https://www.youtube.com/watch?v=3VtmGwr_kYY
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Les Chemins de la philosophie (ex Nx Chemins de la connaissance) Page 23 sur 30
Bas de page ↓Juliette-Emeline
Invité
221Re: Les Chemins de la philosophie (ex Nx Chemins de la connaissance) - Mer 22 Nov 2017, 14:21
La reconversion (in-)attendue d'Adèle van Reeth : chroniqueuse mondanités... La culture ne paie décidément plus. Un peu de bla-bla par ici pour voir à quoi ça ressemble (allez à la minute 55 pour plonger directement dans le vide du sujet) :
https://www.youtube.com/watch?v=3VtmGwr_kYY
https://www.youtube.com/watch?v=3VtmGwr_kYY
munstead
222Re: Les Chemins de la philosophie (ex Nx Chemins de la connaissance) - Mer 27 Déc 2017, 08:03
Je n'écoute que rarement cette émission dont les horaires ne correspondent pas aux miens. Hier, en voiture, j'écoute Géraldine Mosna-Savoye présenter une émission sur les voyages de Tocqueville. Sujet intéressant, invité, Lucien Jaume, compétent et clair. Le problème est GMS qui doit sans doute monopoliser plus d'un tiers du temps de parole. Elle ne connaît visiblement AdT qu'à travers des fiches bien préparées qu'elle débite rapidement, pose des questions tellement longues et bardées de considérants, commentaires, incises et digressions que l'invité semble avoir du mal à comprendre ce qu'on lui demande. Parfois sa question est juste un bavardage qui s'arrête net, sans interrogation, laissant la parole à l'universitaire désarçonné. Jaume a lui aussi es côtés amusants, en professeur écoutant un exposé en TD, il parsème les interventions verbeuses de GMS de "oui", "c'est ça ", "exactement". Elle reste tellement dans ses fiches que lorsque Jaume montre que, vers 1850, Tocqueville prédisait avec la plus grande précision la guerre d'Algérie (celle du XXe siècle), elle passe à un autre sujet sans réagir. À plusieurs reprises elle prouve qu'elle n'écoute pas vraiment ce que dit son invité. Et toujours ce besoins de faire vite… Et l'on termine sur un morceau d'Iggy Pop dont on se demande pourquoi on a bien pu le choisir (cela pose la questions de la qualité des illustrations sonores et musiques de génériques de FC, mais ceci est une autre histoire).
Jean-Luuc
223Re: Les Chemins de la philosophie (ex Nx Chemins de la connaissance) - Ven 16 Fév 2018, 19:38
Vendredi 16 février 2018, Les chemins de la philosophie, dans le cadre de la journée (si j'ai bien compris) : Sexe(s) et pouvoirs (pour changer), avec pour sujet du jour : « Le désir peut-il se soumettre à la loi ? », et comme invités : Elisabeth Roudinesco, Laurence Rossignol, Raphaël Enthoven.
Voilà un sujet qui colle bien aux intervenants de cette émission (Roudinesco et Rossignol exclues bien entendu). Pas l'ombre d'une éthique pour ces jeunes gens dont l'un est parti sur une station privée chercher la caillasse et que l'autre invite à faire son show (voir à 47') et vendre son livre au passage comme il se doit.
https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/le-desir-peut-il-se-soumettre-a-la-loi
Voilà un sujet qui colle bien aux intervenants de cette émission (Roudinesco et Rossignol exclues bien entendu). Pas l'ombre d'une éthique pour ces jeunes gens dont l'un est parti sur une station privée chercher la caillasse et que l'autre invite à faire son show (voir à 47') et vendre son livre au passage comme il se doit.
https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/le-desir-peut-il-se-soumettre-a-la-loi
Dernière édition par Jean-Luuc le Sam 03 Nov 2018, 12:39, édité 1 fois
Philaunet
Admin
224Re: Les Chemins de la philosophie (ex Nx Chemins de la connaissance) - Sam 17 Fév 2018, 22:32
Après deux minutes, on sent déjà que l'on va passer un bon moment. Déjà avec l'inénarrable Roudinesco, puis avec le dialogue des deux "jeunes gens" (peut-être pas forcément insister sur "jeunes", Enthoven a 42 ans et van Reeth 36 ans, renseignements fournis par un Wikipedia par ailleurs bien sobre, ce que l'on comprend aisément) : "À ma gauche Raphaël Enthoven, philosophe, bonjour à vous" - "Bonjour Adèle" (sur la vidéo on voit le chroniqueur d'Europe 1 se retenir de rire, la comédie devant l'amuser). Ceux qui ont du temps se pencheront sur cette asymétrie entre une salutation avec prénom/nom par la maîtresse de cérémonie et une réponse de l'invité masculin avec le prénom de l'animatrice. Et tenteront d'imaginer la situation inverse.Jean-Luuc(https://regardfc.1fr1.net/t80p220-les-chemins-de-la-philosophie-ex-nx-chemins-de-la-connaissance#30130) a écrit:Vendredi 16 février 2018, Les chemins de la philosophie, dans le cadre de la journée (si j'ai bien compris) : Sexe(s) et pouvoirs (pour changer), avec pour sujet du jour : « Le désir peut-il se soumettre à la loi ? », et comme invités : Elisabeth Roudinesco, Laurence Rossignol, Raphaël Enthoven.
Voilà un sujet qui colle bien aux intervenants de cette émission (Roudinesco et Rossignol exclues bien entendu). Pas l'ombre d'une éthique pour ces jeunes gens dont l'un est parti sur une station privée chercher la caillasse et que l'autre invite à faire son show (voir à 47') et vendre son livre au passage comme il se doit.
https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/le-desir-peut-il-se-soumettre-a-la-loi
Quoi qu'il en soit, Adèle van Reeth annonce un changement de titre : on va passer du "sexe" au "désir", ce qui est bien compréhensible, car c'est un thème que le chroniqueur/conférencier traite depuis 10-15 ans et que son successeur aux Nouveaux Chemins de la Connaissance (devenus de la philosophie) laboure depuis plusieurs années. Tiens en cherchant les plus anciennes émissions de l'ancien animateur de France Culture (Commentaires), je tombe sur un numéro de la série "La psychanalyse dans tous ses états" des Nouveaux Chemins de la Connaissance, de Raphaël Enthoven, avec Elisabeth Roudinesco invitée à parler de Lacan. C'était le 28 octobre 2009.
En passant, on salue Adèle van Reeth qui nous lit et qui nous a fait un jour le plaisir de venir contribuer ici. Pour se plaindre, il est vrai, mais l'essentiel n'est-il pas de participer ?
masterkey
Admin
225L’espace, et en deçà… - Jeu 29 Mar 2018, 16:24
Vidourien(https://regardfc.1fr1.net/t748p10-la-conversation-scientifique#30350) a écrit:Merci du conseil Masterkey je vais écouter avec une attention particulière pour l'erratum musical.
Les physiciens théoriciens ont plus d'un tour dans leur tête pour nous faire voyager.
Le 7 mars 2018 Adèle Van recevait l'astrophysicien Aurélien Barrau au sujet de l'espace dans ses chemins philosophiques.
Quelques jours plus tard l'astrophysicien britannique Stephen Hawking est mort à 76 ans.
J'ai écouté cette émission ([son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-07.03.2018-ITEMA_21608576-1.mp3" debut="00:00" fin="60:00"]), et pour ne rien vous cacher, j'en ai été déçu.
Déçu que c'ait été Mme Mosna-Savoye qui ait animé cette émission plutôt que Mme Van Reeth. Car quoi qu'on en pense, AVR a la tête bien faite et à l'instar de Raphaël Enthoven, quand elle contient le débit de sa moulinette philosophante et qu'elle déthéâtralise un peu sa prestation, quand d'ailleurs il n'est plus question de prestation mais du simple échange avec l'invité, elle donne de bonnes raisons d'écouter son émission.
Mais contrairement à ce qu'annonce encore aujourd'hui la page de l'émission, c'est bien Géraldine Mosna-Savoye qui la présentait.
Ses questions furent à mon grand regret presque toutes à côté de la plaque, extrêmement naïves, montrant le peu d'habitude qu'elle a à discuter de thèmes voisins de la science.
Aurélien Barrau a dû composer un drôle de numéro pour y donner des réponses intéressantes. Je le redis, c'est dommage car c'est à Mme Van Reeth que j'aurais aimé l'entendre donner la réplique. Un acrobate des mots et des idées tel que lui, souvent perché dans une position qui paraît bien singulière, capable de défendre avec brio et aussi quelques raisons solides des thèses comme celle du multivers le plus échevelé (on l'entendait le faire dans l'un des premiers numéros de la Conversation Scientifique), aurait donné aux 50 portes qu'aime ouvrir simultanément la verve questionnante d'AVR un retour en contenu peut-être très riche.
Je le redis, la science ne manque pas de fournir du grain a moudre à la philosophie, un grain bien trop absent des chemins.
Philaunet
Admin
226Re: Les Chemins de la philosophie (ex Nx Chemins de la connaissance) - Ven 30 Mar 2018, 10:22
Un bel hommage à "Mme Van Reeth" que le vôtre.masterkey(https://regardfc.1fr1.net/t80p220-les-chemins-de-la-philosophie-ex-nx-chemins-de-la-connaissance#30394) a écrit: (...) quoi qu'on en pense, AVR [Mme Van Reeth] a la tête bien faite et à l'instar de Raphaël Enthoven, quand elle contient le débit de sa moulinette philosophante et qu'elle déthéâtralise un peu sa prestation, quand d'ailleurs il n'est plus question de prestation mais du simple échange avec l'invité, elle donne de bonnes raisons d'écouter son émission.
(...)
Aurélien Barrau a dû composer un drôle de numéro pour y donner des réponses intéressantes. Je le redis, c'est dommage car c'est à Mme Van Reeth que j'aurais aimé l'entendre donner la réplique. Un acrobate des mots et des idées tel que lui, souvent perché dans une position qui paraît bien singulière, capable de défendre avec brio et aussi quelques raisons solides des thèses comme celle du multivers le plus échevelé (on l'entendait le faire dans l'un des premiers numéros de la Conversation Scientifique), aurait donné aux 50 portes qu'aime ouvrir simultanément la verve questionnante d'AVR un retour en contenu peut-être très riche.
Je le redis, la science ne manque pas de fournir du grain a moudre à la philosophie, un grain bien trop absent des chemins.
"Mme Van Reeth", après avoir été l'assistante de Raphaël Enthoven (dont on ne sache pas qu'il ait fait nombre d'émissions sur la science), est devenue la directrice des Nouveaux Chemins de la Connaissance et des désormais Chemins de la philosophie.
Quels sont ses intérêts personnels (qu'elle semble confondre, comme nombre de producteurs, avec ceux des auditeurs) : la psychanalyse, le sexe, un courant de la philosophie, tout ce qui tourne autour de Foucault, Arendt, Benjamin, Derrida, Lévinas, le cinéma et l'actualité "des idées" à la mode. Les Chemins de la philosophie - Par Adèle Van Reeth.
N'était-il pas prévisible que trois des plus récentes séries seraient consacrées à Lacan, Rimbaud, la virilité ?
La science "dure" ne fait pas partie du programme de France Culture, il y faudrait des producteurs aguerris et un intérêt de la direction.
Autre domaine laissé à l'abandon pour les mêmes rasions : avons-nous eu ces dernières années une seule émission sur la linguistique ? Ou sur les langues en tant qu'objets d'étude ?
Philaunet
Admin
227Jean Lebrun, philosophie du son - Jeu 05 Avr 2018, 14:26
Ne surtout pas manquer [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10467-04.04.2018-ITEMA_21637320-1.mp3" debut="03:18" fin="06:29"] (il était question d'Alain Truttat avant les propos sur les archives).
Jean Lebrun, de l’autre côté du poste Philosophie du son (3/4) dans Les Chemins de la philosophie.
Voir aussi une autre sélection sonore dans le fil La pilule du bonheur à Du miel radiophonique : Jean Lebrun définiit la radio culturelle
Jean Lebrun, de l’autre côté du poste Philosophie du son (3/4) dans Les Chemins de la philosophie.
Voir aussi une autre sélection sonore dans le fil La pilule du bonheur à Du miel radiophonique : Jean Lebrun définiit la radio culturelle
masterkey
Admin
228Deux émissions, une productrice et une distinction - Lun 07 Mai 2018, 15:38
Deux Chemins de la philosophie à signaler, écoutés une nuit récente que l'insomnie me dérobait sinon pour rien. Deux bons numéros, l'un particulièrement, l'autre moins.
Avant d'en parler brièvement, une digression au sujet de la productrice de l'émission, Mme Van Reeth : cette écoute en enfilade m'a permis de mieux cerner ce qui me gênait chez elle, et, digression dans la digression, me fait penser plus fortement encore qu'il faudrait que ce forum distingue nettement deux niveaux de critiques : celles, d'une part, que l'on adresse à toutes ces productions dont le niveau ferait honte à la France Culture d'il y a 20 ans, qui nous font honte en tant qu'auditeur, et qui ne sont tout simplement pas dignes d'être diffusées par une chaîne publique qui se veut culturelle. Inutile de les nommer, c'est à elles que le forum s'adresse en priorité. D'autre part, les critiques positives ou négatives qu'on peut écrire au sujet d'émissions adultes, légitimes, pour nombre d'entre elles tordues par certains biais, qui souffrent de défauts récurrents, énervants ou irritants, qui sont parfois et même souvent inférieures en qualité aux émissions qu'elles ont remplacées, ou aux lointaines équivalentes auxquelles elles font écho. Bref, tout défaut qu'il est utile de souligner; mais des émissions qui ont naturellement leur place à France Culture.
Ce serait un progrès pour ce forum qu'on puisse y distinguer plus clairement, peut-être par un artifice technique, une couleur, un symbole graphique, laquelle de ces catégories de critiques on y rédige. Souhaite-t-on y témoigner son atterrement ou son appréciation nuancée ?
Je souhaite préciser d'emblée que c'est de cette seconde sorte de critique que tient le présent message.
Dépilons les digressions : Que reprocher à Mme Van Reeth ?
De manquer d'intelligence ? Certes non. De donner dans la facilité, de tourner en rond ? La lecture de la dernière année des titres de ses émissions le démentira. De céder aux modes du moment, de donner dans le paradigme idéologique de la chaîne ? Parfois, Mme Van Reeth donne dans le relativisme culturel et dans le présentisme, elle renâcle souvent devant l'idée que le passé pourrait être à certains égards objectivement meilleur que le présent (cf. la difficulté manifeste à encaisser les quelques vérités envoyées par Jean Lebrun dans cette bien utile émission signalée par Yann et Philaunet). Elle a ses dadas et même ses obsessions.
Mais non, ce n'est pas cela qui me rend l'écoute des Chemins difficile. Ce que je n'aime pas, c'est la façon dont Mme Van Reeth conduit l'entretien, la manière dont elle recueille la parole de son invité. Faisant mine d'abord de tenir les positions de son invité pour dignes de grandes louanges, elle n'hésite pas à le mettre en valeur par la lecture et même l'interprétation de belles citations choisies. Puis d'une manière assez abrupte, à la moindre saillance du discours de celui qu'elle reçoit, elle se remet d'un coup dans la position la plus "mainstream" possible, celle pour qui tous les présupposés de l'époque sont des évidences, et c'est de cette position qu'elle questionne l'invité. C'est alors avec un ton régulièrement dubitatif, empreint d'un je-ne-sais-quoi de moqueur, de cassant, qu'elle pose des questions souvent déstabilisantes et fortement dissymétriques dans le rapport de la longueur de la question et celle de la réponse idoine.
Je comprends que cela puisse avoir un intérêt dialectique, mais c'est une technique d'entretien difficile pour l'invité lorsqu'il n'est pas parfaitement maître dans l'art de la conviction ou qu'il développe un propos qui ne peut se résumer facilement à quelques phrases de mise au point.
Je préfère de loin la pratique qui consiste à accompagner l'invité dans sa parole, la posture maïeuticienne et facilitatrice du déroulement de la pensée de celui qu'on reçoit, la démarche agogique (puisqu'il devrait être question de chemins), plutôt que celle qui suppose de ferrailler à tout crin, de demander des comptes, de chercher justification en permanence et au nom du sens commun présupposé.
Bien sûr qu'il est utile, quand une parole est très nettement hétérodoxe, de tenter d'exhumer les raisons qui la soutiennent, mais il me paraît important, dans une émission limitée à 55 minutes et qui s'apparente certainement à une course contre la montre pour l'invité, de limiter à l'essentiel ces moments de navigation à contre-courant, pour permettre un entretien fécond et fluide.
Là-dessus, voici ces deux émissions qui à mon avis valent l'écoute :
1. Juste avant Jean Lebrun, Mme Van Reeth recevait Vincent Bontems, philosophe des sciences et des techniques, pour parler de Gaston Bachelard, de sa voix et de sa façon de manier le son. De l'induction au rêve et de l'usage de la radio.
Une émission où l'invité choisit ses mots avec une grande justesse, avec un jeu parfois un peu lourd à mon goût, mais cela s'écoute bien et s'écouterait encore mieux si ce n'était le défaut pointé ci-dessus de la productrice.
2. Cette semaine, un excellent numéro sur Spinoza avec Henri Atlan.
Henri Atlan qu'on n'avait plus entendu depuis longtemps, nettement vieilli, mais plein d'un savoir précis et très éclairant sur l'Ethique de Spinoza.
Henri Atlan, Biologiste et philosophe, a eu son heure de lumière à la fin des années 70, en participant à l'émergence de la notion d'auto-organisation. C'était le genre de notions dont les années 70 ont été fécondes, et le type d'intellectuel pour qui j'avais une certaine admiration doublée d'une méfiance et d'un soupçon assez élevé quant au sérieux de ses thèses. Oui, car comme Ilya Prigogine, Isabelle Stengers, Edgar Morin ou dans un autre style René Thom, ses idées qui ne manquaient pas de stimulant étaient aussi nimbées d'une certaine fumée - pas d'allusion ici à l'ouvrage de référence d'Atlan à l'époque, Entre le cristal et la fumée -.
C'était le propre des années 70 il me semble, dans le meilleur comme dans le pire, de foisonner d'idées non-standard, de tenter systématiquement le "pas de côté", de voir de l'auto-organisé et de la thermodynamique des systèmes ouverts à tous les étages. Peut-être un reflet des goûts de l'époque en matière sociale, mais ce serait un grave péché en relativisme que de réduire ce courant à cela.
Quoi qu'il en soit, cette émission avec Henri Atlan était une réussite. Il a réussi à faire saisir, à coup d'analogies éclairantes il me semble, quel est le monisme de Spinoza, ni matérialiste ni idéaliste, mais dont chacun de ces deux-là n'est que la projection, la réduction. Citant ses références avec une précision sans faille, Atlan a passé le plus clair de l'émission à faire comprendre que selon Spinoza, le monde est en même temps (de façon fort macronienne) un monde de matière et un monde d'idées, et ce, que l'on parle d'humains ou de pierres. Cette position a bien des avantages sur le réductionnisme matérialiste - qui permet de comprendre pourquoi l'on n'a jamais vu d'être pensant sans cerveau, mais qui échoue à rendre compte de ce qu'est l'expérience subjective -, et sur le réductionnisme idéaliste qui se prend les pieds dans le tapis inverse.
Atlan a évoqué à ce sujet le cas de la chaleur, que l'on peut saisir de deux points de vue suivant qu'on s'occupe de physique statistique ou de thermodynamique, aucun n'étant réductible à l'autre. Je me demande dans quelle mesure la particule en physique quantique, présentant suivant la façon dont on l'interroge des aspects ondulatoires et corpusculaires, ne présente pas aussi des similitudes de fond avec le monisme de Spinoza.
Sur la valeur de l'Ethique, Henri Atlan loue la clairvoyance de Spinoza et le pressentiment qu'il a eu de ce qu'une science du vivant devait advenir. Il cite durant l'émission des passages de l'oeuvre auxquels la biologie et en particulier la neurologie moderne donnent résonance distincte, expliquant au passage en quoi les conceptions de Descartes, purement mécanistes, n'offraient pas la même anticipation.
En incise, Henri Atlan n'est pas le seul a faire ce constat, le neurobiologiste António Damásio, dont les travaux portent sur les avatars du soi, dressait le même dans ses ouvrages "L'erreur de Descartes" et "Spinoza avait raison" qu'il était venu commenter à chaque fois au micro de Stéphane Deligeorges. Je ne suis toutefois pas certain que ces jugements (moins affirmatifs dans le cas d'Atlan) témoignent d'une lecture parfaitement scrupuleuse de Descartes.
Dans cette émission encore, Mme Van Reeth n'a pas accompagné Henri Atlan sur ces chemins difficiles d'une façon que j'aurais trouvée idéale. Elle s'y place bien souvent en réaction aux propos de son invité, mais j'y reconnais-là quelques avantages, pour ce numéro tout du moins. Ce qui a été pris en fluidité a été gagné en clarté, et il faut avouer que la thèse est compliquée, peu naturelle. S'y attarder a eu du bon.
Avant d'en parler brièvement, une digression au sujet de la productrice de l'émission, Mme Van Reeth : cette écoute en enfilade m'a permis de mieux cerner ce qui me gênait chez elle, et, digression dans la digression, me fait penser plus fortement encore qu'il faudrait que ce forum distingue nettement deux niveaux de critiques : celles, d'une part, que l'on adresse à toutes ces productions dont le niveau ferait honte à la France Culture d'il y a 20 ans, qui nous font honte en tant qu'auditeur, et qui ne sont tout simplement pas dignes d'être diffusées par une chaîne publique qui se veut culturelle. Inutile de les nommer, c'est à elles que le forum s'adresse en priorité. D'autre part, les critiques positives ou négatives qu'on peut écrire au sujet d'émissions adultes, légitimes, pour nombre d'entre elles tordues par certains biais, qui souffrent de défauts récurrents, énervants ou irritants, qui sont parfois et même souvent inférieures en qualité aux émissions qu'elles ont remplacées, ou aux lointaines équivalentes auxquelles elles font écho. Bref, tout défaut qu'il est utile de souligner; mais des émissions qui ont naturellement leur place à France Culture.
Ce serait un progrès pour ce forum qu'on puisse y distinguer plus clairement, peut-être par un artifice technique, une couleur, un symbole graphique, laquelle de ces catégories de critiques on y rédige. Souhaite-t-on y témoigner son atterrement ou son appréciation nuancée ?
Je souhaite préciser d'emblée que c'est de cette seconde sorte de critique que tient le présent message.
***
Dépilons les digressions : Que reprocher à Mme Van Reeth ?
De manquer d'intelligence ? Certes non. De donner dans la facilité, de tourner en rond ? La lecture de la dernière année des titres de ses émissions le démentira. De céder aux modes du moment, de donner dans le paradigme idéologique de la chaîne ? Parfois, Mme Van Reeth donne dans le relativisme culturel et dans le présentisme, elle renâcle souvent devant l'idée que le passé pourrait être à certains égards objectivement meilleur que le présent (cf. la difficulté manifeste à encaisser les quelques vérités envoyées par Jean Lebrun dans cette bien utile émission signalée par Yann et Philaunet). Elle a ses dadas et même ses obsessions.
Mais non, ce n'est pas cela qui me rend l'écoute des Chemins difficile. Ce que je n'aime pas, c'est la façon dont Mme Van Reeth conduit l'entretien, la manière dont elle recueille la parole de son invité. Faisant mine d'abord de tenir les positions de son invité pour dignes de grandes louanges, elle n'hésite pas à le mettre en valeur par la lecture et même l'interprétation de belles citations choisies. Puis d'une manière assez abrupte, à la moindre saillance du discours de celui qu'elle reçoit, elle se remet d'un coup dans la position la plus "mainstream" possible, celle pour qui tous les présupposés de l'époque sont des évidences, et c'est de cette position qu'elle questionne l'invité. C'est alors avec un ton régulièrement dubitatif, empreint d'un je-ne-sais-quoi de moqueur, de cassant, qu'elle pose des questions souvent déstabilisantes et fortement dissymétriques dans le rapport de la longueur de la question et celle de la réponse idoine.
Je comprends que cela puisse avoir un intérêt dialectique, mais c'est une technique d'entretien difficile pour l'invité lorsqu'il n'est pas parfaitement maître dans l'art de la conviction ou qu'il développe un propos qui ne peut se résumer facilement à quelques phrases de mise au point.
Je préfère de loin la pratique qui consiste à accompagner l'invité dans sa parole, la posture maïeuticienne et facilitatrice du déroulement de la pensée de celui qu'on reçoit, la démarche agogique (puisqu'il devrait être question de chemins), plutôt que celle qui suppose de ferrailler à tout crin, de demander des comptes, de chercher justification en permanence et au nom du sens commun présupposé.
Bien sûr qu'il est utile, quand une parole est très nettement hétérodoxe, de tenter d'exhumer les raisons qui la soutiennent, mais il me paraît important, dans une émission limitée à 55 minutes et qui s'apparente certainement à une course contre la montre pour l'invité, de limiter à l'essentiel ces moments de navigation à contre-courant, pour permettre un entretien fécond et fluide.
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Là-dessus, voici ces deux émissions qui à mon avis valent l'écoute :
1. Juste avant Jean Lebrun, Mme Van Reeth recevait Vincent Bontems, philosophe des sciences et des techniques, pour parler de Gaston Bachelard, de sa voix et de sa façon de manier le son. De l'induction au rêve et de l'usage de la radio.
Une émission où l'invité choisit ses mots avec une grande justesse, avec un jeu parfois un peu lourd à mon goût, mais cela s'écoute bien et s'écouterait encore mieux si ce n'était le défaut pointé ci-dessus de la productrice.
2. Cette semaine, un excellent numéro sur Spinoza avec Henri Atlan.
Henri Atlan qu'on n'avait plus entendu depuis longtemps, nettement vieilli, mais plein d'un savoir précis et très éclairant sur l'Ethique de Spinoza.
Henri Atlan, Biologiste et philosophe, a eu son heure de lumière à la fin des années 70, en participant à l'émergence de la notion d'auto-organisation. C'était le genre de notions dont les années 70 ont été fécondes, et le type d'intellectuel pour qui j'avais une certaine admiration doublée d'une méfiance et d'un soupçon assez élevé quant au sérieux de ses thèses. Oui, car comme Ilya Prigogine, Isabelle Stengers, Edgar Morin ou dans un autre style René Thom, ses idées qui ne manquaient pas de stimulant étaient aussi nimbées d'une certaine fumée - pas d'allusion ici à l'ouvrage de référence d'Atlan à l'époque, Entre le cristal et la fumée -.
C'était le propre des années 70 il me semble, dans le meilleur comme dans le pire, de foisonner d'idées non-standard, de tenter systématiquement le "pas de côté", de voir de l'auto-organisé et de la thermodynamique des systèmes ouverts à tous les étages. Peut-être un reflet des goûts de l'époque en matière sociale, mais ce serait un grave péché en relativisme que de réduire ce courant à cela.
Quoi qu'il en soit, cette émission avec Henri Atlan était une réussite. Il a réussi à faire saisir, à coup d'analogies éclairantes il me semble, quel est le monisme de Spinoza, ni matérialiste ni idéaliste, mais dont chacun de ces deux-là n'est que la projection, la réduction. Citant ses références avec une précision sans faille, Atlan a passé le plus clair de l'émission à faire comprendre que selon Spinoza, le monde est en même temps (de façon fort macronienne) un monde de matière et un monde d'idées, et ce, que l'on parle d'humains ou de pierres. Cette position a bien des avantages sur le réductionnisme matérialiste - qui permet de comprendre pourquoi l'on n'a jamais vu d'être pensant sans cerveau, mais qui échoue à rendre compte de ce qu'est l'expérience subjective -, et sur le réductionnisme idéaliste qui se prend les pieds dans le tapis inverse.
Atlan a évoqué à ce sujet le cas de la chaleur, que l'on peut saisir de deux points de vue suivant qu'on s'occupe de physique statistique ou de thermodynamique, aucun n'étant réductible à l'autre. Je me demande dans quelle mesure la particule en physique quantique, présentant suivant la façon dont on l'interroge des aspects ondulatoires et corpusculaires, ne présente pas aussi des similitudes de fond avec le monisme de Spinoza.
Sur la valeur de l'Ethique, Henri Atlan loue la clairvoyance de Spinoza et le pressentiment qu'il a eu de ce qu'une science du vivant devait advenir. Il cite durant l'émission des passages de l'oeuvre auxquels la biologie et en particulier la neurologie moderne donnent résonance distincte, expliquant au passage en quoi les conceptions de Descartes, purement mécanistes, n'offraient pas la même anticipation.
En incise, Henri Atlan n'est pas le seul a faire ce constat, le neurobiologiste António Damásio, dont les travaux portent sur les avatars du soi, dressait le même dans ses ouvrages "L'erreur de Descartes" et "Spinoza avait raison" qu'il était venu commenter à chaque fois au micro de Stéphane Deligeorges. Je ne suis toutefois pas certain que ces jugements (moins affirmatifs dans le cas d'Atlan) témoignent d'une lecture parfaitement scrupuleuse de Descartes.
Dans cette émission encore, Mme Van Reeth n'a pas accompagné Henri Atlan sur ces chemins difficiles d'une façon que j'aurais trouvée idéale. Elle s'y place bien souvent en réaction aux propos de son invité, mais j'y reconnais-là quelques avantages, pour ce numéro tout du moins. Ce qui a été pris en fluidité a été gagné en clarté, et il faut avouer que la thèse est compliquée, peu naturelle. S'y attarder a eu du bon.
Dernière édition par masterkey le Lun 07 Mai 2018, 23:10, édité 7 fois
Philaunet
Admin
229Insomnie - radio - Bachelard - Lun 07 Mai 2018, 20:46
Mots clés insomnie ; Bachelard ; radiomasterkey(https://regardfc.1fr1.net/t80p220-les-chemins-de-la-philosophie-ex-nx-chemins-de-la-connaissance#30548) a écrit:Deux Chemins de la philosophie à signaler, écoutés une nuit récente que l'insomnie me dérobait sinon pour rien. Deux bons numéros, l'un particulièrement, l'autre moins. (...) Là-dessus, voici ces deux émissions qui à mon avis valent l'écoute :
1. Juste avant Jean Lebrun, Mme Van Reeth recevait Vincent Bontems, philosophe des sciences et des techniques, pour parler de Gaston Bachelard, de sa voix et de sa façon de manier le son. De l'induction au rêve et de l'usage de la radio.(...)
Hasard ? France Culture propose en page d'accueil : Quand l'insomnie vous guette, une playlist d'émissions à écouter, le 04.05.2018, qui contient deux références à des émissions et une présentation avec citations. Extraits de la page : (...) La préconisation de Gaston Bachelard : guérir l'insomnie grâce à la radio.
Dans une causerie diffusée en 1949 sur les ondes radiophoniques, Gaston Bachelard proposait de guérir l’insomnie au moyen de la rêverie suscitée par la radio. L'auteur de La Poétique de la rêverie cherchait à radiodiffuser des programmes stimulant les rêves et s'exclamait :' Entendez-les ces mots, au moment où vous vous endormez. Sentez comment ces tables sonores qu’est le langage s’éteint peu à peu en vous. Essayer de l’éteindre. Voyez précisément comment nous traiterions par la radio le problème de l’insomnie, comment nous guéririons les gens de l’insomnie. Ah, taisez-vous ! Ne parlez pas de votre voisin, ne parlez pas de votre femme, ne parlez pas de vos supérieurs ni de vos inférieurs, revenez à vous-même ! Nourrissez la poésie de vos archétypes, venez à vos mots racines. Vous allez vous endormir, vous êtes précisément sur le plan de la rêverie qui commence, et vous serez bientôt sur le plan des rêves profonds, et des rêves qui ne sont pas des cauchemars.'
Écouter - Gaston Bachelard : "La radio comme possibilité de rêve éveillé" ("Les Nuits de France Culture", 04 juin 2015)
Dans une autre causerie philosophique, en 1954, Gaston Bachelard évoquait le rêve, l'image et l'imagination affirmant : "Nous connaissons tous cette zone moyenne où les songes nourrissent nos pensées et où nos pensées éclairent nos sens. [...] Nous sommes des dormeurs éveillés, des rêveurs lucides, nous vivons un instant comme si la dimension humaine s'était agrandie en nous. Nous nous expliquons notre propre mystère."
Gaston Bachelard : "Nous sommes des dormeurs éveillés, des rêveurs lucides" ("Les Nuits de France Culture", 10/10/2017)
masterkey
Admin
230Re: Les Chemins de la philosophie (ex Nx Chemins de la connaissance) - Lun 07 Mai 2018, 23:32
Philaunet(https://regardfc.1fr1.net/t80p220-les-chemins-de-la-philosophie-ex-nx-chemins-de-la-connaissance#30549) a écrit:[...]Mots clés insomnie ; Bachelard ; radio
Hasard ? France Culture propose en page d'accueil : Quand l'insomnie vous guette, une playlist d'émissions à écouter, le 04.05.2018, qui contient deux références à des émissions et une présentation avec citations. Extraits de la page : (...) La préconisation de Gaston Bachelard : guérir l'insomnie grâce à la radio.
[...]
Écouter - Gaston Bachelard : "La radio comme possibilité de rêve éveillé" ("Les Nuits de France Culture", 04 juin 2015)
Dans une autre causerie philosophique, en 1954, Gaston Bachelard évoquait le rêve, l'image et l'imagination affirmant : "Nous connaissons tous cette zone moyenne où les songes nourrissent nos pensées et où nos pensées éclairent nos sens. [...] Nous sommes des dormeurs éveillés, des rêveurs lucides, nous vivons un instant comme si la dimension humaine s'était agrandie en nous. Nous nous expliquons notre propre mystère."
Gaston Bachelard : "Nous sommes des dormeurs éveillés, des rêveurs lucides" ("Les Nuits de France Culture", 10/10/2017)
Effectivement, peut-être pas un hasard que Bachelard s'invite dans une insomnie.
Merci pour les références de ces émissions que je manquerai pas d'écouter pendant ma prochaine nuit blanche.
Philaunet
Admin
231Henri Atlan, Carlo Rovelli : les pierres, les baisers et le LSD - Jeu 10 Mai 2018, 23:39
Je plussoie le "excellent".masterkey(https://regardfc.1fr1.net/t80p220-les-chemins-de-la-philosophie-ex-nx-chemins-de-la-connaissance#30548) a écrit: (...)
2. Cette semaine, un excellent numéro sur Spinoza avec Henri Atlan.
Henri Atlan qu'on n'avait plus entendu depuis longtemps, nettement vieilli, mais plein d'un savoir précis et très éclairant sur l'Ethique de Spinoza.
Le profane que je suis ne se risquera pas à commenter, sinon à dire que le passage sur les humains et les pierres était intéressant.Henri Atlan, Biologiste et philosophe, a eu son heure de lumière à la fin des années 70, en participant à l'émergence de la notion d'auto-organisation. C'était le genre de notions dont les années 70 ont été fécondes, et le type d'intellectuel pour qui j'avais une certaine admiration doublée d'une méfiance et d'un soupçon assez élevé quant au sérieux de ses thèses. Oui, car comme Ilya Prigogine, Isabelle Stengers, Edgar Morin ou dans un autre style René Thom, ses idées qui ne manquaient pas de stimulant étaient aussi nimbées d'une certaine fumée - pas d'allusion ici à l'ouvrage de référence d'Atlan à l'époque, Entre le cristal et la fumée -.
C'était le propre des années 70 il me semble, dans le meilleur comme dans le pire, de foisonner d'idées non-standard, de tenter systématiquement le "pas de côté", de voir de l'auto-organisé et de la thermodynamique des systèmes ouverts à tous les étages. Peut-être un reflet des goûts de l'époque en matière sociale, mais ce serait un grave péché en relativisme que de réduire ce courant à cela.
Quoi qu'il en soit, cette émission avec Henri Atlan était une réussite. Il a réussi à faire saisir, à coup d'analogies éclairantes il me semble, quel est le monisme de Spinoza, ni matérialiste ni idéaliste, mais dont chacun de ces deux-là n'est que la projection, la réduction. Citant ses références avec une précision sans faille, Atlan a passé le plus clair de l'émission à faire comprendre que selon Spinoza, le monde est en même temps (de façon fort macronienne) un monde de matière et un monde d'idées, et ce, que l'on parle d'humains ou de pierres. Cette position a bien des avantages sur le réductionnisme matérialiste - qui permet de comprendre pourquoi l'on n'a jamais vu d'être pensant sans cerveau, mais qui échoue à rendre compte de ce qu'est l'expérience subjective -, et sur le réductionnisme idéaliste qui se prend les pieds dans le tapis inverse.
Idem je me fais tout petit pour signaler qu'il vaut la peine d'écouter la séquence sur la synonymie mais non équivalence des deux descriptions de la température (je crains que masterkey ne fronce le sourcil ici...)Atlan a évoqué à ce sujet le cas de la chaleur, que l'on peut saisir de deux points de vue suivant qu'on s'occupe de physique statistique ou de thermodynamique, aucun n'étant réductible à l'autre. Je me demande dans quelle mesure la particule en physique quantique, présentant suivant la façon dont on l'interroge des aspects ondulatoires et corpusculaires, ne présente pas aussi des similitudes de fond avec le monisme de Spinoza.
À propos, masterkey, vous nous donnâtes (paf dans le pif du matinalier) une séquence fort intéressante à regarder sur Descartes dont on conclut que vous êtes un spécialiste. C'était ici (aussi en signalement dans le fil "La Caverne aux trésors de Regards")Sur la valeur de l'Ethique, Henri Atlan loue la clairvoyance de Spinoza et le pressentiment qu'il a eu de ce qu'une science du vivant devait advenir. Il cite durant l'émission des passages de l'oeuvre auxquels la biologie et en particulier la neurologie moderne donnent résonance distincte, expliquant au passage en quoi les conceptions de Descartes, purement mécanistes, n'offraient pas la même anticipation.
En incise, Henri Atlan n'est pas le seul a faire ce constat, le neurobiologiste António Damásio, dont les travaux portent sur les avatars du soi, dressait le même dans ses ouvrages "L'erreur de Descartes" et "Spinoza avait raison" qu'il était venu commenter à chaque fois au micro de Stéphane Deligeorges. Je ne suis toutefois pas certain que ces jugements (moins affirmatifs dans le cas d'Atlan) témoignent d'une lecture parfaitement scrupuleuse de Descartes.
Respects à Mme Van Reeth dont l'éclectisme va jusqu'à pouvoir donner la réplique à Henri Atlan sur un sujet aussi pointu (rare de pouvoir entendre de tels propos sur France Culture).Dans cette émission encore, Mme Van Reeth n'a pas accompagné Henri Atlan sur ces chemins difficiles d'une façon que j'aurais trouvée idéale. Elle s'y place bien souvent en réaction aux propos de son invité, mais j'y reconnais-là quelques avantages, pour ce numéro tout du moins. Ce qui a été pris en fluidité a été gagné en clarté, et il faut avouer que la thèse est compliquée, peu naturelle. S'y attarder a eu du bon.
Début de l'émission, Henri Atlan, les expériences psychédéliques et le LSD [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/18755-04.05.2018-ITEMA_21669140-1.mp3" debut="03:31" fin="05:12"]
De manière tout à fait surprenante, le physicien Carlo Rovelli* parle également de son expérience avec le LSD et considère son séjour aux États-Unis dans les années 70 comme fondateur de la formation de son esprit de chercheur. Passionnant Rovelli dans cette émission de la BBC où il établit de son côté des rapports de similarité entre les pierres et les baisers ("A kiss is an event – where is it now? – but then so, ultimately, is a stone, or a planet. Nothing is for ever, not even diamonds" The Guardian** ).
* Carlo Rovelli on why time is not what it seems in ''The Life Scientific' 08 05 2018 BBC Radio 4
Carlo Rovelli first became interested in the nature of time when he took LSD as a young man. Later he became curious about the world of the almost absurdly small, where time has no meaning and space is grainy.
He took seven years to complete his undergraduate degree, having spent a lot of time protesting against the political establishment, falling in love and travelling. An extended hippy trip across north America was, he says, perhaps the most useful time of his life. All this rebelling taught him the value of seeing the world in a different way and the benefits of challenging the status quo. In the end he concluded it was easier, and more meaningful, to challenge Einstein's understanding of time, than it was to overthrow the government.
He's a theoretical physicist who became a household name when his book Seven Brief Lessons on Physics became an unexpected international bestseller. His concise, and poetic, introduction to the laws and beauty of physics has sold more than a million copies. He's also a pioneer of one of the most exciting and profound ideas in modern physics, called loop quantum gravity. (...)
** The Order of Time by Carlo Rovelli review – no difference between past and future.
The author of Seven Brief Lessons on Physics has written a vivid account of how we make time and other profound puzzles.
Les Chemins de la philosophie (ex Nx Chemins de la connaissance) Page 23 sur 30
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