.
Donc CLR nous annonce la suppression de 1800 postes (sur 1, 2 million, c'est à rappeler) et sort de sa manche un grand témoin, un certain Diego, professeur d'histoire et géographie, dont l'appartenance syndicale nous sera cachée. C'est sans doute juste un professeur qui passait par là. Et Diego, très sûr de lui, nous assène la perle de la journée : si les enfants arrivent en sixième avec de graves insuffisances en français et en maths, ce n'est pas de la faute des enseignants, mais c'est parce que " une semaine, un mois, ils n'ont pas eu d'enseignant de remplacement si leur professeur était absent." Conclusion, il faut créer des postes, en particulier de remplaçants. Très bien, parfait, mais ce n'était pas le sujet initialement soulevé par la revalorisation souhaitée et réclamée des salaires des enseignants. Un peu comme si votre mère vous apportait une tarte aux framboises et que vous fassiez la tête parce que vous vouliez une soupe au potiron en entrée.
Cette "méthode" est assez typique des journaux d'Erner, une nouvelle positive ne le reste pas longtemps, elle est immédiatement, quasi systématiquement éclipsée, effacée par une autre moins bonne bien sûr, même si elle n'a aucun rapport. Thomas Cluzel est un grand spécialiste de cette méthode à grands coups de "ceci dit", "néanmoins", "en revanche", "par contre", "il faut savoir que", "ceci étant" qui dépositive la bonne nouvelle pour mettre l'accent sur un autre problème généralement mineur ou sans lien réel avec le sujet.
Ne leur dites pas que c'est peut-être une application du "en même temps" présidentiel dont ils se sont tant moqués.