Une bizarrerie : ce texte est signé Valeria Emanuele, secrétaire nationale du SNJ Radio France. Or le SNJ (Syndicat national des journalistes) ne participe pas à cette grève qui réunit pourtant 5 centrales.
Voici le texte en entier, caractéristique du corporatisme masqué :
<< « Nous suivons jour après jour, dans la presse, les échanges entre Fleur Pellerin, Manuel Valls et Mathieu Gallet, uniques sources d’information pour les salariés de Radio France à propos de ce détail futile : leur avenir. Nous en sommes là, simples pions dans la partie d’échecs qui oppose le ministère de tutelle - qui ne « communique » que dans son intitulé - à la présidence de Radio France, mutique et passée experte en maladresses morales et stratégiques.
Nous ne sommes pas dupes. Ce qui se joue dépasse le seul sort des salariés de Radio France. La rue de Valois et la présidence de Radio France sont engagées dans un bras de fer. Et nous sommes au milieu, coincés entre le marteau et l’enclume, privés d’information mais objets de beaucoup de mépris.
Nous les observons casser cette maison qui n’est qu’une ligne sur leur CV. Cette maison qui est notre identité, notre ADN, notre présent et notre avenir. Nous sommes tellement fiers de travailler pour elle. Et donc aujourd’hui tellement en colère de voir que nous ne sommes que les pantins d’un pathétique jeu de rôles.
Alors que faut-il comprendre de ce blocage ? Pourquoi le sort de Radio France se trouve-t-il entre les mains de personnes qui semblent s’en désintéresser ?
Les salariés de Radio France ne sont pas responsables de son déficit. Notre sort financier dépend à 90 % de l’Etat qui a décidé, depuis trois ans, de ne plus octroyer la dotation promise. 87 millions d’euros n’ont pas été versés. Nous avons tenu grâce aux économies, mais cette fois les caisses sont vides et le trou menace de se creuser encore un peu plus : 21 millions dès 2015, pire les années suivantes, puisque l’Etat entend négocier un Contrat d’objectifs et de moyens revu à la baisse.
Comment accorder le moindre crédit à un PDG qui se rend compte neuf mois après sa nomination, que la trésorerie est à sec ? Comment croire que Bercy, qui siège au Conseil d’administration de Radio France, n’était pas au courant ? Comment faire confiance au ministère de la communication, qui prend un malin plaisir à lâcher publiquement le PDG d’une entreprise publique ?
Des commentateurs assurent que l’enjeu ultime se situerait de l’autre côté de la Seine, en face de notre belle et onéreuse nouvelle Maison de la Radio. Que tout cela se jouerait en réalité à France Télévisions. La tutelle affaiblit Mathieu Gallet, et à travers lui le CSA qui l’a nommé. Et ainsi, comme au bon vieux temps de la nomination des présidents de l’audiovisuel public par le pouvoir, le ministère de la communication pourrait imposer son (sa) candidat(e) pour la présidence de la télévision de service public. Alors que le duel continue ! Et tant pis pour l’indépendance. Tant pis pour Radio France.
Valeria Emanuele, secrétaire nationale du SNJ Radio France >>