D'abord...
citons Philaunet qui écrivit dans
ce billet :
À la 8e minute, il est temps de quitter la promotion du livre de l’auteur, d’éteindre la radio et de se tourner vers le roman de Robert Merle (1908-2004), « Un animal doué de raison » paru en 1967 (...) qui mériterait une mise en onde d’extraits choisis. Mais le livre a plus de 50 ans, il ne peut donc faire l’objet d’une émission créative de France Culture devenue relais marketing des maisons d’édition. Il n’est même pas cité en référence dans la bibliographie exclusivement consacrée à l’auteur du livre discuté, paru en mai.
France Culture adapta ce roman de Robert Merle en 1970. 18 X 30 mn.
Générique donné dans l'
INAthèque.
Puis...
«
Les chemins du jour » par Luc Bérimont, réalisation Bernard Gandrey-Réty
Durant le mois d’août 1956, le dimanche soir (Programme Parisien à 21h45, merci l’INAthèque une fois de plus), Luc Bérimont a proposé quatre émissions (Cf billet de Philaunet
du 7 septembre pour la première partie). L’objectif avoué était de faire entendre plus longuement quatre personnalités bien connues des auditeurs afin d’en donner une vision différente, moins superficielle.
Moins superficielle peut-être, mais vu les personnalités, chacun a pu raconter ce qui l’arrangeait, romancer à loisir sa propre vie (le champion figure dans la seconde partie) et passer bien des choses sous silence.
L’émission se présente comme une « enquête ». C’est exagéré. Ce sont de longs entretiens, bien menés certes, durant lesquels les protagonistes se sentent suffisamment en confiance pour parler très longuement, les questions et relances de L. Bérimont étant souvent succinctes.
1-
L'attraction de la Lune sur les hommes (5 août), avec Alexandre Ananoff, spécialiste d’astronautique.
Cela commence bien, puisqu’Ananoff ne raconte pas sa propre vie, mais fait un récit circonstancié du futur voyage sur la Lune tel qu’il devra s’effectuer. L’auditeur de 2023 appréciera, outre la qualité de la production, les quelques idées de mise en onde (quelques bruitages revigorants pour accompagner les descriptions), et les idées farfelues du spécialiste qui conseilla Hergé lors de l’écriture de l’album « On a marché sur la Lune ».
Notamment, cette description de l’astronaute idéal, qui devra impérativement – Ananoff ne manque pas d’arguments - être petit, chauve, et édenté à 100 %. Comme par hasard il ne se porte pas volontaire. L’âge prétexte-t-il.
Le nouveau-né serait-il alors l’astronaute idéal ?
2-
Michel Simon (12 août)
Entretien déjà référencé dans le fil des Nuits, mais très brièvement. Michel Simon raconte sa jeunesse, les débuts de sa carrière, le travail de Georges Pitoëff, le cinéma…
Avant l’entretien, un court extrait de « Jean de la Lune » de Marcel Achard. Après quelques minutes, Michel Simon s’arrête pour demander à son perroquet d’arrêter de toucher au micro. La multitude d’animaux qui naviguent dans la maison de l’acteur est ainsi par moment palpable. Il en sera question à la fin de l’entretien.
Michel Simon fait de lui-même un portrait finalement flatteur, il n’est pas sur scène, il joue avec plus de retenue, mais il joue quand même un rôle, celui de Michel Simon donnant un entretien pour la radio.
Quelques remarques :
- Lors du récit de sa jeunesse, il passe brutalement de 1914 à 1918, nous ne saurons rien sur cette période si ce n’est qu’il fut engagé dans la guerre. Sans précision.
- Il ne paraît pas convenable, surtout à la radio en 1956, d’avouer au micro sa passion immodérée pour la pornographie.
- Michel Simon était un acteur difficile à diriger au théâtre, et encore plus au cinéma, qu’il affectionnait très moyennement. Il exigeait que pour chaque plan une seule prise soit faite.
3-
Paul-Émile Victor et les expéditions polaires (19 août)
Quelques enregistrements, courts, parsèment l’entretien, et qui viennent opportunément compléter les propos de l’explorateur (notamment les chants).
L’entretien s’emballe très vite. Luc Bérimont s’efface presque totalement, et même si le montage y est un peu pour quelque chose, les anecdotes vont se suivre à un rythme soutenu dans un long monologue.
4-
Françoise Sagan (26 août)
Elle n’a alors que vingt-et-un ans, et publié déjà deux romans. Durant l'entretien, le premier est à peine nommé, le second pas du tout.
Malgré l’âge, elle fait comme Michel Simon : elle se crée un personnage. Entre la biographie de la romancière et ce qu’elle raconte, il y a quelques différences.
Elle raconte sa passion pour les voitures de course, son absence d’intérêt pour les mondanités (la réalité est tout autre), la vie la nuit, les jeux de courses de voiture avec son frère, l’écriture des romans et des chansons (musiques de Michel Magne, avec qui elle vivait à l’époque et qui est juste présenté dans l’émission comme un « ami », une chanson interprétée par Juliette Gréco est diffusée en ouverture), son voyage aux États-Unis…
Elle parle aussi de jazz, sans trop s’étaler dans les détails. Sa rencontre avec Billie Holiday sera racontée dans un ouvrage de 1984, « Avec mon meilleur souvenir ». Dans le «
Black and Blue » du 19 juin 1984, en compagnie d’Alain Gerber et Lucien Malson, elle reviendra sur ce voyage. Un long extrait du texte est lu par Alain Gerber en fin d’émission.
Dans cette série, Luc Bérimont a voulu jouer avec les contrastes. Il est difficile de trouver beaucoup de points communs entre les invités. Le producteur aime parfois planter un décor afin d’installer confortablement ses auditeurs dans l’émission.
Extrait de la présentation de la troisième partie, qui pourrait être signée Stéphane Pizella :
« Nous sommes au soir d’une journée d’été, et ce qui pour beaucoup d’entre vous aura été un dimanche de vacances, s’achève.
Soirée de dimanche d’été. Les premières étoiles commencent de briller sur vos têtes, au dessus du toit qui vous abrite.
Devant vous, l’herbe de la prairie, de verte, devient noire. Ou peut-être ne distinguez-vous plus la montagne, ou peut-être ne voyez-vous plus le sable de la plage. Mais la mer, elle, continue de rouler ses tonneaux, à l’infini de cet espace liquide, au bord duquel vous vous êtes baigné tout à l’heure en riant.
Tiens, on danse quelque part au loin. Vous percevez les échos d’un orchestre, assourdi par la distance ... »