Aujourd’hui encore parmi les fleurons du magazine culturel, on peut en trouver qui se font en direct ou en quasi-direct, c’est-à-dire du faux-direct pré-enregistré et non retouché. J’en citerai 2 : Métropolitains et Concordance des temps. Que la seconde soit ou non en baisse, nous en discutons ici et ça vaut la peine d’examiner la question ; d’ailleurs la baisse peut aussi être due à l’épuisement de la formule plutôt qu’à une quelconque propriété distinguant la radio en direct et le programme enregistré. La question n’est donc pas tellement le choix d’une radio en direct, mais : a) du savoir-faire des producteurs ; et b) de la pertinence du mode de fabrication selon le type d’émission. Ainsi, les débats chauds comme ceux du Grain à moudre, mieux vaut qu’ils se fassent en direct, gage d’authenticité et d’honnêteté de la production. Ca lève au moins une forme de méfiance des invités, rassurés de savoir clairement dans quelle arène ils entrent.
En fin de compte ce que je trouve effarant, c’est la conjugaison de ces deux options :
- avoir imposé l’écrasante majorité d’un mode de fabrication du programme sans tenir compte du fait que cette domination ne pouvait pas être adéquate à la vocation de la chaine.
- la titularisation d’un petit nombre de personnes directement responsables de la conception et de la fabrication . Le pari était dangereux, et réclamait un niveau de compétence très au-dessus de celui de gens qu’on a choisis. Je dis ça sans les incriminer : rien ne me prouve que quiconque pourrait tenir le rythme actuel de production avec les moyens accordés, tout en maintenant un haut niveau de qualité et de renouvellement. Alors si en plus on a refilé ces postes à des personnes faiblement compétentes et surtout pas désireuses d’améliorer leur prestation, avec la Grande Table ce qu’on obtient c’est tout sauf un accident : c’est le résultat logique d’une ambition orientée à la baisse, et d’un projet abattu en plein vol.
Alors on a pu constater parfois quelque recul depuis ces deux monumentales erreurs de Laure Adler, qui n’en sont peut-être pas après tout, si en 1999 il ne s’agissait, tout simplement, que de réduire les dépenses. Mais entre temps, le programme culturel a reculé, avec lui le documentaire. Il est d’ailleurs rassurant que la fiction aie pu y sauver sa peau, alors qu’elle a disparu d’Espace2-RSR, qui vit sur la même ligne d’économie mais dans un esprit Suisse, c’est à dire sérieux et loin du débraillé vaniteux-inculte de FC. Peut-être est-ce là encore une affaire de personnes ? En comparaison du documentaire culturel, la fiction avait peut-être de meilleurs défenseurs (et certes pas les membres de l’ancienne équipe, qui ont préféré plier bagages entre 1999 et 2002). Est-ce que la doctrine du tout-direct a su dégommer le premier, mais n’a pas tué la fiction. Ou bien serait-ce une affaire de contingentement budgétaire ? Le documentaire, lui, a survécu, dans une proportion finalement assez proche de celle de la fiction, mais au prix d’un recentrage écrasant sur un sous-genre bien particulier : celui du documentaire saucial. Résolument non culturel, comme de juste. Au moins voila qui est en phase avec ces 12 années d’affadissement.
Dernière édition par Nessie le Ven 25 Mar 2011, 17:28, édité 1 fois