A la suite des échanges initiés par Courtial(2), j’ai écouté l’émission avec Camus et Valls, puis celle avec Žižek.
Si Camus (Renaud) développe effectivement un propos extrêmement contestable, une vision paranoïaque d’une l’immigration qu’il nomme "colonisation", Finkielkraut ne l’approuve jamais.
On peut être étonné de la douceur avec laquelle il questionne Camus, de son absence de véhémence en retour d’élucubrations grotesques. Pourtant, habilement, Finkielkraut tire sur le fil de la pelote des conséquences qui découlent des propos de son interlocuteur. Sans rompre ce fil, il fait accoucher Camus de cette exposition de son programme suffisamment grossière pour que l’auditeur la remarque bien.
C’est là un art de l’entretien qu’on sous-estime chez Finkie, quand on a en tête ces débats télévisés dans lesquels il se fait piéger par ses propres nerfs. Mais à Répliques, il sait toujours écouter, tenter de comprendre, jouer le jeu des conséquences.
Effectivement, Valls en face fait preuve de belles qualités de clarté et de subtilité, il n’est sans doute pas facile de jouer sa partition sans cacophonie au côté des positions de Camus.
On entend la même chose dans l’entretien avec Žižek (je ne l’ai pas écoutée jusqu’au bout, donc il y a peut-être des surprises en fin d’émission?): Finkielkraut, si peu que ses orientations aient à voir avec celles de son interlocuteur, joue le jeu du dialogue fluide, celui où l’on permet à l’interlocuteur de dérouler les conséquences de ses idées, celui qui admet le temps d’un jeu dialectique les hypothèse de l’autre pour voir ensemble à quoi elles mènent plutôt que de tirer à vue sur le moindre cm de "ligne rouge" franchie.
Ça a l’avantage d’exposer au mieux la pensée de l’interrogé.
Sur Žižek lui-même, il m’a paru nettement moins caricatural et outrancier - mais toujours aussi clownesque - que dans son invitation aux matins. Soit il s’adapte à son interlocuteur et pratique un double-langage, soit aux matins, il a fait le clown, peut-être que de choquer l’équipe Baddou l’amusait. D’ailleurs, pour ce que je m’en souviens, si absence de réaction il y avait eu, c’était surtout que Baddou’n’co étaient estomaqués, mais l’animateur avait quand même laissé entendre qu’il tenait les propos de Žižek pour ceux d’un vieux fou.