Oui, curieusement passionnés sont parfois les gens, tout de même.
Je vous rejoins donc peut-être sur un constat auquel j’ajouterai une question et même deux : en France on se passionne parfois pour l’un ou l’autre sujet qui ne concerne presque personne. On en vient vite aux mains et aux grands mots. Déjà c’est pas facile de parler politique sans que ça dérive, car il suffit d’un militant agressif pour faire monter la tension. Mais au moins la politique ça concerne tout le monde ; même si dans les débats, rares sont ceux qui savent de quoi ils parlent et aussi rares sont ceux qui cherchent à s’éclairer plutôt qu’à imposer leur jugement.
On a eu longtemps l’exemple du sujet brûlant qu’était la peine de mort, qui dans les faits ne concernait que quelques dizaines de personnes par an : les familles des victimes et des condamnés. Mais au moins on imagine qu’il y a là derrière quelque chose d’important. La mise à mort officielle d’un déviant a quelque chose d’une fonction sacrée, comme le dernier résidu non symbolique du sacrifice. Objectivement je préfère la solution belge : la peine de mort n’est pas abolie, mais simplement elle n’a pas été prononcée depuis presque un siècle.
Est-ce que le mariage homosexuel (hi!)toucherait au sacré, lui aussi ? A la famille ? Je ne suis pas certain que la licence accordée à l’exception ait vraiment un impact sur l’image de la famille.
Ma question : cette tendance à l’engagement passionné dans des débats interminables et énigmatiques, est-ce une spécificité de chez nous, et si oui est-ce bon signe ou mauvais signe ? On peut y voir une tendance à jacter à tort et à travers sur tout et sur rien. Mais on peut aussi bien se dire qu’il faut un peuple tout de même assez évolué pour se pencher collectivement à longueur d’années sur les problèmes des autres. Ou alors serait-ce par un sens atrophié de la liberté, qu’on légifère en France à tout-va et que tout un chacun fout toujours son nez dans la vie des autres ?
Ma seconde question : quelle part revient aux médias dans la naissance et l’entretien de ces discussions passionnées ? Sont-ils plutôt à l’origine ou plutôt à la remorque des passions ? Probablement les deux, mais il y en a bien un qui l’emporte, non ? Peut-être l’un ou l’autre, selon le cas ? Au moins dans certains cas j’imagine un phénomène en deux temps, où à partir d’un souci légitime des gens, les médias montent une mayonnaise malsaine et finissent par alimenter une doxa délirante. J’en vois un exemple avec l’alarmisme et la mode des lanceurs d’alerte : pour l’individu normal rien n’est plus normal que de se soucier normalement de sa santé, de sa normale sécurité, et de rester raisonnablement vigilant. Mais une gent médiatique qui alimente complaisamment les raisons de s’inquiéter, et les multiplie à la fois en nombre et en intensité pour en faire les "1001 raisons de flipper pendant votre journée", crée une société au mieux de froussards, au pire de paranoiaques.
Dernière édition par Nessie le Sam 02 Avr 2011, 09:35, édité 2 fois