Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Ne manquez pas demain matin : "Peut-on enrayer l'aggravation des inégalités", avec Joseph Stiglitz.

Autre mantra, autre invité du club. Si Guillaume Erner grille tous les poncifs de la maison dès la première semaine, que lui restera-t-il pour tenir jusqu'en juillet 2016 ?

Moins sévère je serai que vous tous les précédents et ô combien éminents forumeurs de ce repaire d'auditeurs désespérés, oui moins sévère serai-je car il me semble que Guillaume Erner met la barre quelques crans plus haut que ne le faisait Voichemane. Eh quoi ? Citer en une double foulée Marx et Weber et là on peut parier qu'il les a lus, mazette !Quand le prédécesseur ne connaissait que Marks & Spencer eh non, pas Herbert ne rêvez pas (rétrospectivement).

A part ça pour le ton et le style vocal en général, j'ai cru entendre un clône de Nicolas Demorand : enthousiasme surjoué, timbre proche de l'insipide, forçage sur les mots soi-disant importants mais en fait pas du tout . En comparaison de la belle Caroline Broué qui fait battre le coeur de notre Fontaine, Guillaume a une façon à peine moins conne de surligner l'inutile.

Pierre Rosanvallon invité était aussi soporifique qu'il sait l'être, ce qui pourrait être bon signe en ces temps dévolus à la promotion des frimeurs, surtout que chez lui du contenu il y en a. Encore faut-il résister au sommeil pour réussir à l'extirper de cette bouillie vocale.

Bref j'entends de la bouillie vocale. Pour moi si avec le temps on voit se confirmer un peu d'ambition ça sera toujours mieux que la bouillie intellectuelle de la maison Voinchet. Mais reconnaissons qu'au plan des rubriques zet des chroniques cette matinale rénovée n'est pas trop bien partie : on parle d'idées avec Amélihihihe Perrier qui n'en a jamais eu le bout de la queue d'une et la meilleure preuve est qu'elle ouvre par un coup d'altermondialisme en invitant Dominique Plihon qui milite chaque samedi ou presque contre le grrrand capitallll mais aussi contre le tout petit (entendez : le cochon de possédant fut-il à la limite du seuil de pauvreté ). De la part du militant Munier on doit s'attendre au pire comme au meilleur mais le hic est qu'il semble maintenant plutôt chargé d'une revue de presse, dont il fait d'ailleurs l'effort de se distancier, merci à lui mais ça ne sera probablement pas suffisant pour éviter de nous faire regretter son "Essai du jour". Et à part ça on retrouve les propagandistes habituels : Denrey, Cluzel, bref l'information au sens professionnel du terme n'est pas au rendez-vous de cette rentrée d'automne.

A cause du  niveau de l'invité et des interventions disons acceptables qu'il a reçues en première partie, j'ai tout de même encore un peu confiance dans le potentiel de Guillaume Erner, s'il se détache de cet horrpilant ton Demorantesque qu'il nous a fait endurer ce matin, et s'il ne perd pas de vue qu'il a fini son cursus de sociologie à paris IV. Wait and see...

Nessie a écrit:des trucs

Well, j'écoute maintenant la 2e partie et l'intérêt ou plutôt la spécificité de FC prend d un coup dans le bas-ventre. Spécificité enfin si on veut, mais dans la première partie au moins on parlait de l'organisation d'un système politique ; certes non sans âneries, non sans zones d'ombre, et surtout sans trop s'éloigner du nombril français mais enfin au moins on y était. Et après le journal de 8h nous revoila dans une émission d'actualité pure, qui ne tarde pas à se centrer que le super quarté-quinté + qu'est la présidentielle, sous l'influence d'une des deux invitées venues renforcer le fragile Rosanvallon. Mais bon sang pourquoi tant d'invités ? C'est donc si difficile, impossible, inenvisageable, de passer 2 fois 20 minutes avec le même auteur ?

Une fois n'est pas coutume. Guillaume Erner interrogeait ce matin Josef Stieglitz. Questions claires, brèves, montrant que le journaliste s'intéresse au sujet, a peut-être lu le livre ou en tous cas a une bonne équipe derrière lui et enfin, pas d'interruption, pas d'intervention pour terminer les phrases de l'invité, glisser une petite blague, voire une chanson des années soixante.. Rupture totale donc avec le Voinchet.
Beaucoup apprécié Ph. Manière qui a donné un bon coup de savon sur la planche de Stieglitz en faisant remarquer que ses analyses (applaudies avec émotion par la mouvance FG) s'appliquent surtout aux États-Unis (chiffres, réglementation, mode de gouvernance, historique)

Nessie a écrit: De la part du militant Munier on doit s'attendre au pire comme au meilleur mais le hic est qu'il semble maintenant plutôt chargé d'une revue de presse, dont il fait d'ailleurs l'effort de se distancier, merci à lui mais ça ne sera probablement pas suffisant pour éviter de nous faire regretter son "Essai du jour".

C'est abominable ce qu'est devenue sa chronique. Je suis sincèrement triste pour lui.

Ce Guillaume Erner, katil dans le citron ?

En 2008 il réécrivait une sociologie des tendances qui faisait la part belle aux bourdes. Néanmoins on aurait pu espérer qu'après un galop d'essai sur France Inter, il vienne déloger Sylvain Bourmeau, aberrant spécialiste maison pour les sciences sociales. Eh bien c'est raté : il vient remplacer Voinchet. Formé à Paris IV donc en principe pas trop infecté par la pensée Bourdieu, on peut attendre de Guillaume Erner une matinale nettement plus adulte que celle de Marc Voinchet, qui a  emmené à France Culture son intégrale de Sinatra et sa collection de coussins-péteurs pour égayer la maison.

Une nouveauté : venu de France Inter où il fut chroniqueur, Erner a gardé le goût de l'exercice et il semble se poser dans la tranche matinale en tant qu'intellectuel. Pourquoi pas, au fait ? Ainsi chaque matin le voila qui livre son édito à lui, intitulé "L'humeur des matins", calibré à environ 90 secondes et placé juste avant le journal de 7h30. Peut-on pressentir la future coloration idéologique ou intellectuelle de la matinale en écoutant ces billets ? Je ne sais pas. Mais voici les 5 premiers billets, ceux de la semaine inaugurale :
Lundi 31 août : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/08/s36/NET_FC_79bf6db1-3ad4-4c70-8470-7e6e5b6bc005.mp3" debut="59:17" fin="60:47"]
Mardi 1 septembre : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s36/NET_FC_774ef6ef-d7f9-44a9-a6a7-29dfbdcaec38.mp3" debut="59:30" fin="61:05"]
Mercredi 2 septembre : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s36/NET_FC_c95360d6-c4fb-4896-8ab6-4a00618f26c1.mp3" debut="59:58" fin="61:30"]
Jeudi 3 septembre : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s36/NET_FC_4729786b-f4ba-4a46-9c0b-8b3803b9a1ff.mp3" debut="60:00" fin="61:26"]
Vendredi 4 septembre : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/09/s36/NET_FC_150a0622-b63c-4655-95fc-e159bb01f289.mp3" debut="60:21" fin="61:52"]

Aussi bien par leur ton un peu lourd que par le mélange pas du tout subtil entre sociologie et moraline, ces billets n'ont pas vraiment de quoi me rendre optimiste, mais pas non plus spécialement pessimiste. En premier lieu, par leur ambition intellectuelle ils placent leur auteur quelques crans au-dessus du niveau de ce pauvre Voinchet. Et puis on peut encore espérer qu'en Guillaume Erner le sociologue un jour vienne à se réveiller, avec le temps et aussi grâce à quelque soutien directorial pour faire pièce à ses deux démons : le premier -individuel- est sa tendance à se prendre pour Demorand, tandis que le second -collégial- est le gang d'andouilles militantes qui a pour nom "La rédaction de France Culture" et qui peut-être le tient encore sous surveillance et qu'il lui faudra apprivoiser ou bien réduire. Si l'on entend avant la Noël que Guillaume Erner cesse de servir la soupe à ce monstre journalistique, alors nous pourrons être optimistes.

Cette chronique et aussi le niveau de questionnement de l'invité, oui tout cela montre que Guillaume Erner est quelques coudées au-dessus de Voinchet. Mais en bon débutant, il reste sous l'influence de celui qui aura marqué l'histoire de la matinale. Ainsi ce matin le voila qui réintroduit une invention du maître : à 8h15 le gag à la con pour cloturer le journal. Situé approximativement au tournant météo (la météo, cette grande innovation comme le sait Sandrine Treiner qui connait mieux que personne l'histoire de France Culture) Erner nous rejoue la complicité niaise avec la présentatrice. "Amélie vous avez presque le même tailleur que Claire Chazal". Ce qui donne l'occasion à Amélie Perrier de placer son rire con, qu'elle avait douloureusement retenu depuis deux semaines comme certains retiennent le produit de leurs intestins.

Ce matin, tout en effectuant diverses menues tâches triviales, allant du petit déjeuner à la douche, je prête une oreille que j'avoue à moitié distraite, aux propos de la personnalité invitée des matins, Jean-Pierre Chevènement, et soudain j'ai une impression étrange, une impression d'inhabituel, je m'interroge et j'en viens à remarquer que l'interviewé du jour peut développer tranquillement ses propos, passer d'un argument à sa conclusion, sans intervention goguenarde d'un journaliste prétentieux qui viendrait « ramener sa science » en toute inutilité. Bref, j'ai le sentiment que le journaliste fait son travail proprement et, comme il se doit, sait s'effacer derrière son invité.
Me suis-je trompé ? est-ce une nouveauté durable, ou une exception due à la personnalité invité, qui aurait, contrairement à l'usage, impressionnée l'équipe des matins ?

Amélie Perrier a tout de même obtenu une belle promotion, gagnée sur le temps de parole de Munier. Elle a déjà fait le tour de tous les sujets économiques traités par la science économique et demande logiquement à celle-ci son avis le reste du monde, ce à quoi elle se prête de bonne grâce. Le summum est atteint avec l'interrogation conclusive sur "la référence culturelle qu'ça vous inspire", inaltérable source de clichés plaqués pour le 1% culturel de France culture.