masterkey(https://regardfc.1fr1.net/t693-langue-francaise-le-meilleur-et-le-pire#24337) a écrit:Je ne sais qu'en penser, Philaunet, mais il me semble qu'en parcourant les tweets, on trouve une justification à l'imparfait du subjonctif dans laquelle la ministre a maladroitement pioché un circonflexe, voir la discussion suivante : https://twitter.com/LucBentz/status/696832852390977536 .
S'il y a ne serait-ce qu'hésitation sur ce point, il est difficile de qualifier de "crasse" l'ignorance coupable de cette production. Par ailleurs, c'est la suite des commentaires qui manque singulièrement de subtilité, tombant pour les plus fins dans les mêmes travers qu'Onfray dans l'interprétation de ce en quoi consiste la réforme ("Le subjonctif lui-même est un instrument de domination de la classe sociale favorisée, qui l'utilise à des fins disctiminatoires "), et s'enfonçant pour les pires, en large nombre, dans une vulgarité qui mérite qu'on la dise crasse.
Cher Masterkey, vous aurez remarqué que j'ai reproduit une observation générale et deux contestations grammaticales de la seule personne du fil Twitter de NVB ayant des notions de grammaire. C'est d'ailleurs cette personne qui débat avec Luc Bentz dans le fil que vous indiquez et je vous remercie d'avoir signalé ce dernier.
Je n'ai pas renvoyé à ce fil par un lien dans la contribution et n'ai pas non plus fait état d'autres messages, voulant m'en tenir à la grammaire et non à l'idéologie.
Il est incontestable que la séquence "Bien qu’appliquée en 2008, je n’ai pas le souvenir" est fautive. Ce n'est pas Mme Belkacem qui est appliquée ("Bien qu'appliquée... , je"), c'est, selon la ministre, la réforme de l'orthographe (faut-il de nouveau dire qu'aucune "réforme" n'est en jeu et que les recommandations ne sont pas stricto sensu "appliquées" ?).
Avant d'en venir à l'emploi inapproprié du subjonctif imparfait dans le tweet incriminé, puis-je avancer que l'on dit "avoir le souvenir de quelque chose/de + verbe à l'infinitif passé" et "avoir souvenir que sujet + verbe" ? Mme Belkacem écrit "avoir le souvenir que". C'est pourquoi j'ai parlé d'accumulation de fautes.
L'imparfait, temps du passé, exprime généralement trois aspects ; un état, une habitude, une action continue en arrière-plan d'une action principale ponctuelle. Le subjonctif s'emploie, entre autres, avec les verbes d'expression de l'opinion (croire, penser, trouver, estimer) à la forme négative.
Dans le cas qui nous occupe "ne pas avoir (le) souvenir" équivaut à "ne pas penser". Le subjonctif, que personne ne conteste, est forcément employé, puisqu'il y a là l'expression d'un doute ("je ne pense pas qu'il ait dit ça/ je n'ai pas souvenir qu'elle ait dit ça).
L'imparfait est-il justifié ? Critiquer une mesure constitue-t-il un état ? Non. Est-ce une action secondaire, tableau dans lequel s'inscrit une action ponctuelle ? Non. Est-ce alors une habitude ? Possible. Mais il se trouve que Madame Belkacem a indiqué une date (« en 2008 ») qui donne une précision de temps au cadre d'une action (potentiellement répétitive) qu'elle envisage comme principale ou majeure. C'est donc le passé composé qui s'impose.
En d'autres termes, la ministre affirme que « malgré son application en, ou depuis, 2008, la "réforme de l'orthographe" n'a pas fait l'objet de critiques de la part du Figaro ». Est-il possible de remplacer "n'a pas fait l'objet " par "ne faisait pas l'objet", c'est-à-dire l'imparfait (reproché au Tweet) ? Oui. Mais seulement dans une phrase insérée dans un développement qui aboutirait à une conséquence au passé composé.
Dans une phrase (déjà passablement fautive) exprimant essentiellement un reproche sous une forme très brève à propos d'un contexte temporel précis, l'imparfait ne saurait logiquement être employé.
PS. La nouvelle fonction "guillemets français automatiques", mise en place récemment, réserve des surprises inédites, notamment quand des guillemets existent déjà à l'intérieur d'une citation que l'on veut signaler par des guillemets. Peut-être une question à développer dans le fil Mise en page.