Dans la nuit rêvée de Pascale Ferran (cf notre
programme des nuits de FC), Philippe Garbit nous offrira un épisode de la série de Michel Boujut : Cinéma retrouvé. C'est une série de l'été 1994, nous sommes là dans les grandes années de Boujut, auréolé de sa réussite dans "Cinéma, cinémas". Le sujet de la série : les films -ou plutôt des films- qui n'ont pas vu le jour. Des projets abandonnés, avortés, jamais aboutis, parfois bloqués pour raisons de droits, ou de budget ; parfois interrompus en plein tournage car il arrive que l'argent manque subitement et que les prises de vue ne dépassent pas le premier jour, telle fut la mésaventure vécue par Robert Enrico avec 'Coup de foudre' qui ouvre la série le 1er août. Encore plus dramatique : parfois la star décède ainsi Marylin abandonne Cukor en plein tournage de 'Something got to give' (épisode du 4 août). Au moins dans ces cas, il reste des rushes. A défaut, la créature fantôme n'existe que par des bribes : synopsis, découpage, dialogues, repérages, parfois des bouts d'essai. Et puis pour une autre série, il faudra penser aux films achevés mais qui ne sont jamais sortis parfois faute de droits là encore, même si le plus souvent, c'est faute de convaincre un distributeur : combien de bobines dorment dans les boites, sans que personne sache si ce sont des merdes absolues ou des chefs d'oeuvre méconnus. Remarquez, est-ce que ça fait une tellement grosse différence avec le stock d'une cinémathèque ? Hum...
Anyway, l'infra-existence de films inaboutis ne saurait surprendre le cinéphile qui à force de lire des interviews, d'entendre parler de projets, sait bien que des films non tournés il en est des quantités. La semaine dernière on a pu entendre
John Boorman dire un soir au micro de Laura Delair qu'il avait laissé dans sa carrière plus de projets au bord de la route qu'il n'avait réussi à en mener à terme. Boorman qui est d'ailleurs présent dans la série d'août 94 en avant-dernière position pour 'Broken dream' (1er septembre). Pourtant, le lendemain dans le dernier épisode on entend Michel Deville se reconnaitre un seul échec : un projet avorté de comédie musicale avec Dgeorges Chakiris. La star ne reçut jamais le scénario probablement bloqué par ses agents et le regretta fort mais c'est une autre histoire. On aura donc bien du mal à estimer, même à la louche, combien de films dorment dans ce vaste cimetière.
Au moins certains de ces morts avant terme ont connu leur célébrité ultérieure, comme 'L'enfer' de Clouzot ou 'Le voyage de Mastorma" de Fellini qui fit l'objet de plusieurs émissions sur France Culture. D'autres sont devenus des mythes cinéphiliques comme le Don Quichotte d'Orson Welles ou le Harry Dickson de Resnais qu'on nous présente cette nuit. D'autres encore feront une belle surprise pour le cinéphile : une 'Ecole des femmes' par Max Ophuls (24 août), un 'Jésus' par Dreyer (29 août). Et qui donc sait encore qu'Abel Gance avait travaillé sur le 'Voyage au bout de la nuit' (épisode du 17 août), et que Welles projetait de faire un 'Au coeur des ténèbres' (la veille, le 16 août) ?
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