Edwy Plenel dans sa chronique hebdomadaire, vante : "... un auteur oublié par notre culture sociologique [...] Georges Simmel".
Notez qu'il dit "Georges" et non Georg' ou comme certains Djeorges.
Notez que cet homme est le mari de Nicole Lapierre, sociologue. On imagine le couple, le soir devant la cheminée. Nicole en train de tricoter tout en racontant son prochain livre à un Edwy déjà assoupi. Il faut qu'il ait été assidûment et durablement assoupi pour louper Simmel, qui est tout sauf oublié de la culture sociologique et bien représenté dans les récents livres de madame Plenel. C'est que le Simmel oublié est sorti de l'oubli depuis une bonne trentaine d'années. Il est vrai que c'est par les soins d'un sociologue dont Plenel ne connait pas même l'existence : Raymond Boudon. Grace à Boudon directeur de collection chez Puf, les traductions françaises suivent de peu les éditions rénovées des deux recueils principaux du vieux Djeorg' (la petite sociologie et la grande sociologie) ainsi que la Philosophie de l'argent (dès le milieu des années 90). Boudon n'est certainement pas plus ni moins sociologue que Raymond Aron, qui lui non plus n'avait pas omis Simmel dans sa revue de la Sociologie allemande (en 1935, et depuis republié chez Quadrige).
Indépendamment de ces éditions neuves aux PUF (petite maison d'édition inconnue), Simmel est publié dans des collections que Plenel ne peut ignorer : chez Rivages (depuis 1988) puis enfin récemment ô joie le texte qui a servi de référence ce matin existe en fasciculounet chez Alia : "Les pauvres" (il en existait déjà une édition en Quadrige depuis 1988 mais passons). Alia, seule maison d'édition dont Edwy Plenel connaisse par coeur le catalogue certainement. Pourtant il y a aussi La Découverte, maison chérie par Plenel, où l'on trouve une monographie Simmel depuis 2001, mais il est vrai que c'est dans une collection créée par Olivier Pastré, personnage qui a dans le local chaudière du pavillon Plenel sa petite poupée truffée d'aiguilles à tricoter ("Saperlipopette, dit Nicole, je ne trouve plus mes numéro 3 !!!").
Pendant les 3 dernières décennies, Simmel a progressivement trouvé sa place non seulement dans les dictionnaires de sociologie (y compris le plus synthétique, celui de Boudon & Bourricaud) mais aussi dans les manuels où il figure bien placé dans la dizaine d'auteurs fondamentaux, aux côtés de Durkheim, Weber, Comte, Marx, Tocqueville, Pareto. Pas mal pour un oublié. France Culture n'est pas en reste mais on me dira fort justement que France Culture sait faire une place aux oubliés : Une vie une oeuvre par Claudia Krebs dès 1991. Dans les dernières années de La vie comme elle va, Francesca Piolot lui consacre plusieurs émissions, accueillant un des spécialistes, Patrick Wattier. Finalement, peut-être n'y a-t-il que Bourdieu pour avoir loupé Simmel ? Bourdieu, sourd comme un pot alors que toute la sociologie du pays s'y est mise, lui est demeuré endormi sur Simmel, Bourdieu mort avant de s'être réveillé. Et derrière Bourdieu, tout aussi bigleux restent ceux qui voient en lui l'alpha et l'oméga de la socio.
3 petits paragraphes pour une telle bourde, c'est assez.
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Dernière édition par Nessie le Jeu 25 Sep 2014, 10:37, édité 3 fois