Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

En promotion sur le portail de France Culture : Comment et pourquoi lire Zola aujourd’hui ? : "Comment le souvenir de l’œuvre et de la figure zoliennes hantent-ils nos quotidiens, au tournant des XXe et XXIe siècle?"

"Comment le souvenir (...) hantent-ils"
"L’œuvre et la figure zoliennes" [ ? "de Zola" n'aurait fait de mal à personne]

Sinon, le début de la conférence est tout un poème... [son mp3="http://plus.franceculture.fr/sites/default/files/atoms/audio/adelinewrona.mp3" debut="00:00" fin="03:04"]
J'espère que des étudiants n'avaient pas l'obligation d'y assister pour valider tel ou tel crédit. Allez vous étonner que les étudiants abandonnent leurs études en fin de première ou deuxième année...

La voix d'Adeline Wrona, "professeure des universités en sciences de l’information et de la communication", semble ne pas avoir changé depuis le lycée. Parler avec éloquence devant un public s'apprend.  Il est vrai que tout le monde ne peut être Henri Troyat ou  Henri Gulliemin...

À l'été 2015, dans la série Grands écrivains, grandes conférences, notre antenne chérie rediffusait L'Heure de culture française du 5 décembre 1957 de La Chaîne Nationale où Bernard Marco traitait en une demi-heure de  "L'assommoir d'Émile Zola". Un projet portant sur la littérature et non sur "l’information et la communication". Dès les premières secondes, on est captivé par "la causerie". Ne pas manquer la lecture éblouissante de deux longs extraits du roman par Louis Arbessier, du livre audio de la meilleure qualité ! Merci à  Philippe Garbit et son équipe pour la précision sur le lecteur et pour le choix des archives.

1957 ou 2016 ? Chacun peut choisir. C'est là le luxe de notre époque.

Avant toute chose, il sera utile de lire la citation (Nessie 2012) dans le post précédent et le commentaire informatif de Jean-Luuc qui le suivait Exit France Culture Plus du 6 septembre 2016.

Et ce, pour signaler que les "Conférences" poursuivent leur chemin sur le site de France Culture avec des photos attrape-nigauds tirées de banques de données, comme dans la conférence déjà mentionnée ici, enregistrée par l'Université de Strasbourg en avril 2017 Faut-il être heureux ? (numéro 5 des "Plus consultés" sur le portail FC, mais les contenus sont-ils écoutés ?).

La "conférence" de trois intervenants devant presque autant de personnes dans le public (cela se comprend, mais n'anticipons pas) s'inscrivait dans le cadre d'un cycle consacré au bonheur.  Par bonheur, justement, il est possible de "feuilleter" cette conférence avec le curseur. Si quelqu'un s'arrête sur un moment qui captive l'auditeur, merci de le signaler.

Pourquoi France Culture met-elle cette vidéo sur son portail, mystère ! Enfin, non , c'est un attape-clic de plus avec un titre à la mode.

Aussi, plutôt que de donner un avis sur ladite "conférence" soporifique (quand on n'a personne devant soi, ce doit être démotivant de parler du bonheur), je préfère signaler, comme le présentateur le fait au début, que la manifestation se déroulait au Palais Universitaire de Strasbourg, tout récemment classé  avec le quartier dit de la Neustadt (création après l'annexion de Strasbourg par les Allemands en 1871) "Patrimoine mondial de l'Unesco". On peut en voir de très belles photos sur un site annonçant la 1st Conference of the Timing Reserach Forum, Photos 4 à 9.

Je ne suis pas sûr que ceux qui ont été attirés par la photo du jeune homme dans l'herbe aient eu la chance de voir le beau palais néo-Renaissance qui abritait les intervenants. Une telle illustration aurait quand même été plus informative et... culturelle.

On vous a signalé une faute dans un de vos écrits ou repris quand vous avez dit "rénumération" au lieu de "rémunération", défendez-vous en accusant l'insolent de glottophobie et demandez-lui des réparations morales et matérielles pour le traumatisme subi suite à cette discrimination. Mode d'emploi ici offert par France Culture : Discrimination par le langage : une violence méconnue

"Glottophobie, un mot nouveau pour désigner les discriminations linguistiques, autrement dit le processus qui exclut ou stigmatise quelqu’un pour des raisons linguistiques. Les usages de la langue et la façon dont elle renforce une domination, d'autant plus implacable qu'elle est invisible."

Dans les rangs des plaideurs outragés, Dani Legras, Aurélien Bellanger, Éric Chaverou et tous ceux repris dans le fil Errare France Culture est (plus de 800 posts).

Le malheur d’être femme au Moyen Âge (16 octobre 2017)

Un choix de conférence promue sur le site qui ne surprend guère, pour dire le moins. Une introduction dans le style (pauvre) et l'esprit (idem) cultivés à France Culture :

"La liberté de disposer de soi-même est un principe admis par les penseurs médiévaux, mais généralement peu appliqué, et les contraintes envers les femmes sont constantes dans les faits.

Les clercs qui tiennent la plume admirent cette liberté dans le libre choix de la chasteté (saintes et religieuses) ; le libre consentement accompagnant une union reste pour eux un idéal. Devant les faits réels, moins idylliques, les historiens font montre d’une réprobation discrète ou d’une apparente insensibilité ; les poètes fantasment parfois avec désinvolture sur des récits de viol, mais composent aussi des lamentations d’abandonnées, de religieuses sans vocation et d’épouses maltraitées. On voit naître, surtout à partir du XIIe siècle et dans les romans, une compassion qui se fait véritable sympathie et compréhension.
Une conférence enregistrée en 2015."

En promotion sur le portail de France Culture, il n'y a pas que L’addiction au sexe, c'est grave docteur ? ou Le plaisir de l'émerveillement  (On s'accroche et on lit le descriptif : "C’est parce que la peine et la souffrance ont pour origine les opinions creuses, qu’il faut apprendre à soigner son âme malade, apprendre à vivre le plaisir, et supporter l’idée d’être heureux.") ou encore De l'amour et de la solitude (on s'accroche toujours : "La solitude et l’amour sont des questions humaines essentielles. Mais de quoi parle-t-on ? S’interroger sur le rapport à la solitude amène à questionner le rapport à l’autre et à l’amour, du point de vue psychanalytique et dans une perspective sociale, où ces concepts régissent la vie collective..."), il y a aussi un bel entretien de 9'49'' avec Antoine Compagnon présentant son année 2013 au Collège de France sur le thème "Proust en 1913".

Pour attirer le chaland, la vidéo promue a été intitulée (par qui ?) Pourquoi la lecture est une forme de résistance . Vague et militant à souhait.

Vague : "la lecture", la lecture de quoi ? "Une forme de résistance", ce n'est pas exactement ce que dit Compagnon. Quand il dit que "la lecture est aussi une forme de résistance", c'est en ajoutant immédiatement à son propos le sens de rafraîchissement de l'attention, de recul. Tout le contraire de l'esprit actuel  de France Culture qui fonce tête baissée dans toutes les modes.

La résistance à la bêtise, à l'endoctrinement, au relativisme sur tout, etc, ce n'est pas le programme de France Culture et les "followers" de la station auront  été trompés sur la marchandise par un titre attrape-nigaud.

PS en lien sur la page : La Vie intérieure par Christophe André du 10/07/2017 : "Nos lectures nourrissent notre vie intérieure. Elles peuvent s'amorcer partout, à la plage, sous un arbre, au bureau... ce sont à chaque fois une nouvelle rencontre avec la vie d'autrui. "  ["Nos lectures sont une rencontre"...] Le projet de France Culture en diffusant ce genre de paroles est-il d'affaiblir les capacités intellectuelles de ses auditeurs ?

Hannah Arendt : "C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal",  un débat promu sur la page d'accueil le 23/10/2017 et enregistré en juillet 2017 dans le cadre du Festival d'Avignon (Py, directeur).

Avec entre autres intervenants h/f : "Laure Adler, journaliste, productrice de "L'heure bleue" sur France Inter" dont il aurait fallu dire qu'elle a été la directrice (de la casse) de France Culture entre 1999 et 2005 et qu'elle a signé une biographie d'Hannah Arendt.

Michaël Fœssel, philosophe, professeur, École polytechnique, producteur d'une émission de France Culture après avoir été l'invité régulier du producteur des Nouveaux Chemins de la Connaissance Raphaël Enthoven  (qui a cédé sa place à sa désormais conjointe), lequel Enthoven a été recruté par Laure Adler (exemples de l'esprit d'ouverture de FC).

Eric Fassin, sociologue, professeur, Université Paris 8, un sociologue souvent invité à France Culture pour vitupérer le monde comme il va. Voir beau post de munstead en 2013 à ce propos : Eric Fassin et la discrétion (ce forum a une terrible mémoire...).

Le descriptif sur l'idole de FC nous donne cette phrase (où est donc le verbe ?) : "Une vénéneuse coïncidence entre sa vie et la pensée de ce qu’elle a enduré dans sa chaire et dans son esprit.". Une "chaire" de quoi ?

Après le descriptif, Laure Adler nous dit : "Penseuse des chaos du monde et militante antinazie de la première heure, elle fut à la fois une combattante des droits de l'homme, une théoricienne des périls qui menacent la démocratie, une penseuse de l'antitotalitarisme et une femme engagée dans les principaux combats du siècle (...)"

En d'autres termes, il nous faut une autre Arendt en ces temps apocalyptiques, pires que tout ce que la terre a porté comme désastres dans le passé. Heureusement que des sauveurs veillent à France Culture et dans les conférences promues par l'antenne.

PS : "les chaos du monde" : combien sont-ils ?  

Comme chacun sait, il y a beaucoup de conférences au Collège de France. Le choix de France Culture d'en diffuser une sélection signale les intérêts et la façon de voir de la chaîne. Aussi, voici 14 heures de diffusion sur la question de la migration Pourquoi migrer ? (8/14) Migration et capital social 03/04/2019

Comment le démographe Douglas Massey, qui a lu Pierre Bourdieu, met-il en oeuvre le capital social, dans le cadre de son observatoire de la migration mexicaine? S’interroge François Héran. Comment les Etats-Unis sont-ils les champions du regroupement familial ?

Agrégé de philosophie, longtemps démographe--sociologue à l’INSEE et l'INED, François Héran titulaire de la chaire « Migrations et sociétés », se partage désormais entre le Collège de France et la direction de l’Institut Convergences Migrations. Dans le cadre de sa nouvelle série "Pourquoi migrer?", il propose d'interroger les facteurs déterminants des migrations.  (...) François Héran s’interroge "Qu’est-ce que le capital social?"  Sophie Ponthieux, dont l'ouvrage "Le capital social" (La Découverte, 2006) "fait référence", rappelle le démographe, explique dans son introduction :"Depuis le milieu des années 1990, la notion de capital social a fait une percée remarquable dans la littérature académique (...) Enfin, parmi les différents définitions du capital social que Sophie Ponthieux rappelle, nous retrouverons celle de Pierre Bourdieu : "les diverses sortes de capitaux qu'un individu peut mobiliser du fait de ses relations sociales"

Sur l'icône de la station, Pierre Bourdieu (prochaine série, Foucault, on suppose), les intervenants du Collège France n'ont pas tous la même perspective, cf William Marx nommé professeur au Collège de France Le Point 02-04-2019 :

Là, ce sont Bourdieu et Jean-Claude Passeront les grands coupables, avec Les Héritiers (1964). Dans ce livre, ils présentent la littérature comme pur instrument de reproduction sociale. Selon eux, on n'apprendrait la littérature à l'école que pour reproduire la domination sociale. Mais c'est faire l'impasse sur toutes les vertus réelles de l'enseignement pour les lecteurs et la société. Quand on fait lire à l'école, c'est aussi pour faire découvrir une pensée, des émotions, une beauté auxquelles certains enfants n'auraient peut-être pas accès autrement ! On fait lire ces œuvres parce qu'elles créent la vie intérieure et participent à la formation des citoyens. En particulier avec la place que tient la littérature dans l'image de la France !

France Culture va-t-elle diffuser un jour les conférences de William Marx, spécialiste de l'Antiquité et de l'histoire littéraire  ?

L'annonce des  conférences promues par France Culture prend une large place sur la page d'accueil du site. La sélection rangée dans quatre catégories ("Philosophie, Science, Psychologie, Sexualité")  illustre bien l'esprit de la station (narcissisme, conflits, féminisme, etc).  

Ainsi FC a choisi de mettre ceci en valeur :



On est prévenu dès le chapeau "Les guerres de religion ont non seulement ensanglanté l’Europe pendant au moins deux siècles, elles ont aussi été d’une violence inouïe. Tous les critères de la méchanceté sont ici retrouvés. Elle obéit également à une volonté de faire souffrir mais aussi de satisfaire à une symbolique précise."

Est-ce cet intitulé qui n'a pas attiré les foules dans l'amphi ? Ou l'éloquence de l'intervenant ? En tous les cas la salle est loin d'être remplie.  

Pour les amateurs, cela dure une heure et dix minutes. Qui des auditeurs de FC regardera/écoutera cette conférence, qui est tout sauf de la radio ?

Quoi qu'il en soit, je dirai comme Fred de Rouen, j'oppose cette énième présence de "Méchanceté et violence" sur le site à une émission de David Cannadine sur BBC 4, le 28 juillet 2019. Profonde réflexion sur la manière dont les événements historiques sont sélectionnés, vus et interprétés dans un but particulier : On Crossing the Religious Divide  (28 minutes) *

Donnant la parole à divers intervenants partageant ou non son analyse (l'émission est construite et montée, ce n'est pas un débat), David Cannadine affirme qu'au cours du temps les périodes de cohabitation pacifique ont été majoritaires, mais que ce sont les faits brutaux qui sont relevés dans les archives (la paix n'est pas une information). L'obédience religieuse n'a été qu'un élément parmi d'autres souvent plus importants pour justifier des conflits (expansion territoriale, conquête de ressources). Les loyautés de classe sociale, de métier, de famille, d'ancrage territorial, etc, ont bien plus compté dans la vie quotidienne que les différences religieuses.

Ces réflexions étayées par une large connaissance contrastent grandement avec la vision conflictuelle que France Culture entretient à l'antenne et sur son site, en rangeant les gens (sociologie quand tu nous tiens !) dans des catégories qui s'opposent.

La mise en valeur du massacre des Protestants lors de la Saint Barthélémy (cf. illustration de la conférence) sert à créer une perception globale de la prétendue violence inhérente aux religions. En l'occurrence, l’élimination (du parti) des Protestants était d'abord un projet politique.  

* Whether it's accounts of pagans and Christians, Christians and Muslims or Catholics and Protestants, history has been efficient in relating the details of religious wars, conflicts and periods of intolerance. Professor David Cannadine argues that, dangerously, these accounts omit peaceful times and assume erroneously that religious identity is solely dominant in people's lives.
Sampling periods from the Roman Empire through medieval Spain and Reformation Europe to the Northern Ireland of our own times, he suggests that people's lives and nations are not divided by religion in the ways that history may imply.
A Just Radio production for BBC Radio 4

Serait-ce du masochisme ? France Culture multiplie les accroches de tweets qui lui valent des boulets en retour. Récemment, c'était l'affaire des statues grecques racisées, c'est aujourd'hui la promotion d'une conférence de l'Institut du monde arabe annoncée ainsi sur Twitter :



Pas innocent et une manière sûre de s'attirer une foultitude de réactions hostiles. Pourquoi ? Il n'y a pas de mauvaise publicité ? De nos jours, pas si sûr. Pourquoi ne pas avoir résumé en accroche le début du descriptif pour plus de précision ? Par exemple, "Ce que la Fontaine doit aux Indiens (ou à l'Inde)", puisque : "De nombreuses fables de La Fontaine sont inspirées du recueil "Kalila et Dimna". (...) Composé en sanskrit probablement dès le IIIe siècle avant Jésus-Christ, Kalila wa-Dimna (Kalila et Dimna) est un recueil de fables orientales d'origine indienne largement distribué. Les fables furent traduites en arabe au VIIIe siècle par Ibn al-Muqaffa’, auteur persan très instruit et courtisan influent."

"Nombreuses", une information plus précise ne serait pas un luxe.