Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Il y a quand même quelque chose d'extraordinaire avec Marc Voinchet : quand il balance une énormité, on ne sait jamais si c'est pour faire avancer le débat ou s'il cherche à meubler.

Ainsi en fin de matinale : après avoir ciré les chaussures de Bruno Dumont qui doit en être gêné, il lui glisse d'un air finaudement initié "alors comme ça, vous préparez une version musicale de Jeanne d'Arc ?" (ouais y parait répond l'autre). Et y parait aussi que vous aimez West Side Story ? Et là, d'un air mi-effaré mi-moqueur "Mais comment est-ce possible ? Ca n'a rien à voir avec ce que vous faites..."

Ah bon, ce que fait l'artiste est dans la proximité de ce qu'il aime ? Première nouvelle. Quoique. Ici encore, deux options pour expliquer cet air effaré.
Première option  : le type qui mouille ses pantalons en écoutant Frank Sinatra ne comprend pas qu'on en fasse autant avec Rita Moreno, Dgeorges Chakiris, ou tout simplement Léonard Bernstein. Alors il réagit non mais c'est normal mettez-vous un peu à sa place quoi.
Deuxième hypothèse : son étonnement n'est pas connement surjoué ; Voinchet ne voyant aucun rapport entre le travail de Bruno Dumont et ce gout incongru subitement révélé par la fiche wiki du mec ou par une quelconque page Voici, c'est tout simplement d'un coup de journalisme au ras des pâquerettes que Voinchet se paye le luxe d'une Nième question con.

Hypothèse supplémentaire : le "grand écart" entre Jeanne d'Arc et  West Side Story on s'en fout, tout le monde s'en fout, Bruno Dumont s'en fout, Voinchet s'en fout, Leonard Bernstein s'en fout, l'auditeur s'en fout, mais voila le drame c'est qu'aucune connerie à répéter n'a daigné apparaitre sur l'écran twitter de Voinchet alors vous comprenez on meuble comme on peut.

19 septembre. Réveil mis sur 7 heures pour avoir le résultat du référendum écossais que je considère d'une importance fondamentale pour l'Ecosse, le Royaume-Uni, l'Europe c'est-à-dire nous tous. Raté. La rédaction en chef a décidé de commencer le journal par un xième accrochage au Mali que l'on nous détaille longuement et sans rien en dire puisque l'on ne sait pas qui sont les assaillants ni très bien où cela s'est passé. Puis suit la conférence de presse de Hollande, sans mise en place particulière. Détails sur le plafond qui fuit, une vingtaine de chaises vides. Une journaliste nous dit que l'on attendait Hollande surtout sur la précarité. Où avait-elle entendu ça? Sur Médiapart ? Le sujet est bouclé en vitesse par un entretien avec un politologue (le politologue grouille sur les antennes de nos jours) auquel on pose la question essentielle "Hollande va-t-il se représenter en 2017?", une interrogation qui mine les Français. Il répond qu'il n'en sait rien, mais qu'il y a des chances. Enfin, l'Ecosse, est expédiée en quelques secondes alors que toute la rédaction de FC s'était déplacée la veille à FC. Mais comme c'est le Non qui l'a emporté (Ouf!) cela n'intéresse plus Marc Voinchet et consorts. Un petit coup de Métaizeaux sur les candidatures Hollande Sarkozy avec reprise de l'original "il y pense en se rasant", qui confirme que les éditorialistes politiques de FC sont inutiles. Arrive enfin Védrine qui commente intelligemment en trois phrases les résultats de ce référendum.

Sur Arte, la veille, Marie Laborit réussit à coincer à Edimbourg la porte-parole du Oui. Cette jeune femme (père indien, mère tchèque) affirme avec la plus grande assurance que l'identité écossaise n'a rien à voir dans le débat (vous nous en direz tant, remballez vos kilts et vos cornemuses) mais que comme "on" a du pétrole, il est normal d'en tirer les bénéfices pour mieux vivre ensemble. Laborit ne laisse pas tomber, multiplie les bonnes questions et la jeune Ecossaise s'enferre dans ses réponses qu'elle parsème de slogans pour aller voter (Arte n'est pas diffusée en Ecosse). Conclusion, pas étonnant que le Oui ait perdu avec une argumentation aussi pauvre et stupide et Marie Laborit montre qu'elle est beaucoup plus qu'une bonne présentatrice, une bonne journaliste qui prépare ses dossiers.

« les Occidentaux accusés de mécréants... » (aux nouvelles, par la jeune femme qui ne sait pas prononcer les o, les au et les ô)

En ce cas “traités de” aurait pris encore moins de temps...

Renaud Camus a écrit:En ce cas “traités de” aurait pris encore moins de temps...

Encore si c'était le pire ! Pour le mauvais usage du français sur France dite Culture, je vous renvoie à la rubrique très nourrie (51 pages) intitulée Errare France Culture est. On trouve aussi dans plusieurs sections de quoi désespérer (ou amuser, s'il est curieux) l'amateur de langue française.

L'art de l'entretien radiophonique
Des voix et des ondes
Des déficits abyssinaux et autres barbarismes amusants

Marc Voinchet demande à la sénatrice Goulet si elle a des nouvelles de l'otage français en Algérie… Pour quelles raisons cette dame, sénatrice de l'Orne, spécialiste autoproclamée, mais pas trop bien informée, du djihad, serait-elle au courant des quelques contacts pris depuis hier matin par l'Intérieur, la Défense, les services spéciaux? Au nom de quoi informerait-elle FC de tractations nécessairement secrètes?

Edwy Plenel à 7h20 : << Ce soi-disant Etat islamique qui n'a pas de rapport avec la religion musulmane >>.

C'est quand même fortiche, ça...

Et cela qu'on dise comme Plenel "soi-disant état islamique" ou qu'on dise "EIIL" ou encore DAECH qui en est la traduction. Quelle est la signification du "I" dans E-I, dans EIIL ? Et comment l'organisation se désigne elle-même : califat. Un calife est par définition un successeur de Mahomet. Rien à voir avec l'Islam, donc ? Il est gonflé tout de même, Plenel.

S'il avait vraiment voulu dédouaner les musulmans de France, il aurait gagné plutôt à signaler les nombreuses réactions par lesquelles ces derniers se désolidarisent de ce qui se passe là-bas, et ça ne manque pas : les Imams s'expriment, le CFCM s'exprime, sur la même radio Abdelwahab Meddeb fait la promotion d'un Islam laïc et en France il est loin d'être le seul car même sans se focaliser sur les Soufis, l'Islam laïc est défendu par plus d'une éminence. Mais peut-être bien que tous ces gens, pour Plenel qui affectionne la rhétorique de la trahison, sont précisément des traîtres à leurs racines, des collabos de l'immonde régime français qui perpétue le colonialisme jusque sur son propre territoire en y opprimant les migrants.

[nolettrine]Adèle Van Reeth à 10h12  : < On a reconnu la voix doublée en français de Woody Allen >>

Non.
On ne reconnait pas une voix doublée.
Dans cet extrait hystérique on avait cru reconnaitre une caricature de scène Allenienne, à la fois mal imitée et surjouée, quelque part entre Friends et la Matinale de Voinchet.
Mais qu'Adèle sache la chose suivante : les alleniens et les aliénistes ne connaissent PAS la voix française de Woody Allen.


Pour le même prix et avant que j'achève ce post, l'invité d'Adèle en lâche une belle  : "C'est une légende urbaine popularisée par Nietzsche". Ah bon. Nietzsche connaissait les légendes urbaines ? Ce concept stupide qui chez les urbains  modernes, a tout à la fois remplacé et permis d'étendre quelque peu le nuage gossip/rumeurs/racontars-sans-intérêt. Tout à fait entre nous je préférais dire jadis "un BLURG" (pour 'blague à l'usage réservé aux gogos) mais comme l'expression a fait son flop, nous avons maintenant "légende urbaine" comme lieu commun des conversations urbaines, et c'est pas mieux.

Il est 10h19 et je lâche ce numéro affligeant de marivaudage entre deux YUPs (young urban philosophers) mais j'ai à peine le temps de boucler ma rédaction que j'en entends encore une autre, de l'invité qui entre deux "moi-je", réussit à en placer de nouveau une belle : "Il n'y a pas beaucoup de thèses philosophiques dans l'Evangile". Non, pas beaucoup. Une par page pour qui sait lire. Et pour les gens pressés il y a une cinquantaine de paraboles dont certaines sont aussi connues que des fables de La Fontaine. D'ailleurs en l'occurrence on ne dit pas 'l'évangile', on doit dire LES évangiles, espèce de crétin vaniteux...

Journal de 12 H 30. Dupont-Aignan, débite sa petite salade parsemée de "surréaliste", "hallucinant" qu'il sert un peu partout. À un moment il parle de notre président "à la ramasse", poursuit et Mercier conclut. Mais Amélie Périer (je crois) n'entend pas en rester là. Elle accuse DA d'inélégance pour avoir utilisé cette image triviale au nom du respect dû au président… Entendre quelqu'un qui a applaudi, ri ou consenti aux éructations et insultes de Mélanchon et de ses copains pendant deux ans à ce même micro et donner un coup de chat à neuf queues au si convenable DA est pour le coup "surréaliste". Et le pauvre DA s'est excusé, montrant bien ici la force de ses convictions. Double ânerie.

Dans un débat bien lancé et intéressant sur Le progrès au risque de l’innovation, Caroline Broué fait dérailler l'échange avec un « Et vous comptez emmener qui dans votre exoplanète ? Tous les hommes, les animaux, les plantes ? » (vers 13h17). À partir de cette question dans le contexte de bon niveau du débat, les choses dégénèrent et ne sont récupérées que plus tard, trop tard, par Antoine Mercier. Dommage. Un quart d'heure intéressant, un quart d'heure gâché. Tenir un débat sérieux durant trente minutes demande de la préparation et l'on a senti de l'improvisation avec cette remarque.