Sont-ils en train de passer à la vitesse supérieure ? Plutôt que de se satisfaire simplement du sempiternel regard distancié de l'intellectuel sur l'actualité (c'est à dire du bête journalisme café-croissant mais avec des mots plus longs), ils optent à présent pour une version plus conquérante de cette doctrine : France Culture analyse pour vous l'actualité pour recréer du lien social entre le peuple et les politiques (entendez : nous allons plaquer sur le réel notre grille subjective et partisane dans le but de fédérer un mouvement politique). Ce mouvement se poursuit à
la Grande Table, qui invite aujourd'hui Sudhir Hazareesingh et Sylvain Bourmeau, pour nous faire entendre les mêmes généralités mille fois rabachées pendant les divers forums et rencontres et tables rondes etc. On en profite pour célébrer France Culture, qui semble être le dernier espace d'analyse réelle du monde contemporain. Avec, toujours cet espoir du renouveau va venir de la jeunesse (en fin d'émission) : ces jeunes ouverts sur le monde qui parlent anglais etc., c'est à dire tout le contraire des journalistes encroûtés de France Culture qui ne sortent jamais de leur arrondissement et ne connaissent aucune langue étrangère.
La question qui se pose est celle-ci : devant tant d'autisme et d'autosatisfaction, doit-on conclure que France Culture est une radio inréformable ? Ce bastion le plus ardent lors de la dernière grève s'est-il à ce point fossilisé qu'il n'y a plus rien à espérer ? Même la matinale semble être devenue un gros animal inerte qui ne bougera plus (l'animateur semble avoir peu de marges de manoeuvres dans ce truc sclérosé).
La conférence de presse nous a prouvé que cette radio était toujours coincée quelque part en 1999. Une véritable direction en prise avec son temps (2015) évoquerait l'immense offre culturelle disponible sur internet, en français, en anglais, allemand etc. et la nécessité de trouver une place parmi cette offre, de se constituer en gage de qualité pour la production de contenus culturels variés (sciences, littérature, histoire de l'art, archéologie, cinéma etc.) en français.
A la place de ça, on abandonne, on se félicite de réenchanter son propre rapport à son sentiment d'excellence.
Encore un an d'hiver culturel, au minimum...