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Accueil / France Culture

Atelier de création radiophonique    Page 7 sur 7

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Curly 


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57 de trop - Ven 25 Mar 2022, 18:00

Circoradio, etc.
« Un podcast original pour une Expérience signée Maroussia Diaz Verbèke et Elodie Royer, réalisée par Véronique Lamendour et Nathalie Salles
(...) Maroussia Diaz Verbèke est artiste de cirque, metteur-en-scène-circographe ; elle invite le cirque à l'antenne de France Culture. »

Quand c’est non, c’est non. Une horreur radiophonique, qui s’adresse à qui ?
Quelques essais d’écoute par ci par là, et rien à faire, c’est pire qu’une purge. Nerveusement il faut tenir. Ces émissions où la productrice se met en scène de manière atrocement narcissique sans trop savoir comment qu’on parle dans un micro, sont du domaine de l’inécoutable.
Pourquoi ces machins existent ? Des auditrisséteurs vont-ils comprendre que la radio dite de création, c’est ce truc ? Mon Dieu…

Extrait de la quatrième partie
                                                                                        « au croisement de l’imaginaire, l’inventivité, et du sens » dit la présentation du truc-machin

                                                                                                                                        [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11983-25.03.2022-ITEMA_22973672-2022C34065E0005-21.mp3" debut="00:00" fin="04:03"]

Le public tolérerait-il une telle bouillie, un tel océan de vide, d’ennui, de narcissisme ailleurs que sur France Cu ? Non. Alors y’a pas d’raison que ce soit tolérable ici, à part pour quelques snobinards qui vont adorer se faire chier en se forçant à trouver ça trop génial, et qui vont glorifier la chose dans un articulet téléramesque complaisant truffé d’éléments de langage creux et pontifiants.
Mais l’écoute ne trompe pas : c’est bien d’l’a daube baignant dans sa sauce, présentée en sept tranches en mode podcast nattes & tifs, et qui sera resservie sous peu en flux dans la case idoine.
Parce que ça a beau être découpé en sept pour faire illusion, ce n’est qu’une émission de 57mn.
57 de trop.

Curly 

Curly

62
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''Breaking Points - Good morning Vietnam'' par Janine Antoine et Claude Johner (16-01-1972) - Dim 04 Déc 2022, 13:29

Breaking Points – Good Morning Vietnam (1972, Atelier de Création Radiophonique) par Claude Johner et Janine Antoine
Le 29 janvier 2016, France Culture décida de mettre en ligne une sélection de documentaires qui ont « marqué l’histoire de la radio en France ». Rien moins que ça. Presque sept ans ont passé, et cette riche sélection ne comprend toujours qu’un seul documentaire,  celui-ci.
La présentation sur le site est indigente – minimaliste pourrait-on dire - , et la citation de Janine Antoine de 2014 n’est pas sourcée. D’où sort-elle ?
Le 25 novembre et 2 décembre 1988, l’émission « Radio archives » de Claire Chancel, diffusait la version de 47mn du documentaire et Marc Floriot revenait longuement avec Claude Johner sur l’histoire de ces enregistrements.
La version que nous pouvons écouter ici est la version longue de 1h20. Ces enregistrements ont aussi été très partiellement utilisés dans un ACR de 1972, « Demain la guerre ».

Ce documentaire contient peu d’explications, de précisions, mais c’est un montage savant, signé Janine Antoine, et deux voix françaises, une féminine non identifiée, et une masculine, celle de René Farabet, assurent quelques traductions et parfois de fort brèves annonces.
Le but est de plonger l’auditeur dans cette guerre, et sur ce plan, même si cela reste forcément irréel, c’est réussi.
Les superpositions de sons (parfois on ne sait pas s’il y a superposition ou non) confrontent deux cultures, l’américaine et la vietnamienne. On se demande comment Claude Johner a pu enregistrer certains éléments comme des scènes de batailles, ou ces discussions de soldats américains en pleine opération.
On peut entendre la propagande américaine, et aussi vietnamienne, des extraits d’émissions de radio. Le jingle de la radio américaine, le fameux « Good morning Vietnam », truffé de caquètements de poules de dessins animés est suivi d’un enregistrement d’un coq (véritable celui-là) en train de pousser son chant. Superposition de la nature vietnamienne à l’artifice américain, c’est l’une des pistes suivie par Janine Antoine dans son montage.
La violence de l’agression américaine est aussi bien rendue, atrocement rendue plutôt, que ce soit à travers une conversation d’un soldat américain dans un bar avec un enfant vietnamien qui fait un peu le pitre pour soutirer de l’argent, dans les bruits des hélicoptères et des bombes, ou dans des scènes de guerre très crues. Au bout d’une cinquantaine de minutes, le documentaire devient vraiment terrifiant, avec l’enregistrement d’un disque que l’armée américaine passait à un niveau sonore extrême pour terrifier le camp adverse avant une attaque. La suite : une attaque américain d’autant plus horrible que l’auditeur a été au préalable mis en condition. Entre les bombes, un soldat américain tire sans ménagement sur un vietnamien venu vers lui avec un drapeau blanc.
Rien par contre sur la défense des vietnamiens, qui fut aussi violente et efficace.
Le documentaire se termine comme il avait commencé, avec la discussion d’un couple de vietnamiens qui décrit la géographie du pays.
Les diffusions dans l’ACR, source INAthèque :
- le 16 janvier 1972, « Breaking Points », avec « Good morning Vietnam », première version de 54 mn. Le reste de l’ACR était consacré à la crise de 29 aux USA.
- 20 février 1973, rediffusé le 18-05-1975 « Two breaking points renewed » version abrégée de 47 mn. Le reste de l’ACR, comme son nom l’indique : version nouvelle et abrégée de la partie sur la crise de 29.
La version de 1h20 provient semble-t-il de l’ACR de 1972 car le minutage ne colle pas avec le reste de l’émission dans la fiche de l’INA.
L’efficacité de ce documentaire, sa force, provient de la qualité du montage de Janine Antoine, qui a mis en forme les quelque cinquante heures d’enregistrements bruts ramenés par Claude Johner. Bien sûr, cela ne correspond pas à ce que France Culture produit actuellement, où tout doit être expliqué (en studio si possible et par un sociologue qui vient vendre son livre) pour des auditeurs assistés mentaux, ce qui rend toute idée de création radiophonique rigoureusement impossible.
Rendue impossible aussi et surtout parce que la direction ne veut pas en faire.

Philaunet 

Philaunet
Admin

63
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Portrait sonore de Jérusalem (1974) - Ven 08 Déc 2023, 19:10

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t563-histoire-de-france-culture#39212) a écrit:Pour les 60 ans de France Cu, pour ne pas gêner les programmes ronronnants et creux de la journée, ni les énièmes rediffusions des Nuits qui peinent à se renouveler, s’est ouvert une page spéciale intitulée platement « 1963-2023 : les iconiques de France Culture ». (...)

« VIIIe station souvenirs-bazar » (22-10-1974) de René Jentet
Portrait radiophonique de Jérusalem. (...)
Hum...
Note d'intention : "La création devenue nature ne signifie que par témoignage. Aussi sommes-nous les uns pour les autres poètes, conteurs et d’abord témoins. Les paysages d’une ville, portent aux yeux et aux oreilles des lignes, des volumes et des rumeurs incomparables. Sans voir, on peut recomposer le fait et la circonstance, si arrière soient-ils, rien qu’à écouter le vol d’un martinet qui frôle à midi les remparts. À travers l’entassement des objets de l’espace, le temps est continu, sans fracture. L’objet, traduit par sa rumeur, défini par ses lignes sonores, volume éclaté d’allégresses et de morts, occupe simultanément l’instant et l’histoire. C’est ce que nous "reportons" par l’écriture de la bande magnétique à ceux qui souhaitent nous entendre. Cette écriture peut nous restituer ce que nous sommes : pluridimensionnels, immédiats, et composés de cadences dont la dernière a commencé il y a longtemps."

Dans cet Atelier de Création Documentaire, René Jentet nous plonge dans les rues de Béthléhem et de Jérusalem. Les appels à la prière, le tintement des cloches, les vendeurs de rues, les enfants qui jouent... les sons cohabitent et s'entremêlent.

"On ne touche pas à Jérusalem m’a dit quelqu’un dont j’aime la parole, comme si Jérusalem n’avait pas été créé pour les hommes. Ce n’est pas ainsi que l’on doit toucher à Jérusalem a-t-il ajouté. Comme si la mémoire, les appels à la prière, les cantillations qui montent aujourd’hui d’une rue de la vieille ville, pouvaient contredire le haut silence né sur cette montagne après que fut chanté le premier psaume du roi David." C'est cette citation qui introduit VIIIe station souvenirs-bazar, reportage de René Jentet, figure des Ateliers de Création Radiophonique de France Culture.

De minute en minute, le réalisateur nous immerge entre les remparts de la vieille ville de Jérusalem. Au loin, on entend l'appel à la prière qui provient du minaret. Un guide indique la direction du Golgotha à des touristes. Deux jeunes frères, Kaïd et Ahmad, jouent et discutent. Des vendeurs de rue proposent des kippas et des étoiles de David.

L'arabe, l'hébreu, le latin, l'anglais, le français… les langues s'entremêlent et les sons des rues se juxtaposent. Donnant ainsi corps à cet espace sans pareil, berceau de trois religions qui cohabitent.
Une suite d'appels à la prière du haut de minarets, des bribes de paroles d'enfants en anglais, des sons de vendeurs d'objets religieux, une femme qui conte les lieux et la crucifixion, et surtout un narrateur récurrent, Gauthier d'Ursel (un personnage de fiction au temps de la croisade d'Urbain II* [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/24593-22.10.1974-ITEMA_23563221-2023C3002E0002-21.mp3" debut="09:38" fin="12:30"] ?), qui répète "Nous avons tué" et évoque le sang qui coule.

Difficile à suivre d'une seule traite. Très Prix Italia, genre expérimental, véritable création radiophonique qui n'a plus sa pareille aujourd'hui. Satisfera les happy few et n'atteindra aucun des consommateurs de la radio de développement personnel et d'activisme qu'est devenue France Culture dans ses grandes largeurs.

* BNF  L'appel à la croisade du pape Urbain II

Curly 

Curly

64
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Comment vous la trouvez, ma salade ? (1970) - Improvisation IV : l'évènement (1977) - Sam 09 Déc 2023, 11:00

Précédemment...

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t563-histoire-de-france-culture#39212) a écrit:Pour les 60 ans de France Cu, pour ne pas gêner les programmes ronronnants et creux de la journée, ni les énièmes rediffusions des Nuits qui peinent à se renouveler, s’est ouvert une page spéciale intitulée platement « 1963-2023 : les iconiques de France Culture ». (...)

« VIIIe station souvenirs-bazar » (22-10-1974) de René Jentet
Portrait radiophonique de Jérusalem. (...)
Hum...
(...)
Difficile à suivre d'une seule traite. Très Prix Italia, genre expérimental, véritable création radiophonique qui n'a plus sa pareille aujourd'hui. Satisfera les happy few et n'atteindra aucun des consommateurs de la radio de développement personnel et d'activisme qu'est devenue France Culture dans ses grandes largeurs.
(...)

Dommage. J'y reviendrai peut-être après écoute, en cas de point de vue divergent.

Dans la même liste, parmi les autres émissions signalées,
« Comment vous la trouvez, ma salade ? » (20-12-1970) de René Farabet et Jacques-Pierre Amette.
Société de consommation, marchés & grandes surfaces. (...)
Bien sûr la salade du titre est à prendre au sens propre et figuré.
Un choix peu étonnant, puisque nous avons là un « Pieds sur terre » grand format. Le montage est plus subtil, il n'y a pas de musiques d'ascenseur, et il n'y a aucune prétention à l'objectivité parfaite, cette objectivité (document brut, tu parles...) dont se vantent les Godasses dans la Merdouille.
Il est question de sociologie, forcément, fatalement, du fonctionnement des grandes surfaces, de grève au BHV, avec un micro tendu aux employés en grève et aux cadres, ces derniers n'étant pas très adroits. Nous sommes donc du côté des grévistes, ce qui n'est pas gênant. L'intervention dans la dernière partie de Michel Foucault finit de planter cet ACR dans la Ligne Gé du France Cu d'aujourd'hui.
Je ne vais pas rediscuter les choix de cette sélection, ce fut fait dans le billet mis en lien au début, mais ce type de documentaire a tellement fait florès depuis, et surtout ces dix dernières années sur cette chaîne, que l'écoute de cette pièce de 1970 ne surprend jamais l'auditeur.
Sur le plan de l'originalité, il y avait surement meilleur candidat pour le prix Italia catégorie documentaires. L'obtention de ce prix n'a pas à neutraliser toute critique. Mais comme France Cu ne marche qu'aux prix et aux chiffres d'audience, tous les ACR plus littéraires passent à la trappe. La sociologie est l'alpha et l'omega de France Cu. Rien d'autre n'existe.

Autre émission écoutée partiellement,
« Improvisation IV : l'événement » de Marc Desclozeaux (20-01-1977), réalisation Jeanne Rollin-Weiss
Contrairement à ce qui est indiqué sur le site, ce n’est pas un ACR.
« Des habitants de la rue Mouffetard, à partir d'une enquête sur un événement imaginaire : ce qui est pour eux un événement, ce qui les indigne, la démolition de certains immeubles, le bruit, l'insécurité, la disparition des petits commerces, les impôts, les étrangers... »
Pourquoi ce IV ? Qu'en est-il des trois autres ?
La demi-heure écoutée est déjà problématique. Le micro de France Culture dans un bistrot de la rue Mouffetard surprend les habitués, qui s'étonnent de la présence de cette radio pour la couverture d'un évènement d'actualité. Que celui-ci soit imaginaire ne change rien : que vient foutre une radio culturelle dans l'actu, se demande un client.
Plus de quarante ans après, la question se pose plus que jamais, à part qu'aujourd'hui, c'est pour de vrai.
L'écoute est déjà fatigante, car les propos de café du commerce s'enchaînent les uns aux autres, sous couvert de sociologie, évidemment.

Philaunet 

Philaunet
Admin

65
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''Visages bosniaques'' ACR de René Farabet (1996) - Dim 17 Déc 2023, 21:47

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t563-histoire-de-france-culture#39212) a écrit:Pour les 60 ans de France Cu, pour ne pas gêner les programmes ronronnants et creux de la journée, ni les énièmes rediffusions des Nuits qui peinent à se renouveler, s’est ouvert une page spéciale intitulée platement « 1963-2023 : les iconiques de France Culture ». (...)
« Visages bosniaques » (06-10-1996) de René Farabet
Présentation : « Petit oratorio composé à partir d'un projet du Laboratoire de sculpture urbaine à Grenoble de Philippe Mouillon : "Légende(s)".
Dix portrait photographiques d'habitants anonymes de Bosnie-Herzégovine ont été proposés à des écrivains vivant en cercles concentriques d'éloignement croissant, de Sarajevo au reste de l'Europe.
Dix images pour de multiples "légendes". Dix images que chacun interprète, comme on se regarde dans un miroir.
Texte / Voix : Eqrem Basha, Demosthenes Davvetas, Velibor Colic, Nedim Gürsel, Ismaïl Kadaré, Vaclav Jamek, Carol Mann, Abdelwahab Meddeb, Jasmina Musabegovic, Danièle Sallenave, Vidosav Stevanovic, Abdulah Sidran, Beseat Kiflé Selassié, Vesna Kulenovic
Interprètes : Loleh Bellon, Jean Bollery, Jean Dautremay, Kaye Mortley, Andrzej Seweryn, Andrée Tainsy, Michel Hermon ».
Merci. Voici une œuvre qui suffit à faire comprendre pourquoi France Culture (celui d'alors) a été une présence indispensable pour la formation à l'écoute de nombreux auditeurs et pour le déploiement de leur imaginaire. Y sont réunis, sensibilité, tact, profondeur, inventivité.

L'écoute d'alors : d'une traite (1h52) sans possibilité de réécoute. Sauf pour qui enregistrait sur cassette audio avec minuteur, ici avec cassette de 120 minutes ou deux appareils pour deux C60 afin de ne pas avoir de coupure dans l’œuvre lors du rechargement. Aujourd'hui ? Une écoute à la demande aux conditions de qualité inouïes pour qui a connu les conditions précédentes.

Extraits de cet atelier de haute volée :

Hors d’œuvre : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/24593-06.10.1996-ITEMA_23568287-1996C3002E0035-21.mp3" debut="00:00" fin="05:13"]

Portrait 6 [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/24593-06.10.1996-ITEMA_23568287-1996C3002E0035-21.mp3" debut="58:41" fin="62:40"]

Portrait 6 suite [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/24593-06.10.1996-ITEMA_23568287-1996C3002E0035-21.mp3" debut="62:40" fin="66:11"]

Le mythique son du générique de fin : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/24593-06.10.1996-ITEMA_23568287-1996C3002E0035-21.mp3" debut="110:47" fin="112:37"]

Extraits de la page de l'émission  ⬇

"Dans son Atelier de Création Radiophonique, René Farabet choisit de passer de la photographie au son. Des interprètes lisent les textes des auteurs, faisant ainsi émerger ces dix visages d'anonymes traversés par le conflit. Sont entremêlées à ces lectures des extraits témoignages de la guerre, divers entretiens de spécialistes et de personnes réagissant au projet photographique. Un montage permettant de multiplier les visions du conflit yougoslave, et surtout de lui donner une incarnation."

Visages bosniaques, résumé du producteur :
"Petit oratorio composé à partir d'un projet du Laboratoire de sculpture urbaine à Grenoble de Philippe Mouillon : ''Légende(s)''. Dix portraits photographiques d'habitants anonymes de Bosnie-Herzégovine ont été proposés à des écrivains vivant en cercles concentriques d'éloignement croissant, de Sarajevo au reste de l'Europe. Dix images pour de multiples ''légendes''. Dix images que chacun interprète, comme on se regarde dans un miroir.
".

Curly 

Curly

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Georges au Sporting (Yann Paranthoën, 1983) - Ne m'oublie pas (Madeleine Louys, Madeleine Sola, Bruno Gillet, 1976) - Pour quoi ? (René Jentet, 1973) - Dim 24 Déc 2023, 10:22

Trois pièces intégrées à l'origine dans des Ateliers de Création Radiophonique et qui furent isolées pour deux raisons : elles remportèrent un prix, et furent sélectionnées dans la sélection sélective ultra select des 60 ans de France Cu. Toutes trois sont courtes. La plus longue, la seconde, ne dépasse pas 40 mn.


Georges au Sporting (10-07-1983) de Yann Paranthoën. Cf billet du 7
Portrait de Georges Perros. Paranthoën se rend à Douarnenez pour rencontrer ceux qui ont connu l’écrivain.
Émission diffusée à l’origine dans un ACR proposant à nouveau « Yvon, Maurice et les autres... et Alexandre, ou la victoire de Bernard Hinault dans Paris-Roubaix 1981 ». Son  titre : « Articulations autour d'une rediffusion »

Des trois, c'est la plus facile d'écoute. L'émission est présentée comme un « comblage » pour terminer l'ACR.
Yann Paranthoën réussit à décrire une partie du quotidien de l'écrivain en rencontrant la ville où il a vécu : l'enregistrement du port est aussi important que celui des habitués du Sporting.
Le point d'orgue se déroule justement dans le bar du Sporting, où les clients racontent leur relation avec Perros. Pas question d'écriture de manière directe, sauf en ce qui concerne les articles sportifs écrits pour le « Télégramme ».
Ce qui est très fort ici se trouve dans la capacité à rendre palpable une présence, celle de Perros, sorte d'arlésienne de l'émission.
[Dans la même sélection des 60 ans, toujours de Paranthoën, autre portrait sonore d'une commune, Questionnaire pour Lesconil]

Ne m'oublie pas (17-10-1976)
de Madeleine Louys
musique originale : Bruno Gillet
production : Claire Viret 
réalisation et prise de son : Madeleine Sola, assistée de Bertrand Duquenelle, Alain Nedelec et Monique Vigner
conseiller artistique : José Pivin 
avec Marc Bonseignour, Bernard Haller, Martine Viard
Avec « Ne m'oublie pas », diffusée à l'origine dans un ACR en compagnie du fameux, à juste titre, « Transcamrounais » de José Pivin, nous entrons, plus encore qu'avec le Paranthoën, dans des programmes (le suivant et dernier va encore plus loin) totalement incongrus pour qui est accoutumé aux programmes actuels de la chaîne, y compris les résidus d'ACR qui trainent encore et qui sont le plus souvent très au-delà de l'inécoutable.
Présentation :
« Tragédie divertissante : Kapriel, curiste un peu trop célibataire, est venu aux eaux grâce à la sécurité sociale, et y vit ce style d'idylle auquel ces lieux prédisposent : buvette, casino, lac au clair de lune… L'aimée, Amarabella, devant repartir, cette « dépossession » sûrement définitive lui est insupportable.
« Plutôt la voir morte », n'est-ce pas ?
Le héros fomente donc une machination axée sur le principe des accidents de la route puisque Walhalla montès [sic !] il y a. Le détail est vécu par des myosotis, témoins et victimes des derniers ébats des amants. Leur délégué conte donc la tragédie, sur le mode antique : avec chœur dont il fait le coryphée. »

Madeleine Louys a surtout travaillé comme costumière pour le théâtre. Du visuel elle passe au sonore. Son texte n'est qu'une partie de la pièce : la mise en onde et la musique tiennent une part considérable.
Passage de la radio au théâtre : en 1984, la pièce fut programmée au festival d'Avignon pour un public venu non pas voir, mais écouter (ce n'était pas une adaptation pour la scène, mais une « diffusion en public »).
La qualité de la prise de son (de Madeleine Sola), la folie douce qui se dégage de la musique (l'influence de Luciano Berio est patente), le sens du grotesque,  s'allient au tragique de la situation.

Pour quoi ? (22-06-1973)
de René Jentet
assistante : Marie-Hélène Lacoste
prise de son : Jean Jusforgues, assisté de Monique Burguière
avec : Philippe Moreau, Maud Rayer, James Campbell, Louis Amiel
Une pièce brève, d'environ une vingtaine de minutes, mais dense. Le reste de l'ACR : les prix Italia 73 (radio allemande et yougoslave)
René Jentet pousse au plus loin la capacité de la radio à raconter une histoire, créer un paysage sonore sans recourir à un texte : des bribes de sons, un mélange de sons documentaires (réels) et fictifs (présences d'acteurs par exemple).
C'est à l'auditeur de faire l'effort de rentrer dans la pièce, et non l'inverse.
L'ensemble dégage une grande tension dramatique, sans qu'il y ait véritablement d'intrigue (pour la trouver, il faut aller chercher loin...) : cris, bruits d'explosions...
La présentation ci-dessous est lue en ouverture par René Farabet. Les considérations sur le raffinement du free jazz (!) datent indubitablement le texte.
« Sons et paroles, comme nos pas entrelacés qui dessinent des figures que définit le nombre, il semble le plus souvent qu'ils naissent et retombent au hasard ; attentifs, nous choisissons parmi un poème, éveillés, nous recevons le sourire, l'avertissement noués au paysage.
Conteur ou témoin, par notre choix, sur la bande sonore, nous pouvons organiser un objet qui soit une écriture immédiatement prononcée, sorte d'ouvrage à forme fixe, très limité dans le temps et cependant ouvert.
Ce qui est présenté ici est comme un poème, celui de l'identité perdue, appelée à chaque cassure de l'instant et du décor. Il faudrait presque s'habituer à l'écouter, se préparer à l'entendre, le répéter, le réécouter. Comme pour le free-jazz, il est nécessaire que les conditions d'écoute soient les plus raffinées, les plus affirmées. Ici, la moindre rumeur est signifiante. Il faut donc « lire » l'enregistrement à un haut niveau sonore pour que la dynamique soit reçue en plénitude. »


En 1973, René Jentet produit et réalise plusieurs émissions pour France Culture, toutes très différentes. Celle-ci ne reflète qu'un aspect de son travail.
Pour preuve :
une dramatique « Les aventures de Tom Dublin » (20-01), une autre courte création dans la même veine que « Pour quoi ? », semble-t-il, « M'Bah » (dans les "Après-midis de France Culture », 09-02), une mise en onde d'une fiction de Claude Ollier pour l'ACR du 13-02, « Le dit de ceux qui parlent », la pièce de Picasso « Le désir attrapé par la queue » (09-04), encore une fiction, « Le chat botté », d'après Ludwig Tieck adaptée par Marthe Robert (02-06), et une série sur l'astrophysique (« Préliminaires sur l'astrophysique », « Après-midi de France Culture », 25 au 31-12), dans laquelle René Jentet s'entretient avec Jean Labeyrie.

Curly 

Curly

67
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Récit, combine hearing (1972) & VIIIe station souvenirs-bazar (1974) de René Jentet / Visages bosniaques (1996) de René Farabet - Sam 30 Déc 2023, 12:26

Récit, combine hearing (26-03-1972)
texte : Severo Sarduy
réalisation : René Jentet, assisté de Marie-Hélène Lacoste, Catherine Bouvard et Pierre Laya
production : Claire Viret
prise de son : Jean Jusforgues
avec Claude Giraud (Cobra), Jean Leuvrais (Toundra), Michel Garland (Scorpion), Heiner Shuncke (Totem), Med Hondo (Tigre), Jean Saudray (un garçon de café / un moine), Pascal Mazzoti (un orateur), Rachel Salik (une assistante), Robert Murzeau (un gourou), Jean-Claude Rondin (un petit camé blond de la Rembrandtplein) et Marie-Claire Achard, Jacques Bodo, Jacques Degors, Françoise Golden, Pierre Jeudi, Annick Corrigan, Sylvain Lebel, Xavier Maccary, Roland Magdane, Philippe Moreau, Juliette Paquelet, Jean Péméja, Dmitri Raphalski, Louis Amiel, Claude Knosp, Louis Matabon

René Jentet parle de cette pièce dans un article du "Monde" du 9-10-1972 signé Jacques Siclier :
" (...) Récit, j'ai mis longtemps à savoir ce que j'en ferais. On appelle cela « combine hearing ». C'est un collage à partir d'éléments pris un peu partout, des articles de journaux, des extraits de romans et de poèmes. On ne peut pas dire qu'il y ait une histoire. Cobra, un adolescent, celui qui mène le récit, retrouve des garçons dans un café-théâtre. Il boit avec eux et fait, en imagination, un « voyage ». Il y a là dedans un phénomène de dédoublement par la drogue et un aspect homosexuel que je n'ai pas cherché à effacer. Mais j'ai monté cela comme une prière, une quête de l'amour. J'ai traité Récit comme un rituel. Les acteurs ont joué dans un studio où je n'ai laissé entrer personne. Ils étaient éclairés par des projecteurs comme pour une mise en scène de théâtre. »
Ce qui peut gêner aujourd'hui, c'est le décalage entre la munificence de la réalisation et un texte qui aujourd'hui a par bien des aspects vieilli. Si les descriptions de la grotte dans la seconde partie tiennent bien le coup, l'histoire, elle, est très marquée par son époque. L'émission ressemble à un voyage délirant dans un monde qui est celui des gourous et des hippies de la fin des années 60/début 70. Deux parties : la première dans un cabaret, la seconde dans la grotte.
Une sorte de percussion japonaise (du hyōshigi ?)rythme toute la pièce, et pourtant, nous avons l'impression, et ce n'est pas qu'une impression, que ce n'est jamais exactement le même son.
Ce que fait René Jentet de ce texte est époustouflant. Combien de temps a-t-il fallu pour assembler, enregistrer, monter cette pièce ?
Incroyable que cela fut possible en un temps où la radio était un art éphémère, disparaissant dans l'oubli après diffusion, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui où en deux temps trois mouvements des podes & castes miteux sont mis à disposition d'auditeurs peu exigeants.
Car ici, René Jentet affirme bien haut que  « la radio est une écriture » (cf même article du Monde).
On peut trouver cela expérimental, dans le sens où en 2023, la radio imaginée par Jentet et quelques autres a disparu. Ces émissions sont des OVNI pour les auditeurs de France Culture d'aujourd'hui.
L'idée de faire de la radio une écriture à part entière est partie aux oubliettes. Les réalisateurs qui déclarent le contraire ne se rendent peut-être pas compte que ce qu'ils font est un décalque des recettes, des clichés que l'on trouve dans le visuel (télé & cinéma). De la télé sans image (on pourrait aussi rappeler la tendance radiophonique actuelle à ne produire que de la télé sans image, pour auditeurs à l'attention fluctuante, alors que la télé ne fait essentiellement que de la radio filmée, pour spectateurs à attention tout aussi fluctuante).
Dans la réalisation, René Jentet et son équipe usent du son comme d'un langage poétique.
Une seule écoute attentive de la pièce ne dévoile qu'une partie de ce travail monumental.

VIIIe station souvenirs-bazar (22-10-1974)
de René Jentet, assisté de Marie-Hélène Lacoste
prise de son : Daniel Toursière, assisté de Monique Burguière et Louis-Michel Schwarcz
avec : Gérard Darrieu, Nabel Darwish, Khalaf Al Manshadi, Caïd, Ahmed, des habitants de Béthléhem et de Jérusalem

(cf aussi cet autre billet)
La promenade sonore dans Jérusalem superpose plusieurs temporalités, puisque cette ville est surchargée d'Histoire, et de symboles.
Mélange de religions (les appels des marchands, les cérémonies), la référence obligée au Christ (la VIIIème station), les croisades (lecture d'un journal de croisé, Gauthier d'Ursel).
Le travail de réalisation est là aussi important, moins chargé cependant que dans « Combine hearing ».

Visages bosniaques (6-10-1996)
de René Farabet
à partir d'une proposition de Philippe Mouillon, Laboratoire-Sculpture Urbaine de Grenoble

photographe : Maryvonne Arnaud
groupe de réalisation : Philippe Bredin, Annick Brien, Michel Créïs, Gaspard De Besse, Claude Niort, Maryvonne Noël
voix : Eqrem Basha, Demosthenes Davvetas, Velibor Colic, Nedim Gürsel, Ismaïl Kadaré, Vaclav Jamek, Carol Mann, Abdelwahab Meddeb, Jasmina Musabegovic, Danièle Sallenave, Vidosav Stevanovic, Abdulah Sidran, Beseat Kiflé Selassié, Vesna Kulenovic
Interprètes : Loleh Bellon, Jean Bollery, Jean Dautremay, Kaye Mortley, Andrzej Seweryn, Andrée Tainsy, Michel Hermon

Cf aussi cet autre billet.
Plus que du conflit de Bosnie-Herzégovine, cette émission parle de conflit tout court, quel qu'il soit. La situation géopolitique n'a donc pas besoin d'être rappelée dans ses moindres détails. Il s'agit de la souffrance d'un peuple. René Farabet a mis en radio une série de dix photographies d'habitants de Bosnie-Herzegonvine. De combiner ces mises en son, ces courts textes écrits à partir des photographies, avec des témoignages du photographe, et aussi de réfugiés, sans oublier la musique.
Les photos ne sont pas nécessairement décrites minutieusement, c'est aussi l'histoire de chacune, qu'imaginent les auteurs des textes.
La réalisation est d'une grande fluidité, c'est le travail d'une équipe très expérimentée. Tout coule de source dès le début.

Dans ces émissions, l'auditeur est pris pour un être doué d'intelligence, et non pour un demeuré fini (quelqu'un qui ne sait rien et qui ne comprend rien), comme c'est le cas dans la quasi totalité des émissions de France Culture actuellement.

Curly 

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Le poète assassiné (Apollinaire) / Quatre synthèses radiophoniques (Marinetti) (1972) - Dim 28 Jan 2024, 11:13

Atelier de Création Radiophonique (15-10-1972)
Sur cet ACR, voir aussi cet autre billet

« Le poète assassiné »  de Guillaume Apollinaire
adaptation Michel Manoll
réalisation Jean-Pierre Colas
collaboration technique Daniel Toursière, Michel Créis
assistant Pierre Bodin
avec Georges Adet, Clément Bairam, Teddy Bilis, Micheline Bona, René-Jacques Chauffard, Jean-Paul Cisife, Anne-Marie Coffinet, Michel Creton, Jacqueline Dano, Gérard Darrieu, Daniel Emilfork, Jacques Fayet, Pierre Garin, Jacques Hilling, Jean-Pierre Joris, Annick Korrigan, Hubert de Lapparent, Catherine Lecouey, Jean Leuvrais, Edith Loria, Jean-Louis Maury, Albert Médina, Robert Murzeau, Joé Noël, Juliette Pacley, Yves Peneau, Michel Puterflam, Jean-Jacques Steen, Andrée Tainsy, Rosy Varte, Paul Villé

« Quatre synthèses radiophoniques » (1927) de Filippo Tommaso Marinetti
avec Louis Amiel
réalisation Georges Aperghis

Les "quatre synthèses" de Marinetti sont lues par Louis Amiel avant d'être concrétisées par G. Aperghis. Les idées sont rudimentaires (une minute de bruit de moteur, une minute de silence etc...) et peinent à convaincre une fois pleinement réalisées. Aperghis s'y colle avec application, mais on sent qu'il n'est pas convaincu par Marinetti. Le silence interminable qui conclut la troisième synthèse est un peu saccagé par les commentaires du speaker de l'ACR, belle et grave voix métallique austère que l'on entend exceptionnellement au naturel.
Les choix du réalisateur :
Synthèse n°1, le drame des distances : écoute du résultat final, lecture du texte, puis réécoute.
Synthèse n°2, les silences parlent entre eux : alternance lecture de chaque élément / réalisation
Synthèse n°3, le combat des rythmes : lecture de l'ensemble du texte, suivie de la réalisation.
Synthèse n°4, construction d'un silence : montage de tous les sons ensemble, puis lecture du texte, et réalisation.
Le résultat est court, heureusement. Il coupe "Le poète assassiné" en trois endroits, la dernière synthèse étant placée après la fiction.
De ces synthèses, un élément est totalement absent : la parole. Quand on sait qu'actuellement, la radio est envisagée exclusivement comme un moulin à paroles (parler, parler, même pour ne rien dire, parler surtout pour meubler), et que le silence fait peur, ces quatre moments ont de quoi surprendre, malgré leur aspect un peu simple et naïf.
Nous y rencontrons des silences à la pelle, allant jusqu'à pas moins de quatre minutes, ainsi que des sons qui ont comme point commun de sortir la radio des studios.
Le 17-01-1981, cet ACR sera rediffusé sans la partie Marinetti (durée = 2h25), pour respecter la durée allouée alors à l'émission.

"Le poète assassiné" est une grande réussite. Les ACR n'étaient pas que des documentaires, ou des "essais radiophoniques" (essai = terme un peu fourre-tout), mais pouvaient être aussi des fictions.
Le texte d'Apollinaire autorise bien des folies, encore faut-il avoir les moyens de les réaliser. Les moyens, c'est-à-dire une troupe d'acteurs talentueux, et une réalisation intelligente.
Jean-Pierre Colas surcharge la bande-son de musiques, de bruitages, parce que l'aspect baroque du texte invite à le faire. Il sait toutefois doser ses ingrédients pour que l'ensemble se laisse écouter sans fatiguer l'audition. Il récupère des éléments musicaux à droite à gauche, bien malin qui saura repérer toutes les pièces montées qui décorent l'histoire de Croniamental (repéré : "Hymnen" de Stockhausen).
La musique sait devancer le texte en créant des gags sonores qui fonctionnent très bien. Les parents de Croniamental décident d'aller à Monaco. Suit une musique typiquement bavaroise, car suite à une erreur dans l'achat des billets, les voici débarqués à Munich.

Les interprètes semblent s'amuser à en faire des tonnes, car Apollinaire lance une invitation qu'il est difficile de refuser. Là aussi, il faut avoir le talent pour le faire. Or, ici, les acteurs restent au service du texte, savent ne pas tirer la corde trop loin afin que l'auditeur puisse entrer dans cette histoire qui emprunte à des genres très différents (Bible, Rabelais, roman balzacien, auto-pastiche...), autobiographie transposée en conte qui se termine très mal, dans un monde où la poésie est interdite, les livres brûlés, et les poètes, assassinés.



Dernière édition par Curly le Dim 28 Jan 2024, 11:29, édité 1 fois

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Les aficionados de l'Expérience écrivent aux aficionados de l'Expérience, olé ! - Jeu 13 Juin 2024, 18:29

La création radiophonique ? On s'en tape. La radio, robinet actu/promo. Les auditeurs ne sont pas capables de plus d'attention, parce que Radio France les conditionne pour qu'ils gobent du superficiel vite écouté vite jeté.
Article Télérama du 12 juin, une annonce tout à fait attendue, dans la logique des choses. La création radio, à force de ne ressembler à presque rien, va être amputée du peu qui lui restait. L'article se lamente, mais comme c'est Télérama, certains éléments ont été passés sous silence.
"À France Culture, protestations contre le passage de “L’Expérience” en podcast"
Protestation des auteurs-maison seulement. Pour les auditeurs, ceux qu'il reste, la mobilisation est forte. Précision : les auditeurs sont aussi les auteurs-maison qui s'écoutent entre eux, et encore ce n'est pas prouvé. Mais quand faut défendre son bif', la mobilisation est toujours forte. Force T. La force T, c'est une force qui ne mobilise que Télérama.
Si ça se trouve, l'année prochaine, l'extinction des feux des programmes sera pour 21h, donc tout ce qui dépasse actuellement sera amputé, pour laisser place à encore plus de rediff' du jour.

"Ce laboratoire d’écriture sonore sera retirée de l’antenne à la rentrée. Plus de deux cents auteurs, réalisateurs et auditeurs, dont la cinéaste Alice Diop et l’écrivaine Chloé Delaume, ont écrit à la direction de la station pour protester."

Les auteurs qui vivaient de cette case intime, mais très popo & litique, sont aux premières loges. Les deux auteurs sus-cités sont les figures de proue de ce grand mouvement de protestation dans un tout p'tit monde téléramo-franceculturé.
Le terme "laboratoire sonore" est publicitaire. Ce n'est pas un labo, et le son est souvent bien dégueu. Des reportages, des vies intimes dont on se tape comme de l'an quarante, mais pour rattraper disons qu'elles sont aussi popolitiques, ça emballe le tout pour le gogo qui ose écouter le labo.

"l’émission deviendra pode & caste natte & tif et les épisodes de la saison seront diffusés l’été suivant"

Traduction : la diffusion à l'antenne visait un nombre d'auditeurs tellement considérables, que ça valait plus la peine. Mais surtout, oui, surtout, cela permet de produire beaucoup moins, et d'économiser un max, tout en rentrant de justesse dans le cahier des charges qui oblige à des programmes de création.
Foutu cahier. Article 3 : "blablabla mise en valeur du patrimoine et bliblibli enrichissement blublublu créations radiophoniques"
Bon, pour le patrimoine, c'est vraiment limite, mais pour la création aussi, alors tout va bien, de toute façon tout le monde s'en fout.

"Pour beaucoup, L’Expérience est l’héritière d’émissions mythiques de la station comme les Ateliers de création radiophonique d’Alain Trutat, Les nuits magnétiques et Surpris par la nuit d’Alain Veinstein etc..."

Beaucoup ? C'est un peu vague... Pour préciser, limitons ce beaucoup aux seuls signataires de la bafouille.
Pour l'héritage, disons seulement qu'il s'est appauvri au fil du temps, et que passer d'un ACR à une "Expérience" (boudiou quel titre pompeux et creux), c'est comme passer d'un 4 étoiles à un restau U.
Non pas que les ACR de l'époque Trutat/Farabet aient été tous réussis, mais il y avait une richesse sonore, un art du montage qui s'est énormément appauvri, alors que le magnétique est à priori plus complexe à manier qu'un Audacity.
Pourquoi ? Manque d'idée (hors de la popo & de la litique & de l'intime, point de salut) et comme postulat que l'auditeur est un con et qu'il faut tout lui expliquer. Que voulez-vous faire de potable avec une ligne pareille ?

« Nous n’avons rien contre le podcast, bien au contraire, poursuivent les signataires. Mais quid de l’éducation populaire, de cette radio, qui, allumée au hasard, nous laisse pénétrer dans un univers inconnu et nous nourrit ? »

Il fallait y penser plus tôt. C'est la notion même de service public telle que définie ici qui a été bousillée, bien avant cette annonce de suppression. Les auteurs mis en avant ont tellement bouffé la grille de France Cu, tellement pointé dans un peu toutes les émissions, se sont tellement incrustées qu'elles pensent qu'elles sont les seules garantes de la création radio du service public.
Non, depuis bien longtemps, lorsqu'on allume France Cu, à n'importe quelle heure, sauf la nuit (et encore... la ligne gé du jour est en train de l'engloutir), on ne pénètre aucun univers inconnu. Non, on ratisse toujours les mêmes thèmes : anticapitalisme, féminisme & lutte contre le patriarcat, sauver la planète, les injustices sociales diverses & variées, et c'est à peu près tout, les exceptions sont rares. Les univers inconnus se sont faits la malle depuis belle lurette.

« Politiquement et surtout aujourd’hui, il nous semble important de pouvoir tomber par hasard sur des choses qu’on ne connaît pas, vers lesquelles on ne serait pas allé »

En dehors de la popo & la lique, vous voyez autre chose vous ? Bin eux les auteurs à France Cu, non.
Appeler à lutter contre la disparition de ce qui a déjà disparu, c'est un peu prendre les gens pour des.
Pas grave, France Cu travaille depuis des années pour que plus personne ne se mobilise pour la création radio. D'ailleurs, cette disparition partielle ne nous attriste pas. Qui écoutait ce truc ?
Certains ACR des années 70/80/90 (merci les Nuits, en tout cas ce qu'il en reste) nous font mesurer la nullité qui s'est abattue sur l'Expérience. Combien de réussites depuis 5 ans ? Une, deux, trois ? Ou carrément zéro ? Comparons avec certains ACR. C'est pitié.

"Avec le tout-podcast, France Culture prend ainsi le risque de ne parler qu’aux aficionados de L’Expérience…"

Il y en a ? À part les auteurs qui ont signé la lettre de protestation, qui ? Vous voyez une mobilisation d'auditeurs, vous ?
Pour l'instant, non. Tout a été fait pour qu'il n'y en ait plus. Cette émission s'adresse à un cleub fermé, les aficionados sont les auteurs eux-mêmes.

« À chaque fois qu’une case disparaît, c’est autant d’auteurs et autrices pourtant déjà extrêmement précaires qui perdent un peu plus de leur possibilité de vivre de leur travail »

Là c'est plus clair, ce n'est pas une histoire de sauvetage de service public, mais de pognon. La mise en avant de tous ces arguments bidons, c'était pour masquer l'essentiel, une chute de revenus pour les auteurs.

Les quatre dernières expériences :
Yvette Jallade Maestroni raconte l’absence du père et la nostalgie des choses qu'on n'a pas vécues
Mathilde a rencontré Saïd au lycée Jean-Quarré à Paris, après son voyage d'exil pour quitter l'Afghanistan. Leur amitié l'a mené à son tour sur le chemin de la banlieue de Kaboul. Un documentaire de Mathilde...
De juin à novembre 1965, quatre jeunes femmes, Michèle, Beti, Martine et Eliane traversent le continent américain du sud au nord, au volant de deux 4L Renault sous le parrainage du magazine Elle. (...) C’est aussi une époque qui se déploie devant nous : la France pendant la libération de la femme, la guerre d’Algérie, l’Amérique latine à l’aube des grands changements…
Cuco Cuca arpente les rues d'une ville sans identité civile et voulant témoigner. "Je suis un corps de paroles, je suis né.e d'un rêve." (...) Guillaume Leingre a rencontré Cuco Cuca il y a plusieurs années ; iels se sont lié.es au gré des nuits. La proposition d’écrire une émission pour traduire une existence militante s’est constituée peu à peu.

Avis aux aficionados.

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