Longtemps avant l'ouverture de cette collection d'âneries, c'est dans un autre fil que j'avais rapporté celle-ci en provenance du programme des Nuits (lors de la Nuit rêvée de Cynthia Fleury) :
[...] bourrage de crâne habituel que balance Marc Hubert Floriot, et dont on peut donner cet exemple parmi d'autres : << Récapitulons, Cynthia Fleury, oh pardon, je n'employais pas ce mot dans le sens capitaliste >>. Eh oui ce genre d'âneries est devenu courant dans les Nuits, qui s'alignent ainsi sur le programme de journée. Voila qui en dit long sur la couche de bétise que l'idéologie vient déposer dans les esprits les plus brillants. Pour ceux qui veulent rigoler, j'ai aussi dans mon disque dur nommé "Horreur radiophonique" les intros de Christine Goémé dans le programme des Nuits [...]
Dans son interview quotidienne sur le sujet Crise, Antoine Mercier en lâche une, quasi équivalente, quand ayant annoncé l'enregistrement imminent d'un bonus, il s'auto-dénonce lui-même pour avoir employé un mot du domaine de la banque, ou pis encore, de la bourse : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/12/s01/NET_FC_9dd4987d-72f7-40e9-9074-7784f188032a.mp3" debut="25:05" fin="25:30"]
Ca n'est pourtant qu'en Nième ressort que "Bonus" est un mot de la banque. Le mot est utilisé en tous domaines, on le trouve partout et notamment dans les produits culturels. Son sens général est celui d'un supplément acquis sans surcroît d'effort, par exemple un supplément de points dans une compétition, ou bien dans un produit culturel ces chutes non retenues au montage mais offertes tout de même, en sus du produit. Identiquement, le verbe "récapituler" ne fait référence au bilan comptable et donc au capitalisme honni que dans une acception bien particulière du mot, et certainement pas son acception première. Dans ces conditions, pourquoi feindre de se justifier sur l'emploi de "récapituler" et de "bonus" ?
Mon interprétation est la suivante : l'obsession du badge idéologique est tellement présent dans l'esprit de ces gens soucieux de consommer encore et toujours les signes de leur appartenance au camp du bien, qu'ils cèdent à l'ivresse de l'auto-dénonciation (demain c'est vous qu'ils dénonceront, eût pu dire Orwell). Ainsi les voit-on ou plutôt on les entend signaler eux-mêmes leurs propres erreurs, au besoin en les inventant. Un peu comme ces calotins forcenés qui vont jusqu'à commettre un péché juste pour le bonheur de pouvoir se confesser.