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Compositeurs et musiciens    Page 5 sur 10

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Philaunet 


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Anaïs Gaudemard, 1er prix du Concours international de Harpe, Israël 2012 - Jeu 20 Juil 2017, 11:03

On ne dira jamais assez les qualités de François-Xavier Szymczak, grand producteur de France Musique, présentateur hors pair, homme cultivé, dynamique et ouvert.

Tout cela s'entend dans le concert qu'il présentait le 18 juillet : En direct de la Salle Pasteur du Corum de Montpellier Anaïs Gaudemard, 1er Prix du Concours International de Harpe d'Israël 2012 et 2e Prix du Concours ARD 2016 interprète Scarlatti, Parish-Alvars, Debussy, Charpy, Hindemith, Fauré dans le cadre du festival Radio France Montpellier Occitanie 2017.

Anaïs Gaudemard, illustre, comme il le dit, "le très haut niveau de la harpe française aujourd’hui" (pour mémoire voir Agnès Clément, harpiste, joue à Münich et post initial). La harpiste joue dans ce concert pièces du répertoire classique et pièces contemporaines.

Ne pas manquer la très belle lecture préalable du Clair de lune de Verlaine par Anaïs Gaudemard, avant la pièce de Debussy. Celle-ci était suivie de l'impressionnante pièce de Pierre-Adrien Charpy (né en 1972) Sur l’abîme pour harpe et électronique (2015). Un grand moment de poésie.

Philaunet 

Philaunet
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Serge Rachmaninov par Alexandre Tharaud et le Royal Liverpool Philharmonic - Ven 04 Aoû 2017, 10:58

@fred de rouen : vous sont également conservés les plus beaux concerts de France Musique, "la station culturelle de Radio France".

En matière de concerts de qualité diffusés et proposés à l'écoute en ligne, France Musique doit être unique au monde (j'attends le retour d'expérience sur d'autres pays hors R-U et Allemagne).

Les festivals de l'été, mais aussi les grandes salles de concert durant l'année, attirent les plus grandes formations et les meilleurs artistes du monde.

France Musique n'a pas toujours proposé les concerts diffusés à la réécoute, c'est désormais la règle, pour deux mois en général, ce peut être davantage, mais c'est parfois moins en raison des conditions négociées avec les agents et les maisons de disque des artistes.

Il faut donc se réjouir énormément de pouvoir écouter, voire conserver, pour les plus astucieux, le concert donné le 26 novembre 2016 à la Grande Salle de la Philharmonie à Paris. et diffusé le 15 juin 2017 Serge Rachmaninov par Alexandre Tharaud et le Royal Liverpool Philharmonic. Interprétation unique, prise de son du plus haut niveau.

Rachmaninov a dédié son 2e concerto au thérapeute qui l'a aidé à sortir de sa dépression. Alexandre Tharaud ne pouvait qu'être en symbiose avec cette œuvre, vu son parcours (rappel Alexandre Tharaud, Grands entretiens oct-nov 2016). Gaëlle Le Gallic le rappelle en citant le pianiste : "Quand j'étais jeune, j'étais attiré par la virtuosité et la brillance, maintenant je suis plus attentif au côté sombre de l’œuvre". Et cela s'entend, nous sommes dans une interprétation à la fois contemporaine et fidèle à la partition.

C'est l'occasion de rappeler le gigantesque travail qu'avait fait Dominique Jameux en l'an 2000 sur ce concerto et le film de David Lean (France Culture avant : très bien) et puis également de signaler l'influence significative que peut (ou a pu) avoir la musique de variété anglaise et américaine dans les années 1970 sur la formation du goût des jeunes pour le classique (Genesis, Pink Floyd, etc). Ici Eric Carmen  dans All by myself *qui reprend  un passage du concerto de Rachmaninov (dans la version longue d'une vingtaine de minutes).


* When I was young
I never needed anyone
And making love was just for fun
Those days are gone

Living alone
I thinking of all the friends I've known
But when I dial the telephone
Nobody's home

All by myself
Dont wanna be
All by myself anymore
All by myself
Dont wanna live
All by myself anymore

Hard to be sure
Sometimes I feel so insecure
And love's so distant and obscure
Remains the cure

All by myself
Dont wanna be
All by myself anymore
All by myself
Dont wanna live
All by myself anymore



Dernière édition par Philaunet le Dim 06 Aoû 2017, 09:05, édité 1 fois

Philaunet 

Philaunet
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Orazio Benevolo (1605-1672) - Lun 07 Aoû 2017, 00:01

Puisque, fred de rouen, vous nous déléguez les écoutes du mois d'août, allons-y pour un bref compte-rendu. Pour ce qui est de la conservation et de l''archivage  des émissions, les experts passionnés et infatigables de l'ANPR s'en chargent sans aucun doute.

Donc vous recommandez évidemment l'écoute et la conservation du concert d'ouverture* du Festival Radio France Occitanie Montpellier 2017 diffusé en direct le 10 juillet (encore quatre jours en ligne ?). Et cela se comprend aisément ! D'abord, c'est le spécialiste Benjamin François (de l'émission Sacrées musiques) qui le présente et puis le compositeur au programme, Orazio Benevolo (1605-1672), a composé à la même époque que l'une de vos idoles musicales, Heinrich Schütz (1585-1672).

Qui est Orazio Benevolo ? Hervé Niquet qui dirige le concert (voir le tournage de la répétition) répond à ceux qui ne le sauraient pas. Le compositeur aurait donc toute sa place dans le coffret L'Age D'Or De La Polyphonie Européenne entre Palestrina et Victoria.  

Ensuite, il faut louer la prise de son et le rendu sonore, des domaines où l'excellence française (des techniciens, ingénieurs et musiciens metteurs en onde de Radio France) est reconnue dans le monde entier. Pour la prise de son, voir cet excellent article de France Musique : Dans l’ombre du micro, la retransmission d’un opéra. Pour ce qui concerne la diffusion, un player NouOson 3D fait des merveilles. Le son 3D kesako ? Voir Le son en 3D : définitions.

À  noter que le concert commence à 0h45' du player classique, après une courte introduction de Benjamin François.

* Pour les 30 ans du Concert Spirituel, Hervé Niquet exhume deux oeuvres inédites du Fond Musical du Vatican : la Messe Si Deus pro nobis à 8 choeurs et le Magnificat à 16 voix d'Orazio Benevolo, qu'il dirige en direct de la Basilique Sainte Germaine, à Pibrac.

Philaunet 

Philaunet
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Beatrice Rana joue les Variations Goldberg - Jeu 10 Aoû 2017, 08:43

On se précipite... sur les Variations Goldberg par Béatrice Rana au Festival de Montpellier 2017, Concert donné le 11 juillet 2017 à l'Opéra Berlioz du Corum, à Montpellier.

Le présentateur estival, Julien Hanck, indique que "Les variations Goldberg, c'est près de 700 enregistrements". Il a déjà été question  sur ce forum de ce nombre (ici dans La Grande table, 526 en 2015...) qui inclut environ 400 CD japonais...

Beatrice (prononcé Beatritché par JH) Rana est italienne donc pas d'accent sur son prénom, au contraire de ce qui écrit sur la page. Elle n'est pas inconnue sur France Musique : Tous les contenus en relation avec Beatrice Rana et elle a un site où son CD des Variations est présenté accompagné d'une explication par la musicienne. On regardera avec profit cette vidéo de 4' avant d'écouter le concert donné à Montpellier par la jeune artiste (enthousiasmante...). Curseur à placer à 1h16'20 pour le début du concert.

Beaucoup de poésie dans cette interprétation, mais Bach n'est-il pas el músico poeta ?

Pour éclairer toute personne pensant que la musique dite grande ou classique se résume à "pom pom pom pommmm", il faut lui proposer d'écouter les mouvements de "Sarabande" des 6 Suites françaises de Bach. Idée venue dans la suite de l'après-concert du Poème Harmonique (dans Early Music Late) qui donnait à entendre Angela Hewitt jouer The French suite for keyboard no. 6 (BWV.817) in E major, no.1; Allemande.

Pour un exemple de Sarabande , tiré de la suite n°5, voir András Schiff en 2010 à Leipzig (2e mouvement à 4'57 ).

Dans Le Moulin et la Rivière, Airs et variations sur Bach de l'historien et musicologue Gilles Cantagrel  ("''Gilles Cantagrel'' est un monument" nous dit Fred de Rouen), les Variations Goldberg sont abondamment traitées et les Suites françaises sont mentionnées à plusieurs reprises dans le remarquable chapitre 8 "Eclairage intime". À lire pour comprendre la passion pour le Cantor de la jeune Beatrice Rana depuis sa plus tendre enfance.

"S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu." (Emil Cioran).

bishop 

bishop

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Beatrice Rana joue les Variations Goldberg (2) - Jeu 10 Aoû 2017, 21:58

Philaunet(https://regardfc.1fr1.net/t9p300-france-musique#28614) a écrit: On se précipite... sur les Variations Goldberg par Béatrice Rana au Festival de Montpellier 2017, Concert donné le 11 juillet 2017 à l'Opéra Berlioz du Corum, à Montpellier.

J'ai sous les yeux une critique du Diapason d'Avril 2017, que j'épluche scrupuleusement ces jours-ci (eh oui, j'ai autant de retard dans l'écoute des Podcasts de Fr Cul que dans la lecture des revues...) et le critique (Bertrand Boissard) parle à propos de cette prolifération des Variations Goldberg de « Goldbergite aigüe ». « On est ainsi passé en quelques décennies d'un désert - il a fallu le traitement de cheval du Dr Gould - à un chaos. » dit-il.

Il chronique justement la version de Béatrice Rana, parue en 2006 chez Warner. Il rappelle un formidable Concerto n°2 de Prokofiev et vante les mérites en général de la pianiste et au début, il est plutôt élogieux : « Ces Goldberg ont la ligne, pas seulement dans un sens diététique : les voix se répondent avec naturel. La clarté d'ensemble s'accompagne d'une pédale parcimonieuse. C'est le royaume de l'intimité chaleureuse, à l'image d'une aria susurrée sur un ton de douce confidence. Béatrice Rana lustre le tissu sonore : de la bien belle ouvrage. »

Ensuite,  dans les détails, il se fait plus mitigé : « On aurait cependant apprécié un panel de caractères plus étendu, une fantaisie plus libre. On n'est jamais vraiment surpris : or, le propre des grandes versions, dans une partition d'une telle richesse, est bien de nous faire redécouvrir ce qu'on croyait connaître. La pianiste évite les contrastes trop marqués : la fierté de la Variation IV, comme la liesse et l'exaltation de la XIV ne sont pas poussées dans leur retranchement. On peut également imaginer çà et là plus de relâchement, de souplesse dans les phrasés (III). La volubilité s'appuie sur un délié d'une finesse remarquable (V) mais ne confine jamais au vertige. » (Au final : 4 diapasons, bref deux échelons avant le Diapason d'Or. Dans la cotation Diapason, ça reste Recommandable. « Ne déparera pas dans votre discothèque. »)

Dans le même numéro, un autre critique chronique pas moins de 3 Goldberg jouées par 3 clavecinistes, cette fois-ci, dont un seul trouve grâce à ses yeux : Wolfgang Glüxam (J'avoue que je ne le connais pas). Les deux autres : Ignacio Prego et Davide Pozzi (connais pas non plus) ne s'en tirent pas très bien (3 pauvres diapasons chacun.). Comme quoi il n'y a pas que les pianistes qui veulent à tout prix donner leur Goldberg, semble-t-il...

Mais j'irai me faire mon idée sur Rana en suivant tes liens, Phil... (J'avoue quoi qu'il en soit que je privilégie
plutôt dans Bach le clavecin plutôt que le piano, mais sans vrai argument.)

A propos de Cantagrel, je me souviens d'un échange en privé avec Fred de Rouen au sujet du texte : La rencontre de Lübeck : Bach et Buxtehude, qui avait donné lieu à une très bonne série sur Musiq3 et à des échanges d'émissions via l'ANPR. Je me demande si Fred a finalement trouvé ce livre devenu difficile à dénicher ?



Dernière édition par bishop le Dim 13 Aoû 2017, 03:26, édité 1 fois

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Compositeurs et musiciens, Billet alambiqué pour évoquer Burning Bright d'Hugues Dufour - Mar 15 Aoû 2017, 20:03

Compositeurs et musiciens - Page 5 Tumblr_inline_oupezmLr4y1qjwbww_500

Je sais ce que je faisais précisément le lundi 6 octobre 2014 à 20h00. Je rentrais de Paris, après un saut à Gibert, les oreilles branchées sur France Musique. Débutait un concert de musique contemporaine.« Pfff, que je me dis, encore un truc qui va me prendre la tête ! » (Oui, je me parle comme ça intérieurement, je suis très familier avec moi-même.) Je continue de râler : « Bon, j’écoute 5 mn, et je remets TSF, Radio Nova ou au pire, France Culture… » Arnaud Merlin présente le concert. Le musicien ? Hugues Dufourt. « Connais pas. » L'ensemble ? Les percussions de Strasbourg. « Là, je vois un peu. » La pièce s'intitule Burning Bright, le sous-titre : Voyage au cœur de la matière. « Ouah. » Elle s'inspire du poème Tyger de William Blake. Durée annoncée : 65 mn. « Bon courage ! » Tandis que mon train file dans la nuit, je sors de mon sac un livre trouvé à Gibert, une biographie d’Arthur Koestler, L'homme sans concessions, par Michel Laval. Je lis les premières pages pendant que la musique de Dufour s'égrène. Mais est-ce qu'on peut parler de musique ? Des nappes ou des vagues de sons qui se propagent, des trucs qui tintinnabulent. Ça explose, mais pas trop. Ça oscille comme des vagues, on a envie de se laisser porter, d'ailleurs c'est ce qu'on fait. Jamais rien entendu de pareil. Et au lieu d'être largué ou assommé, je suis envoûté. Dans ma tête, le râleur s'est tu. Il n'y a plus que la musique. Qui m'emporte.

Les mots de Michel Laval s'y mêlent, le siècle de Koestler nous happe comme une tornade, le train, ses passagers, le livre et moi. Bientôt, les gens autour disparaissent, la rame se transforme en une rue de Budapest et j'avance sur des pavés luisants. J'arpente les rues et l'histoire de la ville à mesure que Laval la restitue. On est en septembre 1905. Citant Musil, il écrit : « On reconnaît les villes à leur démarche. » « Budapest où Arthur Koestler passa les premières années de sa vie, s'avançait en courant au centre de l'Empire. »

J'y suis. La ville, en pleine ascendance, est paradoxale… modernité, volonté de s'affranchir de la tutelle de Vienne, et aussi nostalgie des tribus hongroises d'Arpad et de Kurzsan qui la fondèrent mille ans plus tôt. « Une légende prétendait que la famille Koestler descendait du grand rabbin et savant kabbaliste Elijah de Chelm ou Loeb, qui avait créé le personnage d'argile du Golem pour protéger les juifs de Prague des persécutions. » Je change de trottoir, de peur de croiser le Golem. On n’est pas à Prague, mais quand même. A tous les coups, ça me remonte d'un vieux Woody Allen.

Plus loin, Laval décrit la naissance de l'auteur du Zéro et l'infini : « Le premier cri d’Arthur Koestler s'échappa de la chambre où il venait de naître, bouscula les hommes qui entouraient son père sur le pas de la porte, dévala quatre à quatre les escaliers (sic) remonta l'avenue Andrassy, parcourut la place de l'Octogone, flâna à la terrasse du café Jàpan, franchit le Danube, traversa l'espace et s'évanouit dans la rumeur du monde. »

La sonnerie du RER me tire un instant du concert, et tandis qu'un flot de voyageurs descend à Bourg La Reine, je me fonds moi aussi dans la rumeur du monde. La musique de Dufour me reprends et me perd à nouveau dans le passé…

Deux ans plus tard, une version de Burning Bright est sortie en cd (enregistrée en 2016 alors que mon concert date du 25.09.2014) . En lisant le Diapason n°650 d'Octobre 2016, j'appris avec stupeur que les musiciens de Burning Bright n'étaient qu'au nombre de six ! Ils méritent qu'on les cite : Claude Ferrier, Bernard Lesage, Keiko Nakamura, Minh-Tâm Nguyen, François Papirer et Olaf Tzschoppe. Le critique, Pierre Rigaudière, dit à leur propos : « Dans cette forme longue, comme en risquent peu de compositeurs, ils préviennent toute rupture de l'influx nerveux : ils ne se contentent pas de nous projeter dans une écoute contemplative, mais veillent à nous y maintenir. »

Effectivement. Je ne sais pas comment, j'arrive à ma station sans la rater. J'ai fermé le livre, demeure la musique. Je sors de la gare comme un somnambule et me retrouve sur le pas de ma porte. Je suis réveillé par les applaudissements du concert qui s'achève.

Un extrait ici : https://vimeo.com/117315819

Depuis, j'ai réécouté le disque, sans Koestler, et bien que ce soit une captation différente, la magie opère toujours. Pour finir, je découvre en écrivant ces lignes le poème de William Blake, Tyger dont voici les premiers vers, suivis de ma modeste traduction (J'ai pris des libertés en introduisant un athanor, mais l'alchimiste des sons qu'est Dufour ne m'en voudra peut-être pas ? Quant à Blake...) :

Tyger tyger, burning bright
In the forests of the night,
What immortal hand or eye
Could frame thy fearful symmetry?

In what distant deeps or skies
Burnt the fire of thine eyes?
On what wings dare he aspire?
What the hand dare seize the fire?

                           °°°

Tigre, Ô Tigre! Flamme qui luit
Dans des forêts de la nuit,
Quelle main, quel œil, quel génie
Tracèrent ton effrayante symétrie ?

Dans quels gouffres ou de quels cieux
Puisa-t-il le feu de tes yeux ?
Brûlant ses ailes à tant d'Athanors
Quel bras fit de ce feu cet or ?


Compositeurs et musiciens - Page 5 Tumblr_inline_oupepcXeqi1qjwbww_1280


Ecrit à l'origine pour mon blog, je recopie ce texte ici in extenso. Je ne sais pas si Fred de Rouen, qui m'a fait l'amitié de parcourir ce blog, y trouvera son compte ? Je sais par ouï-dire que la musique coule dans ses veines et que la littérature le tient debout. Ce billet lui donc est dédié.



Dernière édition par bishop le Ven 18 Aoû 2017, 01:26, édité 1 fois

fred de rouen 


47
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Herbert von Karajan et l'invention du CD - Jeu 17 Aoû 2017, 11:13

Il y a trente-cinq ans, jour pour jour, sortait d'une usine de Langenhagen le premier compact disc de l'histoire: La Symphonie alpestre de R. Strauss, dans la version d'Herbert von Karajan avec l'orchestre philarmonique de Berlin.

Compositeurs et musiciens - Page 5 Cd_kar10

Voici l'article que proposait le site de France Musique  en août 2015 et qui mettait en perspective les enjeux et les responsabilités de cette genèse.

Philaunet 

Philaunet
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48
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Hugues Dufourt, les cadres d'écoute de la musique contemporaine - Jeu 17 Aoû 2017, 17:27

D'avance, bishop, pardon de ne reprendre ici que partiellement votre texte et de ne pas y apporter le commentaire plus développé qu'il mérite, partie remise  :  
bishop(https://regardfc.1fr1.net/t823p40-compositeurs-et-musiciens#28648) a écrit:Compositeurs et musiciens - Page 5 Tumblr_inline_oupezmLr4y1qjwbww_500

Je sais ce que je faisais précisément le lundi 6 octobre 2014 à 20h00. Je rentrais de Paris, après un saut à Gibert, les oreilles branchées sur France Musique. Débutait un concert de musique contemporaine.« Pfff, que je me dis, encore un truc qui va me prendre la tête ! » (Oui, je me parle comme ça intérieurement, je suis très familier avec moi-même.) Je continue de râler : « Bon, j’écoute 5 mn, et je remets TSF, Radio Nova ou au pire, France Culture… » Arnaud Merlin présente le concert. Le musicien ? Hugues Dufourt. « Connais pas. » L'ensemble ? Les percussions de Strasbourg. « Là, je vois un peu. » La pièce s'intitule Burning Bright, le sous-titre : Voyage au cœur de la matière. « Ouah. » Elle s'inspire du poème Tyger de William Blake. Durée annoncée : 65 mn. « Bon courage ! » Tandis que mon train file dans la nuit, je sors de mon sac un livre trouvé à Gibert, une biographie d’Arthur Koestler, L'homme sans concessions, par Michel Laval. Je lis les premières pages pendant que la musique de Dufour s'égrène. Mais est-ce qu'on peut parler de musique ? Des nappes ou des vagues de sons qui se propagent, des trucs qui tintinnabulent. Ça explose, mais pas trop. Ça oscille comme des vagues, on a envie de se laisser porter, d'ailleurs c'est ce qu'on fait. Jamais rien entendu de pareil. Et au lieu d'être largué ou assommé, je suis envoûté. Dans ma tête, le râleur s'est tu. Il n'y a plus que la musique. Qui m'emporte. (...)  Un extrait ici : https://vimeo.com/117315819
Hugues  Dufourt, pas un inconnu à France Musique : Hugues Dufourt - Compositeur, musicologue et enseignant français né le 28 septembre 1943 à Lyon.

Il se trouve qu'un numéro du 27 octobre 2013 de l'ancienne émission "Le jour d'avant" de Rodolphe Bruneau-Boulmier (RBB)* s'intitulant Portrait de Hugues Dufourt est toujours en écoute en ligne. Ce numéro est très bien mené et réalisé (voir le programme en entier). On y entend Hugues Dufourt faire un panorama de la musique dite contemporaine depuis 1984. parole mesurée du musicien philosophe (ainsi le décrit RBB qui recueille ses mots avec bienveillance) qui développe sa pensée sur la musique et la peinture. C'est instructif.

il nous parle d'une peinture "Voyage", Song, Xe siècle, non référencée sur la page, dont il s'est inspiré pour sa pièce "Voyage par delà les fleuves et les monts".

Ici la reproduction tirée de Jennifer Thiault, « Le corps dans l’art pictural chinois »

Compositeurs et musiciens - Page 5 De514e473732a19be4163188c4a83448

Fan Kuan, Voyage par les monts et les cou­rants, Rouleau ver­ti­cal, encre et cou­leurs légè­res sur soie, 206,3 x 103,3, National Palace Museum, Taipei, Taiwan.

Sur la pièce musicale "Burning bright" (inspiré de William Blake, voir votre post en entier) : merci pour le lien vers le concert de Musica avec les Percussions de Strasbourg. Ici un autre passage (ou qui semble l'être Smile) de 1h32'15 à 1h37'10, présenté par le fameux Omer Corlaix, (qui prononce William Black) Burning Bright (voir dans l'après-concert).

Plusieurs interrogations : La représentation de l’œuvre en public n'est-elle pas d'abord une mise en scène de théâtre ou de chorégraphie sonorisé ? Voir à 10' le musicien tapant, pieds dans l'eau sur une sorte de globe, ou le même plongeant ses instruments dans l'eau, ou d'autres les faisant tournoyer (une grand-mère parlerait de faitouts en inox pour désigner deux récipients balayés par un interprète) avec des mines inspirées.

Si c'est une mise en scène, ce qui se passe toujours à Musica, les hommes en noir, sérieux comme des papes, se déplaçant mystérieusement dans la pénombre, quelle est la place de l'atmosphère sonore dans la perception des spectateurs qui regardent (on peut ne pas regarder) ? Dufourt regrette que le public n'ait pas suivi la musique spectrale, mais celle-ci ne serait-elle pas seulement adaptée à l'écoute au CD ou dans sa voiture la nuit (le 6 octobre à Paris, il devait faire sombre) sous l'influence d'un certain hypnotisme (pas trop quand même) ? En d'autres termes, en matière de musique contemporaine, ne peut on pas donner encore plus raison à Gould qui défendait l'idée que la musique ne doit plus être donnée au concert, mais qu'elle doit s'écouter au casque ou devant une bonne chaîne Hifi chez soi ? Les performances de musique contemporaine, souvent dans un minimalisme sonore que tue définitivement une quinte de toux ou un bracelet qui tinte, ne sont-elles pas parfois, souvent, une bonne blague, sinon un foutage de gueule ?

La vidéo vue devant l'ordinateur, avec le rythme des images et la sélection des angles de vue, les arrêts, les zooms, etc, est-elle "la musique" ? Dufourt a-t-il voulu ce dispositif spectaculaire, si oui, sa production sonore peut-elle s'écouter sans celui-ci, sans que l'oeuvre soit amputée ?

Ces questions se posent en partie ou en totalité pour le répertoire classique. Mais je me demande si les contemporains  qui parlent d’œuvres musicales (et pas d'autres genres, opéra, théâtre musical, etc) ne devraient pas entrer dans la modernité et cesser de faire entrer leurs productions dans le cadre de la représentation du concert public. D'autres cadres d'écoute ne sont-ils pas à inventer ? La voiture la nuit sur l'autoroute en est un pour nombre de mélomanes.



Dernière édition par Philaunet le Ven 18 Aoû 2017, 07:22, édité 2 fois

bishop 

bishop

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Herbert von Karajan et l'invention du CD - Jeu 17 Aoû 2017, 20:12

fred de rouen(https://regardfc.1fr1.net/t9p180-france-musique#28658) a écrit:Il y a trente-cinq ans, jour pour jour, sortait d'une usine de Langenhagen le premier compact disc de l'histoire: La Symphonie alpestre de R. Strauss, dans la version d'Herbert von Karajan avec l'orchestre philarmonique de Berlin.

Merci cher Fred, très intéressant, j'ignorais tout ça ! En revanche je me souviens de la sortie du Dire Straits, qu'avait acheté un ami avec sa première platine laser. Violoncelliste, il n'a pas tardé à me faire découvrir Shostakovich. La 12e par Bernard Haitink, ma préférée, a hélas mis des années à sortir en cd. Haitink n'avait pas les relations de Karajan, à l'évidence. Mais j'ai mauvais esprit (sans doute parce que je place Haitink bien au-dessus de Karajan.)

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bishop 

bishop

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Hugues Dufourt, les cadres d'écoute de la musique contemporaine - Ven 18 Aoû 2017, 01:20

Philaunet(https://regardfc.1fr1.net/t823p40-compositeurs-et-musiciens#28661) a écrit:D'avance, bishop, pardon de ne reprendre ici que partiellement votre texte et de ne pas y apporter le commentaire plus développé qu'il mérite, partie remise

D'abord merci pour les liens et le portrait, je vais de ce pas écouter l'émission !
Tu soulèves beaucoup de questions pointues et je n'ai pas la culture nécessaire pour y répondre.
Mon expérience en matière de concert de musique contemporaine est... nulle.
Mais je peux dire ceci : il est sûr qu'en voyant l'extrait vidéo (de Musica donc) j'ai vite
quitté l'écran des yeux pour essayer de retrouver les impressions ressenties en 2014.
Elles sont revenues (amoindries car en plus il s'agit d'une autre captation)
mais sont en effet plus fortes quand il y a juste le cd ou le concert entre les oreilles (j'ai gardé
le Podcast de l'époque.) Et justement...

...l'extrait commenté par Omer Corlaix m'a fait réaliser l'erreur que j'ai commise...
le cd de Burning Bright a été Enregistré les 25, 26 et 27 mars 2016 au Théâtre de Hautepierre, Strasbourg, or le concert diffusé le 6 octobre 2014 date en fait du 25.09.14 ! (Je vais corriger mon texte ;-)

Du coup mon expérience se base sur un enregistrement inédit, que je peux donner en partage,
celui-ci étant différent du cd commercial. Avis aux amateurs...

Philaunet 

Philaunet
Admin

51
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La rencontre de Lübeck : Bach et Buxtehude - Dim 20 Aoû 2017, 19:06

bishop(https://regardfc.1fr1.net/t823p40-compositeurs-et-musiciens#28622) a écrit: (...) A propos de Cantagrel, je me souviens d'un échange en privé avec Fred de Rouen au sujet du texte : La rencontre de Lübeck : Bach et Buxtehude, qui avait donné lieu à une très bonne série sur Musiq3 et à des échanges d'émissions via l'ANPR. Je me demande si Fred a finalement trouvé ce livre devenu difficile à dénicher ?
Ah "La rencontre de Lübeck" ! La  série patrimoniale de Gilles Cantagrel, Les Contes du jeudi (40') entre 2004 et 2008 (172 numéros) y avait consacré une émission le 9 février 2006*. Elle avait été aussi l'objet de cinq numéros d'une heure d'Au bonheur des gammes en juin 2007 sous la houlette du musicologue aussi passionné que passionnant. France Musique pourrait peut-être remettre ces trésors en écoute sur son site ? C'est un souhait... Et puis Fred de Roeun avait rappelé plus récemment la belle série de Musicopolis (par Anne-Charlotte répond) consacrée à ce moment : De Lubeck à Leipzig.

À défaut de livre, donc, il y a les documentaires sonores précieux de Gilles Cantagrel, lequel est toujours prêt à offrir son savoir aux radios qui veulent bien l'accueillir. À savoir Espace 2 de la RTS, le 23 juin 2017, dans un beau numéro de Versus-Écouter intitulé  2017 année Telemann**. Je tiens cette information de Fred de Rouen, inlassable explorateur des radios francophones. Un grand merci !

*  BUXTEHUDE, FROHLOCKET MIT HANDEN, CANTATE BuxWV 29 ; CHOEUR DE GARCONS DE HANOVRE & ORCHESTRE BAROQUE D'AMSTERDAM, direction TON KOOPMAN Enregistrement : 1987 [ERATO ECD 75374]

BUXTEHUDE, PRELUDE EN RE MAJ BuxWV 139
OLIVIER VERNET, Orgue ;  Enregistrement : 1994 [LIGIA DIGITAL 0104015 94]

BUXTEHUDE, SONATE EN LA MIN OP 1 N°3 BuxWV 254 ;
ENSEMBLE BAROQUE DE LIMOGES, direction CHRISTOPHE COIN Enregistrement : 2001 [ASTREE E 8851]

BUXTEHUDE, ARIA ROFILIS EN RE MIN BuxWV 248 ;
RINALDO ALESSANDRINI, Clavecin Enregistrement : 1994
[ASTREE E 8534]

BUXTEHUDE, NUN DANKET ALLE GOTT, CANTATE BuxWV 79 ;  CHOEUR DE GARCONS DE HANOVRE & ORCHESTRE BAROQUE D'AMSTERDAM, direction TON KOOPMAN Enregistrement : 1987 [ERATO ECD 75374]

BACH, PRELUDE ET FUGUE EN UT MIN BWV 549
OLIVIER VERNET, Orgue ; Enregistrement : 1996
[LIGIA DIGITAL LIDI 0104038 96]

BACH, NACH DIR HERR VERLANGET MICH, Cantate BWV 150  ; RICERCAR CONSORT, direction PHILIPPE PIERLOT
Enregistrement : 2004  [MIRARE MIR 002]



**25 juin 1767: à lʹâge canonique de 86 ans disparaît une figure musicale qui aura marqué son temps, Georg Philipp Telemann.
Pris comme de frénésie dès son jeune âge, il court lʹEurope, compose dans tous les genres pour tous les instruments, fonde des orchestres, édite lui-même ses œuvres, dirige la musique de la plus grande ville des Allemagnes, et laisse plus de mille œuvres vocales, autant dʹinstrumentales, dʹune constance de qualité étonnante.
Si cette prolixité a jusquʹici empêché dʹenregistrer lʹintégralité de son œuvre, Telemann est aujourdʹhui redécouvert comme un musicien plein dʹesprit, toujours agréable aux interprètes comme au public dont il se souciait beaucoup. Gilles Cantagrel, qui lui a consacré une monographie en 2005 (éditions Papillon), rend hommage à ce "célèbre inconnu".

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