Philaunet a écrit:un favoritisme éhonté est appliqué à une émission qui depuis des années, quotidiennement, cultive la critique sociale et le militantisme politique déguisé. Un peu plus de justice siérait à la composition des programmes. Le service public est pour tous et non pour une caste de privilégiés qui utilisent le bien commun pour diffuser leurs idéaux.
Heureusement, les exemples ne manquent pas, dans les archives, pour constater que ce genre de traitement partial, putassier, manipulateur, méprisant pour l'intelligence des auditeurs et anti-déontologique n'est pas une fatalité lorsqu'on explore des sujets ayant trait à la ruralité, ou "donnant la parole aux plus humbles" (pour reprendre cette terminologie démago qui trompe les naïfs lorsqu'elle est mal intentionnée). On peut citer ce numéro des Français s'interrogent : la truffe (1977). Malgré le titre un peu désuet, on profite d'une production tout à fait dynamique, simple, spontanée, sans regard moralisateur, lourd ou oppressant. On ne donnera pas de leçons, on ne cherchera pas à illustrer un faisceau de convictions politiques déjà pré-établies. Le paradoxe, par rapport aux PsT, c'est que la voix du producteur est bien présente, mais à aucun moment ne fait-elle sentir qu'on doit obligatoirement se diriger vers une conclusion politique : pas de dénonciation, pas de ricanement malsain, aucun mépris. Le contraire des Pieds sur Terre en somme qui, sans présence audible de la productrice, fait son petit travail de propagande par une sélection des sujets et des interventions pour aboutir aux mêmes conclusions, celles qui illustrent les petites convictions étriquées et assez rances de la patronne. On est donc malheureux si on écoute ce genre de radio pour confirmer ses propres idées politiques, si on allume son poste dans le but de vérifier que France Culture se conforme bien à son petit catéchisme idéologique et obsessionnel. Au contraire, si on a l'esprit ouvert, que l'on souhaite découvrir un secteur économique méconnu (qui a sans doute beaucoup changé depuis 1977), si on veut exercer son intelligence et ouvrir ses horizons, alors c'est idéal. On ne sera pas surpris que les petits commissaires politiques détestent autant la culture : elle est trop libre, indépendante, riche et imprévisible pour être embrigadée. Elle mérite d'être défendue sans cesse contre les petits curés qui nous expliquent que la culture se résume à leur étroitesse d'esprit et leur manque d'intelligence. Contre l'exigence de conformité, contre l'inspection de légitimité culturelle, il faudra toujours préférer la liberté et l'ouverture d'esprit. Qui sait, peut-être qu'une direction aura le courage, l'audace de supprimer les Pieds sur Terre et de les remplacer par une production tournante à vocation culturelle, pour tous, et non réservée à une élite radicale-chic en mal de manipulation romantique.